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Mardi de la 4ème semaine de Carême

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1960.


Sommaire

  Textes de la Messe  
  Office  
  Dom Guéranger, l’Année Liturgique  
  Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum  
  Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique  

La Station est dans l’église construite au IVe siècle par le Pape S. Damase, en l’honneur du diacre S. Laurent. Ce sanctuaire était au Ve siècle une des 25 paroisses de Rome. Le palais attenant contenait les archives de l’Eglise transférées au VIIe siècle au Latran.

Textes de la Messe

Feria Tertia
Mardi de la 4ème semaine de Carême
III Classis
3 ème Classe
Statio ad S. Laurentium in Damaso
Station à St-Laurent in Damaso
Ant. ad Introitum. Ps. 54, 2-3.Introït
Exáudi, Deus, oratiónem meam, et ne despéxeris deprecatiónem meam : inténde in me et exáudi me.Exaucez, ô Dieu, ma prière, et ne méprisez pas ma supplication ; écoutez-moi et exaucez-moi.
Ps. ib., 3-4.
Contristátus sum in exercitatióne mea : et conturbátus sum avoce inimíci et a tribulatióne peccatóris.J’ai été rempli de tristesse dans mon épreuve, et le trouble m’a saisi à la voix de l’ennemi, et devant l’oppression du pécheur.
V/.Glória Patri.
Oratio.Collecte
Sacræ nobis, quæsumus, Dómine, observatiónis ieiúnia : et piæ conversationis augméntum, et tuæ propitiatiónis contínuum præstent auxílium. Per Dóminum.Daignez faire, Seigneur, que les jeûnes que nous observons dans ce saint temps, nous aident à avancer dans la piété et nous procurent la continuelle assistance de votre miséricorde. Par Notre-Seigneur Jésus-Christ.
Léctio libri Exodi.Lecture du livre de l’Exode.
Exodi 32, 7-14.
In diébus illis : Locútus est Dóminus ad Móysen, dicens : Descénde de monte : peccávit pópulus tuus, quem eduxísti de terra Ægýpti. Recessérunt cito de via, quam ostendísti eis : fecerúntque sibi vítulum conflátilem, et adoravérunt, atque immolántes ei hóstias, dixérunt : Isti sunt dii tui, Israël, qui te eduxérunt de terra Ægýpti. Rursúmque ait Dóminus ad Móysen : Cerno, quod pópulus iste duræ cervícis sit : dimítte me, ut irascátur furor meus contra eos, et déleam eos, faciámque te in gentem magnam. Móyses autem orábat Dóminum, Deum suum, dicens : Cur, Dómine, iráscitur furor tuus contra pópulum tuum, quem eduxísti de terra Ægýpti in fortitúdine magna et in manu robústa ? Ne quæro dicant Ægýptii : Cállide edúxit eos, ut interfíceret in móntibus et deléret e terra : quiéscat ira tua, et esto placábilis super nequítia pópuli tui. Recordáre Abraham, Isaac et Israël, servórum tuórum, quibus iurásti per temetípsum, dicens : Multiplicábo semen vestrum sicut stellas cæli : et univérsam terram hanc, de qua locútus sum, dabo sémini vestro, et possidébitis eam semper. Placatúsque est Dóminus, ne fáceret malum, quod locútus fúerat advérsus pópulum suum.En ces jours-là, le Seigneur parla à Moïse et lui dit : Descendez de la montagne ; car votre peuple, que vous avez tiré de l’Egypte, a péché. Ils se sont bientôt retirés de la voie que vous leur aviez montrée ; ils se sont fait un veau en fonte, ils l’ont adoré, et lui immolant des victimes, ils ont dit : Ce sont là vos dieux, Israël, qui vous ont tiré de l’Egypte. Le Seigneur dit encore à Moïse : Je vois que ce peuple a la tête dure. Laissez-moi faire, afin que la fureur de mon indignation s’allume contre eux et que je les extermine, et je vous rendrai le chef d’un grand peuple. Mais Moïse conjurait le Seigneur son Dieu en disant : Seigneur, pourquoi votre fureur s’allume-t-elle contre votre peuple, que vous avez fait sortir de l’Egypte avec une grande force et une main puissante ? Ne permettez pas, je vous prie, que les Égyptiens disent : Il les a tirés d’Egypte avec ruse pour les tuer sur les montagnes et pour les exterminer de la terre. Que votre colère s’apaise, et laissez-vous fléchir pour pardonner à l’iniquité de votre peuple. Souvenez-vous d’Abraham, d’Isaac et d’Israël vos serviteurs, auxquels vous avez juré par vous-même en disant : Je multiplierai votre race comme les étoiles du ciel, et je donnerai à votre postérité toute cette terre dont je vous ai parlé, et vous la posséderez pour jamais. Alors le Seigneur s’apaisa, et il résolut de ne point faire à son peuple le mal qu’il lui voulait faire.
Graduale. Ps. 43, 26 et 2.Graduel
Exsúrge, Dómine, fer opem nobis : et líbera nos propter nomen tuum.Levez-vous, Seigneur, donnez-nous le secours et rachetez-nous à cause de votre nom.
V/. Deus, áuribus nostris audívimus : et patres nostri annuntiavérunt nobis opus, quod operátus es in diébus eórum et in diébus antíquis.O Dieu, nous avons entendu de nos oreilles : nos pères nous ont annoncé l’œuvre que vous avez faite en leurs jours, et aux jours anciens.
+ Sequéntia sancti Evangélii secundum Joánnem.Lecture du Saint Evangile selon saint Jean.
Ioann. 7, 14-31.
