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19/07 St Vincent de Paul, confesseur (Missel Romain)

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Sommaire

  Textes de la Messe  
  Office  
  Dom Guéranger, l’Année Liturgique  
  Bhx cardinal Schuster, Liber Sacramentorum  
  Dom Pius Parsch, Le guide dans l’année liturgique  

Les textes liturgiques de cet article et les commentaires concernent la fête de St Vincent de Paul dans le Missel Romain.
Une messe propre Pauperes Sion est dite en France et dans la congrégation des Prêtres de la Mission, elle figure aussi depuis le missel de 1962 dans le supplément Pro aliquibus locis utilisable par tout prêtre (voir ici).

Mort à Paris le 27 septembre 1660. Canonisé en 1737 par Clément XII, fête fixée comme semidouble au 19 juillet. Benoît XIV l’érigea en fête double en 1753.

Textes de la Messe

die 19 Iulii
le 19 juillet
SANCTI VINCENTII A PAULO
SAINT VINCENT DE PAUL
Conf.
Confesseur
III classis (ante CR 1960 : duplex)
IIIème classe (avant 1960 : double)
Iustus ut palma florébit : sicut cedrus Líbani multiplicábitur : plantátus in domo Dómini : in átriis domus Dei nostri.Le juste fleurira comme le palmier et il se multipliera comme le cèdre du Liban : planté dans la maison du Seigneur : dans les parvis de la maison de notre Dieu.
Ps. Ibid., 2.
Bonum est confitéri Dómino : et psállere nómini tuo, Altíssime.Il est bon de louer le Seigneur et de chanter votre nom, ô Très-Haut.
V/. Glória Patri.
Oratio.Collecte
Deus, qui, ad evangelizándum paupéribus et ecclesiástici órdinis decórem promovéndum, beátum Vincéntium apostólica virtúte roborásti : præsta, quǽsumus ; ut, cuius pia mérita venerámur, virtútum quoque instruámur exémplis. Per Dóminum.Dieu, vous avez fortifié le bienheureux Vincent par un courage apostolique pour évangéliser les pauvres et augmenter la gloire de l’ordre ecclésiastique : faites, s’il vous plaît, qu’en honorant sa piété et ses mérites, l’exemple de ses vertus nous instruise.
Léctio Epístolæ beáti Pauli Apóstoli ad Corínthios.Lecture de l’Épître de saint Paul Apôtre aux Corinthiens.
1. Cor. 4, 9-14.
Fratres : Spectáculum facti sumus mundo et Angelis et homínibus. Nos stulti propter Christum, vos autem prudéntes in Christo : nos infírmi, vos autem fortes : vos nóbiles, nos autem ignóbiles. Usque in hanc horam et esurímus, et sitímus, et nudi sumus, et cólaphis c.dimur, et instábiles sumus, et laborámus operántes mánibus nostris : maledícimur, et benedícimus : persecutiónem pátimur, et sustinémus : blasphemámur, et obsecrámus : tamquam purgaménta huius mundi facti sumus, ómnium peripséma usque adhuc. Non ut confúndant vos, hæc scribo, sed ut fílios meos caríssimos móneo : in Christo Iesu, Dómino nostro.Mes frères : nous sommes donnés en spectacle au monde, et aux anges, et aux hommes. Nous, nous sommes fous à cause du Christ, mais vous, vous êtes sages dans le Christ ; nous sommes faibles, et vous êtes forts ; vous êtes honorés, et nous sommes méprisés. Jusqu’à cette heure nous souffrons la faim, la soif, la nudité ; on nous frappe au visage, nous n’avons pas de demeure stable ; nous nous fatiguons à travailler de nos mains ; on nous maudit, et nous bénissons ; on nous persécute, et nous le supportons ; on nous blasphème, et nous prions ; nous sommes devenus comme les ordures du monde, comme les balayures de tous jusqu’à présent. Ce n’est pas pour vous faire honte que je vous écris cela, mais je vous avertis comme mes enfants bien-aimés, dans le Christ Jésus Notre Seigneur.
Graduale. Ps. 36, 30-31.Graduel
Os iusti meditábitur sapiéntiam, et lingua eius loquétur iudícium.La bouche du juste méditera la sagesse et sa langue proférera l’équité.
V/. Lex Dei eius in corde ipsíus : et non supplantabúntur gressus eius.V/. La loi de son Dieu est dans son cœur et on ne le renversera point.
