Les livres pour l’Office peuvent être répartis en quatre catégories :
Les livres de chant
Le Psautier : les livres
Le Psautier est le livre de base pour la célébration de l’Office, c’est le plus ancien livre liturgique.
L’utilisation du Psautier est définie par les différentes règles monastiques ou capitulaires.
On observe au Moyen-Âge la coexistence de deux Psautiers ou plutôt de deux Cursus principaux : le cursus Romain et le cursus bénédictin. Les auteurs font aussi la différence entre les Psautiers bibliques et les Psautiers liturgiques (appelés Psalterium per ferias ou Psalterium feriale).
Une spécialisation des livres donnera naissance aux :
Dans les anciens Psautiers, les Psaumes sont souvent précedés par un titre et par une indication de lecture christologique.
Il faut aussi mentionner l’existence des Orationes psalmicæ ou orationes post psalmos dont on connaît trois séries :
Le Psautier : les versions
Deux versions du texte des Psaumes existent :
Il résulte d’une traduction faite par saint Jérôme pour le pape saint Damase en 383. Il ne fut jamais accepté hors de Rome et fut utilisé à la basilique Saint-Pierre jusqu’à la dernière réforme liturgique.
C’est une autre traduction de saint Jérôme réalisée sur la Septante, il fut adopté partout en dehors de Rome.
Sous Charlemagne, le texte Gallican se répand, il fut rendu officiel par le Bréviaire de saint Pie V.
Le texte du Psautier latin a connu de nouvelles versions ces dernières décennies :
L’Antiphonaire
¡Il ne faut pas confondre l’Antiphonaire de la Messe (ou Graduel) et l’Antiphonaire de l’Office !
Comme pour le Psautier, il faut distinguer l’Antiphonaire Romain de l’Antiphonaire monastique.
Jean Diacre (825-880) attribue l’Antiphonaire à saint Grégoire le Grand.
L’Antiphonaire de l’Office n’acquiert pas sous Charlemagne un statut de livre liturgique officiel. C’est après la mort de Charlemagne que les carolingiens s’occupèrent de légiférer sur l’ordonnance de l’Office, moins importante que celle de la Messe pour l’unification de l’Empire :
Obligation de choisir le cursus Romain ou le cursus monastique.
Réforme d’Hélisachar pour les répons, naissance de deux groupes d’Antiphonaire :
Contristé par l’absence d’unité romaine, Amalaire crée de toute pièce un Antiphonaire sur la tradition messine. Sans lendemain.
Il corrige l’Antiphonaire grégorien en réduisant les pièces non bibliques. Sa corrextion eut beaucoup de succès.
On trouve des indications d’hymnes chantées chez les Pères : Augustin nous dit quelle influence elles eurent sur sa mère [1].
Pour saint Ephrem et saint Ambroise, elles servirent d’instrument catéchétique contre les hérésies. L’influence de saint Ambroise sur l’hymnographie médiévale fut telle que saint Benoît appelle l’hymne Ambrosianum dans sa règle. Saint Ambroise a toujours été retenu comme l’inventeur de l’hymne liturgique en Occident. Les hymnes ne pénétrèrent la liturgie à Rome qu’avec le bréviaire franciscain.
A la fin du VIIIème siècle, un premier Hymnaire franc voit le jour, supplanté rapidement par l’Hymnaire “officiel” de saint Benoît d’Aniane. Le répertoire se diversifie selon les heures et s’enrichit de nombreuses compositions à l’époque carolingienne.
Avant le IXème siècle, l’Hymnaire est souvent jumelé avec un autre livre. Au IXème siècle, l’Hymnaire apparaît comme un livre indépendant.
La diversité des Hymnaires vient du manque d’unité de cette partie de l’Office, tant dans les textes que dans les mélodies.
L’Hymnaire ne survivra pas à l’apparition du Bréviaire. Il ne réapparaît qu’avec la réforme conciliaire (Liber hymnarius, 1983).
Les livres de prière : le Collectaire
Le Collectaire est souvent joint à un Rituel. La forme la plus pure du Collectaire, c’est-à-dire ne contenant que les collectes se trouve au IXème siècle Dès le Xème siècle, il s’enrichit d’autres pièces.
La forme aboutie et parfois complexe du Collectaire composite tend à évoluer vers le bréviaire.
Les livres de lecture
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Les lectures bibliques
Cf. la règle de saint Benoît : lectures de l’Ancien et du Nouveau Testament, de l’Évangile proclamé par l’Abbé [2]...
Plus ancienne description d’un véritable cycle biblique de lecture : Ordo romanus XIV qui semble représenter l’usage de la basilique Saint-Pierre dans la seconde moitié du VIIème siècle
L’Ordo Romanus XIII A fixe les lectures pour le Latran au VIIIème siècle La structure du cycle des lectures au Moyen-Âge est plus ou moins celle décrite par ces deux Ordines.
