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15/02 Sts Faustin et Jovite, martyrs

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Sommaire

  Textes de la Messe  
  Office  
  Dom Guéranger, l’Année Liturgique  
  Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum  
  Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique  

Fête au XIIIe siècle.

Textes de la Messe

(En Carême, on fait seulement mémoire des Saints avec les trois oraisons de la Messe suivante)
die 15 februarii
le 15 février
Ss. FAUSTINI et IOVITÆ
Sts FAUSTIN et JOVITE
Martyrum
Martyrs
Commemoratio (ante CR 1960 : simplex)
Commémoraison (avant 1960 : simple)
Missa Salus autem, de Communi plurimorum Martyrum III loco, cum orationibus ut infra :Messe Salus autem du Commun de plusieurs Martyrs III, avec les oraisons ci-dessous :
Oratio. CCollecte
Deus, qui nos ánnua sanctórum Mártyrum tuórum Faustíni et Iovítæ sollemnitáte lætíficas : concéde propítius ; ut, quorum gaudémus méritis, accendámur exémplis. Per Dóminum.Ô Dieu qui nous réjouissez en la solennité annuelle de vos saints Martyrs Faustin et Jovite ; faites, dans votre clémence, que notre piété s’enflamme aux exemples de ceux dont les mérites nous remplissent d’allégresse.
Secreta PSecrète
Adésto, Dómine, supplicatiónibus nostris, quas in Sanctórum tuórum commemoratióne deférimus : ut, qui nostræ iustítiæ fidúciam non habémus, eórum, qui tibi placuérunt, méritis adiuvémur. Per Dóminum.Prêtez attention, Seigneur, aux supplications que nous vous adressons en faisant mémoire de vos saints, afin que nous, qui n’avons point de confiance en notre propre justice, nous soyons aidés par les mérites de ceux qui vous ont plu.
Postcommunio PPostcommunion
Quǽsumus, Dómine, salutáribus repléti mystériis : ut, quorum sollémnia celebrámus, eórum oratiónibus adiuvémur. Per Dóminum.Rassasiés par la participation à ces mystères de salut, nous vous demandons, Seigneur, d’être aidés grâce aux prières de ceux dont nous célébrons la solennité.

Office

Leçon des Matines avant 1960

Troisième leçon. Faustin et Jovite, nés à Brescia, étaient frères et de noble origine. Pendant la persécution de Trajan, ils furent conduits, chargés de liens, dans plusieurs villes d’Italie, et eurent à y souffrir les plus cruels tourments, mais ils persévérèrent avec courage à confesser la foi chrétienne. Ils restèrent longtemps étroitement emprisonnés à Brescia, et ils y furent aussi exposés aux bêtes et jetés dans le feu, mais les flammes, comme les bêtes, les laissèrent sains et saufs. De Brescia on les mena enchaînés ensemble à Milan, où leur foi, éprouvée par les plus rigoureux tourments, brilla de plus en plus au milieu des souffrances, comme l’or devient plus éclatant par le feu. Envoyés ensuite à Rome, Faustin et Jovite y furent fortifiés par le Pape Évariste, et là encore cruellement torturés. Ayant été conduits à Naples, et de nouveau tourmentés de diverses manières en cette ville, on les jeta pieds et mains liés à la mer ; mais ils furent délivrés miraculeusement par les Anges. Leur constance au milieu de tant de supplices, et la vertu de leurs miracles convertirent un grand nombre de personnes à la foi du Christ. En dernier lieu, ramenés à Brescia au commencement de l’empire d’Adrien, ils eurent la tête tranchée et obtinrent ainsi la glorieuse couronne du martyre.

