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VII - Le Pontifical

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LE PONTIFICAL

Définition et rapports aux autres livres liturgiques

- définition

Le Pontifical est le livre liturgique qui contient les formules et les cérémonies des fonctions normalement réservées à l’évêque.

- Les rapports du Pontifical aux autres livres liturgiques

Le Pontifical résulte de la rencontre et de la combinaison d’Ordines non eucharistiques avec les formules correspondantes des Sacramentaires.

SACRAMENTARIA
PONTIFICALE
ORDINES ═ ═ ═ ═ ═

Les essais de pontifical antérieurs au Pontifical Romano-Germanique

- Préhistoire : la formation du Pontifical

Le développement du Pontifical fut lent et graduel, la combinaison Sacramentaires / Ordines s’est faite de différente manière :

- Ancêtres du Pontifical

Le Codex 92 de Vérone : début IXè s., série de bénédictions pour l’évêque.

Le Codex 138 de Cologne : début IXè s., semble plus complet, prototype du Pontifical Romano-germanique ?

Le Pontifical Romano-germanique du Xème siècle

Par l’appellation de Pontifical Romano-Germanique du Xème siècle, on désigne un recueil liturgique de première importance pour l’histoire de la liturgie latine à un tel point qu’aucun problème historico-liturgique ne peut être traité sans y avoir recours.

On lui donne parfois le nom de Pontifical Othonien ou Pontifical de Mayence.

Les sources médiévales le désigne comme :

Ces termes peuvent aussi désigner des Ordines.

C’est une véritable fusion des traditions romaine et germanique, source de tous les Pontificaux ultérieurs. Il est le fruit d’un travail de compilation réflechi, et non d’une tentative empirique primitive.

Axé sur la personne de l’évêque, il comprend tout (ou presque tout ) ce dont celui-ci a besoin pour célébrer dans sa cathédrale ou son diocése.

- Histoire du Pontifical Romano-germanique

Le Pontifical Romano-germanique est un livre mis au point par la volonté de l’Empereur Othon le Grand ou tout du moins de son fils, Guillaume, archevêque de Mayence de 954 à 968, primat de Germanie et frère d’Othon II. Les Othoniens voulaient, comme les Carolingiens, utiliser la liturgie comme moyen d’unification de leur Empire.

Il fut compilé par une équipe rédactionnelle au monastère de Saint-Alban de Mayence, sa diffusion rapide est due à l’importance de Mayence (18 diocèses suffragants), la charge d’archichancelier de l’archevêque.

Terminus ante quem non : 950

Terminus post quem non : 961

Vogel propose une composition entre 960 et 961-963.

La compilation primitive est perdue, nous ne connaissons le Pontifical Romano-germanique que par des témoins.

Tous les exemplaires du Pontifical Romano-germanique parvenus jusqu’à nous dérivent d’un archétype commun, mais aucun d’entre eux ne saurait être considéré comme cet archétype ou sa transcription fidèle, ni a fortiori, comme l’original sorti des ateliers des copistes de Saint-Alban. [2]

La première impression eut lieu en 1568, par Hittorp, édition actuelle : Vogel.

- Contenu

Il s’agit de textes liturgiques romains adaptés à l’usage germain du Xème siècle selon les exigences du lieu et du temps, mais le respect de la tradition romaine est tel qu’il pourra être utilisé à Rome pour les Pontificaux ultérieurs.

On y trouve trois types de textes :

Les Ordines

Entre autres, l’Ordo L, source principale du Pontifical Romano-germanique, des Ordines de la famille A, des Ordines de la Famille B et des Ordines archaïques qui disparaîtront, e.g. per iudicia Dei.

Les éléments didactiques

On y trouve des sermons pour diverses circonstances, des Expositiones missæ, des explications du Pater, du Symbole, de l’office des défunts.

- Diffusion du Pontifical Romano-germanique et son implantation à Rome

Le Pontifical Romano-germanique eut une grande influence à cause de ses mérites mais surtout à cause des circonstances politiques (Renovatio Imperii), du programme de réformes de l’Empereur, l’influence s’étendit :

L’implantation à Rome même du Pontifical Romano-germanique est un élément majeur dans l’histoire du culte chrétien : c’est la deuxième grande étape du développement liturgique de l’Eglise latine.

Othon I fit de nombreux voyages en Italie, le livre y passa donc au cours de ces voyages : la cour comprenait de nombreux évêques et abbés, qui emportaient tout ce qui était nécessaire pour les célébrations.

Rome était au Xème siècle en proie à une profonde décadence liturgique : les ordinations papales de 963 et 965 utilisent surement le Pontifical Romano-germanique. Les manuscrits fournis par Reichnau (cf. plus haut) étaient de facture romano-germanique.

A partir de 1046, ce sont des évêques germaniques qui deviennent papes, cf. Saint Léon IX (1048-1054), évêque de Toul [3] en Lorraine puis de Rome, Etienne IX (Frédéric de Lorraine, 1057)...

