Textes de la Messe |
Office |
Dom Guéranger, l’Année Liturgique |
Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum |
Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique |
Ant. ad Introitum. Ps. 89, 1 et 2. | Introït |
Dómine, refúgium factus es nobis a generatióne et progénie : a sǽculo et in sǽculum tu es. | Seigneur, vous avez été pour nous un refuge de génération en génération ; de toute éternité et dans tous les siècles vous êtes. |
Ps. ibid., 2. | |
Priúsquam montes fíerent, aut formarétur terra et orbis : a sǽculo et usque in sǽculum tu es Deus. | Avant que les montagnes eussent été faites, ou que la terre et le monde eussent été formés, vous êtes Dieu de toute éternité, et dans tous les siècles. |
V/.Glória Patri. | |
Oratio. | Collecte |
Réspice, Dómine, famíliam tuam : et præsta ; ut apud te mens nostra tuo desidério fúlgeat, quæ se carnis maceratióne castígat. Per Dóminum nostrum. | Regardez favorablement votre famille, Seigneur, et faites que notre âme, qui se châtie par la mortification de la chair, brille à vos yeux par un ardent désir de vous posséder. |
Léctio Isaíæ Prophétæ | Lecture du Prophète Isaïe. |
Is. 55, 6-11. | |
In diébus illis : Locútus est Isaías Prophéta, dicens : Quǽrite Dóminum, dum inveníri potest : invocáte eum, dum prope est. Derelínquat ímpius viam suam, et vir iníquus cogitatiónes suas, et revertátur ad Dóminum : et miserébitur eius, et ad Deum nostrum : quóniam multus est ad ignoscéndum. Non enim cogitationes meæ cogitatiónes vestræ : neque viæ vestræ viæ meæ, dicit Dóminus. Quia sicut exaltántur cæli a terra, sic exaltátæ sunt viæ meæ a viis vestris, et cogitatiónes meæ a cogitatiónibus vestris. Et quómodo descéndit imber et nix de cælo, et illuc ultra non revértitur, sed inébriat terram, et infúndit eam, et germináre eam facit, et dat semen serénti, et panem comedénti : sic erit verbum meum, quod egrediétur de ore meo : non revertétur ad me vácuum, sed fáciet quæcúmque volui, et prosperábitur in his, ad quæ misi illud : ait Dóminus omnípotens. | En ces jours-là, le prophète Isaïe parla ainsi : Cherchez le Seigneur, pendant qu’on peut le trouver ; Invoquez-le, tandis qu’il est près. Que le méchant abandonne sa voie, et le criminel ses pensées ; qu’il revienne au Seigneur, et il lui fera grâce ; à notre Dieu, car il pardonne largement, Car mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos voies ne sont pas mes voies, - dit le Seigneur. Autant les cieux sont élevés au-dessus de la terre, autant mes voies sont élevées au-dessus de vos voies et mes pensées au-dessus de vos pensées. Comme la pluie et la neige descendent du ciel et n’y retournent pas, qu’elles n’aient abreuvé et fécondé la terre et qu’elles ne l’aient fait germer, qu’elles n’aient donné la semence au semeur ; et le pain à celui qui mange ; ainsi en est-il de ma parole qui sort de ma bouche elle ne revient pas à moi sans effet, mais elle exécute ce que j’ai voulu, et accomplit ce pour quoi je l’ai envoyée, dit le Seigneur tout-puissant. |
Graduale. Ps. 140, 2. | Graduel |
Dirigátur orátio mea sicut incénsum in conspéctu tuo, Dómine. | Que ma prière, Seigneur, s’élève devant vous comme l’encens. |
V/. Elevátio mánuum meárum sacrifícium vespertínum. | Que l’élévation de mes mains vous soit comme le sacrifice du soir. |
+ Sequéntia sancti Evangélii secundum Matthǽum. | Lecture du Saint Evangile selon saint Mathieu. |
Matth. 21, 10-17. | |
In illo témpore : Cum intrásset Iesus Ierosólymam, commóta est univérsa cívitas, dicens : Quis est hic ? Pópuli autem dicébant : Hic est Iesus Prophéta a Názareth Galilǽæ. Et intrávit Iesus in templum Dei, et eiciébat omnes vendéntes, et eméntes in templo ; et mensas nummulariórum et cáthedras vendéntium colúmbas evértit : et dicit eis : Scriptum est : Domus mea domus oratiónis vocábitur : vos autem fecístis illam spelúncam latrónum. Et accessérunt ad eum cæci et claudi in templo : et sanávit eos. Vidéntes autem príncipes sacerdótum et scribæ mirabília, quæ fecit, et púeros clamantes in templo, et dicéntes : Hosánna fílio David : indignáti sunt, et dixérunt ei : Audis, quid isti dicunt ? Iesus autem dixit eis : Utique. Numquam legístis : Quia ex ore infántium et lacténtium perfecísti laudem ? Et relíctis illis, ábiit foras extra civitátem in Bethániam : ibíque mansit. | En ce temps- là, Jésus étant entré dans Jérusalem, toute la ville fut en émoi ; on disait : "Qui est celui-ci ?" Et les foules disaient : "C’est le prophète Jésus, de Nazareth en Galilée." Jésus entra