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Lundi de la 1ère semaine de Carême

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1960.


Sommaire

  Textes de la Messe  
  Office  
  Dom Guéranger, l’Année Liturgique  
  Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum  
  Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique  

Textes de la Messe

Feria II
Lundi de la 1ère semaine de Carême
III Classis
3 ème Classe
Statio ad S. Petrum ad Vincula
Station à St-Pierre-aux-Liens
Ant. ad Introitum. Ps. 122,2.Introït
Sicut óculi servórum in mánibus dominórum suórum : ita óculi nostri ad Dóminum, Deum nostrum, donec misereátur nobis : miserére nobis, Dómine, miserére nobis.Comme les yeux des serviteurs sont fixés sur les mains de leurs maîtres, ainsi nos yeux sont tournés vers le Seigneur notre Dieu, jusqu’à ce qu’il ait pitié de nous. Ayez pitié de nous, Seigneur, ayez pitié de nous.
Ps. ibid., 1.
Ad te levávi óculos meos : qui hábitas in cælis.J’ai levé les yeux vers vous, qui habitez dans les cieux.
V/.Glória Patri.
Oratio.Collecte
Convérte nos, Deus, salutáris noster : et, ut nobis ieiúnium quadragesimále profíciat, mentes nostras cæléstibus ínstrue disciplínis. Per Dóminum.onvertissez-nous, ô Dieu, notre Sauveur ; et, afin que le jeûne du Carême nous soit utile, instruisez nos âmes au moyen de célestes enseignements.
Léctio Ezechiélis Prophétæ.Lecture du Prophète Ezéchiel.
Ezech. 34, 11-16.
Hæc dicit Dóminus Deus : Ecce, ego ipse requíram oves meas, et visitábo eas. Sicut vísitat pastor gregem suum in die, quando fúerit in médio óvium suárum dissipatárum : sic visitábo oves meas, et liberábo eas de ómnibus locis, in quibus dispérsæ fúerant in die nubis et calíginis. Et edúcam eas de pópulis, et congregábo eas de terris, et indúcam eas in terram suam : et pascam eas in móntibus Israël, in rivis, et in cunctis sédibus terræ. In páscuis ubérrimis pascam eas, et in móntibus excélsis Israël erunt páscua eárum : ibi requiéscent in herbis viréntibus, et in páscuis pínguibus pascéntur super montes Israël. Ego pascam oves meas, et ego eas accubáre fáciam, dicit Dóminus Deus. Quod períerat, requíram ; et quod abiéctum erat, redúcam ; et quod confractum fúerat, alligábo ; et quod infírmum fúerat, consolidábo ; et quod pingue et forte, custódiam : et pascam illas in iudício, dicit Dóminus omnípotens.Ainsi parle le Seigneur Dieu : Me voici ; je veux moi-même prendre souci de mes brebis, et je les passerai en revue. Comme un pasteur passe en revue son troupeau, au jour où il se trouve au milieu de ses brebis éparses, ainsi je passerai en revue mes brebis, et je les retirerai de tous les lieux où elles ont été dispersées, en un jour de nuages et de ténèbres. Je les ferai sortir du milieu des peuples, et je les rassemblerai des divers pays ; je les ramènerai sur leur sol, et je les ferai paître sur les montagnes d’Israël, dans les vallées et dans tous les lieux habités du pays. Je les ferai paître dans de bons pâturages, et leur bercail sera sur les hautes montagnes d’Israël ; là elles reposeront dans un bon bercail, et elles paîtront dans un gras pâturage, sur les montagnes d’Israël. Moi je paîtrai mes brebis, moi, je les ferai reposer, dit le Seigneur Dieu. Je chercherai celle qui était perdue, je ramènerai celle qui était égarée, je panserai celle qui est blessée, et je fortifierai celle qui est malade ; celle qui est grasse et celle qui est forte, je la garderai ; je les paîtrai avec justice.
Graduale. Ps. 88, 10 et 9.Graduel
Protéctor noster, áspice, Deus, et réspice super servos tuos.Vous qui êtes notre protecteur, regardez ô Dieu, et jetez les yeux sur vos serviteurs.
V/. Dómine, Deus virtútum, exáudi preces servórum tuórum.Seigneur, Dieu des armées, exaucez la prière de vos serviteurs.
Tractus. Ps. 102, 10.Trait.
Dómine, non secúndum peccáta nostra, quæ fécimus nos : neque secúndum iniquitátes nostras retríbuas nobis.Seigneur, ne nous traitez pas selon nos péchés, et ne nous punissez pas selon nos iniquités.
V/.Ps. 78, 8-9. Dómine, ne memíneris iniquitátum nostrarum antiquarum : cito antícipent nos misericórdiæ tuæ, quia páuperes facti sumus nimis.Seigneur, ne vous souvenez plus de nos anciennes iniquités ; que vos miséricordes viennent en hâte au-devant de nous, car nous sommes réduits à la dernière misère.
(Hic genuflectitur) V/. Adiuva nos, Deus, salutáris noster : et propter glóriam nóminis tui, Dómine, libera nos : et propítius esto peccátis nostris, propter nomen tuum.On se met à genoux V/. Aidez-nous, ô Dieu notre Sauveur, et pour la gloire de votre nom, Seigneur, délivrez-nous et pardonnez-nous nos péchés, à cause de votre nom.
+ Sequéntia sancti Evangélii secundum Matthǽum.Lecture du Saint Evangile selon saint Mathieu.
Matth. 25, 31-46.
