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20ème Dimanche après la Pentecôte

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Jésus et le centurion, enluminure de l’introït de ce dimanche (In voluntate tua), début XVe siècle.

Sommaire

  Dom Guéranger, l’Année Liturgique  
  Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum  
  Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique  
  Office  
  Textes de la Messe  
  Dominica Vigesima post Pentecosten  
  20ème Dimanche après la Pentecôte  

Dom Guéranger, l’Année Liturgique

L’Évangile d’il y a huit jours avait pour objet la promulgation des noces du Fils de Dieu et de la race humaine. La réalisation de ces noces sacrées est le but que Dieu se proposait dans la création du monde visible, le seul qu’il poursuive dans le gouvernement des sociétés. Dès lors, on ne doit pas s’étonner que la parabole évangélique, en nous révélant sur ce point la pensée divine, ait mis aussi en lumière le grand fait de la réprobation des Juifs et de la vocation des Gentils, qui est à la fois le plus important de l’histoire du monde et le plus intimement lié à la consommation du mystère de l’union divine.

L’exclusion de Juda doit cependant, nous l’avons dit [1], cesser un jour. Son obstination a valu aux Gentils de voir se diriger vers eux le message de l’amour. Mais aujourd’hui la plénitude des nations [2] a entendu l’invitation céleste ; le temps est proche où l’accession d’Israël va compléter l’Église en ses membres, et donner à l’Épouse le signal de l’appel suprême qui mettra fin au long travail des siècles [3], en faisant apparaître l’Époux [4]. L’heureuse jalousie que l’Apôtre voulait exciter dans les hommes de sa race en se tournant vers les nations [5], se fera donc sentir enfin au cœur des descendants de Jacob. Quelle joie au ciel, quand leur voix, repentante et suppliante, s’unira devant Dieu aux chants d’allégresse de la gentilité célébrant l’entrée de ses peuples sans nombre dans la salle du banquet divin ! Un tel concert sera véritablement le prélude du grand jour salué par saint Paul à l’avance, lorsqu’il disait des Juifs dans son patriotique enthousiasme : Si leur chute a été la richesse du monde et leur diminution la richesse des Gentils, que sera-ce de leur plénitude [6]. Le chœur des Gentils se fait entendre au Graduel et dans la Communion, le chœur des Juifs dans l’Introït et l’Offertoire.

L’Introït est tiré de Daniel [7]. Le prophète exilé comme son peuple à Babylone, dans une captivité dont la longue amertume figurait les douleurs autrement prolongées de la dispersion présente, revient gémir avec Juda sur la terre étrangère et rendre à sa nation le grand secret du retour en grâce auprès du Seigneur. Ce secret perdu depuis le Calvaire, Israël pourtant l’avait bien connu et maintes fois expérimenté dans les siècles antérieurs de son histoire. Toujours le même, il consiste dans l’humble aveu des fautes commises, dans le regret suppliant du coupable et sa ferme confiance que la miséricorde infinie surpasse les plus énormes forfaits.

Le pardon divin, qui rend à l’âme la pureté et la paix, est le préliminaire indispensable des noces sacrées ; car la robe nuptiale des conviés doit être sans tache, sous peine d’exclusion, et leur cœur sans trouble, pour ne pas apporter d’amertume à la table de l’Époux. Implorons ce pardon précieux. Le Seigneur est d’autant mieux disposé à nous l’accorder, que nous le demandons, dans la Collecte, par l’intermédiaire de la sainte Église qui est l’Épouse.

ÉPÎTRE.

L’approche de la consommation des noces du Fils de Dieu coïncidera ici-bas avec un redoublement des fureurs de l’enfer pour perdre l’Épouse. Le dragon de l’Apocalypse [8], l’ancien serpent séducteur d’Ève, vomissant comme un fleuve sa bave immonde [9], déchaînera toutes les passions pour entraîner la vraie mère des vivants sous l’effort. Cependant il sera impuissant à souiller le pacte de l’alliance éternelle ; et, sans forces contre l’Église, il tournera sa rage contre les derniers fils de la nouvelle Ève, réservés pour l’honneur périlleux des luttes suprêmes qu’a décrites le prophète de Pathmos [10].

C’est alors surtout que les chrétiens fidèles devront se souvenir des avis de l’Apôtre, et se conduire avec la circonspection qu’il recommande, mettant tous leurs soins à garder pure leur intelligence non moins que leur volonté, dans ces jours mauvais. Car la lumière n’aura point alors à subir seulement les assauts des fils de ténèbres étalant leurs perverses doctrines ; elle sera plus encore, peut-être, amoindrie et faussée par les défaillances des enfants de lumière eux-mêmes sur le terrain des principes, par les atermoiements, les transactions, l’humaine prudence des prétendus sages. Plusieurs sembleront ignorer pratiquement que l’Épouse de l’Homme-Dieu ne peut succomber sous le choc d’aucune force créée. S’ils se souviennent que le Christ s’est engagé à garder lui-même son Église jusqu’à la fin des siècles [11], ils n’en croiront pas moins faire merveille en apportant à la bonne cause le secours d’une politique dont les concessions ne seront pas toujours pesées suffisamment au poids du sanctuaire : sans songer que le Seigneur n’a point besoin, pour l’aider à tenir sa promesse, d’habiletés détournées ; sans se dire surtout que la coopération qu’il daigne accepter des siens, pour la défense des droits de l’Église, ne saurait consister dans l’amoindrissement ou la dissimulation des vérités qui font la force et la beauté de l’Épouse. Combien oublieront la maxime de saint Paul écrivant aux Romains que se conformer à ce siècle, chercher une adaptation impossible de l’Évangile avec un monde déchristianisé, n’est point le moyen d’arriver à discerner sûrement le bon, le meilleur, le parfait aux yeux du Seigneur [12] ! Aussi sera-ce un grand et rare mérite, en bien des circonstances de ces temps malheureux, de comprendre seulement quelle est la volonté de Dieu, comme le dit notre Épître.