dans le temple et chassa tous ceux qui vendaient et achetaient dans le temple ; il renversa les tables des changeurs et les sièges de ceux qui vendaient les colombes ; et il leur dit : "Il est écrit : Ma maison sera appelée maison de prière ; mais vous, vous en faites une caverne de voleurs." Des aveugles et des boiteux vinrent à lui dans le temple, et il les guérit. Mais les grands prêtres et les scribes, voyant les miracles qu’il venait de faire et les enfants qui criaient dans le temple et disaient : "Hosanna au fils de David !" s’indignèrent, et ils lui dirent : "Entendez-vous ce qu’ils disent ? — Oui, leur dit Jésus. N’avez-vous jamais lu : De la bouche des petits enfants et des nourrissons vous avez préparé une louange ?" Et les ayant laissés là, il sortit de la ville pour (gagner) Béthanie, où il demeura. |
Ant. ad Offertorium. Ps. 30, 15-16. | Offertoire |
In te sperávi, Dómine ; dixi : Tu es Deus meus, in mánibus tuis témpora mea. | J’ai espéré en vous, Seigneur. J’ai dit : Vous êtes mon Dieu ; ma destinée est entre vos mains. |
Secreta. | Secrète |
Oblátis, quǽsumus, Dómine, placáre munéribus : et a cunctis nos defénde perículis. Per Dóminum. | Nous vous en supplions, Seigneur, soyez apaisé par les dons que nous vous offrons et défendez-nous de tout danger. |
Præfatio de Quadragesima. | Préface du Carême . |
Ant. ad Communionem. Ps. 4, 2. | Communion |
Cum invocárem te, exaudísti me, Deus iustítiæ meæ : in tribulatióne dilatásti me : miserére mihi, Dómine, et exáudi oratiónem meam. | Lorsque je vous ai invoqué, ô Dieu de ma justice, vous m’avez exaucé. Vous m’avez mis au large dans la tribulation. Ayez pitié de moi, Seigneur, et exaucez ma prière. |
Postcommunio. | Postcommunion |
Quǽsumus, omnípotens Deus : ut illíus salutáris capiámus efféctum, cuius per hæc mystéria pignus accépimus. Per Dóminum. | O Dieu tout puissant, faites, s’il vous plaît, que nous ressentions l’effet du salut dont nous avons reçu le gage en ces mystères. |
Super populum : Orémus. Humiliáte cápita vestra Deo. | Sur le peuple : Prions. Humiliez vos têtes devant Dieu. |
Oratio. | Prière |
Ascéndant ad te, Dómine, preces nostræ : et ab Ecclésia tua cunctam repélle nequítiam. Per Dóminum nostrum. | Que nos prières s’élèvent vers vous, Seigneur, et détournez de votre Eglise tout ce qui pourrait lui nuire. |
A MATINES
Hymne : Ex more docti mýstico (matines du Carême)
Lectio i | 1ère leçon |
Léctio sancti Evangélii secúndum Matthǽum. | Lecture du saint Evangile selon saint Matthieu |
Cap. 21, 10-17 | |
In illo témpore : Cum intrásset Iesus Ierosolymam, commóta est univérsa cívitas, dicens : Quis est hic ? Et réliqua. | En ce temps-là, quand Jésus fut entré dans Jérusalem, toute la ville fut émue, et disait : « Quel est celui-ci ? ». Et le reste. [1] |
Homilía sancti Bedæ Venerábilis Presbýteri | Homélie de saint Bède le Vénérable, prêtre |
Homilía 7 in Quadrag. tom. 7 | |
Quod maledicéndo ficum infructuósam per figúram fecit Dóminus, hoc idem mox apértius osténdit, eiciéndo ímprobos e templo. Neque enim áliquid peccávit arbor, quod esuriénte Dómino poma non hábuit, quorum necdum tempus advénerat : sed peccavére sacerdótes, qui in domo Dómini negótia sæculária gerébant, et fructum pietátis, quem debúerant, quemque in eis Dóminus esuriébat, ferre superséderant. Arefécit Dóminus arbórem maledícto, ut hómines hæc vidéntes, sive audiéntes, multo magis intellígerent sese divíno condemnándos esse iudício, si absque óperum fructu, de plausu tantum sibi religiósi sermónis, velut de sónitu et teguménto blandiréntur viridántium foliórum. | En chassant du Temple les trafiquants, le Seigneur exprima en plus clair cela même qu’il avait fait naguère symboliquement par la malédiction du figuier sans fruit. Or, ce n’était pas la faute de l’arbre s’il n’avait pas de figues pour rassasier le Seigneur : la saison n’en était pas encore venue. Mais les prêtres qui s’adonnaient au commerce profane dans la Maison du Seigneur et se dispensaient de porter le fruit de piété qui leur incombait, et que le Seigneur désirait goûter en eux, ceux-là étaient bien en faute. Le Seigneur dessécha l’arbre par sa malédiction ; ainsi les hommes, voyant le fait, ou l’apprenant, comprendraient combien plus ils seraient eux-mêmes condamnables au jugement divin si, sans le fruit des œuvres, ils se berçaient seulement aux applaudissements récoltés par leurs pieuses paroles comme au bruissement et à la protection d’un verdoyant feuillage. |
