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Mardi de Pâques

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Sommaire

  Textes de la Messe  
  Office  
  Dom Guéranger, l’Année Liturgique  
  Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum  
  Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique  

Après le témoignage de la résurrection donné par les Anges (vigile et dimanche de Pâques) et par le Prince des Apôtre (lundi de Pâques), la liturgie nous apporte le témoignage en ce jour de l’Apôtre des Gentils : aussi est-ce dans la basilique de Saint-Paul, sur la voie d’Ostie, que l’Eglise rassemblait aujourd’hui ses enfants qui venaient de naître (Collecte) pour leur prêcher par sa bouche les paroles de la Sagesse divine (Introït).

Textes de la Messe

Feria Tertia infra Octavam Paschæ
Mardi de Pâques
ante CR 1960 : duplex I classis
double de 1ère classe
CR 1960 : I classis
1ère classe
Statio ad S. Paulum
Station à St-Paul
Ant. ad Introitum. Eccli. 15, 3 et 4.Introït
Aqua sapiéntiæ potávit eos, allelúia : firmábitur in illis et non flectétur, allelúia : et exaltábit eos in ætérnum, allelúia, allelúia.Il les a abreuvés de l’eau de la Sagesse, alléluia, elle s’établira en eux et les rendra inébranlables, alléluia, elle les élèvera en gloire à jamais, alléluia.
Ps. 104, 1.
Confitémini Dómino et invocáte nomen eius : annuntiáte inter gentes ópera eius.Célébrez le Seigneur et invoquez son nom : annoncez ses œuvres parmi les nations.
V/.Glória Patri.
Oratio.Collecte
Deus, qui Ecclésiam tuam novo semper fœtu multíplicas : concéde fámulis tuis ; ut sacraméntum vivéndo téneant, quod fide percepérunt. Per Dóminum.O Dieu, qui agrandissez sans cesse votre Église par une nouvelle génération : accordez à vos serviteurs de garder dans leur vie le sacrement qu’il ont reçu par la foi.
Léctio Actuum Apostolórum.Lecture des Actes des Apôtres.
Act. 13, 16 et 26-33.
In diébus illis : Surgens Paulus et manu silentium índicens, ait : Viri fratres, fílii generis Abraham, et qui in vobis timent Deum, vobis verbum salútis huius missum est. Qui enim habitábant Ierúsalem, et príncipes eius, ignorántes Iesum et voces Prophetárum, quæ per omne sábbatum legúntur, iudicántes implevérunt : et nullam causam mortis inveniéntes in eo, petiérunt a Piláto, ut interfícerent eum. Cumque consummássent ómnia, quæ de eo scripta erant, deponéntes eum de ligno, posuérunt eum in monuménto. Deus vero suscitávit eum a mórtuis tértia die : qui visus est per dies multos his, qui simul ascénderant cum eo de Galilǽa in Ierúsalem, qui usque nunc sunt testes eius ad plebem. Et nos vobis annuntiámus eam, quæ ad patres nostros repromíssio facta est : quóniam hanc Deus adimplévit fíliis nostris, resúscitans Iesum Christum, Dóminum nostrum.En ces jours-là, Paul se levant, faisant le silence d’un signe de la main, dit : Mes Frères, fils de la race d’Abraham et ceux d’entre vous qui craignent Dieu, c’est à vous que cette parole de salut a été envoyée. Car les habitants de Jérusalem et leurs chefs, ayant méconnu Jésus, ont accompli sans le savoir les paroles des prophètes qu’on lit chaque sabbat en le condamnant ; et n’ayant trouvé en lui aucune cause de mort, ils ont demandé à Pilate de le faire périr. Et quand ils eurent accompli tout ce qui est écrit de lui, ils le descendirent du bois et le déposèrent dans un sépulcre. Mais Dieu l’a ressuscité d’entre les morts le troisième jour ; et il a été vu pendant bon nombre de jours par ceux qui étaient montés avec lui de la Galilée à Jérusalem, et qui maintenant sont ses témoins auprès du peuple. Et nous vous annonçons que la promesse faite à nos pères a été accomplie : car Dieu l’a accomplie pour nos fils, en ressuscitant Jésus-Christ, Notre-Seigneur.
Graduale. Ps. 117, 24.Graduel
Hæc dies, quam fecit Dóminus : exsultémus et lætémur in ea.Voici le jour que le Seigneur a fait ; passons-le dans l’allégresse et dans la joie.
V/. Ps. 106, 2. Dicant nunc, qui redémpti sunt a Dómino : quos rédemit de manu inimíci, et de regiónibus congregávit eos.V/. Qu’ils le disent maintenant ceux qui ont été rachetés par le Seigneur, ceux qu’il a racheté de la main de l’ennemi et rassemblés de tous les pays.
Allelúia, allelúia. V/. Surrexit Dóminus de sepúlcro, qui pro nobis pepéndit in ligno.Allelúia, allelúia. V/. Il est ressuscité du tombeau, le Seigneur qui pour nous fut suspendu au bois.
Sequentia. Séquence.
Víctimæ pascháli laudes ímmolent Christiáni.A la victime pascale, que les Chrétiens immolent des louanges.
Agnus rédemit oves : Christus ínnocens Patri reconciliávit peccatóres.L’Agneau a racheté les brebis : le Christ innocent a réconcilié les pécheurs avec son Père.
Mors et vita duéllo conflixére mirándo : dux vitæ mórtuus regnat vivus.La vie et la mort se sont affronté en un duel prodigieux : l’Auteur de la vie était mort, il règne vivant.
Dic nobis, María, quid vidísti in via ?Dis-nous, Marie, qu’as-tu vu en chemin ?
Sepúlcrum Christi vivéntis et glóriam vidi resurgéntis.J’ai vu le tombeau du Christ vivant, et la gloire du ressuscité.
Angélicos testes, sudárium et vestes.J’ai vu les témoins angéliques, le suaire et les linceuls.
Surréxit Christus, spes mea : præcédet vos in Galilǽam.Il est ressuscité, le Christ, mon espérance : il vous précèdera en Galilée.
Scimus Christum surrexísse a mórtuis vere : tu nobis, victor Rex, miserére. Amen. Allelúia.Nous le savons : le Christ est ressuscité des morts : ô Vous, Roi vainqueur, ayez pitié de nous. Amen. Alléluia.
+ Sequéntia sancti Evangélii secundum Lucam .Lecture du Saint Evangile selon saint Luc.
Luc. 24, 36-47.
In illo témpore : Stetit Iesus in médio discipulórum suórum et dicit eis : Pax vobis : ego sum, nolíte timére. Conturbáti vero et contérriti, existimábant se spíritum vidére. Et dixit eis : Quid turbáti estis, et cogitatiónes ascéndunt in corda vestra ? Vidéte manus meas et pedes, quia ego ipse sum : palpáte et vidéte : quia spíritus carnem et ossa non habet, sicut me vidétis habére. Et cum hoc dixísset, osténdit eis manus et pedes. Adhuc autem illis non credéntibus et mirántibus præ gáudio, dixit : Habétis hic aliquid, quod manducétur ? At illi obtulérunt ei partem piscis assi et favum mellis. Et cum manducásset coram eis, sumens relíquias, dedit eis. Et dixit ad eos : Hæc sunt verba, quæ locútus sum ad vos, cum adhuc essem vobíscum, quóniam necésse est impléri ómnia, quæ scripta sunt in lege Móysi et Prophétis et Psalmis de me. Tunc apéruit illis sensum, ut intellégerent Scriptúras. Et dixit eis : Quóniam sic scriptum est, et sic oportébat Christum pati, et resúrgere a mórtuis tértia die : et prædicári in nómine eius pœniténtiam, et remissiónem peccatórum in omnes gentes.En ce temps-là : Jésus se tint au milieu de ses disciples et leur dit : "La paix soit avec vous ! C’est moi, n’ayez pas peur". Mais saisis de stupeur et d’effroi, ils croyaient voir un esprit. Et il leur dit : " Pourquoi êtes-vous troublés, et pourquoi des pensées s’élèvent-elles dans vos cœurs ? Voyez mes mains et mes pieds ; c’est bien moi. Touchez-moi et voyez : car un esprit n’a ni chair ni os, comme vous voyez que j’en ai.". Et ce disant, il leur montra ses mains et ses pieds. Comme ils ne croyaient pas encore et qu’ils étaient dans l’étonnement à cause de leur joie, il leur dit : "Avez-vous ici quelque chose à manger ?" Ils lui présentèrent un morceau de poisson grillé et un gâteau de miel. Et après qu’il eut mangé devant eux, prenant les restes, il les leur donna. Puis il leur dit : "Telles sont bien les paroles que je vous ai dites quand j’étais encore avec vous : il faut que s’accomplisse tout ce qui est écrit de moi dans la Loi de Moïse, les Prophètes et les Psaumes." Alors il leur ouvrit l’intelligence pour comprendre des Ecritures ; et il leur dit : "Ainsi il est écrit que le Christ devait souffrir et ressusciter des morts le troisième jour, et que le repentir pour la rémission des péchés doit être prêché en son nom à toutes les nations.
Credo
Ant. ad Offertorium. Ps. 17,14 et 16.Offertoire
Intónuit de cælo Dóminus, et Altíssimus dedit vocem suam : et apparuérunt fontes aquárum, allelúia.Le Seigneur a tonné du haut du ciel et le Très-Haut a fait entendre sa voix : alors les sources des eaux ont paru, alléluia.
Secreta.Secrète
Súscipe, Dómine, fidélium preces cum oblatiónibus hostiárum : ut, per hæc piæ devotiónis offícia, ad cæléstem glóriam transeámus. Per Dóminum.Recevez, Seigneur, les prières de vos fidèles avec l’oblation de ces hosties ; afin que, par ces devoirs d’une pieuse dévotion, nous parvenions à la gloire céleste.
Præfatio, Communicántes et Hanc ígitur, ut in die Paschæ.. Préface, Communicantes et Hanc igitur du jour de Pâques
Ant. ad Communionem. Coloss. 3, 1-2.Communion
Si consurrexístis cum Christo, quæ sursum sunt quǽrite, ubi Christus est in déxtera Dei sedens, allelúia : quæ sursum sunt sápite, allelúia.Si donc vous êtes ressuscités avec le Christ, recherchez les choses qui sont en haut, où le Christ est assis à la droite de Dieu, Alléluia. Ayez du goût pour les choses d’en haut. Alléluia.
Postcommunio.Postcommunion
Concéde, quǽsumus, omnípotens Deus : ut paschális percéptio sacraménti, contínua in nostris méntibus persevéret.Per Dóminum.Faites, nous vous en supplions, Dieu tout-puissant, que la réception du sacrement pascal laisse en nos esprits des fruits durables.
Post Dóminus vobíscum dicitur : Ite, Missa est, allelúia, allelúia.Après Dóminus vobíscum on dit : Ite, Missa est, allelúia, allelúia.
R/. Deo grátias, allelúia, allelúia.R/. Deo grátias, allelúia, allelúia.