In illo témpore : Dixit Iesus discípulis suis : Cum vénerit Fílius hóminis in maiestáte sua, et omnes Angeli cum eo, tunc sedébit super sedem maiestátis suæ : et congregabúntur ante eum omnes gentes, et separábit eos ab ínvicem, sicut pastor ségregat oves ab hædis : et státuet oves quidem a dextris suis, hædos autem a sinístris. Tunc dicet Rex his, qui a dextris eius erunt : Veníte, benedícti Patris mei, possidéte parátum vobis regnum a constitutióne mundi. Esurívi enim, et dedístis mihi manducáre ; sitívi, et dedístis mihi bíbere ; hospes eram, et collegístis me ; nudus, et cooperuístis me ; infírmus, et visitástis me ; in cárcere eram, et venístis ad me. Tunc respondébunt ei iusti, dicéntes : Dómine, quando te vídimus esuriéntem, et pávimus te ; sitiéntem, et dedimus tibi potum ? quando autem te vídimus hóspitem, et collégimus te ? aut nudum, et cooperúimus te ? aut quando te vídimus infírmum, aut in cárcere, et vénimus ad te ? Et respóndens Rex, dicet illis : Amen, dico vobis : quámdiu fecístis uni ex his frátribus meis mínimis, mihi fecístis. Tunc dicet et his, qui a sinístris erunt : Discédite a me, maledícti, in ignem ætérnum, qui parátus est diábolo et ángelis eius. Esurívi enim, et non dedístis mihi manducáre ; sitívi, et non dedístis mihi potum ; hospes eram, et non collegístis me ; nudus, et non cooperuístis me ; infírmus et in cárcere, et non visitástis me. Tunc respondébunt ei et ipsi, dicéntes : Dómine, quando te vídimus esuriéntem, aut sitiéntem, aut hóspitem, aut nudum, aut infírmum, aut in cárcere, et non ministrávimus tibi ? Tunc respondébit illis, dicens : Amen, dico vobis : Quámdiu non fecístis uni de minóribus his, nec mihi fecístis. Et ibunt hi in supplícium ætérnum : iusti autem in vitam ætérnam.En ce temps-là, Jésus dit à ses disciples : Quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire, et tous les anges avec lui, il s’assiéra alors sur son trône de gloire, et toutes les nations seront rassemblées devant lui, et il séparera les uns d’avec les autres, comme le pasteur sépare les brebis d’avec les boucs, et il mettra les brebis à sa droite et les boucs à sa gauche. Alors le Roi dira à ceux qui seront à sa droite : "Venez, les bénis de mon Père : prenez possession du royaume qui vous a été préparé dès la création du monde. Car j’ai eu faim, et vous m’avez donné à manger ; j’ai eu soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais étranger, et vous m’avez recueilli ; nu, et vous m’avez vêtu ; j’ai été malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus à moi." Alors les justes lui répondront : "Seigneur, quand vous avons-nous vu avoir faim, et vous avons-nous donné à manger ; avoir soif, et vous avons-nous donné à boire ? Quand vous avons-nous vu étranger, et vous avons-nous recueilli ; nu, et vous avons-nous vêtu ? Quand vous avons-nous vu malade ou en prison, et sommes-nous venus à vous ?" Et le Roi leur répondra : "En vérité, je vous le dis, chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait." Alors il dira aussi à ceux qui seront à sa gauche : "Allez-vous-en loin de moi, les maudits, au feu éternel, qui a été préparé pour le diable et pour ses anges. Car j’ai eu faim, et vous ne m’avez pas donné à manger ; j’ai eu soif, et vous ne m’avez pas donné à boire ; j’étais étranger, et vous ne m’avez pas recueilli ; nu, et vous ne m’avez pas vêtu ; malade et en prison, et vous ne m’avez pas visité." Alors eux aussi lui répondront : "Seigneur, quand vous avons-nous vu avoir faim, ou avoir soif, ou étranger, ou nu, ou malade, ou en prison, et ne vous avons-nous pas assisté ?" Alors il leur répondra : "En vérité, je vous le dis, chaque fois que vous ne l’avez pas fait à l’un de ces plus petits, c’est à moi que vous ne l’avez pas fait." Et ceux-ci s’en iront au supplice éternel, et les justes à la vie éternelle.
Ant. ad Offertorium. Ps. 118, 18, 26 et 73.Offertoire
Levábo óculos meos, et considerábo mirabília tua, Dómine, ut dóceas me iustítias tuas : da mihi intelléctum, et discam mandáta tua.Je lèverai les yeux, et je considérerai vos merveilles, Seigneur, afin que vous m’enseigniez vos préceptes. Donnez-moi l’intelligence afin que j’apprenne vos commandements.
Secreta.Secrète
Múnera tibi, Dómine, obláta sanctífica : nosque a peccatórum nostrórum máculis emúndet. Per Dóminum.Sanctifiez ces dons qui vous sont offerts, Seigneur, et purifiez-nous des souillures de nos péchés.
Præfatio de Quadragesima. Préface du Carême .
Ant. ad Communionem. Matth. 25, 40 et 34.Communion
Amen, dico vobis : quod uni ex mínimis meis fecístis, mihi fecístis : veníte, benedícti Patris mei, possidéte parátum vobis regnum ab inítio sǽculi.En vérité, je vous le dis : ce que vous avez fait au moindre d’entre mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. Venez les bénis de mon Père ; possédez le royaume qui vous a été préparé dès l’origine du monde.
Postcommunio.Postcommunion
Salutáris tui, Dómine, múnere satiáti, súpplices exorámus : ut, cuius lætámur gustu, renovémur efféctu. Per Dóminum.L’âme rassasiée par votre don salutaire, nous vous demandons instamment, Seigneur, que nous soyons transformés par son action après nous être réjouis en le goûtant.
Super populum : Orémus. Humiliáte cápita vestra Deo.Prions. Humiliez vos têtes devant Dieu.
Oratio.
Absólve, quǽsumus, Dómine, nostrórum víncula peccatórum : et, quidquid pro eis merémur, propitiátus avérte. Per Dóminum.Nous vous en supplions, Seigneur, brisez les liens dont nous charge nos fautes, et détournez miséricordieusement de nous ce que nous avons mérité pour elles.