R/. Emendémus in mélius, quæ ignoránter peccávimus : ne súbito præoccupáti die mortis, quærámus spátium pœniténtiæ, et inveníre non possímus : * Attende, Dómine, et miserére, quia peccávimus tibi. | R/. Réparons en agissant mieux, les fautes que l’ignorance nous a fait commettre, de peur que surpris tout à coup par le jour de la mort, nous cherchions le temps de faire pénitence et ne puissions pas le trouver. * Ecoutez [2], Seigneur, et ayez pitié, parce que nous avons péché contre vous. |
V/. Adiuva nos, Deus, salutáris noster, et propter honórem nóminis tui, Dómine, líbera nos. | V/. Aidez-nous [3], ô Dieu notre Sauveur, et pour la gloire de votre nom, Seigneur, délivrez-nous. * Ecoutez. |
R/. Attende, Dómine, et miserére, quia peccávimus tibi. | R/. Ecoutez [4], Seigneur, et ayez pitié, parce que nous avons péché contre vous. |
Lectio ii | 2e leçon |
Verum quia non intellexérunt, in ipsos consequénter districtiónem méritæ ultiónis exércuit : et eiécit commércia rerum humanárum de domo illa, in qua divínas tantum res agi, hóstias et oratiónes Dei offérri, verbum Dei legi, audíri, et decantári præcéptum erat. Et quidem credéndum est, quia ea tantum véndi vel emi repérerit in templo quæ ad ministérium necessária essent eiúsdem templi, iuxta hoc quod alias factum légimus, cum idem templum ingrédiens, invénit in eo vendéntes et eméntes oves, et boves, et colúmbas : quia nimírum hæc ómnia non nisi ut offerréntur in domo Dómini, eos qui de longe vénerant, ab indígenis comparáre credéndum est. | Mais parce qu’ils n’ont pas compris, le Seigneur exerça sur eux la rigueur d’un châtiment mérité. Il rejeta le trafic des affaires humaines hors de cette maison où il avait été ordonné de ne traiter que les affaires divines : offrir à Dieu des victimes et des prières ; lire, entendre, et chanter la Parole de Dieu. Il est néanmoins à croire qu’il ne vit vendre ou acheter dans le Temple que le nécessaire pour le service de ce Temple, selon le récit que nous lisons ailleurs : Quand il entra dans le Temple, « il y trouva les marchands de bœufs, de brebis et de colombes. » [5] Probablement, en effet, les gens qui venaient de loin se procuraient sur place tout cela, uniquement pour l’offrir dans la Maison du Seigneur. |
R/. Derelínquat ímpius viam suam, et vir iníquus cogitatiónes suas, et revertátur ad Dóminum, et miserébitur eius : * Quia benígnus et miséricors est, et præstábilis super malítia Dóminus Deus noster. | R/. Que l’impie [6] abandonne sa voie, et l’homme inique ses pensées, et qu’il retourne au Seigneur, et il aura pitié de lui, * Car le Seigneur notre Dieu [7] est bon et miséricordieux, et sa bonté surpasse notre malice. |
V/. Non vult Dóminus mortem peccatóris, sed ut convertátur et vivat. | V/. Le Seigneur [8] ne veut point la mort du pécheur, mais qu’il se convertisse et qu’il vive. |
R/. Quia benígnus et miséricors est, et præstábilis super malítia Dóminus Deus noster. | R/. Car le Seigneur notre Dieu [9] est bon et miséricordieux, et sa bonté surpasse notre malice. |
Lectio iii | 3e leçon |
Si ergo Dóminus nec ea volébat venúmdári in templo, quæ in templo volébat offérri, vidélicet propter stúdium avarítiæ, sive fraudis, quod próprium solet esse negotiántium fácinus : quanta putas animadversióne puníret, si invenísset ibi áliquos rísui vel vanilóquio vacántes aut álii cuílibet vítio mancipátos ? Si enim ea quæ álibi líbere geri póterant, Dóminus in domo sua temporália negótia geri non pátitur : quanto magis ea quæ nusquam fíeri licet, plus cæléstis iræ meréntur, si in ǽdibus Deo sacrátis agúntur ? Verum quia Spíritus Sanctus in colúmba super Dóminum appáruit, recte per colúmbas Sancti Spíritus charísmata signántur. Qui autem sunt in templo Dei hódie, qui colúmbas vendunt, nisi qui in Ecclésia prétium de impositióne manus accípiunt, per quam vidélicet impositiónem Spíritus Sanctus cǽlitus datur ? | Même ce qu’il désirait voir offrir dans le Temple si le Seigneur n’a pas voulu le laisser vendre dans le Temple probablement à cause du penchant à l’avarice et à la fraude, qui est habituellement le délit propre aux commerçants, quel châtiment, penses-tu, aurait-il infligé s’il y avait trouvé des gens se livrant au rire et au bavardage, ou s’adonnant à quelque autre vice ? Car si le Seigneur ne supportait pas que l’on traite dans sa Maison des affaires temporelles qui sont légitimes ailleurs, combien plus ce qui n’est jamais permis méritera-t-il la colère divine si cela se passe dans les édifices consacrés à Dieu ? Mais, puisque le Saint-Esprit est apparu en forme de colombe au-dessus du Seigneur, c’est à juste titre que les charismes de l’Esprit-Saint sont signifiés par les colombes. Or, dans le Temple de Dieu aujourd’hui, qui vend des colombes sinon ceux qui dans l’Eglise reçoivent de l’argent pour l’imposition des mains ? Par cette imposition, en effet, le Saint-Esprit est donné d’en-haut. |
