Psaume 63

Psalmus 63 Psaume 63 [1]
Exáudi, Deus, oratiónem meam cum déprecor : * a timóre inimíci éripe ánimam meam.Exaucez, Dieu, ma prière lorsque je Vous implore : * délivrez mon âme de la crainte de l’ennemi [2].
Protexísti me a convéntu malignántium : * a multitúdine operántium iniquitátem.Vous m’avez protégé contre l’assemblée des méchants : * contre la multitude de ceux qui opèrent l’iniquité.
Quia exacuérunt ut gládium linguas suas : * intendérunt arcum rem amáram, ut sagíttent in occúltis immaculátum.Car ils ont aiguisé leurs langues comme un glaive [3] : * et ils ont tendu leur arc, chose amère, pour percer de flèches l’innocent dans l’obscurité [4].
Súbito sagittábunt eum, et non timébunt : * firmavérunt sibi sermónem nequam.Ils le perceront soudain, et ils ne craindront pas : * ils se sont affermis dans leur propos pervers [5].
Narravérunt ut abscónderent láqueos : * dixérunt : Quis vidébit eos ?Ils se sont concertés pour cacher des pièges : * ils ont dit : Qui les verra [6] ?
Scrutáti sunt iniquitátes : * defecérunt scrutántes scrutínio.Ils ont inventé des crimes : * ils se sont épuisés dans une profonde recherche.
Accédet homo ad cor altum : * et exaltábitur Deus.L’homme pénétrera au fond de son cœur [7] : * et Dieu sera exalté.
Sagíttæ parvulórum factæ sunt plagæ eórum : * et infirmátæ sunt contra eos linguæ eórum.Les blessures qu’ils font sont comme celles des flèches des petits enfants : * et leurs langues ont perdu leur force en se tournant contre eux-mêmes.
Conturbáti sunt omnes qui vidébant eos : * et tímuit omnis homo.Tous ceux qui les voyaient ont été troublés : * et tout homme a été saisi de crainte [8].
Et annuntiavérunt ópera Dei, * et facta eius intellexérunt.Et ils ont annoncé les œuvres de Dieu, * et ils ont compris ses faits [9].
Lætábitur iustus in Dómino, et sperábit in eo : * et laudabúntur omnes recti corde.Le juste se réjouira dans le Seigneur, et espérera en Lui : * et tous les cœurs droits seront loués [10].
Conclusion du psaume, sauf au temps de la Passion et à l’Office des Défunts :
Glória Patri, et Fílio, * et Spirítui Sancto.Gloire au Père, et au Fils, * et au Saint-Esprit.
Sicut erat in princípio, et nunc, et semper, * et in sǽcula sæculórum. Amen.Comme il était au commencement, et maintenant, et toujours, * et dans les siècles des siècles. Ainsi-soit-il.

[1] Applications liturgiques. L’Église applique ce psaume : 1° A Notre-Seigneur en la fête de la Passion, au IIIe Nocturne ; elle le récite encore à la fête des Sept-Douleurs, au IIIe Nocturne, car Marie participait aux souffrances du Sauveur, et la prière du Fils fut celle de la Mère. 2° Aux apôtres, parce qu’ils prirent une large part au mystère de la Passion de Notre Seigneur et parce qu’ils annoncèrent ensuite à toute la terre l’œuvre de Dieu dans le salut du monde. Voir l’antienne au commun des Apôtres, IIe Nocturne. (Le P. Emmanuel).

[2] Le serviteur demande le courage que le divin Maître exigeait de ses disciples en leur disant : Ne craignez pas ceux qui tuent le corps. (S. Matth., X, 28) (Saint Augustin).

[3] Les principaux traits des méchants contre les justes sont encore toujours des calomnies. (Berthier).

[4] C’est par la langue que les Juifs ont combattu contre le Christ en complotant contre lui, en l’accusant devant Pilate, en insistant pour qu’il fût condamné. Le Prophète compare leurs paroles méchantes au glaive qui frappe de près et à la flèche qui blesse de loin car ils le poursuivirent, tantôt ouvertement, tantôt à la dérobée par des interrogations captieuses. (Bellarmin).

[5] Le Prophète parle maintenant au futur. Le Saint-Esprit lui faisait prévoir et prédire l’obstination presque incroyable des Juifs. (Bx. Bellarmin). Ils les lanceront soudainement, c’est-à-dire en traîtres, dans l’intention de surprendre leur victime. Un moment le juge a tremblé, mais ceux qui ont livré l’innocent n’ont ressenti aucun trouble. Ils se sont affermis dans leur propos pervers en répétant : Crucifiez-le.

[6] Ils ont dit : Qui verra ? O cœur humain, oublies-tu que le Seigneur t’a créé et qu’il ne te perd pas de vue ? (S. Augustin). Sans craindre Dieu et ses jugements, bien des impies dressent leurs pièges trompeurs sous les pas de l’âme innocente, ils ne pensent pas que Dieu puisse en avoir connaissance, mais il est assez fort pour défendre nos âmes contre leurs flèches par les armes puissantes de sa bonté. (S. Jérôme).

[7] L’homme pénétrera etc. Ce membre de phrase est susceptible de trois interprétations différentes : 1° L’homme méchant descendra dans la profondeur de son cœur pour y chercher le moyen de perdre le juste. (Glaire). 2° Le Christ en son humanité ira au-devant des souffrances comme s’il ignorait les desseins de ses ennemis et néanmoins, il pénétrera la profondeur de leur cœur. (Bellarmin). 3° Par ce cœur profond on peut entendre le cœur même du Christ. « Considère la profondeur du cœur de cet homme, et, si tu le peux, et autant que tu le pourras, vois Dieu dans l’abîme de ce cœur. » (Saint Augustin).

[8] Tout homme, etc. Quiconque veut se soumettre au joug de la foi conçoit une sainte frayeur à la pensée du jugement à venir. Dès que les Apôtres eurent commencé à publier les œuvres du Très-Haut, les princes des prêtres leur intimèrent avec menaces la défense de prêcher le nom du Christ, mais la crainte de Dieu devint la source de leur fermeté et de leur courage, et ils déclarèrent qu’il vaut mieux obéir à Dieu qu’aux hommes. (S. Augustin).

[9] Ils ont compris les choses etc. : qu’il fallait que le Sauveur mourût pour le salut de ceux qui étaient condamnés à mourir, comme il devait ressusciter pour nous communiquer la vie éternelle. (Saint Augustin).

[10] La tristesse ne doit plus être aujourd’hui le partage des justes. Ceux qui ont vu le Seigneur ressuscité, qui l’ont touché et qui ont cru, se sont réjouis ; mais ceux qui ne voient point ? Le Seigneur a dit à Thomas : Bienheureux ceux qui n’ont pas vu et qui ont cru. Réjouissons-nous donc tous, non en nous-mêmes mais dans le Seigneur, et ne formons qu’un seul corps uni au Chef divin qui est notre unique bien. (Saint Augustin).