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25/01 Conversion de St Paul, apôtre

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Sommaire

  Textes de la Messe  
  In Conversione S. Pauli  
  Conversion de St. Paul  
  Office  
  Dom Guéranger, l’Année Liturgique  
  Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum  
  Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique  

Fête originaire de Gaule où elle est attestée au Vie siècle. Elle apparaît à Rome au XIe siècle. On peut sans nul doute la considérer comme le jour octave de la fête de la Chaire de St Pierre qui n’était célébrée en Gaule que le 18 janvier (et non le 22 février, date romaine).

Textes de la Messe

die 25 ianuarii
le 25 janvier

In Conversione S. Pauli

Conversion de St. Paul

Apostoli
Apôtre
III classis (ante CR 1960 : duplex maius)
IIIème classe (avant 1960 : double majeur)
Ant. ad Introitum. 2. Tim. 1, 12.Introït
Scio, cui crédidi, et certus sum, quia potens est depósitum meum servare in illum diem, iustus iudex.Je sais en qui j’ai cru et je suis certain qu’il est assez puissant pour garder mon dépôt jusqu’à ce jour où il me jugera en juste juge.
Ps. 138, 1-2.
Dómine, probásti me et cognovísti me : tu cognovísti sessiónem meam et resurrectiónem meam.Seigneur, vous m’avez sondé et vous me connaissez, vous savez quand je m’assieds et quand je me lève.
V/.Glória Patri.
Oratio.Collecte
Deus, qui univérsum mundum beáti Pauli Apóstoli prædicatióne docuísti : da nobis, quǽsumus ; ut, qui eius hódie Conversiónem cólimus, per eius ad te exémpla gradiámur.O Dieu, qui avez instruit le monde entier par la prédication du bienheureux Apôtre Paul, accordez-nous, nous vous en supplions, que célébrant aujourd’hui sa conversion, nous avancions vers vous en imitant ses exemples.
Et fit Commemoratio S. Petri Ap. Sub unica conclusione :On fait mémoire de S. Pierre Apôtre sous la même conclusion :
Oratio.Collecte
Deus, qui beáto Petro Apóstolo tuo, collátis clávibus regni cæléstis, ligándi atque solvéndi pontifícium tradidísti : concéde ; ut, intercessiónis eius auxílio, a peccatórum nostrórum néxibus liberémur. Qui vivis.O Dieu,qui, en confiant au Bienheureux Pierre, votre Apôtre, les clefs du royaume céleste, lui avez donné l’autorité pontificale de lier et de délier ; faites que nous soyons délivrés des liens de nos péchés, par le secours de son intercession.
Léctio Actuum Apostolórum.Lecture des Actes des Apôtres.
9, 1-22.
In diébus illis : Saulus adhuc spirans minárum et cædis in discípulos Dómini, accéssit ad príncipem sacerdótum, et pétiit ab eo epístolas in Damáscum ad synagógas : ut, si quos invenísset huius viæ viros ac mulíeres, vinctos perdúceret in Ierúsalem. Et cum iter fáceret, cóntigit, ut appropinquáret Damásco : et súbito circumfúlsit eum lux de cælo. Et cadens in terram, audívit vocem dicéntem sibi : Saule, Saule, quid me perséqueris ? Qui dixit : Quis es, Dómine ? Et ille : Ego sum Iesus, quem tu perséqueris : durum est tibi contra stímulum calcitráre. Et tremens ac stupens, dixit : Dómine, quid me vis fácere ? Et Dóminus ad eum : Surge et ingrédere civitátem, et ibi dicétur tibi, quid te opórteat fácere. Viri autem illi, qui comitabántur cum eo, stabant stupefácti, audiéntes quidem vocem, néminem autem vidéntes. Surréxit autem Saulus de terra, apertísque óculis nihil vidébat. Ad manus autem illum trahéntes, introduxérunt Damáscum. Et erat ibi tribus diébus non videns, et non manducávit neque bibit. Erat autem quidam discípulus Damásci, nómine Ananías : et dixit ad illum in visu Dóminus : Ananía. At ille ait : Ecce ego, Dómine. Et Dóminus ad eum : Surge et vade in vicum, qui vocátur Rectus : et quære in domo Iudæ Saulum nómine Tarsénsem : ecce enim orat. (Et vidit virum, Ananíam nómine, introeúntem et imponéntem sibi manus, ut visum recipiat.) Respóndit autem Ananías : Dómine, audívi a multis de viro hoc, quanta mala fécerit sanctis tuis in Ierúsalem : et hic habet potestátem a princípibus sacerdótum alligándi omnes, qui ínvocant nomen tuum. Dixit autem ad eum Dóminus : Vade, quóniam vas electiónis est mihi iste, ut portet nomen meum coram géntibus et régibus et fíliis Israël. Ego enim osténdam illi, quanta opórteat eum pro nómine meo pati. Et ábiit Ananías et introívit in domum : et impónens ei manus, dixit : Saule frater, Dóminus misit me Iesus, qui appáruit tibi in via, qua veniébas, ut vídeas et impleáris Spíritu Sancto. Ei conféstim cecidérunt ab óculis eius tamquam squamæ, et visum recépit : et surgens baptizátus est. Et cum accepísset cibum, confortátus est. Fuit autem cum discípulis, qui erant Damásci, per dies áliquot. Et contínuo in synagógis prædicábat Iesum, quóniam hic est Fílius Dei. Stupébant autem omnes, qui audiébant, et dicébant : Nonne hic est, qui expugnábat in Ierúsalem eos, qui invocábant nomen istud : et huc ad hoc venit, ut vinctos illos dúcere ad príncipes sacerdótum ? Saulus autem multo magis convalescébat, et confundébat Iudǽos, qui habitábant Damásci, affírmans, quóniam hic est Christus.En ces jours-là : Saul, respirant encore la menace et le meurtre contre les disciples du Seigneur, alla trouver le grand prêtre 2 et lui demanda des lettres pour Damas, à l’adresse des synagogues, afin que s’il trouvait des gens de la secte, hommes et femmes, il les amenât enchaînés à Jérusalem. Or, comme il était en chemin, alors qu’il approchait de Damas, tout à coup une lumière (venant) du ciel resplendit autour de lui. Il tomba à terre et entendit une voix qui lui disait : "Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ?" Il dit : "Qui êtes-vous, Seigneur ?" Et lui : "Je suis Jésus que tu persécutes. Mais lève-toi et entre dans la ville, et on te dira ce que tu dois faire." Or les hommes qui faisaient route avec lui étaient demeurés saisis de stupeur, entendant bien la voix, mais ne voyant personne. Saul se releva de terre et, bien que ses yeux fussent ouverts, il ne voyait rien. En le conduisant par la main, on le fit entrer à Damas. Et il fut trois jours sans voir et sans prendre ni nourriture ni boisson. Or il y avait à Damas un disciple nommé Ananie, et le Seigneur lui dit dans une vision : "Ananie !" Il dit : "Me voici, Seigneur." Et le Seigneur lui (dit) : "Lève-toi, va dans la rue qu’on appelle la Droite, et cherche dans la maison de Judas un nommé Saul de Tarse. Car le voilà qui prie, et il a vu dans une vision un homme nommé Ananie, qui entrait et lui imposait les mains afin qu’il recouvrât la vue." Ananie répondit : "Seigneur, j’ai appris de plusieurs sur cet homme combien de mal il a fait à vos saints dans Jérusalem. Et il a ici, de la part des grands prêtres, plein pouvoir pour enchaîner tous ceux qui invoquent votre nom." Mais le Seigneur lui dit : "Va, car cet homme est un instrument que j’ai choisi pour porter mon nom devant les nations, les rois et les enfants d’Israël ; je lui montrerai en effet tout ce qu’il doit souffrir pour mon nom." Ananie s’en alla, entra dans la maison, lui imposa les mains et dit : "Saul, mon frère, le Seigneur Jésus qui t’est apparu sur le chemin par lequel tu venais, m’a envoyé pour que tu recouvres la vue et que tu sois rempli de l’Esprit-Saint." Et aussitôt il lui tomba des yeux comme des écailles, et il recouvra la vue. Il se leva et fut baptisé ; et après qu’il eut pris de la nourriture, il reprit force. Il passa quelques jours avec les disciples qui étaient à Damas ; et aussitôt il prêchait dans les synagogues que Jésus est le Fils de Dieu. Tous ceux qui (l’)entendaient étaient stupéfaits et disaient : "N’est-ce pas lui qui pourchassait à Jérusalem ceux qui invoquent ce nom, et n’est-il pas venu ici pour les conduire enchaînés aux grands prêtres ?" Cependant Saul se fortifiait de plus en plus (dans la foi) et il confondait les Juifs qui habitaient à Damas, (leur) démontrant que (Jésus) était le Christ.
Graduale. Gal. 2, 8-9.Graduel
Qui operátus est Petro in apostolátum, operátus est et mihi inter gentes : et cognovérunt grátiam Dei, quæ data est mihi.Celui qui a agi efficacement dans Pierre pour le rendre Apôtre, a aussi agi efficacement en moi pour me rendre Apôtre des Gentils, et ils ont reconnu la grâce de Dieu, qui m’avait été accordée.
V/. 1. Cor. 15, 10. Grátia Dei in me vácua non fuit : sed grátia eius semper in me manet.V/. La grâce de Dieu n’a pas été stérile en moi ; mais elle demeure toujours en moi.
Allelúia, allelúia. V/. Magnus sanctus Paulus, vas electiónis, vere digne est glorificándus, qui et méruit thronum duodécimum possídere. Allelúia.Allelúia, allelúia. V/. Le grand saint Paul, ce vase d’élection, est vraiment digne de gloire, lui qui mérita d’occuper le douzième trône. Alléluia.
Post Septuagesimam, ommissis Allelúia et versu sequenti, dicitur Aux messes votives après la Septuagésime, on omet l’Alléluia et son verset et on dit :
Tractus. Trait
Tu es vas electiónis, sancte Paule Apóstole : vere digne es glorificándus.Tu as été l’objet du choix de Dieu, Apôtre saint Paul, tu mérites bien d’être glorifié.
V/. Prædicátor veritátis et doctor géntium in fide et veritáte.V/. Tu as prêché la vérité, tu as enseigné aux païens la vraie foi.
V/. Per te omnes gentes cognovérunt grátiam Dei.V/. Grâce à toi tous les peuples ont appris à connaître le don de Dieu.
V/. Intercéde pro nobis ad Deum, qui te elégit.V/. Intercède pour nous auprès de Dieu qui t’as choisi.
+ Sequéntia sancti Evangélii secúndum Matthǽum.Lecture du Saint Evangile selon saint Mathieu.
Matth. 19, 27-29.
In illo témpore : Dixit Petrus ad Iesum : Ecce, nos relíquimus ómnia, et secúti sumus te : quid ergo erit nobis ? Iesus autem dixit illis : Amen, dico vobis, quod vos, qui secúti estis me, in regeneratióne, cum séderit Fílius hóminis in sede maiestátis suæ, sedébitis et vos super sedes duódecim, iudicántes duódecim tribus Israël. Et omnis, qui relíquerit domum, vel fratres, aut soróres, aut patrem, aut matrem, aut uxórem, aut fílios, aut agros, propter nomen meum, céntuplum accípiet, et vitam ætérnam possidébit.En ce temps-là : Pierre dit à Jésus : "Voici que nous avons tout quitté pour vous suivre ; qu’en sera-t-il donc pour nous ?" Jésus leur dit : "Je vous le dis en vérité, lorsque, au renouvellement, le Fils de l’homme siégera sur son trône de gloire, vous qui m’avez suivi, vous siégerez vous aussi sur douze trônes, et vous jugerez les douze tribus d’Israël. Et quiconque aura quitté maisons, ou frères, ou sœurs, ou père, ou mère, ou enfants, ou champs, à cause de mon nom, il recevra le centuple et aura la vie éternelle en possession."
Ante 1960 : CredoAvant 1960 : Credo
Ant. ad Offertorium. Ps. 138, 17.Offertoire
Mihi autem nimis honoráti sunt amíci tui, Deus : nimis confortátus est principátus eórum.O Dieu, que vos amis sont singulièrement honorés à mes yeux ! Leur empire s’est extraordinairement affermi.
Secreta.Secrète
Apóstoli tui Pauli précibus, Dómine, plebis tuæ dona sanctífica : ut, quæ tibi tuo grata sunt institúto, gratióra fiant patrocínio supplicántis.En raison des prières de votre Apôtre Paul, rendez saints, Seigneur, les dons de votre peuple, de sorte que leur offrande qui vous est agréable, du fait qu’elle a été instituée par vous, devienne plus agréable encore, à cause du patronage de celui qui intercède pour nous.
Pro S. PetroPour S. Pierre
Secreta.Secrète
Ecclésiæ tuæ, quǽsumus, Dómine, preces et hóstias beáti Petri Apóstoli comméndet orátio : ut, quod pro illíus glória celebrámus, nobis prosit ad véniam. Per Dóminum nostrum.Que la prière du Bienheureux Apôtre Pierre appuie les prières et les offrandes de votre Eglise, nous vous en supplions, Seigneur, afin que le sacrifice que nous célébrons pour sa gloire, nous soit utile pour assurer notre pardon.
Præfatio de Apostolis. Préface des Apôtres .
Ant. ad Communionem. Matth. 19, 28 et 29.Communion
Amen, dico vobis : quod vos, qui reliquístis ómnia et secúti estis me, céntuplum accipiétis et vitam ætérnam possidébitis.En vérité, je vous le dis : vous qui avez tout quitté et m’avez suivi, vous recevrez le centuple et posséderez la vie éternelle.
Postcommunio.Postcommunion
Sanctificáti, Dómine, salutári mystério : quǽsumus ; ut nobis eius non desit orátio, cuius nos donásti patrocínio gubernári.Sanctifiés, Seigneur, par ce mystère salutaire, nous vous supplions qu’il ne cesse d’intercéder pour nous, celui au patronage duquel vous nous avez donné d’être confiés.
Pro S. PetroPour S. Pierre
Postcommunio.Postcommunion
Lætíficet nos, Dómine, munus oblátum : ut, sicut in Apostolo tuo Petro te mirábilem prædicámus ; sic per illum tuæ sumamus indulgéntiæ largitátem. Per Dóminum nostrum.Que le don offert nous réjouisse, Seigneur, afin que comme nous vous reconnaissons admirable en votre Apôtre Pierre, de même nous obtenions, grâce à lui, de votre libéralité, des faveurs et le pardon.