In illo témpore : Iam die festo mediánte, ascendit Iesus in templum, et docébat. Et mirabántur Iudǽi, dicéntes : Quómodo hic lítteras scit, cum non didícerit ? Respóndit eis Iesus et dixit : Mea doctrína non est mea, sed eius, qui misit me. Si quis volúerit voluntátem eius fácere, cognóscet de doctrína, utrum ex Deo sit, an ego a meípso loquar. Qui a semetípso lóquitur, glóriam própriam quærit. Qui autem quærit glóriam eius, qui misit eum, hic verax est, et iniustítia in illo non est. Nonne Móyses dedit vobis legem : et nemo ex vobis facit legem ? quid me qu.ritis interfícere ? Respóndit turba, et dixit : Dæmónium habes : quis te quærit interfícere ? Respóndit Iesus et dixit eis : Unum opus feci, et omnes mirámini. Proptérea Móyses dedit vobis circumcisiónem (non quia ex Móyse est, sed ex pátribus) : et in sábbato circumcíditis hóminem. Si circumcisiónem accipit homo in sábbato, ut non solvátur lex Móysi : mihi indignámini, quia totum hóminem sanum feci in sábbato ? Nolíte iudicáre secúndum fáciem, sed iustum iudícium iudicáte. Dicébant ergo quidam ex Ierosólymis : Nonne hic est, quem quærunt interfícere ? Et ecce, palam lóquitur, et nihil ei dicunt. Numquid vere cognovérunt príncipes, quia hic est Christus ? Sed hunc scimus, unde sit : Christus autem, cum vénerit, nemo scit, unde sit. Clamábat ergo Iesus in templo docens, et dicens : Et me scitis et, unde sim, scitis, et a meípso non veni, sed est verus, qui misit me, quem vos nescítis. Ego scio eum, quia ab ipso sum, et ipse me misit. Quærébant ergo eum apprehéndere : et nemo misit in illum manus, quia nondum vénerat hora eius. De turba autem multi credidérunt in eum.En ce temps-là, lorsqu’on était déjà au milieu de la fête, Jésus monta au temple, et il enseignait. Et les Juifs s’étonnaient, disant : Comment connaît-il les lettres, lui qui n’a pas étudié ? Jésus répondit : Ma doctrine n’est pas de moi, mais de celui qui m’a envoyé. Si quelqu’un veut faire la volonté de Dieu, il saura, au sujet de ma doctrine, si elle est de Dieu, ou si je parle de moi-même. Celui qui parle de lui-même cherche sa propre gloire ; mais celui qui cherche la gloire de celui qui l’a envoyé est véridique, et il n’y a pas d’injustice en lui. Moyse ne vous a-t-il pas donné la loi et aucun de vous n’accomplit la loi. Pourquoi cherchez-vous à me faire mourir ? La foule répond dit : Vous êtes possédé du démon ; qui est-ce qui cherche à vous faire mourir ? Jésus leur répliqua et dit : J’ai fait une œuvre, et vous en êtes tous étonnés. Cependant Moïse vous a donné la circoncision (quoiqu’elle ne vienne pas de Moïse, mais des patriarches), et vous pratiquez la circoncision le jour du sabbat. Si un homme reçoit la circoncision le jour du sabbat, afin que la loi de Moïse ne soit pas violée, pourquoi vous irritez-vous contre moi, parce que j’ai guéri un homme tout entier le jour du sabbat ? Ne jugez pas selon l’apparence, mais jugez selon la justice. Quelques-uns, qui étaient de Jérusalem, disaient : N’est-ce pas là celui qu’ils cherchent à faire mourir ? Et voilà qu’il parle publiquement, et ils ne lui disent rien. Est-ce que vraiment les autorités ont reconnu qu’il est le Christ ? Mais, celui-ci, nous savons d’où il est ; or, quand le Christ viendra, personne ne saura d’où il est. Jésus criait donc dans le temple, enseignant et disant : Vous me connaissez, et vous savez d’où je suis. Je ne suis pas venu de moi-même ; mais celui qui m’a envoyé est véritable, et vous ne le connaissez pas. Moi, je le connais, parce que je viens de lui et que c’est lui qui m’a envoyé. Ils cherchaient donc à l’arrêter ; et personne ne mit la main sur lui, parce que son heure n’était pas encore venue. Mais, parmi la foule, beaucoup crurent en lui.
Ant. ad Offertorium. Ps. 39, 2, 3 et 4.Offertoire
Exspéctans exspectávi Dóminum, et respéxit me : et exaudívit deprecatiónem meam : et immísit in os meum cánticum novum, hymnum Deo nostro.J’ai attendu et encore attendu le Seigneur, et il a fait attention à moi. Il a exaucé ma prière, et il a mis dans ma bouche un cantique nouveau, un hymne à notre Dieu.
Secreta.Secrète
Hæc hóstia, Dómine, quǽsumus, emúndet nostra delicta : et, ad sacrifícium celebrándum, subditórum tibi córpora mentésque sanctíficet. Per Dóminum.Que cette hostie, nous vous en supplions, Seigneur, nous purifie de nos fautes et qu’elle sanctifie les corps et les âmes de vos fidèles pour la célébration de ce sacrifice. Par Notre-Seigneur.
Præfatio de Quadragesima. Préface du Carême .
Ant. ad Communionem. Ps. 19, 6.Communion
Lætábimur in salutári tuo : et in nómine Dómini, Dei nostri, magnificábimur.Nous nous réjouirons de votre salut, et nous nous glorifierons au nom de notre Dieu.
Postcommunio.Postcommunion
Huius nos, Dómine, percéptio sacraménti mundet a crímine : et ad cæléstia regna perdúcat. Per Dóminum.Faites, ô Seigneur, que la réception de ce sacrement nous purifie de toute faute et nous conduise au royaume céleste. Par Notre-Seigneur.
Super populum : Orémus. Humiliáte cápita vestra Deo.Sur le peuple : Prions. Humiliez vos têtes devant Dieu.
Oratio.Prière
Miserére, Dómine, pópulo tuo : et contínuis tribulatiónibus laborántem, propítius respiráre concéde. Per Dóminum.Ayez pitié de votre peuple, Seigneur, et dans votre miséricorde, donnez-lui quelque relâche, car c’est au milieu de continuelles tribulations qu’il poursuit ses efforts. Par Notre-Seigneur.

