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19/11 Ste Elisabeth de Hongrie, veuve

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Sommaire

  Textes de la Messe  
  Office  
  Dom Guéranger, l’Année Liturgique  
  Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum  
  Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique  

Veuve à 20 ans du Roi Louis IV de Thuringe, elle mourut tertiaire franciscaine à 24 ans le 16 novembre 1231. Canonisée par Grégoire IX en 1235. On trouve sa fête dans le Missel de la Curie Romaine de 1474 mais saint Pie V la supprima en 1568.

Elle fut rétablie comme semidouble ad libitum en 1670, puis l’année suivante comme double par Clément X qui introduisit alors dans le missel romain la collecte composée dès sa canonisation.

Textes de la Messe

die 19 novembris
le 19 novembre
SANCTÆ ELISABETH
SAINTE ÉLISABETH
Viduæ
Veuve
III classis (ante CR 1960 : duplex)
IIIème classe (avant 1960 : double)
Missa Cognóvi, de Communi non Virginum 2 loco, præter Orationem sequentem :Messe Cognóvi, du Commun des Saintes Femmes 2, avec l’oraison suivante :
Oratio.Collecte
Tuórum corda fidélium, Deus miserátor, illústra : et, beátæ Elisabeth précibus gloriósis ; fac nos próspera mundi despícere, et cælésti semper consolatióne gaudére. Per Dóminum.Dieu de miséricorde, éclairez les cœurs de vos fidèles, et, touché des glorieuses prières de sainte Élisabeth, faites-nous mépriser les prospérités du monde et jouir sans cesse des consolations célestes.
Et fit commemoratio S. Pontiáni Papæ et Mart. :Et on fait mémoire de St Pontien, Pape et Martyr :
Oratio.Collecte
Gregem tuum, Pastor ætérne, placátus inténde : et, per beátum Pontiánum Mártyrem tuum atque Summum Pontíficem, perpétua protectióne custódi ; quem totíus Ecclésiæ præstitísti esse pastórem. Per Dóminum nostrum.Pasteur éternel de l’Eglise, regardez avec bienveillance votre troupeau, protégez-le et gardez-le toujours. Nous vous le demandons par le bienheureux Pape Pontien votre Martyr que vous avez placé comme berger à la tête de l’Eglise.
Secreta CSecrète C
Accépta tibi sit, Dómine, sacrátæ plebis oblátio pro tuórum honóre Sanctórum : quorum se méritis de tribulatióne percepísse cognóscit auxílium. Per Dóminum nostrum.Qu’elle vous soit agréable, Seigneur, l’offrande que vous fait votre peuple saint en l’honneur de vos Saints, par les mérites desquels il reconnaît avoir reçu du secours dans la tribulation.
Pro S. PontianoPour St Pontien
SecretaSecrète
Oblátis munéribus, quǽsumus, Dómine, Ecclésiam tuam benígnus illúmina : ut, et gregis tui profíciat ubique succéssus, et grati fiant nómini tuo, te gubernánte, pastóres. Per Dóminum.Grâce à l’offrande de ces presents, accordez Seigneur, la lumière à votre Eglise ; faites prospérer partout votre troupeau, et daignez diriger ses pasteurs pour qu’ils vous soient agréables.
Postcommunio CPostcommunion C
Satiásti, Dómine, famíliam tuam munéribus sacris : eius, quǽsumus, semper interventióne nos réfove, cuius sollémnia celebrámus. Per Dóminum.Vous avez, Seigneur, nourri votre famille de dons sacrés ; ranimez-nous toujours grâce à l’intervention de la sainte dont nous célébrons la fête.
Pro S. PontianoPour St Pontien
PostcommunioPostcommunion
Refectióne sancta enutrítam gubérna, quǽsumus, Dómine, tuam placátus Ecclésiam : ut, poténti moderatióne dirécta, et increménta libertátis accípiat et in religiónis integritáte persístat. Per Dóminum nostrum.Seigneur, dirigez avec amour votre Eglise qui vient de se nourrir à cette table sainte, pour que, sous votre conduite toute-puissante, elle voie grandir sa liberté, et garde la religion dans toute sa pureté.