Office

A MATINES

Invitatorium Invitatoire
Surréxit Dóminus vere, * Allelúia.Le Seigneur est vraiment ressuscité, * Alléluia.
Psaume 94 (Invitatoire)
Hymni et capitula non dicuntur in aliqua horarum, nec versiculi, nisi in Nocturno. On ne dit les hymnes et les capitules à aucune heure, ni les verts sauf au Nocturne.
Ant. 1 Ego sum qui sum * et consílium meum non est cum ímpiis, sed in lege Dómini volúntas mea est, allelúia.Ant. 1 Je suis celui qui suis [1], * et mon conseil n’est pas avec les impies [2], mais ma volonté est dans la loi du Seigneur [3], alléluia.
Psaume 1
On répète l’antienne du psaume après chaque psaume.
Ant. 2 Postulávi Patrem meum, * allelúia : dedit mihi Gentes, allelúia, in hereditátem, allelúia.Ant. 2 J’ai demandé à mon Père, * alléluia : il m’a donné les nations, alléluia, en héritage, alléluia [4].
Psaume 2
Ant. 3 Ego dormívi, * et somnum cepi : et exsurréxi, quóniam Dóminus suscépit me, allelúia, allelúia.Ant. 3 Moi je me suis endormi, * j’ai sommeillé ; et je me suis levé parce que le Seigneur m’a pris sous sa protection [5].
Psaume 3
V/. Surréxit Dóminus vere, allelúia.V/. Le Seigneur est vraiment ressuscité, alléluia.
R/. Et appáruit Simóni, allelúia.R/. Et il est apparu à Simon, alléluia.
Lectio i1ère leçon
Léctio sancti Evangélii secundum Lucam.Lecture du saint Évangile selon saint Luc.
Cap. 24, 36-47.
In illo témpore : Stetit Iesus in médio discipulórum, et dicit eis : Pax vobis : ego sum, nolíte timére. Et réliqua.En ce temps-là : Jésus se tint au milieu de ses disciples et leur dit : « La paix soit avec vous ! C’est moi, n’ayez pas peur ». Et le reste.
Homilía sancti Ambrósii Epíscopi.Homélie de saint Ambroise, Évêque.
Liber 10 Comment. in Lucam cap. 24, ante finem
Mirum, quo modo se natúra corpórea per impenetrábile corpus infúderit invisíbili áditu, visíbili conspéctu : tangi fácilis, diffícilis æstimári. Dénique conturbáti discípuli æstimábant se spíritum vidére. Et ídeo Dóminus, ut spéciem nobis resurrectiónis osténderet : Palpáte, inquit, et vidéte, quia spíritus carnem et ossa non habet, sicut me vidétis habére. Non ergo per incorpóream natúram, sed per resurrectiónis qualitátem, impérvia usu clausa penetrávit. Nam quod tángitur, corpus est : quod palpátur, corpus est.Il faut admirer comment une nature corporelle s’est insinuée au travers d’un corps impénétrable, restant invisible à son entrée, visible cependant aux regards ; facile à toucher, difficile à comprendre. En définitive, les disciples tout troublés croyaient voir un esprit. C’est pourquoi le Seigneur, afin de nous donner une preuve évidente de sa résurrection : « Palpez, dit-il, et voyez, parce qu’un esprit n’a ni chair ni os, comme vous me voyez en avoir. » Ce n’est donc pas par sa nature incorporelle, mais par sa nature telle que l’avait faite sa résurrection, qu’il pénétra en des lieux clos, dont aucune entrée n’avait été laissée libre. Car ce que l’on touche est corps, ce que l’on palpe est corps.
R/. Virtúte magna reddébant Apóstoli * Testimónium resurrectiónis Iesu Christi Dómini nostri, allelúia, allelúia.R/. Les Apôtres rendaient avec une grande force [6], * Témoignage de la résurrection de Jésus-Christ notre Seigneur, alléluia, alléluia.
V/. Repléti quidem Spíritu Sancto, loquebántur cum fidúcia verbum Dei.V/. Remplis de l’Esprit-Saint, ils annonçaient la parole de Dieu avec confiance.
R/. Testimónium resurrectiónis Iesu Christi Dómini nostri, allelúia, allelúia.R/. Témoignage de la résurrection de Jésus-Christ notre Seigneur, alléluia, alléluia.
Lectio ii2e leçon
In córpore autem resurgémus. Seminátur enim corpus animále, surgit corpus spiritále : sed illud subtílius, hoc crassius, útpote adhuc terrénæ lábis qualitáte concrétum. Nam quómodo non corpus, in quo manébant insígnia vúlnerum, vestígia cicatrícum, quæ Dóminus palpánda óbtulit ? In quo non solum fidem firmat, sed étiam devotiónem ácuit, quod vúlnera suscépta pro nobis cælo inférre máluit, abolére nóluit : ut Deo Patri nostræ prétia libertátis osténderet. Talem sibi Pater ad déxteram locat, trophǽum nostræ salútis ampléctens : tales illic Mártyres nobis cicatrícis suæ coróna monstrávit.Or nous ressusciterons dans nos corps. Car on met en terre le corps animal, comme une semence, il en sort un corps spirituel : celui-ci plus subtil ; celui-là plus lourd, vu qu’il est encore appesanti par la condition même de l’infirmité terrestre. En effet, comment ne serait-ce pas un corps, ce dans quoi demeuraient les marques des blessures, les vestiges des cicatrices que le Seigneur présenta à palper ? En cela il n’affermit pas seulement la foi, il excite encore la dévotion, parce qu’il a préféré porter au ciel les blessures reçues pour nous, et n’a pas voulu en supprimer les traces, afin de montrer à Dieu son Père le prix de notre liberté. C’est en cet état que le Père le place à sa droite, embrassant en lui le trophée de notre salut : c’est là et dans le même état, que la couronne méritée par ses cicatrices nous a montré les Martyrs.
R/. De ore prudéntis procédit mel, allelúia : dulcédo mellis est sub lingua eius, allelúia : * Favus distíllans lábia eius, allelúia, allelúia.R/. De la bouche du sage découle le miel, alléluia : la douceur du miel est sous sa langue, alléluia [7] : * Un rayon de miel distille de ses lèvres, alléluia, alléluia.
V/. Sapiéntia requiéscit in corde eius, et prudéntia in sermóne oris illíus.V/. La sagesse repose dans son cœur, et la prudence est dans les paroles de sa bouche [8].
* Favus distíllans lábia eius, allelúia, allelúia. Glória Patri. * Favus distíllans lábia eius, allelúia, allelúia.* Un rayon de miel distille de ses lèvres, alléluia, alléluia. Gloire au Père. * Un rayon de miel distille de ses lèvres, alléluia, alléluia.
Lectio iii3e leçon
Et quóniam sermo huc noster evásit, considerémus qua grátia secúndum Ioánnem credíderint Apóstoli, qui gavísi sunt ; secúndum Lucam quasi incréduli redarguántur : ibi Spíritum Sanctum accéperint, hic sedére in civitáte iubeántur, quoadúsque induántur virtúte ex alto. Et vidétur mihi ille quasi Apóstolus maióra et altióra tetigísse, hic sequéntia et humánis próxima : hic histórico usus circúitu, ille compéndio : quia et de illo dubitári non potest, qui testimónium pérhibet de iis, quibus ipse intérfuit, et verum est testimónium eius : et ab hoc quoque, qui Evangelísta esse méruit, vel negligéntiæ, vel mendácii suspiciónem æquum est propulsári. Et ídeo verum putámus utrúmque, non sententiárum varietáte, nec personárum diversitáte distínctum. Nam etsi primo Lucas eos non credidísse dicat, póstea tamen credidísse demónstrat : et si prima considerémus, contrária sunt : si sequéntia, certum est conveníre.Et puisque notre discours nous y amène, considérons pourquoi, selon saint Jean, les Apôtres ont cru et se sont réjouis ; pourquoi, selon saint Luc, ils sont repris comme incrédules ; comment il est dit là qu’ils ont reçu le Saint-Esprit, et ici qu’ils ont l’ordre de rester dans la cité jusqu’à ce qu’ils soient revêtus de la force d’en haut. Or, il me semble que saint Jean, en sa qualité d’Apôtre, a touché à des choses plus grandes et plus profondes ; que saint Luc a touché à des événements qui s’enchaînent, plus en rapport avec les faits humains ; celui-ci se servant du circuit de l’histoire, celui-là d’un précis ; car on ne peut douter de saint Jean qui apporte son témoignage, « et son témoignage est véridique » [9] ; et d’autre part, il est juste d’écarter tout soupçon de négligence ou de mensonge de saint Luc aussi, qui a mérité d’être Évangéliste. C’est pourquoi nous considérons les deux récits comme vrais, ne différant l’un de l’autre ni par la variété des opinions, ni par la diversité des personnes. Bien que d’abord saint Luc dise que les Apôtres n’ont pas cru, il montre cependant plus loin qu’ils ont cru ; si nous considérons ses premières paroles, elles sont contraires au récit de saint Jean ; si nous considérons les suivantes, il est certain qu’elles sont d’accord avec ce récit [10].
Te Deum

