Psaume 40

Psalmus 40 Psaume 40 [1]
Beátus qui intélligit super egénum, et páuperem : * in die mala liberábit eum Dóminus.Heureux celui qui a l’intelligence de l’indigent et du pauvre [2] : * le Seigneur le délivrera au jour mauvais.
Dóminus consérvet eum, et vivíficet eum, et beátum fáciat eum in terra : * et non tradat eum in ánimam inimicórum eius.Que le Seigneur le conserve, et le fasse vivre, et qu’Il le rende heureux sur la terre : * et qu’Il ne le livre pas à l’âme de ses ennemis [3].
Dóminus opem ferat illi super lectum dolóris eius : * univérsum stratum eius versásti in infirmitáte eius.Que le Seigneur lui porte secours sur le lit de sa douleur [4] : * Vous avez retourné toute sa couche dans son infirmité [5].
Ego dixi : Dómine, miserére mei : * sana ánimam meam, quia peccávi tibi.Moi, j’ai dit : Seigneur, ayez pitié de moi : * guérissez mon âme, car j’ai péché contre Vous.
Inimíci mei dixérunt mala mihi : * Quando moriétur, et períbit nomen eius ?Mes ennemis m’ont dit du mal [6] : * Quand mourra-t-il, et quand périra son Nom [7] ?
Et si ingrediebátur ut vidéret, vane loquebátur : * cor eius congregávit iniquitátem sibi.Si l’un d’eux entrait pour me voir, il me tenait de vains discours : * son cœur amassait l’iniquité en lui-même [8].
Egrediebátur foras, * et loquebátur in idípsum.Il sortait dehors, * et parlait de même.
Advérsum me susurrábant omnes inimíci mei : * advérsum me cogitábant mala mihi.Tous mes ennemis ensemble chuchotaient contre moi : * ils tramaient des maux contre moi.
Verbum iníquum constituérunt advérsum me : * Numquid qui dormit non adíciet ut resúrgat ?Ils ont élevé contre moi une parole inique : * Est-ce que celui qui dort ne pourra jamais se lever [9] ?
Etenim homo pacis meæ, in quo sperávi : * qui edébat panes meos, magnificávit super me supplantatiónem.Même l’homme de ma paix [10], en qui je me suis confié : * qui mangeait mes pains, a fait éclater sa trahison contre moi.
Tu autem, Dómine, miserére mei, et resúscita me : * et retríbuam eis.Mais Vous, Seigneur, ayez pitié de moi [11], et ressuscitez-moi [12] : * et je leur rendrai ce qu’ils méritent [13].
In hoc cognóvi quóniam voluísti me : * quóniam non gaudébit inimícus meus super me.J’ai connu que Vous m’avez aimé : * en ce que mon ennemi ne se réjouira point à mon sujet.
Me autem propter innocéntiam suscepísti : * et confirmásti me in conspéctu tuo in ætérnum.Vous m’avez accueilli à cause de mon innocence : * et Vous m’avez affermi pour toujours en votre présence [14].
Benedíctus Dóminus, Deus Israël, a sǽculo et usque in sǽculum : * fiat, fiat.Béni soit le Seigneur, le Dieu d’Israël, dans les siècles des siècles : * Ainsi soit-il, ainsi soit-il [15].
Conclusion du psaume, sauf au temps de la Passion et à l’Office des Défunts :
Glória Patri, et Fílio, * et Spirítui Sancto.Gloire au Père, et au Fils, * et au Saint-Esprit.
Sicut erat in princípio, et nunc, et semper, * et in sǽcula sæculórum. Amen.Comme il était au commencement, et maintenant, et toujours, * et dans les siècles des siècles. Ainsi-soit-il.

