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28/04 St Vital, martyr

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Sommaire

  Textes de la Messe  
  Office  
  Dom Guéranger, l’Année Liturgique  
  Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum  
  Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique  

Cette fête, réduite à une commémoraison en 1869 par l’ajout au Calendrier de Saint Paul de la Croix, fut supprimée en 1960, comme doublet de la fête des saints Vital et Agricola au 4 novembre.

Deux traditions à propos de St Vital : il aurait été le père des saints Gervais et Protais (tradition suivie par la légende du bréviaire de St Vital, voir plus bas et celles de ces deux fils) ou l’esclave de saint Agricola (fêté au 4 novembre).

La réforme du calendrier de Jean XXIII a suivi la deuxième tradition et donc supprimé la fête de St Vital du 28 avril. Or une question se pose : St Agricola n’est aucunement fêté à Rome avant les XIIe et XIIIe siècles, alors que St Vital l’est déjà en 595 (titre donné à la basilique de Vestina), et dans le sacramentaire Grégorien au VIIe siècle.

Cette disparité de dates nous amène à penser que, malgré les historiens, le saint Vital du 28 avril est bien le père des deux martyrs milanais plutôt que le compagnon d’Agricola.

Textes de la Messe

ante CR 1960
avant 1960
Eodem die 28 aprilis
ce même 28 avril
SANCTI VITALIS
SAINT VITAL
Martyris
Martyr
Commemoratio
Commémoraison
Missa Protexísti, de Communi Martyrum T.P. I loco, cum orationibus ut infra :Messe Protexísti, du Commun des Martyrs au T.P. I, avec les oraisons ci-dessous :
Oratio.Collecte
Præsta, quǽsumus, omnípotens Deus : ut, qui beáti Vitális Mártyris tui natalícia cólimus, intercessióne eius, in tui nóminis amóre roborémur. Per Dóminum.Accordez, Dieu tout-puissant, à nous qui célébrons la naissance au ciel du bienheureux Vital, votre Martyr, la grâce d’être, par son intercession, fortifiés dans l’amour de votre nom.
SecretaSecrète
Munéribus nostris, quǽsumus, Dómine, precibúsque suscéptis : et cæléstibus nos munda mystériis, et cleménter exáudi. Per Dóminum nostrum.Ayant accueilli nos dons et nos prières, nous vous en supplions, Seigneur, purifiez-nous par ces célestes mystères, et exaucez-nous dans votre clémence.
PostcommunioPostcommunion
Da, quǽsumus, Dómine, Deus noster : ut, sicut tuórum commemoratióne Sanctórum temporáli gratulámur offício ; ita perpétuo lætámur aspéctu. Per Dóminum nostrum.Faites, s’il vous plaît, Seigneur notre Dieu, que comme nous nous réjouissons d’honorer dans le temps, en cet office, la mémoire de vos Saints, nous puissions aussi nous réjouir de les voir dans l’éternité.
Pro votiva extra Tempus Paschale Missa In virtúte,de Communi unius Martyris 3 loco, cum Orationibus, ut supra.Aux Messes votives en dehors du Temps pascal, Messe In virtúte, du commun d’un Martyr 3, avec les oraisons ci-dessus.

Office

Leçon des Matines avant 1960

Neuvième leçon. Vital, père des saints Gervais et Protais, était militaire ; entrant un jour dans Ravenne avec le juge Paulin, il vit chanceler dans les tourments un médecin nommé Urcisin, qu’on avait conduit au supplice pour avoir confessé la foi chrétienne. Vital s’écria : « Ursicin, toi qui, en qualité de médecin, as coutume de guérir les autres, prends garde de ne pas te donner à toi-même le coup de la mort éternelle ». Fortifié par ces paroles, Urcisin subit courageusement le martyre. Mais Paulin, irrité contre Vital, ordonna de le saisir, de le tourmenter sur le chevalet, puis de le jeter dans une fosse profonde et de l’accabler sous des pierres. Cet ordre ayant été exécuté, un prêtre d’Apollon, qui avait excité Paulin contre Vital, fut aussitôt tourmenté par le démon et se mit à crier : « Vital, Martyr du Christ, tu me brûles extrêmement » ; et violemment agité par le feu qui le torturait, il se précipita dans le fleuve.

Dom Guéranger, l’Année Liturgique

Entre les plus célèbres martyrs de l’Occident, saint Gervais et saint Protais occupent l’une des premières places. La vénération que l’Église Romaine professe pour eux l’a portée à honorer la mémoire de leur père, qui remporta aussi la palme sous la persécution de Néron, dans le cours du temps consacré à honorer la résurrection du Sauveur. Le récit liturgique sur saint Vital est court ; mais les traits qu’il contient donnent à connaître quels étaient ces chrétiens primitifs, que le glaive païen moissonna dans cette première persécution qui immola, entre autres victimes de choix, les deux Apôtres saint Pierre et saint Paul.

Le péché est l’ennemi de l’âme ; il la replonge dans la mort d’où Jésus l’a tirée par sa résurrection. C’est pour faire éviter ce malheur à l’un de vos frères, ô saint martyr, que votre voix retentit tout à coup, et vint lui rendre, au milieu des tourments, l’attention sur soi-même et la force d’âme. Veillez aussi sur nous avec cette fraternelle charité, ô Vital ! Nous sommes vivants de la vie de Jésus ressuscité ; mais l’ennemi voudrait nous ôter cette vie. Il s’efforcera d’abord de nous affaiblir, il nous tendra des pièges de toute sorte, enfin il nous suscitera des combats. Priez, ô saint martyr, afin que nous soyons sur nos gardes et que le mystère de la Pâque accompli en nous y demeure à jamais en son entier.

Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum

Station au Titre de Vestina.

Aujourd’hui le martyrologe de Berne indique : Romae Vitalis Martyris. Il ne s’agit pas d’ailleurs d’un martyr de Rome, car l’histoire des catacombes est absolument muette sur son compte, mais seulement de la dédicace du Titre romain de Vestina, dans la IVe Région ecclésiastique, en l’honneur d’un des plus célèbres saints de Bologne.

La renommée du martyr Vital, compagnon d’Agricola, en l’honneur duquel Justinien fit ériger à Ravenne une des plus splendides basiliques d’Italie, se répandit en effet très rapidement hors de l’Exarchat, en sorte que la Ville éternelle elle-même voulut avoir un temple sous son vocable. Ce temple s’élève dans la vallée située entre le Quirinal et l’Esquilin, dans le vico longo, qui, du Quirinal, conduisait aux Thermes de Dioclétien.

Le Liber Pontificalis fait de Vestina, la fondatrice du titre, une contemporaine du pape Innocent Ier. En effet, une inscription lue par Bosio dans le cimetière de Saint-Agnès mentionne un certain acolyte Abundantius, Regionis Quartae, tituli Vestinae. Au nom de Vital furent associés jadis ceux des martyrs milanais Gervais et Protais rendus si populaires par saint Ambroise. Cependant dans la prescription de la litania septiformis au temps de saint Grégoire le Grand, il est ordonné simplement aux veuves de se ranger en procession in basilica beati Christi martyris Vitalis. Au moyen âge un monastère était uni au Titre.

Les corps des martyrs Vital et Agricola furent retrouvés à Bologne dans un cimetière juif en 393. A leur translation prit part saint Ambroise, qui déposa ensuite quelques-unes de leurs reliques sous l’autel de la basilique de Florence, dédiée par lui. En tout cas, la tombe des saints Vital et Agricola était à Bologne, comme nous l’apprend saint Paulin de Noie : Vitalem Agricolam Proculumque Bononia condit [1].

La messe est celle du Commun des Martyrs durant le temps pascal, sauf les collectes.

Autrefois, la fête de saint Vital était beaucoup plus solennelle. L’Antiphonaire Grégorien assigne pour ce jour ce verset alléluiatique : Alléluia. Beatus vir qui timei Dominum etc. Alléluia, Iustus non conturbabitur, quia Dominus firmat manum eius.

L’antienne pour l’offertoire était la suivante : Repleti sumus mane misericordia tua, et exultamus et delectati sumus, Alleluia.. V/. Domine, refugium factus es nobis a generatione et progenie. V/. Priusquam montes fierent aut formaretur orbis terrae, a saeculo et in saeculum tu es Deus. Alleluia.

La secrète était ainsi conçue : Accepta sit in conspectu tuo, Domine, nostra devotio, et eius nobis fiat suppli-catione salutaris, pro cuius solemnitate defertur. « Que notre dévotion vous soit agréable, Seigneur, et que l’intercession de celui dont nous célébrons la fête nous la rende profitable. »

L’antienne pour la Communion est tirée du texte évangélique : Ego sum vitis vera et vos palmites ; qui manet in me et ego in eo, hic fert fructum multum. Allel. Allel..

\La collecte après la Communion était propre elle aussi : Exultet, Domine, populus tuus in Sancti tui commemoratione Vitalis, et cuius votivo laetatur officia, suffragio relevetur optato. « Que votre peuple, ô Dieu, se réjouisse en la fête de saint Vital, et que celui dont la solennité est célébrée avec tant d’allégresse l’assiste de sa protection précieuse. »

Lors de la dédicace d’un temple, selon l’ancien rit romain, la messe était celle du Saint auquel ce temple était dédié. C’est ainsi qu’à Rome de nombreux anniversaires de dédicaces de basiliques sont devenus par la suite la fête de leurs respectifs martyrs titulaires.

Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique

Saint Vital était le compagnon de saint Agricola. Il vint à Ravenne au moment où le médecin Ursicinus, qui avait été condamné à mort à cause de la foi chrétienne, était conduit au supplice. Remarquant qu’Ursicinus, à cause des tortures effroyables, allait être ébranlé dans sa fermeté, il lui cria : “Ursicinus, tu en as guéri d’autres, prends bien garde de ne pas blesser mortellement ton âme ». Encouragé par cette adjuration, Ursicinus reçut avec joie la couronne du martyre. Vital fut à son tour arrêté et torturé, puis jeté dans une fosse profonde où il mourut (vers 70). Les corps des saints martyrs Vital et Agricola furent découverts à Bologne en 393. Saint Ambroise assistait à la translation ; il réserva quelques reliques pour Florence. A Ravenne, l’empereur Justinien éleva la magnifique Église qui subsiste toujours et qui est riche en mosaïques intéressantes du point de vue liturgique. Rome possède aussi une église de station dédiée aux Saints martyrs (vendredi après le deuxième dimanche de Carême).

[1] Carm., XXVII, 432.