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25/07 St Christophe, martyr

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Sommaire

  Textes de la Messe  
  Office  
  Dom Guéranger, l’Année Liturgique  
  Bhx cardinal Schuster, Liber Sacramentorum  
  Dom Pius Parsch, Le guide dans l’année liturgique  

Le jour de la fête de St Jacques le Majeur, l’Église commémore St Christophe.

St Christophe était Cananéen d’origine. Son nom (qui porte le Christ) exprime son amour envers Jésus. Âme généreuse, il marcha comme un géant sur le chemin de la vertu. La piété de nos pères, s’inspirant de cette allégorie, plaçait au seuil des cathédrales la statue gigantesque de St Christophe. Il fut martyrisé vers 250. C’est l’un des 14 saints « auxiliaires ».

« Barbare anthropophage à tête de chien selon la légende orientale, géant passeur de fleuve selon la légende occidentale, saint Christophore ou Christophe pourrait être tenu pour un héros de conte. Or l’ancienneté de son culte ne permet pas de mettre en doute l’existence d’un martyr de ce nom. Il serait originaire de Samon en Lycie. Au milieu du Ve siècle, une église était érigée sous son vocable en Bithynie (450) et, à la fin du VIe siècle, il était également titulaire d’un monastère en Sicile. Le martyrologe hiéronymien annonce son natale au 25 juillet et le calendrier de Naples au 24, tandis que les Byzantins et les Syriens d’Antioche célèbrent sa fête le 9 mai, les Coptes le 28 mars et les Arméniens le 4e jeudi de la Transfiguration. Le culte de saint Christophe apparaît en Angleterre dès le Xe siècle et il s’y développe au XIe. En France, il doit être assez répandu en ce même XIe siècle, puisqu’on le trouve aussi bien en Bretagne qu’en Limousin, à Angers qu’à Reims et à Figeac. En Italie, il semble un peu moins populaire. Si la liste des reliques déposées au VIIIe siècle dans l’église Saint-Ange in Pescheria mentionne celles de saint Christophe, sa fête n’apparait à Rome que dans la seconde moitié du XIIe siècle avec les calendriers du Latran et du Vatican » [1].

Textes de la Messe

eodem die 25 Iulii
ce même 25 juillet
SANCTI CHRISTOPHORI
SAINT CHRISTOPHE
Mart.
Martyr
Commémoratio
Commémoraison
Missa In virtúte, de Communi unius Martyris III loco.Messe In virtúte, du Commun d’un Martyr III.

Office

Simple commémoraison au bréviaire, St Christophe ne dispose pas de lecture aux Matines, on fait seulement commémoraison à Laudes.

Ant. Qui odit ánimam suam in hoc mundo, in vitam ætérnam custódit eam. Ant. Celui qui hait son âme en ce monde, la conserve pour la vie éternelle [2].
V/. Iustus ut palma florébit. V/. Le juste, comme un palmier, fleurira [3].
R/. Sicut cedrus Líbani multiplicábitur. R/. Comme un cèdre du Liban, il se multipliera [4].
OratioPrière
Præsta, quǽsumus, omnípotens Deus : ut, qui beáti Christóphori Mártyris tui natalíta cólimus, intercessióne eius in tui nóminis amóre roborémur. Per Dóminum.Faites, nous vous en prions, Dieu tout-puissant, que par l’intercession du bienheureux Christophore, votre Martyr dont nous célébrons la naissance au ciel, nous obtenions d’être fortifiés dans l’amour de votre nom.

Dom Guéranger, l’Année Liturgique

Le nom de Christophe, dont la mémoire vient relever la solennité du fils du tonnerre, signifie porte-Christ. Christine rappelait hier aux chrétiens qu’ils doivent être la bonne odeur du Christ en tous lieux [5] ; Christophe nous fait souvenir que le Christ habite en effet par la foi dans nos cœurs [6]. On connaît le récit gracieux qui se rattache à son nom. Comme d’autres devaient se sanctifier plus tard sur la terre des Espagnes, en construisant les routes et les ponts destinés à faciliter l’accès du tombeau de saint Jacques aux pèlerins, Christophe, en Lycie, s’était voué pour l’amour du Christ à transporter les voyageurs sur ses fortes épaules du bord à l’autre d’un torrent redouté. « Ce que vous avez fait pour le plus petit de mes frères, c’est pour moi que vous l’avez fait, » doit dire le Seigneur au jour du jugement [7]. Or donc, une nuit qu’éveillé par la voix d’un enfant demandant à passer, Christophe s’était mis en devoir d’accomplir sa charité accoutumée, voilà qu’au milieu des flots qui s’agitent et semblent trembler, le géant qu’aucun poids n’avait jamais courbé, fléchit sous son fardeau devenu soudain plus pesant que le monde même : « Ne sois pas étonné, dit l’enfant mystérieux : tu portes Celui qui porte le monde ! » Et il disparaît, bénissant son porteur, qu’il laisse rempli de sa force divine.