Office

A MATINES

Invitatorium Invitatoire
Non sit vobis vanum mane súrgere ante lucem : * Quia promísit Dóminus corónam vigilántibus.Ne pensez- pas que ce soit vain de vous lever le matin avant le jour : * Car le Seigneur a promis la couronne à ceux qui veillent.

Ex more docti mýstico (matines du Carême)

Je vous ai fait pleuvoir la manne du ciel, et vous m’avez oublié, dit le Seigneur. [4]
Lectio i1ère leçon
Léctio sancti Evangélii secúndum Ioánnem.Lecture du saint Évangile selon saint Jean.
Cap. 7, 14-31
In illo témpore : Iam die festo mediánte, ascéndit Iesus in templum, et docébat. Et mirabántur Iudǽi. Et réliqua.En ce temps-là : Vers le milieu de la fête, Jésus monta au temple, et il enseignait. Et les Juifs s’étonnaient. Et le reste.
Homilía sancti Augustíni EpiscopiHomélie de saint Augustin, Évêque.
Tract. 29 in Ioánnem, sub initium
Ille qui latébat, docébat, et palam loquebátur, et non tenebátur. Illud enim ut latéret, erat causa exémpli, hoc potestátis. Sed cum docéret, mirabántur Iudǽi. Omnes quidem, quantum árbitror, mirabántur, sed non omnes convertebántur. Et unde admirátio ? Quia multi nóverant ubi natus, quemádmodum fúerit educátus. Numquam eum víderant lítteras discéntem : audiébant autem de lege disputántem, legis testimónia proferéntem, quæ nemo posset proférre, nisi legísset, nemo légeret, nisi lítteras didicísset : et ídeo mirabántur. Eórum autem admirátio, magístro facta est insinuándæ altius veritátis occásio.Celui qui s’était caché, enseignait, il parlait en public et on ne s’emparait pas de sa personne. Il s’était caché pour nous donner l’exemple ; et il ne permettait pas qu’on s’emparât de lui pour montrer sa puissance. Quand il enseignait, « les Juifs s’étonnaient » ; autant que je puis en juger, tous s’étonnaient, mais tous ne se convertissaient pas. Et d’où venait leur surprise ? De ce que beaucoup savaient où il était né, comment il avait été élevé. Jamais ils ne l’avaient vu apprendre les Écritures, pourtant ils l’entendaient disserter sur la loi, citer à l’appui de ses paroles des passages de la loi, que personne ne pouvait citer sans les avoir lus, et que personne n’aurait pu lire sans avoir étudié, et c’est pourquoi ils s’étonnaient. Leur surprise fut, pour le divin Maître, l’occasion de leur insinuer profondément la vérité.
R/. Quid me quǽritis interfícere, hóminem qui vera locútus sum vobis ? * Si male locútus sum, testimónium pérhibe de malo : si autem bene, cur me cædis ?R/. Pourquoi cherchez-vous à me faire mourir, moi qui vous ai dit la vérité ? [1] * Si j’ai mal parlé, rends témoignage du mal, mais si j’ai bien parlé, pourquoi me frappes-tu ? [2]
V/. Multa bona ópera operátus sum vobis : propter quod opus vultis me occídere ?V/. J’ai fait devant vous beaucoup d’œuvres excellentes, pour laquelle de ces œuvres voulez-vous me faire mourir ? [3]
R/. Si male locútus sum, testimónium pérhibe de malo : si autem bene, cur me cædis ?R/. Si j’ai mal parlé, rends témoignage du mal, mais si j’ai bien parlé, pourquoi me frappes-tu ?
Lectio ii2e leçon
Ex eórum quippe admiratióne et verbis, dixit Dóminus profúndum áliquid, et diligéntius ínspici et díscúti dignum. Quid ergo Dóminus respóndit eis, admirántibus quómodo sciret lítteras, quas non didícerat ? Mea, inquit, doctrína non est mea, sed eius qui misit me. Hæc est profúnditas prima : vidétur enim paucis verbis quasi contrária locútus. Non enim ait : Ista doctrína non est mea : sed, Mea doctrína non est mea. Si non tua, quómodo tua ? si tua, quómodo non tua ? Tu enim dicis utrúmque : et mea doctrína, et non mea.En effet, leur étonnement et les paroles qu’il leur inspire, donnent lieu au Seigneur de leur révéler une vérité profonde, bien digne d’être soigneusement méditée et expliquée. Que répond donc le Seigneur à ceux qui s’étonnaient qu’il sût les écritures sans les avoir apprises ? « Ma doctrine n’est pas de moi, mais de celui qui m’a envoyé. » Voici une première profondeur, car ce peu de paroles semble renfermer une contradiction. En effet, il ne dit pas : Cette doctrine n’est pas la mienne ; mais il dit : « Ma doctrine n’est pas de moi. » Si cette doctrine n’est pas de vous, comment est-elle la vôtre ? Et si elle est la vôtre, comment se fait-il qu’elle ne vienne pas de vous ? Vous dites pourtant l’un et l’autre : « c’est ma doctrine », et, « elle n’est pas de moi. »
R/. Adduxi vos per desértum quadragínta annis ego Dóminus, et non sunt attríta vestiménta vestra * Manna de cælo plui vobis, et oblíti estis me, dicit Dóminus.R/. Je vous ai conduit durant quarante ans à travers le désert, moi le Seigneur, et vos vêtements ne se sont pas usés : *
V/. Ego edúxi vos de terra Ægýpti, et de domo servitútis liberávi vos.V/. C’est moi qui vous ai retiré de la terre d’Égypte, et de la maison de servitude, je vous ai délivré. [5]
R/. Manna de cælo plui vobis, et oblíti estis me, dicit Dóminus.R/. Je vous ai fait pleuvoir la manne du ciel, et vous m’avez oublié, dit le Seigneur.
Lectio iii3e leçon
Si ergo intueámur diligénter quod ipse in exórdio dicit sanctus Evangelísta : In princípio erat Verbum, et Verbum erat apud Deum, et Deus erat Verbum : inde pendet huius solútio quæstiónis. Quæ est doctrína Patris, nisi Verbum Patris ? Ipse ergo Christus doctrína Patris, si Verbum Patris. Sed quia Verbum, non potest esse nullíus, sed alicúius : et suam doctrínam dixit seípsum, et non suam, quia Patris est Verbum. Quid enim tam tuum quam tu ? Et quid tam non tuum quam tu, si alicúius est, quod es ?Si nous examinons avec attention ce que le saint Évangéliste dit de lui-même en son premier chapitre : « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était en Dieu, et le Verbe était Dieu », nous trouverons dans ces paroles le principe de solution de cette difficulté. Quelle est la doctrine du Père, si ce n’est le Verbe du Père ? Le Christ est donc lui-même la doctrine du Père, puisqu’il est le Verbe du Père. Comme un verbe ne peut être le verbe de personne, mais doit l’être de quelqu’un, il a pu dire également, d’une part, qu’il était lui-même sa propre doctrine, et d’autre part, qu’elle n’était pas de lui, puisqu’il est le Verbe du Père. Et, en effet, qu’y a-t-il qui soit plus à vous que vous-même ? et qu’y a-t-il aussi qui soit moins à vous que vous-même, si ce que vous êtes est de quelque autre ?
R/. Móyses fámulus Dei ieiunávit quadragínta diébus et quadragínta nóctibus : * Ut legem Dómini mererétur accípere.R/. Moïse, serviteur de Dieu [6], jeûna pendant quarante jours et quarante nuits, * Afin qu’il méritât de recevoir la loi du Seigneur.
V/. Ascéndens Móyses in montem Sínai ad Dóminum, fuit ibi quadragínta diébus et quadragínta nóctibus.V/. Moïse monta sur la montagne de Sinaï, auprès du Seigneur ; et il fut là quarante jours et quarante nuits.
* Ut legem Dómini mererétur accípere. Glória Patri. * Ut legem Dómini mererétur accípere.* Afin qu’il méritât de recevoir la loi du Seigneur. Gloire au Père. * Afin qu’il méritât de recevoir la loi du Seigneur.

