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3ème Dimanche après Pâques

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Sommaire

  Textes de la Messe  
  Office  
  Dom Guéranger, l’Année Liturgique  
  Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum  
  Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique  

De 1847, date de l’instauration de la solennité du Patronage de saint Joseph jusqu’à la réforme du calendrier par saint Pie X en 1911, ce dimanche était ‘empêché’ et seulement commémoré.

L’Église est dans la joie parce que Jésus est ressuscité et nous a délivrés (All.). Aussi pousse-t-elle des cris d’allégresse (Intr.) et chante-t-elle les louanges de Dieu (Off.). « Encore un peu de temps et vous ne me verrez plus, avait dit Jésus au Cénacle, et vous pleurerez et vous vous lamenterez ; et encore un peu de temps et vous me reverrez et votre cœur se réjouira » (Ev). Les Apôtres en revoyant le Christ ressuscité ressentirent cette joie dont déborde encore la liturgie pascale. Et comme Pâques est une figure de la Pâque éternelle, cette joie est aussi celle que ressentira l’Église, lorsqu’après avoir enfanté dans la douleur des âmes à Dieu, elle reverra, à la fin des siècles, temps bien court si on le compare à l’éternité (Matines), Jésus qui apparaîtra triomphant dans le ciel. « Il changera alors notre affliction en une joie que nul ne pourra nous ravir » (Ev.). Cette joie sainte commence dès ici-bas, car Jésus ne nous laisse pas orphelins, mais il vient à nous par l’Esprit-Saint dont la grâce nous comble de bonheur dans l’espérance de la félicité future. Étrangers et voyageurs qui allons vers le ciel à la suite du divin ressuscité, ne nous attachons donc pas, dit S. Pierre, aux vains plaisirs de ce monde, mais observons les préceptes tant négatifs que positifs de l’Évangile (Ep.), afin que « faisant profession d’être chrétiens, nous puissions rejeter ce qui déshonore ce nom, pratiquer ce qui lui est conforme » (Or.), et parvenir ainsi à la Jérusalem céleste dont St Jean nous décrit, dans les leçons et les répons du 1er et du 2er Nocturne, les splendeurs et les joies. « Un des 7 anges me dit : Viens et je te montrerai la nouvelle épouse, l’épouse de l’Agneau. Et je vis Jérusalem qui descendait du ciel, ornée de ses colliers, alléluia. Qu’elle a été faite belle cette épouse venant du Liban, alléluia » (Répons). Mangeons la Pâque du Seigneur, pour que cet aliment de nos âmes protège nos corps (Postc.) et qu’apaisant en nous l’ardeur des désirs terrestres, il nous fasse aimer les biens célestes (Secr.).

Textes de la Messe

Dominica Tertia post Pascha
3ème Dimanche après Pâques
ante CR 1960 : semiduplex
Semidouble
CR 1960 : II classis
2nde classe
Ant. ad Introitum. Ps. 65, 1-2.Introït
Iubiláte Deo, omnis terra, allelúia : psalmum dícite nómini eius, allelúia : date glóriam laudi eius, allelúia, allelúia, allelúia.Poussez vers Dieu des cris de joie, ô terre entière, alléluia ; chantez un hymne à son nom, alléluia ; rendez glorieuse sa louange, alléluia, alléluia, alléluia.
Ps. ibid., 3.
Dícite Deo, quam terribília sunt ópera tua, Dómine ! in multitúdine virtútis tuæ mentiéntur tibi inimíci tui.Dites à Dieu, que vos œuvres sont terribles, Seigneur. A cause de la grandeur de votre puissance, vos ennemis vous adressent des hommages menteurs.
V/.Glória Patri.
Oratio.Collecte
Deus, qui errántibus, ut in viam possint redíre iustítiæ, veritátis tuæ lumen osténdis : da cunctis, qui christiána professióne censéntur, et illa respúere, quæ huic inimíca sunt nómini ; et ea, quæ sunt apta, sectári. Per Dóminum nostrum.O Dieu, qui montrez à ceux qui errent la lumière de votre vérité, afin qu’ils puissent rentrer dans la voie de la justice : donnez à tous ceux qui sont placés dans les rangs de la profession chrétienne, la grâce de rejeter tout ce qui est contraire à ce nom, et d’embrasser tout ce qui lui convient.
Léctio Epístolæ beáti Petri Apóstoli.Lecture de l’Épître du Bienheureux Apôtre Pierre.
1. Petri 2, 11-19.
Caríssimi : Obsecro vos tamquam ádvenas et peregrínos abstinére vos a carnálibus desidériis, quæ mílitant advérsus ánimam, conversatiónem vestram inter gentes habéntes bonam : ut in eo, quod detréctant de vobis tamquam de malefactóribus, ex bonis opéribus vos considerántes, gloríficent Deum in die visitatiónis. Subiécti ígitur estóte omni humánæ creatúræ propter Deum : sive regi, quasi præcellénti : sive dúcibus, tamquam ab eo missis ad vindíctam malefactórum, laudem vero bonórum : quia sic est volúntas Dei, ut benefaciéntes obmutéscere faciátis imprudéntium hóminum ignorántiam : quasi líberi, et non quasi velámen habéntes malítiæ libertátem, sed sicut servi Dei. Omnes honoráte : fraternitátem dilígite : Deum timéte : regem honorificáte Servi, súbditi estóte in omni timóre dóminis, non tantum bonis et modéstis, sed étiam dýscolis. Hæc est enim grátia : in Christo Iesu, Dómino nostro.Mes bien-aimés, je vous exhorte, comme étrangers et voyageurs, à vous abstenir des désirs charnels qui combattent contre l’âme. Ayez une bonne conduite au milieu des païens, afin que, là même où ils vous calomnient comme des malfaiteurs, ils remarquent vos bonnes œuvres et glorifient Dieu au jour de sa visite. Soyez donc soumis à toute institution humaine, à cause de Dieu : soit au roi, comme au souverain, soit aux gouverneurs, comme étant envoyés par lui pour châtier les malfaiteurs et pour approuver les gens de bien. Car c’est la volonté de Dieu, qu’en faisant le bien vous réduisiez au silence l’ignorance des hommes insensés ; comme étant libres, non pour faire de la liberté une sorte de voile dont se couvre la méchanceté, mais comme des serviteurs de Dieu. Honorez tous les hommes ; aimez vos frères, craignez Dieu, honorez le roi. Serviteurs, soyez soumis en toute crainte à vos maîtres ; non seulement à ceux qui sont bons et humains, mais aussi à ceux qui sont difficiles. Car cela est agréable à Dieu ; en Jésus-Christ Notre-Seigneur.
Allelúia, allelúia. V/. Ps. 110, 9. Redemptiónem misit Dóminus pópulo suo.Allelúia, allelúia. V/. Le Seigneur a envoyé la délivrance à son peuple.
Allelúia. V/. Luc. 24, 46. Oportebat pati Christum, et resúrgere a mórtuis : et ita intráre in glóriam suam. Allelúia.Allelúia. V/. Il fallait que le Christ souffrît, et qu’il ressuscitât d’entre les morts, et qu’il entrât ainsi dans sa gloire. Alléluia.
+ Sequéntia sancti Evangélii secundum Joánnem.Suite du Saint Évangile selon saint Jean.
Ioann. 16, 16-22.
In illo témpore : Dixit Iesus discípulis suis : Módicum, et iam non vidébitis me : et íterum módicum, et vidébitis me : quia vado ad Patrem. Dixérunt ergo ex discípulis eius ad ínvicem : Quid est hoc, quod dicit nobis : Módicum, et non vidébitis me : et íterum módicum, et vidébitis me, et quia vado ad Patrem ? Dicébant ergo : Quid est hoc, quod dicit : Modicum ? nescímus, quid lóquitur. Cognóvit autem Iesus, quia volébant eum interrogáre, et dixit eis : De hoc quǽritis inter vos, quia dixi : Modicum, et non vidébitis me : et íterum módicum, et vidébitis me. Amen, amen, dico vobis : quia plorábitis et flébitis vos, mundus autem gaudébit : vos autem contristabímini, sed tristítia vestra vertétur in gáudium. Múlier cum parit, tristítiam habet, quia venit hora eius : cum autem pepérerit púerum, iam non méminit pressúræ propter gáudium, quia natus est homo in mundum. Et vos igitur nunc quidem tristítiam habétis, íterum autem vidébo vos, et gaudébit cor vestrum : et gáudium vestrum nemo tollet a vobis.En ce temps-là, Jésus dit à ses disciples : Encore un peu de temps, et vous ne me verrez plus ; et encore un peu de temps, et vous me verrez, parce que je m’en vais auprès du Père. Alors, quelques-uns de ses disciples se dirent les uns aux autres : Que signifie ce qu’il nous dit : Encore un peu de temps, et vous ne me verrez plus ; et encore un peu de temps, et vous me verrez, et : Parce que je m’en vais auprès du Père ? Ils disaient donc : Que signifie ce qu’il dit : Encore un peu de temps ? Nous ne savons de quoi il parle. Jésus connut qu’ils voulaient l’interroger, et il leur dit : Vous vous demandez entre vous pourquoi j’ai dit : Encore un peu de temps, et vous ne me verrez plus ; et encore un peu de temps, et vous me verrez. En vérité, en vérité, je vous le dis, vous pleurerez et vous gémirez, vous, et le monde se réjouira. Vous, vous serez dans la tristesse ; mais votre tristesse sera changée en joie. Lorsqu’une femme enfante, elle a de la tristesse, parce que son heure est venue ; mais, lorsqu’elle a enfanté un fils, elle ne se souvient plus de la souffrance, dans la joie qu’elle a d’avoir mis un homme au monde. Vous donc aussi, vous êtes maintenant dans la tristesse ; mais je vous verrai de nouveau, et votre cœur se réjouira, et personne ne vous ravira votre joie.
Credo
Ant. ad Offertorium. Ps. 145, 2.Offertoire
Lauda, anima mea, Dóminum : laudábo Dóminum in vita mea : psallam Deo meo, quámdiu ero, allelúia.0 mon âme, loue le Seigneur. Je louerai le Seigneur pendant ma vie ; je chanterai mon Dieu tant que je serai, alléluia.
Secreta.Secrète
His nobis, Dómine, mystériis conferátur, quo, terréna desidéria mitigántes, discámus amáre cæléstia. Per Dóminum nostrum.Que grâce à ces mystères, ô Seigneur, nous soit accordé ce qui, en modifiant nos convoitises terrestres, nous apprendra à aimer les choses célestes.
Præfatio paschalis, in qua dicitur : in hoc potíssimum. Préface pascale
Ant. ad Communionem. Ioann. 16, 16.Communion
Módicum, et non vidébitis me, allelúia : íterum módicum, et vidébitis me, quia vado ad Patrem, allelúia, allelúia.Encore un peu de temps et vous ne me verrez plus, alléluia ; et encore un peu de temps et vous me verrez, parce que je m’en vais auprès du Père, alléluia, alléluia.
Postcommunio.Postcommunion
Sacramenta quæ súmpsimus, quǽsumus, Dómine : et spirituálibus nos instáurent aliméntis, et corporálibus tueántur auxíliis. Per Dóminum nostrum.Nous vous en supplions, Seigneur, que le sacrement par nous reçu, nous restaure en tant qu’aliment spirituel et nous protège comme secours pour nos corps.

