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Commun d’un Martyr hors du Temps Pascal I : Státuit ei

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Dom Pius Parsch, Le guide dans l’année liturgique :

La messe réunit deux pensées : la dignité sacerdotale qui est un reflet du souverain sacerdoce du Christ (Allel.), et la dignité du martyre. Quand le prêtre monte à l’autel, nous avons l’idée de ce qu’est notre martyr pontife. En lui le saint nous est actuellement présent. C’est pourquoi, à la vue du prêtre, l’Introït dit de lui : “Le Seigneur lui a remis le testament de paix”, c’est-à-dire les trésors de l’Église ; c’est un prince dans le royaume de Dieu ; sa dignité sacerdotale est une dignité éternelle parce qu’elle est précisément celle de Jésus-Christ. Maintenant l’Église chante le psaume 131 ; le psaume entier motive ce choix : David est l’élu de Dieu et la figure de l’évêque consacré ; le psaume rappelle deux serments réciproques : David fait le serment de bâtir un temple à Dieu, Dieu fait à David le serment de conserver son trône royal à ses successeurs. David est ici la figure de notre saint évêque qui a servi l’Église avec fidélité et a même versé son sang pour elle. Nous évoquons maintenant ses mérites : “Souvenez-vous, Seigneur, de David et de sa soumission.” L’oraison est très suggestive : dans notre faiblesse qui nous jette à terre, nous nous tournons vers notre saint martyr pontife pour implorer son intercession.

Dans l’Epître ou Leçon, tantôt c’est le saint du jour qui nous parle, tantôt c’est l’Église qui nous parle de lui. Voici un exemple de ce dernier cas. Saint Jacques le Mineur, qui fut lui-même un vénérable évêque (le premier de Jérusalem) et en même temps un martyr, inspire à l’Église les paroles suivantes : Bienheureux martyr, qui as subi l’épreuve. Ainsi le martyre est l’épreuve que Dieu fait subir (l’épreuve de maturité). La récompense en est “la couronne (de paix) de la vie éternelle que Dieu a promise à ceux qui l’aiment”. C’est la béatitude éternelle. Aujourd’hui, au jour de sa mort, le martyr a reçu cette couronne des mains de son divin Roi ; dans l’Eucharistie, nous pouvons participer à cette gloire. Le reste de l’Epître n’a pas de rapport avec les pensées de la fête ; sauf peut-être la fin : Cette récompense éternelle est “le don excellent, parfait, qui vient d’en-haut, du Père des lumières”. Tant il est vrai que Dieu aime ses enfants, les prémices de sa création, parmi lesquels nous pouvons aussi nous compter.

Dans le Graduel, Dieu ou le Christ parle : “J’ai trouvé en David mon serviteur.” Encore l’image de David ; David est la figure des élus. Comme lui, l’évêque a reçu l’onction de l’huile sainte ; dans toutes ses actions la main de Dieu l’aide, le bras de Dieu est sa force. (Nous pourrions peut-être nous inspirer ici de l’image connue : Le Christ et Pierre marchent la main dans la main vers la barque). Contre une pareille union défensive et offensive l’esprit mauvais ne peut rien. C’est sur cette parole de Dieu que nous fondons notre confiance en notre saint évêque.

Le chant de l’Alleluia annonce l’arrivée du Roi. Celui-ci paraît aujourd’hui comme prêtre ; nous le saluons par les paroles du psaume 109 : “Tu es prêtre pour l’éternité selon l’ordre de Melchisédech !” Le Christ est bien le prêtre eucharistique éternel : son sacerdoce se perpétue dans notre saint évêque et aussi dans le prêtre qui célèbre. Maintenant, à l’Evangile, le Divin Prêtre se tient devant nous ; il a à côté de lui le saint qu’il nous montre sans cesse ; il nous adresse un grave avertissement : Nous ne pouvons être les disciples du Christ que si “nous haïssons père, mère, femme, enfants, frères, sœurs, et même notre propre vie” ; tout ce qui plaît à la nature doit être sacrifié si Dieu l’exige ; bien plus, la croix de la vie doit être portée avec patience et résignation à la suite du Maître portant lui-même la sienne. C’est de la sorte le martyre du sang qui est désigné. Le Christ, roi des martyrs, a le droit de nous parler ainsi, car en toutes choses il nous a tracé le chemin ; il peut aussi parler en ces termes de notre martyr. Si nous ne comprenons pas les mots “haine” et “portement de croix”, nous en trouvons le sens dans la vie du Christ et dans celles des saints. Il s’agit de construire une tour, le royaume de Dieu, dans notre âme ; il s’agit de combattre contre un adversaire puissant. Il nous reste encore à placer le couronnement de la tour, à conquérir la couronne de paix. Le saint a terminé l’œuvre.

