Textes de la Messe |
Office |
Dom Guéranger, l’Année Liturgique |
Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum |
Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique |
Ant. ad Introitum. Ps. 95, 6. | Introït |
Conféssio et pulchritúdo in conspéctu eius : sánctitas et magnificéntia in sanctificatióne eius. | La Louange et la splendeur sont devant lui ; la sainteté et la magnificence dans son sanctuaire. |
Ps. ibid., 1. | |
Cantáte Dómino cánticum novum : cantáte Dómino, omnis terra. | Chantez au Seigneur un cantique nouveau ; chantez au Seigneur, toute la terre. |
V/.Glória Patri. | |
Oratio. | Collecte |
Devotiónem pópuli tui, quǽsumus, Dómine, benígnus inténde : ut, qui per abstinéntiam macerántur in córpore, per fructum boni óperis reficiántur in mente. Per Dóminum. | Regardez, dans votre bienveillance, nous vous en supplions, Seigneur, la dévotion de votre peuple, afin que le fruit des bonnes œuvres fortifie et renouvelle selon l’esprit ceux qui mortifie leur corps par l’abstinence. |
Léctio Ezechiélis Prophétæ. | Lecture du Prophète Ezéchiel. |
Ezech. 18, 1-9. | |
In diébus illis : Factus est sermo Dómini ad me, dicens : Quid est, quod inter vos parábolam vértitis in provérbium istud in terra Israël, dicéntes : Patres comedérunt uvam acérbam, et dentes filiórum obstupéscunt ? Vivo ego, dicit Dóminus Deus, si erit ultra vobis parábola hæc in provérbium in Israël. Ecce, omnes ánimæ meæ sunt : ut ánima patris, ita et ánima fílii mea est : ánima, quæ peccáverit, ipsa moriétur. Et vir si fúerit iustus, et fécerit iudícium et iustítiam, in móntibus non coméderit, et óculos suos non leváverit ad idóla domus Israël : et uxórem próximi sui non violáverit, et ad mulíerem menstruátam non accésserit : et hóminem non contristáverit : pignus debitóri reddíderit, per vim nihil rapúerit : panem suum esuriénti déderit, et nudum operúerit vestiménto : ad usúram non commodáverit, et ámplius non accéperit : ab iniquitáte avértent manum suam, et iudícium verum fécerit inter virum et virum : in præcéptis meis ambuláverit, et iudícia mea custodíerit, ut fáciat veritátem : hic iustus est, vita vivet, ait Dóminus omnípotens. | En ces jours-là, la parole du Seigneur me fut adressée en ces termes : Pourquoi donc proférez-vous ce proverbe, au sujet du pays d’Israël : "Les pères mangent du verjus, et les dents des fils en sont agacées ?" Je suis vivant, dit le Seigneur Dieu : Vous n’aurez plus lieu de proférer ce proverbe en Israël. Voici que toutes les âmes sont à moi : l’âme du fils comme l’âme du père est à moi ; l’âme qui pèche sera celle qui mourra. Si un homme est juste et pratique le droit et la justice ; s’il ne mange pas sur les montagnes et n’élève pas les yeux vers les idoles infâmes de la maison d’Israël ; s’il ne déshonore pas la femme de son prochain et ne s’approche pas d’une femme pendant sa souillure ; s’il m’opprime personne, s’il rend au débiteur son gage, s’il ne commet pas de rapines, s’il donne son pain à celui qui a faim et couvre d’un vêtement celui qui est nu ; s’il ne prête pas à usure et ne prend pas d’intérêt ; s’il détourne sa main de l’iniquité ; s’il juge selon la vérité entre un homme et un autre ; s’il suit mes préceptes et observe mes lois, en agissant avec fidélité, celui-là est juste ; il vivra, dit le Seigneur tout-puissant. |
Graduale. Ps. 16, 8 et 2. | Graduel |
Custódi me, Dómine, ut pupíllam óculi : sub umbra alárum tuárum prótege me. | Défendez-moi, Seigneur, comme la prunelle de l’œil. Protégez-moi à l’ombre de vos ailes. |
V/. De vultu tuo iudícium meum pródeat : óculi tui vídeant æquitátem. | Que mon jugement procède de votre visage ; que vos yeux regardent l’équité. |
+ Sequéntia sancti Evangélii secundum Matthǽum. | Lecture du Saint Evangile selon saint Mathieu. |
Matth. 15, 21-28. | |
In illo témpore : Egréssus Iesus secéssit in partes Tyri et Sidónis. Et ecce, múlier Chananǽa a fínibus illis egréssa clamávit, dicens ei : Miserére mei, Dómine, fili David : fília mea male a dæmónio vexátur. Qui non respóndit ei verbum. Et accedéntes discípuli eius rogábant eum, dicéntes : Dimítte eam ; quia clamat post nos. Ipse autem respóndens, ait : Non sum missus nisi ad oves, quæ periérunt domus Israël. At illa venit, et adorávit eum, dicens : Dómine, ádiuva me. Qui respóndens, ait : Non est bonum sumere panem filiórum, et míttere cánibus. At illa dixit : Etiam, Dómine : nam et catélli edunt de micis, quæ cadunt de mensa dominórum suórum. Tunc respóndens Iesus, ait illi : O múlier, magna est fides tua : fiat tibi, sicut