Office

AUX 1ères VÊPRES

Ant. Allelúia, * allelúia, allelúia.Ant. Alléluia, * alléluia, alléluia.
Sub qua sola antiphona Allelúia dicuntur omnes psalmi.Sous cette seule antienne Alléluia, on dit tous les psaumes.
Psaume 143, i
Psaume 143, ii
Psaume 144, i
Psaume 144, ii
Psaume 144, iii
Ant. Allelúia, * allelúia, allelúia.Ant. Alléluia, * alléluia, alléluia.
Capitulum 1 Petr. 2. 11. Capitule
Caríssimi : Obsecro vos tamquam ádvenas et peregrínos abstinére vos a carnálibus desidériis, quæ mílitant advérsus ánimam.Mes bien-aimés : je vous conjure de vous abstenir, comme étrangers et voyageurs, des désirs charnels qui combattent contre l’âme.
Hymnus Hymne
Ad cenam Agni próvidi (ancienne hymne des vêpres au Temps Pascal)
Ad régias Agni dapes,
Stolis amícti cándidis,
Post tránsitum Maris Rubri,
Christo canámus Príncipi :
Au royal banquet de l’Agneau,
revêtus de nos robes blanches,
après le passage de la mer Rouge,
chantons au Christ notre Chef :
Divína cuius cáritas
Sacrum propínat sánguinem,
Almíque membra córporis
Amor sacérdos ímmolat.
C’est lui dont la charité divine
nous verse à boire le sang sacré,
son amour est le sacrificateur qui immole
les membres du corps nourricier.
Sparsum cruórem póstibus
Vastátor horret Angelus :
Fugítque divísum mare ;
Mergúntur hostes flúctibus.
Le sang dont nos portes sont marquées
remplit de crainte l’Ange exterminateur :
la mer, divisée en deux, fuit devant nous ;
les ennemis sont submergés dans les flots.
Iam Pascha nostrum Christus est,
Paschális idem víctima,
Et pura puris méntibus
Sinceritátis ázyma.
Notre Pâque, maintenant, c’est le Christ :
il est notre victime pascale ;
il est pour les cœurs purs,
le pure azyme de la sincérité.
O vera cæli víctima,
Subiécta cui sunt tártara,
Solúta mortis víncula,
Recépta vitæ prǽmia.
O victime véritable, venue du ciel,
par qui les enfers sont domptés,
les liens de la mort brisés,
les dons de la vie recouvrés !
Victor subáctis ínferis,
Trophǽa Christus éxplicat ;
Cælóque apérto, súbditum
Regem tenebrárum trahit.
Vainqueur de la mort terrassée,
le Christ déploie son étendard ;
il rouvre le ciel, et traîne
en captif le roi des ténèbres.
Ut sis perénne méntibus
Paschále, Iesu, gáudium,
A morte dira críminum
Vitæ renátos líbera.
Pour être toujours, de nos âmes,
ô Jésus, la joie pascale
libérez de la cruelle mort du péché,
ceux que vous avez fait renaître à la vie.
Deo Patri sit glória,
Et Fílio qui a mórtuis
Surréxit ac Paráclito,
In sempitérna sǽcula.
Amen.
Gloire soit rendue à Dieu le Père,
et au Fils ressuscité d’entre les morts,
ainsi qu’au Paraclet,
dans les siècles éternels. Ainsi soit-il.
V/. Mane nobíscum, Dómine, allelúia. V/. Restez avec nous, Seigneur, alléluia.
R/. Quóniam advesperáscit, allelúia.R/. Car le soir tombe, alléluia. [1]
Ad Magnif. Ant. Módicum, * et non vidébitis me, dicit Dóminus : íterum módicum, et vidébitis me, quia vado ad Patrem, allelúia, allelúia. Ant. au Magnificat Encore un peu de temps * et vous ne me verrez plus, dit le Seigneur, et encore un peu de temps et vous me verrez, parce que je vais à mon Père, alléluia, alléluia.
Magnificat
OratioPrière
Deus, qui errántibus, ut in viam possint redíre iustítiæ, veritátis tuæ lumen osténdis : da cunctis, qui christiána professióne censéntur, et illa respúere, quæ huic inimíca sunt nómini ; et ea, quæ sunt apta, sectári. Per Dóminum nostrum.O Dieu, qui montrez à ceux qui errent la lumière de votre vérité, afin qu’ils puissent rentrer dans la voie de la justice : donnez à tous ceux qui sont placés dans les rangs de la profession chrétienne, la grâce de rejeter tout ce qui est contraire à ce nom, et d’embrasser tout ce qui lui convient.