Office

Quatrième leçon. Élisabeth, fille d’André, roi de Hongrie, commença dès son enfance à craindre Dieu ; croissant en âge, elle croissait aussi en piété. Ayant été mariée à Louis, Landgrave de Hesse et de Thuringe, elle ne mit pas moins de zèle à remplir ses devoirs envers Dieu, que ses devoirs envers son mari. Se levant la nuit, elle vaquait longuement à l’oraison ; elle s’appliquait à diverses œuvres de charité, se dépensant au service des veuves, des orphelins, des malades, des indigents ; on la vit, durant une famine cruelle, distribuer libéralement le blé de sa maison. Elle donnait asile aux lépreux, leur baisait les mains et les pieds, et fit construire un grand hôpital, destiné à soigner et à nourrir les pauvres.

Cinquième leçon. A la mort de son époux, voulant servir Dieu avec plus de liberté, Élisabeth déposa toutes les parures du siècle, se revêtit d’une robe grossière et entra dans l’Ordre des Pénitents de saint François, où elle se fit particulièrement remarquer par les vertus de patience et d’humilité. Car, dépouillée de tous ses biens, chassée de son propre palais, délaissée de tout le monde, elle supporta avec un courage invincible, les injures, les sarcasmes et les médisances, ressentant même une très grande joie de souffrir ainsi pour Dieu, s’abaissant jusqu’aux plus vils offices auprès des pauvres et des malades, leur procurant les soulagements nécessaires, et se contentant d’herbes et de légumes pour sa nourriture.

Sixième leçon. Après avoir passé très religieusement sa vie dans l’accomplissement de ces œuvres de piété et de beaucoup d’autres non moins saintes, le terme de son pèlerinage arriva enfin ; elle l’avait déjà prédit à ceux qui l’entouraient. Ce fut pendant qu’elle se livrait à la contemplation divine, les yeux fixés au ciel, qu’elle s’endormit dans le Seigneur, après avoir été merveilleusement assistée de Dieu et fortifiée par la réception des sacrements. Il se fit aussitôt plusieurs miracles à son tombeau ; en ayant eu connaissance et les ayant constatés, Grégoire IX l’inscrivit au nombre des Saints.

Dom Guéranger, l’Année Liturgique

Bien que tous les élus resplendissent au ciel d’un éclat propre à chacun d’eux, Dieu se complaît à les grouper par familles, comme il le fait dans la nature pour les astres du firmament. C’est la grâce qui préside à ce groupement des constellations dans le ciel des Saints ; mais parfois Dieu semble vouloir nous rappeler ici que nature et grâce l’ont pour commun auteur ; et les conviant malgré la chute à l’honorer ensemble dans ses élus, il fait de la sainteté comme un patrimoine auguste que se transmettent de générations en générations les membres d’une même famille de la terre [1]. Parmi ces races bénies ne le cède à aucune la royale lignée qui, de l’antique Pannonie, étendit sur le monde aux meilleurs temps de la chrétienté l’ombre de ses rameaux ; riche en vertu, éprise du beau, comme parle l’Écriture, portant la paix dans ces maisons couronnées de la vieille Europe que tant d’alliances avaient rendues siennes [2], les noms qu’elle inscrivit au livre d’or des bienheureux perpétuent sa gloire.

Mais, de ces noms illustres, entouré d’eux comme un diamant serti d’une couronne de perles, le plus grand pour l’Église et les peuples est celui de l’aimable Sainte, mûre pour le ciel à vingt-quatre ans, qui rejoint aujourd’hui les Etienne, les Emeric et les Ladislas. Élisabeth ne demeura pas au-dessous de leurs mâles vertus ; mais la simplicité de son âme aimante imprégna l’héroïsme de sa race comme d’une huile parfumée dont la senteur, se répandant sous tous les cieux, entraîne dans la voie des Bienheureux et des Saints, avec sa fille Gertrude de Thuringe, sa tante Hedwige de Silésie, et ses cousines ou nièces et petites-nièces Agnès de Bohême, Marguerite de Hongrie, Cunégonde de Pologne, Élisabeth de Portugal.