vis. Et sanáta est fília eius ex illa hora. | En ce temps-là : Jésus, étant parti, se retira dans la région de Tyr et de Sidon. Et voilà qu’une femme cananéenne, sortie de ce pays-là, se mit à crier : "Ayez pitié de moi, Seigneur, fils de David ! Ma fille est cruellement tourmentée par le démon." Il ne lui répondit pas un mot. Alors les disciples, s’étant approchés, le priaient en disant : "Renvoyez-la, car elle nous poursuit de ses cris." Il répondit : "Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël." Mais elle vint se prosterner devant lui, disant : "Seigneur, secourez-moi !" Il répondit : "Il n’est pas bien de prendre le pain des enfants pour le jeter aux petits chiens." - "Oui, Seigneur, dit-elle ; mais les petits chiens mangent des miettes, qui tombent de la table de leurs maîtres." Alors Jésus lui dit : "O femme, votre foi est grande : qu’il vous soit fait comme vous voulez." Et sa fille fut guérie à l’heure même. |
Ant. ad Offertorium. Ps. 33, 8-9. | Offertoire |
Immíttet Angelus Dómini in circúitu timéntium eum, et erípiet eos : gustáte, et vidéte, quóniam suávis est Dóminus. | L’Ange du Seigneur environnera ceux qui le craignent et il les délivrera. Goûtez et voyez combien le Seigneur est doux. |
Secreta. | Secrète |
Sacrifícia, Dómine, quǽsumus, propénsius ista nos salvent, quæ medicinálibus sunt institúta ieiúniis. Per Dóminum. | Nous vous en supplions, Seigneur, que par votre miséricorde ces sacrifices nous sauvent puisqu’ils ont été établis en ces termes de jeûnes purificateurs. |
Præfatio de Quadragesima. | Préface du Carême . |
Ant. ad Communionem. Ioann. 6, 52. | Communion |
Panis, quem ego dédero, caro mea est pro sǽculi vita. | Le pain que je donnerai, c’est ma chair pour la vie du monde. |
Postcommunio. | Postcommunion |
Tuórum nos, Dómine, largitáte donórum, et temporálibus attólle præsídiis, et rénova sempitérnis. Per Dóminum nostrum. | Par l’abondance de vos dons, élevez-nous, Seigneur, au-dessus des biens temporels et renouvelez-nous pour ceux qui sont éternels. |
Super populum : Orémus. Humiliáte cápita vestra Deo. | Sur le peuple : Prions. Humiliez vos têtes devant Dieu. |
Oratio. | Prière |
Da, quǽsumus, Dómine, pópulis christiánis : et, quæ profiténtur, agnóscere, et cæléste munus dilígere, quod frequéntant. Per Dóminum nostrum. | Donnez, s’il vous plaît, Seigneur, aux peuples chrétiens de bien connaître les vérités qu’ils font profession de croire, et d’aimer le céleste don auquel ils participent fréquemment. |
A MATINES
Hymne : Ex more docti mýstico (matines du Carême)
Lectio i | 1ère leçon |
Léctio sancti Evangélii secúndum Matthǽum. | Lecture du saint évangile selon saint Matthieu |
Cap. 15, 21-28 | |
In illo témpore : Egréssus Iesus secessit in partes Tyri et Sidónis. Et réliqua. | En ce temps-là, Jésus se retira du côté de Tyr et de Sidon. Et le reste. [1] |
Homilía sancti Hierónymi Presbýteri | Homélie de saint Jérôme, prêtre |
Liber 2 Comment. in cap. 15 Matthæi | |
Scribis et pharisǽis calumniatóribus derelíctis, transgréditur in partes Tyri et Sidónis, ut Týrios Sidoniósque curáret. Múlier aútem Chananǽa egréditur de fínibus prístinis, ut clamans fíliæ ímpetret sanitátem. Obsérva quod in quintodécimo loco fília Chananǽæ sanétur. Miserére mei, Dómine, Fili David. Inde novit vocáre Fílium David, quia egréssa iam fúerat de fínibus suis, et errórem Tyriórum ac Sidoniórum loci et fídei commutatióne dimíserat. | Jésus laisse les scribes et les pharisiens calomniateurs et passe dans la région de Tyr et de Sidon pour guérir les Tyriens et les Sidoniens. Mais voilà qu’une Cananéenne sort du pays qui fut jadis le sien afin d’obtenir par ses cris la santé de sa fille. A noter que la guérison de la fille de la Cananéenne se place en quinzième lieu. « Ayez pitié de moi, Seigneur, fils de David ! » Si elle avait appris à invoquer le fils de David, c’est qu’elle avait déjà quitté son pays, et avait renoncé à l’erreur des Tyriens et des Sidoniens en changeant de lieu et de foi. |
R/. Tribulárer, si nescírem misericórdias tuas, Dómine : tu dixísti, Nolo mortem peccatóris, sed ut magis convertátur et vivat : * Qui Chananǽam et publicánum vocásti ad pœniténtiam. | R/. Je serai dans la tribulation, Seigneur, si je ne connaissais vos miséricordes ; mais c’est vous qui avez dit : Je ne veux pas [2] la mort du pécheur, mais plutôt qu’il se convertise et qu’il vive. * C’est vous qui avez appelé la Chananéenne et le publicain. |