A LAUDES

O sol salútis, íntimis (laudes du Carême)

Ad Bened. Ant. Quid me quǽritis * interfícere, hóminem qui vera locútus sum vobis ? Ant. au Bénédictus Pourquoi cherchez-vous * à me faire mourir, moi, l’homme qui vous ai dit la vérité.

Benedictus

AUX VÊPRES

Audi, benígne Cónditor (vêpres du Carême)

Ad Magnificat Ant. Nemo in eum misit manum : * quia nondum vénerat hora eius. Ant. au Magnificat Personne ne porta la main sur lui : * car son heure n’était pas venue.

Magnificat

Dom Guéranger, l’Année Liturgique

La Station est dans l’Église de Saint-Laurent in Damaso, ainsi appelée parce qu’elle fut bâtie, au IVe siècle, en l’honneur du glorieux Archidiacre de l’Église Romaine, par le Pape saint Damase, dont elle conserve encore aujourd’hui le corps.

LEÇON.

Le crime de l’idolâtrie était le plus répandu dans le monde, à l’époque de la prédication de l’Évangile. Durant plusieurs siècles, toutes les générations de Catéchumènes que l’Église initiait, en ces jours, à la vraie foi, étaient entachées de cette souillure. C’est afin d’inspirer à ces élus une horreur salutaire de leur conduite passée, qu’on leur lisait aujourd’hui ces terribles paroles de Dieu qui, sans l’intervention de Moïse, allait exterminer, en punition de sa rechute dans l’idolâtrie, un peuple en faveur duquel il avait opéré des prodiges inouïs, et auquel il venait en personne donner sa loi. Ce culte grossier des faux dieux n’existe plus parmi nous ; mais il est encore exercé chez des peuples nombreux, rebelles jusqu’ici à la prédication de l’Évangile. Disons tout : il pourrait encore renaître au sein de notre Europe civilisée, si la foi en Jésus-Christ venait à s’y éteindre. La génération qui nous a précédés n’a-t-elle pas vu l’idole de la Raison placée sur l’autel, couronnée de fleurs et recevant l’hommage d’un sacrilège encens ? Un homme ou une société livrés à Satan ne sont pas maîtres de s’arrêter où il leur plaît. Les descendants de Noé devaient sans doute être émus de l’affreuse catastrophe du déluge, dont la terre porta si longtemps les traces ; cependant, l’idolâtrie avait fait déjà d’immenses progrès, lorsque Dieu fut contraint de séquestrer Abraham pour l’en préserver. Soyons reconnaissants envers l’Église qui, par son enseignement et par la morale qui en découle, nous préserve de cette honte et de cet abrutissement, et gardons-nous de suivre nos passions : car toutes conduiraient à l’idolâtrie, si la lumière de la foi nous était enlevée.

ÉVANGILE.