Veillez, dirait saint Jean, à ne point perdre le fruit de vos œuvres ; assurez-vous la pleine récompense qui n’est donnée qu’à la plénitude persévérante de la doctrine et de la foi [13]. Au reste, alors comme toujours, selon la parole de l’Esprit-Saint, la simplicité des justes les conduira sûrement [14] ; l’humilité leur donnera la Sagesse [15] ; et, s’attachant uniquement à cette très noble compagne, ils seront vraiment sages par elle et sauront ce qui plaît au Seigneur [16]. Ils comprendront qu’aspirant comme l’Église à l’union au Verbe éternel, pour eux comme pour l’Église la fidélité à l’Époux n’est autre chose que la fidélité à à la vérité ; car le Verbe, objet de leur commun amour, n’est autre en Dieu que le rayonnement de la vérité infinie [17]. Leur unique soin sera donc toujours de se rapprocher du Bien-Aimé par une ressemblance plus grande avec lui, c’est-à-dire par une reproduction plus complète du vrai dans leurs paroles et leurs actes. Et en cela ils serviront la société comme elle doit l’être, mettant en pratique le conseil du Seigneur qui nous demande de chercher d’abord le royaume de Dieu et sa justice, et de nous confier en lui pour le reste [18]. Laissant à d’autres la recherche d’humaines et louvoyantes combinaisons, d’incertains compromis destinés, dans la pensée de leurs auteurs, à retarder de quelques semaines, de quelques mois peut-être, le flot montant de la révolution, ils comprendront différemment, pour eux, le conseil de racheter le temps que nous donne l’Apôtre.

L’Époux avait acheté le temps d’un grand prix, pour être employé par ses membres mystiques à la glorification du Très-Haut. Perdu parla multitude dévoyée dans la révolte et l’orgie, les âmes fidèles le rachèteront en donnant une telle intensité aux actes de leur foi et de leur amour, que rien ne soit diminué, s’il se peut, jusqu’au dernier moment, du tribut qu’offrait chaque jour la terre à la Trinité souveraine. Contre la bête à la bouche insolente et pleine de blasphèmes [19], ils reprendront le cri de Michel contre Satan promoteur de la bête [20] : Qui est comme Dieu !

L’antiquité chrétienne appelait les dernières semaines du Cycle à son déclin : Semaines du saint Ange ; nous avons vu comment, dans un de ces Dimanches [21], elle chantait l’arrivée du grand Archange au secours du peuple de Dieu, ainsi que Daniel l’avait annoncé pour les derniers jours du monde [22]. Quand donc commenceront les épreuves de la fin, lorsque l’exil dispersera les baptisés et que le glaive s’abattra sur leurs têtes [23] aux applaudissements d’un monde prosterné devant la bête et son image [24], n’oublions point que nous avons un chef choisi par Dieu, acclamé par l’Église, pour nous conduire dans ces derniers combats où la défaite des saints (4) sera plus glorieuse que les triomphes de l’Église aux jours de sa domination sur le monde. Ce que Dieu alors, en effet, demandera des siens, ce ne sera plus ni le succès de la diplomatie, ni la victoire armée, mais la fidélité à sa vérité, à son Verbe : fidélité d’autant plus franche et plus entière, que la défection sera plus universelle autour de la petite troupe rangée sous la bannière de l’Archange. Proféré par une seule poitrine fidèle avec la vaillance de la foi et l’ardeur de l’amour en de telles circonstances, le cri de saint Michel, une fois déjà vainqueur des infernales légions, honorera plus Dieu que ne l’atteindront les ignobles blasphèmes des millions d’êtres dégradés sectateurs de la bête.

Pénétrons-nous de ces pensées que suggèrent les premières lignes de notre Épître ; comprenons également les autres instructions qu’elle renferme et qui, du reste, ne s’éloignent pas des premières. Pour ce Dimanche où se lisait autrefois l’Évangile des noces du Fils de l’homme et de l’appel à son divin banquet, la sainte Église remarque opportunément, dans l’Épître, combien l’ivresse et les délices des noces sacrées sont différentes des joies mondaines. La sérénité, la pureté, la paix du juste admis dans l’intimité divine, font en son âme un festin continuel [25] dont la Sagesse est le mets savoureux [26] et l’éternelle convive [27]. Laissant le monde à ses mesquins et trop souvent honteux plaisirs, le Verbe et l’âme, qu’il a remplie de l’Esprit-Saint par un mode ineffable [28], s’unissent pour chanter le Père souverain dans un concert merveilleux, où l’action de grâces et la louange trouvent sans cesse un nouvel aliment. Le hideux spectacle qu’offrira la terre, quand ses habitants se porteront en foule au-devant de la prostituée siégeant sur la bête et leur offrant la coupe d’ignominie [29], n’empêchera point le ciel de se reposer délicieusement dans la contemplation de ces âmes fortunées. Car les convulsions du monde agonisant, les poursuites de la femme ivre du sang des martyrs [30], loin de troubler l’harmonie qui s’élève de l’âme unie au Verbe, ne feront que donner plus d’ampleur à ses notes divines, plus de suavité à ses accents humains. « Qui donc, en effet, nous séparera de l’amour de Jésus-Christ ? Sera-ce la tribulation ou l’angoisse ? la faim ou la nudité ? les dangers, la persécution, le glaive ? Oui, sans doute, il est écrit qu’à cause de vous, tous les jours on nous met à mort, qu’on nous regarde comme des brebis destinées à la boucherie [31] ! Mais en tout cela nous sommes vainqueurs, à cause de celui qui nous a aimés. Car je suis sûr que ni la mort, ni la vie, ni anges, ni principautés, ni vertus, ni choses présentes, ni choses futures, ni violence, ni rien de ce qui est dans les hauteurs, ni rien de ce qui est dans les abîmes, ni créature quelconque ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu en Jésus-Christ notre Seigneur [32]. »

L’ancien peuple a chanté, dans l’Introït, son repentir et son humble confiance. Les Gentils chantent, au Graduel, leurs espérances réalisées et surpassées dans les délices du banquet nuptial.

ÉVANGILE.

L’Évangile est tiré de saint Jean aujourd’hui, pour la première et l’unique fois dans tout le cours des Dimanches après la Pentecôte. Il donne son nom de l’Officier de Capharnaüm au vingtième Dimanche. L’Église l’a choisi parce qu’il n’est pas sans une relation mystérieuse avec l’état du monde, dans les temps auxquels se rapportent prophétiquement les derniers jours du Cycle.