A MATINES (Avant 1960)

Invitatorium Invitatoire
Surréxit Dóminus vere, * Allelúia.Le Seigneur est vraiment ressuscité, * Alléluia.
Psaume 94 (Invitatoire)
Hymnus Hymne
Rex sempitérne cǽlitum,
Rerum Creátor ómnium,
Æquális ante sǽcula
Semper Parénti Fílius :
Roi éternel des habitants des cieux,
créateur de toutes choses,
égal dès avant les siècles
toujours au Père, vous le Fils :
Nascénte qui mundo faber
Imáginem vultus tui
Tradens Adámo, nóbilem
Limo iugásti spíritum.
A la naissance du monde, vous, artisan
imprimant le sceau de votre visage,
au front d’Adam avez uni
un noble esprit au limon.
Cum livor et fraus dǽmonis
Fœdásset humánum genus :
Tu, carne amíctus, pérditam
Formam refórmas ártifex.
Quand l’envie et la ruse du démon
eurent dégradé la race humaine :
Vous, artisan, revêtu de la chair,
réformez la forme perdue
Qui, natus olim e Vírgine,
Nunc e sepúlcro násceris,
Tecúmque nos a mórtuis
Iubes sepúltos súrgere.
Né d’abord de la Vierge,
vous renaissez maintenant du sépulcre,
et vous nous commandez, à nous ensevelis,
de nous lever avec vous d’entre les morts.
Qui, pastor ætérnus, gregem
Aqua lavas baptísmatis :
Hæc est lavácrum méntium :
Hæc est sepúlcrum críminum.
Pasteur éternel, vous lavez
votre troupeau dans l’eau baptismale ;
c’est là le bain purificateur des âmes,
c’est le sépulcre des crimes.
Nobis diu qui débitæ
Redémptor affíxus cruci,
Nostræ dedísti pródigus
Prétium salútis sánguinem.
Attaché comme rédempteur à la croix,
qui depuis longtemps nous était due,
vous avez prodigué votre sang,
la rançon de notre salut
Ut sis perénne méntibus
Paschále, Iesu, gáudium,
A morte dira críminum
Vitæ renátos líbera.
Pour être toujours, de nos âmes,
ô Jésus, la joie pascale
libérez de la cruelle mort du péché,
ceux que vous avez fait renaître à la vie.
Deo Patri sit glória,
Et Fílio, qui a mórtuis
Surréxit, ac Paráclito,
In sempitérna sǽcula.
Amen.
Gloire soit rendue à Dieu le Père,
et au Fils ressuscité d’entre les morts,
ainsi qu’au Paraclet,
dans les siècles éternels.
Ainsi soit-il.
In I NocturnoAu 1er Nocturne
Ant. Allelúia, * lapis revolútus est, allelúia : ab óstio monuménti, allelúia, allelúia.Ant. Alléluia, * la pierre a été roulée, alléluia : de la porte du tombeau, alléluia, alléluia.
Psaume 1
Psaume 2
Psaume 3
Ant. Allelúia, * lapis revolútus est, allelúia : ab óstio monuménti, allelúia, allelúia.Ant. Alléluia, * la pierre a été roulée, alléluia : de la porte du tombeau, alléluia, alléluia.
V/. Surréxit Dóminus de sepúlchro, allelúia.V/. Le Seigneur est ressuscité du tombeau, alléluia.
R/. Qui pro nobis pepéndit in ligno, allelúia.R/. Lui qui pour nous fut attaché au bois, alléluia.
Lectio i1ère leçon
Incipit liber Apocalýpsis beáti Ioánnis Apóstoli.Commencement du livre de l’Apocalypse [2] du bienheureux Apôtre Jean.
Cap. 1, 1-6.
Apocalýpsis Iesu Christi, quam dedit illi Deus palam fácere servis suis, quæ opórtet fíeri cito : et significávit, mittens per Angelum suum servo suo Ioánni, qui testimónium perhíbuit verbo Dei, et testimónium Iesu Christi, quæcúmque vidit. Beátus qui legit et qui audit verba prophetíæ huius : et servat ea, quæ in ea scripta sunt : tempus enim prope est. Ioánnes septem Ecclésiis, quæ sunt in Asia. Grátia vobis, et pax ab eo, qui est, et qui erat, et qui ventúrus est : et a septem spirítibus, qui in conspéctu throni eius sunt : et a Iesu Christo, qui est testis fidélis, primogénitus mortuórum, et princeps regum terræ : qui diléxit nos, et lavit nos a peccátis nostris in sánguine suo, et fecit nos regnum, et sacerdótes Deo et Patri suo : ipsi glória et impérium in sǽcula sæculórum. Amen.Révélation de Jésus-Christ que Dieu lui a donnée pour découvrir à ses serviteurs ce qui doit arriver bientôt, et il l’a fait connaître, en l’envoyant par son Ange à Jean [3], son serviteur, qui a rendu témoignage à la parole de Dieu, et le témoignage de Jésus-Christ [4] en tout ce qu’il a vu. Bienheureux celui qui lit et écoute les paroles de cette prophétie, et garde les choses qui y sont écrites ; car le temps est proche [5]. Jean, aux sept Églises qui sont en Asie : Grâce à vous et paix par celui qui est, qui était, et qui doit venir, et par les sept esprits qui sont devant son trône ; et par Jésus-Christ qui est le témoin fidèle [6], le premier-né des morts, et le prince des rois de la terre, qui nous a aimés et nous a lavés de nos péchés dans son sang, et nous a fait le royaume et les prêtres de Dieu son Père [7] ; à lui la gloire et l’empire dans les siècles des siècles. Amen.
R/. Dignus es, Dómine, accípere librum, et aperíre signácula eum, allelúia : quóniam occísus es, et redemísti nos Deo * In sánguine tuo, allelúia.R/. Vous êtes digne [8], Seigneur, de recevoir le livre, et d’en ouvrir les sceaux, alléluia : parce que vous avez été mis à mort, et que vous nous avez rachetés pour Dieu * Par votre sang, alléluia.
V/. Fecísti enim nos Deo nostro regnum et sacerdótium.V/. Et vous avez fait de nous un royaume et des prêtres pour notre Dieu.
* In sánguine tuo, allelúia. * Par votre sang, alléluia.
Lectio ii2e leçon
Cap. 1, 7-11.
Ecce venit cum núbibus, et vidébit eum omnis óculus, et qui eum pupugérunt. Et plangent se super eum, omnes tribus terræ. Etiam:Amen. Ego sum alpha et oméga : princípium et finis, dicit Dóminus Deus : qui est, et qui erat, et qui ventúrus est, Omnípotens. Ego Ioánnes, frater vester, et párticeps in tribulatióne, et regno, et patiéntia in Christo Iesu : fui in ínsula, quæ appellátur Patmos, propter verbum Dei, et testimónium Iesu. Fui in spíritu in Domínica die, et audívi post me vocem magnam tamquam tubæ, dicéntis : Quod vides, scribe in libro : et mitte septem ecclésiis, quæ sunt in Asia, Epheso, et Smyrnæ, et Pérgamo, et Thyatíræ, et Sardis, et Philadelphíæ et Laodicíæ.Le voici qui vient sur les nuées, et tout œil le verra ; et même ceux qui l’ont percé. Et toutes les tribus de la terre se frapperont la poitrine à cause de lui. Oui. Amen. Je suis l’Alpha et l’Oméga, le commencement et la fin, dit le Seigneur Dieu, qui est, qui était, et qui doit venir, le Tout-puissant. Moi, Jean, votre frère, qui ai part à la tribulation, au règne et à la patience en Jésus-Christ, j’ai été dans l’île de Patmos, pour la parole de Dieu et pour le témoignage de Jésus. Je fus ravi en esprit le jour du Seigneur, et j’entendis derrière moi une voix éclatante, comme d’une trompette, disant : Ce que tu vois, écris-le dans un livre et envoie-le aux sept Églises qui sont en Asie, à Éphèse, à Smyrne, à Pergame, à Thyatire, à Sardes, à Philadelphie et à Laodicée.
R/. Ego sicut vitis fructificávi suavitátem odóris, allelúia : * Transíte ad me, omnes qui concupíscitis me, et a generatiónibus meis adimplémini, allelúia, allelúia.R/. Moi [9], comme une vigne, j’ai produit des fruits d’une odeur suave, alléluia : * Venez à moi, vous tous qui me désirez avec ardeur, et remplissez-vous de mes productions, alléluia, alléluia.
V/. In me omnis grátia viæ et veritátis : in me omnes spes vitæ et virtútis.V/. En moi [10] est toute la grâce de la voie et de la vérité : en moi toute l’espérance de la vie et de la vertu.
* Transíte ad me, omnes qui concupíscitis me, et a generatiónibus meis adimplémini, allelúia, allelúia. * Venez à moi, vous tous qui me désirez avec ardeur, et remplissez-vous de mes productions, alléluia, alléluia.
Lectio iii3e leçon
Cap. 1, 12-19.