R/. Paradísi portas apéruit nobis ieiúnii tempus : suscipiámus illud orántes, et deprecántes : * Ut in die resurrectiónis cum Dómino gloriémur. | R/. Le temps du jeûne ouvre les porte du paradis : entreprenons ce jeûne en priant et suppliant, * Afin qu’au jour de la résurrection nous participions à la gloire du Seigneur. |
V/. In ómnibus exhibeámus nosmetípsos sicut Dei minístros in multa patiéntia. | V/. Montrons-nous [10] en toutes choses comme des ministres de Dieu, par une grande patience. |
* Ut in die resurrectiónis cum Dómino gloriémur. Glória Patri. * Ut in die resurrectiónis cum Dómino gloriémur. | * Afin qu’au jour de la résurrection nous participions à la gloire du Seigneur. Gloire au Père. * Afin qu’au jour de la résurrection nous participions à la gloire du Seigneur. |
A LAUDES
Hymne : O sol salútis, íntimis (laudes du Carême)
Ad Bened. Ant. Intrávit Iesus * in templum Dei, et eíciébat omnes vendéntes et eméntes : et mensas nummulariórum, et cáthedras vendéntium colúmbas evértit. | Ant. au Bénédictus Jésus entra * dans le temple de Dieu et il chassa les vendeurs et les acheteurs : il renversa les tables des changeurs et les chaises des marchands de colombes. |
AUX VÊPRES
Hymne : Audi, benígne Cónditor (vêpres du Carême)
Ad Magnificat Ant. Scriptum est enim, * quia domus mea, domus oratiónis est cunctis géntibus : vos autem fecístis illam spelúncam latrónum : et erat quotídie docens in templo. | Ant. au Magnificat Il est écrit : * ma maison est une maison de prière pour tous les peuples : mais vous en avez fait une caverne de voleurs : et il enseignait tous les jours dans le temple. |
A Rome, la Station est dans l’Église de Sainte-Anastasie, la même où l’on célébrait, dans l’antiquité, la Messe de l’Aurore, le jour de Noël. C’est sous la protection de cette sainte Martyre, immolée le jour même de la naissance du Sauveur, que nos vœux sont aujourd’hui présentés au Père des miséricordes.
LEÇON.
Le Prophète nous annonce de la part du Seigneur que si notre retour est sincère, la miséricorde descendra sur nous. En vain l’homme cherchera-t-il à mesurer la distance infinie qui sépare la souveraine sainteté de Dieu de l’état de souillure où est l’âme du pécheur ; rien de tout cela n’empêchera la réconciliation de la créature avec son Créateur. La toute-puissante bonté de Dieu créera un cœur pur [11] dans l’homme repentant, et « la grâce surabondera où le péché avait abondé [12] ». La parole du pardon descendra du ciel, comme une pluie bienfaisante sur une terre stérile et desséchée, et cette terre donnera une abondante moisson. Que le pécheur néanmoins écoute la prophétie tout entière. L’homme est-il maître d’accepter ou de refuser cette parole qui vient d’en haut ? Peut-il la laisser tomber aujourd’hui, dans la pensée que peut-être il la recueillera plus tard, à la fin de sa vie ? Non ; Dieu nous dit par son Prophète : « Cherchez le Seigneur, pendant qu’on peut le trouver : invoquez-le pendant qu’il est proche. » Nous ne pouvons donc pas toujours à volonté trouver le Seigneur ; il n’est donc pas toujours aussi proche de nous. Prenons garde, il a ses moments ; l’heure des miséricordes a sonné ; celle des justices la suivra. « Encore quarante jours, et Ninive sera détruite [13] », criait Jonas dans les rues de cette superbe cité. Ninive ne laissa point passer les quarante jours sans revenir au Seigneur, sans l’apaiser dans le jeûne, sous la cendre et le cilice : et Dieu pardonna à Ninive. Entrons dans les sentiments de cette ville coupable et repentante ; ne défions pas la justice divine en refusant la pénitence, ou en l’accomplissant d’une manière imparfaite. Le Carême que nous célébrons est peut-être le dernier que la bonté divine nous préparait ; s’il ne nous convertissait pas, qui sait si le Seigneur reviendrait ? Méditons ces paroles de l’Apôtre qui se rapportent à celles d’Isaïe : « La terre qui se pénètre de la pluie dont elle est arrosée, et qui produit la verdure qu’en attend le cultivateur, est une terre bénie de Dieu ; celle qui ne produit que des ronces et des épines est réprouvée ; la malédiction est près d’elle, « et sa fin sera d’être dévorée par le feu [14]. »
ÉVANGILE.