Le monde penche vers sa fin, et lui aussi commence à mourir. Miné par la fièvre des passions dans Capharnaüm, la ville du lucre et des jouissances, déjà il est sans forces pour aller de lui-même au-devant du médecin qui pourrait le guérir. C’est à son père, aux pasteurs qui l’ont engendré dans le baptême à la vie de la grâce, et gouvernent le peuple chrétien comme officiers de la sainte Église, c’est à eux de se rendre auprès du Seigneur et de lui demander le salut du malade. Le disciple bien-aimé nous fait savoir, en tête de son récit [33], qu’ils trouveront Jésus à Cana, la ville des noces et de la manifestation de sa gloire au banquet nuptial [34] ; c’est le ciel, où l’Homme-Dieu réside depuis qu’il a quitté notre terre, laissant ses disciples, privés de l’Époux [35], s’exercer pour un temps dans le champ de la pénitence. Étymologiquement, en effet, Capharnaüm signifie le champ de la pénitence et de la consolation qui naît de la pénitence. Telle devait être cette terre pour l’homme depuis sa sortie d’Éden, telle était la consolation à laquelle devait aspirer pendant cette vie le pécheur ; et c’est pour en avoir préféré d’autres, pour avoir voulu faire du champ de la pénitence un paradis nouveau, que le monde est maintenant près de finir. Car il n’a remplacé les délices vivifiantes de l’Éden que par le plaisir défendu qui tue l’âme, énerve les corps, et appelle la vengeance de Dieu.

Son seul remède est dans le zèle des pasteurs, et dans la prière de cette portion du troupeau du Christ qui ne s’est point laissée entraîner aux séductions de la licence universelle. Mais combien il importe que fidèles et pasteurs, sans retours personnels, entrent pleinement sur ce point dans les sentiments de la sainte Église ! En butte à l’ingratitude la plus révoltante, aux injustices, aux calomnies, aux perfidies de tout genre, la mère des peuples oublie ses injures pour ne penser qu’à la saine prospérité et au salut des nations qui l’outragent [36]. Elle sait, à n’en pas douter, que le terme approche où le Très-Haut se fera justice enfin ;et, cependant, elle n’en continue pas moins de lutter contre Dieu, comme Jacob [37], jusqu’à l’aurore du jour terrible qu’ont annoncé David et la sibylle [38]. A la pensée de l’étang de feu [39] dont les vapeurs maudites paraissent déjà empester l’air, et qui bientôt va engloutir en une seule fois tous ses enfants insoumis, elle semble oublier jusqu’à l’approche des noces éternelles et à la véhémence de ses désirs d’Épouse ; et, ne se souvenant plus de rien sinon qu’elle est mère, elle prie comme elle l’a toujours fait, mais avec plus d’ardeur que jamais, pour le retardement de la fin, pro mora finis [40].

Afin de répondre à sa pensée, « réunissons-nous donc, comme le dit Tertullien, en une seule troupe, en une seule assemblée, pour aller trouver Dieu et l’investir de nos prières comme d’une armée. Cette violence lui est agréable [41]. » Mais c’est à la condition d’être inspirée par une foi entière et que rien ne puisse ébranler. Si c’est notre foi qui nous donne la victoire sur le monde [42], c’est elle aussi qui triomphe de Dieu dans les cas les plus extrêmes. Songeons, comme notre mère l’Église, au péril imminent de tant de malheureux qui dansent follement sur l’abîme, où demain va s’engloutir en rugissant leur désespoir. Sans doute, ils sont inexcusables ; Dimanche encore, on les avertissait des pleurs et des grincements de dents réservés, sous les ténèbres extérieures, aux contempteurs des noces sacrées [43]. Mais ils sont nos frères, et nous ne devons pas nous résigner si facilement au deuil de leur perte. Espérons contre toute espérance. L’Homme-Dieu, qui connaissait de science certaine l’inévitable damnation des pécheurs obstinés, en a-t-il moins versé pour eux tout son sang ? Nous voulons mériter de nous unir à lui par une pleine ressemblance ; ayons donc la résolution de l’imiter en cela même, dans la mesure qui peut être la nôtre : prions sans repos ni trêve pour les ennemis de l’Église et nos ennemis, tant que leur damnation n’est pas consommée. Dans cet ordre, rien n’est inutile, rien ne se perd. Quoi qu’il arrive, le Seigneur sera grandement glorifié de notre foi et de l’ardeur de notre charité.

Mettons seulement tous nos soins à ne pas mériter les reproches qu’il adressait à la foi boiteuse [44] de la génération dont faisait partie l’officier de Capharnaüm. Nous savons qu’il n’a nul besoin de descendre du ciel en terre, pour donner leur efficacité aux ordres émanés de sa volonté miséricordieuse. S’il daigne multiplier autour de nous les miracles et les prodiges, nous lui serons reconnaissants pour nos frères plus faibles dans la foi, nous prendrons de là occasion d’exalter sa gloire, mais en protestant que notre âme n’avait plus besoin, pour croire à lui, des manifestations nouvelles de sa puissance.

L’ancien peuple, promenant son infortune méritée sur toutes les rives lointaines, revient, dans l’Offertoire, aux accents de la pénitence, et chante, cette fois avec l’Église, son admirable psaume CXXXVI qu’aucun chant d’exil n’égala jamais dans aucune langue.

Toute la puissance du Dieu qui guérit d’une parole les âmes et les corps, réside dans les Mystères préparés sur l’autel. Demandons, dans la Secrète, que leur vertu s’exerce en nos cœurs.

La parole rappelée dans l’Antienne de la Communion, comme ayant relevé l’homme abîmé dans sa misère, est celle de l’Évangile du banquet divin : Venez aux noces [45] ! Mais l’homme, déifié déjà par sa participation ici-bas au Mystère de la foi, aspire à la consommation éternelle de l’union dans le plein jour de la gloire.

Une fidélité constante à observer les divins commandements est la meilleure préparation que le chrétien puisse apporter à la table sainte, comme l’exprime la Postcommunion.

Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum

« V post nat. sancti Cypriani. »

Le comput des semaines comprises entre la Pentecôte et l’Avent n’a pas été toujours le même puisque à Rome on comptait les dimanches voisins des fêtes des Apôtres et de saint Laurent ; ensuite venaient ceux qui suivent la fête de saint Cyprien, et finalement, d’après quelques recensions, se trouvait une dernière série de fêtes dominicales après la dédicace de Saint-Michel : Post Sanctum Angelum. Ainsi s’explique-t-on que les introïts de ces derniers dimanches, comme nous l’avons déjà observé, constituent un groupe à part : ils ne sont pas tirés du Psautier, comme à l’ordinaire, mais des livres prophétiques.

Le chant de ce jour, pour l’entrée solennelle du célébrant, s’inspire du prophète Daniel (III, 31, 29 et 35) mais la citation n’est pas littérale. Le Seigneur, par Moïse dans le Cantique du Deutéronome, et ensuite par la bouche des Prophètes postérieurs, avait menacé des plus terribles châtiments les Hébreux, s’ils violaient le pacte alors conclu avec Dieu. Israël prévariqua par la suite, et Dieu détruisit le sanctuaire national et fit traîner en esclavage à Babylone tous les notables du peuple. Aujourd’hui Daniel dit donc, dans la splendide prière dont s’inspire l’introït : « Tout ce que vous avez fait, ô Dieu, à notre égard, n’est que trop juste et mérité, car nous avons péché contre vous en nous révoltant contre votre sainte loi. » Voilà la douloureuse confession de la faute, qui conduit le pécheur sur la voie de la réconciliation. — « Nous méritons bien le sort qui nous est réservé, mais vous, qui êtes bon, ne regardez pas notre malice, mais traitez-nous seulement selon votre immense miséricorde. » — Voilà l’espérance qui informe l’acte de contrition, voilà la détestation du péché et la résolution implicite de l’amendement pour l’avenir.

Dans la collecte, on implore du Seigneur la miséricorde et la paix. La paix suit la miséricorde, car tant que la grâce n’a pas effacé le péché, le cœur déchiré par les remords, avili par les liens des passions, et en contradiction avec lui-même, ne peut trouver la paix. Non est pax impio, a dit le Prophète. Les conséquences de ce double don de la miséricorde et de la paix — Jésus-Christ, en tant qu’auteur de notre réconciliation avec le Père est appelé par l’Apôtre Pax nostra — sont le recouvrement de la pureté intérieure du cœur — de telle sorte que celui-ci, pour qui étaient auparavant insipides les choses de l’esprit (animalis homo non percipit ea quae Spiritus sunt), recommence désormais à voir et à goûter les choses de Dieu (Beati mundo corde, quoniam ipsi Deum videbunt) — et une grande aisance et facilité pour bien agir.

Suit un passage de l’Épître aux Éphésiens (5, 15-21). La saison est déjà avancée, la vendange est désormais accomplie. Il faut regagner tant de temps perdu inutilement pour l’âme, et au lieu de s’adonner à la boisson, — nous sommes précisément aux jours du décuvage, — il convient de se préparer aux temps mauvais, c’est-à-dire à la mort ou à la vieillesse, en accumulant de bonne heure des œuvres bonnes, moyennant la grâce de l’Esprit Saint. Les feuilles d’automne ont jauni ; cela même dispose l’âme à la méditation des éternelles vérités.

Le répons est commun à celui du jeudi après le IIIe dimanche de Carême et à la solennité du Très Saint Sacrement. Il est tiré du psaume 144. « Tous les yeux, Seigneur, sont fixés sur vous, pleins d’espérance, et vous, au moment opportun. Vous donnez à chacun l’aliment convenable. Vous ouvrez votre main bienfaisante et comblez de bénédiction chacun des mortels. ».

Le verset assume ici un sens eucharistique tranché. La divine Communion est .le vrai pain universel des fils, préparé par Dieu sur tous les points du monde, partout où s’élève un autel chrétien. Dieu donne la nourriture convenable au moment opportun, parce que dans l’ancienne loi II a alimenté la foi des justes au moyen du sacrifice de Melchisédech, de la manne, du pain d’Élie et des autres symboles du divin Sacrement.

Dans la loi évangélique, la réalité succède au symbolisme, mais elle est couverte des voiles de la foi afin que celle-ci ait tout le mérite de croire à la pure et simple parole du Verbe de Dieu. Dans le ciel, les bienheureux se nourrissent de la même réalité que nous sur la terre. Ceux-ci toutefois en jouissent sans aucun voile, à visage découvert, afin que dans la vision béatifique, la foi s’étant évanouie, la charité triomphe seule, et que l’âme se plonge tout entière dans la joie de son Seigneur.

Le verset alléluiatique est tiré du psaume 107. « Mon cœur est prêt, ô Dieu, mon cœur est prêt. Je chanterai des hymnes à ma gloire. » Dieu est appelé gloire de l’âme, non seulement comme auteur de la gloire qui doit rendre bienheureuse cette âme pour l’éternité, mais aussi parce que Lui seul est juste estimateur de nos mérites. Quelle gloire c’est donc d’être connu et approuvé de Dieu ! ainsi pensait l’Apôtre, quand il écrivait aux Corinthiens qu’il comptait pour rien toutes les appréciations humaines.

De plus, Jésus-Christ est la gloire du Père, car il est le miroir de ses perfections. A notre tour, nous participons à cette gloire à mesure que nous nous unissons au Christ, et surtout que nous participons à sa passion. Aussi saint Paul disait-il : Mihi absit gloriari, nisi in Cruce Domini mei Iesu Christi [46].

La lecture évangélique de saint Jean (4, 46-53) [47] traite de la guérison du fils de l’attaché au palais royal, que saint Grégoire le Grand expliqua au peuple dans la basilique cimétériale des martyrs Nérée et Achillée sur la voie Ardéatine le jour de leur fête.

L’officier royal avait foi en Jésus, et il recourut à Lui. Le Divin Maître voulut pourtant le purifier d’abord de tout ce qu’il y avait en lui d’intéressé et de matériel, exigeant que, sans voir encore la guérison de son fils, il y crût sur sa parole divine. L’officier royal crut, et cette foi fut ce qui, outre la santé corporelle de son fils, valut le salut spirituel à toute sa maison.

