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Messe du 1er dimanche après l’Epiphanie

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1960.


Depuis l’institution de la Fête de la Sainte Famille par Benoît XV, cette messe n’est plus dite qu’aux féries après le 1er dimanche qui suit l’Epiphanie. En blanc les jours avant le 13, en vert après.

Depuis le code des rubriques de 1960, on n’en fait plus aucune commémoraison le jour de la Fête de la Sainte Famille.

Sommaire

  Textes de la Messe  
  Office  
  Dom Guéranger, l’Année Liturgique  
  Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum  
  Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique  

Textes de la Messe

Missa Dominicæ Primæ post Epiphaniam
Messe du 1er Dimanche après l’Epiphanie
Ant. ad Introitum.Introït
In excélso throno vidi sedére virum, quem adórat multitúdo Angelórum, psalléntes in unum : ecce, cuius impérii nomen est in ætérnum.Sur un trône élevé, j’ai vu un homme que la multitude des Anges adore, chantant en chœur : Voici celui dont l’empire est éternel.
Ps. 99, l.
Iubiláte Deo, omnis terra : servíte Dómino in lætítia.Acclamez Dieu, toute la terre : servez le Seigneur avec joie.
V/.Glória Patri.
Oratio.Collecte
Vota, quǽsumus, Dómine, supplicántis pópuli cælésti pietáte proséquere : ut et, quæ agénda sunt, vídeant, et ad implénda, quæ víderint, convaléscant Per Dóminum nostrum.Nous vous en prions, Seigneur, exaucez en votre céleste bonté, les hommages de votre peuple suppliant, afin que vos fidèles voient quels sont leurs devoirs et qui’ils aient la force d’accomplir ce qu’ils auront vu.
Léctio Epístolæ beáti Pauli Apóstoli ad Romános.Lecture de l’Epître de Saint Paul Apôtre aux Romains.
Rom. 12, 1-5.
Fratres : Obsecro vos per misericórdiam Dei, ut exhibeátis córpora vestra hóstiam vivéntem, sanctam, Deo placéntem, rationábile obséquium vestrum. Et nolíte conformári huic sǽculo, sed reformámini in novitáte sensus vestri : ut probétis, quæ sit volúntas Dei bona, et benéplacens, et perfécta. Dico enim per grátiam, quæ data est mihi, ómnibus qui sunt inter vos : Non plus sápere, quam opórtet sápere, sed sápere ad sobrietátem : et unicuique sicut Deus divísit mensúram fídei. Sicut enim in uno córpore multa membra habémus, ómnia autem membra non eúndem actum habent : ita multi unum corpus sumus in Christo, sínguli autem alter alteríus membra : in Christo Iesu, Dómino nostro.Mes Frères : Je vous exhorte donc, par la miséricorde de Dieu, à offrir vos corps comme une hostie vivante, sainte, agréable à Dieu : c’est là le culte spirituel que vous lui devez. Et ne vous conformez pas au siècle présent, mais transformez-vous par le renouvellement de l’esprit, afin que vous éprouviez quelle est la volonté de Dieu, ce qui est bon, ce qui lui est agréable, ce qui est parfait. En vertu de la grâce qui m’a été donnée, je dis à chacun de vous de ne pas s’estimer plus qu’il ne faut ; mais d’avoir des sentiments modestes, chacun selon la mesure de la foi que Dieu lui a départie. Car, de même que nous avons plusieurs membres dans un seul corps, et que tous les membres n’ont pas la même fonction, ainsi nous qui sommes plusieurs, nous ne faisons qu’un seul corps dans le Christ, et chacun en particulier nous sommes membres les uns des autres dans le Christ Jésus, Notre-Seigneur.
Graduale. Ps. 71, 18 et 3.Graduel
Benedíctus Dóminus, Deus Israël, qui facit mirabília magna solus a sǽculo.Béni soit le Seigneur, Dieu d’Israël, qui opére seul des merveilles.
V/. Suscípiant montes pacem pópulo tuo, et colles iustítiam.V/. Que les montagnes reçoivent la paix pour le peuple et les collines la justice.
Allelúia, allelúia. V/.Ps. 99, l. Iubiláte Deo, omnis terra : servíte Dómino in lætítia. Allelúia.Allelúia, allelúia. V/. Acclamez Dieu, toute la terre : servez le Seigneur avec joie. Alléluia.