Et convérsus sum, ut vidérem vocem, quæ loquebátur mecum : et convérsus, vidi septem candelábra áurea : et in médio septem candelabrórum aureórum símilem fílio hóminis, vestítum podére, et præcínctum ad mamíllas zona áurea : caput autem eius et capílli erant cándidi tamquam lana alba, et tamquam nix, et óculi eius tamquam flamma ignis, et pedes eius símiles aurichálco, sicut in camíno ardénti, et vox illíus tamquam vox aquárum multárum : et habébat in déxtera sua stellas septem : et de ore eius gládius utráque parte acútus exíbat : et fácies eius sicut sol lucet in virtúte sua. Et, cum vidíssem eum, cécidi ad pedes eius tamquam mórtuus. Et pósuit déxteram suam super me, dicens : Noli timére : ego sum primus et novíssimus,et vivus, et fui mórtuus, et ecce sum vivens in sǽcula sæculórum, et hábeo claves mortis et inférni. Scribe ergo, quæ vidísti, et quæ sunt, et quæ opórtet fíeri post hæc.Et je me tournai pour voir la voix qui me parlait ; et m’étant tourné, je vis sept chandeliers d’or ; et au milieu des sept chandeliers d’or, quelqu’un qui ressemblait au Fils de l’homme, vêtu d’une longue robe, et ceint au-dessous des mamelles d’une ceinture d’or. Sa tête et ses cheveux étaient blancs comme de la laine blanche et comme de la neige, et ses yeux comme une flamme de feu. Ses pieds étaient semblables à de l’airain fin, quand il est dans une fournaise ardente, et sa voix comme la voix des grandes eaux. Il avait sept étoiles dans sa main droite ; de sa bouche sortait une épée à deux tranchants, et son visage était lumineux comme le soleil dans sa force1. Et lorsque je l’eus vu, je tombai à ses pieds comme mort. Mais il mit sa main droite sur moi, disant : Ne crains point, je suis le premier et le dernier, et celui qui vit ; j’ai été mort, mais voici que je suis vivant dans les siècles des siècles, et j’ai les clefs de la mort et de l’enfer [11]. Écris donc les choses que tu as vues, celles qui sont, et celles qui doivent arriver ensuite.
R/. Audívi vocem de cælo, tamquam vocem tonítrui magni, allelúia : Regnábit Deus noster in ætérnum, allelúia ; * Quia facta est salus, et virtus, et potéstas Christi eius, allelúia, allelúia.R/. J’entendis [12] une voix venant du ciel, comme de grands coups de tonnerre, alléluia : il régnera éternellement, notre Dieu, alléluia : * Parce [13] qu’est accompli le salut, et la puissance, et le règne de son Christ, alléluia, alléluia.
V/. Et vox de throno exívit, dicens : Laudem dícite Deo nostro, omnes Sancti eius, et qui timétis Deum, pusílli et magni.V/. Et [14] une voix sortit du trône disant : Louez notre Dieu, vous tous ses saints, et vous qui le craignez, petits et grands.
* Quia facta est salus, et virtus, et potéstas Christi eius, allelúia, allelúia. Glória Patri. * Quia facta est salus, et virtus, et potéstas Christi eius, allelúia, allelúia.* Parce qu’est accompli le salut, et la puissance, et le règne de son Christ, alléluia, alléluia. Gloire au Père. * Parce qu’est accompli le salut, et la puissance, et le règne de son Christ, alléluia, alléluia.
In II NocturnoAu 2nd Nocturne
Ant. Allelúia, * quem quæris, múlier ? allelúia : vivéntem cum mórtuis, allelúia, allelúia.Ant. Alléluia, * qui cherches-tu, femme ? alléluia : un vivant parmi les morts, alléluia, alléluia.
Psaume 8
Psaume 9, i
Psaume 9, ii
Ant. Allelúia, * quem quæris, múlier ? allelúia : vivéntem cum mórtuis, allelúia, allelúia.Ant. Alléluia, * qui cherches-tu, femme ? alléluia : un vivant parmi les morts, alléluia, alléluia.
V/. Surréxit Dóminus vere, allelúia.V/. Le Seigneur est vraiment ressuscité, alléluia.
R/. Et appáruit Simóni, allelúia.R/. Et il est apparu à Simon, alléluia.
Lectio iv4e leçon
Sermo sancti Augustíni Epíscopi.Sermon de saint Augustin, Évêque.
Sermo 147 de Tempore.
Diébus his sanctis resurrectióni Dómini dedicátis, quantum donánte ipso póssumus, de carnis resurrectióne tractémus. Hæc enim est fides nostra : hoc donum in Dómini nostri Iesu Christi nobis carne promíssum est, et in ipso præcéssit exémplum. Vóluit enim nobis, quod promísit in fine, non solum prænuntiáre, sed étiam demonstráre. Illi quidem qui tunc fuérunt, cum illum vidérent, et cum expavéscerent, et spíritum se vidére créderent, soliditátem córporis tenuérunt. Locútus est enim non solum verbis ad aures eórum, sed étiam spécie ad óculos eórum : parúmque erat se præbére cernéndum, nisi étiam offérret pertractándum atque palpándum.Durant ces jours consacrés à la résurrection du Seigneur, traitons, autant que nous le pourrons avec le secours de sa grâce, de la résurrection de la chair. Voici en effet notre croyance : la résurrection est un bienfait dont nous voyons la promesse et l’exemple dans la chair de Jésus-Christ notre Seigneur. Car il a voulu non seulement nous annoncer mais encore nous démontrer, en sa personne, l’accomplissement de ce qu’il nous a promis pour la fin des siècles. Ceux qui étaient alors avec lui l’ont contemplé, et comme ils étaient frappés de stupeur et croyaient voir un esprit, ils s’assurèrent en le touchant que c’était vraiment un corps matériel. Il parla non seulement à leurs oreilles, en s’entretenant avec eux ; mais encore à leurs yeux, en se manifestant à leurs regards ; et c’eût été peu pour lui de se faire voir, s’il n’eût aussi permis qu’on le touchât, qu’on le palpât.
R/. Locútus est ad me unus ex septem Angelis, dicens : Veni, osténdam tibi novam nuptam, sponsam Agni : * Et vidi Ierúsalem descendéntem de cælo, ornátam monílibus suis, allelúia, allelúia, allelúia.R/. Un [15] des sept Anges me parla, disant : Viens, et je te montrerai la nouvelle épouse, l’épouse de l’Agneau : * Et je vis [16] Jérusalem qui descendait du ciel, ornée de ses colliers [17], alléluia, alléluia, alléluia.
V/. Et sústulit me in spíritu in montem magnum et altum.V/. Et il me transporta [18] en esprit sur une montagne grande et haute.
* Et vidi Ierúsalem descendéntem de cælo, ornátam monílibus suis, allelúia, allelúia, allelúia. * Et je vis Jérusalem qui descendait du ciel, ornée de ses colliers, alléluia, alléluia, alléluia.
Lectio v5e leçon
Ait enim : Quid turbáti estis, et cogitatiónes ascéndunt in cor vestrum ? Putavérunt enim se spíritum vidére. Quid turbáti estis, inquit, et cogitatiónes ascéndunt in cor vestrum ? Vidéte manus meas, et pedes meos : palpáte, et vidéte : quia spíritus ossa et carnem non habet, sicut me vidétis habére. Contra istam evidéntiam disputábant hómines. Quid enim áliud fácerent hómines, qui ea, quæ sunt hóminum, sápiunt, quam sic disputáre de Deo contra Deum ? Ille enim Deus est, isti hómines sunt. Sed Deus novit cogitatiónes hóminum, quóniam vanæ sunt.Jésus leur dit : « Pourquoi êtes-vous troublés, et pourquoi ces pensées s’élèvent-elles dans vos cœurs ? » [19] Ils s’imaginaient voir un esprit. « Pourquoi êtes-vous troublés, leur dit-il, et pourquoi ces pensées s’élèvent-elles dans vos cœurs ? Voyez mes mains et mes pieds ; touchez et voyez : un esprit n’a ni os ni chair, comme vous voyez que j’ai » [20]. En hommes qu’ils étaient, ils raisonnaient contre une telle évidence. Que feraient d’ailleurs des hommes qui ont des pensées humaines, et le goût des choses de la terre, s’ils ne disputaient de la sorte contre Dieu au sujet de Dieu ? Car Jésus est Dieu, et eux sont des hommes. « Mais Dieu sait que les pensées de l’homme sont vaines » [21].
R/. Audívi vocem in cælo Angelórum multórum dicéntium : * Timéte Dóminum, et date claritátem illi, et adoráte eum, qui fecit cælum et terram, mare et fontes aquárum, allelúia, allelúia.R/. J’entendis [22] dans le ciel la voix d’un grand nombre d’Anges qui disaient : * Craignez le Seigneur et rendez-lui gloire, et adorez celui qui a fait le ciel et la terre, la mer et les sources des eaux, alléluia, alléluia.
V/. Vidi Angelum Dei fortem, volántem per médium cæli, voce magna clamántem et dicéntem.V/. Je vis un Ange de Dieu, fort, et qui volait dans le milieu du ciel, criant et disant d’une voix forte.
* Timéte Dóminum, et date claritátem illi, et adoráte eum, qui fecit cælum et terram, mare et fontes aquárum, allelúia, allelúia. * Craignez le Seigneur et rendez-lui gloire, et adorez celui qui a fait le ciel et la terre, la mer et les sources des eaux, alléluia, alléluia.
Lectio vi6e leçon
In hómine carnáli tota régula intelligéndi est consuetúdo cernéndi. Quod solent vidére, credunt : quod non solent, non credunt. Præter consuetúdinem facit Deus mirácula, quia Deus est. Maióra quidem mirácula sunt, tot quotídie hómines nasci, qui non erant, quam paucos resurrexísse, qui erant : et tamen ista mirácula non consideratióne comprehénsa sunt, sed assiduitáte viluérunt. Resurréxit Christus : absolúta est res. Corpus erat, caro erat : pepéndit in cruce, emísit ánimam, pósita est caro in sepúlcro. Exhíbuit illam vivam, qui vivébat in illa. Quare mirámur ?quare non crédimus ? Deus est, qui fecit.L’homme charnel n’a d’autre règle de son intelligence que le témoignage de ses yeux. Il croit ce qu’il a coutume de voir et refuse toute croyance à ce qu’il ne voit point. Dieu fait des miracles en dehors du cours ordinaire des choses, parce qu’il est Dieu. C’est un plus grand miracle, pourtant, de faire naître chaque jour un si grand nombre d’hommes qui ne possédaient pas l’existence, que d’en ressusciter quelques-uns qui déjà existaient ; et cependant ces faits merveilleux ne sont pas l’objet de notre attention, mais l’habitude de les voir les a dépréciés. Le Christ est ressuscité : c’est un fait incontestable. Il avait un corps, il était chair ; il a été suspendu à la croix, il a rendu le dernier soupir, son corps a été déposé dans le sépulcre. Celui qui vivait dans cette chair l’a ressuscitée et l’a montrée pleine de vie. Pourquoi nous en étonner ? Pourquoi ne pas croire ? Celui qui a fait ce prodige est Dieu.