A LAUDES.

Ant. 1 Angelus autem Dómini * descéndit de cælo, et accédens revólvit lápidem, et sedébat super eum, allelúia, allelúia.Ant. 1 Un Ange du Seigneur * descendit du ciel, et s’approchant, il renversa la pierre et s’assit dessus, alléluia, alléluia [11].
Psaume 92
Ant. 2 Et ecce terræmótus * factus est magnus : Angelus enim Dómini descéndit de cælo, allelúia.Ant. 2 Et voilà qu’un tremblement de terre, * très grand se produisit : car un Ange du Seigneur descendit du ciel, alléluia.
Psaume 99
Ant. 3 Erat autem * aspéctus eius sicut fulgur, vestiménta autem eius sicut nix, allelúia, allelúia.Ant. 3 Or il avait * l’aspect d’un éclair, et ses vêtements étaient comme la neige, alléluia, alléluia.
Psaume 62
Ant. 4 Præ timóre autem eius * extérriti sunt custódes, et facti sunt velut mórtui, allelúia.Ant. 4 Par crainte de lui * les gardes furent épouvantés, et ils devinrent comme morts, alléluia.
Cantique des trois Enfants
Ant. 5 Respóndens autem Angelus, * dixit muliéribus : Nolíte timére : scio enim quod Iesum quǽritis, allelúia.Ant. 5 Et l’Ange répondant * dit aux femmes : ne craignez point : je sais que vous cherchez Jésus, alléluia.
Psaume 148
Capitulum, hymnus et V/. Non dicuntur, sed eorum loco dicitur antiphona : On ne dit pas le capitule, l’hymne et le verset, mais à leur place, on dit l’antienne :
Ant. Hæc dies, * quam fecit Dóminus : exsultémus, et lætémur in ea.Ant. Voici le jour * qu’a fait le Seigneur [12] : réjouissons-nous et tressaillons d’allégresse en ce jour.
Ad Bened. Ant. Stetit Iesus * in médio discipulórum suórum, et dixit eis : Pax vobis, allelúia, allelúia. Ant. au Bénédictus Jésus se tint * au milieu de ses disciples et leur dit : Paix à vous, alléluia, alléluia [13].
Benedictus
OratioPrière
Deus, qui Ecclésiam tuam novo semper fœtu multíplicas : concéde fámulis tuis ; ut sacraméntum vivéndo téneant, quod fide percepérunt. Per Dóminum.O Dieu, qui agrandissez sans cesse votre Église par une nouvelle génération : accordez à vos serviteurs de garder dans leur vie le sacrement qu’il ont reçu par la foi.
V/. Benedicámus Dómino, allelúia, allelúia.V/. Bénissons le Seigneur, alléluia, alléluia.
R/. Deo grátias, allelúia, allelúia.R/. Rendons grâces à Dieu, alléluia, alléluia.

AUX VÊPRES.

Ant. 1 Angelus autem Dómini * descéndit de cælo, et accédens revólvit lápidem, et sedébat super eum, allelúia, allelúia.Ant. 1 Un Ange du Seigneur * descendit du ciel, et s’approchant, il renversa la pierre et s’assit dessus, alléluia, alléluia.
Psaume 109
Ant. 2 Et ecce terræmótus * factus est magnus : Angelus enim Dómini descéndit de cælo, allelúia.Ant. 2 Et voilà qu’un tremblement de terre, * très grand se produisit : car un Ange du Seigneur descendit du ciel, alléluia.
Psaume 110
Ant. 3 Erat autem * aspéctus eius sicut fulgur, vestiménta autem eius sicut nix, allelúia, allelúia.Ant. 3 Or il avait * l’aspect d’un éclair, et ses vêtements étaient comme la neige, alléluia, alléluia.
Psaume 111
Ant. 4 Præ timóre autem eius * extérriti sunt custódes, et facti sunt velut mórtui, allelúia.Ant. 4 Par crainte de lui * les gardes furent épouvantés, et ils devinrent comme morts, alléluia.
Psaume 112
Ant. 5 Respóndens autem Angelus, * dixit muliéribus : Nolíte timére : scio enim quod Iesum quǽritis, allelúia.Ant. 5 Et l’Ange répondant * dit aux femmes : ne craignez point : je sais que vous cherchez Jésus, alléluia.
Psaume 113
Capitulum, hymnus et V/. Non dicuntur, sed eorum loco dicitur antiphona : On ne dit pas le capitule, l’hymne et le verset, mais à leur place, on dit l’antienne :
Ant. Hæc dies, * quam fecit Dóminus : exsultémus, et lætémur in ea.Ant. Voici le jour * qu’a fait le Seigneur : réjouissons-nous et tressaillons d’allégresse en ce jour.
Ad Magnif. Ant. Vidéte manus meas * et pedes meos, quia ego ipse sum, allelúia, allelúia. Ant. au Magnificat Voyez mes mains * et mes pieds, c’est bien moi, alléluia, alléluia [14].
Magnificat
OratioPrière
Deus, qui Ecclésiam tuam novo semper fœtu multíplicas : concéde fámulis tuis ; ut sacraméntum vivéndo téneant, quod fide percepérunt. Per Dóminum.O Dieu, qui agrandissez sans cesse votre Église par une nouvelle génération : accordez à vos serviteurs de garder dans leur vie le sacrement qu’il ont reçu par la foi.
V/. Benedicámus Dómino, allelúia, allelúia.V/. Bénissons le Seigneur, alléluia, alléluia.
R/. Deo grátias, allelúia, allelúia.R/. Rendons grâces à Dieu, alléluia, alléluia.

Dom Guéranger, l’Année Liturgique

L’Agneau est notre Pâque ; nous l’avons reconnu hier ; mais le mystère de la Pâque est loin d’être épuisé. Voici d’autres merveilles qui réclament notre attention. Le livre sacré nous dit : « La Pâque, c’est le passage du Seigneur » [15] ; et le Seigneur, parlant lui-même, ajoute : « Je passerai cette nuit-là par la terre d’Égypte ; je frapperai tous les premiers-nés dans l’Égypte, depuis l’homme jusqu’à la bête ; et j’exercerai mon jugement sur tous les dieux de l’Égypte, moi le Seigneur. » La Pâque est donc un jour de justice, un jour terrible pour les ennemis du Seigneur ; mais il est en même temps et par là même le jour de la délivrance pour Israël. L’Agneau vient d’être immolé ; mais son immolation est le prélude de l’affranchissement du peuple saint.

Israël est soumis à la plus affreuse captivité sous Pharaon. Un odieux esclavage pèse sur lui ; ses enfants mâles sont dévoués à la mort ; c’en est fait de la race d’Abraham, sur laquelle reposent les promesses du salut universel ; il est temps que le Seigneur intervienne ; il est temps qu’il se montre, le Lion de la tribu de Juda, à qui rien ne saurait résister.