Allelúia, allelúia. V/. Ps. 111, 1. Beátus vir, qui timet Dóminum : in mandátis eius cupit nimis. Allelúia.Allelúia, allelúia. V/. Heureux l’homme qui craint le Seigneur et qui met ses délices dans ses commandements. Alléluia.
+ Sequéntia sancti Evangélii secundum Lucam.Suite du Saint Évangile selon saint Luc.
Luc. 10, 1-9.
In illo témpore : Designávit Dóminus et álios septuagínta duos : et misit illos binos ante fáciem suam in omnem civitátem et locum, quo erat ipse ventúrus. Et dicebat illis : Messis quidem multa, operárii autem pauci. Rogáte ergo Dóminum messis, ut mittat operários in messem suam. Ite : ecce, ego mitto vos sicut agnos inter lupos. Nolíte portare sǽculum neque peram neque calceaménta ; et néminem per viam salutavéritis. In quamcúmque domum intravéritis, primum dícite : Pax huic dómui : et si ibi fúerit fílius pacis, requiéscet super illum pax vestra : sin autem, ad vos revertétur. In eádem autem domo manéte, edéntes et bibéntes quæ apud illos sunt : dignus est enim operárius mercede sua. Nolíte transíre de domo in domum. Et in quamcúmque civitátem intravéritis, et suscéperint vos, manducáte quæ apponúntur vobis : et curáte infírmos, qui in illa sunt, et dícite illis : Appropinquávit in vos regnum Dei.En ce temps-là : le Seigneur désigna encore soixante-dix autres disciples, et il les envoya devant lui, deux à deux, en toute ville et endroit où lui-même devait aller. Il leur disait : La moisson est grande, mais les ouvriers sont en petit nombre. Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers à sa moisson. Allez : voici que je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups. Ne portez ni bourse, ni besace, ni sandales, et ne saluez personne en chemin. En quelque maison que vous entriez, dites d’abord : "Paix à cette maison !" Et s’il y a là un fils de paix, votre paix reposera sur lui ; sinon, elle reviendra sur vous. Demeurez dans cette maison, mangeant et buvant de ce qu’il y aura chez eux, car l’ouvrier mérite son salaire. Ne passez pas de maison en maison. Et en quelque ville que vous entriez et qu’on vous reçoive, mangez ce qui vous sera servi ; guérissez les malades qui s’y trouveront, et dites-leur : "Le royaume de Dieu est proche de vous."
Ant. ad Offertorium. Ps. 20, 2-3.Offertoire
In virtúte tua, Dómine, lætábitur iustus, et super salutáre tuum exsultábit veheménter : desidérium ánimæ eius tribuísti ei.Seigneur, le juste se réjouira dans votre force, et il tressaillira d’une vive allégresse, parce que vous l’avez sauvé. Vous lui avez accordé le désir de son cœur.
SecretaSecrète
Præsta nobis, quǽsumus, omnípotens Deus : ut nostræ humilitátis oblátio et pro tuórum tibi grata sit honóre Sanctórum, et nos córpore páriter et mente puríficet. Per Dóminum.Dieu tout-puissant, accordez-nous, s’il vous plaît, que cette offrande que vous présente notre bassesse en l’honneur de vos Saints vous soit agréable à cause d’eux, et nous purifie en notre corps ainsi qu’en notre âme.
Ant. ad Communionem. Matth. 19, 28 et 29.Communion
Amen, dico vobis : quod vos, qui reliquístis ómnia et secúti estis me, céntuplum accipiétis et vitam ætérnam possidébitis.En vérité, je vous le dis : vous qui avez tout quitté et m’avez suivi, vous recevrez le centuple et posséderez la vie éternelle.
PostcommunioPostcommunion
Quǽsumus, omnípotens Deus : ut, qui cæléstia aliménta percépimus, intercedénte beáto Vincéntio Confessóre tuo, per hæc contra ómnia advérsa muniámur. Per Dóminum nostrum.Nous vous en supplions, Dieu tout-puissant, faites qu’ayant reçu un aliment tout céleste et que le bienheureux Vincent votre Confesseur, intercédant pour nous, nous soyons grâce à ses secours munis contre toutes les adversités.