V/. Secúndum multitúdinem dolórum meórum in corde meo, consolatiónes tuæ lætificavérunt ánimam meam. | V/. Selon la multitude [3] de mes douleurs (qui étaient) dans mon cœur, vos consolations ont réjoui mon âme. |
R/. Qui Chananǽam et publicánum vocásti ad pœniténtiam. | R/. C’est vous qui avez appelé la Chananéenne et le publicain. |
Lectio ii | 2e leçon |
Fília mea male a dæmónio vexátur. Ego filiam Chananǽæ puto ánimas esse credéntium, quæ male a dæmónio vexabántur, ignorántes Creatórem, et adorántes lápidem. Qui non respóndit ei verbum : non de supérbia pharisáica, nec de scribárum supercílio : sed ne ipse senténtiæ suæ viderétur esse contrárius, per quam iússerat : In viam Géntium ne abiéritis, et in civitátes Samaritanórum ne intravéritis. Nolébat enim occasiónem calumniatóribus dare : perfectámque salútem Géntium passiónis et resurrectiónis témpori reservábat. | « Ma fille est tourmentée par un démon. » Pour moi, je pense que la fille de la Cananéenne représente les âmes des croyants qui étaient tourmentées par le démon tant qu’elles ne connaissaient pas le Créateur et adoraient la pierre. « Mais il ne lui répondit pas un mot. » Ce n’est pas orgueil de pharisien, ce n’est pas dédain de scribe ; mais il ne voulait pas donner l’impression que lui-même contrevient à son ordre : « Ne prenez pas le chemin des nations païennes et n’entrez pas dans les villes des Samaritains. » [4] En effet, il ne voulait pas donner prise à ses calomniateurs et réservait la plénitude du salut des nations païennes au temps de la Passion et de la Résurrection. |
R/. In ómnibus exhibeámus nosmetípsos sicut Dei minístros in multa patiéntia : * Ut non vituperétur ministérium nostrum. | R/. Montrons-nous en toutes choses comme des ministres de Dieu, par une grande patience : * afin que notre ministère ne soit pas décrié. [5] |
V/. Ecce, nunc tempus acceptábile, ecce, nunc dies salútis : commendémus nosmetípsos in multa patiéntia. | V/. C’est maintenant le temps vraiment favorable, c’est maintenant le jour du salut. Rendons-nous recommandables par une grande patience. |
R/. Ut non vituperétur ministérium nostrum. | R/. afin que notre ministère ne soit pas décrié. [6] |
Lectio iii | 3e leçon |
Et accedéntes discípuli eius, rogábant eum, dicéntes : Dimítte eam, quia clamat post nos. Discípuli illo adhuc témpore mystéria Dómini nesciéntes, vel misericórdia commóti, rogábant pro Chananǽa mulíere, quam alter Evangelísta Syrophœníssam appéllat : vel importunitáte eius carére cupiéntes, quia non ut cleméntem, sed ut durum médicum crébrius inclamáret. Ipse aútem respóndens ait : Non sum missus, nisi ad oves quæ periérunt domus Israël. Non quo et ad Gentes non missus sit, sed quo primum missus sit ad Israël : ut illis non recipiéntibus Evangélium, iusta fieret ad Gentes transmigrátio. | « S’approchant de lui, ses disciples lui demandaient : Renvoie-la, car elle crie derrière nous. » Les disciples, qui à ce moment ignoraient encore les mystères du Seigneur, intercédaient en faveur de la Cananéenne, – qu’un autre évangéliste appelle Syro-Phénicienne –, soit que la compassion les touche, soit que le désir d’être débarrassé de son importunité les anime ; car elle redoublait ses cris comme pour un médecin non pas clément, mais impitoyable. Quant à lui, voici la réponse qu’il fait : « Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël. » Non qu’il n’ait pas été envoyé aussi vers les nations païennes, mais il l’a d’abord été en Israël et comme ceux-ci n’ont pas accueilli l’Évangile, son passage vers les nations païennes se justifie. |
R/. In ieiúnio et fletu orábunt sacerdótes, dicéntes : * Parce, Dómine, parce pópulo tuo ; et ne des hereditátem tuam in perditiónem. | R/. Les prêtres [7] prieront dans le jeûne et dans les larmes, disant : * Pardonnez, Seigneur, pardonnez à votre peuple et ne livrez pas votre héritage à la perdition. |
V/. Inter vestíbulum et altáre plorábunt sacerdótes, dicéntes. | V/. Entre le portail et l’autel les prêtres pleureront et diront : |
* Parce, Dómine, parce pópulo tuo ; et ne des hereditátem tuam in perditiónem. Glória Patri. * Parce, Dómine, parce pópulo tuo ; et ne des hereditátem tuam in perditiónem. | * Pardonnez, Seigneur, pardonnez à votre peuple et ne livrez pas votre héritage à la perdition. Gloire au Père. * Pardonnez, Seigneur, pardonnez à votre peuple et ne livrez pas votre héritage à la perdition. |
A LAUDES
Hymne : O sol salútis, íntimis (laudes du Carême)
Ad Bened. Ant. Egréssus Iesus * secéssit in partes Tyri et Sidónis : et ecce múlier Chananæa a fínibus illis egréssa, clamábat dicens : Miserére mei, Fili David. | Ant. au Bénédictus Jésus se retira * du côté de Tyr et de Sidon : et voici qu’une Chananéenne vint de cette région et cria : Aie pitié de moi, Fils de David. |