Office

AUX PREMIÈRES VÊPRES. avant 1960

Ant.au Magnificat Va, Ananie, * et cherche Saul ; car il est en prières : cet homme m’est un vase d’élection, pour porter mon nom devant les Gentils, les rois et les enfants d’Israël.

A MATINES. avant 1960

Invitatoire. Louons notre Dieu, * En célébrant la conversion du Docteur des Gentils.

Au premier nocturne.

Ant. 1 Celui qui a opéré * en Pierre pour l’apostolat, a opéré en moi aussi parmi les Gentils ; et ils ont connu la grâce qui m’a été donnée par le Christ, le Seigneur.
Ant. 2 Je sais à qui je me suis confié, * et je suis sûr qu’il est puissant pour garder mon dépôt jusqu’à ce jour, en juste juge.
Ant. 3 Pour moi, vivre c’est le Christ, * et mourir un gain ; il faut que je me glorifie dans la croix de notre Seigneur Jésus-Christ.

Des Actes des Apôtres.
Première leçon. Saul, respirant encore menaces et meurtre contre les disciples du Seigneur, vint auprès du prince des prêtres, et lui demanda des lettres pour les synagogues de Damas, afin que, s’il y trouvait des hommes et des femmes de cette voie, il les conduisît enchaînés à Jérusalem. Comme il était en chemin, et qu’il approchait de Damas, tout à coup une lumière du ciel brilla autour de lui. Et, tombant à terre, il entendit une voix qui lui disait : Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? Il dit : Qui êtes-vous, Seigneur ? Et le Seigneur : Je suis Jésus que tu persécutes ; il t’est dur de regimber contre l’aiguillon.
R/. Celui qui a opéré en Pierre pour l’apostolat a opéré en moi aussi parmi les Gentils : * Et ils ont connu la grâce de Dieu qui m’a été donnée. V/. La grâce de Dieu n’a pas été stérile en moi, mais sa grâce demeure toujours avec moi. * Et.