En 1150, un document du Latran cite le Pontifical Romano-germanique comme Ordo Romanus : le Pontifical Romano-germanique est devenu Romain.

A Rome même, le Pontifical Romano-germanique va devenir la source immédiate des Pontificaux romains. C’est par leur intermédiaire que le Pontifical Romano-germanique fornira la substance du Pontifical officiel de l’Eglise latine.

De même que le culte eucharistique est achevé, pour l’essentiel, avec l’Hadrianum cum supplemento, de même, le culte non eucharistique a trouvé son ordonnance fondamentale avec le Pontifical Romano-Germanique du Xè s.

Les pontificaux romains du XIIème siècle

- Histoire

A partir de saint Grégoire VII, on trouve à Rome différents Pontificaux, des compilations diverses, d’usages contemporains. Rome reprend une certaine initiative liturgique. S. Grégoire travaille pour une réforme ecclésiale en voulant purifier la liturgie romaine de ses éléments germaniques. Mais l’influence germanique est déjà trop enracinée.

Les Pontificaux romains du XIIè s. ont les caractériques suivantes :

- Contenu

Les pontificaux Romains du XIIème sicèle témoignent d’un allègement du Pontifical Romano-germanique :

On adapte le Pontifical Romano-germanique aux stations romaines.

- Influence

L’influence fut grande à Rome et dans les Eglises suburbicaires.

L’extension se fait aussi à toute l’Eglise latine par la volonté des papes (Concile Latran Ier, 1123, volonté d’appliquer les décrets romains à tout l’Occident), ou par les circonstances historiques : les exils successifs de la papauté en Italie et en France font connaître les nouvelles compilations.

Mais cette influence sera limitée par la réforme d’Innocent III.

Le Pontifical de la Curie Romaine du XIIIème siècle

L’existence de nombreux témoins permet de conclure à un archétype commun : les cérémoniaires du Latran, sous Innocent III (1198-1216), cherchent à adapter le Pontifical aux exigences de la cour.

On le connaît par trois recensions (appelées a, b, et g par Andrieu). la troisième domine à partir du XIVème siècle et c’est elle qui est apportée par les papes à Avignon.

Après l’établissement de la papauté à Avignon, le Pontifical de la Curie Romaine se répand dans le midi de la France.

le Pontifical de Guillaume Durand (1292-1293)

- La genèse

A avignon, on assiste à la coexistence de deux Pontificaux : Le Pontifical de la Curie Romaine et le Pontifical dit de Guillaume Durand (né en 1230, évêque de mende en 1285, mort en 1296 à Rome). Il s’agit d’un livre épiscopal en trois partie compilé par l’évêque de mende pour son diocèse vers 1292-1293

Le combat fut remporté par le livre le plus claire et le plus pratique.

Il utilise comme sources :
le Pontifical Romano-germanique
les Pontificaux Romains du XIIème siècle
le Pontifical de la Curie Romaine
des usages locaux de Mende

- Contenu

Il est divisé en trois parties qui demeureront jusqu’au XXè s. :

Il exclue tout ce qui peut se faire par un simple prêtre : c’est le premier Pontifical au sens strict.

- Influence

Dominant par sa clarté, il va devenir le fondement du Pontifical Romain.

Le Grand Schisme va contribuer à son succès car il sera répandu par les papes d’Avignon (Clément VII et Benoît XIII surtout) dans leur zone d’obédience.

L’editio princeps du Pontifical (Rome, 1485)

La première édition imprimée du Pontifical en 1485 est l’œuvre d’Augustin Piccolomini et de Jean Burckhard [4], cérémonaire de Sixte IV, Innocent VIII et Alexandre VI.

C’est une édition corrigée du Pontifical de Guillaume Durand ; on y a apporté les changements suivants :

Le Pontificale Romanum 1595

Le Pontifical de 1485 connut des rééditions, c’est l’édition de 1520, par Castellani qui a été reproduite presqu’intégralement dans le Pontifical officiel de 1595. Certains éléments du troisième livre furent tranférés dans le Cérémonial des Evêques.

Les sacrements et sacramentaux apres Vatican II

La réforme de Vatican II a vu les différents rites pontificaux être édités sous forme de fascicules séparés [5]. Il n’existe pas encore de Pontifical global.

[1] Cf. le développement dans PALAZZO, o.c., pp. 205-208 : “La réunion de Libelli d’Ordines épiscopaux

[2] Cf. VOGEL, o.c., p. 197.

[3] Au moins à l’époque les évêques de Toul ( et de Nancy ) avaient du caractère, que leurs successeurs, Dei gratia et auctoritate Sanctæ Sedis Apostolicæ Episcopi Nanceiensis et Tullensis, Lotharingiæ Primates, en prennent de la graine...per intercessionem sancti Leonis, Dominum deprecemur.

[4] Prévôt de s. Florent de Haslach (sancte Florenti, ora pro nobis !), auteur du Ritus servandus du Missel de 1570.

[5] des Libelli, symptôme de l’archéologisme excessif dénoncé par Pie XII ? Non, je plaisante