AUX VÊPRES
Hymne : Audi, benígne Cónditor (vêpres du Carême)
Ad Magnificat Ant. O múlier, * magna est fides tua : fiat tibi sicut petísti. | Ant. au Magnificat Ô femme, * grande est ta foi, qu’il te soit fait comme tu l’as demandé. |
La Station d’aujourd’hui est dans l’Église de Saint-Laurent in Paneperna, l’une de celles que la piété romaine a élevées en l’honneur du plus célèbre Martyr de la ville sainte.
LEÇON.
Cette lecture du Prophète nous donne à apprécier la miséricorde de Dieu envers les Gentils, qui vont bientôt passer des ténèbres à la lumière, par la grâce du saint Baptême. En vain le proverbe juif prétend que « les dents des enfants sont agacées, parce que celles des pères ont broyé les raisins verts » : Dieu, dès l’Ancien Testament, déclare que les péchés sont personnels, et que le fils de l’impie, s’il veut suivre la justice, trouvera la miséricorde et la vie. La prédication de l’Évangile par les Apôtres et leurs disciples fut un appel qui retentit dans toute la Gentilité ; et l’on vit bientôt les fils des races idolâtres se presser autour de la piscine du salut, abjurer les mauvaises œuvres de leurs pères, et devenir l’objet des complaisances du Seigneur. La même merveille apparut dans la conversion des barbares de l’Occident ; elle se continue de nos jours chez les peuples infidèles ; et de nombreux catéchumènes, cette année encore, recevront la régénération à la fête de Pâques.
Dans l’ordre temporel. Dieu punit souvent dans les fils l’iniquité des pères ; cette disposition de sa providence est utile à l’instruction des hommes, qui reçoivent par là de salutaires leçons ; mais, dans l’ordre moral, chacun est traité selon ses mérites ; et de même que Dieu n’impute pas au fils vertueux les iniquités du père, de même la vertu du père ne rachètera pas l’iniquité du fils. Saint Louis fut l’aïeul de Philippe le Bel, et Louis XVI était le petit-fils de Louis XV : ces contrastes se rencontrent dans beaucoup de familles. « Dieu a laissé l’homme dans la main de son conseil ; l’homme a devant lui la vie et la mort, le bien et le mal ; on lui donnera ce qu’il préfère [8]. » Mais telle est la miséricorde du Seigneur notre Dieu, que lorsque l’homme a fait un mauvais choix, s’il repousse le mal qu’il avait d’abord préféré, et s’il se tourne vers le bien, lui aussi vivra de la vie, et la pénitence lui rendra ce qu’il avait perdu.
ÉVANGILE.
Jésus admire la foi de cette femme ; il la loue, il la recommande à notre imitation. Cette femme cependant était d’une race païenne ; peut-être jusqu’alors avait-elle adoré les idoles ; mais elle vient au Sauveur ; l’amour maternel l’amène aux pieds de Jésus. Elle y obtient la guérison de sa fille, et sans doute aussi celle de son âme. C’est une application de la vérité consolante que nous trouvions tout à l’heure dans le Prophète : les élus sortent de toute race, même de la race maudite de Chanaan. Le Seigneur traite cette femme avec une dureté apparente, bien qu’il ait résolu de l’exaucer ; il veut que sa foi s’élève, qu’elle soit digne d’être récompensée. Prions donc avec instance dans ces jours de miséricorde. La fille de la Chananéenne était tourmentée par le démon dans son corps ; que d’âmes, dans toute l’Église, sont la proie de cet esprit infernal par le pèche mortel qui habite en elles ! Sentent-elles leur mal ? Songent-elles à crier vers le libérateur ? Et si d’abord il fait attendre la grâce du pardon, savent-elles s’humilier comme la femme de l’Évangile, qui accepte avec tant de simplicité le mépris que le Sauveur semble avoir pour elle ? Brebis perdues de la maison d’Israël, profitez du temps où vous possédez encore le Pasteur. Avant quarante jours, il sera misa mort, « et le peuple qui l’aura renié ne sera plus son peuple [9] ». Avant quarante jours aussi, nous célébrerons l’anniversaire de ce grand Sacrifice ; et tout pécheur qui n’aura pas converti ses voies, qui ne sera pas venu à Jésus avec l’humilité de la Chananéenne, aura mérité d’être rejeté sans retour. Hâtons-nous donc de nous rendre dignes de la réconciliation. La table des enfants de Dieu est déjà dressée ; et telle est la générosité du père de famille, que si nous voulons revenir à lui du fond de notre cœur, ce ne sont point seulement les miettes tombées de cette table qu’il nous permettra de recueillir : c’est Jésus, le Pain de vie, qu’il nous donnera, en signe d’éternelle réconciliation.