Deuxième leçon. Alors, tremblant et frappé de stupeur, il dit : Seigneur, que voulez-vous que je fasse ? Et le Seigneur lui répondit Lève-toi, entre dans la ville ; car c’est là que te sera dit ce qu’il faut que tu fasses. Or les hommes qui l’accompagnaient demeuraient tout étonnés, entendant bien la voix, mais ne voyant personne. Saul se leva donc de terre, et, les yeux ouverts, il ne voyait rien. Ainsi, le conduisant par la main, ils le firent entrer dans Damas. Et il y fut trois jours ne voyant point ; et il ne but ni ne mangea.
R/. J’ai combattu le bon combat, j’ai achevé ma course, j’ai gardé ma foi : * C’est pourquoi la couronne de justice m’est réservée. V/. Je sais à quoi je me suis confié, et je suis sûr qu’il est puissant pour garder mon dépôt jusqu’à ce jour. * C’est.

Troisième leçon. Or il y avait un certain disciple à Damas, du nom d’Ananie ; et le Seigneur lui dit en vision : Ananie. Et il dit : Me voici, Seigneur. Et le Seigneur lui dit : Lève-toi, et va dans la rue qu’on appelle Droite, et cherche dans la maison de Judas un nommé Saul de Tarse ; car il est en prières. (Saul vit aussi un homme du nom d’Ananie, entrant et lui imposant les mains, pour qu’il recouvrât la vue). Ananie répondit : Seigneur, j’ai appris d’un grand nombre de personnes combien cet homme a fait de maux à vos saints dans Jérusalem ; ici même, il a le pouvoir des princes des prêtres, pour charger de liens ceux qui invoquent votre nom. Mais le Seigneur lui repartit : Va, car cet homme m’est un vase d’élection, pour porter mon nom devant les Gentils, les rois et les enfants d’Israël. Aussi je lui montrerai combien il faut qu’il souffre pour mon nom.
R/. La couronne de justice m’est réservée : * Le Seigneur juste juge, me la rendra en ce jour-là. V/. Je sais à qui je me suis confié, et je suis sûr qu’il est puissant pour garder mon dépôt jusqu’à ce jour. * Le. Gloire au Père. * Le.

Au deuxième nocturne.

Ant. 4 Vous êtes un vase d’élection, * ô saint Apôtre Paul, prédicateur de la vérité dans le monde entier.
Ant. 5 Le grand saint Paul * était un vase d’élection ; il est vraiment digne d’être glorifié, lui qui mérita de posséder le même trône que les douze.
Ant. 6 J’ai combattu le bon * combat, j’ai achevé ma course, j’ai gardé ma foi.

Sermon de saint Augustin, évêque.

Quatrième leçon. On nous a lu aujourd’hui le passage des Actes des Apôtres ou l’on rapporte que l’Apôtre Paul devint, de persécuteur des Chrétiens, prédicateur du Christ. Le Christ, en effet, a renversé un persécuteur pour en faire un docteur de l’Église ; le frappant et le guérissant, lui donnant à la fois la mort et la vie. Agneau immolé par des loups, il change les loups en agneaux. Dans la célèbre prophétie où nous voyons le patriarche Jacob bénir ses enfants (la main étendue sur ceux qui étaient présents et les yeux fixés sur l’avenir), se trouve prédit ce qui s’est accompli dans Paul. Paul était, comme il l’atteste lui-même, de la tribu de Benjamin. Or, lorsqu’en bénissant ses fils, Jacob fut arrivé à bénir Benjamin, il dit de lui : « Benjamin, loup ravissant. »
R/. Vous êtes un vase d’élection, saint Apôtre Paul, prédicateur de la vérité dans le monde entier * Vous par qui toutes les Nations ont connu la grâce de Dieu. V/. Intercédez pour nous auprès de Dieu, qui vous a choisi. * Vous.

Cinquième leçon. Quoi ? Sera-t-il toujours loup ravisseur ? Nullement ; mais « celui qui, le matin, ravit la proie, partage le soir les aliments. » Voilà ce .qui s’est accompli dans l’Apôtre saint Paul, que cette prédiction concernait. Considérons-le maintenant, si vous le voulez bien, ravissant le matin, et partageant le soir les dépouilles. Matin et soir sont mis ici pour d’abord et ensuite. Nous entendrons donc ainsi cette proposition : il ravira d’abord, et ensuite il partagera les aliments. Voyez le ravisseur : Saul, disent les Actes, ayant reçu les lettres des princes des prêtres, allait (à Damas) afin que partout où il trouverait des Chrétiens, il les entraînât et les amenât aux prêtres pour être châtiés.
R/. C’est par la grâce de Dieu que je suis ce que je suis : * Et sa grâce n’a pas été stérile en moi, mais elle demeure toujours en moi. V/. Celui qui a opéré en Pierre pour l’apostolat, a opéré en moi aussi parmi les Gentils. * Et.

Sixième leçon. Il allait, respirant et exhalant le meurtre ; c’est-à-dire, ravissant le matin. Aussi quand Etienne, le premier Martyr, fut lapidé pour le nom du Christ, Paul était-il très manifestement présent, et il assistait même au supplice d’Etienne avec des sentiments si hostiles que, pour lui, ce n’était pas assez de le lapider de ses propres mains : afin de se trouver en quelque sorte dans toutes les mains qui lançaient des pierres, il gardait les vêtements de tous les bourreaux, exerçant mieux sa fureur en les secondant tous, que s’il l’eût lapidé de ses propres mains. Nous comprenons la première partie de la prophétie : « Il ravira le matin. » Voyons de quelle manière il partage les aliments le soir. Du ciel la voix du Christ le terrasse, il reçoit d’en haut l’ordre de ne plus sévir, et il tombe la face contre terre : il devait être abattu d’abord, puis relevé ; d’abord frappé, puis guéri.
R/. Saul, qui est le même que Paul, grand prédicateur, * Affermi par Dieu, se fortifiait et confondait les Juifs. V/. Montrant que Jésus est le Christ, Fils de Dieu. * Affermi. Gloire au Père. * Affermi.

Au troisème nocturne.

Ant. 7 Saul, * qui est le même que Paul, grand prédicateur, affermi par Dieu, se fortifiait et confondait les Juifs.
Ant. 8 De peur que la grandeur * des révélations ne m’élève, il m’a été donné un aiguillon dans ma chair, un ange de Satan pour me donner des soufflets ; c’est pourquoi j’ai prié trois fois le Seigneur de s’éloigner de moi ; et le Seigneur m’a dit : Paul, ma grâce te suffit.
Ant. 9 Il m’est réservé * la couronne de justice, que le Seigneur, juste juge, me rendra en ce jour-là.

Lecture du saint Évangile selon saint Matthieu.
En ce temps-là : Pierre dit à Jésus : "Voici que nous avons tout quitté pour vous suivre ; qu’en sera-t-il donc pour nous ?" Et le reste.

Homélie de saint Béde le Vénérable, Prêtre. Les leçons sont du commun des Apôtres 2, les répons propres à la fête.