Notre pieuse Quarantaine est à peine à son début, et avant qu’elle soit terminée nous aurons assisté au supplice du Juste. Voici déjà ses implacables ennemis qui se dressent devant lui. En vain, leurs yeux viennent d’être témoins de ses prodiges : l’envie et l’orgueil qui dessèchent leur cœur n’ont rien voulu comprendre. Ces infidèles gardiens de la maison de Dieu sont demeures muets quand tout à l’heure ils ont vu Jésus faire acte d’autorité dans le temple ; un étonnement mêlé de terreur les a saisis. Ils n’ont pas même réclamé quand il a appelé le temple sa maison : tant ils éprouvaient l’ascendant de sa vertu, tant ils redoutaient son pouvoir surhumain. Maintenant, ils ont repris leur audace : la voix des enfants qui crient encore Hosannah frappe leur oreille, et ils s’indignent. Ils osent se plaindre de cet innocent hommage rendu au fils de David qui passe en faisant le bien. Ces docteurs de la Loi, aveuglés par la passion, ne savent même plus reconnaître les prophéties, ni en découvrir l’accomplissement. C’est l’application de l’oracle d’Isaïe que nous venons de lire. Pour n’avoir pas cherché le Seigneur quand il était près d’eux, ils ne peuvent plus le reconnaître, lors même qu’ils lui parlent. Les enfants le sentent et le bénissent ; les sages d’Israël ne voient en lui qu’un ennemi de Dieu, un blasphémateur. Nous, du moins, profitons de la visite de Jésus, afin qu’il ne nous quitte pas, comme il quitta ces faux sages. Il se relira d’auprès d’eux, et, laissant la ville, il retourna à Béthanie qui était proche de Jérusalem. C’est là qu’habitait Lazare, avec ses deux sœurs Marthe et Marie-Madeleine ; là aussi qu’était retirée Marie, Mère de Jésus, dans l’attente du terrible événement qui bientôt devait s’accomplir. Saint Jérôme remarque que le mot Béthanie signifie Maison d’obéissance : ce qui nous apprend que le Sauveur s’éloigne des cœurs rebelles à sa grâce, et qu’il aime à se reposer dans les cœurs obéissants [15]. Acceptons la leçon tout entière, et dans ces jours de salut, montrons, par notre obéissance à l’Église et par notre soumission au guide de notre conscience, que nous avons enfin reconnu qu’il n’y a pour nous de salut que dans l’humiliation de l’orgueil et dans la simplicité du cœur.
L’Église gothique d’Espagne, dans son Missel Mozarabe, nous présente ce cantique de pénitence, dont le lecteur chrétien sentira toute la beauté.
PRECES | |
Dominica II in Quadragesima | |
Miserere et parce, clementissime Domine, populo tuo ; | Seigneur plein de miséricorde, ayez pitié de votre peuple et pardonnez-lui ; |
Quia peccavimus tibi. | Car nous avons péché contre vous. |
V/. Prostrati omnes lacrymas producimus : pandentes tibi occulta quae admisimus, a te, Deus, veniam deposcimus. | V/. Prosternés, nous versons toutes nos larmes ; nous manifestons Les péchés secrets que nous avons commis ; nous implorons votre pardon, ô Dieu ! |
R/. Quia peccavimus tibi. | R/. Car nous avons péché contre vous. |
V/. Orationes sacerdotum accipe, et quæque postulant affluenter tribue : ac tuas plebi miserere, Domine. | V/. Acceptez la prière des prêtres ; accordez abondamment tout ce qu’ils demandent ; ayez pitié de votre peuple, Seigneur ! |
R/. Quia peccavimus tibi. | R/. Car nous avons péché contre vous. |
V/. Furorem tuum adduxisti super nos : nostra delicta dira curvaverunt nos : et absque ulla spe defecimus. | V/. Vous avez appesanti votre colère sur nous ; nos cruels péchés nous ont accablés ; nous sommes tombés en défaillance, privés d’espoir ; |
R/. Quia peccavimus tibi. | R/. Car nous avons péché contre vous. |
V/. Traditi sumus malis quae nescimus, et omne malum irruit super nos : et invocamus : et non audivimus. | V/. Nous avons été livrés à des malheurs que nous ne connaissions pas, tous les maux ont fondu sur nous ; nous vous avons invoqué, et nous n’avons pas reçu de réponse. |
R/. Quia peccavimus tibi. | R/. Car nous avons péché contre vous. |
V/. Omnes clamamus : omnes te requirimus : te pœnitentes lacrymis prosequimur : cujusque iram ipsi provocavimus. | V/. A cette heure nous crions tous, nous vous cherchons tous ; nous vous poursuivons avec les larmes de la pénitence, nous avons provoqué la colère de tout le monde ; |
R/. Quia peccavimus tibi. | R/. Car nous avons péché contre vous. |
V/. Te deprecantes, te gementes poscimus : te, Jesu Christe, prosternati petimus : tua potestas jam sublevet miseros. | V/. Jésus-Christ, nous vous implorons par nos prières et nos gémissements ; prosternés, nous vous supplions ; par votre pouvoir, relevez enfin ces misérables ; |
R/. Quia peccavimus tibi. | R/. Car nous avons péché contre vous. |
V/. Confessionem tuæ plebis accipe : quam lamentantes coram te effundimus : et pro admissis corde ingemiscimus. | V/. Recevez la confession de votre peuple, nous la répandons devant vous avec des cris ; nous déplorons du tond du cœur nos iniquités ; |
R/. Quia peccavimus tibi. | R/. Car nous avons péché contre vous. |
V/. Pacem rogamus, pacem nobis tribue : amove bella et nos omnes erue : humili prece postulamus, Domine. | V/. Nous demandons la paix ; accordez-nous la paix ; écartez la guerre, délivrez-nous tous : nous vous le demandons d’une humble prière, Seigneur ! |
R/. Quia peccavimus tibi. | R/. Car nous avons péché contre vous. |
V/. Inclina aurem, Deus clementissime ; jam abluentur delictorum maculae : et a periculis tu benignus exime. | V/. Dieu très clément, inclinez votre oreille ; effacez la tache de nos péchés ; dans votre bonté, sauvez-nous du péril ! |
R/. Quia peccavimus tibi. | R/. Car nous avons péché contre vous. |
Nous connaissons déjà la basilique diaconale de Saint-Nicolas au forum olitorium, laquelle, au moyen âge, devint l’une des églises les plus centrales et les plus importantes de Rome, quand les Pierleoni, les Orsini, les Frangipani, etc., se furent retranchés, pour ainsi dire, autour du Capitule. Tout auprès, en 1099, expira le pape Urbain II, hôte des Pierleoni, et son corps reçut les honneurs funèbres, précisément à Saint-Nicolas « in Carcere ». L’appellation « in Carcere » remonte au moyen âge, mais il ne faut pas confondre la prison « ad Elephantum » du forum olitorium, avec les latomies du Tullianum, sous le Capitole.