Office

Leçons des Matines avant 1960.

Au deuxième nocturne.

Quatrième leçon. Vincent de Paul, français de nation, naquit à Pouy, non loin de Dax, en Aquitaine, et manifesta dès son enfance une grande charité pour les pauvres. Étant passé de la garde du troupeau paternel à la culture des lettres, il étudia la littérature à Aix, et la théologie à Toulouse et à Saragosse. Ordonné Prêtre et reçu bachelier en théologie, il tomba aux mains des Turcs qui l’emmenèrent captif en Afrique. Pendant sa captivité, il gagna son maître lui-même à Jésus-Christ ; grâce au secours de la Mère de Dieu, il put s’échapper avec lui de ces pays barbares, et prit le chemin de Rome. De retour en France, il gouverna très saintement les paroisses de Clichy et de Châtillon. Nommé par le roi grand aumônier des galères de France, il apporta dans cette fonction un zèle merveilleux pour le salut des officiers et des rameurs ; saint François de Sales le donna comme supérieur aux religieuses de la Visitation, et, pendant près de quarante ans, il remplit cette charge avec tant de prudence, qu’il justifia de tout point le jugement du saint Prélat, qui déclarait ne pas connaître de Prêtre plus digne que Vincent.

Cinquième leçon. Il s’appliqua avec une ardeur infatigable jusqu’à un âge très avancé à évangéliser les pauvres, et surtout les paysans, et astreignit spécialement à cette œuvre apostolique, par un vœu perpétuel que le Saint-Siège a confirmé, et lui-même et les membres de la congrégation qu’il avait instituée, sous le titre de Prêtres séculiers de la Mission. Combien Vincent eut à cœur de favoriser la discipline ecclésiastique, on en a la preuve par les séminaires qu’il érigea pour les Clercs aspirant aux Ordres, par le soin qu’il mit à rendre fréquentes les réunions où les Prêtres conféraient entre eux sur les sciences sacrées, et à faire précéder la sainte ordination d’exercices préparatoires. Pour ces exercices et ces réunions, comme aussi pour les retraites des laïques, il voulut que les maisons de son institut s’ouvrissent facilement. De plus, afin de développer la foi et la piété, il envoya des ouvriers évangéliques, non seulement dans les provinces de la France, mais en Italie, en Pologne, en Écosse, en Irlande, et même chez les Barbares et les Indiens. Quant à lui, après avoir assisté Louis XIII à ses derniers moments, il fut appelé par la reine Anne d’Autriche, mère de Louis XIV, à faire partie d’un conseil ecclésiastique. Il apporta tout son zèle à ne laisser placer que les plus dignes à la tête des Églises et des monastères, à mettre fin aux discordes civiles, aux duels, aux erreurs naissantes, aussitôt détestées de lui que découvertes ; enfin, à ce que les jugements apostoliques fussent reçus de tous avec l’obéissance qui leur est due.

Sixième leçon. Il n’y avait aucun genre d’infortune qu’il ne secourût paternellement. Les Chrétiens gémissant sous le joug des Turcs, les enfants abandonnés, les jeunes gens indisciplinés, les jeunes filles dont la vertu était exposée, les religieuses dispersées, les femmes tombées, les hommes condamnés aux galères, les étrangers malades, les artisans invalides, les fous même et d’innombrables mendiants, furent secourus par lui, reçus et charitablement soignés dans des établissements hospitaliers qui subsistent encore. Il vint largement en aide à la Lorraine et à la Champagne, à la Picardie et à d’autres régions ravagées par la peste, la famine et la guerre. Pour rechercher et soulager les malheureux, il fonda plusieurs congrégations, entre autres celles des Dames et des Filles de la Charité, que l’on connaît et qui sont répandues partout ; il institua aussi les Filles de la Croix, de la Providence, de sainte Geneviève, pour l’éducation des jeunes filles. Au milieu de ces importantes affaires et d’autres encore il était continuellement occupé de Dieu, affable envers tous, toujours semblable à lui-même, simple, droit et humble : son éloignement pour les honneurs, les richesses, les plaisirs, ne se démentit jamais, et on l’a entendu dire que rien ne lui plaisait, si ce n’est dans le Christ Jésus, qu’il s’étudiait à imiter en toutes choses. Enfin, âgé de quatre vingt-cinq ans et usé par les mortifications, les fatigues et la vieillesse, il s’endormit paisiblement, le vingt-septième jour de septembre, l’an du salut mil six cent soixante. C’est à Paris qu’il mourut, dans la maison de Saint-Lazare, qui est la maison-mère de la congrégation de la Mission. L’éclat de ses vertus, de ses mérites et de ses miracles ont porté Clément XII à le mettre au nombre des Saints, en fixant sa Fête annuelle au dix-neuvième jour du mois de juillet. Sur les instances de plusieurs Évêques, Léon XIII a déclaré et constitué cet illustre héros de la divine charité, qui a si bien mérité de tout le genre humain, le patron spécial auprès de Dieu de toutes les associations de charité existant dans l’univers catholique et lui devant en quelque manière leur origine.

Au troisième nocturne. [1]

Lecture du saint Évangile selon saint Luc. Cap. 10, 1-9.
En ce temps-là : Le Seigneur désigna encore soixante-douze autres disciples, et les envoya deux à deux devant lui dans toutes les villes et tous les lieux où lui-même devait venir. Et le reste.

Homélie de saint Grégoire, Pape. Homilía 17 in Evangelia

Septième leçon. Notre Seigneur et Sauveur nous instruit, mes bien-aimés frères, tantôt par ses paroles, et tantôt par ses œuvres. Ses œuvres elles-mêmes sont des préceptes, et quand il agit, même sans rien dire, il nous apprend ce que nous avons à faire. Voilà donc que le Seigneur envoie ses disciples prêcher ; il les envoie deux à deux, parce qu’il y a deux préceptes de la charité : l’amour de Dieu et l’amour du prochain, et qu’il faut être au moins deux pour qu’il y ait lieu de pratiquer la charité. Car, à proprement parler, on n’exerce pas la chanté envers soi-même ; mais l’amour, pour devenir charité, doit avoir pour objet une autre personne.

Huitième leçon. Voilà donc que le Seigneur envoie ses disciples deux à deux pour prêcher ; il nous fait ainsi tacitement comprendre que celui qui n’a point de charité envers le prochain ne doit en aucune manière se charger du ministère de la prédication. C’est avec raison que le Seigneur dit qu’il a envoyé ses disciples devant lui, dans toutes les villes et tous les lieux où il devait venir lui-même. Le Seigneur suit ceux qui l’annoncent. La prédication a lieu d’abord ; et le Seigneur vient établir sa demeure dans nos âmes, quand les paroles de ceux qui nous exhortent l’ont devancé, et qu’ainsi la vérité a été reçue par notre esprit.