Le Dieu des humbles sembla vouloir rivaliser avec toute la poésie de ces temps chevaleresques, pour idéaliser dans la mémoire des hommes la douce enfant qui, transplantée, fleur à peine éclose, de la cour de Hongrie à celle de Thuringe, ne sut qu’aimer et se dévouer pour lui. Quelle fraîcheur d’idylle, mais d’une idylle du ciel, en ces pages des contemporains où nous est racontée la vie de la chère Sainte avec l’époux si tendrement aimé qui fut le digne témoin des extases de sa piété sublime et naïve, le défenseur envers et contre tous de ses héroïques et candides vertus ! Aux intendants qui se plaignent que, dans une absence du duc Louis, elle a malgré eux épuisé le trésor pour les pauvres : « J’entends, dit-il, qu’on laisse mon Élisabeth agir à sa guise ; qu’elle donne tout ce qu’elle voudra, pourvu qu’elle me laisse la Wartbourg et Naumbourg. »

Aussi le Seigneur, ouvrant les yeux du landgrave, lui montrait sous la forme de roses, dignes déjà des parterres du ciel, les provisions qu’Élisabeth portait aux malheureux dans son manteau.

Jésus lui-même apparaissait en croix dans le lépreux qu’elle recueillait en ses appartements pour le soigner plus à l’aise. S’il arrivait que d’illustres hôtes survenant à l’improviste, la duchesse dont les bijoux passaient comme le reste en aumônes se trouvât dépourvue de la parure qui eût convenu pour leur faire honneur, les Anges y suppléaient si bien qu’aux yeux émerveillés des visiteurs, selon le dire des chroniqueurs allemands de l’époque, la reine de France n’eût pas été plus admirablement belle, plus richement parée.

C’est qu’en effet Élisabeth entendait ne se dérober à aucune des obligations ni convenances de sa situation de princesse souveraine ou d’épouse. Aussi gracieusement simple en ses vertus qu’affable pour tous, elle s’étonnait de l’attitude sombre et morose que plusieurs affectaient dans leurs prières ou leurs austérités : « Ils ont l’air de vouloir épouvanter le Bon Dieu [3], disait-elle, tandis qu’il aime celui qui donne joyeusement [4]. »

Le temps, hélas ! vint vite pour elle de donner sans compter. Ce fut d’abord le départ en croisade du duc Louis, son époux, dont il sembla qu’elle ne se pourrait jamais séparer ; puis la scène déchirante où lui fut annoncée sa mort, au moment où pour la quatrième fois elle venait d’être mère ; enfin l’acte d’odieuse félonie par lequel Henri Raspon, l’indigne frère du landgrave, trouvant l’occasion bonne pour s’emparer des états du défunt, chassa ses enfants et sa veuve, avec défense à qui que ce fût de les recevoir. Dans ce pays où toute misère avait éprouvé ses bontés, Élisabeth dut mendier, en butte à mille rebuts, le pain des pauvres enfants, réduits comme elle à se contenter pour gîte d’une étable à pourceaux.

L’heure des réparations devait sonner avec le retour des chevaliers partis en la compagnie du duc Louis. Mais Élisabeth, devenue l’amante passionnée de la sainte pauvreté, resta parmi les pauvres. Première professe du Tiers-Ordre séraphique, le manteau que saint François lui avait envoyé comme à sa très chère fille demeura son unique trésor. Bientôt les sentiers du renoncement absolu l’eurent conduite au terme. Celle que, vingt ans auparavant, on apportait dans un berceau d’argent à son fiancé vêtue de soie et d’or, s’envolait à Dieu d’une masure de terre glaise, n’ayant pour vêtement qu’une robe rapiécetée ; les ménestrels dont les assauts de gai savoir avaient rendu fameuse l’année de sa naissance n’étaient plus là, mais on entendit les Anges qui chantaient, montant vers les cieux : Regnum mundi contempsi, propter amorem Domini mei Jesu Christi, quem vidi, quem amavi, in quem credidi,quem dilexi [5].

Quatre ans après, Élisabeth, déclarée Sainte par le Vicaire de Jésus-Christ, voyait tous les peuples du Saint-Empire, empereur en tête, affluer à Marbourg où elle reposait au milieu de ces pauvres dont elle avait ambitionné la vie. Son corps sacré fut remis à la garde des chevaliers Teutoniques, qui reconnurent l’honneur en faisant de Marbourg un chef-lieu de l’Ordre, et en élevant à la Sainte la première église ogivale que l’Allemagne ait possédée. De nombreux miracles y attirèrent longtemps l’univers chrétien.