Septième leçon. Celui-là est parfait, qui vend tout ce qu’il possède, en donne le prix aux pauvres, et vient se mettre à la suite de Jésus-Christ : aussi aura-t-il dans les cieux un trésor inépuisable. C’est pourquoi, lorsque Pierre l’interrogea, Jésus répondit (en s’adressant à tous ceux qui agissent ainsi) : « En vérité, je vous dis que vous qui m’avez suivi, lorsqu’à la régénération, le Fils de l’homme sera assis sur le trône de sa gloire, vous aussi, vous serez assis sur douze trônes, jugeant les douze tribus d’Israël ». Par ces paroles, il apprit à ceux qui travaillent et souffrent en cette vie pour son nom, à espérer une récompense en l’autre, c’est-à-dire en la régénération, lorsqu’on ressuscitant nous aurons obtenu de renaître pour une vis immortelle, nous qui avions été engendrés dans la condition mortelle pour une vie fragile.
R/. Saint Apôtre Paul, prédicateur de la vérité, et Docteur des Nations, * Intercédez pour nous auprès de Dieu qui vous a choisi, afin que nous soyons rendus dignes de la grâce de Dieu. V/. Vous êtes un vase d’élection, saint Apôtre Paul, prédicateur de la vérité. * Intercédez.

Huitième leçon. Et c’est une récompense bien juste, que ceux qui auront ici-bas méprisé la gloire de toute élévation humaine soient là-haut particulièrement glorifiés par le Christ, et assis auprès de lui à titre de juges, ces hommes qu’aucune considération n’a pu empêcher de suivre les traces de notre Seigneur. Mais que personne ne s’imagine que les Apôtres qui sont au nombre de douze, parce que Mathias fut élu à la place de Judas le prévaricateur, doivent être seuls à juger le monde ; les douze tribus d’Israël ne seront pas non plus seules à subir le jugement, autrement la tribu de Lévi qui est la treizième resterait non jugée.
R/. A Damas, le gouverneur du pays, établi par le roi Arétas, voulut me prendre : * Et des frères me descendirent le long du mur dans une corbeille, * Et c’est ainsi que j’échappai de ses mains au nom du Seigneur. V/. Le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ sait que je ne mens pas. * Et. Gloire au Père. * Et.

Neuvième leçon. Et Paul, qui est le treizième Apôtre, se verra-t-il privé du privilège de juger, alors qu’il dit lui-même : « Ne savez-vous pas que nous jugerons les anges ? Combien plus les choses du siècle ? » Or il faut savoir que tous ceux qui, à l’exemple des Apôtres, ont laissé tout ce qu’ils possédaient et suivi le Christ, doivent venir avec lui comme juges, de même que tout le genre humain sera jugé. Dans l’Écriture le nombre douze indique souvent l’universalité, et c’est pourquoi les douze trônes des Apôtres désignent tous ceux qui jugeront, et les douze tribus d’Israël, l’universalité de ceux qui doivent être jugés.

A LAUDES

Ant. 1 Moi, j’ai planté, * Apollo a arrosé ; mais Dieu a donné la croissance. (Alléluia).
Ant. 2 Volontiers je me glorifierai * dans mes faiblesses, afin que la puissance du Christ habite en moi.
Ant. 3 La grâce de Dieu * n’a pas été stérile en moi, mais sa grâce demeure toujours en moi.
Ant. 4 A Damas, le gouverneur * du pays, établi par le roi Arétas, voulut me prendre : je fus descendu par des frères le long du mur dans une corbeille, et c’est ainsi que j’échappai de ses mains, au nom du Seigneur.
Ant. 5 J’ai été trois fois déchiré de verges, * j’ai été lapidé une fois, j’ai fait naufrage trois fois pour le nom du Christ.

Capitule. Saul, respirant encore menaces et meurtre contre les disciples du Seigneur, vint auprès du prince des prêtres, et lui demanda des lettres pour les synagogues de Damas, afin que, s’il y trouvait des hommes et des femmes de cette voie, il les conduisît enchaînés à Jérusalem.

V/..Vous êtes un vase d’élection, ô saint Apôtre Paul.
R/. Prédicateur de la vérité dans le monde entier.

Ant. au Bénédictus Vous qui m’avez suivi, * vous serez assis sur des trônes jugeant les douze tribus d’Israël, dit le Seigneur.

AUX DEUXIÈMES VÊPRES.

HymnusHymne
Egrégie Doctor, Paule mores ínstrue,
Et nostra tecum péctora in cælum trahe :
Veláta dum merídiem cernat fides,
Et solis instar sola regnet cáritas.
Illustre Docteur, ô Paul, réglez notre vie et attirez à votre suite nos cœurs au ciel : et tandis que la foi découvre la pleine lumière à travers un voile, faites que la charité, semblable au soleil, règne seule parmi nous.
Sit Trinitáti sempitérna glória,
Honor, potéstas atque iubilátio,
In unitáte, quæ gubérnat ómnia,
Per univérsa æternitátis sǽcula.
Amen.
A la Trinité, qui gouverne toutes choses dans l’unité, soit gloire éternelle, honneur puissance et jubilation, pendant tous les siècles et l’éternité.
Amen.

Ant. au Magnificat Saint Apôtre Paul, * prédicateur de la vérité et Docteur des Nations, intercédez pour nous auprès de Dieu, qui vous a choisi.

Dom Guéranger, l’Année Liturgique

Nous avons vu la Gentilité, représentée aux pieds de l’Emmanuel par les Rois Mages, offrir ses mystiques présents, et recevoir en retour les dons précieux de la foi, de l’espérance et de la charité. La moisson des peuples est mûre ; il est temps que le moissonneur y mette la faucille. Mais quel sera-t-il, cet ouvrier de Dieu ? Les Apôtres du Christ vivent encore à l’ombre de la montagne de Sion. Tous ont reçu la mission d’annoncer le salut jusqu’aux extrémités du monde ; mais nul d’entre eux n’a reçu encore le caractère spécial d’Apôtre des Gentils. Pierre, l’Apôtre de la Circoncision, est destiné particulièrement, comme le Christ, aux brebis perdues de la maison d’Israël [1]. Toutefois, comme il est le Chef et le fondement, c’est à lui d’ouvrir la porte de l’Église aux Gentils. Il le fait avec solennité, en conférant le Baptême au centurion romain Cornélius.

Cependant, l’Église est en travail ; le sang du Martyr Etienne, sa dernière prière, vont enfanter un nouvel Apôtre, l’Apôtre des nations. Saul, citoyen de Tarse, n’a pas vu le Christ dans sa vie mortelle ; et le Christ seul peut faire un Apôtre. Du haut des cieux où il règne impassible et glorifié, Jésus appellera Saul à son école, comme il appelait, durant les années de sa prédication, à suivre ses pas et à écouter sa doctrine, les pêcheurs du lac de Génésareth. Le Fils de Dieu enlèvera Saul jusqu’au troisième ciel, il lui révélera tous ses mystères ; et quand Saul, revenu sur la terre, aura été, comme il le raconte, voir Pierre [2] et comparer son Évangile avec le sien, il pourra dire : « Je ne suis pas moins Apôtre que les autres Apôtres. »

C’est dans ce glorieux jour de la Conversion de Saul, qui bientôt s’appellera Paul, que ce grand œuvre commence. C’est aujourd’hui que retentit cette voix qui brise les cèdres du Liban [3], et dont la force souveraine fait d’abord un chrétien du Juif persécuteur, qui bientôt sera un Apôtre. Cette admirable transformation avait été prophétisée par Jacob, lorsque, sur sa couche funèbre, il dévoilait l’avenir de chacun de ses enfants, dans la tribu qui devait sortir d’eux. Juda eut les premiers honneurs : de sa race royale, le Rédempteur, l’attente des nations, devait naître. Benjamin fut annoncé, à son tour, sous des traits plus humbles, mais néanmoins glorieux : il sera l’aïeul de Paul, et Paul, l’Apôtre des nations.

Le vieillard avait dit : « Benjamin est un loup ravisseur : le matin, il enlève la proie ; mais le soir, il distribue la nourriture. » [4]. Celui qui, dans la matinée fougueuse de son adolescence, se lance comme un loup respirant la menace et le carnage, à la poursuite des brebis du Christ, n’est-ce pas, comme le dit un antique Docteur, Saul sur la route de Damas, porteur et exécuteur des ordres des pontifes du temple maudit, et tout couvert du sang d’Etienne qu’il a lapidé par les mains de tous ceux dont il gardait les vêtements ? Celui qui, sur le soir, ne ravit plus la dépouille du juste, mais, d’une main charitable et pacifique, distribue à ceux qui ont faim la nourriture qui leur donne la vie, n’est-ce pas Paul, Apôtre de Jésus-Christ, embrasé de l’amour de ses frères, et se faisant tout à tous, jusqu’à désirer d’être anathème pour eux ?

