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Samedi de la 1ère semaine de l’Avent

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Sommaire

  Textes de la Messe  
  Office  
  Dom Guéranger, l’Année Liturgique  
  Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum  
  Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique  

Textes de la Messe

Messe de la Férie pour la 1ère semaine de l’Avent
Ant. ad Introitum. Ps. 24, 1–3.Introït
Ad te levávi ánimam meam : Deus meus, in te confíde, non erubéscam : neque irrídeant me inimíci mei : étenim univérsi, qui te exspéctant, non confundéntur.Vers vous l’élan de mon âme, ô mon Dieu ! En vous ma confiance : que je n’aie pas à en rougir et que mes ennemis ne puissent pas se moquer de moi car ceux qui comptent sur votre venue ne seront pas déçus.
Ps. ibid., 4
Vias tuas, Dómine, demónstra mihi : et sémitas tuas édoce me.Montrez-moi votre chemin, Seigneur, et apprennez-moi à le suivre.
V/.Glória Patri.
Oratio.Collecte
Excita, quǽsumus, Dómine, poténtiam tuam, et veni : ut ab imminéntibus peccatórum nostrórum perículis, te mereámur protegénte éripi, te liberánte salvári : Qui vivis et regnas.Réveillez votre puissance, Seigneur et venez, pour que, dans le grand péril où nous sommes à cause de nos péchés, nous puissions trouver en vous le défenseur qui nous délivre et le libérateur qui nous sauve.
Lectio Epístolæ beati Páuli Apóstoli ad RománosLecture de l’Epître de Saint Paul aux Romains
Rom. 13, 11–14.
Fratres : Scientes, quia hora est iam nos de somno súrgere. Nunc enim própior est nostra salus, quam cum credídimus. Nox præcéssit, dies autem appropinquávit. Abiciámus ergo ópera tenebrárum, et induámur arma lucis. Sicut in die honéste ambulémus : non in comessatiónibus et ebrietátibus, non in cubílibus et impudicítiis, non in contentióne et æmulatióne : sed induímini Dóminum Iesum Christum. Mes Frères : vous savez en quel temps nous sommes : c’est l’heure de nous réveiller enfin du sommeil ; car maintenant le salut est plus près de nous que lorsque nous avons embrassé la foi. La nuit est avancée, et le jour approche. Dépouillons-nous donc des œuvres des ténèbres et revêtons les armes de la lumière. Marchons honnêtement, comme en plein jour, ne nous laissant point aller aux excès de la table et du vin, à la luxure et à l’impudicité, aux querelles et aux jalousies. Mais revêtez-vous du Seigneur Jésus-Christ, et ne prenez pas soin de la chair, de manière à en exciter les convoitises.
Graduale. Ps. 24, 3 et 4.Graduel
Univérsi, qui te exspéctant, non confundéntur, Dómine. Ceux qui comptent sur votre venue, Seigneur, ne seront pas déçus.
V/. Vias tuas, Dómine, notas fac mihi : et sémitas tuas édoce me.Montrez-moi votre chemin, Seigneur, et apprennez-moi à le suivre
+ Sequéntia sancti Evangélii secundum Lucam.Suite du Saint Évangile selon saint Luc.
Luc. 21, 25–33.
In illo témpore : Dixit Iesus discípulis suis : Erunt signa in sole et luna et stellis, et in terris pressúra géntium præ confusióne sónitus maris et flúctuum : arescéntibus homínibus præ timóre et exspectatióne, quæ supervénient univérso orbi : nam virtútes cælórum movebúntur. Et tunc vidébunt Fílium hóminis veniéntem in nube cum potestáte magna et maiestáte. His autem fíeri incipiéntibus, respícite et leváte cápita vestra : quóniam appropínquat redémptio vestra. Et dixit illis similitúdinem : Vidéte ficúlneam et omnes árbores : cum prodúcunt iam ex se fructum, scitis, quóniam prope est æstas. Ita et vos, cum vidéritis hæc fíeri, scitóte, quóniam prope est regnum Dei. Amen, dico vobis, quia non præteríbit generátio hæc, donec ómnia fiant. Cælum et terra transíbunt : verba autem mea non transíbunt.En ce temps là, Jésus dit à ses disciples : « Il y aura des signes dans le soleil, dans la lune et dans les astres, et, sur la terre, une angoisse des nations inquiètes du fracas de la mer et de son agitation, les hommes expirant de frayeur et d’anxiété pour ce qui doit arriver à l’univers, car les puissances des cieux seront ébranlées. Alors on verra le Fils de l’homme venant dans une nuée avec grande puissance et grande gloire. Quand ces choses commenceront à arriver, redressez-vous et relevez la tête, parce que votre délivrance approche ». Et il leur dit une parabole : « Voyez le figuier et tous les arbres : quand déjà ils bourgeonnent, à cette vue vous savez de vous-mêmes que déjà l’été est proche. Ainsi, quand vous verrez ces choses arriver, sachez que le royaume de Dieu est proche. Je vous le dis, en vérité, cette génération ne passera point que toutes (ces) choses ne soient arrivées. Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point. »
Ant. ad Offertorium. Ps. 24, 1–3.Offertoire
Ad te levávi ánimam meam : Deus meus, in te confído, non erubéscam : neque irrídeant me inimíci mei : étenim univérsi, qui te exspéctant, non confundéntur.Vers vous l’élan de mon âme, ô mon Dieu ! En vous ma confiance : que je n’aie pas à en rougir et que mes ennemis ne puissent pas se moquer de moi car ceux qui comptent sur votre venue ne seront pas déçus.
Secreta.Secrète
Hæc sacra nos, Dómine, poténti virtúte mundátos ad suum fáciant purióres veníre princípium. Per Dóminum nostrum.Seigneur, que ces offrandes sacrées exercent leur pouvoir pour nous purifier, et nous fassent approcher plus purs de Celui qui les a créées.
Præfatio communis. Préface Commune .
In aliquibus diœcesibus et in Gallis, præfatio de Adventu.Dans quelques diocèses et en France, Préface de l’Avent .
Ant. ad Communionem. Ps. 84, 13.Communion
Dóminus dabit benignitátem : et terra nostra dabit fructum suum.Le Seigneur donnera sa bénédiction, et notre terre produira son fruit.
Postcommunio.Postcommunion
Suscipiámus, Dómine, misericórdiam tuam in médio templi tui : ut reparatiónis nostræ ventúra sollémnia cóngruis honóribus præcedámus. Per Dóminum.Puissions-nous, Seigneur, recevoir au milieu de votre temple votre miséricorde : et préparer avec toute la solennité qui convient les fêtes prochaines de notre rédemption.