Le bénéficiaire du miracle devint ainsi un apôtre de l’Évangile. Tous nous avons reçu du Seigneur des grâces nombreuses ; maintenant surtout que le monde se trouve en une si déplorable ignorance des choses de Dieu, chaque fidèle devrait se transformer en apôtre, imitant ainsi les chrétiens antiques, les laïques surtout, qui, au moyen de cette propagande et de ce silencieux travail de pénétration, en moins de trois siècles changèrent le monde et, de païen, le rendirent chrétien.

Le verset de l’offertoire qui, dans l’Antiphonaire grégorien, est uni à une mélopée remplie d’un sentiment délicat autant qu’élevé, est tiré du psaume 136, et il est commun au jeudi de la Passion. « Nous nous sommes assis et nous avons pleuré au bord des canaux de Babel, en nous souvenant de Sion. » Les canaux de Babylone symbolisent ici les passions où vont se désaltérer les pauvres pécheurs, tandis que l’âme fidèle s’assied tristement sur la rive de ces eaux souillées. En effet, étant donné la corruption de la nature humaine, le juste est bien sujet à la tentation, mais avec la divine grâce il n’y consent pas et il est même supérieur à la lutte. Au lieu de se donner au détestable plaisir, comme le font les habitants de Babylone au bord des eaux, le juste s’afflige et déplore de se trouver lui aussi exposé à tant de périls ; toutefois la pensée des joies du ciel lui fait vaillamment mépriser tous les honteux plaisirs charnels. Quel est le secret pour ne pas succomber ? C’est de se souvenir de la vraie et sainte patrie sur le mont Sion.

La secrète demande au Seigneur l’habituel fruit eucharistique, c’est-à-dire que le divin Sacrement agisse en nous à la façon d’un médicament spirituel et d’un antidote contre le virus du péché qui intoxique notre sang.

Recevons avec grande révérence cette doctrine de l’Église sur les effets de la sainte Communion ; que les directeurs d’âmes spécialement s’en autorisent, car on ne saurait leur suggérer de moyen plus efficace, pour éteindre dans le cœur des fidèles l’incendie des passions, que la divine Eucharistie, froment et vin de choix, qui fait germer les vierges, selon le mot du Prophète.

L’antienne pour la Communion est tirée du psaume 118 ; elle est commune au jeudi de la Passion. « Seigneur, souvenez-vous de votre Verbe, en qui j’ai placé mon espérance et cherché ’ma consolation. C’est Lui-même qui m’a réconforté dans ma misère. »

Quand nous sentons toute la désolation de notre insuffisance, présentons à Dieu le Père ce Verbe, objet de ses complaisances et raison de toute notre espérance. Pour éteindre nos dettes, présentons-lui Jésus, car ce Verbe incarné est un trésor que nous possédons en commun avec le Père éternel, si bien que, comme Lui, nous pouvons placer en Lui toute notre complaisance.

La collecte d’action de grâces est commune au second mardi de Carême ; nous y supplions la divine clémence de nous donner la grâce d’obéir aux divins commandements, afin que cette habituelle docilité aux motions du Saint-Esprit soit une excellente préparation au banquet eucharistique.

Cette pensée est très profonde. Les Sacrements opèrent bien par institution divine, mais leur effet est proportionné à la capacité et aux dispositions de celui qui les reçoit. Or, quelle meilleure disposition pour communier au Corps sacramentel du Christ peut avoir une âme, que celle de communier continuellement à l’esprit du même Christ et d’adhérer inébranlablement à son adorable volonté ?

Comme pour nous préparer à l’avènement du Rédempteur, un sentiment de profonde tristesse envahit ces messes des derniers dimanches après la Pentecôte. C’est la nature qui, humiliée, gémit sous le poids de ses iniquités et des châtiments divins. Elle ne sait plus se relever de cet état, et elle a appris à ses dépens que sans le secours de Dieu elle ne peut pas faire le bien. Il ne lui reste qu’à hâter par la prière et l’humble confession de son impuissance l’heure des divines miséricordes. C’est précisément là le sens de la prière de Daniel dans l’introït de ce jour.

Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique

Nous étions assis sur les bords des fleuves de Babylone et nous pleurions.

La liturgie continue de développer le thème de l’espérance ; toutefois c’est plutôt ici le côté négatif sous l’image de l’exil : La vie terrestre est l’exil de la patrie céleste. L’homme doit se considérer comme un étranger sur terre (Offert.), il doit supporter l’exil terrestre en esprit de pénitence (Intr.), il doit bien employer le temps de cet exil (« rachetez le temps », Épître) par l’anéantissement du péché (Or., Secr.) , par la conduite d’une vie sainte (Intr., Ep., Comm.). Il doit en particulier entretenir une sainte nostalgie de l’éternelle patrie (Ev., Grad., Off., Comm.). Le point culminant de toute la messe est le chant de l’Offertoire ; nous y trouvons l’expression de toute notre nostalgie céleste (espérance) : « Nous étions assis sur les bords des fleuves de Babylone et nous pleurions tandis que nous évoquions ton souvenir, Sion. »

1. La Messe (Omnia quae). — Parmi toutes les messes dominicales de l’automne liturgique, celle-ci est certainement la plus recueillie, tout empreinte de la nostalgie du ciel et des douleurs de l’exil. L’âme se présente aujourd’hui comme une pauvre exilée dans la maison de Dieu ; elle reconnaît, avec les trois jeunes gens dans la fournaise de Babylone, qu’elle a mérité ses souffrances à cause de ses péchés (nous devons supporter toutes les amertumes de la vie en esprit de pénitence) ; mais elle aspire à la patrie, dont elle voit l’image dans le sanctuaire.

La phalange des prêtres, qui font leur entrée en vêtements blancs, représente pour elle la vie sans tache (Intr.). L’Oraison se tient dans les mêmes pensées : pardon et paix.

L’Épître expose l’état d’exil du chrétien ici-bas : il n’y a pas pour lui de patrie sur terre ; aussi ne devons-nous pas y placer nos délices ; nous devons seulement bien employer le temps précieux qui nous est donné, réaliser pleinement ce mot « racheter », car les jours sont mauvais ; bien loin de nous laisser enivrer par le monde, nous devons plutôt « nous enivrer » de l’action du Saint Esprit.