Telle est la force victorieuse de notre Emmanuel, toujours croissante et à laquelle rien ne résiste. S’il veut pour premier hommage la visite des bergers, il les fait convier par ses Anges, dont les doux accords ont suffi pour amener ces cœurs simples à la crèche où repose sous de pauvres langes l’espoir d’Israël. S’il désire l’hommage des princes de la Gentilité, il fait lever au ciel une étoile symbolique, dont l’apparition, aidée du mouvement intérieur de l’Esprit-Saint, détermine ces hommes de désirs à venir, du fond de l’Orient, déposer aux pieds d’un humble enfant leurs dons et leurs cœurs. Quand le moment est venu de former le Collège Apostolique, il s’avance sur les bords de la mer de Tibériade, et cette seule parole : Suivez-moi, a suffi pour attacher à ses pas les hommes qu’il a choisis. Au milieu des humiliations de sa Passion, un regard de sa part change le cœur du Disciple infidèle. Aujourd’hui, du haut du Ciel, tous les mystères accomplis, voulant montrer que lui seul est maître de l’Apostolat, et que son alliance avec les Gentils est consommée, il tonne sur la tête de ce Pharisien fougueux qui croit courir à la ruine de l’Église ; il brise ce cœur de Juif, et il crée par sa grâce ce nouveau cœur d’Apôtre, ce vase d’élection, ce Paul qui dira désormais : « Je vis, mais ce n’est pas moi, c’est le Christ qui vit en moi. » [5].

Mais il était juste que la commémoration de ce grand événement vînt se placer non loin du jour où l’Église célèbre le triomphe du premier des Martyrs. Paul est la conquête d’Etienne. Si l’anniversaire de son martyre se rencontre sous les feux du solstice d’été, il ne pouvait manquer d’apparaître auprès du berceau de l’Emmanuel, comme le plus brillant trophée du Proto-martyr ; les Mages le réclamaient aussi comme le conquérant de cette Gentilité dont ils ont été les prémices.

Enfin, pour compléter la cour de notre grand Roi, il convenait que les deux puissantes colonnes de l’Église, l’Apôtre des Juifs et l’Apôtre des Gentils, s’élevassent aux côtés de la crèche mystique : Pierre, avec ses clefs ; Paul, avec son glaive. C’est alors que Bethléhem nous semble, de plus en plus, la figure de l’Église, et les richesses du Cycle en cette saison plus éblouissantes que jamais.

Célébrons, par les chants des anciennes Liturgies, cette journée consacrée par la conquête d’un si grand Apôtre. La prose suivante, qui appartient au dixième siècle, se trouve de bonne heure dans les anciens Missels des Églises d’Allemagne. Elle est empreinte d’un caractère mystérieux qui ne manque pas de grandeur.

SÉQUENCE.
Le Seigneur a dit : Je le convertirai du sein de Basan (la région de stérilité) ; je le mènerai jusqu’au fond des abîmes de la foi, profonds comme la mer.
Ce qu’il a dit il l’a fait, renversant Saul et relevant Paul,
Par son Verbe incarné, en qui il a fait les siècles.
S’élançant à la poursuite de ce Verbe, le Juif a entendu : Saul, Saul, pourquoi me persécuter ?
Je suis le Christ ; il t’est dur de regimber contre l’aiguillon.
A la face du Seigneur, la terre a été émue ; elle a tremblé ; mais bientôt elle s’est reposée.
Paul a reconnu le Seigneur, il a cru, il a cessé de persécuter les Chrétiens.
Sorti des rangs ennemis, pour revenir à vous, ô Dieu, il est devenu la langue de vos chiens fidèles.
C’est Paul qui, par la bouche de vos Pontifes, proclame vos commandements.
Il enseigne que le crucifié n’est autre que le Christ-Dieu,
Qui règne avec le Père et le Saint-Esprit, Celui dont Paul est le témoin.
Par lui la langue des Pontifes, parcourant et humectant les deux molaires delà Loi et de l’Évangile, a fait broyer,
A préparé ces remèdes divers qui sont la santé des blessés, la nourriture de ceux qui ont faim.
Par les prières de Paul, regardez-nous, ô Christ ! et vivifiez les pécheurs ;
Vous qui avez converti, pour la conversion des autres, Paul le vase d’élection.
Quand il prêchait Dieu, la mer le vit et s’enfuit, le Jourdain a reculé vers sa source.
La multitude des nations remontant des profondeurs de l’abîme des vices, à la confusion de Og, roi de Basan.
N’adore plus que vous seul, ô Christ Créateur, qu’elle confesse être venu, comme Rédempteur, dans la chair. Amen.

Les Missels Romains-Français nous donnent cette belle Prose d’Adam de Saint-Victor :

SÉQUENCE.
Du cœur et de la voix fais retentir les cieux, entonne le chant du triomphe, ô Église des Gentils !
Paul, le Docteur des nations, a parcouru sa carrière triomphant et glorieux.
C’est le jeune Benjamin, loup ravisseur qui dévore sa proie ; des fidèles c’est l’ennemi.
Loup à l’aurore, agneau sur le soir ; après les ténèbres, l’astre s’est levé. Paul annonce l’Évangile.
Il s’est lancé dans le chemin de la mort ; mais celui qui est la Voie de la vie, l’arrête sur la route de Damas.
Il respirait la menace ; mais il cède enfin : renversé, il obéit ; on l’entraîne comme un prisonnier.
On le mène à Ananie : le loup est conduit à la brebis ; sa rage tombe apaisée.
Il descend dans la fontaine sacrée ; l’eau salutaire change en parfum les poisons de son âme.
Vase sacré, vase divin, vase qui épanche le doux vin de la doctrine et de la grâce,
Il parcourt les synagogues, il établit la foi du Christ sur la série des Prophètes.
Il prêche la doctrine de la croix ; pour la croix il est tourmenté, il meurt de mille morts.
Mais il survit toujours comme une hostie vivante, et son invincible constance triomphe de tous les supplices.
Choisi pour leur Apôtre, il instruit les. Gentils, il triomphe des sages du monde par la sagesse de Dieu.
Ravi au troisième ciel, il voit le Père et le Fils en une seule substance.
Rome la puissante et la savante Grèce courbent la tête, s’instruisent des mystères ; la foi du Christ se propage.
La croix triomphe, Néron sévit, et le glaive moissonne Paul, dont la parole a fait croître la foi.
Ainsi, déposant le fardeau de la chair, Paul contemple le vrai Soleil, le Fils unique du Père.
Dans la lumière, il voit cette lumière, dont la puissance daigne nous garder de l’infernal gémissement.
Amen.

Les anciens Sacramentaires ne nous fournissent rien sur la Conversion de saint Paul ; nous empruntons l’Oraison et la Préface suivantes au Missel Gallican donné par D. Mabillon, sous le titre de Missale Gothicum.

ORATIO.

O Dieu , qui avez changé le cœur et le nom de votre Apôtre Paul, en ce jour de sa Vocation, et l’avez frappé de terreur par une voix céleste, au moment où il poursuivait à outrance la piété du nom Chrétien, en sorte que l’Église, qui d’abord redoutait en lui un persécuteur, se félicite, aujourd’hui, de l’avoir pour Docteur des commandements célestes ; vous qui l’avez aveuglé au dehors, pour le rendre voyant au dedans, et qui, après avoir dissipé en lui les ténèbres de la cruauté, lui avez conféré la science de la loi divine, pour la vocation des Gentils ; vous qui, après trois naufrages, qu’il souffrit pour cette foi qu’il avait combattue, avez conservé sa vie sous l’élément liquide qui devait l’anéantir : nous vous supplions, nous qui célébrons sa transformation et sa foi, de nous accorder, après nous avoir guéris de l’aveuglement de nos péchés, la grâce de vous voir dans les cieux, comme vous avez illuminé Paul sur la terre.