R/. Véniens a Líbano quam pulchra facta est, allelúia : * Et odor vestimentórum eius super ómnia arómata, allelúia, allelúia.R/. Qu’elle [23] a été faite belle cette épouse, venant du Liban, alléluia : * L’odeur [24] de ses vêtements est au-dessus de tous les aromates, alléluia, alléluia.
V/. Favus distíllans lábia eius, mel et lac sub lingua eius.V/. Un rayon de miel distille de ses lèvres, le miel et le lait sont sous sa langue.
* Et odor vestimentórum eius super ómnia arómata, allelúia, allelúia. Glória Patri. * Et odor vestimentórum eius super ómnia arómata, allelúia, allelúia.* L’odeur de ses vêtements est au-dessus de tous les aromates, alléluia, alléluia. Gloire au Père. * L’odeur de ses vêtements est au-dessus de tous les aromates, alléluia, alléluia.
In III NocturnoAu 2nd Nocturne
Ant. Allelúia, * noli flere, María, allelúia : resurréxit Dóminus, allelúia, allelúia.Ant. Alléluia, * ne pleure pas, Marie, alléluia : le Seigneur est ressuscité, alléluia, alléluia.
Psaume 9, iii
Psaume 9, iv
Psaume 10
Ant. Allelúia, * noli flere, María, allelúia : resurréxit Dóminus, allelúia, allelúia.Ant. Alléluia, * ne pleure pas, Marie, alléluia : le Seigneur est ressuscité, alléluia, alléluia.
V/. Gavísi sunt discípuli, allelúia.V/. Les disciples se sont réjouis, alléluia.
R/. Viso Dómino, allelúia.R/. A la vue du Seigneur, alléluia.
Lectio vii7e leçon
Léctio sancti Evangélii secundum Ioánnem.Lecture du saint Évangile selon saint Jean.
Cap. 16, 16-22.
In illo témpore : Dixit Iesus discípulis suis : Módicum, et iam non vidébitis me : et íterum módicum, et vidébitis me : quia vado ad Patrem. Et réliqua.En ce temps-là : Jésus dit à ses disciples : Encore un peu de temps, et vous ne me verrez plus ; et encore un peu de temps, et vous me verrez, parce que je m’en vais auprès du Père. Et le reste.
Homilía sancti Augustíni Epíscopi.Homélie de saint Augustin, Évêque.
Tract. 101 in Ioann., sub finem.
Módicum est hoc totum spátium, quo præsens pérvolat sǽculum. Unde dicit idem ipse Evangelísta in Epístola sua : Novíssima hora est. Ideo namque áddidit : Quia vado ad Patrem : quod ad priórem senténtiam referéndum est, ubi ait : Módicum et iam non vidébitis me : non ad posteriórem, ubi ait : Et íterum módicum, et vidébitis me. Eúndo quippe ad Patrem, factúrus erat ut eum non vidérent. Ac per hoc non ídeo dictum est, quia fúerat moritúrus, et donec resúrgeret, ab eórum aspéctibus recessúrus : sed quod esset itúrus ad Patrem, quod fecit posteáquam resurréxit, et cum eis per quadragínta dies conversátus, ascéndit in cælum.Ce que notre Seigneur appelle un peu de temps, c’est tout l’espace que parcourt d’une aile rapide le siècle présent [25] ; ce qui a fait dire au même Évangéliste dans son Épître. « C’est la dernière heure » [26]. Notre Seigneur ajoute : « Parce que je vais à mon Père, » ce qui doit se rapporter à la première proposition : « Encore un peu de temps et vous ne me verrez plus ; » et non à la seconde : « Et encore un peu de temps et vous me verrez. » En allant à son Père, il devait, en effet, se soustraire à leur vue, et c’est pourquoi ces paroles ne signifient point qu’il devait mourir et que jusqu’à sa résurrection il demeurerait caché à leurs yeux, mais qu’il devait aller vers son Père ; ce qu’il fit lorsque, après être ressuscité et avoir conversé avec eux pendant quarante jours, il monta au ciel.
R/. Decantábat pópulus Israël, allelúia : et univérsa multitúdo Iacob canébat legítime : * Et David cum cantóribus cítharam percutiébat in domo Dómini, et laudes Deo canébat, allelúia, allelúia.R/. Le peuple [27] d’Israël chantait, alléluia : et toute la maison de Jacob chantait harmonieusement : * Et David, avec ceux qui chantaient, jouait de la cithare dans la maison du Seigneur, et chantait les louanges de Dieu, alléluia, alléluia.
V/. Sanctificáti sunt ergo sacerdótes et levítæ : et univérsus Israël deducébat arcam fœderis Dómini in iúbilo.V/. Les prêtres [28] se sanctifièrent donc, et les Lévites ; et tout Israël conduisait l’arche d’alliance du Seigneur avec des cris de joie.
* Et David cum cantóribus cítharam percutiébat in domo Dómini, et laudes Deo canébat, allelúia, allelúia. * Et David, avec ceux qui chantaient, jouait de la cithare dans la maison du Seigneur, et chantait les louanges de Dieu, alléluia, alléluia.
Lectio viii8e leçon
Illis ergo ait : Módicum, et iam non vidébitis me ; qui eum corporáliter tunc vidébant : quia itúrus erat ad Patrem, et eum deínceps mortálem visúri non erant, qualem, cum ista loquerétur, vidébant. Quod vero áddidit : Et íterum módicum, et vidébitis me : univérsæ promísit Ecclésiæ, sicut univérsæ promísit : Ecce ego vobíscum sum usque ad consummatiónem sǽculi. Non tardat Dóminus promíssum. Módicum et vidébimus eum : ubi iam nihil rogémus, nihil interrogémus, quia nihil desiderándum remanébit, nihil quæréndum latébit.En disant : « Encore un peu de temps et vous ne me verrez plus, » il s’adresse à ceux qui le voyaient alors corporellement présent, et leur parle ainsi parce qu’il devait aller vers son Père, et qu’après son ascension ses disciples n’allaient plus le voir comme homme mortel, tel qu’ils le voyaient lorsqu’il leur disait ces choses. Mais quand il ajouta : « Et encore un peu de temps et vous me verrez, » c’est à toute l’Église qu’il le promit ; comme c’est à toute l’Église qu’il a fait cette autre promesse : « Voici que je suis avec vous jusqu’à la consommation du siècle » [29]. Le Seigneur ne retardera pas l’accomplissement de sa promesse : encore un peu de temps et nous le verrons, mais dans un état où nous n’aurons plus rien à demander, où nous n’aurons plus à interroger sur rien, parce qu’il ne nous restera rien à désirer, ni rien de caché à apprendre.
R/. Tristítia vestra, allelúia, * Convertétur in gáudium, allelúia, allelúia.R/. Votre tristesse [30], alléluia, * Se changera en joie, alléluia, alléluia.
V/. Mundus autem gaudébit, vos vero contristabímini, sed tristítia vestra.V/. Le monde se réjouira ; vous serez tristes, mais votre tristesse.
* Convertétur in gáudium, allelúia, allelúia. Glória Patri. * Convertétur in gáudium, allelúia, allelúia.* Se changera en joie, alléluia, alléluia. Gloire au Père. * Se changera en joie, alléluia, alléluia.
Lectio ix9e leçon
Hoc módicum longum nobis vidétur, quóniam adhuc ágitur ; cum finítum fúerit, tunc sentiémus quam módicum fúerit. Non ergo sit gáudium nostrum quale habet mundus, de quo dictum est : Mundus autem gaudébit. Nec tamen in huius desidérii parturitióne sine gáudio tristes simus : sed, sicut ait Apóstolus : Spe gaudéntes : In tribulatióne patiéntes : quia et ipsa partúriens, cui comparáti sumus, plus gaudet de mox futúra prole, quam tristis est de præsénti dolóre. Sed huius sermónis iste sit finis : habent enim quæstiónem molestíssimam, quæ sequúntur : nec brevitáte coarctánda sunt, ut possint commódius, si Dóminus volúerit, explicári.Ce peu de temps nous paraît long, parce qu’il dure encore ; mais lorsqu’il sera fini, nous comprendrons combien il était court. Que notre joie ne ressemble donc pas à celle du monde, dont il est dit : « Mais le monde se réjouira » ; et néanmoins, pendant l’enfantement du désir de l’éternité, que notre tristesse ne soit pas sans joie ; montrons-nous, comme dit l’Apôtre : « Joyeux par l’espérance, patients dans la tribulation » [31]. En effet, la femme qui enfante, et à laquelle nous avons été comparés, éprouve plus de joie à mettre au monde un enfant, qu’elle ne ressent de tristesse à souffrir sa douleur présente. Mais finissons ici ce discours, car les paroles qui suivent présentent une question très épineuse ; il ne faut pas les circonscrire dans le court espace de temps qui nous reste, afin de pouvoir les expliquer plus à loisir, s’il plaît au Seigneur.
Te Deum