Office

Leçons des Matines

Du Prophète Isaïe. Cap. 7, 1-6 ; 10-15.

Première leçon. Et il arriva dans les jours d’Achaz, fils de Joathan, fils d’Ozias, roi de Juda, que Rasin, roi de Syrie, et Phacée, fils de Romélie, roi d’Israël, montèrent à Jérusalem, pour lui livrer bataille : et ils ne purent la réduire. Et on l’annonça à la maison de David, en disant : La Syrie a trouvé un appui dans Éphraïm ; et le cœur d’Achaz fut agité, ainsi que le cœur du peuple, comme sont agités les arbres des forêts à la face du vent. Et le Seigneur dit à Isaïe : Sors au devant d’Achaz, toi, et Jasub ton fils, qui t’est resté [1], et va à l’extrémité du canal de la piscine supérieure, sur la voie du Champ du foulon.
R/. Voici, dit le Seigneur, que la Vierge concevra et enfantera un fils : [2] * Et son nom sera appelé Admirable, Dieu, Fort. [3] V/. Il s’assiéra sur le trône de David, * et sur son royaume pour l’éternité. [4] * Et son nom.

Deuxième leçon. Et tu lui diras : Voyez à vous tenir en repos ; ne craignez point, et que votre cœur ne tremble pas, à cause de ces deux bouts de tisons fumants, [5] devant la colère de Rasin, roi de Syrie, et du fils de Romélie ; parce que la Syrie, Éphraïm et le fils de Romélie ont formé de mauvais desseins contre vous, disant : Montons contre Juda, et mettons-le en mouvement, faisons-le venir à nous, et établissons-y pour roi le fils de Zabéel.
R/. Écoutez, Nations, la parole du Seigneur, et annoncez-la aux extrémités de la terre : [6] * Et aux îles qui sont au loin, dites : Notre Sauveur viendra. V/. Annoncez et faites entendre, parlez et criez. * Et aux îles.