PRAEFATIO.

Il est digne et juste, équitable et raisonnable, que nous vous rendions grâces. Seigneur saint, Père tout-puissant, Dieu éternel, qui, voulant montrer votre désir de pardonner les péchés de tous, avez gagné le persécuteur de votre Église, par cette seule parole dont vous l’appeliez, et en avez fait, tout à coup, notre Docteur, de notre persécuteur qu’il était. Il avait reçu les lettres d’autrui pour marcher à la destruction des Églises, et bientôt il s’est mis à écrire ses propres Lettres pour les rétablir. Afin de nous faire voir que de Saul il est devenu Paul, en architecte sage, il a tout aussitôt posé l’unique fondement ; en sorte que votre sainte Église Catholique se réjouissait de se voir édifiée par celui qui la dévastait auparavant, et de ce qu’il était devenu pour elle un si puissant défenseur, qu’il ne craignait plus ni les supplices, ni la mort du corps. Lui qui avait brisé les membres de l’Église , devenu l’un des chefs de cette Église, il a livré sa tête pour être uni, dans tous ses membres, au Christ Chef, par la miséricorde duquel il a mérité d’être un vase d’élection, et de recevoir, dans le sanctuaire de son cœur, ce même Jésus-Christ, votre Fils, notre Seigneur.

Nous vous rendons grâces, ô Jésus, qui avez aujourd’hui terrassé votre ennemi par votre puissance, et l’avez relevé par votre miséricorde. Vous êtes véritablement le Dieu fort ; et vous méritez que toute créature célèbre vos victoires. Qu’ils sont merveilleux, vos plans pour le salut du monde ! Vous associez des hommes à l’œuvre de la prédication de votre parole, à la dispensation de vos Mystères ; et, pour rendre Paul digne d’un tel honneur, vous employez toutes les ressources de votre grâce vous vous plaisez à faire du meurtrier d’Etienne un Apôtre, afin que votre puissance souveraine éclate à tous les yeux, afin que votre amour pour les âmes apparaisse dans sa plus gratuite générosité, afin que la grâce surabonde où le péché avait abondé. Visitez-nous souvent, ô Emmanuel, par cette grâce qui change les cœurs ; car nous désirons une vie abondante, et nous sentons que son principe est souvent près de nous échapper. Convertissez-nous, comme vous avez converti l’Apôtre ; après nous avoir convertis, assistez-nous ; car sans vous nous ne pouvons rien faire. Prévenez-nous, suivez-nous, accompagnez-nous, ne nous quittez jamais, et de même que vous nous avez donné le commencement, assurez-nous la persévérance jusqu’à la fin. Donnez-nous de reconnaître, avec crainte et avec amour, ce don mystérieux de la grâce que nulle créature ne saurait mériter, et auquel cependant une volonté créée peut mettre obstacle. Nous sommes des captifs : vous seul possédez l’instrument à l’aide duquel nous pouvons briser nos chaînes ; vous le placez dans nos mains, en nous engageant à en user : de sorte que notre délivrance est votre ouvrage et non le nôtre ; et que notre captivité, si elle persévère, ne peut être attribuée qu’à notre négligence et à notre lâcheté. Donnez-nous, Seigneur, cette grâce ; et daignez recevoir la promesse que nous vous faisons d’y joindre humblement notre coopération.

Aidez-nous, ô grand Paul, à répondre aux desseins de la miséricorde de Dieu sur nous ; obtenez que nous soyons subjugués par la douceur du Dieu enfant. Sa voix ne retentit pas ; il n’éblouit pas nos yeux par sa lumière ; mais il se plaint que trop souvent nous le persécutons. Inspirez à nos cœurs de lui dire comme vous : « Seigneur, que voulez-vous que je fasse ? » Il nous répondra d’être simples et enfants comme lui, de reconnaître enfin son amour qui apparaît dans ce mystère, de rompre avec le péché, de combattre les mauvaises inclinations, d’avancer dans la sainteté en suivant ses exemples. Vous avez dit, ô Apôtre : « Que celui qui n’aime pas notre Seigneur Jésus-Christ soit anathème ! » Faites-le-nous connaître de plus en plus, afin que nous l’aimions, et que de si doux mystères ne deviennent pas, par notre ingratitude, la cause de notre réprobation.

Vase d’élection, convertissez les pécheurs qui ne pensent point à Dieu. Sur la terre, vous vous êtes dépensé tout entier pour le salut des âmes ; au ciel où vous régnez, continuez votre ministère, et demandez au Seigneur, pour ceux qui persécutent Jésus, ces grâces qui triomphent des plus rebelles. Apôtre des Gentils, jetez les yeux sur tant de peuples assis encore dans l’ombre de la mort. Autrefois vous étiez partagé entre deux ardents désirs : celui d’être avec Jésus-Christ, et celui de rester sur la terre pour travailler au salut des peuples. Maintenant, vous êtes pour jamais avec ce Sauveur que vous avez prêché ; n’oubliez pas ceux qui ne le connaissent point encore. Suscitez des hommes apostoliques pour continuer vos travaux. Rendez féconds leurs sueurs et leur sang. Veillez sur le Siège de Pierre, votre frère et votre chef ; soutenez l’autorité de cette Église Romaine qui a hérité de vos pouvoirs, et qui vous regarde comme son second appui. Vengez-la partout où elle est méconnue ; détruisez les schismes et les hérésies ; remplissez tous les pasteurs de votre esprit, afin que, comme vous, ils ne se cherchent point eux-mêmes, mais uniquement et toujours les intérêts de Jésus-Christ.

Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum

Station à Saint-Paul.
Cette commémoration, qui, dans le martyrologe hiéronymien, porte le simple titre de Romae translatio sancti Pauli, manque complètement dans les anciens sacramentaires et capitulaires romains, et semble être entrée dans l’usage de la cour papale vers le Xe siècle seulement, par suite de l’influence franque. En effet, la messe in conversione sancti Pauli apostoli se trouve précisément dans le Missel gothique, où elle fait suite à celle de la Chaire de saint Pierre, rapprochement assez significatif pour écarter l’hypothèse de l’anniversaire de la conversion du grand Apôtre des Nations sur la voie de Damas.

Il n’est pas facile de déterminer la genèse et l’évolution de cette fête. Il est possible toutefois que dans les martyrologes la translatio sancti Pauli se rapporte à l’une des hypothèses suivantes :

a) La translation du saint Corps de l’Apôtre, de la cachette ad catacumbas sur la voie Appienne à sa tombe primitive sur la voie d’Ostie, après que Gallien eut restitué aux chrétiens leurs cimetières ;

b) la réédification de sa basilique sépulcrale sur la voie d’Ostie, commencée par Théodose, poursuivie par Valentinien et Honorius et enfin achevée par saint Léon Ier ;

c) une translation occasionnelle de sa statio (natalis) en raison de quelque empêchement survenu — comme il advint une certaine année où le pape Léon Ier étant absent, les Romains attendirent son retour pour célébrer la fête de saint Pierre et de saint Paul ;

d) enfin, et cela est plus probable, une translation quelconque dans les Gaules de voiles appliqués à la tombe de saint Paul, et de limaille de ses chaînes. Ces objets de dévotion étaient improprement appelés reliques et le fait de les déposer dans les autels prenait le titre de translatio, qu’on insérait jusque dans les martyrologes locaux ; grâce à une sorte de fictio iuris ces reliques constituaient comme une annexe, une extension du sépulcre même de l’Apôtre à Rome. L’indication Romae aurait pénétré dans le Laterculus par l’ignorance du copiste qui, lisant une translatio sancti Pauli aurait pensé qu’elle ne pouvait convenir qu’à Rome au lieu de la référer à une Église quelconque, Autun, Arles ou toute autre.

Qu’elle soit ou non d’origine romaine, cette fête hivernale de saint Paul se trouva, dans les Gaules, rapprochée de celle de la Chaire de saint Pierre, et cela à une époque où Rome ne les célébrait point— si toutefois le siège apostolique célébra jamais la translatio de saint Paul. Peu à peu néanmoins l’orientation historique se déplaça, et au concept d’une translation matérielle des reliques de saint Paul, se substitua celui d’une translation ou changement psychologique et spirituel survenu en lui sur le chemin de Damas. Ainsi, de la translatio physique on passa à la conversio mystique de l’Apôtre.