Lisons aujourd’hui cette belle Préface du Missel Mozarabe, où le Sauveur nous est montré comme le Pain de vie qui doit soutenir les fidèles dans le jeûne.
ILLATION.
Missale gothicum. Feria VI post Dominicam II Quadragesimæ.
Il est digne et juste, équitable et salutaire, que nous vous rendions grâces, à vous, Père tout puissant, et à Jésus-Christ votre Fils notre Seigneur, en qui, dans le cours de ce jeûne, la foi trouve sa nourriture, l’espérance son avancement, la charité sa force. Il est en effet le Pain vivant et véritable, l’assurance de l’éternité, l’aliment des vertus. Il est votre Verbe, par qui tout a été fait ; il est le pain, non seulement de nos âmes, mais des Anges eux-mêmes. C’est soutenu par ce Pain que Moïse votre serviteur, lorsqu’il reçut la Loi, jeûna quarante jours et quarante nuits, et qu’il s’abstint de la nourriture matérielle, pour pouvoir goûter votre douceur. Vivant de votre Verbe, et fortifié par lui, son esprit en goûtait la suavité, et son visage en empruntait la lumière. Il n’éprouva pas la faim, il oublia la nourriture terrestre ; car l’aspect de votre gloire le glorifiait lui-même, et par l’influence de l’Esprit-Saint, votre parole le repaissait intérieurement. Ce Pain, vous ne cessez de nous le servir ; mais vous nous exhortez à entretenir pour lui en nous une faim continuelle. Cette chair, quand nous la mangeons, est notre force ; ce sang, quand nous le buvons, lave nos souillures.
Sainte-Agathe est titulaire de la célèbre diaconie de la Suburra, ornée jadis de mosaïques par Flavius Ricimer, puis transformée en église arienne par les Goths. Elle passa ensuite au culte catholique par les soins de saint Grégoire le Grand, qui la dédia à la célèbre martyre sicilienne, Agathe, très vénérée à Rome. Au VIIIe siècle un monastère y était annexé ; plus tard elle devint une collégiale.
La station de ce jour, à Saint-Laurent sur le Viminal, fut instituée par Grégoire II, qui lui appliqua l’introït de la messe de la fête de saint Laurent. Avec une très gracieuse allusion à sa basilique sépulcrale, que sa beauté fit surnommer speciosa, l’antienne de l’introït célèbre la sainteté du grand archidiacre, aux prières duquel les Pères attribuèrent spécialement le triomphe final de la Croix sur le paganisme à Rome. Pour exprimer ce concept, les mosaïques antiques nous représentent saint Laurent soutenant le trophée de la Rédemption, faisant fonction de staurophore et porte-étendard de l’Église romaine. Une tradition veut que le martyr ait subi le tourment du feu près de l’église stationnale de ce jour, appelée aussi « in Formoso ».
Le monastère contigu était, au moyen âge, l’une des vingt abbayes privilégiées de la Ville éternelle.
Introït (ps. 95) : « La gloire et la splendeur sont devant lui, la puissance et la majesté sont dans son sanctuaire. »
Comme hier, la collecte demande au Seigneur de regarder favorablement la dévotion de son peuple, afin que, tandis que celui-ci afflige sa chair par le jeûne, l’esprit soit nourri parles œuvres d’une vie sainte.
La liturgie revient souvent, en ces jours, sur l’idée de la mortification corporelle au moyen du jeûne : Qui per abstinentiam macerantur in corpore. En effet, le jeûne était pour nos pères tout autre chose qu’une cérémonie rituelle, comme il y est souvent réduit, pour beaucoup de chrétiens d’aujourd’hui, mais il comportait l’abstinence de toute sorte de nourriture et de boisson jusqu’au soir. Au coucher du soleil, c’est-à-dire après la messe stationnale, on dressait la table, mais on usait seulement, même le dimanche, d’aliments strictement maigres, et le vin, la viande, les œufs et les laitages étaient toujours exclus. On devine qu’une pénitence aussi rigoureuse n’était pas apte à fortifier le corps.
La lecture d’Ézéchiel pour ce jour (XVIII, 1-9) explique comment les mérites ou les démérites sont quelque chose de personnel, et non pas une espèce de blason nobiliaire hérité des ancêtres.