+ Sequéntia sancti Evangélii secundum Lucam.Lecture du Saint Evangile selon saint Luc.
Luc. 2, 42-52.
Cum factus esset Iesus annórum duódecim, ascendéntibus illis Ierosólymam secúndum consuetúdinem diéi festi, consummatísque diébus, cum redírent, remánsit puer Iesus in Ierúsalem, et non cognovérunt paréntes eius. Existimántes autem illum esse in comitátu, venérunt iter diéi, et requirébant eum inter cognátos et notos. Et non inveniéntes, regréssi sunt in Ierúsalem, requiréntes eum. Et factum est, post tríduum invenérunt illum in templo sedéntem in médio doctórum, audiéntem illos et interrogántem eos. Stupébant autem omnes, qui eum audiébant, super prudéntia et respónsis eius. Et vidéntes admiráti sunt. Et dixit Mater eius ad illum : Fili, quid fecísti nobis sic ? Ecce, pater tuus et ego doléntes quærebámus te. Et ait ad illos : Quid est, quod me quærebátis ? Nesciebátis, quia in his, quæ Patris mei sunt, opórtet me esse ? Et ipsi non intellexérunt verbum, quod locútus est ad eos. Et descéndit cum eis, et venit Názareth : et erat súbditus illis. Et Mater eius conservábat ómnia verba hæc in corde suo. Et Iesus proficiébat sapiéntia et ætáte et grátia apud Deum et hómines.Quand il eut douze ans, comme ils étaient montés selon la coutume de la fête, et qu’ils s’en retournaient, le temps étant passé, l’enfant Jésus resta à Jérusalem et ses parents ne le surent pas. Pensant qu’il était avec la caravane, ils marchèrent tout un jour, puis ils le cherchèrent parmi leurs parents et leurs connaissances. Ne l’ayant point trouvé, ils s’en retournèrent à Jérusalem en le recherchant. Or, au bout de trois jours, ils le trouvèrent dans le temple, assis au milieu des docteurs, les écoutant et les interrogeant ; et tous ceux qui l’entendaient étaient ravis de son intelligence et de ses réponses. En le voyant, ils furent stupéfaits, et sa mère lui dit : "Mon enfant, pourquoi nous avez-vous fait cela ? Voyez, votre père et moi, nous vous cherchions tout affligés." Et il leur répondit : "Pourquoi me cherchiez-vous ? Ne saviez-vous pas qu’il me faut être dans les choses de mon Père ?" Mais ils ne comprirent pas la parole qu’il leur dit. Et il descendit avec eux, et il vint à Nazareth, et il leur était soumis. Et sa mère conservait toutes ces choses en son cœur. Et Jésus progressait en sagesse, en taille et en grâce, auprès de Dieu et des hommes.
Ant. ad Offertorium. Ps. 99, l et 2.Offertoire
Iubiláte Deo, omnis terra, servíte Dómino in lætítia : intráte in conspéctu eius in exsultatióne : quia Dóminus ipse est Deus.Acclamez Dieu, toute la terre : servez le Seigneur avec joie : entrez en sa présence avec allégresse, car le Seigneur est Dieu.
Secreta.Secrète
Oblátum tibi, Dómine, sacrificium vivíficet nos semper et múniat. Per Dóminum nostrum.Que le Sacrifice qui vous est offert, Seigneur, augmente toujours en nous la vie surnaturelle et nous fortifie.
Ante diem 13 ianuarii : Præfatio de Epiphania Domini.Avant le 13 janvier : Préface de l’Épiphanie .
Post diem 13 ianuarii : Præfatio Communis.Après le 13 janvier : Préface Commune .
Ant. ad Communionem. Luc. 2, 48 et 49.Communion
Fili, quid fecísti nobis sic ? ego et pater tuus doléntes quærebámus te. Et quid est, quod me quærebátis ? nesciebátis, quia in his, quæ Patris mei sunt, opórtet me esse ?Mon enfant, pourquoi nous avez-vous fait cela ? Voyez, votre père et moi, nous vous cherchions tout affligés. Pourquoi me cherchiez-vous ? Ne saviez-vous pas qu’il me faut être dans les choses de mon Père ?
Postcommunio.Postcommunion
Súpplices te rogámus, omnípotens Deus : ut, quos tuis réfícis sacraméntis, tibi etiam plácitis móribus dignánter deservíre concédas. Per Dóminum.Nous vous adressons nos supplications, ô Dieu tout-puissant, afin qu’à ceux que vous nourrissez de votre sacrement, vous accordiez aussi la grâce de vous servir dignement par une conduite qui cvous soit agréable.