Et maintenant, bien que toujours debout, toujours belle en son deuil, Sainte-Élisabeth de Marbourg ne connaît plus que de nom celle qui fut sa gloire. A la Wartbourg embaumée des grâces de la chère Sainte, où s’écoula au milieu des plus suaves épisodes sa vie d’enfant et d’épouse, le grand souvenir qu’on montre au voyageur est la chaire d’un moine en rupture de ban, et la tache d’encre dont, en un jour de démence ou d’ivresse, il salit les murs, comme il devait de sa plume tenter de tout profaner et souiller dans l’Église de Dieu.

L’Allemagne chantait au XIVe siècle l’Hymne qui suit en l’honneur de sainte Élisabeth.

HYMNE.
L’Église en accents mélodieux offre à Dieu la louange ; Sion est dans la joie ; la mère fait fête à son illustre fille s’élevant du fond de la vallée de misère.
De royale descendance, enfant encore elle est fiancée ; les plus beaux dons l’ornent pour l’époux auquel elle est unie : union dont la pureté répond à ses vœux.
Fidélité, fécondité, grâce du sacrement consacrent ce mariage ; qu’il la conduise au ciel où sont ses pères, la preuve en est dans sa sainteté croissante.
Bien donc que soumise à la loi de la chair, l’esprit en elle ne s’y éteignit pas ; fidèle à des engagements sacrés, elle ne négligea pas les inspirations qu’elle recevait de Dieu dans son cœur.
Des pauvres elle se fit la bienheureuse et noble nourricière , n’ayant aux pompes du monde nul égard, non plus qu’à la gloire des aïeux, crucifiant les vices en sa chair mortifiée.
Comme à Jahel Sisara [6], l’ennemi de l’innocence lui demande un peu d’eau ; mais trompé par le lait qu’elle lui donne en breuvage, elle le transperce avec le clou de la pénitence, sauvant ainsi son renoncement et sa vertu.
Son époux mort, elle dépouille sans jamais en avoir été souillée la mondanité : celle qui depuis longtemps a revêtu le Christ en son âme, donne un sac à son corps pour vêtement ; comme une lampe ardente elle resplendit au milieu de ce siècle.
Elle se procure au prix de la pauvreté les véritables richesses ; elle répand du trésor de sa piété des flots d’or : de combien de malheureux n’a-t-elle pas secouru l’indigence !
Pour elle, elle gagne son pain en travaillant et en filant ; vile à ses propres yeux, elle dédaigne de se voir abaissée, n’ignorant pas qu’à vous seul, Christ, est due légitimement la gloire.
Gloire soit à vous, ô bon Jésus, maintenant et toujours vous qui fidèlement aidez les combattants du bon combat, et donnez en récompense au vainqueur vaillant la couronne.
Amen.

Quelle leçon vous laissez à la terre en montant au ciel, ô bienheureuse Elisabeth ! Nous le demandons avec l’Église pour nous et tous nos frères dans la foi : puissent vos prières glorieuses obtenir de Dieu miséricordieux que nos cœurs s’ouvrent à la lumière des enseignements de votre vie, et méprisent le bonheur du monde pour n’estimer que les consolations célestes [7]. L’Évangile nous le dit aujourd’hui même à votre honneur : Le royaume des cieux est semblable à un trésor caché, à une perle sans prix ; l’homme sage et entendu en affaires vend tout ce qu’il a pour s’assurer le trésor ou la perle [8]. Bon négoce dont vous eûtes l’intelligence, atteste l’Épître [9], et qui fit autour de vous la fortune de tous : de vos heureux sujets, dont il secourut les corps et releva les âmes ; de votre noble époux siégeant, grâce à vous, en bon lieu parmi les princes qui surent échanger un diadème périssable pour la couronne éternelle ; de tous les vôtres enfin, dont vous êtes la plus douce gloire, dont plusieurs vous suivirent de si près sur le chemin du renoncement qui conduit aux cieux. Pourquoi faut-il que d’autres, en un siècle de ruine, aient abdiqué leur titre de fils des Saints, entraînant après eux les peuples à faire litière des plus suaves souvenirs comme des plus nobles traditions ? Daigne le Seigneur rendre à son Église et à vous-même le pays qui fut pour vous celui de son amour ; puissent vos supplications se joindre aux nôtres en ce jour, et ramener l’antique foi dans ces rameaux de votre descendance que ne parcourt plus la sève du salut ; puisse la glorieuse tige, en ses branches fidèles, nous donner toujours des Saints.

Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum

Cette douce et angélique créature, fille du roi de Hongrie et épouse du landgrave de Thuringe, a des points de contact avec le pape Pontien. Élisabeth elle aussi, du sommet de son trône, fut traînée dans la poussière après la mort de son mari ; mais la vertu de la Sainte, membre du Tiers Ordre séraphique, fut supérieure à l’adversité. Ses miracles, après sa mort, propagèrent son culte de toutes parts, aussi fut-elle canonisée en 1235.

La messe Cognóvi est du commun, mais la première collecte est propre.

II y avait à Rome plusieurs églises dédiées à cette illustre fille spirituelle de l’Ordre des Mineurs : Sainte-Élisabeth des boulangers allemands, sur la voie papale ; Sainte-Élisabeth alle Muratte ; Sainte-Élisabeth a Pozzo bianco ; Sainte-Élisabeth in Banchi ; Sainte-Élisabeth au -Transtévère. Comme on le voit, les tertiaires franciscains avaient largement répandu le culte de leur insigne patronne.

Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique

« Le rossignol de Dieu »

Sainte Élisabeth. — Jour de mort : 17 novembre 1231, à l’âge de 24 ans. Tombeau : Ses reliques, qui subirent divers destins, reposent dans l’église Sainte Élisabeth à Marbourg ; son chef est à Vienne (église Sainte Élisabeth) Image : On la représente en princesse, distribuant des aumônes. Vie : Sainte Élisabeth, un bijou parmi les saints allemands, patronne des œuvres de charité chrétienne à l’égard du prochain, se distingue par son courage joyeux dans la souffrance. Elle était fille (née en 1207) du roi de Hongrie, André. Dès l’âge de quatre ans, elle vint à la cour de son futur époux, et fut mariée (1221) à Louis, landgrave de Thuringe. Elle remplit avec une fidélité consciencieuse aussi bien ses devoirs d’épouse que ceux de servante de Dieu. Elle quittait son lit durant la nuit et demeurait longtemps en prière ; elle exerçait avec zèle les œuvres de charité chrétienne ; elle se faisait la servante des veuves, des orphelins, des malades et des indigents ; au cours d’une grande famine, elle distribua généreusement tout le blé de ses greniers ; elle recueillait les lépreux dans un hôpital fondé par elle et leur baisait les mains et les pieds. Elle fit construire aussi un vaste hospice pour recevoir et soigner les nécessiteux. Après la mort prématurée de son époux (en 1227, à Otrante, en Basse-Italie, au cours de la croisade que l’empereur Frédéric II fit traîner en longueur), elle quitta tous ses ornements princiers pour pouvoir servir Dieu plus facilement, revêtit un costume simple, devint tertiaire de Saint François et se signala par sa patience et son humilité. Son domaine fut saisi, et on l’obligea à quitter le château de la Wartbourg. Cependant, à Eisenach, personne n’osait lui offrir un abri par crainte du souverain. Ce n’est qu’après bien des prières qu’un aubergiste compatissant lui céda une écurie abandonnée. Mais la cour lui renvoya ses enfants qu’elle avait d’abord laissés au château et interdit à tous les habitants d’héberger la veuve du landgrave, de sorte qu’elle dut errer en plein froid de l’hiver avec ses trois enfants dont le plus jeune avait à peine quelques mois. En 1228, elle prit le voile des sœurs du tiers-ordre de Saint François et se rendit à Marbourg où elle fit construire un hôpital avec son pécule de veuve, ne se réservant qu’une pauvre maisonnette de torchis. Toutes ses forces et tous ses soins étaient pour les pauvres et les malades ; quant à elle, elle gagnait sa vie en filant. Encore jeune par l’âge, mais riche en bonnes œuvres de noble charité, elle mourut là le 17 novembre 1231 ; elle n’avait que 24 ans. — La Messe est du commun des saintes femmes (Cognóvi).

[1] Eccli. XLIV.

[2] Ibid. 6.

[3] Montalembert. Histoire de sainte Élisabeth de Hongrie, Ch. VII.

[4] II Cor. IX, 7.

[5] J’ai méprisé les trônes du monde en considération du Seigneur Jésus-Christ, l’attrait de mes yeux et de mon cœur, qui eut ma foi et mon amour.

[6] Judic. IV.

[7] Collecte de la fête.

[8] Évangile, ex Matth. XII.

[9] Épître, ex Prov. XXXI.