La lecture du saint Évangile que l’Église nous propose aujourd’hui, reporte notre pensée sur le prochain sacrifice de l’Agneau divin qui va s’offrir à Jérusalem. L’heure n’est pas encore venue ; mais elle ne doit pas tarder. On le cherche déjà pour le faire mourir. La passion de ses ennemis les aveugle au point de leur faire voir en lui un violateur du Sabbat, parce qu’il guérit les malades par un simple acte de sa volonté, en ce jour du Seigneur. En vain Jésus réfute leurs préjugés, et leur rappelle qu’ils ne font pas difficulté eux-mêmes d’y pratiquer la circoncision, et même, comme il le leur a fait remarquer dans une autre circonstance, de retirer du puits leur bœuf ou leur âne, s’ils y sont tombés. Ils n’écoutent plus rien, ils ne comprennent qu’une seule chose : c’est qu’il faut que Jésus périsse. Ses prodiges sont incontestables, et tous dirigés dans un but de miséricorde pour les hommes ; il refuse seulement d’offrir à la stérile admiration de ses ennemis les signes qu’ils lui demandent d’opérer pour flâner leur curiosité et leur orgueil ; et loin de lui savoir gré de l’usage qu’il daigne faire en faveur des hommes du don des miracles qui brille en lui, ils osent dire, non plus seulement qu’il agit par le pouvoir de Belzébuth, mais que le démon lui-même est en lui. On frémit d’entendre un si horrible blasphème ; cependant l’orgueil de ces docteurs juifs les entraîne jusqu’à cet excès de déraison et d’impiété ; et la soif du sang s’allume toujours plus ardente dans leur cœur. Pendant qu’une partie du peuple, séduite par ses chefs, se laisse aller à un aveugle fanatisme, d’autres plus indifférents raisonnent sur le Messie, et ne trouvent pas en Jésus les caractères de cet envoyé de Dieu. Ils prétendent que, lorsqu’il paraîtra, on ne saura pas son origine. Cependant, les prophètes ont annoncé qu’il doit sortir du sang de David ; sa généalogie sera un de ses principaux caractères : or, tout Israël sait que Jésus procède de cette race royale. Remarquons d’autre part qu’ils savent aussi que le Messie doit avoir une origine mystérieuse, qu’il doit venir de Dieu. La docilité aux enseignements de Jésus, enseignements confirmés par tant de miracles, les eût éclaires en même temps sur sa naissance temporelle et sur sa filiation divine ; mais l’indifférence et quelque chose de mauvais au fond du cœur de l’homme les empêchaient d’approfondir ; peut-être ceux-là même, au jour du déicide, crieront comme les autres : « Que son sang soit sur nous et sur nos enfants. »

Nous emprunterons aujourd’hui à la Liturgie grecque ces pieuses stances, dans lesquelles saint André de Crète offre à la contrition du pécheur une expression si vive et si touchante.

CANON MAGNUS.

Feria V Hebdomadae V Jejuniorum.

Nous avons péché, nous avons commis l’iniquité, nous avons fait l’injustice devant toi ; nous n’avons point obéi, nous n’avons point fait comme tu nous avais commandé ; mais toi, ô Dieu de nos pères ! ne nous abandonne pas jusqu’à la fin.

J’ai péché, j’ai commis l’iniquité, j’ai violé ton commandement : car je suis né dans le péché ; j’ai ajouté la blessure à mes meurtrissures ; mais toi, miséricordieux, toi qui es le Dieu de nos pères, aie pitié.

A toi, mon juge, j’ai déclaré les secrets de mon cœur ; vois mon abaissement, vois mon affliction, sois propice dans mon jugement ; toi qui es miséricordieux, toi qui es le Dieu de nos pères, aie pitié.

J’ai défiguré ton image, j’ai violé ton précepte ; toute ma bonté a été obscurcie, ma lampe s’est éteinte par mes péchés : ô Sauveur ! aie pitié, rends-moi la joie, comme chante David.

Convertis-toi, mon âme, fais pénitence ; révèle tes plaies cachées ; dis-les à Dieu qui sait tout. Toi seul, ô Sauveur ! tu connais les secrets ; aie pitié de moi selon ta miséricorde, comme chante David.

Mes jours se sont enfuis comme le songe d’un homme qu’on réveille ; comme Ézéchias, je pleure sur ma couche, je te demande d’ajouter des années à ma vie. Mais quel Isaïe, ô mon âme, peut venir à ton aide, si ce n’est le Dieu de l’univers ?

Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum

Collecte au monastère « Sanctæ Mariæ domnæ Rosæ ».
Station à Saint-Laurent « in Damaso ».

L’église de la collecte correspond à l’actuelle Sainte-Catherine dei Funari, et la fondatrice du couvent peut être cette nobilissima fœmina dont, en 967, le père concéda une terre au monastère de Subiaco. Jadis, Sancta Maria domnæ Rosæ fut le siège du primicier de la schola du Latran ; en 1536 Paul III l’octroya à saint Ignace de Loyola qui y institua un pensionnat pour les jeunes filles pauvres.

La basilique de Saint-Laurent in Damaso prend son nom du grand Pontife des catacombes, qui la fit reconstruire à côté des anciennes archives de l’Église romaine, là précisément où son père avait passé sa longue carrière ecclésiastique, et où lui-même avait commencé la sienne dès son enfance. Il s’agit donc d’un vrai souvenir domestique, d’autant plus qu’une tradition veut que la famille du pape Damase, tout comme celle de saint Laurent, fût originaire d’Espagne ; en outre les hypothèses de ces archéologues qui identifient le célèbre évêque Léon, enseveli dans l’Agro Verano près de la tombe de l’archidiacre Laurent, avec l’époux de cette Laurentia qui est précisément la mère de notre Damase, ne semblent pas absolument dénuées de fondement. Quoi qu’il en soit, nous savons par les documents que Damase naquit d’une famille établie depuis longtemps à Rome ; la haute position ecclésiastique de son père faisait facilement prévoir que son fils lui-même arriverait en son temps aux suprêmes honneurs, en sorte que, dans une solennelle épigraphe, Damase put être ainsi désigné comme pape par droit de naissance : _

Natus qui autistes Sedis Apostolicae.