A l’Offertoire, Dieu ou le Christ nous parle encore de notre martyr : Deux anges l’accompagnent à travers la vie, la fidélité et la miséricorde. La fidélité a accompli toutes les promesses, la miséricorde a prodigué les grâces de la rédemption ; ainsi est arrivé le jour de sa mort qui “a élevé sa corne au nom de Dieu”. Une dernière fois encore, à la Communion, Dieu nous parle de son saint, toujours sous l’image de David : Dieu avait juré à David que ses successeurs demeureraient à jamais assis sur le trône. Ce trône serait brillant comme le soleil et comme la lune. Ce serment a été réalisé d’abord dans le Christ ; et tous les siens, en premier lieu les martyrs, participent à son éternelle royauté. La Sainte Eucharistie nous en donne le gage et l’assurance.

I
I
Pro Martyre Pontifice

Pour un Martyr Évêque

Ant. ad Introitum. Eccli. 45, 30. Introït
Státuit ei Dóminus testaméntum pacis, et príncipem fecit eum : ut sit illi sacerdótii dígnitas in ætérnum.Le Seigneur fit avec lui une alliance de paix et l’établit prince, afin que la dignité sacerdotale lui appartînt toujours.
Ps. 131, 1.
Meménto, Dómine, David : et omnis mansuetúdinis eius.Souvenez-vous, Seigneur, de David et de toute sa douceur.
V/.Glória Patri.
Oratio.Collecte
Infirmitátem nostram réspice, omnípotens Deus : et, quia pondus própriæ actiónis gravat, beáti N. Martyris tui atque Pontíficis intercéssio gloriósa nos prótegat. Per Dóminum.Dieu tout-puissant, regardez notre faiblesse ; et parce que le poids de nos péchés nous accable, fortifiez-nous par la glorieuse intercession du bienheureux N., votre Martyr et Pontife.
Léctio Epístolæ beáti Iacóbi Apóstoli.Lecture de l’Épître de saint Jacques Apôtre.
Iac. 1, 12-18.
Caríssimi : Beátus vir, qui suffert tentatiónem : quóniam, cum probátus fúerit, accípiet corónam vitæ, quam repromísit Deus diligéntibus se. Nemo, cum tentátur, dicat, quóniam a Deo tentátur : Deus enim intentátor malórum est : ipse autem néminem tentat. Unusquísque vero tentátur a concupiscéntia sua abstráctus et illéctus. Deinde Concupiscéntia cum concéperit, parit peccátum : peccátum vero cum consummátum fúerit, génerat mortem. Nolíte itaque erráre, fratres mei dilectíssimi. Omne datum óptimum et omne donum perféctum desúrsum est, descéndens a Patre lúminum, apud quem non est transmutátio nec vicissitúdinis obumbrátio. Voluntárie enim génuit nos verbo veritátis, ut simus inítium aliquod creatúræ eius.Mes bien-aimés, heureux l’homme qui souffre patiemment l’épreuve, car, lorsqu’il aura été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l’aiment. Que nul, lorsqu’il est tenté, ne dise que c’est Dieu qui le tente ; car Dieu ne tente pas pour le mal, et il ne tente lui-même personne. Mais chacun est tenté par sa propre concupiscence, qui l’emporte et le séduit. Ensuite, lorsque la concupiscence a conçu, elle enfante le péché ; et le péché, étant consommé, engendre la mort. Ne vous y trompez pas, mes frères bien-aimés. Toute grâce excellente et tout don parfait vient d’en haut, et descend du Père des lumières, chez qui il n’y a pas de variation, ni d’ombre, ni de changement. De sa propre volonté il nous a engendrés par la parole de vérité, afin que nous soyons comme les prémices de ses créatures.
Graduale. Ps. 88, 21-23.Graduel
Invéni David servum meum, óleo sancto meo unxi eum : manus enim mea auxiliábitur ei, et bráchium meum confortábit eum. J’ai trouvé David mon serviteur, je l’ai oint de mon huile sainte ; car ma main l’assistera et mon bras le fortifiera.
V/. Nihil profíciet inimícus in eo, et fílius iniquitátis non nocébit ei.V/. L’ennemi n’aura jamais l’avantage sur lui et le fils d’iniquité ne pourra lui nuire.
Allelúia, allelúia. V/. Ps. 109, 4. Tu es sacérdos in ætérnum, secúndum órdinem Melchísedech. Allelúia.Allelúia, allelúia. V/. Vous êtes prêtre à jamais selon l’ordre de Melchisédech. Alléluia.
Post Septuagesimam, ommissis Allelúia et versu sequenti, diciturAprès la Septuagésime, on omet l’Alléluia et son verset et on dit :