Office

A MATINES

Hymne : Ex more docti mýstico (matines du Carême)

Lectio i1ère leçon
Léctio sancti Evangélii secúndum Matthǽum.Lecture du saint Evangile selon saint Matthieu
Cap. 25, 31-46
In illo témpore : Dixit Iesus discípulis suis : Cum vénerit Fílius hóminis in maiestáte sua, et omnes Angeli cum eo, tunc sedébit super sedem maiestátis suæ : et congregabúntur ante eum omnes gentes. Et réliqua.En ce temps-là, Jésus dit à ses disciples : « Lorsque le Fils de l’homme viendra dans sa majesté, avec tous les Anges, il s’assiéra sur le trône de sa majesté. Toutes les nations seront assemblées devant lui. Et le reste. [1]
Homilía sancti Augustíni EpíscopiHomélie de saint Augustin, évêque
Liber de fide et opéribus, cap. 15 tom. 4, circa medium
Si mandátis non servátis, ad vitam veníri potest per solam fidem, quæ sine opéribus mórtua est : illud deínde quómodo verum erit, quod eis, quos ad sinístram positúrus est, dicet : Ite in ignem ætérnum, qui parátus est diábolo, et ángelis eius : nec íncrepat, quia in eum non credidérunt ; sed quia bona ópera non fecérunt ? Nam profécto, ne sibi quisquam de fide, quæ sine opéribus mórtua est, promíttat ætérnam vitam ; proptérea omnes gentes segregatúrum se dixit, quæ permíxtæ eísdem páscuis utebántur : ut appáreat, eos illi dictúros : Dómine, quando te vídimus illa et illa patiéntem, et non ministrávimus tibi ? qui in eum credíderant, sed bona operári non curáverant, tamquam de ipsa fide mórtua ad vitam pervenirétur ætérnam.Si l’on peut, sans garder les commandements, parvenir à la vie, par la seule foi qui « sans les œuvres est morte » [2], comment alors le Seigneur dira-t-il avec vérité à ceux qu’il placera à sa gauche : « Allez-vous-en dans le feu éternel préparé pour Satan et ses anges » [3] ? Il ne leur reproche pas de n’avoir pas cru en lui mais de n’avoir pas accompli de bonnes œuvres. Car de peur que l’on se promette la vie éternelle par la foi qui sans les œuvres est morte, il a dit qu’il séparerait toutes les nations qui paissent mêlées dans les mêmes pâturages. De la sorte, il sera manifeste que ceux qui alors lui diront : « Seigneur quand est-ce que nous t’avons vu souffrir en tel ou tel cas et que nous ne t’avons pas servi ? » [4] seront ceux-là mêmes qui, tout en croyant en lui, ne se sont guère souciés d’accomplir des bonnes œuvres, comme si l’on pouvait, par une foi morte, parvenir à la vie éternelle !
R/. Ecce, nunc tempus acceptábile, ecce, nunc dies salútis : commendémus nosmetípsos in multa patiéntia, in ieiúniis multis, * Per arma iustítiæ virtútis Dei.R/. C’est maintenant le temps vraiment favorable, c’est maintenant le jour du salut. [5] Rendons-nous recommandables par une grande patience, par des jeûnes nombreux. * Par les armes de la justice de la puissance de Dieu.
V/. In ómnibus exhibeámus nosmetípsos sicut Dei minístros in multa patiéntia, in ieiúniis multis.V/. Montrons-nous en toutes choses comme des ministres de Dieu, dans une grande patience, dans des jeûnes fréquents.
R/. Per arma iustítiæ virtútis Dei.R/. Par les armes de la justice de la puissance de Dieu.
Lectio ii2e leçon
An forte ibunt in ignem ætérnum, qui ópera misericórdiæ non fecérunt : et non ibunt, qui aliéna rapuérunt ? vel corrumpéndo in se templum Dei, in seípsos immisericórdes fuérunt : quasi ópera misericórdiæ prosint áliquid sine dilectióne, dicénte Apóstolo : Si distríbuam ómnia mea paupéribus, caritátem autem non hábeam, nihil mihi prodest ? Aut díligat quisquam próximum sicut seípsum, qui non díligit seípsum ? Qui enim díligit iniquitátem, odit ánimam suam.Dirons-nous de ceux qui n’ont pas pratiqué les œuvres de miséricorde qu’ils iront au feu éternel, tandis que là n’iraient pas ceux qui ont volé le bien d’autrui, ou bien ceux qui ont profané en eux le temple de Dieu et ont été ainsi sans miséricorde envers eux-mêmes ? Comme si les œuvres de miséricorde pouvaient avoir quelque utilité sans l’amour ! L’Apôtre le dit : « Quand je distribuerais tous mes biens pour nourrir les pauvres, si je n’ai pas la charité, je n’y gagne rien. » [6] Ou bien pourrait-il aimer son prochain comme lui-même, celui qui ne s’aime pas lui-même ! Oui, « qui aime l’iniquité déteste son âme » [7].
R/. In ómnibus exhibeámus nosmetípsos sicut Dei minístros in multa patiéntia : * Ut non vituperétur ministérium nostrum.R/. Montrons-nous en toutes choses comme des ministres de Dieu, par une grande patience : * afin que notre ministère ne soit pas décrié. [8]
V/. Ecce, nunc tempus acceptábile, ecce, nunc dies salútis : commendémus nosmetípsos in multa patiéntia.V/. C’est maintenant le temps vraiment favorable, c’est maintenant le jour du salut. Rendons-nous recommandables par une grande patience.
R/. Ut non vituperétur ministérium nostrum.R/. afin que notre ministère ne soit pas décrié. [9]
Lectio iii3e leçon
Neque illud dici hic póterit, in quo nonnúlli seípsos sedúcunt, ignem ætérnum dictum, non ipsam combustiónem ætérnam. Per ignem quippe, qui ætérnus erit, transitúros arbitrántur eos, quibus propter fidem mortuam per ignem promittunt salútem : ut vidélicet ipse ignis ætérnus sit, combústio vero eórum, hoc est, operátio ignis, nos sit in eos ætérna : cum et hoc prǽvidens Dóminus senténtiam suam conclúsit ita dicens : Sic ibunt illi in combustiónem ætérnam, iusti autem in vitam ætérnam. Erit ergo ætérna combústio, sicut ignis : et eos in illam itúros Véritas dicit, quorum non fidem, sed bona ópera defuísse declarávit.Et qu’ici nul ne dise, comme le font quelques-uns qui s’illusionnent eux-mêmes, que si le feu est dit éternel, le châtiment, lui, ne l’est pas ! Voici leur pensée : ceux auxquels ils promettent le salut comme à travers le feu, passeront certes par ce feu éternel en châtiment de leur foi morte. Mais tout éternel que soit ce feu, leur brûlure à eux, c’est-à-dire l’action du feu, ne sera pas éternelle pour eux. Le Seigneur, en tant qu’il est Seigneur, prévoyait cette objection même aussi donne-t-il à sa sentence ces mots comme conclusion : « Et ils s’en iront, ceux-ci au châtiment éternel, et les justes, à la vie éternelle. » [10] Elle sera donc éternelle, comme le feu, la brûlure et là s’en iront, dit la Vérité, tous ceux dont elle a montré clairement que leur manquaient, non la foi, mais les bonnes œuvres.
R/. In ieiúnio et fletu orábunt sacerdótes, dicéntes : * Parce, Dómine, parce pópulo tuo ; et ne des hereditátem tuam in perditiónem.R/. Les prêtres [11] prieront dans le jeûne et dans les larmes, disant : * Pardonnez, Seigneur, pardonnez à votre peuple et ne livrez pas votre héritage à la perdition.
V/. Inter vestíbulum et altáre plorábunt sacerdótes, dicéntes.V/. Entre le portail et l’autel les prêtres pleureront et diront :
* Parce, Dómine, parce pópulo tuo ; et ne des hereditátem tuam in perditiónem. Glória Patri. * Parce, Dómine, parce pópulo tuo ; et ne des hereditátem tuam in perditiónem.* Pardonnez, Seigneur, pardonnez à votre peuple et ne livrez pas votre héritage à la perdition. Gloire au Père. * Pardonnez, Seigneur, pardonnez à votre peuple et ne livrez pas votre héritage à la perdition.