Dans l’exil, nous chantons de grand cœur les cantiques de la patrie (les psaumes). Le Graduel chante le désir de la patrie céleste et le gage qui nous en est donné (la Sainte Eucharistie). L’Alléluia est particulièrement beau : notre cœur est prêt à recevoir le Seigneur à son retour ; nous touchons déjà les cordes pour célébrer l’éternel cantique de Pâques, l’alléluia.

Que nous ayons vu jusqu’ici l’image de l’exil, c’est ce que nous montre l’Église dans le récit de l’Évangile : La préoccupation essentielle de notre vie est la guérison de notre âme malade, pour laquelle nous devons adresser en toute confiance la prière que fit l’officier du roi. « Descends avant que mon âme ne meure ! », nous écrions-nous ; descends maintenant jusqu’à nous au Saint Sacrifice, afin que notre âme soit guérie ; descends à ton retour (à notre mort) dans cette vallée de larmes, afin que nous soyons guéris et ressuscités, corps et âme. A la consécration, il descend réellement et apporte à notre âme une nouvelle grâce de rédemption ; c’est le même Sauveur qui descendra un jour, au jugement dernier, « pour juger les vivants et les morts »).

La procession de l‘Offertoire est aujourd’hui le cheminement de la vie terrestre à travers le. lieu d’exil et nous chantons le cantique saisissant de la nostalgie (récitons le psaume 136 en entier) ; le verset caractérise toute la messe.

Secrète : l’Eucharistie est le remède à toutes les maladies de notre âme. Les péchés doivent être détruits avant que l’exil prenne fin.

Dans l’exil de la vie, nous avons une consolation : l’espérance du ciel ; l’Eucharistie est notre « consolation dans notre état d’humiliation » (Comm.). Mais la condition préliminaire est « l’obéissance aux commandements de Dieu » (Postc.).

L’Église désire que nous prenions place dans le récit évangélique, comme si nous le vivions en nous-mêmes. D’où ces antiennes directrices : « Il y avait un officier du roi dont le fils était malade à Capharnaüm. Ayant entendu dire que Jésus venait en Galilée, il le pria de guérir son fils » (ant. de Bened.),. « Le père reconnut que c’était à cette heure que Jésus avait dit : Ton fils vit ; et il crut, lui et toute sa maison » (ant. de Magn.). Nous voyons de nouveau ici l’intention de l’Église ; elle nous fait chanter, au commencement et à la fin du jour, le commencement et la fin du récit de la guérison ; la journée tout entière est donc consacrée à ce mystère.

2. Le psaume 136. — Il y a peu de psaumes dans tout le psautier qui puissent faire, à la première lecture, une impression aussi profonde que celui-ci. Ce psaume est une élégie saisissante :

Sur les bords des fleuves de Babylone nous étions assis et nous pleurions, tandis que nous évoquions ton souvenir, Sion.
Là, nous avions suspendu aux saules nos harpes.
Là, nos geôliers nous demandaient de chanter de joyeux cantiques ;
Nos oppresseurs nous harcelaient : « Chantez-nous un cantique de Sion ! »
« Comment chanterions-nous un cantique de Dieu sur une terre étrangère ? »
Si je viens à t’oublier jamais, Jérusalem, que ma droite se dessèche ;
Que ma langue s’attache à mon palais, si je cesse de penser à toi, Si Jérusalem n’est plus au premier rang de mes joies.
N’oublie pas, Seigneur, les cris qu’ont poussés les enfants d’Édom au jour du malheur de Jérusalem :
« Détruis-la, détruis-la jusque dans ses fondements ! »
Et toi, fille de Babylone, vouée au malheur, heureux qui te rendra ce que tu nous as fait ;
Bénis celui qui saisira tes petits enfants, et le brisera contre les rochers.

Nous nous rendons en esprit à Babylone ; nous voyons, sur les bords de l’Euphrate une foule de Juifs qui se rassemblent pour prier. Nous voyons aussi les chantres qui exécutaient jadis leurs chants au Temple de Jérusalem pendant la célébration du service divin ; ils sont assis, tout tristes, au bord du fleuve (c’est là que les Juifs faisaient leurs ablutions avant la prière et, à l’étranger, ils priaient volontiers auprès d’un fleuve). Ils sont là pour commencer le service divin par un chant, un cantique de Sion, comme ils disent volontiers. Pourtant non, ils n’y parviennent pas. Muets de tristesse, les joues baignées de larmes, ils portent leur souvenir vers le Temple, vers la montagne de Sion à Jérusalem, et ils suspendent leurs harpes aux saules.

Les cantiques des Juifs étaient connus et célèbres au loin ; c’est pourquoi les habitants de Babylone harcèlent les captifs : « Chantez-nous donc un de vos beaux cantiques de Sion ! » Mais non, aucun Juif ne pouvait s’y résigner : « Comment pourrions-nous chanter un cantique de Dieu sur la terre étrangère, sur la terre d’exil ? » Puis l’un d’entre eux lève la main en signe de serment et s’écrie bien haut : « Si je t’oublie jamais, Jérusalem, que ma main se dessèche ; que ma langue s’attache à mon palais, si je ne me souviens pas toujours de toi, si Jérusalem n’est pas au premier rang de mes joies. » Et maintenant nous le voyons tendre le poing aux complices de ses ennemis, les Édomites, ses compatriotes qui ont excité les Babyloniens : « Détruisez donc Jérusalem de fond en comble ! ».

Puis le Juif tend les deux poings à Babylone et vocifère une terrible malédiction : « Béni celui qui saisira tes petits enfants et leur brisera la tête contre les rochers. » Tel est le contenu du psaume 136 que l’Église nous fait chanter aujourd’hui à la messe. Comment utiliser ce psaume pour notre prière ? Notre vie ressemble aussi à un exil. Le ciel est notre patrie, la terre est un lieu d’exil. Et en ce moment, pendant l’automne liturgique, l’Église nous invite justement à diriger tous nos désirs vers le ciel. Notre Jérusalem est la céleste Sion où nous serons unis pour toujours au Christ et à tous les saints. Alors nous devons avoir au cœur la même nostalgie que celle qu’ont exprimée dans leur psaume les Juifs exilés. Le psaume est donc le chant de notre nostalgie pour la céleste patrie.