La célébrité du culte de sainte Anastasie, plus ancien peut-être à Rome que la fête même de Noël, fit que, sous l’influence des Césars byzantins, son titre, qui, placé au pied du Palatium impérial, était considéré comme l’église de la cour, fut choisi pour la seconde messe de Noël et pour la seconde station quadragésimale. En effet, il ne semble point résulter d’une pure coïncidence que, après la basilique de Pierre-et-Paul sur l’Esquilin, vienne aussitôt la basilique impériale au pied du Palatium.
Une tradition veut que le titulus Anastasiae, déjà mentionné dans un synode de 499, rappelle la maison de la martyre ; mais il ne faut pas exclure l’opinion suivant laquelle il s’agissait au contraire d’une simple identité de nom entre la fondatrice de la basilique et la sainte titulaire. Saint Léon Ier fit, à Sainte-Anastasie, une énergique homélie contre l’hérésie d’Eutychès, probablement pour Noël. L’église est enrichie de très précieuses reliques.
L’antienne du Ve mode pour l’introït, dans le texte de l’antiphonaire grégorien, a tant de souplesse et d’élan qu’elle demande qu’on l’entende : « Seigneur, vous êtes pour nous un refuge d’âge en âge, de siècle en siècle. » (Ps. 89.)
Voici le texte de la première prière après l’invocation litanique : « Regardez, ô Dieu, votre famille, et faites que, tandis que la chair est refrénée par la mortification, notre âme resplendisse à vos yeux par l’ardeur des saints désirs. »
La lecture suivante (Is., LV, 6-11) décrit les qualités de la vraie pénitence, qui doit être accompagnée d’un ferme propos de conversion. L’homme n’arrive pas à comprendre tout le mystère de miséricorde qui se cache dans la propension qu’a Dieu à pardonner au pécheur. Sa grâce est comparée à une pluie bienfaisante, qui rafraîchit et féconde le sol, et le fait germer.
Le graduel est pris au psaume 140, lequel, dans toutes les liturgies orientales, est propre à l’office lucernaire du soir : « Que ma prière monte comme l’encens en votre présence, ô Seigneur ; que l’élévation de mes bras soit comme le sacrifice du soir. »
Il faut remarquer l’importance liturgique de ce psaume du Lucernaire d’un usage presque universel, sauf à Rome. En effet, si la Ville éternelle connut au IIIe siècle l’office ad incensum lucernae du soir, bien vite du moins en abandonna-t-elle l’usage. Aussi saint Benoît détermina-t-il librement son propre cursus psalmodique des vêpres, sans égard pour les traditions orientales d’aucune sorte, précisément parce que Rome ne connaissait pas ces traditions.
Dans le rit bénédictin, le psaume 140 ne fait partie de l’office des vêpres que le jeudi ; tandis que dans l’antiphonaire grégorien, nous trouvons au contraire le répons-graduel tiré de ce même psaume, tant dans la messe vespérale d’aujourd’hui que dans la messe nocturne des vigiles dominicales après le samedi des Quatre-Temps. Il ne faut pas oublier que, durant plusieurs siècles, Rome ne connut pas l’office canonial de Vêpres ; la messe stationnale, célébrée, en Carême ou au jour de vigile de quelque fête solennelle, à l’heure du coucher du soleil, à laquelle les Orientaux célébraient l’office du Lucernaire, en tenait lieu.
La lecture évangélique (Matth., XXI, 10-17) décrit Jésus qui, au milieu des Hosannah des petits enfants, expulse les marchands, profanateurs du temple. Le parti dominant, les Pharisiens, le sanhédrin, se fâchent et veulent que le Sauveur impose silence à ces foules : mais Il fait remarquer que ces acclamations accomplissent la prophétie messianique, qui, par la bouche du psalmiste, annonçait que Dieu mettrait sur les lèvres des petits enfants un hymne de louange contre l’envie des dénigreurs de son Christ.
Comme, à l’époque byzantine, le titre d’Anastasie était l’église palatine, il est probable que le choix de la lecture évangélique a été causé par quelque abus contre le respect dû au lieu saint, ayant nécessité l’intervention ecclésiastique.
L’antienne pour l’offertoire appartient au psaume 30 : « J’ai espéré en vous, ô Seigneur ; j’ai dit : « Vous êtes mon Dieu ; » mes jours sont dans vos mains. »
Prière sur les oblations : « Soyez apaisé. Seigneur, par l’offrande de cette oblation, et défendez-nous de tout péril. » Voici exprimés, en peu de mots, les fruits propitiatoires et impétratoires de la communion.
L’antienne pour la communion est empruntée au psaume 4 : « A mon cri vous avez répondu, ô Dieu, Auteur de ma justice ; dans l’angoisse vous m’avez mis au large ; ayez pitié de moi, Seigneur, et écoutez ma prière. »
La collecte d’action de grâces est celle du Ve dimanche après l’Épiphanie.