L’Homéliaire
La lecture patristique est attestée en Occident dès la règle de saint Benoît.
La technique de la Lectio continua ne nécessite ni livre spécial ni liste de passage. Mais au fur et à mesure que se développe l’habitude d’attribuer des lectures précises à certains jours de l’année, la nécessité se fait jour de produire un livre spécial offrant au célébrant un choix de lectures des Pères pour la célébration du jour.
Nous aurions des traces d’Homéliaires ou de Sermonaires de saint Césaire, de saint Fulgence, de saint Maximin. Des chercheurs ont reconstitué l’Homéliaire Romain des VIè et VIIè ss.
Il n’existe pas à proprement parler deux Homéliaires identiques, mais on peut distinguer deux grands groupes ayant pour origine :
Issu de la tradition de Saint-Pierre de Rome.
Commandé par Charlemagne entre 786 et 792. Cet Homéliaire “officiel” se répandit dans tout l’Empire. Il demeurera la base des lectures patristiques de l’office jusqu’à Vatican II.
Il comprend 244 sections réparties selon l’année liturgique telle qu’elle se trouve dans le Grégorien.
Il innove en deux points :
Les homéliaires sont en général divisés selon le plan suivant :
Les lectures hagiographiques
On lit à l’Office les Actes ou Passion des martyrs et la vie des saints. Ce sont surtout les liturgies non romaines qui les développèrent (cf. le Passionaire hispanique de l’abbaye de Silos). Rome y demeure hostile jusqu’au IXème siècle. Dans la seconde partie du Moyen-Âge, ces lectures prédominent.
La distinction entre Passionaire et Légendier n’est pas stricte. Souvent ces lectures hagiographiques sont incorporées à l’Homéliaire.
Le Lectionnaire de l’Office
Apparus au Xème siècle, les Lectionnaires de l’Office disparaissent à partir du XIIème siècle au profit des Bréviaires.
Certains ont servis de noyaux pour la formation du Bréviaire.
Les livres pour prime
Le Capitulaire
La partie de l’office de prime que l’on pourrait appeler office des lectures a donné naissance à un livre particulier : le livre du chapitre ou Capitulaire. Les plus anciens manuscrits complets remontent au IXème siècle (Martyrologe d’Usuard, vers 858).
Il est le plus souvent désigné par le nom d’une de ses parties : Martyrologium, Regula...
Le Martyrologe
Cf. le Chapitre suivant.
Le Nécrologe et l’Obituaire
Il est parallèle aux Libri memorialis carolingiens qui sont utilisés à la messe et qui classent les défunts selon leur appartenance aux communautés religieuses, leur lignage... mais à leur différence, le Nécrologe, comme le Martyrologe, suit le calendrier romain.
L’Obituaire apparaît au XIIIème siècle, il est parallèle au Nécrologe mais, servant de calendrier pour les intentions de messe, il fait aussi mention des fondations.
La formation d’un livre unique pour l’Office était devenue nécessaire vue la multiplication des livres utilisés dans la célébration de la prière des heures.
Regard général
On peut considérer trois grandes étapes pour la formation du Bréviaire :
Avant le XIème siècle, comme pour d’autres livres liturgiques (Missel, Lectionnaire) apparaissent des livres juxtaposés pour faciliter la célébration de l’Office : Psautier-Hymnaire-Antiphonaire...
Ces premiers Bréviaires “fusionnés” apparaissent au XI ème siècle, avec chacun des différents éléments de l’Office inséré à sa place selon le déroulement de la célébration.
Pour diminuer la taille des livres, on abrège l’Office qui se différencie alors entre Office de chœur, avec les lectures longues, et Office “mobile”, avec des lectures abrégées.
Les Bréviaires sont divisés en deux parties : hiver-été.
Diffusé par les Franciscains, il acquiert un caractère officiel.
Terminologie
Le terme Breviarium dénote bien la tendance à abréger qui se fit jour lors de la compilation des livres de l’Office.
On peut aussi trouver les termes :
Le Bréviaire de la Curie Romaine
La Curie utilisait une compilation propre à l’usage du pape et de ses prélats.
Innocent III (1198-1216) réforme l’Office curial et réorganise le Bréviaire, on assiste à une nouvelle fusion de l’Office du Latran. Il faut noter que le pape ne veut alors qu’une réforme à caractère interne.
Par un concours de circonstances tout à fait inattendu, cette réforme locale va devenir universelle. L’Ordre des Mineurs, par sa nouveauté (mission, désir d’unité des frères dans la célébration de l’Office), et par l’affection de saint François envers le Saint-Père, demande à utiliser le Bréviaire de la Curie avec le psautier gallican.
Les Mineurs adoptent donc le Bréviaire : cf. les manuscrits d’Assise, les Bréviaires de saint François et de sainte Claire.