Neuvième leçon. Voilà pourquoi Isaïe a dit aux mêmes prédicateurs : « Préparez la voie du Seigneur ; rendez droits les sentiers de notre Dieu » [2]. A son tour le Psalmiste dit aux enfants de Dieu : « Faites un chemin à celui qui monte au-dessus du couchant » [3]. Le Seigneur est en effet monté au-dessus du couchant ; car plus il s’est abaissé dans sa passion, plus il a manifesté sa gloire en sa résurrection. Il est vraiment monté au-dessus du couchant : car, en ressuscitant, il a foulé aux pieds la mort qu’il avait endurée [4]. Nous préparons donc le chemin à Celui qui est monté au-dessus du couchant quand nous vous prêchons sa gloire, afin que lui-même, venant ensuite, éclaire vos âmes par sa présence et son amour.

Dom Guéranger, l’Année Liturgique

Vincent fut l’homme de la foi qui opère par la charité [5]. Venu au monde sur la fin du siècle où naquit Calvin, il trouvait l’Église en deuil de nombreuses nations que l’erreur avait récemment séparées de la catholicité. Sur toutes les côtes de la Méditerranée, le Turc, ennemi perpétuel du nom chrétien, redoublait ses brigandages. La France, épuisée par quarante années de guerres religieuses, n’échappait à la domination de l’hérésie au dedans que pour bientôt lui prêter main forte à l’extérieur par le contraste d’une politique insensée. Sur ses frontières de l’Est et du Nord d’effroyables dévastations promenaient la ruine, et gagnaient jusqu’aux provinces de l’Ouest et du Centre à la faveur des luttes intestines qu’entretenait l’anarchie. Plus lamentable que toute situation matérielle était dans cette confusion l’état des âmes. Les villes seules gardaient encore, avec un reste de tranquillité précaire, quelque loisir de prier Dieu. Le peuple des campagnes, oublié, sacrifié, disputant sa vie à tous les fléaux, n’avait pour le relever dans tant de misères qu’un clergé le plus souvent abandonné comme lui de ses chefs, indigne en trop de lieux, rivalisant presque toujours avec lui d’ignorance.

Ce fut alors que pour conjurer ces maux et, du même coup, mille autres anciens et nouveaux, l’Esprit-Saint suscita Vincent dans une immense simplicité de foi, fondement unique d’une charité que le monde, ignorant du rôle de la foi, ne saurait comprendre. Le monde admire les œuvres qui remplirent la vie de l’ancien pâtre de Buglose ; mais le ressort secret de cette vie lui échappe. Il voudrait lui aussi reproduire ces œuvres ; et comme les enfants qui s’évertuent dans leurs jeux à élever des palais, il s’étonne de trouver en ruines au matin les constructions de la veille : le ciment de sa philanthropie ne vaut pas l’eau bourbeuse dont les enfants s’essaient à lier les matériaux de leurs maisons d’un jour ; et l’édifice qu’il prétendait remplacer est toujours debout, défiant la sape, répondant seul aux multiples besoins de l’humanité souffrante. C’est que la foi connaît seule en effet le mystère de la souffrance, que seule elle peut sonder ces profondeurs sacrées dont le Fils de Dieu même a parcouru les abîmes, qu’elle seule encore, associant l’homme aux conseils du Très-Haut, l’associe tout ensemble à sa force et à son amour. De là viennent aux œuvres bienfaisantes qui procèdent de la foi leur puissance et leur durée. La solidarité tant prônée de nos utopistes modernes n’a point ce secret ; et pourtant elle descend aussi de Dieu, quoi qu’ils veuillent ; mais elle enchaîne plus qu’elle ne lie : elle regarde plus la justice que l’amour ; et à ce titre, dans l’opposition qu’on en fait à la divine charité venue du ciel, elle semble une lugubre ironie montant du séjour des châtiments.

Vincent aima les pauvres d’un amour de prédilection, parce qu’il aimait Dieu et que la foi lui révélait en eux le Seigneur. « O Dieu, disait-il, qu’il fait beau voir les pauvres, si nous les considérons en Dieu et dans l’estime que Jésus-Christ en a faite ! Bien souvent ils n’ont pas presque la figure ni l’esprit de personnes raisonnables, tant ils sont grossiers et terrestres. Mais tournez la médaille, et vous verrez, par les lumières de la foi, que le Fils de Dieu, qui a voulu être pauvre, nous est représenté par ces pauvres ; qu’il n’avait presque pas la figure d’un homme en sa passion, et qu’il passait pour fou dans l’esprit des Gentils, et pour pierre de scandale dans celui des Juifs ; et avec tout cela il se qualifie l’évangéliste des pauvres, evangelizare pauperibus misit me [6] ».