A LAUDES.

Ant. Allelúia, * allelúia, allelúia.Ant. Alléluia, * alléluia, alléluia.
Sub qua sola antiphona Allelúia dicuntur omnes psalmi cum cantico.Sous cette seule antienne Alléluia, on dit tous les psaumes avec le cantique.
Psaume 92
Psaume 99
Psaume 62
Cantique des trois Enfants
Psaume 148
Ant. Allelúia, * allelúia, allelúia.Ant. Alléluia, * alléluia, alléluia.
Capitulum 1 Petr. 2. 11. Capitule
Caríssimi : Obsecro vos tamquam ádvenas et peregrínos abstinére vos a carnálibus desidériis, quæ mílitant advérsus ánimam.Mes bien-aimés : je vous conjure de vous abstenir, comme étrangers et voyageurs, des désirs charnels qui combattent contre l’âme.
Hymnus Hymne
Auróra cælum púrpurat,
Æther resúltat láudibus,
Mundus triúmphans iúbilat,
Horrens avérnus ínfremit :
L’aurore empourpre le ciel,
l’air retentit de louanges,
le monde triomphant jubile,
et l’enfer horrifié frémit :
Rex ille dum fortíssimus
De mortis inférno specu
Patrum senátum líberum
Edúcit ad vitæ iubar.
Quand le Roi très puissant,
de l’antre infernal de la mort
le sénat enfin libre des Patriarche
ramène à l’éclat de la vie.
Cuius sepúlcrum plúrimo
Custóde signábat lapis,
Victor triúmphat, et suo
Mortem sepúlcro fúnerat.
La pierre de son tombeau était
scellée par une garde nombreuse,
victorieux, il triomphe, et dans son
tombeau, il ensevelit la mort.
Sat fúneri, sat lácrimis,
Sat est datum dolóribus :
Surréxit exstínctor necis,
Clamat corúscans Angelus.
Assez de deuil, assez de larmes,
assez de temps donné à la douleur :
il est ressuscité, le destructeur de la mort,
un Ange éclatant de lumière le proclame.
Ut sis perénne méntibus
Paschále, Iesu, gáudium,
A morte dira críminum
Vitæ renátos líbera.
Pour être toujours, de nos âmes,
ô Jésus, la joie pascale
libérez de la cruelle mort du péché,
ceux que vous avez fait renaître à la vie.
Deo Patri sit glória,
Et Fílio qui a mórtuis
Surréxit ac Paráclito,
In sempitérna sǽcula.
Amen.
Gloire soit rendue à Dieu le Père,
et au Fils ressuscité d’entre les morts,
ainsi qu’au Paraclet,
dans les siècles éternels.
Ainsi soit-il.
V/. In resurrectióne tua, Christe, allelúia. V/. O Christ, en votre résurrection, alléluia.
R/. Cæli et terra læténtur, allelúia.R/. Le ciel et la terre se réjouissent, alléluia.
Ad Bened. Ant. Módicum, * et non vidébitis me, dicit Dóminus : íterum módicum, et vidébitis me, quia vado ad Patrem, allelúia, allelúia. Ant. au Bénédictus Encore un peu de temps * et vous ne me verrez plus, dit le Seigneur, et encore un peu de temps et vous me verrez, parce que je vais à mon Père, alléluia, alléluia.
Benedictus
OratioPrière
Deus, qui errántibus, ut in viam possint redíre iustítiæ, veritátis tuæ lumen osténdis : da cunctis, qui christiána professióne censéntur, et illa respúere, quæ huic inimíca sunt nómini ; et ea, quæ sunt apta, sectári. Per Dóminum nostrum.O Dieu, qui montrez à ceux qui errent la lumière de votre vérité, afin qu’ils puissent rentrer dans la voie de la justice : donnez à tous ceux qui sont placés dans les rangs de la profession chrétienne, la grâce de rejeter tout ce qui est contraire à ce nom, et d’embrasser tout ce qui lui convient.
AUX VÊPRES.
Ant. Allelúia, * allelúia, allelúia.Ant. Alléluia, * alléluia, alléluia.
Sub qua sola antiphona Allelúia dicuntur omnes psalmi.Sous cette seule antienne Alléluia, on dit tous les psaumes.
Psaume 109
Psaume 110
Psaume 111
Psaume 112
Psaume 113
Ant. Allelúia, * allelúia, allelúia.Ant. Alléluia, * alléluia, alléluia.
Capitulum 1 Petr. 2. 11. Capitule
Caríssimi : Obsecro vos tamquam ádvenas et peregrínos abstinére vos a carnálibus desidériis, quæ mílitant advérsus ánimam.Mes bien-aimés : je vous conjure de vous abstenir, comme étrangers et voyageurs, des désirs charnels qui combattent contre l’âme.
Hymnus Hymne
Ad cenam Agni próvidi (ancienne hymne des vêpres au Temps Pascal)
Ad régias Agni dapes,
Stolis amícti cándidis,
Post tránsitum Maris Rubri,
Christo canámus Príncipi :
Au royal banquet de l’Agneau,
revêtus de nos robes blanches,
après le passage de la mer Rouge,
chantons au Christ notre Chef :
Divína cuius cáritas
Sacrum propínat sánguinem,
Almíque membra córporis
Amor sacérdos ímmolat.
C’est lui dont la charité divine
nous verse à boire le sang sacré,
son amour est le sacrificateur qui immole
les membres du corps nourricier.
Sparsum cruórem póstibus
Vastátor horret Angelus :
Fugítque divísum mare ;
Mergúntur hostes flúctibus.
Le sang dont nos portes sont marquées
remplit de crainte l’Ange exterminateur :
la mer, divisée en deux, fuit devant nous ;
les ennemis sont submergés dans les flots.
Iam Pascha nostrum Christus est,
Paschális idem víctima,
Et pura puris méntibus
Sinceritátis ázyma.
Notre Pâque, maintenant, c’est le Christ :
il est notre victime pascale ;
il est pour les cœurs purs,
le pure azyme de la sincérité.
O vera cæli víctima,
Subiécta cui sunt tártara,
Solúta mortis víncula,
Recépta vitæ prǽmia.
O victime véritable, venue du ciel,
par qui les enfers sont domptés,
les liens de la mort brisés,
les dons de la vie recouvrés !
Victor subáctis ínferis,
Trophǽa Christus éxplicat ;
Cælóque apérto, súbditum
Regem tenebrárum trahit.
Vainqueur de la mort terrassée,
le Christ déploie son étendard ;
il rouvre le ciel, et traîne
en captif le roi des ténèbres.
Ut sis perénne méntibus
Paschále, Iesu, gáudium,
A morte dira críminum
Vitæ renátos líbera.
Pour être toujours, de nos âmes,
ô Jésus, la joie pascale
libérez de la cruelle mort du péché,
ceux que vous avez fait renaître à la vie.
Deo Patri sit glória,
Et Fílio qui a mórtuis
Surréxit ac Paráclito,
In sempitérna sǽcula.
Amen.
Gloire soit rendue à Dieu le Père,
et au Fils ressuscité d’entre les morts,
ainsi qu’au Paraclet,
dans les siècles éternels. Ainsi soit-il.
V/. Mane nobíscum, Dómine, allelúia. V/. Restez avec nous, Seigneur, alléluia.
R/. Quóniam advesperáscit, allelúia.R/. Car le soir tombe, alléluia. [32]
Ad Magnif. Ant. Amen dico vobis, * quia plorábitis et flébitis vos : mundus autem gaudébit, vos vero contristabímini, sed tristítia vestra convertétur in gáudium, allelúia. Ant. au Magnificat En vérité, je vous le dis, * vous gémirez et vous pleurerez, vous, mais le monde se réjouira ; vous serez tristes, mais votre tristesse se changera en joie, alléluia.
Magnificat
OratioPrière
Deus, qui errántibus, ut in viam possint redíre iustítiæ, veritátis tuæ lumen osténdis : da cunctis, qui christiána professióne censéntur, et illa respúere, quæ huic inimíca sunt nómini ; et ea, quæ sunt apta, sectári. Per Dóminum nostrum.O Dieu, qui montrez à ceux qui errent la lumière de votre vérité, afin qu’ils puissent rentrer dans la voie de la justice : donnez à tous ceux qui sont placés dans les rangs de la profession chrétienne, la grâce de rejeter tout ce qui est contraire à ce nom, et d’embrasser tout ce qui lui convient.