Le Bréviaire romano-franciscain
Sous la direction d’Innocent III et de son successeur, le Bréviaire Romain adopté par les Franciscains subit des modification, donnant naissance au Bréviaire Romano-Franciscain.
Ce Bréviaire conquiert Rome. Nicolas III le fait adopter à Rome à la place de l’ancien Office curial. Il connaît aussi une diffusion rapide due à l’expansion de l’Ordre franciscain.
Le développement des universités (les cours empêchant les étudiants d’assister aux offices) permit aussi l’adoption rapide du livre.
Le Bréviaire avant le Concile de Trente : XIV-XVè ss.
Période de décadence
Mais le Bréviaire Romano-Franciscain ne devient quand même pas universel, le Grand Schisme d’Occident, les divers événements de l’époque entraînent une période de décadence. Il existe encore de nombreux Bréviaires locaux ou particuliers.
Le mouvement humanistique montre un mépris croissant envers le latin “barbare” des textes liturgiques de l’époque. Il est vrai que l’anarchie liturgique a permis à des textes de basse valeur, à des éléments profanes d’entrer dans le corps de l’Office.
Tentatives de réforme
L’état du Bréviaire amène différentes tentatives de réforme :
Le Bréviaire de Sainte-Croix ou de Quiñonez
Clément VII charge le cardinal de Sainte-Croix, Quiñonez, d’un projet de réforme. Les désirs de Quiñonez sont de redonner aux heures leur place véritable et de réduire un Office devenu trop pesant.
Ses travaux durent de 1529 à 1534 et en 1535 son Bréviaire est publié avec un bref de Paul III permettant la récitation privée de l’Office avec le Bréviaire de Quiñonez pour les prêtres séculiers qui le demanderaient au Saint-Siège.
En effet, le Bréviaire de Quiñonez est un Bréviaire pour la récitation privée : les éléments provenant de la récitation publique ont disparu, la distribution des psaumes est différente ainsi que la répartion des lectures.
Ce Bréviaire connu un grand succès de 1536 à 1578, plus de 100 éditions jusqu’à ce que Paul IV en interdise l’impression. De nombreuses voix s’étaient élevées contre le Bréviaire de Quiñonez car il était considéré comme trop révolutionnaire.
Paul IV , alors évêque de Rieti, avait travaillé sur un autre projet de réforme en même temps que Quiñonez pour la congrégation des Théatins selon des critères plus conservateurs. Il meurt en 1559 avant que son projet de réforme n’aboutisse.
Le Bréviaire de saint Pie V et ses corrections ultérieures
Lors de la troisième session du Concile de Trente, en 1563, on traite du Bréviaire, différentes propositions furent faites, une commission nommée. Mais les Pères chargèrent le Saint-Siège d’établir la réforme.
Pie IV meurt en 1564, saint Pie V confirme la commission en y ajoutant des membres.
Les critères suivis furent différents de ceux de Quiñonez : il ne fallait rien enlever d’essentiel, il ne fallait pas faire un nouveau Bréviaire mais retourner à une forme plus primitive et donc satisfaisante.
Le nouveau Breviarium Romanum fut publié en 1568 et rendu obligatoire.
Lors de sa promulgation, il ne contenait que 138 fêtes de saints, mais les ans en ajoutèrent. Sous benoît XIV, il y en a 228. La tentative de réforme de ce pape avorta.
Vatican I avait pour but une réforme du Bréviaire, mais ses travaux furent suspendus.
La réforme de saint Pie X en 1911
Saint Pie X érigea une commission avec deux objectifs :
Sa réforme entraîna une nouvelle distribution du Psautier liturgique avec une allégement du nombre de psaumes, surtout à matines et créa les “offices mixtes”, c’est-à-dire mêlant et le Sanctoral et le psautier férial.
Les réformes de Pie XII et de Jean XXIII
Pie XII simplifia les rubriques et fit des tentatives de réformes se concentrant sur le rapport Sanctoral / férie.
Jean XXIII promulga en 1960 le nouveau Codex rubricarum Breviarii Romani , allégeant les matines en réduisant les lectures hagiographiques et en simplifiant les rubriques.
La Constitution conciliaire : §§ 83-101
Sacrosanctum Concilium suit les réformes des papes précédents, en suivant quatre principes :
§ 90 : In instauratione vero peragenda, venerabilis ille romani Officii sæcularis thesaurus ita aptetur, ut latius et facilius eo frui possint omnes quibus traditur.
§ 88 : ratio habeatur vitæ hodiernæ condicionum in quibus versantur præsertim ii qui operibus apostolicis incumbunt.
Liturgia Horarum
L’édition de Liturgia Horarum est à la fois révolutionnaire et réaliste.
Constitution apostolique Laudis canticum de Paul VI en 1970.
1ère édition de Liturgia Horarum en 1971, seconde en 1985, principalement due à l’introduction générale de la Néo-Vulgate.