Troisième leçon. Le Seigneur parla encore à Achaz disant : Demande un miracle au Seigneur ton Dieu, au fond de l’enfer ou au plus haut des cieux. Et Achaz dit [7] : Je n’en demanderai pas et je ne tenterai pas le Seigneur. Et il dit : Écoutez donc, maison de David : Est-ce peu pour nous d’être fâcheux aux hommes, puisque vous êtes fâcheux même à mon Dieu ? A cause de cela, le Seigneur lui-même vous donnera un signe. Voilà que la Vierge concevra et enfantera un fils, et son nom sera appelé Emmanuel. Il mangera du beurre et du miel, en sorte qu’il sache réprouver le mal et choisir le bien. [8]
R/. Voilà que des jours viennent, dit le Seigneur, et je susciterai à David un germe juste ; un Roi régnera, il sera sage, et il rendra le jugement et la justice sur la terre : [9] * Et voici le nom dont on l’appellera. * Le Seigneur, notre juste. [10] V/. En ces jours- là Juda sera sauvé, et Israël habitera en assurance. * Et voici. Gloire au Père. * Le Seigneur.

A LAUDES.

Capitule. Is. 2, 3. Venez et montons à la montagne du Seigneur et à la maison du Dieu de Jacob, et il nous enseignera ses voies, et nous marcherons dans ses sentiers, parce que de Sion sortira la loi, et la parole du Seigneur, de Jérusalem.

Ant. au Bénédictus Sion, ne craignez point, * voici que votre Dieu viendra, alléluia. [11]

Dom Guéranger, l’Année Liturgique

Regem ventúrum Dóminum, veníte, adorémus.Le Roi qui doit venir, le Seigneur, venez, adorons-le.
Du Prophète Isaïe. CHAP. VII. (Voir leçons des Matines plus haut)

Que notre cœur soit rempli d’espérance et de joie, en entendant cette belle et douce prophétie : Une Vierge concevra et elle enfantera. Ces paroles renferment le salut du monde, comme ces autres paroles expliquent sa ruine : La femme prit le fruit et en mangea, et elle en donna à son mari. Elle est donc venue, cette Vierge promise ; le divin fruit est dans ses entrailles. Par elle, la prévarication d’Ève est réparée, le monde est relevé de sa chute, la tête du serpent est écrasée. Dieu lui-même est plus glorifié dans la fidélité de cette seconde Vierge, qu’il n’avait été outragé par l’infidélité de la première. Le consentement de Marie obtient une part immense dans le salut du monde. Sans doute, c’est le Verbe lui-même qui vient ; « mais, dit saint Bernard dans son IIe Sermon de l’Avent, Marie est la voie par laquelle il vient ; c’est de son sein virginal qu’il sort, comme l’époux de la chambre nuptiale. Travaillons donc à monter vers Jésus par Marie ; puisque c’est par elle qu’il est descendu vers nous. Or, donnez-nous accès auprès de votre Fils, vous, Bénie, vous qui avez trouvé grâce, Mère de la Vie, Mère du salut ; qu’il nous reçoive de vous, celui qui par vous nous a été donné. Que votre intégrité soit l’excuse de notre souillure ; que votre humilité, si agréable à Dieu, obtienne le pardon de notre vanité ; que votre abondante charité couvre la multitude de nos péchés, et que votre glorieuse fécondité nous procure la plénitude des mérites. O notre Dame, notre Médiatrice, notre Avocate ! Réconciliez-nous avec votre fils, recommandez-nous à votre fils, présentez-nous à votre fils. Faites, ô bénie Vierge ! par la grâce que vous avez trouvée, par la prérogative que vous avez méritée, par la miséricorde dont vous êtes la Mère, que celui qui par votre moyen a daigné se faire participant de notre infirmité et de notre misère, nous rende, par votre intercession, participants de sa gloire et de sa béatitude. »

PROSE EN L’HONNEUR DE LA SAINTE VIERGE. (Composée par Abailard ; elle se trouve dans tous les Missels Romains-Français.)