A LAUDES

Hymne : O sol salútis, íntimis (laudes du Carême)

Ad Bened. Ant. Veníte, benedícti * Patris mei, percípite regnum, quod vobis parátum est ab orígine mundi. Ant. au Bénédictus Venez, les bénis * de mon Père, recevez le royaume qui vous a été préparé depuis la création du monde.

Benedictus

AUX VÊPRES

Hymne : Audi, benígne Cónditor (vêpres du Carême)

Ad Magnificat Ant. Quod uni * ex mínimis meis fecístis, mihi fecístis, dicit Dóminus. Ant. au Magnificat Ce que vous avez fait à chacun * des plus petits des miens, c’est à moi que vous l’avez fait, dit le Seigneur.

Magnificat

Dom Guéranger, l’Année Liturgique

Chacune des féries du Carême a sa Messe propre, au lieu que, dans les féries de l’Avent, on répète simplement la Messe du Dimanche précèdent. Cette richesse de la Liturgie dans la sainte Quarantaine nous aide puissamment à entrer dans la pensée de l’Église, en multipliant l’expression des sentiments qu’elle veut nous inspirer. Nous extrairons de chacune de ces Messes fériales la Collecte, qui est toujours la prière la plus solennelle, l’Épître, l’Évangile et l’Oraison qui se dit sur le peuple à la fin de la Messe. Cet ensemble renferme la plus solide instruction, et nous fait passer en revue tout ce que les saintes Écritures contiennent de plus substantiel et de plus convenable au temps où nous sommes.

A Rome, la Station est aujourd’hui dans l’Église de Saint-Pierre-aux-Liens. Bâtie au Ve siècle par l’impératrice Eudoxie, femme de Valentinien III, elle garde avec honneur les chaînes du Prince des Apôtres. Nous aurons occasion de parler encore de cette Basilique au 1er août, lorsque le Cycle nous ramènera la fête de saint Pierre délivré de prison.

LEÇON.