Mais Israël représente ici un peuple plus nombreux que lui. C’est le genre humain tout entier qui gémit captif sous la tyrannie de Satan, le plus cruel des Pharaons. Sa servitude est montée au comble ; courbé sous les plus abominables superstitions, il prodigue à la matière ses ignobles adorations. Dieu est chassé de la terre, où tout est devenu dieu, excepté Dieu ; le gouffre béant de l’enfer engloutit les générations presque entières. Dieu aura-t-il donc travaillé contre lui-même, en créant le genre humain ? Non ; mais il est temps que le Seigneur passe, et qu’il fasse sentir la force de son bras.

Le vrai Israël, l’Homme véritable descendu du ciel, est captif à son tour. Ses ennemis ont prévalu contre lui ; et sa dépouille sanglante et inanimée a été enfermée dans le tombeau. Les meurtriers du Juste ont été jusqu’à sceller la pierre de son sépulcre ; ils y ont établi une garde. N’est-il pas temps que le Seigneur passe, et qu’il confonde ses ennemis par la rapidité victorieuse de son passage ?

Et d’abord, au sein de la profane Égypte, chaque famille israélite ayant immolé et mangé l’agneau pascal, lorsque le milieu de la nuit fut venu, le Seigneur, selon sa promesse, passa comme un vengeur redoutable à travers toute cette nation au cœur endurci. L’ange exterminateur le suivait, et frappa de son glaive tous les premiers-nés de ce vaste empire, « depuis le premier-né de Pharaon qui s’asseyait sur le trône, jusqu’au premier-né de la captive qui était en prison, et jusqu’au premier-né de tous les animaux. » Un cri de douleur retentit de toutes parts dans Mesraïm ; mais le Seigneur est juste, et son peuple fut délivré.

La même victoire s’est renouvelée en ces jours, lorsque le Seigneur, à l’heure où les ténèbres luttaient encore avec les premiers rayons du soleil, a passé, à travers la pierre scellée du tombeau, à travers les gardes, frappant à mort le peuple premier-né, qui n’avait pas voulu « connaître le temps de sa visite » [16]. La synagogue avait hérité de la dureté de cœur de Pharaon ; elle voulait retenir captif celui dont le prophète avait dit qu’il serait « libre entre les morts » [17]. A ce coup, les cris d’une rage impuissante se sont fait entendre dans les conseils de Jérusalem ; mais le Seigneur est juste, et Jésus s’est délivré lui-même.

Et le genre humain que Satan foulait aux pieds, combien a été heureux pour lui le passage du Seigneur ! Ce généreux triomphateur n’a pas voulu sortir seul de sa prison : il nous avait tous adoptés pour ses frères, et nous a tous ramenés à la lumière avec lui. Tous les premiers-nés de Satan sont abattus du coup, toute la force de l’enfer est brisée. Encore un peu de temps, et les autels des faux dieux seront renversés de toutes parts ; encore un peu de temps, et l’homme, régénéré par la prédication évangélique, reconnaîtra son créateur et abjurera les infâmes idoles. Car « c’est aujourd’hui la Pâque, c’est-à-dire le Passage du Seigneur. »

Mais voyez l’alliance qui réunit dans une même Pâque le mystère de l’Agneau au mystère du Passage. Le Seigneur passe, et il commande à l’Ange exterminateur de frapper le premier-né dans toute maison dont le seuil ne porte pas l’empreinte du sang de l’Agneau. C’est ce sang protecteur qui détourne le glaive ; c’est à cause de lui que la divine justice passe à côté de nous et ne nous touche pas.

Pharaon et son peuple ne sont pas protégés par le sang de l’Agneau ; cependant ils ont vu de rares merveilles, ils ont éprouvé des châtiments inouïs ; ils ont pu voir que le Dieu d’Israël n’est pas sans force comme leurs dieux ; mais leur cœur est plus dur que la pierre, et les œuvres de Moïse pas plus que sa parole n’ont pu l’amollir. Le Seigneur les frappe donc, et délivre son peuple.

L’ingrat Israël s’obstine à son tour ; et, passionné pour ses ombres grossières, il ne veut pas d’autre Agneau que l’agneau matériel. En vain ses Prophètes lui ont annoncé qu’un « Agneau roi du monde viendra du désert à la montagne de Sion » [18]. Israël ne consent pas à voir son Messie dans cet Agneau ; il l’égorge avec haine et fureur ; et il continue de mettre toute sa confiance dans le sang grossier d’une victime impuissante à le protéger désormais. Qu’il sera terrible le Passage du Seigneur dans Jérusalem, lorsque l’épée romaine le suivra, exterminant à droite et à gauche un peuple tout entier !

Et les esprits de malice qui s’étaient joués de l’Agneau, qui l’avaient méprisé à cause de sa douceur et de son humilité, qui avaient rugi de leur joie infernale, en le voyant épuiser tout le sang de ses veines sur l’arbre de la croix, quelle déception pour leur orgueil de l’avoir vu, cet Agneau, descendre dans toute sa majesté de Lion jusqu’aux enfers, en arracher les justes de quatre mille ans, captifs sous les ombres ; ensuite, sur la terre, appeler toute créature vivante à la liberté des enfants de Dieu ! [19]

Que votre Passage est dur à vos ennemis, ô Christ ! Mais qu’il est salutaire à vos fidèles ! Le premier Israël n’eut point à le redouter ; car il était protégé par le signe du sang figuratif qui marquait la porte de ses demeures. Notre sort est plus beau ; notre Agneau est l’Agneau de Dieu même ; et ce ne sont point nos portes qui sont marquées de son sang ; ce sont nos âmes qui en sont toutes teintes. Votre Prophète, expliquant plus clairement le mystère, annonça dans la suite que ceux-là seraient épargnés, au jour de votre juste vengeance sur Jérusalem, qui auraient au front la marque du Tau [20]. Israël n’a pas voulu comprendre. Le signe du Tau est le signe de votre Croix ; c’est lui qui nous couvre, qui nous protège, qui nous transporte de joie, dans cette Pâque de votre Passage, où tous vos coups sont pour nos ennemis et toutes vos bénédictions pour nous.

A Rome, la Station est aujourd’hui dans la Basilique de Saint-Paul. L’Église s’empresse de conduire aux pieds du Docteur des Gentils sa blanche armée de néophytes. Compagnon des travaux de Pierre dans Rome et associé à son martyre, Paul n’est pas le fondement de l’Église ; mais il est le prédicateur de l’Évangile aux nations. Il a ressenti les douleurs et les joies de l’enfantement, et ses fils ont été innombrables. Au fond de sa tombe sacrée, ses os tressaillent d’allégresse à l’approche de ses nouveaux enfants, avides d’entendre sa parole dans les immortelles Épîtres où il parle encore, et où il parlera jusqu’à la fin des siècles.

A LA MESSE.

L’Introït, tiré du livre de l’Ecclésiastique, célèbre la divine sagesse de Paul, qui est comme une source toujours pure où les chrétiens vont s’abreuver, et dont l’eau salutaire leur donne la santé de l’âme, et les prépare pour l’immortalité.

L’Église, dans la Collecte, glorifie Dieu qui daigne, chaque année, la rendre féconde et lui donner les joies maternelles au milieu des joies pascales ; elle implore ensuite pour ses nouveaux enfants la grâce de rester toujours conformes à leur maître ressuscité.

ÉPÎTRE.

Ce discours que le grand Apôtre fit entendre à Antioche de Pisidie, dans la synagogue des Juifs, nous montre que le Docteur des Gentils suivait dans son enseignement la même méthode que le Prince des Apôtres. Le point capital de leur prédication était la Résurrection de Jésus-Christ : vérité fondamentale, fait suprême, qui garantit toute la mission du Fils de Dieu sur la terre. Il ne suffit pas de croire en Jésus-Christ crucifié, si l’on ne croit en Jésus-Christ ressuscité ; c’est dans ce dernier dogme qu’est contenue toute l’énergie du christianisme, de même que, sur ce fait, le plus incontestable de tous, repose la certitude tout entière de notre foi. Aussi nul événement accompli ici-bas n’est-il comparable à celui-ci sous le rapport de l’impression qu’il a produite. Voyez le monde entier ébranlé en ces jours, la Pâque réunissant tant de millions d’hommes de toute race et sous tous les climats. Voilà dix-huit siècles que Paul repose sur la Voie d’Ostie ; que de choses se sont effacées de la mémoire des hommes, et qui cependant ont fait grand bruit en leur temps, depuis que cette tombe reçut pour la première fois la dépouille de l’Apôtre. Le flot des persécutions submergea Rome chrétienne pendant plus de deux cents ans ; il devint même nécessaire, au IIIe siècle, de déplacer un moment ces ossements et de les enfouir aux Catacombes. Vint ensuite Constantin, qui éleva cette Basilique, et érigea cet arc triomphal près de l’autel sous lequel repose le corps de l’Apôtre. A partir de cette époque, que de changements, que de bouleversements, que de dynasties, que de formes de gouvernement se sont succédé dans notre monde civilisé et au-delà ! Rien n’est demeuré immobile, si ce n’est l’Église éternelle. Chaque année, depuis au moins quinze cents ans, elle est allée lire dans la Basilique de Saint-Paul, près de sa tombe, ce même discours dans lequel l’Apôtre annonce aux Juifs la Résurrection du Christ. A l’aspect de cette durée, de cette immobilité jusque dans des détails si secondaires, disons, nous aussi : Le Christ est véritablement ressuscité ; il est le Fils de Dieu ; car nul homme n’a jamais empreint si profondément sa main dans les choses de ce monde visible. A elle seule la Pâque proclame ce qu’il est ; et quand nous reconnaissons ce frappant caractère de perpétuité jusque dans les moindres rites, nous sommes en droit d’affirmer que si notre divin ressuscité est sublime dans l’éclatant soleil de sa gloire, il se laisse reconnaître encore jusque dans les moindres rayons qu’il réfléchit sur la Liturgie.