Office

Leçons des Matines avant 1960

Au troisième nocturne. Lecture du saint Évangile selon saint Jean.
En ce temps-là : Il y avait un officier du roi, dont le fils était malade à Capharnaüm.. Et le reste.

Homélie de saint Grégoire, Pape.

Septième leçon. La lecture du saint Évangile que vous venez d’entendre, frères, n’a pas besoin d’explication ; mais pour ne pas sembler la passer sous silence, disons un mot d’exhortation plutôt que d’explication. Je ne vois rien que nous devions expliquer, sauf ceci : pourquoi celui qui était venu demander le salut pour son fils s’est-il entendu dire : « Si vous ne voyez des signes et des prodiges vous ne croirez pas » ? Il est évident que celui qui cherchait à sauver son fils croyait. Autrement, aurait-il cherché le salut auprès de quelqu’un qu’il ne croyait pas être Sauveur ? Pourquoi, donc, est-il dit : « Si vous ne voyez des signes et des prodiges, vous ne croirez pas », à celui qui a cru avant d’avoir vu des miracles ?

Huitième leçon. Rappelez-vous ce qu’il a demandé alors vous verrez plus clairement qu’il a douté dans sa foi. Car il lui demanda de « descendre et de guérir son fils ». Donc il cherchait la présence corporelle du Seigneur qui, par son esprit était présent partout. C’est en cela qu’il n’a pas cru assez en celui qu’il n’a pas estimé capable de rendre le salut s’il n’était pas présent corporellement. S’il avait cru parfaitement, il aurait tenu pour certain qu’il n’y a pas de lieu où Dieu ne soit.

Neuvième leçon. Il a donc grandement manqué de confiance parce qu’il n’a pas rendu honneur à la majesté, mais à la présence corporelle. Il demanda donc le salut de son fils, et cependant il douta dans sa foi. Il crut celui à qui il était venu puissant pour guérir, pourtant il l’estima éloigné de son fils mourant. Mais le Seigneur qui est prié de venir montre qu’il n’est pas absent du lieu où il est invité : par son seul commandement il rendit le salut, lui qui par sa volonté a tout créé.

Ant. du Benedictus à Laudes Il y avait un officier du roi * dont le fils était malade à Capharnaüm. Ayant entendu dire que Jésus venait en Galilée, il le pria de guérir son fils.

Ant. du Magnificat aux 2èmes Vêpres Le père reconnut * que c’était à cette heure que Jésus avait dit : Ton fils vit ; et il crut, lui et toute sa maison.

