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20/11 St Félix de Valois, confesseur

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Sommaire

  Textes de la Messe  
  Office  
  Dom Guéranger, l’Année Liturgique  
  Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum  
  Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique  

Né en 1127. Mort le 4 novembre 1212. Il est le cofondateur des Trinitaires en compagnie de St Jean de Matha.

Des historiens mettent en cause l’existence de St Félix dont le nom n’apparaît qu’au XVème dans les récits de la fondation des Trinitaires. Culte reconnu en 1666par Alexandre VII qui l’inscrivit au martyrologe en 1671. Fête en 1694, par Innocent XII comme double.

Textes de la Messe

die 21 novembris
le 21 novembre
SANCTI FELICIS DE VALOIS
SAINT FÉLIX DE VALOIS
Conf.
Confesseur
III classis (ante CR 1960 : duplex)
IIIème classe (avant 1960 : double)
Missa Iustus, de Communi Confessoris non Pontificis 2 loco, præter orationem sequentem :Messe Iustus, du Commun d’un Confesseur non Évêque 2, sauf l’oraison suivante :
Oratio.Collecte
Deus, qui beátum Felicem Confessórem tuum ex eremo ad munus rediméndi captívos cǽlitus vocáre dignátus es : præsta, quǽsumus ; ut per grátiam tuam ex peccatórum nostrórum captivitáte, eius intercessióne, liberáti, ad cæléstem pátriam perducámur. Per Dóminum.O Dieu, qui, par une inspiration céleste, avez daigné appeler votre bienheureux Confesseur Félix, de la solitude du désert à l’œuvre du rachat des captifs ; faites, s’il vous plaît, que son intercession nous obtienne de vous la grâce d’être délivrés de l’esclavage de nos péchés, et de parvenir à la patrie céleste.
Secreta CSecrète C
Præsta nobis, quǽsumus, omnípotens Deus : ut nostræ humilitátis oblátio et pro tuórum tibi grata sit honóre Sanctórum, et nos córpore páriter et mente puríficet. Per Dóminum.O Dieu tout-puissant, accordez-nous, s’il vous plaît, que cette offrande que vous présente notre bassesse en l’honneur de vos Saints vous soit agréable à cause d’eux, et nous purifie en notre corps ainsi qu’en notre âme.
Postcommunio CPostcommunion C
Quǽsumus, omnípotens Deus : ut, qui cæléstia aliménta percépimus, intercedénte beáto Felíce Confessóre tuo, per hæc contra ómnia advérsa muniámur. Per Dóminum nostrum.Nous vous en supplions, ô Dieu tout-puissant, faites qu’ayant reçu un aliment tout céleste et que le bienheureux N. votre Confesseur, intercédant pour nous, nous soyons grâce à ses secours munis contre toutes les adversités.

Office

Leçons des Matines avant 1960

Quatrième leçon. Félix, d’abord appelé Hugues, naquit en France, de la famille royale des Valois. Dès l’âge le plus tendre, il donna des gages sérieux de sa sainteté future, et principalement de sa charité envers les pauvres ; car, tout petit enfant, il distribuait, de sa propre main, des aumônes aux malheureux, comme s’il eût été plus avancé en âge et en pleine maturité de jugement. Devenu plus grand, il avait coutume d’envoyer aux indigents une partie des plats servis sur sa table, et il réservait d’ordinaire aux petits enfants pauvres le mets le plus savoureux. Au cours de son adolescence, il se dépouilla plus d’une fois de ses vêtements pour en couvrir les mendiants. Il obtint de son oncle Thibaut, comte de Champagne et de Blois, la grâce d’un condamné à mort, prédisant que ce misérable, alors assassin, parviendrait dans la suite à une très grande sainteté de vie ; l’événement confirma la vérité de cette prédiction.

Cinquième leçon. Après avoir passé d’une manière digne de louanges les années de son adolescence, son goût pour la contemplation des choses d’en haut commença à lui inspirer la pensée de la solitude ; mais il voulut auparavant recevoir les ordres sacrés, afin de s’enlever toute prétention au trône, dont la succession prochaine lui était assurée, en vertu de la loi salique. Ordonné Prêtre, il célébra avec la plus grande dévotion sa première Messe. Peu après, il se retira dans un désert où, vivant avec une extrême austérité, il nourrissait son âme de l’abondance des grâces célestes. Il y passa très saintement quelques années, en compagnie de saint Jean de Matha, docteur de Paris, qui, poussé par une inspiration d’en haut, s’était mis à sa recherche et l’avait trouvé. Sur l’avis que Dieu leur donna par le ministère d’un Ange, ils se rendirent tous deux à Rome, afin d’obtenir du souverain Pontife une règle de vie spéciale. De son côté, le Pape Innocent III, pendant qu’il célébrait les saints Mystères, eut une révélation, lui faisant connaître l’Ordre religieux et l’œuvre ayant pour but la rédemption des captifs. Ce Pontife revêtit donc lui-même Félix et son compagnon de vêtements blancs, marqués d’une croix de deux couleurs et de même forme que ceux dont l’Ange était revêtu lorsqu’il lui avait apparu. Le Pape voulut en outre que le nouvel institut religieux, conformément à l’indication emblématique de son habit aux trois couleurs, portât le nom de la très sainte Trinité.