Ce titre d’évangéliste des pauvres est l’unique que Vincent ambitionna pour lui-même, le point de départ, l’explication de tout ce qu’il accomplit dans l’Église. Assurer le ciel aux malheureux, travailler au salut des abandonnés de ce monde, en commençant par les pauvres gens des champs si délaissés : tout le reste pour lui, déclarait-il, « n’était qu’accessoire ». Et il ajoutait, parlant à ses fils de Saint-Lazare : « Nous n’eussions jamais travaillé aux ordinands ni aux séminaires des ecclésiastiques, si nous n’eussions jugé qu’il était nécessaire, pour maintenir les peuples en bon état, et conserver les fruits des missions, de faire en sorte qu’il y eût de bons ecclésiastiques parmi eux ». C’est afin de lui donner l’occasion d’affermir son œuvre à tous les degrés, que Dieu conduisit l’apôtre des humbles au conseil royal de conscience, où Anne d’Autriche remettait en ses mains l’extirpation des abus du haut clergé et le choix des chefs des Églises de France. Pour mettre un terme aux maux causés par le délaissement si funeste des peuples, il fallait à la tête du troupeau des pasteurs qui entendissent reprendre pour eux la parole du chef divin : « Je connais mes brebis, et mes brebis me connaissent » [7].

Nous ne pourrions, on le comprend, raconter dans ces pages l’histoire de l’homme en qui la plus universelle charité fut comme personnifiée. Mais du reste, il n’eut point non plus d’autre inspiration que celle de l’apostolat dans ces immortelles campagnes où, depuis le bagne de Tunis où il fut esclave jusqu’aux provinces ruinées pour lesquelles il trouva des millions, on le vit s’attaquer à tous les aspects de la souffrance physique et faire reculer sur tous les points la misère ; il voulait, par les soins donnés aux corps, arriver à conquérir l’âme de ceux pour lesquels le Christ a voulu lui aussi embrasser l’amertume et l’angoisse. On ne peut que sourire de l’effort par lequel, dans un temps où l’on rejetait l’Évangile en retenant ses bienfaits, certains sages prétendirent faire honneur de pareilles entreprises à la philosophie de leur auteur. Les camps aujourd’hui sont plus tranchés ; et l’on ne craint plus de renier parfois jusqu’à l’œuvre, pour renier logiquement l’ouvrier. Mais aux tenants d’un philosophisme attardé, s’il en est encore, il sera bon de méditer ces mots, où celui dont ils font un chef d’école déduisait les principes qui devaient gouverner les actes de ses disciples et leurs pensées : « Ce qui se fait pour la charité se fait pour Dieu. Il ne nous suffit pas d’aimer Dieu, si notre prochain ne l’aime aussi ; et nous ne saurions aimer notre prochain comme nous-mêmes, si nous ne lui procurons le bien que nous sommes obligés de nous vouloir a nous-mêmes, c’est à savoir, l’amour divin, qui nous unit à celui qui est notre souverain bien. Nous devons aimer notre prochain comme l’image de Dieu et l’objet de son amour, et faire en sorte que réciproquement les hommes aiment leur très aimable Créateur, et qu’ils s’entr’aiment les uns les autres d’une charité mutuelle pour l’amour de Dieu, qui les a tant aimés que de livrer son propre Fils à la mort pour eux. Mais regardons, je vous prie, ce divin Sauveur comme le parfait exemplaire de la charité que nous devons avoir pour notre prochain ».

On le voit : pas plus que la philosophie déiste ou athée, la théophilanthropie qui apporta plus tard à la déraison du siècle dernier l’appoint de ses fêtes burlesques, n’eut de titre à ranger Vincent, comme elle fit, parmi les grands hommes de son calendrier. Ce n’est point la nature, ni aucune des vaines divinités de la fausse science, mais le Dieu des chrétiens, le Dieu fait homme pour nous sauver en prenant sur lui nos misères, qui fut l’unique guide du plus grand des bienfaiteurs de l’humanité dans nos temps. Rien ne me plaît qu’en Jésus-Christ, aimait-il à dire. Non seulement, fidèle comme tous les Saints à l’ordre de la divine charité, il voulait voir régner en lui ce Maître adoré avant de songer à le faire régner dans les autres ; mais, plutôt que de rien entreprendre de lui-même par les données de la seule raison, il se fût réfugié à tout jamais dans le secret de la face du Seigneur [8], pour ne laisser de lui qu’un nom ignoré.

« Honorons, écrivait-il, l’état inconnu du Fils de Dieu. C’est là notre centre, et c’est ce qu’il demande de nous pour le présent et pour l’avenir, et pour toujours, si sa divine majesté ne nous fait connaître, en sa manière qui ne peut tromper, qu’il veuille autre chose de nous. Honorons particulièrement ce divin Maître dans la modération de son agir. Il n’a pas voulu faire toujours tout ce qu’il a pu, pour nous apprendre à nous contenter, lorsqu’il n’est pas expédient de faire tout ce que nous pourrions faire, mais seulement ce qui est convenable à la charité, et conforme, aux ordres de la divine volonté... Que ceux-là honorent souverainement notre Seigneur qui suivent la sainte Providence, et qui n’enjambent pas sur elle ! N’est-il pas vrai que vous voulez, comme il est bien raisonnable, que votre serviteur n’entreprenne rien sans vous et sans votre ordre ? Et si cela est raisonnable d’un homme à un autre, à combien plus forte raison du Créateur à la créature ? »