Dans son amour pour l’homme, Dieu va députer à la Vierge, non un Ange ordinaire, mais l’Archange appelé Force de Dieu.
Qu’il se hâte d’envoyer pour nous le vaillant messager ; que la nature soit vaincue par l’Enfantement d’une Vierge.
Que le Roi de gloire, dans sa Naissance, triomphe de la chair ; qu’il règne et commande ; qu’il enlève des cœurs le levain et la rouille du péché.
Qu’il foule aux pieds le faste des fronts superbes ; qu’il marche dans sa force sur les têtes altières, le Dieu puissant dans les combats.
Qu’il chasse dehors le prince du monde ; qu’il partage avec sa Mère le commandement qu’il exerce avec le Père.
Pars, Ange, annonce ces biens ; et par ton puissant message, lève le voile de la lettre antique.
Approche d’elle et parle : dis-lui en face : Je vous salue. Dis-lui : O pleine de grâce. Dis : Le Seigneur est avec vous. Dis encore : Ne craignez point.
Recevez, ô Vierge ! le dépôt de Dieu ; par lui vous consommerez votre chaste dessein : et votre vœu demeurera intact.
La Vierge entend et accepte le message ; elle croit et conçoit, et enfante un fils, un fils admirable,
Le Conseiller de la race humaine, le Dieu-homme, le Père du siècle futur, l’immuable Pacificateur.
Veuille ce Dieu immuable assurer notre stabilité, de peur que l’humaine faiblesse n’entraîne dans l’abîme nos pas indécis.
Mais que l’auteur du pardon, qui est le Pardon lui-même, que la Grâce obtenue par la Mère de grâce, daigne habiter en nous.
Qu’il nous octroie la remise de nos péchés ; qu’il efface nos méfaits ; qu’il nous donne une patrie dans la cité du ciel.
Amen.

PRIERE DU SACRAMENTAIRE GALLICAN. (En la Vigile de Noël.)

Emmanuel, Dieu avec nous. Christ Fils de Dieu, qui avez déclaré devoir naître d’une Vierge, vous qui comme Seigneur avez créé Marie, cette mère dont vous êtes né le fils ; daignez nous accorder, à nous qui comme elle avons été par vous tirés du néant, d’obtenir une récompense semblable à celle que lui a méritée sa foi.

Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum

Le Bhx Schuster, ne commentant que le Liber Sacramentorum, s’en tient au Missel, on trouvera le commentaire de la messe de la Férie au 1er Dimanche ici.

Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique

La Vierge concevra.

Lecture de l’Avent. — Le Prophète nous fait entendre la prophétie messianique de la naissance virginale du Rédempteur (VII, 10-15) (nous lisons aussi ce passage dans la messe Rorate). Isaïe (VII, 10-15) est envoyé vers le roi Achaz, avec mission de lui proposer de demander un signe miraculeux du ciel, comme preuve que Dieu l’aidera contre ses ennemis. Achaz refuse cette preuve de grâce avec dédain. C’est pourquoi Dieu promet un signe miraculeux dans l’avenir et en même temps un jugement pour Israël : Le Christ né de la Vierge Marie : « En ces jours, le Seigneur parla ainsi à Achaz : demande pour toi un signe du Seigneur, soit dans les profondeurs de l’enfer, soit dans les hauteurs du ciel. Mais Achaz dit : je n’en demanderai pas et je ne tenterai pas le Seigneur. Alors le prophète parla : écoutez donc, écoutez vous autres de la maison de David. N’est-ce donc pas assez d’importuner les hommes que vous voulez importuner votre Dieu lui-même ? C’est pourquoi le Seigneur vous donnera lui-même un signe. Voici qu’une Vierge concevra et enfantera un fils et son nom sera appelé Dieu avec nous (Emmanuel), il mangera de la crème et du miel [12] jusqu’à ce qu’il puisse rejeter le mal et choisir le bien. [13] »

Ce passage convient tout à fait à l’Avent. Le Prophète esquisse, devant nos yeux, une image charmante : la Vierge Mère avec le divin Emmanuel.