Le Seigneur nous apparaît ici sous les traits d’un Pasteur plein de tendresse pour ses brebis : c’est en effet ce qu’il est pour les hommes, en ces jours de miséricorde et de pardon. Une partie de son troupeau s’était égarée et dispersée, au milieu des ténèbres de ce monde ; mais Jésus n’a point oublié ses brebis. Il s’est mis en marche pour les aller chercher et les réunir. Il n’est point de désert si écarté, point de montagne si abrupte, point de hallier si épineux, qu’il ne visite pour les retrouver. Il fait entendre à toutes sa voix par celle de la sainte Église qui les convie au retour ; et dans la crainte qu’elles ne se troublent à cause de leurs égarements, et qu’elles ne soient inquiètes de reparaître devant lui, il daigne les rassurer. Qu’elles reviennent seulement, qu’elles se laissent trouver ; et les plus doux pâturages sont pour elles, au bord des eaux, sur l’herbe la plus verdoyante, sur des montagnes pleines de délices. Elles sont blessées, le divin Pasteur bandera leurs plaies ; elles sont faibles, il les rendra fortes. Il les réunira aux brebis fidèles qui ne l’avaient pas quitté, et il demeurera toujours avec elles. Que le pécheur se laisse donc enfin fléchir à la vue de tant de bonté, et qu’il ne craigne plus les efforts qu’il lui faut faire pour se rapprocher du Seigneur son Dieu. Le retour lui semble pénible, l’expiation effraie sa faiblesse ; qu’il se rappelle les jours où il habitait dans la sécurité du bercail, sous l’œil du plus tendre Pasteur ; ces jours peuvent renaître pour lui. La porte de la bergerie est ouverte ; de nombreuses brebis, naguère égarées, s’y précipitent remplies de joie et de confiance ; qu’il les suive, et qu’il se rappelle « qu’il y a plus de joie dans le ciel pour un seul pécheur qui fait pénitence, que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n’ont pas besoin de pénitence [12] ».

ÉVANGILE.

Tout à l’heure, un Prophète de l’Ancien Testament nous invitait de la part de Dieu à répondre aux avances du Pasteur de nos âmes ; le Seigneur épuisait tous les moyens de sa tendresse pour faire naitre dans le cœur de ses brebis égarées le désir de se rallier autour de lui ; et voici que la sainte Église, le même jour où elle nous a montre ce grand Dieu sous les traits d’un Pasteur si compatissant, nous le découvre sous l’aspect terrible d’un juge que rien ne saurait fléchir. Comment le caractère si débonnaire de notre Sauveur, du charitable médecin de nos âmes, s’est-il ainsi transformé ? « Retirez-vous de moi, maudits ; allez au feu éternel ! » et c’est dans l’Évangile même, dans le code de la loi de l’amour, que l’Église a trouvé ce formidable récit. Cependant, pécheur, ne vous y trompez pas ; lisez attentivement, et vous reconnaîtrez avec épouvante en celui qui prononce cet affreux anathème, le même Dieu dont le Prophète vous a décrit la miséricorde, la patience, le zèle pour toutes ses brebis. Sur son tribunal, il porte encore les traits d’un Pasteur : voyez, il sépare les brebis des boucs ; il place les unes à sa droite, les autres à sa gauche ; c’est toujours d’un troupeau qu’il s’agit. Le Fils de Dieu veut remplir la charge de berger jusqu’au dernier jour. Mais les conditions sont changées ; il n’y a plus de temps, l’éternité ouvre ses profondeurs ; le règne de la justice commence : justice qui accorde aux amis de Dieu la récompense promise ; justice qui précipite le pécheur impénitent dans l’abîme sans fond. Il serait trop tard alors de songer à la pénitence ; elle n’a lieu que dans le temps, et le temps n’est plus. Comment le chrétien qui sait que nous devons tous nous trouver réunis au pied de ce tribunal, hésite-t-il à se rendre aux invitations de l’Église qui le presse de satisfaire pour ses péchés ? Comment dispute-t-il à Dieu la faible expiation dont sa miséricorde veut bien encore se contenter aujourd’hui ? En vérité, l’homme est à lui-même son plus cruel ennemi, lorsqu’il écoute avec insensibilité cette parole de son Sauveur présent, de son Juge à venir : « Si vous ne faites pénitence, vous périrez tous [13] ».

Terminons cette journée, en récitant cette belle Hymne composée par saint Grégoire le Grand, et que l’Église emploie, dans le Carême, à l’Office des Matines.
Ex more docti mýstico (matines du Carême)

Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum

Collecte aux Saints-Côme-et-Damien. Station à Saint-Pierre « ad Vincula ».

La basilique où se fait la collecte de ce jour, et qui est dédiée aux deux célèbres anargyres orientaux, fut érigée par Félix IV dans les salles du templum Romuli et du templum sacrae Urbis, où étaient conservées les archives de la Ville. Durant la période byzantine, elle fut en grande vénération, et le peuple affluait au sanctuaire des deux martyrs médecins, comme à une source assurée de santé. Les vers que Félix IV fit apposer sous la mosaïque de l’abside l’attestent encore :

Martyribus medicis, populo spes certa salutis
Fecit, et ex sacro crevit honore locus.
Optulit hoc Domino Felix antistite dignum
Munus ut ætheria vivat in arce poli.

Après le Latran, pour bien inaugurer le jeûne, l’Église désigne aujourd’hui pour la station la basilique in exsquiliis, dédiée par Sixte III aux apôtres Pierre et Paul, les grands patrons de Rome. Bien que leurs sépulcres soient distincts et se trouvent aux deux extrémités de la Ville, Rome ne les a toutefois jamais séparés dans sa vénération, et, quand, dans la liturgie, elle fête la mémoire de l’un, elle y unit immédiatement la commémoraison de l’autre.

L’insistance avec laquelle le pontife fondateur du titre joint ensemble les gloires des deux princes du collège apostolique est digne de remarque :

Haec Petri Paulique simul nunc nomine signa
Xystus, Apostolicæ Sedis honore fruens. Unum quæso, pares, unum duo sumite munus
Unus honor celebrat quos habet una fides.