Voici la collecte sur le peuple : « Seigneur, que nos prières montent jusqu’à vous, et éloignez de votre Église toute malignité. »
Aujourd’hui l’Évangile nous décrit quatre sortes de personnes qui entrent en relation avec Jésus dans le temple : ce sont les marchands, les infirmes, les enfants et les membres du sanhédrin. Chacun en retira un fruit proportionné aux dispositions de son âme. Les vendeurs sacrilèges et les scribes orgueilleux s’obstinèrent de plus en plus dans leur malice, tandis que l’innocente simplicité des petits enfants et l’humilité des malades émurent de miséricorde le Cœur de Jésus, qui répandit sur leur faiblesse les trésors de son amour. Tant il importe, donc, de s’approcher des sacrements, de prier, de méditer, avec la préparation convenable.
Les voies de Dieu et les voies des hommes.
1. Premières impressions. — Les messes de Carême ne sont pas d’une même coulée et n’appartiennent pas à la même époque. Les plus anciennes sont, sans doute celles des trois « feriae legitimae » du lundi, du mercredi et du vendredi. Ces messes envisagent presque toujours les catéchumènes. Les messes des mardi, jeudi et samedi sont d’une époque postérieure et ont un caractère plus doctrinal. On y remarque plusieurs thèmes : le thème de la Passion, le thème de la pénitence, le thème de la vie chrétienne. Cela s’applique à la messe d’aujourd’hui. La pensée que l’Église veut nous proposer aujourd’hui est, sans doute, l’efficacité de la grâce. Dieu nous offre la grâce, nous devons l’utiliser ; il y a pourtant des époques où la grâce agit plus fortement qu’à d’autres moments. C’est comme dans la nature : on ne peut pas semer tous les jours et on ne peut pas moissonner tous les jours : le printemps convient aux semailles et l’automne à la récolte. Or il s’agit, pour nous de préparer le terrain et de le rendre apte à recevoir la semence (cf. Sexagésime). La messe d’aujourd’hui part de cette pensée. L’ordre des idées est sans doute celui-ci : Utilisez le temps de Carême, pénitents et fidèles, car Dieu est maintenant disposé à donner sa grâce. Et la grâce agit soit par la sanctification, soit par l’endurcissement ; elle ne revient jamais sans effet. L’efficacité de la grâce nous apparaît d’une manière sensible dans l’Évangile. La venue du Christ à Jérusalem était aussi un temps de grâce. Pour les uns, ce fut une bénédiction ; pour les autres, ce fut la perdition. Les Pharisiens décidèrent sa mort, les aveugles et les paralytiques se groupèrent autour de lui et crièrent : Hosannah. En outre, le Seigneur chasse les vendeurs du temple et, d’une caverne de voleurs, il fait une maison de prière. Ce que la leçon nous exprime d’une manière doctrinale et l’Évangile, d’une manière imagée, doit trouver, dans l’Eucharistie du Carême, sa réalisation par la grâce. Le temps de Carême est un temps de grâce, dans lequel Dieu « est tout prêt à pardonner »). L’Eucharistie est la pluie de grâce qui, dans ce saint temps, tombe abondamment du ciel. Maintenant, le Christ entre dans la ville pour mourir ; maintenant, il purifie son temple, l’Église ; il faut que ce soit une maison de prière, un lieu de sacrifice. Nous, les enfants et les aveugles, nous nous groupons autour du Seigneur et nous crions avec enthousiasme : Hosannah !
2. Le thème de la station. — La station est à Sainte-Anastasie. Au sujet de cette sainte de station dont on fait mémoire le 25 décembre, le martyrologe nous dit : « Elle subit de la part de son mari, Publius, des traitements durs et cruels, mais elle fut maintes fois consolée et encouragée par saint Chrysogone. Enfin, on l’attacha, pieds et mains liés, à un pieu et on alluma du feu autour. C’est ainsi qu’elle mourut de la mort du martyre. » L’église de station est un des plus anciens titres (IVe siècle) et c’est le seul qui se trouve au milieu de l’antique Rome païenne, là où les grands monuments du forum dominent tout. Devant l’église, s’étend une grande place, où se tenaient deux marchés ; c’est là, aussi que se trouvaient les boutiques des changeurs. La procession traversait cette place pour se rendre à l’église de station. C’est, sans doute, cette circonstance qui a déterminé le choix de l’Évangile du nettoyage du temple, peut-être aussi celui de la leçon des voies de Dieu et des voies des hommes.