Christophe fut, sous Dèce, couronné du martyre. Le secours que nos pères savaient obtenir de lui contre les orages, les démons, la peste, les accidents de toutes sortes, l’a fait ranger parmi les Saints auxiliateurs. On plaçait à ce jour dans plusieurs lieux, sous le commun auspice de saint Christophe et de saint Jacques, la bénédiction des fruits du pommier.

Bhx cardinal Schuster, Liber Sacramentorum

Saint Christophe, ὁ κυνοκέφαλος [8], comme l’appellent les Byzantins, est très vénéré en Orient.

Les Byzantins et les Syriens le fêtent le 9 mai, tandis que les Arméniens lui dédient le jeudi de la quatrième semaine après la Transfiguration.

Le plus ancien monument daté, attestant le culte de saint Christophe, est une inscription du 22 septembre 452 qui mentionne la dédicace de l’église du martyr en Chalcédoine, accomplie par l’évêque Eulalius. Le Martyrologe Hiéronymien fait de Christophe un martyr de Lycie : In Licia, civitate Samo, natale Christophori. Il souffrit sous Dèce, mais ses actes ne rencontrent guère de crédit. Une petite église, dédiée à saint Christophe, existait jadis au Transtévère, près de la basilique de Sainte-Marie. Cela a suffi pour que ce quasi-domicile dans la Ville valût au Mégalomartyr l’honneur d’une commémoraison dans le Missel romain.

La messe est du Commun In virtúte.

J.-B. De Rossi crut trouver les traces du culte dont saint Christophe aurait été anciennement l’objet dans le Titre d’Anastasie, parce que l’épigraphe sépulcrale de Blatta (t688), mère du pape Jean VII, y fait allusion. Ce serait là un des plus anciens monuments nous attestant le culte du Saint dans la Ville éternelle :

ET • QVIA • MARTYRIBVS • CHRISTI • STVDIOSA • COHÆSIT CHRISTIGERI • MERVIT • MARTYRIS • ESSE • COMES

Probablement la défunte, ainsi que Platon son mari, firent restaurer non seulement le palais impérial sur le Palatin, mais aussi l’église de la Cour, Sainte-Anastasie, où les deux époux érigèrent peut-être un oratoire ou un autel, dédié à saint Christophe.

Dom Pius Parsch, Le guide dans l’année liturgique

Saint Christophe. — Le saint est considéré comme un des quatorze saints Auxiliaires invoqués dans la détresse. Son culte est très populaire tant en Orient qu’en Occident depuis fort longtemps. Les anciens martyrologes rapportent seulement qu’il subit le martyre pour le Christ ; mais sa personne fut plus tard entourée d’une couronne de légendes. Christophe aurait été un géant résolu à entrer au service du plus puissant maître du monde. Il crut d’abord que c’était l’empereur, puis le démon, et reconnut enfin le maître tout-puissant dans la personne du Christ, auquel il appartint désormais tout entier. Doué d’une force extraordinaire, il voulut se rendre utile à l’humanité en transportant les pèlerins et les voyageurs du bord à l’autre d’un torrent.

Un jour, un enfant se présenta à lui ; il le prit sur ses épaules ; mais, tandis qu’il franchissait le gué, son fardeau devint peu à peu si pesant qu’il ne pouvait plus le soutenir. L’enfant se fit alors connaître : « Tu as porté le Seigneur du monde ». C’était le Christ. (Le nom de Christophe signifie « porte-Christ »). — Cette légende a un caractère symbolique. Mgr Vida l’explique en ces termes : « Parce que, Christophe, tu portais constamment le Christ dans ton cœur, les artistes te représentent avec le Christ sur tes épaules, et, parce que tu as beaucoup souffert, ils te représentent franchissant à gué la haute mer. Pour te permettre d’accomplir cet exploit, ils t’attribuent une taille de géant telle que les édifices les plus élevés ne peuvent te recevoir et qu’il te faut vivre en plein air par les froids les plus rigoureux ; et parce que tu as triomphé de tout ce qui est pénible, ils te donnent une palme verdoyante pour bâton de voyage ».

[1] Cf. Pierre Jounel, Le Culte des Saints dans les Basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle, École Française de Rome, Palais Farnèse, 1977.

[2] Jn. 12, 26.

[3] Ps. 91, 12.

[4] Le Prophète compare les justes au palmier et au cèdre par opposition aux impies qu’il a comparés au foin si vite desséché. Le palmier reste toujours vert et fleurit longtemps : les justes vivront éternellement ; le cèdre s’élève très haut et son bois très solide Orne les palais des rois : les justes grandiront en multipliant leurs bonnes œuvres, ne se laisseront point déraciner par le vent des épreuves et feront l’ornement de la Jérusalem céleste. (Bx Bellarmin).

[5] II Cor. II, 15.

[6] Eph. III, 17.

[7] Matth. XXV, 40.

[8] Le cynocéphale, l’homme à la tête de chien.