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Vendredi dans l’Octave de l’Ascension (avant 1955)

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Sommaire

  Textes de la Messe  
  Office  
  Dom Guéranger, l’Année Liturgique  
  Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum  
  Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique  

En 1955, le Décret de simplification des rubriques a supprimé l’Octave de l’Ascension. Les jours dans l’octave sont devenus des féries du Temps pascal, où l’on reprend la Messe de l’Ascension sans Credo ni Communicántes propre. Au bréviaire, l’Office est réduit à la lecture de l’Écriture occurrente (ancien premier nocturne des Matines), la psalmodie est celle du jour de la semaine et non plus celle du Jour de l’Ascension.

Le Code des Rubriques de 1960 a entériné cet état de fait.

L’Octave de l’Ascension était du même degré que celui de Noël, c’est à dire de IIIème ordre [1] : il acceptait les fêtes de saints de rite double. Dom Pius Parsch regrettait déjà cet état de fait : « On doit alors prendre la messe et l’office de cette fête (de saint). Cela est d’autant plus regrettable que l’office de l’Octave est très beau. Il est peu de fêtes qui contiennent d’aussi belles lectures des Pères. » [2] : Qu’aurait-il dit devant la suppression complète de l’Octave ? Par une sorte de contamination liturgique, le vendredi après l’Octave, coincé entre le jour Octave et la Vigile de la Pentecôte se vit affecté l’Office de l’Octave avec aussi deux lecture patristiques. De fait, du Jour de l’Ascension au vendredi après l’Octave, la liturgie offrait une neuvaine préparatoire à la Pentecôte.

Nous donnerons donc ici l’Office des Matines avec les deux lectures patristiques propres à chaque jour, et les commentaires habituels.

Le 1er nocturne des Matines était consacré (sauf le jour de la fête : récit de l’Ascension dans les Actes des Apôtres et le jour octave de l’Ascension, où les lectures de St Paul aux Éphésiens ont un rapport direct avec la fête) à la lecture continue de l’Écriture comme il convient en temps de férie (vendredi et samedi, la 2nde Épître de St Pierre ; du dimanche au mardi, la 1ère Épître de St Jean, le mercredi la 2nde, le vendredi après l’Octave, la 3ème, enfin la Vigile de Pentecôte, l’Épître catholique de St Jude.

Le 2nd nocturne donnait des lectures patristiques de :
- St Léon le Grand :
— 1er Sermon sur l’Ascension (Jeudi de l’Ascension)
— 2nd Sermon sur l’Ascension (Vendredi et Samedi de l’Ascension)
- St Augustin :
— 2nd Sermon sur l’Ascension (Dimanche dans l’Octave)
— 3ème sermon sur l’Ascension (Jour Octave et Vendredi après l’Octave)
- St Jean Chrysostome : Sermon de l’Ascension, tome 3 (Lundi de l’Ascension)
- St Maximin de Turin : 2ème sermon de la Pentecôte [3] (Mardi de l’Ascension)
- St Grégoire de Nysse (Mercredi de l’Ascension)

Le 3ème nocturne concerne bien sûr (sauf le Dimanche qui a son Évangile propre) l’Évangile du jour de la fête (Marc. 16, 14-20) et son commentaire : c’est, pendant tout l’Octave, la célèbre homélie 29 de St Grégoire le Grand, prononcée à Saint-Pierre le jour de l’Ascension 24 mai 591 qui est lue. Le Dimanche dans l’Octave (et le Vendredi après l’Octave, où l’on reprend le même Évangile), pour commenter l’Évangile de saint Jean, le bréviaire fait appel à St Augustin et son Traité 92 sur St Jean.

Textes de la Messe

La Messe est celle du jour de la Fête.