Office

Leçon des Matines avant 1960

Lecture du saint Évangile selon saint Luc.
En ce temps-là : Quand il eut douze ans, comme ils étaient montés selon la coutume de la fête, et qu’ils s’en retournaient, le temps étant passé, l’enfant Jésus resta à Jérusalem. Et le reste.

Homélie de saint Ambroise, évêque.

Neuvième leçon. Comme nous le lisons dans l’Évangile, notre Seigneur commença à enseigner lorsqu’il fut âgé de douze ans. Ce nombre devait être celui des prédicateurs évangéliques de notre foi. Ce n’est pas sans dessein, qu’oubliant ses parents, selon la chair, cet enfant qui, même selon la chair, était rempli de la sagesse et de la grâce de Dieu, voulut être retrouvé dans le temple après trois jours. Il indiquait par là que, trois jours après le triomphe de sa passion, celui qu’on croyait mort ressusciterait et se proposerait alors à notre foi, assis sur un trône céleste dans la gloire divine. « Pourquoi me cherchiez-vous ? » Nous devons considérer en Jésus-Christ deux naissances : l’une par laquelle il est engendré du Père, et l’autre par laquelle il naît d’une mère. La première est toute divine ; par la seconde il s’abaisse jusqu’à prendre notre nature et nos douleurs. « Et il vint à Nazareth, et il leur était soumis. » Quoi de surprenant si le maître des préceptes de la vertu, remplit un devoir de piété filiale ? Et nous nous étonnons qu’il obéisse au Père, lui qui est soumis à sa mère ? Cette sujétion n’est assurément pas une marque de faiblesse, mais seulement un témoignage de piété filiale.

Ant. du Benedictus à Laudes L’enfant Jésus resta * à Jérusalem et ses parents ne le surent pas, pensant qu’il était avec la caravane : puis ils le cherchèrent parmi leurs parents et leurs connaissances.

Ant. du Magnificat aux 2èmes Vêpres "Mon enfant, pourquoi nous avez-vous fait cela ? Voyez, votre père et moi, nous vous cherchions tout affligés." "Pourquoi me cherchiez-vous ? Ne saviez-vous pas qu’il me faut être dans les choses de mon Père ?"

Dom Guéranger, l’Année Liturgique

C’est encore la Royauté du divin Enfant que l’Église proclame en tête des Cantiques qui doivent accompagner la célébration du saint Sacrifice, en ce Dimanche dans l’Octave de l’Épiphanie. Elle chante le Trône de l’Emmanuel, et s’unit aux concerts des Anges qui célèbrent son empire éternel. Adorons aussi avec les Esprits bienheureux le Roi des siècles, dans son Épiphanie.

Les vœux que la sainte Église exprime au Père céleste dans la Collecte, sont d’avoir part à la lumière de notre divin Soleil, qui seul peut nous révéler la voie où nous devons marcher, et par sa chaleur vivifiante nous donner les forces pour arriver jusqu’à lui.

ÉPÎTRE.