Sous l’autel principal de la basilique stationnale, on conserve les saintes reliques de son fondateur, transportées là de son hypogée sépulcral qui s’élevait dans le voisinage de celui de Marc sur la voie Ardéatine.

L’introït provient du psaume 54, qui est celui des martyrs : « Écoutez ma voix, ô Dieu, ne méprisez pas ma supplication, parce que je vais de côté et d’autre dans la tristesse, épouvanté rien qu’en entendant la voix de l’ennemi et de l’inique oppresseur. » C’est là le cri du juste, la prière de Jésus dans le jardin de Gethsémani, quand il soutint pour nous une âpre lutte avec le tentateur, qui se faisait fort contre lui, innocent et saint, des droits du péché, de la mort et de l’enfer.

Dans la collecte nous demandons à Dieu que l’observance de l’abstinence corporelle nous obtienne le pardon désiré, tout en nous donnant la maîtrise sur nos sens, au grand avantage de la piété véritable.

La lecture (Exod., XXXII, 7-14) rapporte la belle prière de Moïse à l’occasion du péché d’idolâtrie commis par son peuple. C’est là la charité parfaite, souhaiter d’être effacé du livre des amis de Dieu, plutôt que de laisser périr ses propres frères sous le poids de la justice céleste. La charité fit que Moïse, au dire de l’Écriture, se trouva presque aux prises avec cette divine mais terrible justice ; il s’y trouva : mais la charité triompha.

Le graduel est pris au psaume 43 ; nous inspirant en lui de la prière du grand législateur hébreu, qui, pour apaiser la colère de Dieu, avait invoqué les mérites des premiers patriarches, nous supplions le Seigneur d’aider les derniers descendants comme, dans les anciens temps, il a aidé leurs pères. Les merveilles alors accomplies par le Seigneur doivent nous animer de la plus filiale espérance, puisque ni son bras ne s’est raccourci avec les années, ni son cœur n’a diminué ses battements d’amour en notre faveur.

La rébellion des Israélites contre Moïse, dont il est parlé dans la lecture précédente, contient peut-être une allusion au schisme qui éclata à Rome à l’occasion de l’élection de Damase comme Pontife, quand il fut abandonné par une grande partie du clergé lui-même ; en même temps elle est une figure symbolique de ce qui arriva au divin Sauveur pour la fête des Tabernacles selon la lecture évangélique d’aujourd’hui (Ioan., VII, 14-31). La famille de Jésus aurait aimé que le Sauveur, par ses prodiges et par son éloquence, appelât l’attention sur soi, spécialement dans la capitale et en un jour solennel ; Lui, au contraire, préfère l’obscurité et l’humilité, et, s’il monte à Jérusalem, c’est en cachette et sans aucun apparat ressemblant à un drame messianique. C’est qu’il ne se recherche pas Lui-même, ni sa propre gloire, mais seulement l’honneur du Père.

Du reste, aux Juifs qui voulaient toujours voir des miracles, Il donnait l’une des plus fortes preuves de sa divinité, en ce que, malgré toute la haine que Lui portait le Sanhédrin, Il le défiait en se montrant en public, prêchant, guérissant les malades ; et, jusqu’à ce qu’arrivât l’heure établie par Lui-même, personne ne put Lui toucher un cheveu. Quand, par la suite, cette heure bénie arriva, les Juifs, dans la passion même du Christ, ne purent Lui faire rien de plus que ce qui avait été prédit par l’Esprit Saint parlant par les Prophètes, de nombreux siècles auparavant. Les moindres circonstances de temps, de lieu et de personne avaient été prévues, si bien que saint Pierre priant put dire que le Sanhédrin avait conspiré contre le Christ : Facere quæ manus et consilium tuum decreverunt fieri.

Il faut remarquer que, dans la terminologie liturgique romaine, cette première semaine de la seconde moitié du Carême prenait le nom de mediana, en relation avec la lecture évangélique d’aujourd’hui, die festo mediante, qui cependant, en d’autres Églises, était remise au milieu du temps pascal.

Le verset de l’offertoire est tiré du psaume 39 : « J’ai attendu avec patience le Seigneur, et Il s’est tourné vers moi ; Il a exaucé mon cri, et Il a mis sur mes lèvres un nouveau cantique à sa louange. » Quel est ce nouveau cantique de louange ? L’hymne de la résurrection, l’Eucharistia du Testament Nouveau dans le Sang du Seigneur.

La collecte qui sert de prélude au Canon est la même qu’au IIIe dimanche après l’Épiphanie.

Pour le chant de la communion, le psaume 19 nous fournit aujourd’hui le verset : « Nous nous réjouissons de ce que vous nous avez accordé le salut, et nous célébrons Votre saint Nom, ô Très-Haut. » Le nom de Dieu, c’est le Verbe, c’est Jésus, qui dit toute la gloire, la beauté, la puissance et la bonté du Père ; et Il est précisément le salut divin envoyé aux hommes, la source de l’allégresse, en qui seulement il convient de se réjouir.

La collecte pour l’Eucharistie, ou l’action de grâces après la communion, est celle du vendredi précédent. Dans les anciens Sacramentaires, l’ordre des collectes est moins rigoureux que celui des lectures, parce qu’il y en avait un grand nombre de rechange. L’un choisissait celle-ci, l’autre celle-là, et ainsi s’explique que dans le texte actuel du missel, malgré tant de richesse, l’on rencontre des lacunes, auxquelles on supplée tant bien que mal par des répétitions.