Il fallait par suite que le Juif ne participât pas aux cultes idolâtriques qui se célébraient sur les hauteurs et dans les bois sacrés, lesquels, dans le royaume d’Israël, après le schisme des dix tribus, avaient été plantés de toutes parts en l’honneur des fausses divinités. Ceci relativement à Dieu ; quant à ce qui regardait le prochain, il y avait le sixième et le neuvième préceptes du décalogue, la loi qui réglait les prêts entre Israélites et les diverses œuvres de miséricorde. Celui qui pratique tout cela, conclut le prophète, celui-là est juste, et il vivra en présence du Seigneur. Il faut remarquer ici la part essentielle attribuée aux bonnes œuvres, sans lesquelles la foi seule ne sauve point, étant morte en elle-même, semblable à un tronc desséché qui ne produit ni feuilles ni fleurs.
Le répons-graduel provient du psaume 16. C’est le martyr Laurent qui, torturé sur son gril, en appelle au jugement de Dieu : « Protégez-moi, ô Seigneur, comme la pupille de vos yeux ; cachez-moi à l’ombre de vos ailes. Que de votre puissance sorte mon droit ; que vos yeux voient avec rectitude. »
On a choisi pour ce jour l’épisode de la Chananéenne qui, aux pieds de Jésus, — même quand le Sauveur, pour l’éprouver et stimuler de plus en plus sa confiance, la traite apparemment avec dureté, — obtient, à force de prières et d’humilité, la guérison de sa fille. Ce choix a été suggéré à Grégoire II par un magnifique répons de l’office nocturne de cette première semaine du Carême : Tribularer, si nescirem misericordias tuas... qui Cananeam et publicanum vocasti ad poenitentiam...
Il est intéressant de constater ce merveilleux développement de la liturgie romaine, qui, même après son âge d’or, l’époque de saint Grégoire, déploie avec tant de naturel ses propres richesses, qu’elle produit toujours de nouveaux chefs-d’œuvre. Le répons en question est probablement traduit du grec, mais de ce thème oriental, Rome a su d’abord tirer une magnifique mélodie responsoriale, puis le motif d’une des plus émouvantes lectures évangéliques (Matth., XV, 21-28) pour la solennité stationnale de Saint-Laurent.
La pauvre Chananéenne est le symbole de la gentilité, qui, sans le privilège de la circoncision israélite, mais par le mérite de la foi, demande le salut. Grâce à cette foi, Rome chrétienne prend la place de Jérusalem déicide ; car Dieu ne regarde pas la descendance charnelle, mais l’humble pureté du cœur.
Le premier refus du Sauveur d’opérer le miracle en faveur d’une femme de la Gentilité, outre les motifs allégués ci-dessus, avait pour but de faire comprendre que le Seigneur est le Dieu de l’ordre, et que, par conséquent, il ne voulait pas prévenir le moment fixé par sa Providence pour la vocation des gentils à la foi, jusqu’à ce qu’Israël se fût rendu, par sa propre faute, indigne de la grâce, en fermant volontairement les yeux à la lumière de l’Évangile.
De plus, Jésus voulait éviter de fournir à ses ennemis un nouveau prétexte d’attenter avant le temps à ses jours, en entrant en relations avec une païenne, qui, devant le fanatisme judaïque, n’aurait pas mérité d’autre titre que celui encore en usage parmi les Arabes, de chien d’infidèle.
L’antienne de l’offertoire, prise du psaume 33, fait allusion à saint Laurent, lequel, selon les actes de son martyre, fut réconforté par un ange qui essuyait sa sueur, tandis qu’il était étendu sur le gril incandescent : « Que l’ange du Seigneur campe autour de ses fidèles et les sauve. Goûtez et voyez que le Seigneur est bon. »
Voici la collecte sur les oblations : « Dans votre bonté, Seigneur, faites que le sacrifice qui accompagne ces jeûnes salutaires, soit pour nous le gage du salut. »
Les messes de Grégoire II ont souvent pour la communion une antienne de caractère eucharistique. Celle d’aujourd’hui est empruntée à l’Évangile selon saint Jean et accuse en conséquence une double infraction aux lois qui réglaient autrefois la psalmodie de la messe à l’âge d’or de la liturgie romaine. Les antiennes étaient alors régulièrement psalmodiques, et, en tout cas, n’étaient jamais tirées du saint Évangile. En un temps quelque peu postérieur, l’antienne ad Communionem provient au contraire, comme cela se rencontre au Commun des Saints, de la lecture évangélique assignée à la messe du jour.
Aujourd’hui toutefois, l’antienne est empruntée à l’évangile selon saint Jean, et n’a aucune relation, pas même de pensée générale, avec la précédente lecture de saint Matthieu sur la vocation de la Chananéenne.