Sixième leçon. Après avoir reçu du souverain Pontife Innocent III leur règle propre, confirmée par son autorité, les deux Saints retournèrent au diocèse de Meaux, dans le lieu appelé Cerfroid, où Félix agrandit le premier monastère de son Ordre, que, peu de temps auparavant, il avait construit avec l’aide de son compagnon. Il y fit merveilleusement prospérer l’observance religieuse et l’œuvre de la rédemption, qu’il propagea de là avec beaucoup de zèle dans les autres provinces, par l’entremise de ses disciples. C’est aussi en ce lieu qu’il reçut une faveur signalée de la Vierge-Mère : la nuit d’avant la Nativité de la Mère de Dieu, par une permission divine, tous les frères restèrent endormis et pas un ne se leva pour la récitation de Matines ; Félix, qui veillait, selon sa coutume, devança l’heure et, entrant au chœur, vit au milieu la bienheureuse Vierge, revêtue de l’habit de l’Ordre, marqué de la croix et accompagnée d’esprits célestes vêtus de même. Félix se joignit à eux, et la Mère de Dieu ayant entonné les divines louanges, il chanta tout l’Office avec eux. Il semblait avoir déjà reçu l’invitation de quitter les chœurs de la terre, pour aller se mêler à ceux du ciel ; un Ange, en effet, l’avait averti que l’heure de sa mort était proche. Ayant exhorté ses fils à la charité envers les pauvres et les captifs, il rendit son âme à Dieu, plein de jours et de mérites, l’an de l’Incarnation mil deux cent douze sous le pontificat du même Pape Innocent III.

Dom Guéranger, l’Année Liturgique

Félix, appelé dès l’adolescence au désert, semblait devoir y mourir oublié d’un monde qu’il avait méprisé. Mais le Seigneur se réservait de rendre aux yeux des hommes sa vieillesse féconde [1].

On était à ce qu’on nomme de nos jours un tournant de l’histoire. Le premier des grands Ordres actifs allait, avec saint Jean de Matha, se lever dans l’Église ; d’autres suivraient, réclamés par les temps nouveaux. Ce fut l’heure où l’éternelle Sagesse, qui préside immuable aux variations des peuples [2], voulut montrer qu’elle non plus la sainteté ne change pas, la charité demeurant sous des formes variées ce que la connurent nos pères, n’ayant toujours qu’en Dieu aimé pour lui-même son principe et sa fin. Et c’est pourquoi Jean de Matha fut amené par l’Esprit à Félix de Valois, comme le disciple au maître ; l’anachorète dont les derniers ans s’achevaient au fond des forêts, vit se greffer sur la contemplation pure, en sa personne, la vie d’action débordante du rédempteur des captifs ; Cerfroid, son désert, resta le chef-lieu des Trinitaires comme il en avait été le berceau.

Lisons la vie du serviteur de Dieu dans le livre de la sainte Église (voir plus haut les lectures de Matines). Mais rappelons-nous qu’elle demande à être complétée par celle de son disciple et fils (VIII février).

Félix, heureux amant de la charité, enseignez-nous le prix de cette reine des vertus et aussi sa nature. C’est elle qui vous attira dans la solitude pour y poursuivre son objet divin, et quand vous sûtes trouver Dieu en lui-même, vous le montra et fit aimer dans vos frères. N’est-ce pas le secret qui rend l’amour fort comme la mort, lui donne comme en vos fils l’audace d’affronter l’enfer [3] ? Puisse-t-il ne point cesser d’être chez nous l’inspirateur de tous les dévouements ; qu’il demeure la part excellente de votre saint Ordre, le procédé précieux de son adaptation toujours féconde aux besoins d’une société où ne cesse point de régner sous mille formes la tyrannie des pires servitudes.

Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum

Un des plus grands Pontifes qui aient illustré le trône de saint Pierre fut certainement Innocent III, sous lequel la papauté atteignit, pour ainsi dire, au faîte de la puissance et de la gloire, réalisant en des formes nouvelles et appropriées au temps, ce sublime idéal pour lequel le pape Hildebrand était mort en exil. Avec l’œuvre restauratrice du jeune Lothaire de Segni, coïncide l’institution de nouveaux et grands Ordres religieux, en sorte qu’Innocent III, en approuvant les règles des Mineurs, des Dominicains et des Frères de la rédemption des captifs, vint effectivement infuser au sein de la famille catholique ce flot de sang jeune, d’énergie et d’élan surnaturel que réclamait désormais la nouvelle ère des Communes et des libertés populaires.