Office

A MATINES

Invitatorium Invitatoire
Allelúia, Christum Dóminum ascendéntem in cælum, * Veníte adorémus, allelúia.Alléluia, le Christ Seigneur montant au ciel, * Venez, adorons-le, alléluia.
Psaume 94 (Invitatoire)
Hymne
Æterne Rex altíssime (matines de l’Ascension)
In I NocturnoAu 1er Nocturne
Ant. 1 Eleváta est * magnificéntia tua super cælos, Deus, allelúia.Ant. 1 Elle est élevée, * votre magnificence, ô Dieu, au dessus des cieux [4], alléluia.
Psaume 8
Ant. 2 Dóminus in templo * sancto suo, Dóminus in cælo, allelúia.Ant. 2 Le Seigneur est * dans son temple saint, le Seigneur est dans le ciel [5], alléluia.
Psaume 10
Ant. 3 A summo cælo * egréssio eius, et occúrsus eius usque ad summum eius, allelúia.Ant. 3 A l’extrémité du ciel * est sa sortie : et le terme de sa course à son extrémité [6], alléluia.
Psaume 18
V/. Ascéndit Deus in iubilatióne, allelúia.V/. Dieu est monté au milieu des acclamations de joie [7], alléluia.
R/. Et Dóminus in voce tubæ, allelúia.R/. Et le Seigneur, au son de la trompette, alléluia.
Lectio i1ère leçon
Incipit Epístola secúnda beáti Petri Apóstoli.Commencement de la seconde Epître du bienheureux Apôtre Pierre.
Cap. 1, 1-4.
Simon Petrus, servus et Apóstolus Iesu Christi, iis, qui coæquálem nobíscum sortíti sunt fidem in iustítia Dei nostri et Salvatóris Iesu Christi. Grátia vobis et pax adimpleátur in cognitióne Dei, et Christi Iesu Dómini nostri, quómodo ómnia nobis divínæ virtútis suæ, quæ ad vitam et pietátem donáta sunt per cognitiónem eius, qui vocávit nos própria glória et virtúte, per quem máxima et pretiósa nobis promíssa donávit, ut per hæc efficiámini divínæ consórtes natúræ, fugiéntes eius, quæ in mundo est, concupiscéntiæ corruptiónem.Simon Pierre, serviteur et Apôtre de Jésus-Christ, à ceux qui ont reçu en partage la même foi que nous, par la justice de notre Dieu et Sauveur Jésus-Christ. Que la grâce et la paix abondent en vous par la connaissance de Dieu et du Christ Jésus notre Seigneur. Comme tout ce qui est de sa divine puissance par rapport à la vie et à la piété, nous a été donné par la connaissance de celui qui nous a appelés par sa propre gloire et sa propre vertu, et par qui il a accompli les grandes et précieuses promesses, afin que par elles nous devinssions participants de la nature divine, en fuyant la corruption de la concupiscence qui est dans le monde.
R/. Post passiónem suam per dies quadragínta appárens eis, et loquens de regno Dei, allelúia : * Et, vidéntibus illis, elevátus est, allelúia : et nubes suscépit eum ab óculis eórum, allelúia.R/. Après sa passion il leur apparut pendant quarante jours, leur parlant du royaume de Dieu [8], alléluia : * Puis, eux le voyant, il s’éleva, alléluia, et une nuée le déroba à leurs yeux [9], alléluia.
V/. Et convéscens præcépit eis, ab Ierosólymis ne discéderent, sed exspectárent promissiónem Patris.V/. Mangeant avec eux, il leur commanda de ne pas s’éloigner de Jérusalem, mais d’attendre la promesse du Père [10].
* Et, vidéntibus illis, elevátus est, allelúia : et nubes suscépit eum ab óculis eórum, allelúia. * Puis, eux le voyant, il s’éleva, alléluia, et une nuée le déroba à leurs yeux, alléluia.
Lectio ii2e leçon
Cap. 1, 5-9.
Vos autem curam omnem subinferéntes ministráte in fide vestra virtútem, in virtúte autem sciéntiam, in sciéntia autem abstinéntiam, in abstinéntia autem patiéntiam, in patiéntia autem pietátem, in pietáte autem amórem fraternitátis, in amóre autem fraternitátis caritátem. Hæc enim, si vobíscum adsint et súperent, non vácuos nec sine fructu vos constítuent in Dómini nostri Iesu Christi cognitióne ; cui enim non præsto sunt hæc, cæcus est et manu tentans, obliviónem accípiens purgatiónis véterum suórum delictórum.Apportez aussi tous vos soins pour joindre à votre foi la vertu ; à la vertu, la science ; à la science, la tempérance ; à la tempérance, la patience ; à la patience, la piété ; à la piété, l’amour de vos frères, la charité. Car si ces choses sont en vous et y dominent, elles feront que vous ne serez pas dépourvus et sans fruit dans la connaissance de notre Seigneur Jésus-Christ. Mais celui en qui elles ne se trouvent pas, est aveugle et marche à tâtons, oubliant qu’il a été purifié de ses anciens péchés.
R/. Omnis pulchritúdo Dómini exaltáta est super sídera : * Spécies eius in núbibus cæli, et nomen eius in ætérnum pérmanet, allelúia.R/. Toute la beauté du Seigneur a été exaltée au-dessus des astres [11] : * Son rayonnement est dans les nuées du ciel, et son nom demeure éternellement [12], alléluia.
V/. A summo cælo egréssio eius, et occúrsus eius usque ad summum eius.V/. A l’extrémité du ciel est sa sortie, et le terme de sa course à son extrémité [13].
* Spécies eius in núbibus cæli, et nomen eius in ætérnum pérmanet, allelúia. * Son rayonnement est dans les nuées du ciel, et son nom demeure éternellement, alléluia.
Lectio iii3e leçon
Cap. 1, 10-15.
Quaprópter, fratres, magis satágite, ut per bona ópera certam vestram vocatiónem et electiónem faciátis : hæc enim faciéntes, non peccábitis aliquándo. Sic enim abundánter ministrábitur vobis intróitus in ætérnum regnum Dómini nostri et Salvatóris Iesu Christi. Propter quod incípiam vos semper commonére de his : et quidem sciéntes et confirmátos in præsénti veritáte. Iustum autem árbitror quámdiu sum in hoc tabernáculo, suscitáre vos in commonitióne : certus quod velox est deposítio tabernáculi mei secúndum quod et Dóminus noster Iesus Christus significávit mihi. Dabo autem óperam, et frequénter habére vos post óbitum meum, ut horum memóriam faciátis.C’est pourquoi, mes frères, appliquez-vous davantage à rendre certaines par vos bonnes œuvres votre vocation et votre élection ; car agissant ainsi vous ne pécherez jamais. Et par ce moyen, vous sera largement donnée l’entrée au royaume éternel de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ. C’est pourquoi j’aurai soin de vous avertir toujours de ces choses, bien que vous les sachiez, et soyez confirmés dans la vérité dont je vous parle présentement ; car je crois qu’il est juste que pendant que je suis dans cette tente je vous ranime par cet avertissement ; certain que bientôt se fera l’enlèvement de ma tente, comme notre Seigneur Jésus-Christ me l’a signifié. Mais j’aurai soin que vous puissiez souvent, même après ma mort, vous rappeler le souvenir de ces choses.
R/. Exaltáre, Dómine, allelúia, * In virtúte tua, allelúia.R/. Élevez-vous, Seigneur [14], alléluia, * Dans votre puissance, alléluia.