Tractus. Ps. 20, 3-4.
Desidérium ánimæ eius tribuísti ei : et voluntáte labiórum eius non fraudásti eum.Vous lui avez accordé le désir de son cœur, et vous ne l’avez point frustré de la demande de ses lèvres.
V/. Quóniam prævenísti eum in benedictiónibus dulcédinis.V/. Car vous l’avez prévenu des plus douces bénédictions.
V/. Posuísti in cápite eius corónam de lápide pretióso.V/. Vous avez mis sur sa tête une couronne de pierres précieuses.
+ Sequéntia sancti Evangélii secúndum Lucam.Lecture du Saint Evangile selon saint Luc.
Luc. 14, 26-33.
In illo témpore : Dixit Iesus turbis : Si quis venit ad me, et non odit patrem suum, et matrem, et uxórem, et fílios, et fratres, et soróres, adhuc autem et ánimam suam, non potest meus esse discípulus. Et qui non báiulat crucem suam, et venit post me, non potest meus esse discípulus. Quis enim ex vobis volens turrim ædificáre, non prius sedens cómputat sumptus, qui necessárii sunt, si hábeat ad perficiéndum ; ne, posteáquam posúerit fundaméntum, et non potúerit perfícere, omnes, qui vident, incípiant illúdere ei, dicéntes : Quia hic homo coepit ædificáre, et non pótuit consummáre ? Aut quis rex iturus commíttere bellum advérsus álium regem, non sedens prius cógitat, si possit cum decem mílibus occúrrere ei, qui cum vigínti mílibus venit ad se ? Alióquin, adhuc illo longe agénte, legatiónem mittens, rogat ea, quæ pacis sunt. Sic ergo omnis ex vobis, qui non renúntiat ómnibus, quæ póssidet, non potest meus esse discípulus.En ce temps-là, Jésus dit à la foule : Si quelqu’un vient à moi, et ne hait pas son père, et sa mère, et sa femme, et ses enfants, et ses frères, et ses sœurs, et même sa propre vie, il ne peut être mon disciple. Et celui qui ne porte pas sa croix, et ne me suit pas, ne peut être mon disciple. Car quel est celui de vous qui, voulant bâtir une tour, ne s’assied d’abord, et ne suppute les dépenses qui sont nécessaires, afin de voir s’il aura de quoi l’achever ; de peur qu’après avoir posé les fondements, il ne puisse l’achever, et que tous ceux qui verront cela ne se mettent à se moquer de lui, en disant : Cet homme a commencé à bâtir, et il n’a pu achever ? Ou quel roi, sur le point de faire la guerre à un autre roi, ne s’assied d’abord, afin d’examiner s’il pourra, avec dix mille hommes, marcher contre celui qui s’avance sur lui avec vingt mille ? Autrement, tandis que l’autre roi est encore loin, il lui envoie une ambassade, et lui fait des propositions de paix. Ainsi donc, quiconque d’entre vous ne renonce pas à tout ce qu’il possède ne peut être mon disciple.
Ant. ad Offertorium. Ps. 88, 25.Offertoire
Véritas mea et misericórdia mea cum ipso : et in nómine meo exaltábitur cornu eius.Ma vérité et ma miséricorde seront avec lui et par mon nom s’élèvera sa puissance.
Secreta.Secrète
Hóstias tibi, Dómine, beáti N. Mártyris tui atque Pontíficis dicátas méritis, benígnus assúme : et ad perpétuum nobis tríbue proveníre subsídium. Per Dóminum.Seigneur, acceptez dans votre bonté ces hosties qui vous sont offertes en mémoire des mérites du bienheureux N. votre Martyr et Pontife ; et faites qu’elles nous obtiennent une continuelle assistance.
Ant. ad Communionem. Ps. 88, 36 et 37-38.Communion
Semel iurávi in sancto meo : Semen eius in ætérnum manébit : et sedes eius sicut sol in conspéctu meo, et sicut luna perfécta in ætérnum, et testis in cælo fidélis.Je l’ai juré une fois par ma sainteté, sa race demeurera éternellement et son trône sera comme le soleil en ma présence ; et comme la lune qui subsistera à jamais, et le témoin qui est au ciel est fidèle.
Postcommunio.Postcommunion
Refécti participatióne múneris sacri, quǽsumus, Dómine, Deus noster : ut, cuius exséquimur cultum, intercedénte beáto N. Mártyre tuo atque Pontífice, sentiámus efféctum. Per Dóminum.Rassasiés par la participation à ce don sacré, nous vous supplions, Seigneur notre Dieu, par l’intercession du bienheureux N., votre Martyr et Pontife, de nous faire ressentir l’effet du sacrifice que nous célébrons.