Vincent s’attachait donc, selon son expression, à côtoyer la Providence, n’ayant point de plus grand souci que de ne jamais la devancer. Ainsi fut-il sept années avant d’accepter pour lui les avances de la Générale de Gondi et de fonder son établissement de la Mission. Ainsi éprouva-t-il longuement sa fidèle coadjutrice, Mademoiselle Le Gras, quand elle se crut appelée à se dévouer au service spirituel des premières Filles de la Charité, sans lien entre elles jusque-là ni vie commune, simples aides suppléantes des dames de condition que l’homme de Dieu avait assemblées dans ses Confréries. « Quant à cet emploi, lui mandait-il après instances réitérées de sa part, je vous prie une fois pour toutes de n’y point penser, jusqu’à ce que notre Seigneur fasse paraître ce qu’il veut. Vous cherchez à devenir la servante de ces pauvres filles, et Dieu veut que vous soyez la sienne. Pour Dieu, Mademoiselle, que votre cœur honore la tranquillité de celui de notre Seigneur, et il sera en état de le servir. Le royaume de Dieu est la paix au Saint-Esprit ; il régnera en vous, si vous êtes en paix. Soyez-y donc, s’il vous plaît, et honorez souverainement le Dieu de paix et de dilection ».

Grande leçon donnée au zèle fiévreux d’un siècle comme le nôtre par cet homme dont la vie fut si pleine ! Que de fois, dans ce qu’on nomme aujourd’hui les œuvres, l’humaine prétention stérilise la grâce en froissant l’Esprit-Saint ! Tandis que, « pauvre ver rampant sur la terre et ne sachant où il va, cherchant seulement à se cacher en vous, ô mon Dieu ! Qui êtes tout son désir », Vincent de Paul voit l’inertie apparente de son humilité fécondée plus que l’initiative de mille autres, sans que pour ainsi dire il en ait conscience. « C’est la sainte Providence qui a mis votre Compagnie sur le pied où elle est, disait-il vers la fin de son long pèlerinage à ses filles. Car qui a-ce été, je vous supplie ? Je ne saurais me le représenter. Nous n’en eûmes jamais le dessein. J’y pensais encore aujourd’hui, et je me disais : Est-ce toi qui as pensé à faire une Compagnie de Filles de la Charité ? Oh ! Nenni. Est-ce Mademoiselle Le Gras ? Aussi peu. Oh ! Mes filles, je n’y pensais pas, votre sœur servante n’y pensait pas, aussi peu Monsieur Portail (le premier et plus fidèle compagnon de Vincent dans les missions) : c’est donc Dieu qui y pensait pour vous ; c’est donc lui que nous pouvons dire être l’auteur de votre Compagnie, puisque véritablement nous ne saurions en reconnaître un autre ».

Mais autant son incomparable délicatesse à l’égard de Dieu lui faisait un devoir de ne le jamais prévenir plus qu’un instrument ne le fait pour la main qui le porte ; autant, l’impulsion divine une fois donnée, il ne pouvait supporter qu’on hésitât à la suivre, ou qu’il y eût place dans l’âme pour un autre sentiment que celui de la plus absolue confiance. Il écrivait encore, avec sa simplicité si pleine de charmes, à la coopératrice que Dieu lui avait donnée : « Je vous vois toujours un peu dans les sentiments humains, pensant que tout est perdu dès lors que vous me voyez malade. O femme de peu de foi, que n’avez-vous plus de confiance et d’acquiescement à la conduite et à l’exemple de Jésus-Christ ! Ce Sauveur du monde se rapportait à Dieu son Père pour l’état de toute l’Église ; et vous, pour une poignée de filles que sa Providence a notoirement suscitées et assemblées, vous pensez qu’il vous manquera ! Allez, Mademoiselle, humiliez-vous beaucoup devant Dieu ».

Faut-il s’étonner que la foi, seule inspiratrice d’une telle vie, inébranlable fondement de ce qu’il était pour le prochain et pour lui-même, fût aux yeux de Vincent de Paul le premier des trésors ? Lui qu’aucune souffrance même méritée ne laissait indifférent, qu’on vit un jour par une fraude héroïque remplacer un forçat dans ses fers, devenait impitoyable en face de l’hérésie, et n’avait de repos qu’il n’eût obtenu le bannissement des sectaires ou leur châtiment. C’est le témoignage que lui rend dans la bulle de sa canonisation Clément XII, parlant de cette funeste erreur du jansénisme que notre saint dénonça des premiers et poursuivit plus que personne. Jamais peut-être autant qu’en cette rencontre, ne se vérifia le mot des saints Livres : La simplicité des justes les guidera sûrement, et l’astuce des méchants sera leur perte [9]. La secte qui, plus tard, affectait un si profond dédain pour Monsieur Vincent, n’en avait pas jugé toujours de même. « Je suis, déclarait-il dans l’intimité, obligé très particulièrement de bénir Dieu et de le remercier de ce qu’il n’a pas permis que les premiers et les plus considérables d’entre ceux qui professent cette doctrine, que j’ai connus particulièrement, et qui étaient de mes amis, aient pu me persuader leurs sentiments. Je ne vous saurais exprimer la peine qu’ils y ont prise, et les raisons qu’ils m’ont proposées pour cela ; mais je leur opposais entre autres choses l’autorité du concile de Trente, qui leur est manifestement contraire ; et voyant qu’ils continuaient toujours, au lieu de leur répondre je récitais tout bas mon Credo : et voilà comme je suis demeuré ferme en la créance catholique ».