V/. Eleváta est, magnificéntia tua super cælos, Deus.V/. Dieu, votre magnificence est élevée au-dessus des cieux [15].
* In virtúte tua, allelúia. Glória Patri. * In virtúte tua, allelúia.* Dans votre puissance, alléluia. Gloire au Père. * Dans votre puissance, alléluia.
In II NocturnoAu 2nd Nocturne
Ant. 4 Exaltáre, Dómine, * in virtúte tua : cantábimus et psallémus, allelúia.Ant. 4 Élevez-vous, Seigneur, * dans votre puissance : nous chanterons et nous psalmodierons [16], alléluia.
Psaume 20
Ant. 5 Exaltábo te, * Dómine, quóniam suscepísti me, allelúia.Ant. 5 Je vous exalterai, * Seigneur, parce que vous m’avez relevé [17], alléluia.
Psaume 29
Ant. 6 Ascéndit Deus * in iubilatióne, et Dóminus in voce tubæ, allelúia.Ant. 6 Dieu est monté * au milieu des acclamations de joie, et le Seigneur, au son de la trompette [18], alléluia.
Psaume 46
V/. Ascéndens Christus in altum, allelúia.V/. Le Christ montant au ciel [19], alléluia.
R/. Captívam duxit captivitátem, allelúia.R/. A emmené captive la captivité [20], alléluia.
Lectio iv4e leçon
Sermo sancti Leónis Papæ.Sermon de saint Léon, Pape.
Sermo 2 de Ascensione Domini.
Sacraméntum, dilectíssimi, salútis nostræ, quam prétio sánguinis sui universitátis Cónditor æstimávit, a die corporális ortus usque ad éxitum passiónis, per dispensatiónem humilitátis implétum est. Et licet multa, étiam in forma servi, divinitátis signa radiáverint ; próprie tamen illíus témporis áctio ad demonstrándam suscépti hóminis pertínuit veritátem. Post passiónem vero ruptis mortis vínculis, quæ vim suam in eum, qui peccáti erat néscius, incedéndo perdíderat ; infírmitas in virtútem, mortálitas in immortalitátem, contumélia transívit in glóriam : quam Dóminus Iesus Christus in multis manifestísque documéntis, multórum declarávit aspéctibus, donec triúmphum victóriæ, quem reportárat a mórtuis, inférret et cælis.Le mystère de notre salut, que le Créateur de l’univers a estimé au prix de son sang, il l’a accompli, depuis le jour de sa naissance corporelle jusqu’au terme de sa passion par une humilité continuelle. Et bien que, même dans sa forme d’esclave, ait rayonné l’éclat de sa divinité, sa vie de ce temps a eu pour but de nous prouver qu’il avait vraiment pris la nature humaine. Après sa passion il brisa les liens de la mort qui avait perdu toute sa puissance en s’emparant de celui qui ignorait le péché ; la faiblesse se changea en puissance, la mortalité en immortalité, les affronts en gloire ; et c’est cette gloire que le Seigneur Jésus-Christ a manifestée aux yeux d’un grand nombre par des preuves nombreuses et évidentes, et en plusieurs manières, jusqu’au jour où il porta aussi dans le ciel le triomphe de la victoire qu’il avait remportée sur la mort.
R/. Tempus est, ut revértar ad eum, qui me misit, dicit Dóminus : nolíte contristári, nec turbétur cor vestrum : * Rogo pro vobis Patrem, ut ipse vos custódiat, allelúia, allelúia.R/. Il est temps que je retourne à celui qui m’a envoyé [21], dit le Seigneur : ne soyez pas attristés, et que votre cœur ne se trouble pas [22] : * Je prie mon Père pour vous, afin qu’il vous garde lui-même [23], alléluia, alléluia.
V/. Nisi ego abíero, Paráclitus non véniet : cum assúmptus fúero, mittam vobis eum.V/. Si je ne m’en vais point, le Paraclet ne viendra pas : mais lorsque je serai monté, je vous l’enverrai [24].
* Rogo pro vobis Patrem, ut ipse vos custódiat, allelúia, allelúia. * Je prie mon Père pour vous, afin qu’il vous garde lui-même, alléluia, alléluia.
Lectio v5e leçon
Sicut ergo in solemnitáte pascháli resurréctio Dómini fuit nobis causa lætándi : ita ascénsio eius in cælos præséntium nobis est matéria gaudiórum, recoléntibus illum diem, et rite venerántibus, quo natúræ nostræ humilitátis in Christo super omnem cæli milítiam, super omnes órdines Angelórum, et ultra ómnium altitúdinem potestátum, ad Dei Patris est provécta conséssum. Quo órdine óperum divinórum nos fundáti, nos ædificáti sumus : ut mirabílior fíeret grátia Dei, cum remótis a conspéctu hóminum, quæ mérito reveréntiam sui sentiebántur indícere, fides non defíceret, spes non fluctuáret, cáritas non tepéret.Ainsi, de même que la résurrection du Seigneur a été le sujet de notre joie dans la fête de Pâques ; son ascension au ciel est la cause de notre allégresse présente ; car nous nous le rappelons et nous le vénérons à juste titre, ce jour où la bassesse de notre nature fut élevée, dans le Christ, au-dessus de toutes les armées célestes, de tous les ordres des Anges, au-dessus de la hauteur de toutes les puissances, et jusqu’au trône de Dieu le Père. C’est par cette économie des œuvres divines que l’édifice de notre salut a été élevé sur de solides fondements ; ainsi la grâce de Dieu est devenue plus digne d’admiration, en ce que le jour où fut soustraite au regard des hommes cette présence visible qui imposait par elle-même un juste sentiment de respect, la foi chrétienne ne défaillit point, l’espérance ne devint pas hésitante et la charité ne se refroidit pas.
R/. Non turbétur cor vestrum : ego vado ad Patrem ; et cum assúmptus fúero a vobis, mittam vobis, allelúia, * Spíritum veritátis, et gaudébit cor vestrum, allelúia.R/. Que votre cœur ne se trouble point [25] : moi je vais à mon Père ; et lorsque je vous aurai quittés, je vous enverrai [26], alléluia : * L’Esprit de vérité, et votre cœur se réjouira [27], alléluia.
V/. Ego rogábo Patrem, et álium Paráclitum dabit vobis.V/. Moi je prierai mon Père, et il nous donnera un autre Paraclet [28].
* Spíritum veritátis, et gaudébit cor vestrum, allelúia. * L’Esprit de vérité, et votre cœur se réjouira, alléluia.
Lectio vi6e leçon
Magnárum hic vigor est méntium, et valde fidélium lumen est animárum, incunctánter crédere, quæ corpóreo non vidéntur intúitu, et ibi fígere desidérium, quo néqueas inférre conspéctum. Hæc autem píetas unde in nostris córdibus nascerétur, aut quómodo quisquam iustificarétur per fidem, si in iis tantum salus nostra consísteret, quæ obtútibus subiacérent ? Unde et illi viro, qui de resurrectióne Christi videbátur ambígere, nisi in ipsíus carne vestígia passiónis et visu explorásset et tactu : Quia vidísti me, inquit Dóminus credidísti : beáti qui non vidérunt, et credidérunt.C’est la force des grandes âmes et la lumière des cœurs vraiment fidèles, de croire sans hésiter des choses que le regard corporel ne peut atteindre, et de fixer ses désirs là où l’on ne peut porter la vue. Mais d’où cette piété naîtrait-elle dans nos cœurs, et comment quelqu’un pourrait-il être justifié par la foi, si notre salut ne consistait que dans ces choses qui se trouvent placées sous nos regards ? Aussi est-ce pour cela qu’au disciple qui semblait douter de la résurrection du Christ, s’il ne voyait dans sa chair les traces de ses plaies, et s’il ne les constatait par la vue et le toucher, le Seigneur dit : « Parce que tu m’as vu, tu as cru. Heureux ceux qui n’ont point vu et qui ont cru » [29].