Dans la collecte eucharistique de ce jour, remarquons un équilibre admirable entre deux excès : celui du matérialisme, qui reconnaît seulement les lois de la matière, et celui de l’illuminisme gnostique, qui ne veut connaître que la morbidité d’un esprit égaré.
L’Église s’est toujours opposée à ces aberrations hérétiques qui ne tiennent pas compte de la nature du composé humain, et qui réduisent pour cela l’homme à l’état de brute, ou à une construction très élevée qui s’écroule parce qu’elle manque de base. La nature est le substratum de la grâce ; elle n’est jamais détruite, même quand elle est soulevée par l’action du Saint-Esprit. « Seigneur, qui êtes si magnifique dans vos dons, soutenez-nous matériellement par vos secours temporels, et renouvelez-nous intérieurement par vos secours éternels. »
La collecte sur le peuple a, elle aussi, un caractère eucharistique : « Accordez, Seigneur, au peuple chrétien une intelligence toujours plus claire de la foi qu’il professe, et un amour plus intense pour le Sacrement qu’il fréquente. »
Dans le cantique qui termine le Deutéronome, Moïse dit que Dieu fait comme l’aigle qui incite ses petits à prendre leur vol pour la première fois. Nous admirons aujourd’hui cela dans l’attitude de Jésus avec la Chananéenne. Il la traite d’abord avec une grande austérité, mais sous ces paroles dures, il cache une miséricorde et une grâce si attirante, que la pauvre femme, au lieu de s’en aller, sent au contraire se fortifier sa foi, méritant à la fin d’entendre de la bouche même du Sauveur ce bel éloge : « O femme, ta foi est grande ! »
C’est toujours la fin que Dieu se propose quand il nous traite avec rudesse, quand il nous tient en arrière ou qu’il s’éloigne un peu de nous. Le Seigneur vise toujours à nous faire avancer dans la voie de la perfection, nous contraignant, pour ainsi dire, à nous entraîner, pour hâter le pas afin d’y atteindre avant la douzième heure, avant l’heure de la mort.
La Chananéenne est l’image des pénitents.
1. Les prédicateurs de pénitence. — Les messes du jeudi constituent, dans la liturgie du Carême, un type tout spécial ; ce sont nettement des messes de pénitence et elles envisagent les pénitents (Au VIIIe siècle, époque où elles apparurent, la discipline pénitentielle était fortement organisée et dominait tout le Carême). L’Évangile nous offre une image touchante des pénitents. Pendant que les « enfants » (les fidèles), à l’église, mangent le pain eucharistique, les « petits chiens », les pénitents, se tiennent dehors, devant la porte de l’église, et ils attendent que tombent quelques miettes de la table du Seigneur.
Nous nous revêtons de l’habit des pénitents et nous prenons place parmi eux, devant la porte de l’église. Trois prédicateurs de pénitence nous adressent la parole : Saint Laurent, Ézéchiel et la Chananéenne. Saint Laurent est notre coryphée et le saint de station. Nous le voyons sur son gril ardent. Il supporte ses tourments avec joie et va même jusqu’a railler ses bourreaux. Et il nous dit : Votre gril, c’est la vie avec ses ennuis, ses sacrifices et ses difficultés. Demeurez sur ce gril. Dominez votre vie. Soyez contents, soyez même joyeux dans vos difficultés. Cela aussi est une pénitence efficace. C’est ce que disait l’Apôtre, dimanche dernier, dans son Épître programme : Montrons-nous des serviteurs de Dieu dans toutes les situations de la vie. — Ézéchiel, le Prophète et le prédicateur de pénitence, parle aussi à notre conscience : Ne rejetez pas votre faute sur d’autres, mais considérez-vous comme responsables de vos manquements. C’est une faiblesse humaine, depuis Adam, de s’excuser aux dépens d’autrui. Adam rejeta sa faute sur sa femme et celle-ci en rendit responsable le serpent. Il est certain que Dieu tiendra compte de toutes les circonstances atténuantes, mais vous-mêmes, soyez pour vous un juge sévère, sans ménagement. Être sévère pour soi-même, indulgent pour les autres, que ce soit votre principe ! — La Chananéenne est une figure favorite de la liturgie ; l’Église en a fait le type des pénitents. Que nous prêche-t-elle ? La persévérance dans la prière et la pénitence humble. Elle ne se décourage pas, même quand le Seigneur ne la regarde pas et ne daigne pas lui adresser la parole. Cette persévérance est déjà une grande preuve d’humilité. Comment reçoit-elle l’humiliation ? Le Seigneur la compare aux chiens. Elle accepte la comparaison et en fait un motif de sa prière : Oui, je suis un petit chien et je me contente des miettes qui tombent de la table des enfants. Elle a supporté victorieusement l’épreuve : celui qui s’abaisse sera élevé. Pénitence humble. Par là, nous atteignons la racine de tout notre malheur ; nous combattons notre susceptibilité, notre amour de l’honneur, notre orgueil.