L’année 1883, cinquantième anniversaire de la fondation des Conférences de Saint-Vincent-de-Paul à Paris, voyait notre Saint proclamé le Patron de toutes les sociétés de charité de France ; ce patronage fut, deux ans plus tard, étendu aux sociétés de charité de l’Église entière.

Quelle gerbe, ô Vincent, vous emportez au ciel [10] ! Quelles bénédictions vous accompagnent, montant de cette terre à la vraie patrie [11] ! O le plus simple des hommes qui furent en un siècle tant célébré pour ses grandeurs, vous dépassez maintenant les renommées dont l’éclat bruyant fascinait vos contemporains. La vraie gloire de ce siècle, la seule qui restera de lui quand le temps ne sera plus [12], est d’avoir eu dans sa première partie des saints d’une pareille puissance de loi et d’amour, arrêtant les triomphes de Satan, rendant au sol de France stérilisé par l’hérésie la fécondité des beaux jours. Et voici que deux siècles et plus après vos travaux, la moisson qui n’a point cessé continue par les soins de vos fils et de vos filles, aidés d’auxiliaires nouveaux qui vous reconnaissent eux aussi pour leur inspirateur et leur père. Dans ce royaume du ciel qui ne connaît plus la souffrance et les larmes [13], chaque jour pourtant comme autrefois voit monter vers vous l’action de grâces de ceux qui souffrent et qui pleurent.

Reconnaissez par des bienfaits nouveaux la confiance de la terre. Il n’est point de nom qui impose autant que le vôtre le respect de l’Église, en nos temps de blasphème. Et pourtant déjà les négateurs du Christ en viennent, par haine de sa divine domination [14], à vouloir étouffer le témoignage que le pauvre à cause de vous lui rendait toujours. Contre ces hommes en qui s’est incarné l’enfer, usez du glaive à deux tranchants remis aux saints pour venger Dieu au milieu des nations [15] : comme jadis les hérétiques en votre présence, qu’ils méritent le pardon ou connaissent la colère ; qu’ils changent, ou soient réduits d’en haut à l’impuissance de nuire. Gardez surtout les malheureux que leur rage satanique s’applaudit de priver du secours suprême au moment du trépas ; eussent-ils un pied déjà dans les flammes, ces infortunés, vous pouvez les sauver encore [16]. Élevez vos filles à la hauteur des circonstances douloureuses où l’on voudrait que leur dévouement reniât son origine céleste ou dissimulât sa divine livrée ; si la force brutale des ennemis du pauvre arrache de son chevet le signe du salut, il n’est règlements ni lois, puissance de ce monde ou de l’autre, qui puissent expulser Jésus de l’âme d’une Fille de chanté, ou l’empêcher de passer de son cœur à ses lèvres : ni la mort, ni l’enfer, ni le feu, ni le débordement des grandes eaux, dit le Cantique, ne sauraient l’arrêter [17].

Vos fils aussi poursuivent votre œuvre d’évangélisation ; jusqu’en nos temps leur apostolat se voit couronné du diadème de la sainteté et du martyre. Maintenez leur zèle ; développez en eux votre esprit d’inaltérable dévouement à l’Église et de soumission au Pasteur suprême. Assistez toutes ces œuvres nouvelles de charité qui sont nées de vous dans nos jours, et dont, pour cette cause, Rome vous défère le patronage et l’honneur ; qu’elles s’alimentent toujours à l’authentique foyer que vous avez ravivé sur la terre [18] ; qu’elles cherchent avant tout le royaume de Dieu et sa justice [19], ne se départant jamais, pour le choix des moyens, du principe que vous leur donnez de « juger, parler et opérer, comme la Sagesse éternelle de Dieu, revêtue de notre faible chair, a jugé, parlé et opéré ».

Bhx cardinal Schuster, Liber Sacramentorum

Alors que la France était désolée par la peste, la famine et la guerre, la Providence sembla avoir chargé saint Vincent de Paul de la représenter. Cela ne suffit-il pas pour louer ce Saint, l’un de ceux qui, aux siècles derniers, cherchèrent davantage à exprimer en eux-mêmes les vertus du Christ.

Par les mains de ce pauvre Monsieur Vincent, comme on l’appelait, passèrent des sommes considérables et des secours de tout genre, distribués ensuite aux foules affamées.

L’autorité de saint Vincent était immense et indiscutée dans tout le royaume. Il faisait partie du conseil royal de conscience, en sorte que les nominations aux évêchés et aux plus riches bénéfices de l’Église de France étaient soumises à son contrôle. Néanmoins Vincent, doux et humble de cœur, gravissait les splendides escaliers du palais royal et prenait part aux conseils de la couronne avec la même évangélique simplicité et les mêmes vêtements pauvres et négligés que lorsqu’il circulait dans les rues de Paris pour y recueillir les orphelins et les malades abandonnés.