L’Apôtre nous invite à faire notre offrande au Dieu nouveau-né, à l’exemple des Mages ; mais l’offrande que désire ce Seigneur de toutes choses n’est pas une offrande inerte et sans vie. Il se donne tout entier, lui qui est la Vie ; en retour, présentons-lui, dans notre cœur, une hostie vivante, sainte, agréable à Dieu, dont l’obéissance à la grâce divine soit raisonnable, c’est-à-dire fondée sur l’intention formelle de s’offrir. Comme les Mages encore qui revinrent dans leur patrie par un autre chemin, évitons tout rapport avec les idées de ce siècle, c’est-à-dire du monde, ennemi secret de notre aimable Roi. Réformons notre vaine prudence sur la divine sagesse de Celui qui, étant la Sagesse éternelle du Père, peut bien, sans doute, être aussi la nôtre. Comprenons que nul ne fut jamais sage sans la foi, qui nous révèle que l’amour doit nous unir tous pour ne former qu’un même corps en Jésus-Christ, participant de sa vie, de sa sagesse, de sa lumière et de sa royauté.

Dans les chants qui suivent, l’Église continue d’exalter l’ineffable merveille du Dieu avec nous, la paix et la justice descendues du ciel sur nos humbles collines.

EVANGILE.

C’est ainsi, ô Jésus, que pour nous enseigner vous êtes venu du ciel La faiblesse de l’enfance, sous les traits de laquelle vous vous montrez à nous, n’arrête point votre ardeur à nous faire connaître le seul Dieu qui a fait toutes choses, et vous, son Fils, qu’il a envoyé. Étendu dans la crèche, d’un seul regard vous avez instruit les bergers ; sous vos humbles langes, dans votre silence volontaire, vous avez révélé aux Mages la lumière qu’ils cherchaient en suivant l’étoile. A douze ans, vous expliquez aux docteurs d’Israël les Écritures qui rendent témoignage de vous ; peu à peu vous dissipez les ombres de la Loi par votre présence et par vos paroles. Pour accomplir les ordres de votre Père céleste, vous ne craignez pas d’inquiéter le cœur de votre Mère, en cherchant ainsi des âmes à éclairer. Votre amour pour les hommes transpercera bien plus durement encore ce tendre cœur, au jour où, pour le salut de ces mêmes hommes, Marie vous verra suspendu au bois de la croix, expirant dans toutes les douleurs. Soyez béni, ô Emmanuel, dans ces premiers mystères de votre enfance, où vous apparaissez déjà uniquement occupé de nous, et préférant à la société même de votre Mère ces hommes pécheurs qui doivent un jour conspirer votre mort.

Pendant l’Offrande, l’Église continue de faire entendre les cantiques de joie que lui inspire la présence de l’Enfant divin.

En distribuant le Pain de vie descendu du ciel, l’Église répète les paroles de Marie à son divin Fils : Qu’avez-vous fait ? Votre père et moi, nous vous cherchions. Le bon Pasteur, qui nourrit ses brebis de sa propre chair, répond qu’il se doit aux ordres de son Père céleste. Il est venu pour être notre Vie, notre lumière, notre nourriture : voilà pourquoi il quitte tout pour se donner à nous. Mais les docteurs du Temple ne firent que le voir et l’entendre, et nous, dans ce Pain vivant, nous le possédons, et nous goûtons sa douceur.

La sainte Église, qui vient de voir ses enfants ranimés par cette nourriture d’un si haut prix, demande pour eux la grâce de devenir agréables à Celui qui leur donne la preuve d’un si grand amour.

Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum

DIMANCHE DANS L’OCTAVE DE L’EPIPHANIE.
Station au titre de Pammachius.

L’octave de l’Épiphanie, avec une messe unique se répétant identiquement chaque jour de la semaine, est d’origine relativement tardive ; d’ailleurs les anciens lectionnaires romains indiquent que la solennité avait tout au plus un prolongement de deux on trois jours. Le lendemain de l’Épiphanie, la station était sur le Cœlius, au titre de Pammachius, où naguère les martyrs Jean et Paul avaient été décapités et ensevelis dans leur propre domus. Vers le VIIIe siècle, ce rite stationnal en un jour ouvrable étant tombé en désuétude, la fête fut transférée au dimanche.