Les deux antiennes du lever et du coucher du soleil chantent le commencement et la fin de la scène évangélique : « Voici qu’une Chananéenne vint de cette région et cria : Aie pitié de moi, Fils de David »(Ant. Benedictus) ; « Ô femme, grande est ta foi, qu’il te soit fait comme tu veux »(Ant. Magnificat). L’Église veut nous enseigner par là, que, pendant toute la journée, notre âme doit être la Chananéenne, le matin, avec sa grande détresse, le soir, avec sa foi forte. Aujourd’hui, la prière des Heures nous offre un répons propre, d’une grande beauté, qui se rattache à notre Évangile (c’est un cas très rare en Carême).
R/. Je serais inconsolable si je ne connaissais pas tes miséricordes, Seigneur ; tu as dit : je ne veux pas la mort du pécheur mais qu’il se convertisse et qu’il vive. * Toi qui as appelé la Chananéenne et le publicain à la pénitence.
V/. Selon la multitude de mes douleurs dans mon cœur, tes consolations ont réjoui mon âme.
R/. Toi qui as appelé la Chananéenne et le publicain à la pénitence.
2. Thème de la station — Station à Saint Laurent in Panepema. D’après la tradition, c’est à cet endroit que Saint Laurent fut torturé sur le gril ; la crypte est honorée comme le lieu du martyre du saint. C’est dans cette église, depuis l’introduction de l’office de station le jeudi (sous Grégoire II, fin du VIIe siècle), que se célèbre la messe d’aujourd’hui. La station a exercé son influence sur le texte de la messe. L’Introït chante la mort glorieuse du martyr (à sa fête, le 10 août, c’est le même introït). En, outre, l’église de station était célèbre à cause de sa beauté. L’introït est donc comme un cri d’étonnement des fidèles qui entrent.
« Confessio », ce mot, dans l’antiquité, avait un sens plus plein (déclaration, profession de foi). Le psaume, dans son entier, chante la grandeur de Dieu. On aimait beaucoup célébrer la grandeur de Dieu dans ses saints.
Le Graduel, lui aussi, présente la pensée de notre saint de station. Dans le psaume 16, se trouve le verset qu’on mettait sur les lèvres du saint pendant son martyre : « Tu as éprouvé mon cœur, Seigneur, et tu l’as visité pendant la nuit. Tu m’as purifié par le feu et il ne s’est pas trouvé de péché en moi. »
A l’offrande, nous entrons avec saint Laurent dans le sacrifice du Christ. L’antienne de l’Offertoire fait allusion au saint (d’après les Actes des martyrs, un ange le consola sur le gril et essuya sa sueur). Saint Laurent était déjà un prédicateur de carême, en tant que combattant et travailleur dans la vigne du Seigneur. Tous les jours, nous demandons, dans l’action de grâces après la messe, « d’éteindre les flammes des passions comme le bienheureux Laurent surmonta les flammes du feu ». Il doit donc être pour nous un modèle et un patron dans le temps de pénitence et de Carême. Quand nous sommes sur le gril de la tentation, soyons fermes et persévérants.
3. L’Eucharistie. — Aujourd’hui jeudi, l’Église pense au pain divin de l’Eucharistie. Cette pensée se poursuit à travers toute la messe. Déjà, quand la Chananéenne parle des miettes qui tombent de la table des enfants, nous pensons au pain des enfants de Dieu. Nous sommes si heureux, dans ce temps de carême, de recevoir, en mangeant ce pain, une vie divine renouvelée, alors que les pénitents sont exclus de la table sainte ! Comme les pénitents devaient quitter l’église après l’Évangile, les fidèles pensaient encore davantage, à l’Offertoire, au pain divin ; c’est pourquoi ils chantent l’ancien psaume de communion avec le refrain connu : « Goûtez et voyez combien le Seigneur est doux. » A l’antienne de communion, ils chantent : « Le pain que je donnerai est ma chair pour la vie du monde ». Dans l’oraison sur le peuple, le prêtre demande « que nous aimions les dons célestes que nous recevons si souvent ».
[1] Et voici qu’une femme cananéenne, venue de ces contrées, s’écria, en lui disant : « Ayez pitié de moi, Seigneur, Fils de David ; ma fille est affreusement tourmentée par le démon. » Mais il ne lui répondit pas un mot. Et les disciples, s’approchant de lui, le priaient, en disant : « Renvoyez-la, car elle crie derrière nous. » Il répondit : « Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël. » Mais elle vint, et l’adora, en disant : « Seigneur, secourez-moi. » Il répondit : « Il n’est pas bien de prendre le pain des enfants et de le jeter aux chiens. » Mais elle dit : « Oui, Seigneur ; mais les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres. » Alors Jésus lui répondit : « O femme, ta foi est grande ; qu’il te soit fait comme tu le veux. » Et sa fille fut guérie à l’heure même.
[2] Ez 33, 11
[3] Ps 93, 19
[4] Math 10, 5
[5] 2 Cor 6, 4
[6] 2 Cor 6, 4
[7] Joël 2, 17
[8] Eccli. XV, 14, 18.
[9] Dan. IX, 26.