Dans la missa du peuple, le prêtre invoque sur lui la divine miséricorde, pour qu’enfin cessent les fléaux — primitivement l’on entendait par là le siège de la Ville par les barbares, les tremblements de terre, la peste, la famine, les catastrophes publiques — qui l’affligent, et qu’il puisse se relever dans la douce espérance de la clémence divine.

Quelles sont les sources premières des malheurs, non seulement privés, mais publics et sociaux ? L’Esprit Saint nous l’apprend : miseras facit populos peccatum. Éloignons de nous le péché, et alors cessera sa sanction de la part de la justice divine, et n’auront plus de raison d’être la mort, les afflictions, les maladies, etc. tout ce qu’en somme l’Apôtre appelle, en une phrase lapidaire : stipendia peccati.

Ce n’est pas sans raisons que Jésus se rend à la fête des Tabernacles quand la solennité était déjà à la moitié de son accomplissement. Par là, tout en nous inculquant l’amour que nous devons porter à la sainte liturgie et aux rites du culte, il veut nous apprendre qu’il est le centre de la création comme de l’histoire. Tout converge vers lui, et l’ordre et l’harmonie de la création résident précisément dans cette relation de finalité qui relie toute la création au Verbe de Dieu. Malheur à qui violente et brise cette divine organisation du monde, et immole la créature à l’adoration de soi-même, au culte de la propre excellence ! Dieu seul est tout, et c’est Lui in quo vivimus, move-mur et simus.

Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique

STATION A SAINT LAURENT IN DAMASO

Son heure n’était pas encore arrivée.

La pensée de la Passion s’accentue. Le Christ, dans la pleine conscience de sa divinité, prie, nouveau Moïse, pour le peuple infidèle et, pour lui, va à la mort.

Aujourd’hui, l’Église met le premier Répons dans la bouche du Sauveur souffrant : « Pourquoi cherchez-vous à me faire mourir, moi qui vous ai dit la vérité ? » « Si j’ai mal parlé, prouve-le ; mais si j’ai bien parlé, pourquoi me frappes-tu ? J’ai opéré beaucoup de bonnes œuvres devant vous. Pour laquelle de ces œuvres voulez-vous me faire mourir ? »

Nous chantons, au lever et au coucher du soleil, les antiennes suivantes : « Pourquoi cherchez-vous à me faire mourir, moi qui vous ai dit la vérité ? » (Ant. Ben.). « Personne ne porta la main sur lui, car son heure n’était pas encore arrivée » (Ant. Magn.).

Nous vivons, toute la journée, dans la Passion intérieure du Christ.

1. Station. — A Saint-Laurent in Damaso. Nous nous réunissons, aujourd’hui encore, dans une église du patron des catéchumènes, saint Laurent. L’Église de station fut construite par le pape saint Damase (366-384) ; dans le chœur, on peut lire son inscription de consécration : « A toi, Christ, je dédie, moi Damase, cet édifice ; j’ai été protégé par le secours du martyr Laurent. » — Le saint pape unit à cette église les archives de l’Église romaine, dont son père s’était occupé. De l’ancienne construction il ne reste rien ; à la place, on a élevé, un peu plus loin, une nouvelle église.

2. La messe (Exaudi Deus). — La messe, dans sa première partie, est entièrement pénétrée par le thème de la Passion ; dans la seconde partie, domine le thème joyeux de Pâques. Ce qu’il y a de remarquable ici, c’est que les chants psalmodiques de l’avant-messe sont mis dans la bouche des catéchumènes et des pénitents ; ceux du Saint-Sacrifice sont mis dans la bouche des fidèles (cela se produit souvent dans les messes de Carême, cf. le troisième dimanche de Carême).

Les lectures de la messe sont consacrées au Patriarche de la semaine ; dans les deux lectures, il est question de Moïse. A l’Introït, nous entendons déjà les plaintes du Messie souffrant. La leçon est une scène saisissante : Le peuple juif est au pied du Sinaï ; Moïse reste quarante jours sur la montagne ; le peuple, las d’attendre, se fait un dieu, le veau d’or (le bœuf Apis), danse autour de lui et offre des sacrifices. Moïse descend de la montagne ; il brise les tables de la loi pour signifier que l’alliance avec Dieu est rompue.

Dieu veut anéantir le peuple. Moïse prie pour son peuple et Dieu se laisse toucher par l’émouvante prière médiatrice de son serviteur. Moïse est ici la figure du Christ. L’humanité est vouée à la mort ; le Christ ne se contente pas de prier, il meurt pour elle. Dans chaque messe, il renouvelle sa prière médiatrice pour nous ; bien plus, il rend actuelle sa mort rédemptrice soufferte à notre place.

L’Évangile nous met en présence d’une phase de l’histoire intérieure de la Passion du Seigneur. Nous sommes à la fête des Tabernacles (environ six mois avant la Passion). Quelques tableaux nous font connaître la situation à Jérusalem. Les pèlerins, répartis par groupes, parlent du Seigneur, mais à voix basse, par crainte des Juifs. Soudain il apparaît lui-même dans le temple et se met à prêcher. Dans les discours de combat, se manifestent la haine des Juifs (les ténèbres) et la divinité de Jésus (la lumière). Les Juifs, qui ont une formation dogmatique, comprennent ses témoignages sur sa divinité : « Je le connais, car je sors de lui et il m’a envoyé » ; ils veulent le saisir, « mais son heure n’était pas encore venue » (thème pascal).

L’Offrande et la Communion sont accompagnées de cantiques d’action de grâces pour la Rédemption et la proximité de Pâques.

3. Méditation de l’Église sur la Passion — L’Église veut aujourd’hui, semble-t-il, nous faire pénétrer dans la Passion intérieure du Christ. Ce n’est pas l’histoire extérieure de la Passion qui doit surtout nous occuper, comme dans l’exercice du chemin de la Croix ; nous devons plutôt regarder dans le Cœur du Seigneur, pour y rechercher les motifs qui l’ont déterminé à souffrir et les sentiments qui l’animaient pendant sa Passion.