ÉVANGILE.

Jésus se montre à ses disciples rassemblés, le soir même de sa résurrection ; et il les aborde en leur souhaitant la paix. C’est le souhait qu’il nous adresse à nous-mêmes dans la Pâque. En ces jours il rétablit partout la paix : la paix de l’homme avec Dieu, la paix dans la conscience du pécheur réconcilié, la paix fraternelle des hommes entre eux par le pardon et l’oubli des injures. Recevons ce souhait de notre divin ressuscité, et gardons chèrement cette paix qu’il daigne nous apporter lui-même. Au moment de sa naissance en Bethléhem, les Anges annoncèrent cette paix aux hommes de bonne volonté ; aujourd’hui Jésus lui-même, ayant accompli son œuvre de pacification, vient en personne nous en apporter la conclusion. La Paix : c’est sa première parole à ces hommes qui nous représentaient tous. Acceptons avec amour cette heureuse parole, et montrons-nous désormais, en toutes choses, les enfants de la paix. L’attitude des Apôtres dans cette grande scène doit aussi exciter notre attention. Ils connaissent la résurrection de leur maître ; ils se sont empressés de la proclamer à l’arrivée des deux disciples d’Emmaüs ; que leur foi est faible cependant ! La présence soudaine de Jésus les trouble ; s’il daigne leur donner ses membres à toucher, afin de les convaincre, cette expérience les émeut, les remplit de joie ; mais il reste encore en eux je ne sais quel fond d’incrédulité. Il faut que le Sauveur pousse la bonté jusqu’à manger devant eux, afin de les convaincre tout à fait que c’est bien lui et non un fantôme. Cependant ces hommes, avant la visite de Jésus, croyaient déjà et confessaient sa résurrection ! Quelle leçon nous donne ce fait de notre Évangile ! Il en est donc qui croient, mais d’une foi si faible que le moindre choc la ferait chanceler ; qui pensent avoir la foi, et qui l’ont à peine effleurée. Sans la foi cependant, sans une foi vive et énergique, que pouvons-nous faire, au milieu de cette lutte que nous avons à soutenir constamment contre les démons, contre le monde et contre nous-mêmes ? Pour lutter, la première condition est d’être sur un sol résistant ; l’athlète dont les pieds posent sur le sable mouvant ne tardera pas d’être renversé. Rien de plus commun aujourd’hui que cette foi vacillante, qui croit jusqu’à ce qu’arrive l’épreuve de cette foi constamment minée en dessous par un naturalisme subtil, qu’il est si difficile de ne pas aspirer plus ou moins, dans l’atmosphère malheureuse qui nous entoure. Demandons avec instance la foi, une foi invincible, surnaturelle, qui devienne le grand ressort de notre vie tout entière, qui ne cède jamais, qui triomphe toujours au dedans de nous-mêmes comme à l’extérieur ; afin que nous puissions nous approprier en toute vérité cette forte parole de l’Apôtre saint Jean : « La victoire qui met le monde tout entier sous nos pieds, c’est notre foi » [21].

Dans l’Offertoire, l’Église, empruntant les paroles de David, nous montre les sources d’eau jaillissant de la terre aux accents de la voix tonnante du Seigneur. Cette voix majestueuse, c’est la prédication des Apôtres, et particulièrement celle du grand Paul ; ces fontaines sont celles du Baptême dans lesquelles nos néophytes ont été plongés, pour y être rendus participants de la vie éternelle.

L’Église demande, dans la Secrète, que le Sacrifice qu’elle va offrir nous aide à nous acheminer vers cette gloire infinie dont le saint Baptême est la voie.

Dans l’Antienne de la Communion, on entend saint Paul lui-même qui, s’adressant aux néophytes, leur indique quelle vie ils doivent mener désormais, pour être l’image fidèle de leur Sauveur ressuscité.

S’unissant aux vœux de l’Apôtre, la sainte Église implore, pour ses nouveaux enfants qui viennent de participer au Mystère pascal, la persévérance dans la vie nouvelle dont ce divin Sacrement est à la fois le principe et le moyen.

Le troisième jour de la création vit les eaux qui couvraient la terre descendre, à la parole du Fils de Dieu, dans le bassin des mers, et la surface du globe se dessécher, et devenir habitable aux êtres qui bientôt allaient être appelés du néant. C’est aujourd’hui que notre demeure passagère commence à apparaître aux regards des Anges. Un jour, ce même Fils de Dieu qui aujourd’hui la dégage des eaux, daignera venir l’habiter lui-même dans une nature humaine ; offrons-la-lui comme son domaine, sur lequel toute puissance lui sera donnée comme au ciel [22]. Le Bréviaire Mozarabe nous offre, dans cette belle prière, un heureux emploi des figures cachées sous la lettre du livre sacré.

CAPITULA.
Omnipotens Deus Pater, qui die tertio ab infidelium cordibus, quasi ab inferioribus salsis aquis aridam, id est populum fontem fidei sitientem, segregare dignatus es ; da nobis, ut ab infidelium laqueis segregati, resurrectionem Filii tui prædicemus indubii : ut qui tertio ab inferis suscitatus est die, trina nos virtutum copulatione resuscitet : quo fide, spe et charitate robusti, de æterno resurrectionis mereamur munere consolari.O Dieu tout-puissant, ô Père, qui avez daigné, le troisième jour, séparer de la masse des cœurs infidèles un peuple qui a soif de s’abreuver aux sources de la loi, comme la terre que vous séparâtes des eaux salées appelle l’irrigation ; séparez-nous de ceux qui n’ont pas la loi, et faites que, affranchis de tous les doutes, nous proclamions la résurrection de votre Fils. C’est le troisième jour depuis qu’il est ressuscité du tombeau ; qu’il daigne nous ressusciter nous-mêmes par l’infusion des trois vertus ; que la foi, l’espérance et la charité nous rendent forts et dignes d’être consolés par le don éternel de la résurrection.

Continuons de célébrer la Pâque, en empruntant les formules sacrées des antiques Liturgies. Le Missel de l’Église gothique d’Espagne nous fournit d’abord cette magnifique Préface, où le mystère de la Résurrection est célébré avec une éloquence et un enthousiasme inspirés de ce que les Pères ont dit de plus beau sur la Pâque.