R/. Ascéndens Christus in altum, captívam duxit captivitátem, * Dedit dona homínibus, allelúia, allelúia, allelúia.R/. Le Christ montant au ciel a conduit captive la captivité [30], * Il a donné des dons aux hommes, alléluia, alléluia, alléluia,
V/. Ascéndit Deus in iubilatióne, et Dóminus in voce tubæ.V/. Dieu est monté au milieu des acclamations de joie, et le Seigneur au son de la trompette [31].
* Dedit dona homínibus, allelúia, allelúia, allelúia. Glória Patri. * Dedit dona homínibus, allelúia, allelúia, allelúia.* Il a donné des dons aux hommes, alléluia, alléluia, alléluia, Gloire au Père. * Il a donné des dons aux hommes, alléluia, alléluia, alléluia,
In III NocturnoAu 2nd Nocturne
Ant. 7 Nimis exaltátus est, * allelúia : super omnes deos, allelúia.Ant. 7 Vous êtes infiniment élevé, * alléluia, au-dessus de tous les dieux [32], alléluia [33].
Psaume 96
Ant. 8 Dóminus in Sion, * allelúia : magnus et excélsus, allelúia.Ant. 8 Le Seigneur est dans Sion, * alléluia ; il est grand et élevé [34], alléluia.
Psaume 98
Ant. 9 Dóminus in cælo, * allelúia : parávit sedem suam, allelúia.Ant. 9 Le Seigneur dans le ciel, * alléluia, a préparé son trône [35], alléluia.
Psaume 102
V/. Ascéndo ad Patrem meum, et Patrem vestrum [36], allelúia.V/. Je monte vers mon Père et votre Père, alléluia.
R/. Deum meum, et Deum vestrum, allelúia.R/. Vers mon Dieu et votre Dieu, alléluia.
Lectio vii7e leçon
Léctio sancti Evangélii secundum Marcum.Lecture du saint Évangile selon saint Marc.
Cap. 16, 14-20.
In illo témpore : Recumbéntibus úndecim discípulis, appáruit illis Iesus : et exprobrávit incredulitátem eórum et durítiam cordis, quia iis, qui víderant eum resurrexísse, non credidérunt. Et réliqua.En ce temps-là : Jésus se montra aux Onze eux-mêmes, tandis qu’ils étaient à table : et il leur reprocha leur incrédulité et la dureté de leur cœur, parce qu’ils n’avaient pas cru ceux qui avaient vu qu’il était ressuscité. Et le reste.
Homilía sancti Gregórii Papæ.Homélie de saint Grégoire, Pape.
Eadem Homilia 29.
Qui credíderit, et baptizátus fúerit, salvus erit : qui vero non credíderit, condemnábitur. Fortásse unusquísque apud semetípsum dicat : Ego iam crédidi, salvus ero. Verum dicit, si fidem opéribus tenet. Vera étenim fides est, quæ in hoc, quod verbis dicit, móribus non contradícit. Hinc est enim quod de quibúsdam falsis fidelibus Paulus dicit : Qui confiténtur se nosse Deum, factis autem negant. Hinc Ioánnes ait : Qui dicit se nosse Deum, et mandáta eius non custódit, mendax est.« Celui qui aura cru et qui aura été baptisé sera sauvé ; mais celui qui n’aura pas cru sera condamné. » Chacun dira peut-être en soi-même : J’ai déjà cru, je serai sauvé. Il dit vrai, s’il manifeste sa foi par ses œuvres, car la foi véritable est celle qui ne contredit point par les œuvres ce qu’elle affirme par ses paroles. C’est pourquoi saint Paul nous dit de quelques faux chrétiens : « Ils déclarent connaître Dieu et ils le nient par leurs œuvres » [37]. Et saint Jean : « Celui qui dit connaître Dieu et ne garde passes commandements est un menteur » [38].
R/. Ego rogábo Patrem, et álium Paráclitum dabit vobis, * Ut máneat vobíscum in ætérnum, Spíritum veritátis, allelúia.R/. Je prierai mon Père, et il vous donnera un autre Paraclet [39] : * L’Esprit de vérité, pour qu’il demeure éternellement avec vous, alléluia.
V/. Si enim non abíero, Paráclitus non véniet ad vos : si autem abíero, mittam eum ad vos.V/. Car, si je ne m’en vais point, le Paraclet ne viendra pas à vous ; mais si je m’en vais, je vous l’enverrai [40].
* Ut máneat vobíscum in ætérnum, Spíritum veritátis, allelúia. * L’Esprit de vérité, pour qu’il demeure éternellement avec vous, alléluia.
Lectio viii8e leçon
Quod cum ita sit, fídei nostræ veritátem in vitæ nostræ consideratióne debémus agnóscere. Tunc enim veráciter fidéles sumus, si quod verbis promíttimus, opéribus complémus. In die quippe baptísmatis, ómnibus nos antíqui hostis opéribus, atque ómnibus pompis abrenuntiáre promísimus. Itaque unusquísque vestrum ad consideratiónem suam mentis óculos redúcat ; et si servat post baptísmum, quod ante baptísmum spopóndit, certus iam, quia fidélis est, gáudeat.Puisqu’il en est ainsi, c’est par la considération de notre vie que nous connaîtrons si notre foi est véritable. C’est en accomplissant en nos œuvres ce que nous promettons par nos paroles, que nous sommes véritablement fidèles. Or, nous avons promis, au jour de notre baptême, de renoncer à toutes les œuvres de l’antique ennemi et à toutes ses pompes. Que chacun de vous ramène donc ses regards pour se considérer soi-même ; et, s’il garde après son baptême ce qu’il a promis avant le baptême, qu’il se réjouisse, dans l’assurance d’être déjà fidèle.
R/. Ponis nubem ascénsum tuum, Dómine : * Qui ámbulas super pennas ventórum, allelúia.R/. Vous montez, Seigneur, sur une nuée [41] : * Vous marchez sur les ailes des vents, alléluia.
V/. Confessiónem et decórem induísti, amíctus lumen sicut vestiméntum.V/. Vous êtes revêtu de louange et d’honneur, enveloppé de lumière, comme d’un vêtement [42].
* Qui ámbulas super pennas ventórum, allelúia. Glória Patri. * Qui ámbulas super pennas ventórum, allelúia.* Vous marchez sur les ailes des vents, alléluia. Gloire au Père. * Vous marchez sur les ailes des vents, alléluia.
Lectio ix9e leçon
Sed ecce, si quod promísit, mínime servávit, si ad exercénda prava ópera, ad concupíscéndas mundi pompas dilápsus est : videámus, si iam scit plángere quod errávit. Apud misericórdem namque iúdicem nec ille fallax habétur, qui ad veritátem revértitur, étiam postquam mentítur : quia omnípotens Deus, dum libénter nostram pœniténtiam súscipit, ipse suo iudício hoc, quod errávimus, abscóndit.Mais si, au contraire, il n’a point tenu du tout ce qu’il a promis, s’il s’est laissé aller à commettre des actions mauvaises, à désirer les pompes du monde ; voyons du moins s’il sait pleurer ses égarements. Car celui-là même qui après avoir menti revient à la vérité, n’est point réputé faux et menteur auprès du Juge miséricordieux parce que ce Dieu tout-puissant couvre nos égarements par son jugement, en recevant favorablement notre pénitence.
Te Deum