Dom Guéranger, l’Année Liturgique

Les deux frères martyrs que nous honorons aujourd’hui souffrirent au commencement du second siècle de l’ère chrétienne ; leur mémoire s’est cependant conservée avec honneur dans l’Église. La gloire des conquérants et des hommes d’État passe rapidement, et bientôt leurs noms décolorés s’effacent de la mémoire des peuples ; on interroge les savants pour savoir s’ils ont existé, à quelle époque, et quelles ont été leurs actions. Brescia, la capitale de la Cénomanie italienne, se souvient à peine de ceux qui l’ont régie ou illustrée au IIe siècle ; mais voici deux de ses citoyens dont le souvenir durera autant que le monde. L’univers entier proclame leur gloire et célèbre leur invincible courage. Glorifions-les en ces jours où leurs exemples nous parlent si éloquemment de la fidélité que le chrétien doit à Dieu.

Martyrs de Jésus-Christ, lorsque nous comparons nos épreuves aux vôtres, vos combats avec ceux que nous avons à soutenir, quelle reconnaissance ne devons-nous pas à Dieu qui a tant ménagé notre faiblesse ! Nous qui sommes si prompts à violer la loi du Seigneur, si lents à nous relever quand nous sommes tombés, si faibles dans la foi et dans la charité, comment eussions-nous supporté les tourments qu’il vous a fallu traverser pour arriver au repos éternel ? Cependant, nous sommes en marche vers le même terme où vous êtes déjà parvenus. Une couronne aussi nous attend, et il ne nous est pas libre d’y renoncer. Relevez notre courage, ô saints Martyrs ; armez-nous contre le monde et contre nos mauvais penchants, afin que non seulement notre bouche, mais nos œuvres et nos exemples confessent Jésus-Christ, et témoignent que nous sommes chrétiens.

Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum

Le culte de ces martyrs était déjà très répandu à Brescia quand, au temps de Grégoire II, grâce au Brescian Petronax, restaurateur du Mont-Cassin, il pénétra dans la célèbre abbaye et dans ses nombreuses dépendances. A la fin du moyen âge, cette fête fut admise dans le Missel romain ; et en 1575, la colonie bresciane résidant à Rome érigea même en l’honneur de ses deux Patrons une église — présentement détruite — près de la via Giulia qui, à cette époque, en raison des grands édifices dus à Jules II, était devenue l’une des voies les mieux habitées de la Ville.

La messe est celle du Commun des martyrs, Salus autem.

L’antienne pour l’introït est tirée du psaume 36 : « Le salut des justes est dans le Seigneur qui les protège durant l’épreuve. » II les protège, observe toutefois saint Augustin, dans l’ordre de leur fin dernière, car, pour ce qui est du corps, s’il n’a pas épargné celui de son Fils Unique, il n’a pas davantage entendu assurer la vie et la prospérité matérielle à ses saints. Ne vous promettez donc pas, concluait le Docteur d’Hippone prêchant à son peuple, ce que l’Évangile non plus ne vous promet pas.

La collecte est la suivante : « O Dieu qui réjouissez ce jour par là solennité de vos martyrs Faustin et Jovite ; accordez-nous, tandis que nous vénérons leurs mérites, d’imiter leurs exemples. » : Tel est l’esprit de l’Église en célébrant les fêtes des saints. Sans ce but moral de la réforme de nos habitudes, les solennités religieuses sont à peu près vaines, elles qui furent instituées par les saints Pères précisément pour inciter les fidèles à suivre l’exemple de ceux dont ils louent les vertus.

Le répons est tiré du psaume 33. Dans l’épreuve, les martyrs sentirent toute la faiblesse de leur fragile nature. Ils invoquèrent donc le secours de la grâce et le Seigneur les exauça. Il les exauça mais rie les dispensa pas de l’épreuve qui fortifie la vertu. Il les rendit supérieurs à la tentation, et, avec la divine grâce, ils triomphèrent de la faiblesse de leur nature, des menaces des tyrans, des tourments, de la mort même. Le Seigneur était à leurs côtés pour les soutenir ; II les mit à l’abri parce que ceux-ci, se défiant humblement d’eux-mêmes, se confièrent à Lui.