L’introït fut tiré des livres apocryphes d’Esdras, quand, par suite de l’influence byzantine, ceux-ci pénétrèrent quelquefois dans la liturgie romaine elle-même : « J’ai vu un homme qui siégeait sur un trône élevé, et autour de lui était un grand chœur d’anges qui l’adoraient, chantant des psaumes en son honneur. Voici celui qui règne depuis le commencement de l’éternité. » On y ajoute le psaume 99, qui est celui convenant le mieux à la joie de ce temps de Noël.

Dans la collecte, on supplie le Seigneur d’accorder sa faveur aux prières de son peuple, afin que non seulement on voie dans la lumière divine ce qu’il convient de faire, mais qu’on ait aussi la force de l’exécuter.

Cette petite prière de l’Église est une vraie perle théologique, une de ces nombreuses formules que Célestin Ier invoquait dans les questions relatives à la grâce, quand, en appelant à l’autorité des formules liturgiques, il écrivait : Legem credendi, lex statuat supplicandi. Pour opérer le bien, nous avons avant tout besoin de le connaître, et cela non seulement en général ou dans un ordre purement spéculatif, mais moyennant un jugement pratique de l’intelligence, qui, illuminée par la grâce, voit en détail ce que Dieu désire de l’homme en une circonstance déterminée. Le bien une fois connu, il faut le faire, et Dieu meut efficacement la volonté par sa grâce, sans aucunement léser le libre arbitre. Comme l’Église nous l’enseigne dans la sainte liturgie, cette motion divine adspirando praevenit et adiuvando prosequitur, de façon à sortir la volonté de son état d’indifférence passive, lui donnant son acte connaturel libre.

L’épître n’a pas de caractère spécial, mais est la continuation de la lettre aux Romains commencée la veille de Noël. Elle s’adapte toutefois admirablement à l’esprit de la sainte liturgie durant ce cycle de Noël. De même que Jésus, dans l’obscurité de la maison de Nazareth, inaugura la Rédemption du monde en se faisant petit Enfant, obéissant à Marie et à Joseph, ainsi le chrétien doit se réformer soi-même en inaugurant, comme s’exprime si bien l’Apôtre, une nouvelle enfance spirituelle dans l’humilité, la simplicité, l’obéissance, l’abandon filial à Dieu, à l’image de l’Enfant Jésus. Cet esprit d’enfance spirituelle nous induit à rester chacun à la place qui nous a été assignée par la Providence, sans vouloir nous élever, ou, comme dit saint Paul sans chercher à être plus sage qu’il ne convient. Nous ne sommes que les membres mystiques d’un unique corps, celui du Christ. Peu importe que chaque membre n’ait pas les mêmes fonctions que l’autre ; tous néanmoins participent à une même vie divine, qui circule dans tous les membres de l’Église.

Le verset graduel provient du psaume 71, et est tout un cri de joie dans lequel éclate la nature pour le mystère de justice et de paix accompli en ces jours par le Seigneur.

La strophe alléluiatique est prise au psaume 99, celui de l’introït, et répond admirablement au caractère joyeux et de sainte allégresse de la station de ce jour.

La lecture de saint Luc (II, 41-52) narre la perte de Jésus dans le temple, son recouvrement après trois jours de recherche, et son retour à Nazareth, où, de douze à trente ans, son ineffable vie domestique fut résumée en ces simples mots par l’Évangéliste : et erat subditus illis. Mais en cette phrase, quel abîme de sagesse ! La Vierge très sainte, en proie à une désolation qui préludait à celle du Calvaire, voulut, en face des rayons de science divine illuminant le front de Jésus assis au milieu des docteurs, mettre en relief la vérité de sa nature humaine moyennant l’affirmation solennelle de ses droits maternels sur lui ; et à Celui que les anges adorent en silence, se couvrant le visage de leurs ailes, elle, simple créature, donne le titre de fils, lui demandant le pourquoi de ses trois jours d’absence. Quid fecisti nobis sic ? Quelle créature quelque élevée en sainteté qu’on la suppose, a jamais pu s’arroger une telle autorité sur le Fils unique de Dieu ? Et Marie non seulement le peut, mais le doit, en vertu de son office maternel lui-même, qui lui impose de veiller sur Jésus et de le garder jusqu’au jour où la victime doit être livrée pour le sacrifice.