ILLATIO.
Dignum et justum est nos tibi semper cum Patre et Spiritu Sancto individua divinitate regnanti, gratias agere, Domine Jesu Christe. Qui nos tam admirabiliter condidisti, tam clementer redemisti.Non laboribus in faciendo fatigatus, non passionibus in redimendo consumptus. Fecit virtus potentialiter quos redemit pietas tam clementer. Totum tibi est in veritate possibile, quia hoc ipsum tibi, excepto humanitatis privilegio, cum Patre et Spiritu Sancto est essentialiter coæquale. Ita tamen posse te manet quod velle te decet. Id est ut, omnipotens, cuncta facias facienda ; justus, æquitate censeas judicanda ; misericors, clementer perficias coronanda.Il est digne et juste que nous vous rendions grâces à jamais, Seigneur Jésus-Christ, qui régnez dans une même divinité avec le Père et le Saint-Esprit, de ce que vous nous avez créés avec un pouvoir si admirable, et rachetés avec une si grande miséricorde. Ni le labeur ne vous a fatigué, créateur : ni la souffrance ne vous a anéanti, rédempteur. Votre puissance sans bornes nous a donné l’être : votre ineffable bonté nous a octroyé la rédemption. Tout vous est possible ; car, à part votre humanité, tout est en vous consubstantiel au Père et au Saint-Esprit. Tout ce qu’il vous convient de vouloir, vous le pouvez ; dans votre toute-puissance, vous faites ce qu’il vous plait ; dans votre justice, vous jugez avec une souveraine équité ; dans votre clémence, vous nous rendez parfaits pour nous couronner.
Qui, cum solo majestatis terribili nutu, nostrum potueris conterere vexatorem, maluisti eum humilitatis abjectione prosternere. Ex hoc magis approbans nullam majestati tuæ contrariam nobis subsistere æreorum principum tyrannidem, cum sic nostrorum infirmitate membrorum omnem inimici ad nihilum redegeris vanitatem. Etenim superbus se ingemuit gravius corruisse, quando se elisum sensit ab humilitate fuisse. Atque ideo tali divina Sapientia antiqui serpentis astutiam consilio vicit, ne violenter addiceret, sed legaliter quateretur. Ut qui transgressorem eo se jure possidere jactabat, quem suis consentientem persuasionibus obligaverat : sic eum justo superatus judicio redderet, cum istum in quo suum nihil repererat occidisset. Quapropter amisit merito reum, qui tollentem mundi peccata crucis supplicio Agnum non timuit mortificare divinum. Disruptis igitur cruce inferni catenis legibusque solutis, ad cœlos migrant cum Christo credentes in Christo. Et cruciandi permanent in inferno qui delectati sunt inviscerati diabolo.D’un seul signe de votre redoutable majesté, vous pouviez briser notre ennemi : vous avez préfère l’abattre par votre propre humiliation. Ainsi vous nous avez fait voir que la tyrannie des princes de l’air, qui sont nos ennemis, n’a rien d’irrésistible en présence de votre majesté, lorsque vous n’avez eu besoin que de nos faibles membres pour réduire à néant tout l’orgueil de votre ennemi. Ce superbe adversaire a senti en gémissant toute la profondeur de sa chute, quand il a vu que c’était par l’humilité même qu’il était écrasé. La Sagesse divine a voulu vaincre de cette manière la ruse de l’ancien serpent : ne voulant pas user de violence contre lui, mais plutôt le renverser légalement. Il se vantait de posséder avec justice l’homme transgresseur de la loi divine, parce qu’il l’avait rendu captif, pour prix de sa docilité ; mais il lui a fallu se reconnaître dépossédé par une sentence juste, le jour où il a osé faire périr celui duquel il n’avait rien à réclamer. C’est avec raison qu’il a été privé du pécheur dont il s’était rendu le maître, lorsqu’il n’a pas craint de mettre à mort, par le supplice de la croix, l’Agneau divin qui ôte les péchés du monde. La croix a brisé les chaînes de l’enfer ; elle a renversé les droits de Satan. Désormais ceux qui croient au Christ émigrent vers le ciel avec le Christ ; et ceux-là demeurent en proie aux tourments de l’enfer auxquels il a plu de se laisser dévorer par le diable.
Rediit ecce post triduum victor, ex mortuis vivus, qui ad hoc pro nobis est crucifixus. Innumeris captivorum ovantium stipatur agminibus, qui passionis tempore etiam discipulorum suorum fuerat societate nudatus. Agitatur eo resurgente tremefacta funditus terra, quo descendente concussa sunt et inferna. Cohors militum terrenorum cœlestis regis terribili regressu perculsa diffugiit, et quem dudum incluserat velut reum, jam et ipsa terribilem victa judicem verum confitetur et Deum. Sanctorum corpora vivificata consurgunt : habitaculum quod paulisper jacuerat resurgit gloriosum, eodem resuscitante a quo anima derelicta in inferno non fuerat. Angeli proprio famulantur auctori ; splendificus universo mundo oritur dies.Il est revenu vainqueur et vivant du sein des morts, après trois jours de sépulture, celui qui fut crucifié pour nous, afin de ressusciter. Il est environné de l’innombrable et joyeuse troupe des captifs qu’il délivre, celui qui, au jour de sa Passion, avait été privé de la compagnie de ses disciples. Au moment de sa résurrection il remue la terre jusque dans ses fondements, celui qui ébranla jusqu’aux enfers, lorsqu’il y descendit. La cohorte des soldats de la terre s’enfuit épouvantée à l’arrivée terrible du Roi céleste ; et celui que naguère elle avait insulté comme un ignoble prisonnier, maintenant vaincue, elle confesse en lui le juge formidable et le vrai Dieu. Les corps des saints se lèvent vivants de leurs tombeaux ; leur dépouille, un moment confiée a la terre, ressuscite glorieuse avec le Christ qui n’a pas laissé l’âme dans les enfers. Les Anges font le service auprès de leur créateur : le grand jour se lève avec splendeur sur le monde.
Tripudiant inspirato resurrectionis die, qui mœstificati fuerant passionis ejus vulnere repentino. Agnoscit Mater membra quæ genuit. Maria Magdalene Angelo increpante resipuit, ne viventem cum mortuis quærere debuisset. Ad monumentum Petrus cum Johanne concurrit, recentiaque in linteaminibus defuncti et resurgentis vestigia cernit. Latro Christum confessus possessor paradisi factus est primitivus. Impletum est quod dictum fuerat de Filio hominis, tot ante sæcula prophetatum, ut scilicet peccatorum pro nobis manibus traderetur : crucifigeretur, moreretur : inferna terribiliter penetraret, superbos dejiceret, humiles misericorditer exaltaret : cum triumpho inenarrabili a mortuis resurgeret, et cum Patre et Spiritu Sancto omnipotentialiter cunctis dominando regnaret.En ce jour inspirateur de la résurrection, ils tressaillent d’allégresse, ceux que la Passion avait accablés d’une si subite blessure. La Mère reconnaît les membres qui sont sortis de son sein ; Marie-Madeleine apprend, par la remontrance de l’Ange, à ne plus chercher parmi les morts celui qui est vivant. Pierre court avec Jean au sépulcre ; il y reconnaît dans les linceuls les traces récentes de son Maître ressuscité. Le larron qui confessa le Christ est mis d’avance en possession du Paradis. Ce qui, depuis tant de siècles, avait été prophétisé du Fils de l’homme est accompli : qu’il serait livré pour nous aux mains des pécheurs ; qu’il serait crucifié et mis à mort ; qu’il pénétrerait les enfers comme un vengeur terrible ; qu’il renverserait les superbes et exalterait les humbles dans sa miséricorde ; qu’il ressusciterait d’entre les morts par un triomphe inénarrable ; qu’il régnerait enfin avec le Père et le Saint-Esprit, étendant sur tous les être s sa domination toute-puissante.
Cujus virtutis immensitate permoti, etiam septem vexilla regia beatorum innumeras lucifluarum mittit plebium catervas ad laudem, ac suum quisque pio præveniens officio locum, debitum exsolvit, carnem triumphantis Regis per ævum submisseque adorat, et glorificatis vultibus Agnum, suasque rutilantibus gemmis eximias præfert cum laude coronas. Seraphim quoque divinæ sedis terribilem thronum alarum trino tegmine velant sui famulatus, unum te fatendo cum Patre et Spiritu Sancto Deum trinæ confessionis præconio declarandum, in sede siderea permanentem regnantemque in sæcula sæculorum, incessabili jugitate dicunt : Sanctus, Sanctus, Sanctus.Saisis d’admiration à la vue de tant de grandeurs, les sept escadrons du royaume des cieux envoient sur la terre leurs innombrables et lumineux soldats pour lui rendre hommage ; à l’envi l’un de l’autre, chacun de ces bienheureux Esprits lui rend humblement ses hommages, adorant avec soumission la chair de ce Roi à jamais triomphant, et abaissant devant l’Agneau son visage resplendissant et sa couronne étincelante de mille diamants. Les Séraphins eux-mêmes, qui sont le trône terrible de la divine majesté, se voilent de leurs six ailes ; ils vous confessent, ô Christ, dans la triple acclamation, comme étant Dieu avec le Père et le Saint-Esprit, comme vivant et régnant sur le trône du ciel dans les siècles des siècles, et crient éternellement sans jamais cesser : Saint, Saint, Saint.

Nous ajoutons à la Préface mozarabe une Séquence fameuse dans nos Missels romains-français du moyen âge. C’était le chant solennel de la Pâque, tant aimé de nos aïeux, d’un lyrisme un peu sauvage, mais plein de verve. Le chant qui l’accompagnait serait une épreuve pour les poitrines d’aujourd’hui ; mais on ne peut disconvenir qu’à travers ses mouvements un peu désordonnés, il offre les plus grands effets de mélodie et de sentiment.