Dom Guéranger, l’Année Liturgique

Dom Guéranger ne traite pas du troisième dimanche après Pâques, en effet, à la date où est composée l’Année Liturgique, ce dimanche est remplacée par la solennité du Patronage de St Joseph. Comme le dit le grand abbé bénédictin : « La série des mystères du Temps pascal est suspendue aujourd’hui ; un autre objet attire pour un moment nos contemplations. La sainte Église nous propose de donner la journée au culte de l’Époux de Marie, du Père nourricier du Fils de Dieu, Patron de l’Église universelle. Au 19 mars cependant nous lui avons rendu notre hommage annuel : aussi n’est-ce pas proprement sa fête que nous allons célébrer en ce jour. Il s’agit d’ériger par la piété du peuple chrétien un monument de reconnaissance au puissant Protecteur, à Joseph, le recours et l’appui de tous ceux qui l’invoquent avec confiance. Assez de bienfaits lui ont mérité cet hommage ; la sainte Église se propose aujourd’hui, dans l’intérêt de ses enfants, de diriger leur confiance vers un secours si puissant et si opportun. ».

Saint Pie X, dans sa réforme du calendrier, afin de libérer les dimanches de l’année liturgique perpétuellement empêchés par une fête du sanctoral, anticipa la solennité de St Joseph au mercredi de la 2ème semaine après Pâques, redonnant ainsi au 3ème dimanche après Pâques sa place dans le calendrier liturgique, ce déplacement de la fête du saint Protecteur de l’Église n’était pas une rétrogradation de la fête car le saint Pape la dota alors d’une octave.

Néanmoins, le commentateur liturgique ne traite pas la journée de la solennité de saint Joseph sans rappeler le jour du Seigneur ainsi remplacé :

« Le troisième Dimanche après Pâques porte, dans L’Église grecque, le nom de Dimanche du Paralytique, parce qu’on y célèbre d’une manière particulière la commémoration du miracle que notre Seigneur opéra à la Piscine Probatique. L’Église Romaine commence aujourd’hui, à l’Office des Matines, la lecture de l’Apocalypse de saint Jean.