La réponse de Jésus répand tant de lumière sur sa génération divine, qu’elle éblouit jusqu’aux yeux illuminés de sa Mère : Nesciebatis quia in iis quae Patris mei sunt oportet me esse ? Marie avait réclamé des droits sur sa nature humaine ; Jésus en proclame de bien plus élevés sur sa nature divine, mystère qui, naturellement, éblouit l’esprit de Marie et de Joseph, par le fait même de l’immense lumière dont le Seigneur mondait leur sublime élévation. Et ipsi nihil horum intellexerunt. Il en est toujours ainsi dans la vie présente, et la lumière que Dieu répand sur notre oraison ne sert qu’à nous faire mieux connaître sa transcendance infinie.

Mais il faut noter encore un autre fait. Marie et Joseph, se perdirent dans l’abîme de sagesse que révélait la simple réponse de l’Enfant Jésus. Non pas qu’ils ignorassent une vérité si simple, à savoir que toute créature est tenue de se dédier tout entière au service du Créateur ; mais ils ne comprirent pas encore parfaitement le mode particulier et les circonstances dans lesquelles ce parfait serviteur de Dieu, comme l’appelle Isaïe, voulait pratiquer son obéissance envers le Père. Si donc la pénétration de ce mystère est une science si sublime que s’y perdent les parents eux-mêmes de Jésus, qui pourra se flatter de n’avoir plus rien à apprendre au pied de la Croix ?

L’antienne de l’offertoire, tirée comme celle de l’introït, du psaume 99, est un vrai chef-d’œuvre musical. La luxuriante mélodie correspond à l’âge d’or de la Schola romaine, et l’on voit bien que le compositeur a voulu en goûter toute la saveur spirituelle, avec ces mélismes accumulés sur le iubilate Deo omnis terra, que l’on chante jusqu’à deux fois.

La prière sur les oblations est concise, mais élégante : « Que le sacrifice qui vous est offert, Seigneur, nous donne vie intarissable et secours ! »

L’antienne de la Communion est tirée de l’Évangile, là où Marie demande à son divin Fils pourquoi il s’est ainsi éloigné de ses parents. Jésus répond : « Pourquoi me chercher ? Ne savez-vous pas que je dois m’occuper des affaires de mon Père ? »

La collecte après la Communion demande au Seigneur qu’après nous avoir réconfortés par le divin Sacrement, il nous accorde aussi de pouvoir y correspondre par une vie digne d’un si grand don.

Nesciebatis quia in iis quae Patris mei sunt oportet me esse ? Voici un digne programme de vie sacerdotale à l’exemple de Jésus. En effet, le prêtre, comme Melchisédech dont l’apôtre fait remarquer qu’il apparaît d’une façon inattendue dans l’Écriture sine patre, sine matre, sine genealogia, le prêtre n’a plus de liens ni d’intérêts terrestres ou familiaux l’attachant au monde. Sa patrie est l’Église , — presbyter de catholica, comme s’appelaient parfois dans les catacombes les prêtres des premiers siècles ; sa famille est celle de Dieu, ses intérêts sont vastes et dépassent le ciel, la terre et le purgatoire même, recherchant uniquement la gloire suprême de Dieu.

Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique

Ne savez-vous pas que je dois m’occuper des intérêts de mon Père ?