SÉQUENCE.
Fulgens præclara
Rutilat per orbem
Hodie dies in qua
Christi lucida
Narrantur ovanter prælia.
Aujourd’hui, dans le monde, resplendit le jour où l’on raconte d’une voix triomphante le glorieux combat du Christ ;
De hoste superbo
Quem Christus triumphavit, pulchre,
Castra
Illius perimens teterrima.
Quand il vainquit l’ennemi superbe, renversant, par sa vaillante prouesse, ses noirs bataillons.
Infelix culpa Evæ,
Qua caruimus omnes vita.
Triste fut la faute d’Ève, qui nous priva tous de la vie ;
Felix proles Mariæ,
Qua epulamur modo una.
Joyeuse la naissance du fils de Marie, qui aujourd’hui nous convie au festin commun.
Benedicta
Sit celsa
Regina illa,
Bénie soit Marie, la grande reine !
Generans regem
Spoliantem tartara,
Elle a enfanté le roi qui enlève les dépouilles de l’enfer,
Pollentem
Jam in æthera.
Qui règne avec gloire dans les cieux.
Rex in asternum,
Suscipe benignus
Præconia nostra
Sedule tibi canentia.
O roi éternel, daignez agréer les chants que nos voix exécutent avec accord à votre honneur.
Patris sedens ad dexteram.Vous êtes assis à la droite du Père.
Victor ubique,
Morte superata,
Polorum possidens
Gaudia.
Partout vainqueur, ayant surmonté la mort, vous possédez les joies célestes.
O magna,
Ocelsa,
O pulchra clementia
Christi melliflua,
O alma.
O immense, ô sublime clémence du Christ ! ô bonté si belle, si douce, si auguste !
Laus tibi honorque ac virtus,
Qui nostram antiquam
Leviasti sarcinam.
Louange à vous, honneur, puissance, à vous qui avez daigné soulever le poids de notre antique fardeau.
Roseo cruore
Agni benignissimi
Empta,
Florida
Micat hæc aula.
Rachetée par les roses du sang de l’Agneau plein de douceur, l’Église aujourd’hui montre avec éclat sa couronne de fleurs.
Potenti virtute nostra
Qui lavit facinora,
Tribuit dona fulgida.
Celui qui, par son pouvoir vainqueur, a pu laver nos crimes, nous a octroyé les dons les plus éclatants.
Stupens valde in memet,
Jam miror hodierna,
Tanta
Indignus pandere
Modo sacramenta.
Éperdu à la vue de telles merveilles, saisi d’admiration, je me sens indigne de raconter les mystères qui se pressent en ce jour.
Stirpe Davidica
Ortus de tribu Juda,
Leo potens surrexisti in gloria.
Fils de David, rejeton de la tribu de Juda, Lion puissant, vous vous êtes levé avec gloire.
Agnus visus es in terra.La terre vous vit sous les traits d’un Agneau.
Fundans olim arva : Dans le principe, c’est par vous que ce monde fut crée.
Regna petens supera :Vous êtes remonté au royaume céleste.
Justis reddens præmia,
In sæcula
Dignanter ovantia.
C’est là que vous rendez aux justes leur récompense, durant les siècles un bonheur sans fin.
Dic impie Zabule,
Quid valet nunc fraus tua ?
Dis maintenant, impie Satan, à quoi t’a mené ta perfidie ?
Igneis nexus loris
A Christi victoria.
La victoire du Christ t’enchaîne pour jamais dans les lieux embrasés.
Tribus, linguæ, admiramini ;
Quis audivit talia Miracula ?
Peuples, nations, admirez : qui jamais entendit de telles merveilles ?
Ut mors mortem sic superaret :
Rei perciperent talem gratiam ?
Que la mort triomphât ainsi de la mort ; que des coupables fussent l’objet d’une telle faveur ?
Judæa incredula,
Cur manes adhuc inverecunda ?
Juif incrédule, pourquoi rester sous ta honte ?
Respice christicolas,
Qualiter læti canunt inclyta
Redemptori carmina.
Regarde les chrétiens, écoute quels chants joyeux et magnifiques ils adressent au Rédempteur.
Ergo pie Rex Christe,
Nobis laxans crimina,
Solve nexorum vincula.
O Christ, roi de bonté, qui nous remettez nos crimes, brisez les liens qui pourraient nous retenir encore.
Electorum agmina
Fac tecum resurgere
Ad beatam gloriam,
Digna rependens merita.
Amen.
Faites ressusciter avec vous la foule de vos élus ; enlevez-les jusqu’à cette gloire, jusqu’à cette félicité, où vous devez reconnaître dignement leurs mérites. Amen.

Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum

Station à Saint-Paul.

Après les avoir conduits à saint Pierre, il convient de présenter les néophytes au Docteur des Gentils, près du tombeau duquel ils ont appris naguère les premiers rudiments de la loi évangélique. C’est pourquoi, dans la lecture qu’on fait aujourd’hui des Actes des Apôtres, c’est à saint Paul que revient l’honneur d’annoncer aux fidèles la résurrection du Sauveur, honneur qui, hier, avait été dévolu à saint Pierre.

L’antienne de l’introït est tirée de l’Ecclésiastique (XV, 3-4), et elle est suivie du psaume habituel, le 104e.

La collecte se rapporte à la nouvelle génération qui a réjoui l’Église, en accroissant le nombre des croyants.

Sacramentum vivendo teneant veut dire réaliser tout le contenu du baptême, qui nous communique la vie même de Jésus-Christ ! Quel vaste et sublime programme de vie, annoncé aujourd’hui avec une solennelle simplicité de langage, qui rappelle celui même de Dieu, aussi simple que tout-puissant ! Aucune âme humaine n’aurait su, certes, trouver une inspiration aussi élevée, et ne pourrait, à plus forte raison, proposer aux autres, avec autant d’autorité, un idéal aussi sublime. Ce divin langage qui non seulement annonce, mais, au moyen de la grâce, accomplit ce qu’il annonce, est propre à Jésus-Christ seul. Si l’Église le répète, c’est en son nom et par son autorité ; et l’apologiste catholique pourrait tirer en faveur de l’Église, des formules mêmes de la sainte liturgie, les preuves de la divinité de sa mission.

La lecture du magnifique discours tenu par saint Paul dans la synagogue d’Antioche de Pisidie, est tirée des Actes des Apôtres (XIII, 16 et 26-33). Même quand ils se révoltent contre la loi de Dieu, les impies ne font que concourir au plan magnifique que Dieu a prévu et disposé de toute éternité pour le salut des âmes. La malice des pécheurs leur est entièrement imputable, mais Dieu la permet, bien plus, il en utilise les œuvres, pour en tirer un plus grand bien. C’est ainsi que de la malice des bourreaux de Jésus, la sagesse de Dieu a tiré la rédemption du monde et l’accomplissement des prophéties, y compris de la plus importante, celle qui promettait la résurrection du Sauveur.

Durant cette octave, il est de règle que le répons-graduel soit emprunté au psaume 117 ; on y ajoute aujourd’hui un verset du psaume 106, promettant l’universalité de l’Église qui recueille ses fils de tous les pays du monde. Aujourd’hui est mis en évidence ce caractère d’universalité du Nouveau Testament, puisque nous sommes précisément dans la maison du Doctor Gentium, de celui qui fut le plus ardent défenseur de cette thèse,

Le verset alléluiatique est d’inspiration extra-scripturaire : « Le Seigneur, celui qui pour nous fut suspendu à la croix, ressuscita de la tombe. »

La lecture évangélique (Luc., XXIV, 36-47) décrit la première apparition de Jésus aux Apôtres. La résurrection de Jésus-Christ étant le dogme central de la mission messianique, la divine sagesse, comme pour fermer toute issue à l’incrédulité de la Synagogue, a voulu que le miracle apparût d’une manière inattaquable. Les témoins ne furent pas seulement quelques femmes, donnant, dans un état d’exaltation, une valeur objective et réelle à un rêve pieux né de leur attachement pour Jésus, mais plus de cinq cents personnes, parmi lesquelles beaucoup, comme les apôtres, peu disposées à croire. Ils conversent avec Jésus, ils voient sur ses membres les cicatrices des clous, et ils ne se rendent pas encore. Finalement l’évidence du fait s’impose à toutes leurs préventions et à leurs résistances, et, le jour de la Pentecôte, ils se présenteront au monde avec la mission spéciale de rendre témoignage à la résurrection de Jésus-Christ. Voilà, encore une fois, comment la sagesse de Dieu fait servir les défauts mêmes des créatures, au déroulement de ses plans pour le salut du monde.

L’antienne suivante, ad offerendum, fait allusion à la source baptismale, née de la puissance du Très-Haut, sanctifiée par Lui qui fait servir au salut des hommes même la matière insensible, précisément parce que les appétits matériels avaient, à l’origine, éloigné l’humanité du commandement de Dieu. « Le Seigneur tonna du ciel, et le Très-Haut fit entendre sa voix ; alors apparurent les abîmes de la mer. »

La prière secrète sur l’oblation n’a pas de caractère particulier : on y parle de prières et d’offrandes d’hosties, parce que, autrefois, chaque fidèle apportait à l’autel son offrande pour le sacrifice commun.

A la Communion, retentit la parole puissante de l’Apôtre (Coloss., III, 1-2 : « Si vous êtes ressuscités avec le Christ, aspirez aux choses d’en haut, là où le Christ siège à la droite de Dieu ; ayez le goût des choses célestes. »

L’Eucharistie nous fait communier au sacrifice et à la mort de Jésus, et elle nous donne part à l’esprit de sa résurrection.

Après la Communion, l’on récite la collecte suivante : « Faites, Seigneur, que la participation au sacrement pascal ait un effet impérissable dans nos âmes. Par notre Seigneur, etc. ». Par cette collecte, l’Église veut nous enseigner qu’il y a deux sortes de communion, l’une sacramentelle et l’autre spirituelle. Par la première, nous participons corporellement au Corps et au Sang de Jésus ; au moyen de la seconde, nous vivons de l’esprit de la divine Eucharistie. Cette seconde Communion est le fruit et la conséquence de la première. Comme la Communion sacramentelle ne peut être reçue qu’en des temps et en des lieux déterminés, Jésus, dans la sainte Eucharistie, s’unit l’âme si intimement, que celle-ci vit de son Esprit et participe aux battements de son cœur. Voilà, au sens le plus excellent, la Communion spirituelle dont parle l’Église dans la collecte de ce jour ; son effet est impérissable, même quand dans notre poitrine se sont consumées les espèces eucharistiques.

Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique

STATION A SAINT-PAUL

La paix soit avec vous ; ne craignez pas, c’est moi !

Aujourd’hui, nous assistons avec les douze Apôtres à l’apparition du Ressuscité au soir de Pâques. En outre, nous nous présentons, comme néophytes, à saint Paul, l’Apôtre des nations, et nous déposons entre ses mains nos promesses du baptême. Il nous enseigne comment il convient de célébrer Pâques. Saint Paul se tient au milieu de nous et nous raconte le Carême de sa vie. Il a flagellé et crucifié le Christ dans son Église ; puis, devant les portes de Damas, il a vu le Ressuscité. Désormais, Pâques a commencé pour lui et n’a plus jamais connu d’éclipse. Telle fut son expérience pascale, et cette expérience doit devenir la nôtre.

1. L’office des Heures. — Au nocturne des matines, nous méditons la seconde apparition du Seigneur. Saint Ambroise expose les propriétés des corps glorieux et nous indique pour quelles raisons le Christ a conservé ses plaies. « Le Christ passa à travers les portes fermées, non pas d’une manière incorporelle, mais avec un corps glorifié par sa Résurrection. Car ce qui peut être touché est un véritable corps : ce que nous palpons et saisissons est un corps réel. Car le corps terrestre est semé et le corps spirituel sort du tombeau, mais plus subtil et plus délicat que ce corps grossier qui est encore sujet aux déficiences terrestres. Comment ne serait-ce pas un véritable corps puisque le Seigneur portait visiblement ses plaies qu’il présenta aux disciples et qu’il leur fit même toucher ? Il ne voulut pas détruire ces plaies, mais les emporter pour nous au ciel, afin d’accroître notre dévouement et de les montrer à Dieu, son Père, comme rançon de notre délivrance. C’est ainsi que le Père le place à sa droite et embrasse les signes victorieux de notre salut. Là-haut, les martyrs recevront la même récompense ; ce qui le prouve, c’est la glorification de ses propres plaies ».

L’Église désire que nous vivions l’événement évangélique. C’est le sens des antiennes directrices. Nous chantons, au lever du soleil : « Jésus se tint debout au milieu de ses disciples et leur dit : « La paix soit avec vous. Alléluia, Alléluia ». Au coucher du soleil, nous chantons : « Voyez mes mains et mes pieds ; c’est moi Alléluia. Alléluia ».

Le salut pascal du Christ est devenu un salut liturgique : Pax vobis — La paix soit avec vous.

2. La messe (Aqua sapientiae). — La station est la basilique de Saint-Paul, une des plus grandes églises de Rome. Saint Paul, en tant qu’Apôtre des nations, est le patron des néophytes. C’est de lui qu’ils ont reçu, voilà trois semaines, les trois joyaux de l’Église : le Notre-Père, les évangiles, la profession de foi. Aujourd’hui, il prend les nouveaux chrétiens sous sa protection. Il sera, presque chaque dimanche (à l’Épître), leur docteur.

A l’Introït, saint Paul nous reçoit auprès des fonts baptismaux. « Avec l’eau du baptême, le Christ vous a abreuvés ; il s’agit maintenant de continuer à travailler ; il vous fortifiera ; vous ne céderez pas dans les tourments à venir, et alors vous serez exaltés ». Saint Paul nous montre l’idéal ; le suivrons-nous ? (Les trois thèmes pascaux : le baptême — l’Eucharistie — la Résurrection, sont contenus dans l’Introït : abreuver, fortifier, exalter).

Dans l’Oraison, il demande pour nous que nous ne célébrions pas seulement Pâques dans la foi, mais par une vie de résurrection spirituelle. L’Église peut nous montrer l’exemple de son glorieux fils, saint Paul. Il a observé le mystère pascal dans sa vie et ses actes jusqu’à son dernier jour.

Dans la leçon, le saint de station se tient devant nous : « Paul se leva, imposa silence de la main et dit » ; il parle du Christ qui fut suspendu à la Croix ; une fois encore, nous voyons passer devant nos yeux le Vendredi Saint et le Samedi Saint. Puis, il atteste joyeusement la Résurrection : « Dieu l’a ressuscité des morts le troisième jour. Il a paru, pendant plusieurs jours de suite, à ceux qui étaient montés avec lui de la Galilée à Jérusalem et qui sont maintenant ses témoins auprès du peuple ». L’Évangile nous présente une de ces apparitions : « Jésus se tint au milieu de ses disciples et dit : La paix soit avec vous » (en ce moment, Jésus nous parle réellement dans l’Évangile). Nous sommes, une fois encore, avec les disciples au Cénacle ; nous voyons le Seigneur, il nous est permis de toucher ses plaies, nous entendons de sa bouche le salut de paix, il nous ouvre le sens des Écritures.

Mais qu’apportons-nous aujourd’hui comme offrande sur le tombeau de l’Apôtre ? L’Offertoire nous aide à formuler notre résolution. Ce que nous apportons, c’est notre âme ébranlée par le mystère pascal jusque dans ses profondeurs. « Le Seigneur a tonné du haut du ciel, le Très-Haut a fait retentir sa voix et les sources des eaux se sont ouvertes ». Maintenant coulent à flot les grâces de la Rédemption.

A la Communion, nous buvons à ces sources sacrées qui jaillissent de l’autel. L’Église nous accompagne à la table sainte avec une parole de saint Paul. Les néophytes la connaissent depuis la nuit sainte de Pâques. Ce fut alors l’avertissement que leur donnait (Ép.) l’Apôtre des nations : « Si vous êtes ressuscités avec le Christ, cherchez ce qui est en haut... » Nous demandons, comme fruit du sacrifice, que « la réception du sacrement pascal demeure toujours dans notre âme ».

[1] Ex. 3, 14.

[2] Ps. 1, 2.

[3] La première partie de cette Antienne se rapporte à la nature divine de Notre-Seigneur, la seconde à sa nature humaine. Le 1er Psaume nous rappelle que le Christ, l’Homme nouveau a suivi fidèlement la loi du Seigneur, transgressée par le premier homme et que le Seigneur l’a comblé de gloire en ce jour de la Résurrection. Le 2e Psaume nous montre le complot de la Synagogue contre Jésus : les Juifs ont pu immoler le Messie qui devait les sauver ; ils n’ont pu l’enchaîner dans le sépulcre. Le 3e Psaume est une prophétie de la Résurrection du Christ : il s’est endormi dans le tombeau, mais le Seigneur l’a réveillé, et il sera toujours vainqueur de ceux qui s’élèveront contre lui.

[4] Ps. 2, 8.

[5] Ps. 3, 6.

[6] Act. 4, 33.

[7] Cant. 4, 11.

[8] Prov. 14, 33.

[9] Jn. 21, 24.

[10] Il semble y avoir divergence entre le récit de saint Jean (XX, 19 à 23), et celui de saint Luc (XXIV, 36 à 53), sur une même apparition. D’après saint Jean, les Apôtres croient (XX, 20), ils reçoivent le Saint-Esprit (XX, 21, 22) ; d’après saint Luc, ils sont repris de leur incrédulité (XXIV, 41), ils reçoivent l’ordre de rester à Jérusalem jusqu’à ce qu’ils reçoivent le Saint-Esprit (XXIV, 49). Il n’y a pas de désaccord : saint Jean, qui est un Apôtre, a résumé l’ensemble des faits, il a vu de plus haut, il a fait un précis, compendium, sans s’occuper des détails, il ne prend en effet que cinq paragraphes. Saint Luc est un Évangéliste, un historien qui a procédé à peu près comme les historiens ordinaires (humanis proxima), en faisant un récit successif (sequentia), il prend 8 paragraphes. Ils sont d’accord, car si, d’abord saint Luc dit que les apôtres ont été incrédules, il est dit plus loin qu’ils ont cru, — en fin de compte, ils ont cru, après avoir hésité — c’est ce que dit S. Jean, qui ne voit que le résultat et ne s’occupe pas des faits intermédiaires. « Les Apôtres n’ont reçu la plénitude du Saint-Esprit que le jour de la Pentecôte. Ce que dit saint Jean se rapporte au seul pouvoir de remettre les péchés. » (R. P. de Ligny).

[11] Toutes les antiennes sont de Matth. 28, 2-5

[12] « Le jour de la résurrection du Seigneur est appelé le jour que le Seigneur a fait, soit parce que le Christ ressuscitant l’a éclairé comme soleil de justice, soit parce que Dieu se l’est consacré d’une manière particulière » (St Bellarmin), soit encore parce que le triomphe du Seigneur a marqué le début de l’ère chrétienne qui peut bien s’appeler le jour du salut.

[13] Luc. 24, 36.

[14] Luc. 24, 39.

[15] Ex. XII, 12.

[16] Luc. XIX, 44.

[17] Ps. LXXXVII, 6.

[18] Isai. XVI, 1.

[19] Rom VIII, 21.

[20] Ézech. IX, 6.

[21] I Johan. V, 4.

[22] Matth. XXVIII.