A Laudes, comme les Laudes de la Fête.

Aux Vêpres, comme les Vêpres de la Fête.

Dom Guéranger, l’Année Liturgique

Nous voici arrivés, pour ainsi dire, au point culminant de l’œuvre divine, et ce n’est véritablement qu’aujourd’hui qu’elle nous apparaît dans son entier. Chaque jour la sainte Église, dans l’auguste Sacrifice, à la suite des paroles sacrées qui ont amené sur l’autel celui qui est à la fois le Dieu et la victime, s’adressant à la majesté du Père, exprime ainsi les motifs de sa confiance : « Ayant donc présents a la pensée, nous vos serviteurs et votre peuple saint, la bienheureuse Passion de ce même Christ, votre Fils et notre Seigneur, sa Résurrection du tombeau, et aussi sa glorieuse Ascension dans les cieux, nous vous offrons cette hostie pure, sainte et immaculée » [43]. Il ne suffit donc pas à l’homme de s’appuyer sur les mérites de la Passion du Rédempteur qui a lavé nos iniquités dans son sang ; il ne lui suffit pas de joindre à ce souvenir celui de la Résurrection qui a donné à ce divin Libérateur la victoire sur la mort ; l’homme n’est sauvé, n’est rétabli, que par l’union de ces deux mystères avec un troisième, avec le mystère de la triomphante Ascension de Celui qui est mort et ressuscité. Jésus, durant les quarante jours de sa vie glorieuse sur la terre, n’est encore qu’un exilé ; et nous demeurons exilés comme lui, jusqu’à ce que la porte du ciel, close depuis quatre mille ans, se rouvre pour lui et pour nous.

Dans son ineffable bonté, Dieu n’avait pas seulement appelé l’homme à la royauté sur tous les êtres dont cette terre est couverte ; il ne l’avait pas destiné seulement à connaître la vérité dans la proportion des besoins de sa nature, à réaliser le bien selon les forces de sa vie morale, à rendre un lointain hommage à son créateur. Par un dessein de sa toute-puissance unie à son amour, Dieu avait assignée cet être si chétif et si faible une fin au-dessus de sa nature.

Inférieur à l’Ange, et réalisant dans son être l’union de l’esprit et de la matière, l’homme était appelé à la même fin que l’Ange. Le ciel devait les recevoir l’un et l’autre ; l’un et l’autre étaient appelés à trouver éternellement leur bonheur dans la vue de Dieu face à face, dans la possession intime du souverain bien. La grâce, secours divin et mystérieux, devait les adapter à cette fin sublime que leur avait gratuitement préparée la bonté de leur créateur. Telle était la pensée dans laquelle Dieu s’était complu éternellement : élever jusqu’à lui ces fils du néant et verser sur eux, selon la mesure de leur être agrandi, les torrents de son amour et de sa lumière.

Nous savons quelle catastrophe arrêta tout à coup une partie des Anges sur le chemin de la béatitude suprême. Au moment de l’épreuve qui devait décider de l’admission de chacun d’eux au bonheur sans fin, un cri de révolte se fit entendre. Dans tous les chœurs angéliques il y eut des rebelles, des esprits qui refusèrent de s’abaisser devant le commandement de l’ordre divin ; mais leur chute ne nuisit qu’à eux-mêmes, et les Esprits fidèles admis en récompense à la vue et à la possession béatifiante du souverain bien, commencèrent leur éternité de bonheur. Dieu daignait admettre des êtres créés à la jouissance de sa propre félicité, et les neuf chœurs glorifiés s’épanouirent sous son regard éternel.

Créé plus tard, l’homme aussi tomba, et son péché brisa le lien qui l’unissait à Dieu. La race humaine n’était alors représentée que par un seul homme et une seule femme : tout avait donc sombré à la fois. Après la faute, le ciel demeurait fermé désormais à notre race ; car dans leur chute Adam et Ève avaient entraîné leur postérité future, à laquelle ils ne pouvaient transmettre un droit qu’ils avaient perdu. Au lieu de ce passage agréable et rapide sur la terre, auquel devait mettre fin une heureuse ascension vers le séjour éternel de la gloire, il ne nous restait plus qu’une courte vie remplie de douleurs, et, pour perspective, le tombeau où notre chair sortie de la poussière serait elle-même réduite en poussière. Quant à notre âme, créée pour le bonheur surnaturel, lors même qu’elle y eût aspiré, ce n’eût été que pour s’en voir à jamais frustrée. L’homme avait préféré la terre ; elle lui demeurait pour quelques jours, après lesquels il la laisserait à d’autres qui disparaîtraient également jusqu’à ce qu’il plût à Dieu d’en finir avec cette œuvre manquée.