Saint Vincent de Paul fonda la Congrégation des Prêtres de la Mission et la Compagnie des Filles de la Charité, et mourut dans une vieillesse avancée le 27 septembre 1660.

La messe est du Commun, sauf les parties suivantes :

Voici la première collecte, où sont bien mis en relief les deux champs spéciaux où se déroula l’activité de Vincent : le soin matériel et spirituel des pauvres, et la réforme de l’esprit ecclésiastique : « Seigneur qui avez conféré une force apostolique au bienheureux Vincent, pour qu’il évangélisât vos pauvres et rappelât les ecclésiastiques au sentiment de leur dignité ; accordez-nous, comme aujourd’hui nous vénérons ses mérites, d’imiter aussi ses illustres exemples ».

Puisqu’il s’agit du fondateur de la Congrégation de la Mission, la lecture de l’Évangile ne peut être autre en ce jour que celle où est narrée la vocation des soixante-douze disciples à l’apostolat, et que nous avons déjà rencontrée le 3 décembre.

Arrêtons-nous de préférence sur une vertu de saint Vincent de Paul et tâchons de l’imiter. Il est dit que rien ne plaisait à ce cher Saint, sinon en Jésus-Christ, en qui il vivait, et conformément à l’esprit de qui il agissait. C’est pourquoi, dans les cas un peu douteux, il s’arrêtait un instant pour réfléchir, se demandant : en cette circonstance, qu’aurait fait Jésus ? Et selon l’inspiration intérieure du Saint-Esprit, ainsi il agissait.

Dom Pius Parsch, Le guide dans l’année liturgique

« Vincent était toujours égal à lui-même » (sibi semper constans), dit le bréviaire.

1. Saint Vincent. — Jour de mort : 27 septembre 1660. Tombeau : à Paris, dans la chapelle des Prêtres de la Mission. Vie : saint Vincent est le fondateur des Lazaristes et des Filles de la Charité, le patron de toutes les sociétés charitables. « Vincens » signifie « vainqueur » : il a vaincu le monde par sa charité. Tout enfant, il montra une grande tendresse envers les pauvres. Il commença par être berger, puis il étudia la théologie. Prêtre, il tomba aux mains des « Turcs », devint esclave, convertit son maître et s’enfuit avec lui à Rome et en France. Il fut d’abord curé, puis grand aumônier des galères. Pendant quarante ans environ, il dirigea les religieuses de la Visitation. Innombrables sont ses entreprises charitables : rachat des esclaves chrétiens, aide aux enfants abandonnés, aux garçons exposés au danger, aux filles tombées, aux forçats, aux pèlerins malades, aux fous, aux mendiants... Comme conseiller du roi, il exerça une grande influence sur la distribution des dignités ecclésiastiques. Bien qu’il eût à disposer de cinquante millions, il pratiqua toujours la douceur, l’humilité et la pauvreté. A lui seul, a-t-on dit, il retarda la Révolution Française.

2. La messe (Justus ut palma). — C’est celle du commun avec l’Évangile qui relate la mission des Apôtres.

La messe des fondateurs d’ordres nous met en présence non seulement du saint, mais de l’œuvre dont il fut le promoteur : elle est comme un grand rameau qui s’élance de l’arbre du Christ chargé de fleurs toujours nouvelles. A la messe s’accomplit l’œuvre de la rédemption de cette façon encore : nous nous embrasons au feu de la vive charité de ces héros, et puisons dans l’Eucharistie les grâces nécessaires pour tendre à un semblable amour. Il est également important de concrétiser les textes du commun en y reconnaissant les traits de la vie du saint.

Saint Vincent de Paul nous apparaît comme le palmier et le cèdre dans le vaste jardin de Dieu (Introït). A l’Épître, il s’adresse à nous pour notre confusion : il fut méprisé, persécuté, traité comme le rebut du monde, et nous, nous recherchons les honneurs, l’admiration... A l’Évangile, nous le voyons avec les prêtres de la Mission (Lazaristes) se répandre à travers le monde ; nous, nous les accompagnons du moins par notre prière (« Priez le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers ») et par nos aumônes. La Communion est « le gage de la récompense au centuple et de la vie éternelle ».

[1] L’évangile de la Messe reprenant celui des Messes des Évangélistes, les lectures du 3ème nocturne sont celles de ce Commun.

[2] Is. 40, 3.

[3] Ps 67, 5.

[4] La passion du Christ peut être comparée au couchant parce que la gloire de cet astre divin y a comme disparu et la mort du Sauveur également puisqu’elle l’a couché inanimé dans le tombeau.

[5] Gal. V, 6.

[6] Luc. IV, 18.

[7] Johan. X, 14.

[8] Psalm. XXX, 2 1.

[9] Prov. XI, 3.

[10] Psalm. CXXV, 6.

[11] Prov. XXII, 9 ; Eccli. XXXI, 28.

[12] Apoc. X, 6.

[13] Ibid. XXI, 4.

[14] Jud. 4.

[15] Psalm. CXLIX, 6-9.

[16] Jud. 23.

[17] Cant. VIII, 6-7.

[18] Luc. XII, 40.

[19] Matth. VI, 33.