Le verset alléluiatique est tiré de l’hymne célèbre de l’évêque Nicétas de Remesiana, le Te Deum : « Seigneur, la blanche armée des Martyrs vous glorifie. ». Ils sont vêtus de blanc, parce que, en raison de leur mort pour la Foi, ils ont lavé leurs robes dans le Sang de l’Agneau.

Dans la rédaction du Missel romain antérieure à la dernière correction, la lecture évangélique était tirée de saint Matthieu (24, 3-13). Jésus y annonce aux Apôtres les signes précurseurs de la fin du monde dont un symbole prophétique devait être la destruction de Jérusalem par les Romains. En ces derniers temps, le démon fera l’effort suprême contre le royaume du Christ ; et quand s’aggravera la lutte qui préludera au triomphe final de Jésus, les martyrs, en affrontant nombreux la mort pour la foi, fourniront encore au monde l’argument apologétique de la divinité de la religion chrétienne. Cet argument sera repoussé, mais il ne manquera pas pour cela d’avoir toute sa valeur, toute l’éloquence d’un sang melius loquentem quam Abel ; car, dans les desseins de Dieu, il doit être le dernier essai tenté pour convertir les incrédules et les soustraire à la perdition. Tout cela est contenu dans le simple mot martyr, qui veut précisément dire le témoin du Christ et de l’Évangile, grâce au sang versé.

Dans la récente correction du Missel, à la péricope de saint Matthieu a été substituée celle de saint Luc (XII, 1-8). Jésus encourage ses martyrs, et pour qu’ils ne soient pas vaincus par la peur des tourments, il veut qu’ils aient plutôt la crainte de Dieu, lequel peut condamner à l’enfer le corps et l’âme.

La divine Providence veille sur ses saints et les garde ; aussi les impies ne pourront-ils sans sa permission arracher un de leurs cheveux. Ils ne pourront faire aux saints ni plus ni moins que ce que Dieu leur permettra. Être dans la main de Dieu, du Dieu bon, du Dieu sage, du Dieu tout-puissant : quelle paix une telle pensée doit répandre dans l’âme !

L’antienne pour l’offrande des oblations par le peuple est tirée du Livre de la Sagesse (III, 1-3) : « La vie des justes est dans les mains de Dieu, en sorte que la mort la plus cruelle ne peut leur porter préjudice. Les insensés les ont bien vus extérieurement en proie aux supplices, mais dans leur cœur ils jouissaient au contraire d’une paix inaltérable. »

Selon le texte du Missel avant la dernière correction, dans la collecte sur les offrandes qui prélude à l’anaphore consécratoire, on priait aujourd’hui le Seigneur de s’apaiser à la vue des dons à lui offerts par le peuple fidèle, lequel, grâce à la puissante intercession des saints Martyrs, a aussi confiance d’en obtenir le salut contre tous les périls.

Selon le texte récent, la prière est ainsi changée : Acceptez, Seigneur, nos supplications à l’occasion de la fête de vos saints ; et faites que moins nous pouvons avoir confiance en nous-mêmes, plus nous assistent les mérites de ceux qui vous furent agréables. — II n’y a plus aucune allusion à la présentation des offrandes. Cette collecte est belle, mais ce n’est pas une Secrète.

Le verset pour la communion du peuple (celle-ci étant considérée comme le complément du saint sacrifice, les malades seuls, communiant en viatique, pouvaient jadis la recevoir en dehors de la messe) est tiré de l’Évangile selon saint Matthieu (X, 27) : « Ce que je vous dis dans les ténèbres, répétez-le en plein midi, et ce que je vous dis à l’oreille, publiez-le sur les terrasses des maisons. » Jésus veut ici encourager l’Église à confesser intrépidement la foi chrétienne en ne cachant rien au monde entier de ce qu’il lui enseigna jadis dans un coin ignoré de la Judée et de la Galilée.

Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique

Amour fidèle du Christ.