Plus tard, toutefois, le titre de Saint-Pierre ad Vincula prévalut, en raison des chaînes de l’apôtre Pierre, conservées en ce lieu. Celles de saint Paul, comme l’atteste saint Grégoire le Grand, sont conservées dans la basilique de la voie d’Ostie.

Les lectures d’Ézéchiel et de saint Matthieu, que l’on fait à la messe, évoquent le souvenir du munus pastorale des deux apôtres, quos operis vicarios... eidem (c’est-à-dire à Rome), contulisti praeesse pastores [14]. Sous l’autel, sont également conservées de reliques des sept martyrs Macchabées.

L’introït est pris au psaume 122. Remarquons-le ici une fois pour toutes : la psalmodie de la messe était destinée à être revêtue des splendeurs mélodieuses de l’antiphonaire grégorien. En conséquence, celui qui veut goûter tout l’art liturgique romain, ne doit pas se contenter de lire, ni même de méditer les textes du missel ; ceux-ci peuvent être comparés à un livret de théâtre, qui ne peut donner l’idée de toute la beauté de la pièce ; il faut la voir et l’entendre interpréter. C’est pourquoi la liturgie romaine veut être goûtée dans les basiliques, avec les chants, dans l’appareil solennel des ministres sacrés, des rites et des processions qui la rendent si riche et si variée, si sublime et si efficace. Réalisée comme le prescrivent le cérémonial des évêques et le missel, la liturgie est un chef-d’œuvre de tant de beauté et de grâce céleste qu’elle dépasse tout art et toute manifestation de culture.

Voici le texte de l’antienne d’introït : « Comme les yeux des serviteurs sont attentifs au signe des maîtres, ainsi nos yeux sont levés vers le Seigneur notre Dieu, afin qu’il soit touché de pitié envers nous ; ayez pitié de nous, Seigneur, ayez pitié de nous. »

La collecte conjure le Seigneur d’éclairer notre âme par sa céleste lumière ; afin que le jeûne soit quelque chose de plus qu’une simple affliction du corps, et s’élève au caractère d’un vrai sacrifice de l’esprit contrit et pieux.

La belle lecture d’Ézéchiel (XXXIV, 11-16) vient ensuite, où le Seigneur se compare au bon Pasteur qui paît amoureusement son troupeau. Il le conduit à travers les prés fleuris et rafraîchis par les ruisseaux, et si quelque brebis se sépare et se perd, il va à sa recherche et la reconduit au bercail.

La docilité de l’âme aux soins du divin Pasteur l’éloigné de tout péril et fait qu’elle devient l’objet des ineffables sollicitudes de son Cœur si tendre. La scène décrite ici par Ézéchiel avait été souvent reproduite dans les cubicula des anciens cimetières, et, peut-être, dans l’abside même de la basilique de l’Esquilin. Lorsqu’on lisait ce passage du Prophète, le peuple pouvait probablement le voir représenté dans la coquille absidale, telle une première page de cette célèbre Biblia pauperum imaginée dans le bas moyen âge, et qui servit tant à l’instruction catéchétique des classes populaires.

Le répons-graduel est tiré du psaume 83 : « O Dieu, notre gage de protection, regardez-nous ; dirigez votre regard sur vos serviteurs ; Seigneur, Dieu des puissances, écoutez les prières de vos serviteurs. »

La lecture de saint Matthieu (XXV, 31-46) revient à l’image du bon Pasteur qui sépare les brebis des boucs, mettant les premières à sa droite et les seconds à sa gauche. Le divin Maître insiste sur l’absolue nécessité, pour notre foi, d’être agissante, sans quoi elle est morte et ne peut nous sauver. En effet, les élus et les réprouvés sont récompensés ou condamnés, non précisément pour avoir ou non écouté l’Évangile, mais pour l’avoir, ou non, vécu. Le christianisme n’est pas simplement une philosophie, une conception abstraite ; c’est une vie qui se révèle dans l’action et dans le sacrifice.

L’antienne d’offertoire vient du psaume 118 : « Je porterai mes yeux en haut, et je considérerai les merveilles de votre loi ; enseignez-moi les voies de votre sainteté, et donnez-moi la lumière pour comprendre vos commandements. »

Dans la secrète, présentant à Dieu notre oblation pour qu’il la sanctifie, nous le prions de nous purifier aussi de toute tache de péché.

L’antienne de la communion devrait être tirée du psaume 3 ; elle a été remplacée de bonne heure par une autre, empruntée à l’évangile d’aujourd’hui : « Je vous le dis en vérité, tout ce que vous aurez fait à l’un de ces malheureux qui sont miens, vous l’aurez fait à moi-même. Venez donc, bénis de mon Père ; entrez en possession du royaume qui vous a été préparé depuis le commencement du monde. » La série des antiennes psalmodiques présente une lacune, puisque, le 3e psaume étant omis, nous aurons demain le 4e. Ces stratifications de la liturgie romaine sont donc fort anciennes.

Voici la belle collecte eucharistique : « Fortifiés par le don du salut éternel, nous vous prions, ô Dieu, afin que le Sacrement auquel nous venons de participer avec une sainte joie nous renouvelle par son efficacité. »

La collecte sur le peuple est ainsi conçue : « Brisez, Seigneur, des lacs de nos péchés ; et, dans votre bonté, éloignez de nous les châtiments que nous méritons. »

La brebis est docile et douce, telle que doit être précisément l’âme à l’école de Celui qui est doux et humble de cœur. Le bon Pasteur nourrit une amoureuse sollicitude pour son troupeau, alors que les brebis qui s’éloignent de lui et qui ont la présomption de se suffire, soustraites à ses tendres soins, rencontrent le loup et périssent.

Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique

STATION A SAINT PIERRE ÈS LIENS

Le Bon Pasteur dans le temps de Carême.

Au début de chaque nouvelle période, l’Église nous donne une messe du Bon Pasteur (Cf. le deuxième dimanche après Pâques, le mardi de la Pentecôte, le troisième dimanche après la Pentecôte). Dans chaque temps liturgique, le Christ se manifeste comme Bon Pasteur et il le fait toujours d’une manière différente. L’image du Bon Pasteur est une image qu’aimait l’Église primitive ; des murs des catacombes ou de la couronne d’abside des basiliques, elle s’inclinait doucement vers les fidèles.

1. Le catéchuménat. — L’office d’aujourd’hui est l’ouverture du cours d’instruction des catéchumènes (je comparerais volontiers cet office à la messe du Saint-Esprit, à la rentrée des classes). Les candidats au baptême paraissent, pour la première fois, devant le Seigneur. Quels grands yeux ils doivent ouvrir et comme ils doivent regarder l’image du Bon Pasteur qui les reçoit aujourd’hui dans sa bergerie ! Ils ne peuvent encore se dire ses brebis, mais, avec la timidité des esclaves, ils lèvent les yeux vers le Christ, leur protecteur (Introït et Graduel). Comme nous comprenons l’oraison quand elle demande : « Convertis-nous et remplis notre cœur des enseignements célestes. »

Il faut remarquer aussi l’alternance dramatique des personnes qui parlent. A l’Introït, les catéchumènes parlent comme des esclaves ; dans la leçon, le Christ leur parle comme Pasteur : « Je m’occuperai moi-même de mes brebis. » Il les tire du paganisme et les conduit dans les grasses prairies d’Israël (de l’Église). Au Graduel, les catéchumènes parlent encore comme des esclaves, mais il semble qu’ils aient déjà moins de timidité. A l’Évangile, le Christ parle encore comme Pasteur. Plein d’amour, il invite ses brebis élues à entrer dans son royaume céleste sur la terre. « Venez les bénis de mon Père. » Même au Saint-Sacrifice proprement dit, où ne sont présents que les fidèles, le drame se continue. A l’Offertoire, ce sont les brebis qui parlent ; à la Communion, le Bon Pasteur les invite de nouveau. Célébrons donc la messe d’aujourd’hui avec des cœurs de catéchumènes.

2. La station. — A Saint-Pierre-les-liens. L’église, dans laquelle nous nous réunissons aujourd’hui en esprit, est un des 25 anciens titres qui furent fondés au quatrième siècle. Dans cette église, il y avait, dès la fin du IVe siècle, un sanctuaire spécial consacré au souvenir de la captivité de saint Pierre à Jérusalem ; depuis le Ve siècle, on y conserve une chaîne de fer avec laquelle saint Pierre avait été enchaîné. Le 1er août est le jour anniversaire de la consécration de cette église, d’où la fête de Saint Pierre-les-liens. L’église de station semble avoir influé sur le texte de la messe : Pierre est le premier vicaire du Bon Pasteur (Leçon et Évangile). On lit dans l’Évangile : « J’étais en prison », et l’oraison sur le peuple demande « la délivrance des chaînes du péché ».

3. La messe (Sicut oculi) : Introït. — Sous l’impression des chaînes de saint Pierre, les catéchumènes (et nous aussi) paraissent devant le Christ comme des esclaves enchaînés ; ils lèvent les yeux vers lui, pour qu’il étende la main pour le pardon, qu’il ait pitié d’eux et leur accorde la grâce du baptême (c’est un véritable Introït). Dans l’oraison, nous demandons la « conversion » — cette grâce est demandée pour les catéchumènes, les pénitents et les fidèles — : « que le jeûne de quarante jours favorise notre progrès. » La leçon et l’Évangile se correspondent parfaitement. Ces deux textes envisagent d’abord les catéchumènes, mais ils pensent aussi aux fidèles : le Bon Pasteur qui cherche ceux qui sont dispersés (Baptême), les conduit « dans les grasses prairies sur les monts d’Israël (l’Église) et les nourrit » (Eucharistie). En même temps, le Bon Pasteur développe son programme de Carême : Ce qui était perdu, je le rechercherai ; ce qui était dispersé, je le ramènerai (catéchumènes) ; ce qui était brisé, je le panserai (les pénitents) ; ce qui était faible, je le fortifierai ; ce qui était fort, je le conserverai (les fidèles). Ces paroles contiennent tout le travail de renouvellement de l’Église dans le temps de Carême. Le Graduel — « Notre protecteur, regarde vers nous » — se rattache très bien à la leçon. Le Bon Pasteur est vraiment le protecteur de ses brebis. L’Évangile nous montre l’image du Bon Pasteur au moment de la parousie. Nous en retirerons trois enseignements importants :
- 1. La charité envers le prochain est la mesure du jugement. Nous nous rappelons que l’Église, le dimanche de la Quinquagésime, nous a indiqué (Épître) la charité comme le but de notre travail de Carême.
- 2. Nous devons voir, en tout, le Christ. L’Église nous donne le Christ, l’autel est le Christ ; à l’Évangile, parle et paraît le Christ ; le prochain est le Christ.

Ce n’est que lorsque nous aurons bien compris cela que nous pénétrerons le vrai sens de la liturgie. A l’Offertoire, nous réalisons la parole du Christ : nos dons aux pauvres sont reçus par le Christ. Aussi, regardons docilement vers le Christ pour comprendre ses commandements, et, tout d’abord, son commandement principal : la charité. La communion, elle aussi, est un de ces chants classiques que nous n’entendrons parfaitement que s’ils sont chantés pendant qu’on distribue la sainte Eucharistie.