Ainsi avions-nous mérité d’être traités ; mais telle ne fut pas cependant l’issue de notre création. Quelle que soit la haine que Dieu porte au péché, il avait appelé l’homme à jouir des trésors de sa gloire, et il ne consentit pas à déroger aux desseins sublimes de sa sagesse et de sa bonté. Non, la terre ne sera pas un séjour où l’homme ne fera que naître et s’éteindre bientôt. Lorsque la plénitude des temps sera arrivée, un homme paraîtra ici-bas, non point le premier d’une création nouvelle, mais un homme comme nous, de notre race, « fait de la femme », comme parle l’Apôtre [44]. Or, cet homme à la fois céleste et terrestre s’associera à notre disgrâce ; comme nous il passera par la mort, et la terre le possédera trois jours dans son sein. Mais elle sera forcée de le rendre, et vivant, il apparaîtra aux regards éblouis des autres hommes. Nous l’avons vu, et nous qui sentons en nous-mêmes une « réponse de mort » [45], nous nous sommes réjouis de voir la chair de notre chair, le sang de notre sang remporter une si belle victoire.

Ainsi donc les intentions divines n’auront pas été frustrées en tout. Voici que la terre présente au Créateur un second Adam qui, ayant vaincu la mort, ne peut plus s’arrêter ici-bas. Il faut qu’il monte ; et si la porte du ciel est fermée, il faut qu’elle s’ouvre pour lui. « Princes, élevez vos portes ; portes éternelles, élevez-vous, et le Roi de gloire entrera dans le séjour qui l’attend » [46]. Oh ! S’il daignait nous attirer après lui ! Car il est notre frère, et nous savons que « ses délices ici-bas étaient d’être avec les enfants des hommes » [47]. Mais qu’il monte, que son Ascension soit dès aujourd’hui. Il est le plus pur sang de notre race, le fils d’une mère sans tache ; qu’il aille nous représenter tous dans cet heureux séjour que nous devions habiter. C’est la terre qui l’envoie ; elle n’est plus stérile du moment qu’elle l’a produit ; car elle a enfin fructifié pour le ciel. Ne semble-t-il pas qu’un rayon de lumière est descendu jusqu’au fond de cette vallée de larmes, lorsque les portes du ciel se sont levées pour lui ouvrir passage ? « Élevez-vous donc, ô Seigneur des hommes ! Élevez-vous dans votre puissance, et nous, sur cette terre, nous chanterons les grandeurs de votre triomphe ! » [48] Père des siècles, recevez cet heureux frère que vos fils disgraciés vous envoient. Toute maudite qu’elle semblait être, « la terre a donné son fruit » [49]. Oh ! s’il nous était permis de voir en lui les prémices d’une plus abondante moisson que votre majesté daignerait agréer, nous oserions penser alors que ce jour est celui où vous rentrez en possession de votre œuvre primitive.

Empruntons aujourd’hui la voix de l’Église arménienne, toujours si mélodieuse, et unissons-nous comme elle aux transports qu’éprouvèrent les saints Anges, au moment où ils virent s’élever de la terre l’homme nouveau qui venait s’asseoir au plus haut des cieux.

HYMNE

Les Puissances du ciel ont été émues en vous voyant monter, ô Christ ! Elles se disaient l’une à l’autre dans leur tremblement : « Quel est ce Roi de gloire ? »

— C’est le Dieu Verbe incarné, qui a anéanti le péché sur la croix, et qui, s’étant envolé avec gloire, vient au ciel, Seigneur qu’il est, dans sa force et sa vertu.

— C’est celui qui s’est levé du sépulcre et a détruit la mort ; aujourd’hui il monte avec gloire, et vient au Père : il est le Seigneur puissant dans les combats.

— C’est lui qui, par un pouvoir divin, est monté aujourd’hui sur le char de son Père, servi par les chœurs des Anges, qui chantaient et s’écriaient : « Princes, ouvrez vos portes, et le Roi de gloire entrera. »

Les Puissances célestes étaient dans l’étonnement, et se demandaient d’une voix tremblante : « Quel est ce Roi de gloire qui vient dans la chair et revêtu d’un si merveilleux pouvoir ? Princes, ouvrez vos portes, et le Roi de gloire entrera. »

Les Hiérarchies supérieures faisaient entendre un concert harmonieux ; elles chantaient un cantique nouveau, et disaient : « C’est le Roi de gloire, le sauveur du monde et le libérateur du genre humain. Princes, ouvrez vos portes, et le Roi de gloire entrera. »

Et nous, qui avons été entés sur toi par la ressemblance de ta mort, ô Fils de Dieu, rends-nous dignes d’obtenir aussi cette autre ressemblance, ô Roi de gloire ! Toutes les Églises des saints célèbrent ton triomphe par des cantiques spirituels.

Tu as crucifié avec toi le vieil homme, tu as brisé l’aiguillon du péché, tu nous as délivrés par ce bois vivifiant auquel tu fus attaché, et les gouttes de ton sang ont enivré le monde : toutes les Églises des saints célèbrent ton triomphe par des cantiques spirituels.

Dans ta compassion pour nous, ta nature divine a daigné s’incarner, et tu nous as fait participer à ton corps et à ton sang dans le Sacrifice d’agréable odeur que tu as offert à ton Père, en lui immolant ton corps, emprunté à notre nature. Ensuite tu es monté sur un nuage éclatant, à la vue des Puissances et des Principautés qui, dans leur admiration, se demandaient : « Quel est celui qui arrive d’Édom d’un pas si rapide ? » Et les membres de ton Église ont appris à connaître les ressources de ton infinie sagesse. Que toutes les Églises des saints célèbrent ton triomphe par des cantiques spirituels.

Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum

L’Octave reprenant la Messe de la Fête, le Bhx Schuster ne donne pas de commentaire propre.

Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique

Sois notre chemin sur la montée du ciel.