Un entant nous est né

Nous rajoutons aujourd’hui une prophétie messianique d’Isaïe que nous entendrons de nouveau à l’heure sainte des matines de Noël (Is. IX, 1-16) [14] :

Il opprime d’abord le pays de Zabulon et le pays de Nephtali ;
Mais ensuite viendront de nouveaux honneurs
Aux pays qui tombent à la mer, au pays d’au-delà du Jourdain et au district des Gentils ;
Le peuple qui marchait dans les ténèbres voit une grande lumière.
Et sur ceux qui habitaient les pays de l’ombre et de la mort se lève une lumière.
Tu multiplieras ton peuple et lui accorderas une grande joie,
Il se réjouira devant toi comme on se réjouit à la moisson, comme on pousse des cris d’allégresse en partageant le butin ;
Car le joug pénible qui pesait sur lui tu l’as brisé comme à la journée de Madian [15]
Ainsi que la verge qui frappait son épaule et le bâton de son exécuteur
Car toute armure de guerrier sera le butin du feu
Et tout manteau sanglant sera la proie des flammes ;
Car un enfant nous est né, un fils nous a été donné ;
Sur ses épaules repose l’empire et on le nommera
Conseiller admirable, Dieu fort, Père de l’avenir. Prince de la paix ;
Il sera assis sur le trône de David pour accomplir son alliance,
Pour l’établir et l’affermir par e droit et la justice, dès maintenant et pour toujours.
Le zèle du Seigneur des armées fera cette œuvre. »

Ce passage est une des plus importantes prédictions des Prophètes.

Chants de l’Avent. — C’est vers cet enfant-Roi que l’Église soupire dans ses chants :

« Voici que viennent les jours, dit le Seigneur,
Et je susciterai à David un rejeton juste.
Il régnera comme Roi et sera sage
Il exercera le droit et la justice sur la terre
Et voici le nom qu’on lui donnera :
Notre Seigneur juste.
En ces jours, Juda sera sauvé
Et Israël habitera dans la sécurité » (Répons)

Dès le matin, l’Église se console ainsi : Sion, ne crains pas, ton Dieu va venir, Alléluia.

Désirs ardents. — Notre premier guide à travers l’Avent nous prêche l’attente et le désir. Tous les jours nous chantons et nous disons après lui : « Cieux, répandez votre rosée ; nuages, laissez tomber, comme une pluie, le Juste. Que la terre s’entr’ouvre et fasse germer le Sauveur. » Demandons-nous, une bonne fois, ce que signifie cette parole : nous devons pendant l’Avent avoir un grand désir du Sauveur !

Jetons d’abord nos regards sur la nature. Le champ ne reçoit la semence que lorsque la charrue l’a pénétré et ouvert. Le labourage est, pour ainsi dire, le désir du champ. Quand, pendant l’été, le soleil impitoyable a brûlé les champs et les prés, que pendant des semaines il n’est pas tombé une goutte d’eau, le sol a soif d’eau. Le champ aspire à l’eau. Pour que la nourriture soit profitable il faut que nous ayons la sensation de la faim. La faim est l’aspiration de l’organisme. Dans la vie physique, il y a des aspirations naturelles qui sont une préparation et une condition préalable pour la croissance et la fécondité.

Regardons maintenant vers la vie naturelle de l’homme. Le désir est le sentiment primitif et foncier du cœur humain. Y a-t-il un homme qui ne désire plus rien ? L’enfant se bâtit déjà des châteaux en Espagne. Quelle soif de bonheur n’ont pas les hommes ! Le cœur humain est un abîme qui demande toujours davantage. « La sangsue a deux filles qui s’appellent : Toujours plus, toujours plus » (Prov. XXX, 15). Combien est grande la faim de l’or chez l’homme ! Combien sont violents et difficiles à dompter les instincts sensuels et les passions de l’homme ! L’ardeur du cœur humain pour les biens de la terre est donc très grande. Et ces désirs, semblables à l’eau sous pression, tendent sans cesse à faire irruption et à se satisfaire.

La nature, selon la volonté de Dieu, est l’image de la surnature. Pourquoi les forces puissantes qui sont dans l’homme ne pourraient-elles pas être mises au service du divin ? Oui, l’homme peut avoir le désir ardent du divin. Dieu s’en servit comme moyen d’éducation pour préparer à la venue du Christ. Il fallait amener les Juifs et les Gentils à désirer le Rédempteur. Les Juifs y furent amenés par la voix des Prophètes ; les païens, par la connaissance de la ruine complète de leur vie spirituelle et morale. C’est pourquoi on entend retentir dans l’antiquité ce cri : Cieux répandez votre rosée et laissez descendre le Juste.