4. Le psaume 3 — Confiance en Dieu. — Bien que, dans le missel actuel, le psaume 3 ne paraisse plus, il est cependant supposé dans toute son extension.

Ce psaume est attribué par la tradition au chantre royal, David. Nous ferons bien de nous rallier à l’opinion générale et d’admettre que ce chant doit son origine à la fuite du roi David devant son fils rebelle, Absalon. A la nouvelle du soulèvement, David s’enfuit, avec l’armée relativement peu nombreuse de ses fidèles, par delà le mont des Oliviers. Là, sur le mont des Oliviers, malgré le grand danger, il s’arrêta pour se reposer. Il se leva le lendemain avec un grand sang-froid. C’est à ce moment que ses pensées de la nuit durent prendre la forme d’un chant et ce chant c’est notre psaume 3. C’est un spectacle sublime de voir un homme, au moment où tout semble crouler devant lui, diriger, avec confiance et calme, ses pensées vers Dieu et trouver, dans cette méditation, la tranquillité de l’âme et la paix du cœur. Le chantre royal décrit magistralement ce qui se passe en lui. Les sentiments de son âme se développent graduellement. Chaque phase de ces sentiments s’explique dans une strophe. On peut, sans faire violence au psaume, le diviser en quatre strophes égales :

Seigneur, qu’ils sont nombreux ceux qui m’oppriment, quelle multitude s’est élevée contre moi !
Nombreux sont ceux qui disent à mon sujet :
« Plus de salut pour lui auprès de son Dieu. « 

Mais toi, Seigneur, tu es mon bouclier,
tu es ma gloire et tu relèves ma tête.
A haute voix, je crie vers le Seigneur
et déjà il m’exauce de sa sainte montagne.

Je me suis couché et me suis endormi
et je me suis levé, car le Seigneur me protégeait ; Je ne crains pas devant le peuple innombrable
qui m’assiège de toute part.

Seigneur, lève-toi ; sauve-moi, mon Dieu,
car tu as frappé tous ceux qui étaient injustement mes adversaires,
tu brises les dents des méchants.
Au Seigneur, le salut ;
que sur ton peuple soit ta bénédiction !

5. La prière des Heures. Toute la journée, nous restons sous l’impression des pensées de l’Évangile. Le soleil levant nous montre aujourd’hui le juge éternel : « Venez, les bénis de mon Père, prenez possession du royaume qui vous a été préparé avant la constitution du monde »(Ant. de Benedictus). Au coucher du soleil, nous entendons de nouveau la voix du souverain juge : « Ce que vous avez fait au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous l’avez fait » (Ant. Magnificat). Chantons encore un chant de pénitence : « Dans le jeûne et les larmes les prêtres prieront : Épargne, Seigneur, épargne ton peuple et n’abandonne pas ton héritage à la ruine. Entre le vestibule et l’autel les prêtres pleureront et diront : Épargne, Seigneur, épargne ton peuple et n’abandonne pas ton héritage à la ruine. »

[1] Et il séparera les uns d’avec les autres, comme le berger sépare les brebis d’avec les boucs ; et il placera les brebis à sa droite, et les boucs à sa gauche. Alors le Roi dira à ceux qui sont à sa droite : Venez, les bénis de mon Père, possédez le royaume qui vous a été préparé dès l’établissement du monde. Car j’ai eu faim, et vous m’avez donné à manger ; j’ai eu soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais sans asile, et vous m’avez recueilli ; j’étais nu, et vous m’avez vêtu ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venu à moi. Alors les justes lui répondront : Seigneur, quand est-ce que nous vous avons vu avoir faim, et que nous vous avons donné à manger ; avoir soif, et que nous vous avons donné à boire ? Quand est-ce que nous vous avons vu sans asile, et que nous vous avons recueilli ; ou nu, et que nous vous avons vêtu ? Ou quand est-ce que nous vous avons vu malade ou en prison, et que nous sommes venus à vous ? Et le Roi leur dira : En vérité, je vous le dis, toutes les fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits d’entre mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. Il dira ensuite à ceux qui seront à gauche : Retirez-vous de moi, maudits, allez au feu éternel, qui a été préparé pour le diable et pour ses anges. Car j’ai eu faim, et vous ne m’avez pas donné à manger ; j’ai eu soif, et vous ne m’avez pas donné à boire ; j’étais sans asile, et vous ne m’avez pas recueilli ; j’étais nu, et vous ne m’avez pas vêtu ; j’étais malade et en prison, et vous ne m’avez pas visité. Alors ils lui répondront, eux aussi : Seigneur, quand est-ce que nous vous avons vu avoir faim, ou avoir soif, ou sans asile, ou nu, ou malade, ou en prison, et que nous ne vous avons pas assisté ? Alors il leur répondra : En vérité, je vous le dis, toutes les fois que vous ne l’avez pas fait à l’un de ces plus petits, c’est à moi que vous ne l’avez pas fait. Et ceux-ci iront au supplice éternel, mais les justes à la vie éternelle. »

[2] Jc 2, 26

[3] Mt 25, 41

[4] Mt 25, 44

[5] 2 Cor 6, 2

[6] 1 Co 13, 3

[7] Ps 10, 6

[8] 2 Cor 6, 4

[9] 2 Cor 6, 4

[10] Mt 25, 40

[11] Joël 2, 17

[12] Luc. XV, 7.

[13] Luc, XIII, 3.

[14] Voir la Préface des Apôtres .