La fête de l’Ascension ayant une Octave de troisième ordre (un peu comme Noël), cette Octave doit céder la place à toute fête double. On doit alors prendre la messe et l’office de cette fête. Cela est d’autant plus regrettable que l’office de l’Octave est très beau. Il est peu de fêtes qui contiennent d’aussi belles lectures des Pères. Les lecteurs qui ne sont pas tenus à l’Ordo peuvent, pendant toute l’Octave, réciter l’office de l’Ascension.

1. Une fête de Roi. — Autrefois, on considérait aujourd’hui le Seigneur comme un vainqueur, un triomphateur qui, chargé de butin, « monte vers les hauteurs et emmène les prisonniers » (Ps. 67) ; nous le considérions comme le Fils, qui rentre dans la maison paternelle après avoir rempli la mission que lui a confiée son Père. Mais, depuis que le Pape Pie XI à établi la fête du Christ-Roi, nous aimons, à l’exemple de l’ancienne Église, voir dans le Christ le Roi assis sur son trône dans tout l’éclat de sa majesté. Nous avons, au cours de l’année, une foule de fêtes royales à célébrer, nous en célébrons une, aujourd’hui, qui est particulièrement belle. La fête de l’Ascension est la fête de l’accession au trône, la fête du couronnement du Roi Jésus-Christ.

Le Seigneur était Roi aussi dans les jours de sa vie terrestre ; il était Roi quand il était couché dans la Crèche (Rex pacificus) ; il était Roi à Nazareth (Rex absconditus) ; il était Roi dans sa Passion : dans son plus profond abaissement, il dit devant Pilate : « Je suis Roi ». Suspendu à la Croix, il régnait par le bois (Regnavit a ligno Deus) : la Croix était son trône, sa couronne était la couronne d’épines, et il portait un sceptre de roseau. Mais cette royauté était encore une royauté cachée. Aujourd’hui commence sa royauté dans la puissance et la majesté.

a) Accompagnons en esprit le Seigneur au moment de son entrée royale. Quelle ne fut pas sa réception ! Si, sur la terre, on organise des triomphes pour les grands hommes, quels honneurs ne réservèrent pas à leur Roi les phalanges célestes ! Représentons-nous, aux portes du ciel, cette scène que décrit saint Grégoire de Nysse, le mercredi dans l’Octave. Quand les gardiens des portes de la citadelle céleste apprennent que celui qui fait son entrée est « le Seigneur des armées et le Roi de gloire », ils ouvrent joyeusement les « portes éternelles ». Et le Père reçoit avec empressement son Fils et le conduit sur le trône de gloire. — Aujourd’hui, l’Église triomphante célèbre, elle aussi, dans le ciel, l’accession au trône de son Roi : « la brillante troupe des anges s’envole vers lui, le glorieux Sénat des Apôtres va à sa rencontre, la blanche troupe des confesseurs l’entoure, le chœur des vierges le salue avec des cantiques d’allégresse » (Recommandation de l’âme). Nous aussi, pauvres pèlerins terrestres, joignons-nous humblement à la troupe des saints et, avec eux, rendons hommage au Roi.

b) Considérons maintenant le Père céleste recevant son Fils, le conduisant sur le trône de gloire et lui disant les mémorables paroles : « Assieds-toi à ma droite jusqu’à ce que je fasse de tes ennemis l’escabeau de tes pieds » (Ps. 109). Désormais, le Christ règne comme Roi sur le ciel et la terre. Le Père lui a tout remis et il exercera sa souveraineté jusqu’à la fin du monde. Quand le dernier racheté aura été incorporé à son corps mystique, quand tous ses ennemis seront devenus l’escabeau de ses pieds, c’est-à-dire après le jugement dernier, il remettra sa souveraineté à son Père afin que Dieu soit tout en tous » (1 Cor. XV, 28).

c) Considérons encore le manteau royal du Seigneur et sa couronne. Son manteau royal, c’est sa sainte humanité. C’est ce qui fait que les gardiens des portes ne le reconnaissaient pas, « c’est qu’il avait revêtu, l’humble vêtement de notre nature et que son vêtement, dans le pressoir de la Passion humaine, avait été maculé de sang » (Saint Grégoire de Nysse dans l’homélie ci-dessus). Le Christ Homme est assis sur le trône de gloire. C’est cela qui jetait les Pères dans un profond étonnement. Notre nature a été élevée, par l’accession du Christ au trône, à la plus haute dignité. « L’Ascension du Christ, c’est notre élévation », dit le pape saint Léon. Nous pouvons dire avec joie que l’un des nôtres est assis sur le trône de Dieu. Et quelle est sa couronne ? Au psaume 20, nous chantons aujourd’hui : « Tu as mis sur sa tête une couronne de pierres précieuses ». Que signifie cette couronne ? Si saint Paul a pu dire de son Église de prédilection : Vous êtes ma couronne, nous pouvons dire, de même, que la couronne du Christ, c’est le chœur de ses saints. Cette couronne porte des pierres précieuses : les rubis des martyrs, les perles des vierges, les améthystes des confesseurs. Nous aussi, faibles enfants de Dieu, nous voulons être une petite pierre de la couronne de notre Roi.

2 La prière des Heures. — Au bréviaire, ce sont encore deux papes qui nous adressent la parole dans la fête liturgique de l’Ascension. Saint Léon 1er exprime encore sa pensée de prédilection : par l’Ascension du Christ notre nature humaine est élevée. « De même que, dans la solennité pascale, la Résurrection du Seigneur fut pour nous une cause de joie, de même son Ascension dans les cieux est pour nous, aujourd’hui, l’occasion d’une grande allégresse, car nous célébrons et vénérons le jour où, dans le Christ, notre pauvre nature humaine a été élevée au-dessus de tous les ordres des anges, au-dessus de la sublimité de toutes les puissances, célestes, jusqu’au trône de Dieu le Père ». Il expose ensuite, d’une manière lumineuse, les raisons pour lesquelles le Christ devait quitter la terre. « La force des grandes âmes, la lumière des Ames fidèles se montre en ce qu’elles croient sans hésiter ce qu’elles ne voient pas de leurs yeux corporels, et fixent leur désir là où leur regard ne peut pénétrer. Mais comment ce pieux sentiment naîtrait-il dans notre cœur, ou bien comment pourrait-on être justifié par la foi si notre salut n’avait son fondement que dans ce qui s’offre aux regards extérieurs ? C’est pourquoi le Christ dit à cet homme qui aurait, semble-t-il, douté de sa Résurrection s’il n’avait pas constaté les blessures de son corps par la vue et le toucher : « Parce que tu m’as vu, tu as cru ; bienheureux ceux qui n’ont pas vu et qui ont cru cependant ».