Saint Faustin et Saint Jove. — Jour de mort : (d’après le martyrologe) 15 février vers 120. Tombeau : à Brescia (Italie Supérieure). Leur vie : Les deux frères, Faustin et Jove, étaient originaires de Brescia où ils prêchèrent la foi pendant la persécution de Trajan, avec un grand courage. Quand l’évêque Apollons qui, dans ces temps troublés, s’était caché, l’apprit, il ordonna le premier, prêtre et le second, diacre. Peu de temps après, ils furent jetés en prison et, sous l’empereur Hadrien, qui à ce moment se trouvait à Brescia, soumis à de nombreux tourments et finalement décapités (vers 120). Le bréviaire raconte qu’ils souffrirent également à Milan, à Rome et à Naples. Leurs reliques sont vénérées à Brescia.

La messe. — C’est la troisième du commun des martyrs (Salus autem). Nous pouvons caractériser cette messe à peu près ainsi : Le Christ apparaît au Saint-Sacrifice entouré de la « blanche armée des martyrs » et c’est la réalisation anticipée de son avènement au dernier jour (Ép. et Év.). Introït chante la vie des martyrs (l’image est plus claire, si on lit le psaume en entier) : Les méchants étaient puissants et heureux, ils opprimèrent les bons, les torturèrent et les conduisirent à la mort, mais Dieu fut leur salut, il ne les abandonna pas dans le temps du besoin. A l’Épître, les martyrs nous adressent la parole. Ils nous parlent des (c jours anciens » où les premiers chrétiens, « après leur illumination (le Baptême) avaient à soutenir de durs combats. » Ils gémirent dans les prisons, ils supportèrent avec joie la perte de leurs biens..., maintenant ils se tournent vers nous et nous demandent : « voulez-vous être nos compagnons ? » Il faut que vous aussi vous ayez de la patience, ce n’est qu’ainsi que vous pouvez accomplir la volonté de Dieu. Car il n’y a plus guère longtemps à attendre, le Seigneur « viendra bientôt et il ne tardera pas » (maintenant, dans le Saint-Sacrifice, il anticipe sa venue). Le Graduel est un écho de l’Épître : les martyrs ont crié dans leur besoin et Dieu les a exaucés, il agira de même avec nous, car « Dieu est tout près de ceux dont le cœur est troublé, et ceux dont l’esprit est humilié, il les sauve. » A l’Évangile, le Seigneur apparaît dans la splendeur de ses martyrs (All.) et il nous inspire l’esprit du martyre. Ce que le Seigneur nous révèle dans le silence des saints mystères, nous devons le prêcher dans le monde. En le faisant, nous ne devons pas craindre les hommes qui ne peuvent que tuer le corPs. En dehors de la crainte de la mort éternelle, nous ne devons avoir aucune crainte. Il faut nous rappeler, pour cela, que nous sommes dans la main de Dieu, et que pas un cheveu ne tombera de notre tête sans sa permission. Confessons le Christ sur la terre, afin qu’au jour de son avènement il nous confesse « devant les anges de son Père ». Ainsi les deux lectures veulent nous inspirer l’esprit du martyre ; dans la première, les martyrs nous parlent ; dans la seconde, c’est le Christ ; l’une et l’autre nous montrent, comme terme ultime, le dernier avènement du Christ. A l’Offertoire, nous voyons encore le martyre sous son aspect glorieux : « Les âmes des justes sont dans la main de Dieu... aux yeux des insensés, ils ont paru mourir, mais, en vérité, ils sont dans la paix », c’est-à-dire dans la gloire bienheureuse. La Communion nous rappelle l’obscurité des Catacombes d’où sortaient les martyrs. Ce que le Seigneur leur disait là, dans le silence nocturne de la messe, ils l’ont annoncé et confessé devant le monde. Telle est aussi notre tâche. Le matin, à la messe, le Christ vient silencieusement à nous, et pour ainsi dire dans l’obscurité ; il nous parle à l’oreille. Nous devons ensuite retourner dans le monde ennemi et être les témoins du Christ. — Quel est le secret de la force des martyrs ? C’est leur fidèle amour du Christ. Que le Corps du Christ et l’exemple des saints nous donnent cet amour et cette fidélité.