La fête de la conversion de saint Paul est notée en ce jour dans le Laterculus de Berne du martyrologe hiéronymien : Translatio et conversio sancti Pauli in Damasco. Dans l’Ordo de Pierre Amelius (XIVe siècle), on attribue à cette solennité la préséance sur l’office dominical lui-même.

Dans la basilique patriarcale de Saint-Paul a lieu en ce jour une station très solennelle, et, en l’absence du Souverain Pontife, en vertu d’une antique tradition, les abbés de ce sacratissimum monastère, qui a donné à l’Église saint Grégoire VII, célèbrent dans le rite pontifical le divin Sacrifice sur l’autel papal lui-même qui recouvre, aujourd’hui encore, la chambre funéraire de l’Apôtre.

L’introït est celui du dies natalis de saint Paul le 30 juin, et il exprime la certitude de l’Apôtre que Dieu, juste estimateur du mérite, lui donnera la récompense de ses travaux. Pour mieux expliquer cette pensée à Timothée, saint Paul, proche du martyre, se sert d’une gracieuse image. Ses bonnes œuvres sont comme un dépôt, qu’il confie à Dieu pour qu’il le lui garde jusqu’au jour de la parousie. L’Apôtre a toute confiance dans le Seigneur, qu’il dit bien connaître. Celui qui confie ses trésors aux coffres-forts ou les cache sous terre, s’expose au péril de se les voir ravir par les voleurs ou ronger par les vers. Dieu, au contraire, est juste et immuable, et au grand jour du jugement, le jour par excellence au dire de saint Paul, il rendra le dépôt avec la récompense méritée.

La mélodie grégorienne qui revêt cet introït semble avoir été créée par l’artiste tout exprès pour la station dans la vaste basilique de Saint-Paul. Elle est solennelle et d’un effet incomparable.

La première prière est presque semblable à celle que nous avons rapportée plus haut (le 18 janvier). « O Dieu qui, au moyen de la prédication du bienheureux apôtre Paul, avez enseigné tout l’univers, en ce jour où nous célébrons sa conversion accordez-nous de venir à vous en imitant ses exemples. » On ajoute la commémoraison de saint Pierre comme le 18 janvier.

Suit la lecture des Actes des Apôtres avec le récit de la conversion de saint Paul. En celle-ci le triomphe de la grâce ne pouvait être plus splendide. A Jérusalem, Paul était le plus redoutable ennemi de l’Église naissante ; cependant Jésus non seulement anéantit ses plans, mais il fait de l’adversaire d’hier l’apôtre de demain et le docteur de la vérité dans le monde entier. Sans diminuer aucunement le mérite des douze apôtres, Paul deviendra toutefois l’Apôtre, parce qu’auparavant il avait été l’adversaire le plus redoutable. Il devra donc tirer le char triomphal du Christ plus avant que tous les autres, de l’Arabie jusqu’aux colonnes d’Hercule ; à ce point que, sous l’inspiration du Paraclet, il pourra écrire un jour pour l’édification des églises : plus omnibus laboravi. Cet apostolat universel de Paul fut jadis relevé en un distique que les anciens compilateurs de recueils épigraphiques romains transcrivirent sur le sépulcre du grand Apôtre :

HIC • POSITVS • CAELI • TRANSCENDIT • CVLMINA • PAVLVS
CVI • DEBET • TOTVS • QVOD • CHRISTO • CREDIDIT • ORBIS
Paul, enseveli ici, franchit les sommets du ciel,
Lui à qui l’univers doit d’avoir cru au Christ.

La tardive composition de cette messe se révèle à première vue par le graduel et par le trait. Il semble que le rédacteur ait oublié que leur origine remonte à l’usage des psaumes prescrit par la liturgie juive, et il a enchaîné tant bien que mal quelques versets des épîtres de saint Paul, fort beaux et choisis avec assez de goût, mais hors de place. La mélodie y supplée, par bonheur, car elle est passionnée et d’une élégance classique. Galat., II, 8. « Celui qui opéra au moyen de Pierre dans l’apostolat des circoncis, opéra en moi parmi les gentils ; et l’on reconnut la grâce que Dieu m’avait donnée. V/. La grâce de Dieu en moi ne fut pas stérile, mais sa grâce m’assiste toujours. » « Alléluia. Grand est saint Paul, sanctuaire choisi (de la grâce), vraiment digne d’être glorifié, lui qui mérita aussi de posséder le douzième trône. »

Après la Septuagésime, le verset alléluiatique étant omis, on chante le trait suivant : « V/. O saint apôtre Paul, vous êtes un sanctuaire élu (de la divine grâce), et vraiment vous êtes digne d’être glorifié. V/. Prédicateur de la vérité et Docteur des gentils dans la foi et dans la vérité, y. Par vous tous les peuples ont connu la divine grâce, V/. Intercédez pour nous près de Dieu qui vous a choisi. » C’est là la plus grande grâce accordée à l’Apôtre, celle non seulement d’avoir porté le nom de Jésus devant les rois et les peuples des nations les plus diverses durant sa vie, mais aussi, après sa mort, de continuer son ministère évangélique au moyen de ses divines épîtres, que la sainte liturgie n’omet jamais de réciter durant le saint office et à la messe.

L’Évangile est celui de la messe du Commun des abbés, comme le 5 décembre, et il s’adapte fort bien à l’Apôtre qui, dans sa conversion, non seulement renonça à ses biens et à sa famille, mais, pour gagner Jésus-Christ, abdiqua aussi les avantages que sa condition d’Israélite de la tribu de Benjamin et disciple de Rabbi Gamaliel pouvait lui procurer au sein de la communauté juive. Tout cela, dit l’Apôtre, quae mihi fuerunt lucra, haec arbitratus sum ut stercora, ut Christum lucrifaciam (Philip., III, 7-8).

L’antienne pour l’offrande est comme le jour de saint André, le 30 novembre. Les prières avant l’anaphore eucharistique et après la communion sont identiques à celles du 18 janvier. La préface est celle des apôtres. Le verset pour la communion du peuple est tiré de l’Évangile de ce jour. « Je vous assure que vous qui avez tout laissé pour me suivre, vous recevrez cent fois autant, et la vie éternelle. »

La pauvreté que, à l’imitation des apôtres, les religieux professent par vœu, est un acte perpétuel de louange à la divine Providence, à qui ils se confient. L’histoire de près de vingt siècles est là pour le démontrer : Dieu, de son côté, n’a jamais fait défaut à leurs espérances. C’est précisément ce qu’assurait déjà le Psalmiste, en appelant à sa propre expérience : Iunior fui etenim senui, et non vidi iustum derelictum, nec semen eius quaerens panem [6].

Cette fête de la conversion de saint Paul était très solennelle dans la liturgie médiévale. Le Pape lui-même allait célébrer la messe stationnale sur la tombe de l’Apôtre, tradition dont il est demeuré une trace dans la liturgie. Tandis que dans les autres basiliques patriarcales de Rome, le Pape ne concède point ordinairement la permission aux respectifs cardinaux archiprêtres de célébrer la messe à l’autel papal, exception est faite pour Saint-Paul, où, chaque année en ce jour, l’Abbé de ce monastère jouit du privilège papal de célébrer la messe pontificale sur l’autel qui recouvre la tombe de l’Apôtre. Le motif d’une si grande importance attribuée par la liturgie à la conversion de saint Paul sur le chemin de Damas doit être recherché dans l’efficace apologétique qui ressort d’un tel changement imprévu ; en sorte qu’après le miracle de la résurrection du Christ, aucun autre prodige de l’histoire de l’Église primitive, si l’on tient compte de toutes les circonstances, ne démontre mieux la divinité du christianisme que celui de la conversion de Saul.