D’un tout autre genre est l’homélie de saint Grégoire qui fut prononcée, environ 150 ans plus tard, dans la même église de Saint-Pierre. Nous avons, ici, le seul cas où une homélie est répartie entre les jours de l’Octave et lue tout entière au bréviaire. Le saint pape s’étend sur la parole du Seigneur dans son discours d’adieu : « Celui qui croit et sera baptisé, celui-là sera sauvé ; celui qui ne croit pas sera condamné ». Quelqu’un pourrait penser : je crois, je serai sauvé. Cela n’est vrai que lorsque les œuvres sont conformes à la foi. Car la vraie foi est celle qui, quand elle confesse quelque chose en parole, ne le nie pas dans les œuvres. C’est pourquoi saint Paul dit de certains qui ont une foi fausse : « Ils prétendent connaître Dieu, mais en réalité ils le nient (Tit., l, 16). C’est pourquoi aussi saint Jean dit : « Celui qui dit qu’il connaît Dieu et n’observe pas ses commandements, celui-là est un menteur » (1 Jean, II, 22).

3. Lecture d’Écriture (II Pierre, chap. 1). — La seconde Épître de saint Pierre est une lettre pastorale et, en même temps, la lettre d’adieu du premier vicaire du Christ. L’Épître prépare au retour du Christ et au jugement. Saint Pierre, en considération des fins dernières, exhorte à la vie chrétienne : « Mes frères, prenez garde d’assurer votre vocation et votre élection par des bonnes œuvres. En agissant ainsi, vous ne ferez jamais de faux pas et, ainsi, vous sera largement ouverte l’entrée dans le royaume éternel de notre Seigneur et Sauveur, Jésus-Christ... Aussi longtemps que je suis dans cette tente, je crois de mon devoir de vous tenir en éveil par mes avertissements. Je sais, en effet, que ma tente sera bientôt renversée, ainsi que Notre-Seigneur Jésus-Christ me l’a fait connaître ».

[1] Pour rappel :
- Octaves de Ier ordre : Pâques et Pentecôte, ne le cèdent à aucune fête ;
- Octaves de IInd ordre : Épiphanie, Fête-Dieu, ne cèdent que devant les fêtes de Ière classe ;
- Octaves de IIIème ordre : Noël, Ascension, Sacré-Cœur, cèdent devant les fêtes doubles ;
- Octaves Communes : Immaculée Conception, Assomption, St Jean-Baptiste, Patronage de St Joseph, Sts Pierre et Paul, Toussaint, Dédicace et Titulaire d’une église, Dédicace et Titulaire de l’église Cathédrale, Patrons principaux du lieu, Fêtes de Ière classe avec Octave…
- Octaves Simples : Nativité de la Ste Vierge, St Jean Apôtre, St Etienne, Sts Innocents, Fêtes de IIème classe avec Octave.

[2] Dom Pius Parsch, Le Guide dans l’Année Liturgique, T. III, p. 225.

[3] A l’époque de St Maximin, la fête de l’Ascension n’était pas encore individualisée dans le calendrier liturgique qu’il suivait.

[4] Ps. 8, 2.

[5] Ps. 10, 5.

[6] Ps. 18, 7.

[7] Ps. 46, 6.

[8] Act. 1, 3.

[9] Act. 1, 9.

[10] Act. 1, 4.

[11] Ps. 67, 35.

[12] Ps. 9, 8.

[13] Ps. 18, 7.

[14] Ps. 20, 14.

[15] Ps. 8, 2.

[16] Ps. 20, 14.

[17] Ps. 29, 1.

[18] Ps. 46, 6.

[19] Ephes. 4, 8 ; cf. Ps. 67, 18-19.

[20] « Le mot captivité peut s’entendre ici des captifs ou de ceux qui tenaient des captifs. Suivant la première acception, le Christ triomphant a emmené avec lui au ciel les Patriarches, les Prophètes et les autres saints, délivrés de la captivité des limbes et devenus les bienheureux captifs du Sauveur. Suivant la seconde, le Christ a rendu captifs le péché, la mort, le démon et l’enfer dont nous étions devenus les captifs. » (Corn. a Lapide).

[21] Tob. 12, 20.

[22] Jn. 14, 1.

[23] Jn. 17, 9.

[24] Jn. 16, 7.

[25] Jn. 14, 1.

[26] Jn. 15, 26.

[27] Jn. 16, 22.

[28] Jn. 14, 16.

[29] Jn. 20, 29.

[30] Ephes. 4, 8.

[31] Ps. 46, 6.

[32] « Quels dieux ? Les idoles n’ont point de vie, les démons ont le sentiment et la vie, mais sont mauvais. Quelle gloire donnons-nous au Sauveur en l’élevant au-dessus des idoles et des démons ? Les démons sont les dieux des nations ; des hommes aussi ont été appelés des dieux. Notre-Seigneur Jésus-Christ est bien supérieur à tous, non seulement aux idoles, non seulement aux démons, mais encore aux hommes justes ; c’est peu encore, il est supérieur à tous les Anges. » (Saint Augustin).

[33] Ps. 96, 9.

[34] Ps. 98, 2.

[35] Ps. 102, 19.

[36] Jn. 20, 17.

[37] Tit. 1, 16.

[38] I Jn. 2, 4.

[39] Jn. 14, 16.

[40] Jn. 16, 7.

[41] Ps. 103, 3.

[42] Ps. 103, 3.

[43] Canon Romain.

[44] Gal. IV, 4.

[45] II Cor. I, 9.

[46] Psalm. XXIII.

[47] Prov. VIII, 31.

[48] Psalm. XX.

[49] Psalm. LXVI.