C’est surtout dans les sentiments du Christ souffrant qu’il faut entrer ; il faut entretenir en nous une véritable communion avec sa Passion. Ce sont là les sentiments du Christ mystique dans la tête et dans les membres.

La messe d’aujourd’hui nous aide à lire dans l’âme souffrante du Christ. Nous parcourons les quatre psaumes d’où sont tirés les chants psalmodiques et que, dans l’antiquité, on chantait presque toujours en entier. Le psaume 54 est devenu, pour l’Église, un psaume de Passion. Nous mettons ce psaume dans la bouche du Christ : « Je suis attristé dans mon épreuve et je tremble devant les menaces de l’ennemi... Mon cœur tremble au dedans de moi et les terreurs de la mort fondent sur moi… » Le Christ pense à Judas, aux chrétiens pécheurs, il pense à chacun de nous : « Si c’était un ennemi qui m’eût outragé, je l’aurais supporté ; si un adversaire s’élevait contre moi, je me cacherais devant lui. Mais toi, tu étais mon ami et mon confident, tu mangeais avec moi les doux aliments... » — Le Christ voit la grande détresse des âmes ; il voit les dévastations dont elles sont l’objet ; il voit le péché, le monde et le diable s’acharner à leur perte et il récite le psaume 43 (Graduel) : « Tu nous as livrés comme des brebis destinées à la boucherie,... tu as vendu ton peuple à vil prix... Tu nous rends la fable des nations et les peuples hochent la tête à notre sujet. » Ce n’est là qu’un aspect des sentiments du Christ dans sa Passion, nous sommes dans le vestibule du sanctuaire (avant-messe).

Dans le sanctuaire même, nous entendons des accents plus sublimes, nous récitons le psaume 39 à l’Offrande. Saint Paul appelle ce psaume la prière du matin du Christ à son entrée dans le monde, et la liturgie des matines du Vendredi-Saint en fait sa prière du soir sur la Croix. Dans ce psaume, le Christ a mis tous ses sentiments de Victime : « Tu ne désires ni sacrifice ni oblation, mais tu m’as percé les oreilles (tu m’as donné une volonté obéissante). Tu n’as voulu ni holocauste, ni victime propitiatoire, alors j’ai dit : Voici que je viens — c’est de moi qu’il est écrit dans le Livre — pour faire ta volonté. Ô Dieu, je l’accomplis avec joie ; ta loi est les délices de mon cœur. » Qu’il est beau, ce psaume, précisément au moment de l’Offrande !

Nous entrons alors dans le sacrifice du Christ, nous entrons aussi dans les sentiments de victime qui sont ceux du Seigneur ; bien plus, nous nous unissons à son offrande : notre sacrifice devient le sacrifice du Christ, notre offrande est consacrée au moment de la Transsubstantiation. Telle doit être notre voie : passer toute notre journée en union avec les sentiments du Christ dans sa Passion et son sacrifice ; faire de nos propres souffrances une partie du sacrifice du Christ. Enfin le psaume de communion, le psaume 19, est une prière sacerdotale du Seigneur, une prière avant le grand combat sur le Golgotha. — Ces quatre psaumes doivent nous exciter à étudier aussi, dans les autres psaumes, la vie intérieure et souffrante du Christ. Ce qui prouve que nous ne risquons pas de nous tromper en le faisant, c’est la parole du Christ : « Il faut que soit accompli tout ce qui est écrit dans la loi de Moïse, dans les Prophètes et dans les psaumes, à mon sujet » (Luc, XXIV, 44).

4. Le psaume 19 — Prière avant la bataille.

Le psaume est une prière patriotique avant la bataille. Le roi, avant de partir au combat, offre un sacrifice, les prêtres bénissent ses armes et implorent la victoire. Les soldats, dans leur confiance en Dieu, sont assurés de la victoire. — Il est facile de faire l’application du psaume. Notre Roi, c’est le Christ qui nous conduit aux combats de Dieu jusqu’à la fin des temps ; ce n’est pas nous qui sommes vainqueurs, c’est lui qui est vainqueur en nous. Et chaque jour, avant de partir au combat quotidien, nous récitons la prière avant la bataille : « Père, je t’invoque » et, avec notre Roi, nous offrons le sacrifice. Ensuite nous sommes assurés de la victoire, car nous ne combattons pas avec « des chars et des chevaux », mais au nom de Jésus.

Que le Seigneur t’exauce au jour de la détresse,
que le nom du Dieu de Jacob te protège.
Que du sanctuaire il t’envoie du secours,
que de Sion il te soutienne.
Qu’il se souvienne de toutes tes oblations,
et qu’il ait pour agréables tes holocaustes.
Qu’il t’accorde ce que ton cœur souhaite,
qu’il accomplisse tous tes désirs.
Puissions-nous nous réjouir de ta victoire,
et nous glorifier au nom de notre Dieu.
Que le Seigneur accomplisse tous tes vœux.
Déjà je sais que le Seigneur a sauvé son Oint,
il l’exaucera, des cieux, sa sainte demeure,
et sa droite pleine de force
se tient victorieuse à son côté.
D’autres se vantent de leurs chars et de leurs chevaux ;
Nous, nous invoquons le nom du Seigneur notre Dieu.
Eux, ils plient et ils tombent ;
nous, nous nous relevons et nous tenons fermes.

Seigneur, sauve le roi
Et exauce-nous au jour où nous t’invoquons.

[1] Jn. 7, 40.

[2] Jn. 18, 23.

[3] Jn. 10, 32.

[4] Deut. 29, 5.

[5] Deut. 8, 14.

[6] Ex 24, 18