Or, depuis la venue du Rédempteur, le désir n’est pas éteint. Le grand saint Augustin a prononcé cette parole célèbre : « Notre cœur est sans repos tant qu’il ne se repose pas en Dieu. » Les biens terrestres ne peuvent étancher la soif du cœur humain ; Dieu seul peut le rassasier.

Posons maintenant cette question : Comment pouvons-nous désirer le Rédempteur, puisque nous le possédons déjà ? Est-ce que le désir de l’Avent ne doit être qu’un sentiment confus, sans valeur réelle ? Entendons ce désir comme un désir concret, l’aspiration à la Rédemption et au royaume de Dieu. Le Notre Père contient dans ce sens une prière d’Avent : « Que ton règne nous arrive. » Que veut dire cela ? L’âme doit être conquise pour Dieu, elle doit devenir le royaume de Dieu. L’est-elle déjà ? L’est-elle complètement ? N’y a-t-il aucune région dans cette âme où règnent le monde, le moi, le diable ? — Nous sommes les membres du Christ, mais est-ce que le membre que nous sommes est entièrement rempli de la vie divine ? Ayons donc lé désir d’une vie divine complète, le désir de la domination absolue de notre âme par Dieu. Voilà ce que signifie le désir de l’Avent.

Le Christ doit régner sur toutes les forces de notre âme. L’intelligence doit avoir soif de la connaissance divine, afin de pouvoir connaître la profondeur, la hauteur et la longueur de l’état chrétien. La volonté doit être remplie de la force et de la grâce du Christ, afin de pouvoir accomplir ce que Dieu exige d’elle. Ah ! comme elle est donc faible notre volonté humaine ! Le cœur, qui est souvent si froid ou si tiède, doit s’enflammer d’ardeur pour son Roi Jésus-Christ. Il n’a que trop de passion encore pour les biens terrestres. Toutes nos puissances, toutes nos facultés doivent tendre vers l’action vertueuse. En d’autres termes : nos désirs ardents, pendant l’Avent, doivent être le sentiment de notre besoin de Rédemption.

Nous pouvons encore entretenir ces désirs d’une autre manière, en désirant pour les. païens de chez nous et ceux des pays lointains. Ce désir doit nous porter à nous préoccuper des âmes. Prions pour ceux qui ne désirent pas encore le Rédempteur. Disons tous les jours pendant l’Avent, avec ferveur et désir d’être exaucés : Adveniat regnum tuum. Ainsi nos aspirations, pendant l’Avent, ouvriront le champ de notre âme pour la semence de la nouvelle année liturgique.

[1] Jasub, signifie en hébreu, un reste reviendra ; nom mystérieux que Dieu, sans doute, avait fait donner à cet enfant, comme preuve de la délivrance de Juda et de la conversion des restes du peuple sous Ézéchias.

[2] Is. 7, 14.

[3] Is. 9, 6.

[4] Is. 9, 7.

[5] Tisons fumants, car avec eux finirent les royaumes de Syrie et de Samarie.

[6] Jerem. 31, 10.

[7] Ce roi impie savait que, s’il demandait un prodige, il le verrait, ce qui serait tout à la gloire de Dieu. Adorateur des idoles, il refusa d’obéir à l’ordre du Seigneur. (Saint Jérôme).

[8] Il usera des aliments propres a l’enfance, et toutefois il saura, dès sa naissance, discerner le bien et réprouver le mal. (Saint Jérôme). Le miel et le beurre représentent les bonnes œuvres, conçues dans la charité et dans la joie du cœur, et généreusement accomplies. Aussi est-il dit que le Seigneur se nourrit de beurre et de miel, et ces aliments lui sont donnés par ses humbles serviteurs. (Saint Augustin).

[9] Jerem. 23, 5.

[10] Jerem. 23, 6.

[11] Soph. 3, 16.

[12] C’est à dire qu’il sera un fils des hommes ordinaires, fils de pauvres gens qui se nourrira d’aliments communs.

[13] Jusqu’à l’âge de raison.

[14] La lecture continue au bréviaire passe du chapitre 7 lu le samedi de la 1ère semaine au chapitre 11 lu le 2nd dimanche.

[15] Gédéon infligea aux Madianites une grande défaite.