Textes de la Messe

Dominica Vigesima post Pentecosten

20ème Dimanche après la Pentecôte

II Classis
2ème Classe
Ant. ad Introitum. Dan. 3, 31, 29 et 35.Introït
Omnia, quæ fecísti nobis, Dómine, in vero iudício fecísti, quia peccávimus tibi et mandátis tuis non obœdívimus : sed da glóriam nómini tuo, et fac nobíscum secúndum multitúdinem misericórdiæ tuæ.Tout ce que vous nous avez fait, Seigneur, vous l’avez fait par un juste jugement, car nous avons péché contre vous et nous n’avons pas obéi à vos commandements ; mais glorifiez votre nom et agissez envers nous selon la multitude de vos miséricordes.
Ps. 118, 1.
Beáti immaculáti in via : qui ámbulant in lege Dómini.Heureux ceux qui sont purs dans leurs voies, qui marchent dans la loi du Seigneur.
V/.Glória Patri.
Oratio.Collecte
Largíre, quǽsumus, Dómine, fidélibus tuis indulgéntiam placátus et pacem : ut páriter ab ómnibus mundéntur offénsis, et secúra tibi mente desérviant. Per Dóminum.Laissez-vous fléchir, Seigneur, et accordez à vos fidèles le pardon et la paix, afin qu’ils soient purifiés de toutes leurs fautes, et qu’ils vous servent avec un cœur rempli de confiance.
Léctio Epístolæ beáti Pauli Apóstoli ad Ephésios.Lecture de l’Épître de saint Paul Apôtre aux Éphésiens.
Ephes. 5, 15-21.
Fratres : Vidéte, quómodo caute ambulétis : non quasi insipiéntes, sed ut sapiéntes, rediméntes tempus, quóniam dies mali sunt. Proptérea nolíte fíeri imprudéntes, sed intellegéntes, quæ sit volúntas Dei. Et nolíte inebriári vino, in quo est luxúria : sed implémini Spíritu Sancto, loquéntes vobismetípsis in psalmis et hymnis et cánticis spirituálibus, cantántes et psalléntes in córdibus vestris Dómino : grátias agéntes semper pro ómnibus, in nómine Dómini nostri Iesu Christi, Deo et Patri. Subiecti ínvicem in timóre Christi.Mes frères, ayez soin de vous conduire avec circonspection, non comme des insensés, mais comme des sages ; rachetant le temps, parce que les jours sont mauvais. C’est pourquoi ne devenez pas inconsidérés mais comprenez quelle est la volonté de Dieu. Et ne vous enivrez pas de vin, c’est de la débauche ; mais remplissez-vous de saint-Esprit, vous entretenant par des psaumes et des hymnes et des cantiques spirituels, chantant et psalmodiant dans vos cœurs au Seigneur ; rendant grâces sans cesse pour toutes choses à Dieu le Père, au nom de notre Seigneur Jésus-Christ ; vous soumettant les uns aux autres dans la crainte du Christ.
Graduale. Ps. 144, 15-16.Graduel
Oculi ómnium in te sperant, Dómine : et tu das illis escam in témpore opportúno.Les yeux de toutes les créatures espèrent en vous, Seigneur, et vous leur donnez la nourriture en temps opportun.
V/. Aperis tu manum tuam : et imples omne ánimal benedictióne.Vous ouvrez votre main, et vous comblez de bénédictions tout ce qui respire.
Allelúia, allelúia. V/.Ps. 107, 2.Alléluia, alleluia.
Parátum cor meum, Deus, parátum cor meum : cantábo, et psallam tibi, glória mea. Allelúia.Mon cœur est prêt, ô Dieu, mon cœur est prêt ; je chanterai, et je célébrerai vos louanges sur la cithare, ô vous qui êtes ma gloire. Alléluia.
+ Sequéntia sancti Evangélii secúndum Ioánnem.Lecture du Saint Evangile selon saint Jean.
Ioann. 4, 46-53.
In illo témpore : Erat quidam régulus, cuius fílius infirmabátur Caphárnaum. Hic cum audísset, quia Iesus adveníret a Iudǽa in Galilǽam, ábiit ad eum, et rogábat eum, ut descénderet et sanáret fílium eius : incipiébat enim mori. Dixit ergo Iesus ad eum : Nisi signa et prodígia vidéritis, non créditis. Dicit ad eum régulus : Dómine, descénde, priúsquam moriátur fílius meus. Dicit ei Iesus : Vade, fílius tuus vivit. Crédidit homo sermóni, quem dixit ei Iesus, et ibat. Iam autem eo descendénte, servi occurrérunt ei et nuntiavérunt, dicéntes, quia fílius eius víveret. Interrogábat ergo horam ab eis, in qua mélius habúerit. Et dixérunt ei : Quia heri hora séptima relíquit eum febris. Cognóvit ergo pater, quia illa hora erat, in qua dixit ei Iesus : Fílius tuus vivit : et crédidit ipse et domus eius tota.En ce temps-là, il y avait un officier du roi, dont le fils était malade à Capharnaüm. Ayant appris que .Jésus venait de Judée en Galilée, il alla auprès de lui, et le pria de descendre, et de guérir son fils, qui était près de mourir. Jésus lui dit : Si vous ne voyez des signes et des prodiges, vous ne croyez point. L’officier lui dit : Seigneur, descendez avant que mon fils meure. Jésus lui dit : Va, ton fils vit. Cet homme crut à la parole que Jésus lui avait dite, et il s’en alla. Comme déjà il descendait, ses serviteurs vinrent au-devant de lui, et lui annoncèrent que son fils vivait. Il leur demanda l’heure à laquelle il s’était trouvé mieux ; et ils lui dirent : Hier, à la septième heure, la fièvre l’a quitté. Le père reconnut que c’était à cette heure-là que Jésus lui avait dit : Ton fils vit ; et il crut, lui, et toute sa maison.
CredoCredo
Ant. ad Offertorium. Ps. 136, 1.Offertoire
Super flúmina Babylónis illic sédimus et flévimus : dum recordarémur tui, Sion.Au bord des fleuves de Babylone, nous nous sommes assis, et nous avons pleuré en nous souvenant de toi, Sion.
Secreta.Secrète
Cæléstem nobis prǽbeant hæc mystéria, quǽsumus, Dómine, medicínam : et vítia nostri cordis expúrgent. Per Dóminum.Nous vous en supplions, Seigneur, faites que ces mystères nous soient un remède céleste et purifient notre cœur de ses vices.
Præfatio de sanctissima Trinitate ; non vero in feriis, quando adhibetur Missa huius dominicæ, sed tunc dicitur præfatio communis. Préface de la Sainte Trinité  ; mais les jours de Féries, où l’on reprend la Messe de ce Dimanche, on dit la Préface Commune .
Ant. ad Communionem. Ps. 118, 49-50.Communion
Meménto verbi tui servo tuo, Dómine, in quo mihi spem dedísti : hæc me consoláta est in humilitáte mea.Souvenez-vous, Seigneur, de votre parole à votre serviteur, de cette parole en laquelle vous m’avez donné l’espérance ; c’est elle qui m’a consolé dans mon humiliation.
Postcommunio.Postcommunion
Ut sacris, Dómine, reddámur digni munéribus : fac nos, quǽsumus, tuis semper obœdíre mandátis. Per Dóminum nostrum.Afin que nous soyons rendus dignes de participer à vos dons sacrés, faites, nous vous en supplions, Seigneur, que nous obéissions toujours à vos préceptes.

[1] Cf. XIIIe Dim. ap. la Pentec..

[2] Rom. XI, 25-26.

[3] Rom. VIII, 22.

[4] Apoc. XXII, 17.

[5] Rom. XI, 13-14.

[6] ]Ibid. 12.] ?

Or la Messe du vingtième Dimanche après la Pentecôte nous donne un avant-goût de ce moment fortuné, où la reconnaissance du nouveau peuple ne sera plus seule à chanter les bienfaits divins. Les anciens liturgistes s’accordent à nous la montrer composée, par moitié, des accents des prophètes fournissant à Jacob l’expression du repentir qui lui vaudra le retour des divines faveurs, et, par moitié, des formules inspirées dans lesquelles les nations, déjà rangées dans la salle du festin des noces, exhalent leur amour[[Berno Aug. V ; Rup. De div. Off. XII, 20 ; Durand. Ration, VI, 137.

[7] Dan. III.

[8] Apoc. XII, 9.

[9] Ibid. 15.

[10] Ibid. 17.

[11] Matth. XXVIII, 20.

[12] Rom. XII, 2.

[13] II Jean. 8-9.

[14] Prov. XI, 3.

[15] Ibid. 2.

[16] Sap. IX, 10.

[17] Sap. VII, 25-26.

[18] Matth. VI, 33.

[19] Apoc. XIII, 5-6.

[20] Ibid. 2.

[21] Cf. XVII° Dim. ap. la Pentec..

[22] Dan. XII, 1.

[23] Apoc. XIII, 7, 10.

[24] Ibid. 3, 4, 8, 15.

[25] Prov. XV, 16.

[26] Eccli. XXIV, 20.

[27] Sap. VIII, 16 ; Apoc. III, 20.

[28] Cant. I, 1.

[29] Apoc. XVII, 1-5.

[30] Ibid. 6.

[31] Psalm. XLIII, 22.

[32] Rom. VIII, 35-39.

[33] Jean. IV, 46.

[34] Ibid. 11, 11.

[35] Matth. IX, 15.

[36] Allocutions de Léon XIII.

[37] Gen. XXXII, 24-28.

[38] Sequ. Dies iræ.

[39] Apoc. XXI, 8.

[40] Tertull. Apol. XXXIX.

[41] Ibid.

[42] I Jean. V, 4.

[43] Matth. XXII, 13.

[44] Heb. XII, 13.

[45] Matth. XXII, 4.

[46] Gal. 6, 14.

[47] Dans le Capitulaire de Würzbourg cette péricope évangélique est omise.