1. Jésus à douze ans. — Quelle est l’importance de ce passage de l’Évangile, dans la messe du dimanche ? Dans la fête de la Sainte Famille, l’Église voulait nous présenter la vie parfaite de la Sainte Famille, comme un idéal ; dans la messe du dimanche nous célébrons une manifestation divine (une Épiphanie encore) et une phase importante de la vie rédemptrice du Christ. Notre Seigneur manifeste sa « gloire » aux époques importantes de sa vie : au moment de son Incarnation, par la mission de l’Ange et le miracle dans la maison d’Élisabeth ; au moment de sa naissance, par le Gloria des anges et l’étoile des Mages ; au moment de sa Présentation, par la prophétie de Siméon ; à l’âge de douze ans, l’âge de sa majorité, par son attitude surprenante, au temple, et l’affirmation de sa divinité ; à l’âge de trente ans par la révélation de la Sainte Trinité, pendant son Baptême ; au début de sa vie publique, par le miracle des noces de Cana ; de même au moment de sa mort, de sa Résurrection, de son Ascension. Cette manifestation de sa gloire, aux moments les plus importants de sa vie, a pour but de graver dans la mémoire de l’humanité les phases capitales de son œuvre rédemptrice. L’Église, fidèle à la recommandation de son Maître (« faites ceci en mémoire de moi »), célèbre dans son culte eucharistique tous les événements importants de la Rédemption et renouvelle ainsi, chaque année, toute l’œuvre du salut. Aujourd’hui, Notre-Seigneur nous annonce son programme rédempteur : « Ne savez-vous pas que je dois m’occuper des intérêts de mon Père ? » et nous donne en même temps, dans l’Eucharistie, la grâce de la majorité spirituelle qui se définit par la même parole. Encore une autre remarque. Dans un grand nombre de ces manifestations divines, dans la vie rédemptrice du Seigneur, sa Sainte Mère est à ses côtés et souffre ; c’est encore le cas aujourd’hui. Quelle signification a pour nous cette circonstance ? La Sainte Vierge est l’image de l’Église qui, par ses souffrances et sa coopération, s’approprie la grâce de la Rédemption et attend la grande manifestation divine, le retour de Notre-Seigneur. Le recouvrement de l’Enfant Jésus au temple est un symbole de son retour au dernier jour. Notre Mère l’Église le cherche jusqu’à sa Parousie « avec douleur » ; quand elle le retrouve, quand il vient, il dit : « Ne savez-vous pas que je dois m’occuper des intérêts de mon Père » c’est-à-dire être assis à sa droite ? Le Saint-Sacrifice est la réalisation anticipée du retour, un reflet du retour du Christ dans le présent, et cela particulièrement au moment des fêtes de Noël et de l’Épiphanie. Essayons de comprendre le sens profond de la messe d’aujourd’hui : nous voyons Notre-Seigneur entrant dans sa majorité, au moment de son premier et de son second avènement ; l’Église est là, c’est la Mère qui le cherche avec douleur et le retrouve avec joie.

2. La messe (In excelsio throno). — Quand on a compris l’importance de cette messe et qu’on en a admiré la beauté, on regrette que la fête de la Sainte Famille l’ait définitivement supplantée. A l’Introït, nous entrons dans le sanctuaire et nous voyons une merveilleuse image de la Parousie : le Christ est sur son trône, les anges l’entourent, sa royauté est éternelle. Puis nous chantons le psaume de la Résurrection, le ps. 99 (le dimanche est le jour de la Résurrection). L’Oraison nous rappelle que l’accomplissement de la volonté de Dieu est la première tâche de notre vie. Cette pensée anime toute la messe ; nous la retrouvons dans l’Épître : notre corps doit être une hostie vivante, sainte, agréable à Dieu. Saint Paul exprime ici le sens profond de l’Offrande, il faut que nous soumettions notre vie à une réforme profonde. Nous entendons ensuite de belles considérations liturgiques sur le corps mystique du Christ. L’Évangile est une manifestation divine de l’Enfant Jésus ; ses paroles (les premières qui nous soient transmises de lui) le montrent comme Fils de Dieu, elles expriment sa vocation et aussi la nôtre : l’accomplissement de la volonté divine ; mais elles laissent aussi présager les combats qui se préparent. A l’Offertoire, nous nous présentons avec allégresse devant la face du Seigneur pour le servir et être ses victimes vivantes. La Communion reprend le leitmotiv de la messe : notre désir à nous aussi est de nous occuper des intérêts du Père céleste. Au Saint-Sacrifice, l’Église et l’âme tiennent la place de Marie qui retrouve Notre-Seigneur au moment de son retour.