Le pape Damase a célébré ce prodige par les vers suivants :

Iamdudum Saulus, procerum praecepta secutus,Jadis Saul, fidèle aux maximes des anciens.
Cum Domino patrias vellet praeponere leges,Préférant au Seigneur les lois de sa nation.
Abnueret sanctos Christum laudasse prophetas,Méconnaissant le témoignage des saints prophètes au Christ.
Caedibus adsiduis cuperet discerpere plebem,S’acharnait à poursuivre et détruire son peuple.
Cum lacerat sanctae matris pia foedera coecus,Déchirant, l’aveugle, la douce unité de notre sainte Mère.
Post tenebras verum meruit cognoscere lumen,Au sortir des ténèbres, il a connu la vraie lumière :
Temptatus sensit possit quid gloria, Christi.Il a su par expérience ce que peut la gloire du Christ.
Auribus ut Domini vocem lucemque recepit,Ayant entendu la voix du Seigneur et reçu la clarté,
Composuit mores Christi praecepta secutus.Il a réformé sa vie, docile aux préceptes du Christ.
Mutato placuit postquam de nomine Paulus,Changé même en son nom, Paul lui fut agréable.
Mira fides rerum ; subito trans aethera vectus,Chose admirable et vraie : élevé au-dessus des cieux,
Noscere promeruit possent quid praemia vitae.Il lui fut donné de savoir ce qu’est la récompense de vie.
Conscendit raptus martyr penetralia Christi,Le futur martyr est enlevé jusqu’au sanctuaire du Christ,
Tertio, lux caeli tenuit paradisus euntem ;Il atteint dans le paradis les splendeurs du troisième ciel,
Conloquiis Domini fruitur, secreta reservat,Admis aux entretiens du Seigneur, il en garde le secret.
Gentibus ac populis iussus praedicere vera,Aux nations, aux peuples, il reçoit l’ordre de prêcher la vérité.
Profundum penetrare maris noctemque diemqueIl pénètre au fond des mers, y passe une nuit et un jour :
Visere, cui magnum satis est vixisse latentem.Mais il lui suffisait d’avoir vu Celui qui est caché.
Verbera, vincla, famem, lapides, rabiemque ferarum,Coups, chaînes, faim, lapidation, fureur des bêtes,
Carceris inluviem, virgas, tormenta, catenas,Horreur des prisons, verges, tourments et fers,
Naufragium, lachrymas, serpentis dira venena,Naufrage, pleurs, serpent au venin redouté,
Stigmata non timuit portare in corpore Christi.Il n’a pas craint de porter tous ces stigmates du Christ,
Credentes docuit possent quo vincere mortem.Enseignant aux croyants l’art de vaincre la mort.
Dignus amore Dei, vivit per saecla magister,Digne de l’amour de Dieu, le Maître vit à jamais.
Versibus his breviter, fateor, sanctissime DoctorEn ces vers j’ai brièvement, c’est vrai, très saint Docteur,
Paule, tuos Damasus, valut, monstrare triumphos.O Paul, j’ai voulu, moi Damase, célébrer tes triomphes.

Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique

Cette fête n’avait pas pour objet, originairement, la conversion de saint Paul, mais une translation de ses reliques, et elle était en relation, par le temps, avec la fête de la Chaire de Saint-Pierre (huit jours plus tard). Cependant peu à peu on oublia ce rapport historique et, à la place d’une translation de reliques, on célébra la Conversion de l’Apôtre.

Conversion de saint Paul. — L’Église célèbre la conversion de l’Apôtre des Gentils à cause de l’importance de cet événement pour toute la chrétienté. La conversion eut lieu environ cinq ans (le martyrologe dit deux) après la mort du Sauveur ; elle fut soudaine, indépendante de l’action de saint Paul ; ce fut une œuvre de la grâce. L’Apôtre en parle souvent dans ses Épîtres, mais toujours avec un sentiment de saisissement et une reconnaissance profonde (la Sainte Écriture rapporte trois fois en détail cet événement capital dans la vie de l’Apôtre des nations, Act. IX, 1-22, XXII, 3-21, XXVI, 9-18). La conversion de saint Paul est en effet un événement décisif dans le développement du royaume de Dieu sur la terre. Grâce à saint Paul, l’Église fut délivrée des chaînes du judaïsme et se tourna vers les Gentils. Il apporta l’Évangile en Europe et jusqu’à Rome. Grâce à lui, l’Église fut une Église universelle, une Église catholique. Par conséquent, nous sommes même redevables à l’Apôtre des nations de notre christianisme. C’est pourquoi nous célébrons avec reconnaissance le grand événement de la conversion de saint Paul, dans laquelle la grâce triompha si visiblement de la nature et de la volonté humaines. Sans doute la volonté de saint Paul ne resta pas passive. La grâce s’unit à sa volonté : « La grâce de Dieu ne fut pas vaine en moi. »

La messe (Scio cui). — A l’Introït, saint Paul dit qu’il s’abandonne entièrement à la main de Dieu et qu’il espère, en retour, le bien qui lui est réservé, au jour de l’avènement du Christ. Cet Introït, nous pouvons le faire nôtre et, dans la communion, nous recevons le gage du bien promis. Le ps. 138, que nous réciterons en entier, nous donne la joyeuse certitude que nous avons été choisis de toute éternité avec saint Paul. Puisse notre conversion être complète aussi (Or.). La Leçon décrit, d’une manière vivante, l’événement de la fête.

A l’Évangile, nous entendons les promesses de Notre-Seigneur à ceux qui le suivent : « Quand Fils de l’Homme sera assis sur le trône de sa majesté vous serez assis vous aussi sur douze trônes... » Ceci s’est réalisé pour saint Paul à sa mort, et la sainte messe nous donne une participation à sa gloire.

A l’Offrande que chacun de nous « abandonne » ce que la grâce lui inspire de sacrifier ; au banquet eucharistique, nous recevrons le gage du « centuple » promis (Comm.).

Notre conversion. — Ce grand événement n’a-t-il pas, dans notre vie, son pendant ? Oui. Le premier jour de notre conversion fut notre baptême, ce fut l’intervention du Christ dans notre vie. Ce fut un jour de pure grâce, sans le moindre mérite de not part. Il est vrai que nous n’en eûmes pas conscience dans un certain sens, c’est dommage. Quelle action puissante exerçait le baptême, dans la primitive Église sur les baptisés adultes ! C’était, dans le plein sens mot, une conversion, un redressement de toute la vie Pensons, par exemple, à saint Augustin. Pour nous, qui sommes baptisés les premiers jours de notre enfance, nous avons souvent besoin d’une seconde conversion qui nous fait passer d’une vie tiède ou peut-être pécheresse, en tout cas d’un christianisme inconscient à une vie chrétienne zélée et consciente, qui comporte un renouvellement de la grâce et des promesses baptismales. Ce jour devrait être consacré à la pensée reconnaissante de ces deux conversions : la conversion inconsciente et la conversion consciente.

Il y a encore une autre heure de Damas, dans notre vie, c’est la messe. Là le Christ vient à notre rencontre, sa grâce se rattache à la première grâce qu’il nous donna et veut achever ce qu’elle commença alors. Elle veut maintenir en nous le sentiment de la conversion, ce sentiment que nous admirons dans la vie de saint Paul. Vingt ans, trente ans après sa conversion, il est encore ému jusqu’aux larmes, quand il pense au chemin de Damas. C’est là la marque d’un homme vraiment grand, quand une impression décisive ne s’affaiblit pas en lui. Car la conversion seule ne suffit pas, il faut qu’elle soit durable et l’heure de Damas de la messe nous aide à la rendre telle. A chaque messe se produit une conversion, une transsubstantiation. J’apporte à l’autel ma misère humaine et je reçois en échange la vie divine : j’apporte du pain terrestre (à l’Offrande) et je reçois en retour le pain divin (à la Communion). C’est un Saul qui vient à la messe, c’est un Paul qui s’en retourne.

[1] Matth. XV, 24.

[2] Gal. I, 18.

[3] Psalm. XXVIII, 5.

[4] Gen. XLIX, 27.

[5] Gal. XI, 20.

[6] Ps. xxxvi, 25.