L’œuvre de saint Félix de Valois entre dans ce vaste plan de renouvellement catholique qui eut Innocent pour promoteur, et nous aimons à évoquer la douce figure de ce Saint qui, au Latran, agenouillé aux pieds du Pontife avec saint Jean de Matha, reçoit de lui la confirmation de l’institut des frères rédempteurs des esclaves.

Désormais, les confins traditionnels de la chrétienté ne suffisaient plus à ces hardis jeunes gens, débordants de vie et de sainteté, désireux de se sacrifier pour l’amour du Christ. Tandis que Dominique s’attarde encore à prêcher en France contre les Albigeois, François part pour la Palestine.

Ce mouvement d’émigration missionnaire est rapidement suivi par les deux fondateurs de l’Ordre de la Très Sainte Trinité pour la rédemption des esclaves ; il y a cependant une différence : tandis que les disciples dé François et de Dominique vont directement vers les infidèles pour les gagner à l’Évangile, l’œuvre de Félix de Valois et de Jean de Matha se rapporte plutôt au bien des chrétiens qui, tyrannisés par ceux-ci, couraient le risque de perdre, avec leur liberté, le trésor de la foi.

La messe Justus, en l’honneur de ce héros de la charité fraternelle (+ 4 novembre 1212) est du commun, seule la collecte est propre.

Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique

« Hors de l’esclavage du démon »

Saint Félix — Jour de mort : 4 novembre 1212. Tombeau : au monastère de Cerfroid (Meaux) Image : On le représente en Trinitaire (robe blanche avec une croix rouge et bleue), un cerf blanc à côté de lui. Vie : Saint Félix (né en 1127) est, avec saint Jean de Matha (voir 8 février), le fondateur de l’Ordre -des Trinitaires pour le rachat des esclaves chrétiens retenus sous le joug des Sarrazins. La prière des Heures raconte quelques traits merveilleux de sa vie : Arrivé à l’âge de l’adolescence, il se dépouilla plus d’une fois de ses vêtements pour couvrir les indigents. Il demanda à son oncle, le comte Thibaut de Blois, la grâce d’un homicide condamné à mort, lui prédisant que ce meurtrier mènerait bientôt une vie pleine de vertus, ce que l’événement confirma. Plus tard, il se rendit à Rome, sur l’inspiration d’un ange, avec saint Jean de Matha, pour demander au pape la permission de fonder un Ordre. Le pape Innocent III reçut de Dieu pendant la messe une révélation concernant l’Ordre de la rédemption des captifs, et Félix fut, ainsi que ses compagnons, revêtu par le pape lui-même de la robe blanche portant une croix de deux couleurs, costume sous lequel l’ange lui était apparu. Le pape ajouta que cet Ordre, en raison des trois couleurs de son costume, devrait porter le nom de la Très Sainte Trinité. Dans le monastère de Cerfroid, nouvellement fondé, Félix fut honoré d’une apparition de la Très Sainte Vierge. Pendant la nuit précédant la fête de la Nativité, par une permission de Dieu, tous les frères de l’Ordre étaient demeurés endormis à l’heure de Matines, de sorte que, seul, il se trouvait au cœur. Alors il aperçut au milieu du chœur la Sainte Vierge, portant le costume des Trinitaires avec la croix et accompagnée d’une nombreuse phalange d’anges vêtus du même costume. Félix chanta en union avec eux et sous la direction de Marie l’office liturgique. Comme s’il était arraché aux chants d’ici-bas pour être transporté dans le chœur des bienheureux, il fut averti par un ange de sa mort prochaine. Il exhorta alors les siens à une constante charité envers les pauvres et les captifs et mourut le 4 novembre 1212, chargé d’ans et de mérites.

La Messe (Justus ut palma). — La messe est du deuxième commun des confesseurs, qui est volontiers employé pour les saints s’étant distingués par une particulière mortification et par l’amour de la solitude. L’Oraison propre met en relief deux actes de sa vie : son séjour dans la sol1tude et le rachat des captifs, et nous en fait l’application pratique : Puissions-nous être délivrés de la captivité de nos péchés et conduits dans la céleste patrie. Ainsi la liturgie insiste sur une pensée qui lui est chère à la fin de l’année ecclésiastique (voir les deux fêtes de Dédicace et aussi l’oraison de demain).

[1] Psalm. XCI, 15.

[2] Sap. VII, 27.

[3] Cant. VIII, 6.