[1] Applications liturgiques. Comme prophétie des mystères de la Passion de Notre Seigneur, ce psaume se lit à la fête des Sept-Douleurs en Carême, avec l’antienne prise du v. 6 ; à l’Office des morts, ave l’antienne prise du v. 5. L’âme souffrante proclame heureux celui qui prie pour la soulager, v. 2-4. Enfin elle prie elle-même demandant à Dieu de n’être point livrée à ses ennemis les démons, et. se repose dans la confiance d’être avec Dieu pour toujours. (Le P. Emmanuel).

[2] Ce verset se rapporte selon la lettre à ceux dont la charité est intelligente, industrieuse envers les pauvres ; mais on peut l’appliquer selon le sens spirituel au Sauveur « qui est assisté dans la personne des indigents. »(S, Jérôme). La belle parole de David a été consacrée par Jésus-Christ même, lorsqu’il a mis en tête des béatitudes évangéliques l’estime et l’amour de la pauvreté. Heureux celui qui comprend le pauvre ! Et non seulement le pauvre ordinaire, mais surtout le pauvre par excellence, le divin Pauvre : Heureux celui qui le comprend en lui-même et dans ses représentants. (Saint Augustin).

[3] Ce verset est utilisée dans la liturgie comme répons pour la prière pour le Souverain Pontife régnant.

[4] Dans l’infirmité de la chair, que l’âme soit consolée par le secours du Seigneur. (S. Jérôme).

[5] Le Prophète nous représente le Seigneur, abaissant en quelque sorte la splendeur des cieux pour descendre auprès des malades, et de ces mêmes mains qui portent le monde, les soutenant dans leur défaillance, et préparant et retournant lui-même le lit de leur infirmité. (de Boulogne, sur la Chanté chrétienne).

[6] M’ont dit pour ont dit de moi. (Glaire).

[7] Cela fut dit du Seigneur vivant encore dans une chair mortelle ; lorsqu’il fut glorifié, les membres entendirent le même langage que leur chef, mais le grain de froment qui doit mourir fait surgir une abondante moisson.(Saint Augustin).

[8] Entrant dans le prétoire, ils parlaient selon la méchanceté de leur cœur. Ils se sont amassé un trésor d’iniquité en criant : Que son sang retombe sur nous ! (S. Jérôme).

[9] Voici le sens de ces paroles : Est-ce que celui que des méchants ont injustement opprimé du sommeil de la mort ne ressuscitera pas ? (S. Jérôme) Insensés ! Quand les sacrements coulèrent-ils du flanc du Christ ? Lorsqu’il dormait sur la croix. (S. Augustin).

[10] La trahison de Judas est ici prédite ; il est appelé l’homme de ma paix, parce qu’il a trahi le Christ au moyen d’un baiser qui est le signe de paix ou parce que nulle cause d’inimitié n’existait entre cet apôtre et son maître. En la nuit même où il le livra, il mangea à sa table, non seulement le pain ordinaire mais encore le pain céleste. (Bellarmin).

[11] J.-C. fait à Dieu cette prière en raison de la forme d’esclave qu’il a prise, de la forme de pauvre et d’indigent.

[12] Ce n’est pas qu’il doute de sa résurrection, mais il donne à l’homme l’exemple d’espérer de Dieu seul la miséricorde et la résurrection. (Saint Ambroise).

[13] Le Christ s’adresse à son Père en sa forme de serviteur. Aux Juifs qui l’ont mis à mort pour ne point perdre leur patrie, il a rendu la souffrance, mais comme un avertissement et non pas comme une condamnation. (S. Jérôme).

[14] En récompense de cette innocence avec laquelle le Juste a porté nos péchés et est mort pour les impies, il a été reçu par son Père dans les cieux avec cette chair qu’il a prise. (Saint Jérôme).

[15] [Sainte conclusion du psaume, qui doit être le commencement et la fin de toutes nos journées, de toutes nos années, de toute notre vie, de toutes nos actions, et l’unique occupation de notre éternité. (Péronne). La doxologie, qui forme ce verset est une addition postérieure et indiquant la fin du 1er livre des psaumes.