3. La messe (Domine refugium). — La messe commence par un véritable Introït : le psaume 89 chante les aspirations de l’homme non racheté. L’homme marqué de la croix de cendres s’adresse au Dieu éternel et implore ardemment la lumière du jour de Pâques (il convient de réciter le psaume entier). La réponse à l’introït est la leçon de notre prédicateur de Carême, Isaïe : « Cherchez le Seigneur tant qu’on peut le trouver ; que l’impie abandonne sa voie, car le Seigneur est tout prêt à pardonner. » Le Père miséricordieux attend, les bras ouverts, prêt à nous donner le baiser de paix et de réconciliation. Il ne s’agit pas d’une faible exhortation de la grâce ; non, son attrait est puissant ; elle ne vient pas en vain du ciel. La merveilleuse mélodie du Graduel peint réellement la montée des nuages d’encens et l’élévation des mains suppliantes. A l’Évangile, nous voyons clairement apparaître les voies de Dieu et les voies des hommes : le Christ — les profanateurs du temple ; les enfants qui chantent — les Juifs qui murmurent. A l’Offertoire, nous mettons nos voies, « mon sort », dans les mains de Dieu, afin qu’elles soient illuminées par le rayonnement de la face divine (le Christ sur l’autel), qu’elles soient élevées et deviennent des voies de Dieu. La Communion (qui était d’abord tout le psaume 4) décrit, en traits accusés, la transformation de nos voies et ce qui les distingue des actions et des pensées des enfants des hommes. C’est là, en effet, le but du Carême : faire, de nos voies humaines pécheresses, des voies droites, des voies divines.
4. Dans la prière des Heures, nous pensons, le matin et le soir, au nettoyage du temple. Cela nous montre que l’Église tient, par-dessus tout, à la sainteté de la maison de Dieu, mais aussi à celle des âmes. « Jésus entra dans le temple de Dieu et il chassa les vendeurs et les acheteurs ; il renversa les tables des changeurs et les chaises des marchands de colombes » (Ant. Benedictus). « Il est écrit : ma maison est une maison de prière pour tous les peuples, mais vous en avez fait une caverne de voleurs ; et il enseignait tous les jours dans le temple » (Ant. Magnificat). « Que l’impie abandonne sa voie, l’injuste ses desseins, qu’il revienne au Seigneur qui aura pitié de lui. Car le Seigneur notre Dieu est bon et miséricordieux et très prêt à pardonner. Le Seigneur ne veut pas la mort du pécheur, mais qu’il se convertisse et vive » (Rép.).
5. Le psaume 4. — Prière nocturne. Le psaume 4 est une prière remplie de sentiments profonds. De l’avis des exégètes, il faut l’attribuer au roi David. Le contenu suppose encore une grave situation dans la vie du roi. Le peuple d’Israël a pris parti pour son fils rebelle, Absalon. On en veut à la vie du roi. Il a fui de la ville sainte. Dans la plaine de Jéricho, aura lieu la rencontre entre le père et le fils. Mais David ne se décourage pas et ne perd pas l’espoir. Il exprime son assurance, sa confiance inébranlable en Dieu, dans un cantique. Ce chant apaise la douleur de son âme. Mais pour nous, c’est une magnifique méditation, dont le thème est à peu près le suivant : Quelle est l’attitude du fidèle dans la détresse : envers Dieu, envers ses ennemis, envers ses amis ? Les trois parties, dans lesquelles se divise logiquement ce psaume, peuvent être considérées comme trois strophes. De ces trois strophes, la seconde et la troisième sont sensiblement égales, la première est nettement plus courte. On peut y voir surtout un prélude.
Quand je t’invoque, exauce-moi, Dieu de ma justice,
j’étais opprimé et tu m’as mis au large.
Aie pitié de moi et entends ma prière.Vous tous, fils des hommes,
jusque à quand aurez-vous le cœur endurci,
jusque à quand aimerez-vous la vanité et rechercherez-vous le mensonge ?
Sachez que le Seigneur s’est choisi un homme pieux ;
le Seigneur m’exauce quand je l’invoque.
Irritez-vous, mais ne péchez point ;
les projets que vous formez dans votre cœur, regrettez-les sur votre couche.
Offrez des sacrifices de justice et espérez dans le Seigneur.
Beaucoup disent : Qui nous fera voir le bonheur ?
La lumière de ta face brille sur nous, Seigneur,
et tu m’as mis la joie dans le cœur,
plus qu’au temps où abondent le froment, le vin et l’huile.En paix je me coucherai et je m’endormirai aussitôt,
Car toi, mon Dieu, toi seul,
tu me fais habiter en sécurité.
[1] Et le peuple disait : « C’est Jésus, le prophète de Nazareth en Galilée. » Jésus entra dans le temple de Dieu, et il chassa tous ceux qui vendaient et achetaient dans le temple, et il renversa les tables des changeurs et les sièges de ceux qui vendaient des colombes. Et il leur dit : « Il est écrit : Ma maison sera appelée une maison de prière ; mais vous, vous en avez fait une caverne de voleurs. » Alors des aveugles et des boiteux s’approchèrent de lui dans le temple, et il les guérit. Mais les princes des prêtres et les scribes, voyant les merveilles qu’il avait faites, et les enfants qui criaient dans le temple, et qui disaient : « Hosanna au Fils de David ! » s’indignèrent, et ils lui dirent : « Entendez-vous ce qu’ils disent ? » Jésus leur dit : « Oui. N’avez-vous jamais lu cette parole : De la bouche des enfants, et de ceux qui sont à la mamelle, vous avez tirez une louange parfaite ? » Et les ayant laissés, il s’en alla hors de la ville, à Béthanie, où il demeura.
[2] Baruch 3,2
[3] Ps 78, 9
[4] Baruch 3,2
[5] Jn 2, 14
[6] Is 55, 7
[7] Joël 2, 13
[8] Ez 33, 11
[9] Joël 2, 13
[10] 2 Cor 6, 4
[11] Psalm. L., 12.
[12] Rom. V, 20.
[13] Jonas, III, 4.
[14] Hebr. VI, 7,8.
[15] In Matthaeum. Cap. XXI.