L’allégresse que porte avec elle la fête d’aujourd’hui s’est unie aux joies pascales ; mais il est juste que celles-ci aient aussi leur expression particulière. Nous terminerons donc cette journée en offrant à notre divin ressuscité cette Préface empruntée à l’ancien Missel gothique publié par dom Mabillon. »

CONTESTATIO.In die Sabbato, octava Paschœ.
Dignum et justum est ; necessarium et salutare est : ut te Dominum ac Deum totis visceribus humana conditio veneretur, Rex mirabilis Christe. Cujus condemnatione, tartareis vinculis absoluta credentium turba, libertatis insignia gratulatur. Qui vere ut Leo de tribu Juda mundo ostensus animarum devoratorem exstinctum leonem diabolum omnis terra lætatur. Permittit se clavorum nexibus alligatum ad stipitem crucis teneri : ut non sit parva, quam impius quondam expavescat, potentia. Ad cujus vocem emittens spiritum, terra tremuit, cœlum expavit, dies fugit, sol obscuratus est, astra abscondentia radios suos, simul omnia migraverunt. Cujus descensu, confractis portis, luget Infernum. Quo resurgente, lætantur Angeli ; exsultat terra cum habitatoribus suis. In quo triumpho, conspicitur comitatio illa prophetico ore promissa : Ero mors tua, o Inferne. Ubi est ergo victoria tua ? Nec enim ab alio poterat, nisi a vita mors devorari. Qui descensu suo eos qui tenebantur a morte, superis reddidit resurgendo : ut ejus resurrectio vivorum vel mortuorum testimonio firmaretur.Il est digne et juste, nécessaire et salutaire, que le genre humain vous rende ses plus ardents hommages, comme à son Seigneur et à son Dieu, ô vous, Christ, Roi admirable ! C’est celui qui, ayant été condamné, a affranchi des liens de l’enfer la foule des croyants, et l’a rangée sous les étendards de la liberté. Il a paru dans le monde, le Lion de la tribu de Juda ; et toute la terre célèbre par ses acclamations la destruction de cet autre lion qui dévorait les âmes. Il permit que ses membres fussent fixés par des clous sur le bois de la croix, pour faire éclater davantage ce pouvoir qui devait épouvanter l’esprit impie. A sa voix, quand il rendit l’esprit, la terre trembla, le ciel fut effrayé, le jour s’enfuit, le soleil s’obscurcit, les astres voilant leurs rayons disparurent tous à la fois. Il descendit dans les régions inférieures, il en brisa les portes, et plongea l’enfer dans le deuil. Maintenant, il ressuscite ; les Anges sont dans la joie, et la terre tressaille avec ses habitants. Dans ce triomphe s’accomplit l’oracle du prophète : « O mort ! O enfer ! Je serai ta mort. » Où est donc, ô mort ! ta victoire ? Mais la mort ne pouvait être ainsi dévorée que par la vie. Étant descendu près de ceux qui étaient les captifs de la mort, en ressuscitant, il les a rendus à la lumière ; afin que le témoignage des vivants et des morts s’unit pour proclamer sa résurrection.

Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum

Les listes romaines ne désignent plus aucune basilique spéciale pour la célébration de la station dominicale, ce qui montre que les primitives réunions cimitériales, étant tombées en désuétude, en raison du peu de sûreté qu’offrait au VIe siècle la campagne romaine, le rendez-vous stationnal était indiqué chaque fois, ou n’avait pas lieu. La messe célébrée par les prêtres dans leurs églises titulaires suppléait à cette absence de station. Durant le temps pascal, la première lecture de la messe est régulièrement tirée des Épîtres canoniques, parce que, jusqu’à la Pentecôte, l’Église s’était toute groupée autour des Apôtres dans le Cénacle, et que ce fut seulement après l’effusion du Saint-Esprit que Dieu choisit de préférence Paul pour porter la Bonne Nouvelle aux Gentils. Quant à la péricope évangélique, elle rapporte toujours un passage du discours prononcé par Jésus après la dernière Cène, soit parce que, dans cet admirable discours qu’on peut vraiment appeler le testament du Cœur de Jésus, il décrit dans le cadre d’une unique vision prophétique, sa mort, sa résurrection, son retour au Père et la descente de l’Esprit Saint —comme autant d’aspects d’un unique mystère, qui est la Rédemption, la Pâque chrétienne — soit encore parce que la longueur des offices du jeudi saint a empêché de lire ce discours en ce jour mémorable.

L’introït est emprunté au psaume 65, qui n’est qu’un hymne triomphal. « Élevez vers Dieu des cris de joie, vous tous sur la terre ; chantez à son nom l’hymne de la rédemption universelle ; rendez glorieuse sa louange » — voilà la splendeur de la liturgie catholique — exprimée, mieux qu’avec des paroles, dont Isaïe reprochera aux Juifs de se contenter, par les œuvres d’une vie sur laquelle se reflète la gloire et la sainteté du Christ ressuscité.

Dans la collecte, on fait allusion à la sublimité de la vocation chrétienne et de la sainteté éminente qu’exige cet état, lequel prend directement son nom du Christ lui-même. Demandons donc à Dieu par des vœux suppliants que, en vertu de cette bonté même par laquelle il a fait briller sur nous la lumière de la vérité, il nous accorde, à nous et à tous ceux qui ont reçu le même baptême, d’en réaliser aussi la signification.

Dans la lecture, c’est l’apôtre Pierre qui prend la parole. (Petr., I, II, 11-19.) Déjà ont commencé les persécutions néroniennes, et les premières armes dont se servent les adversaires, Juifs en général, sont la calomnie et la violence. A cette haine, les chrétiens répondent comme le Christ, par la souffrance silencieuse et par l’éclat de toutes les meilleures vertus. Par la souffrance et par l’amour, la vérité et le bien feront d’eux-mêmes leur chemin et s’imposeront à l’opinion publique. Mais pour le moment il faut s’humilier, et il convient de respecter les autorités légitimement constituées — même quand il s’agit d’un Néron — sans considérer la façon indigne dont ils exercent le pouvoir qu’ils ont reçu de Dieu. Le règne de Dieu ne s’établit pas sur la terre par des moyens de violence. Le chrétien vit dans l’attente : l’heure arrivera où Dieu visitera par sa grâce l’Empire romain — voilà la réconfortante prophétie de Pierre — et alors Constantin réparera les dommages causés maintenant par la bête fauve couronnée.

Le verset alléluiatique est tiré du psaume 110, qui est l’un des chants de Pâques. Dieu a racheté son peuple, lequel lui appartient maintenant au double titre de la création et de la rédemption. Si donc nous appartenons à Dieu, nous devons vivre pour lui.

Dans le verset précédant l’Évangile, on rappelle la grande loi du royaume de la grâce, c’est-à-dire la nécessité de la Croix. Parole mystérieuse, mais d’une terrible réalité. Il fut nécessaire que le Christ souffrît le premier, et qu’ainsi seulement il entrât dans sa gloire. Si le Fils de Dieu lui-même se soumit à cette loi, à combien plus forte raison ne nous oblige-t-elle pas, nous qui aspirons à entrer dans une gloire qui n’est pas nôtre mais sienne ?

La lecture évangélique, qui est un passage du sublime discours fait par Jésus à la dernière Cène, est tirée de saint Jean (XVI, 16-22). Jésus annonce l’imminence de son départ du monde et le bref intervalle qu’il y aura entre sa mort et sa résurrection. Cette période, après la résurrection du Christ, durant laquelle il se montra aux fidèles, est précisément la nôtre. C’est l’histoire de l’Église militante. Le monde incroyant ne l’a plus revu depuis le soir de la Parascève pascale, mais nous, au contraire, nous le voyons chaque jour dans l’Eucharistie ; nous conversons avec lui, et notre vie est illuminée, comme un éblouissant midi, par les rayons qui forment son auréole de gloire. Cette joie qui provient de notre familiarité avec Jésus ne peut nous être ravie par personne, parce qu’elle est purement intérieure. Elle nous paie avec usure des peines que le monde nous inflige à cause du nom du Seigneur.

Dans l’antienne ad offerendum (Ps. 145) l’âme est invitée à louer Dieu, à le louer dans la nouvelle vie de résurrection à laquelle il nous a élevés ; vie perpétuelle qui ne connaît point de mort. Le verset se rapporte avant tout au Christ, à la vie de qui nous participons grâce aux Sacrements.

Dans la collecte de préparation à l’anaphore consécratoire, il est fait allusion à l’un des plus importants effets de la sainte Communion. Elle est ce vin annoncé par le Prophète, et qui fait germer la tige de la virginité. L’Eucharistie éteint en nous les flammes de la concupiscence et allume dans le cœur un saint amour pour les choses divines. Elle infuse en nos âmes la nostalgie du paradis.

Dans l’antienne qui se chante durant la sainte Communion, et qui est tirée de l’Évangile du jour, on met en relief la fidélité avec laquelle Jésus a tenu sa promesse. Il avait dit que nous le reverrions, et en effet, non seulement nous le revoyons, mais nous le touchons, et son sang mêlé à notre vie lui communique vigueur, jeunesse et joie indéfectible, telle qu’elle jaillit d’une vie divine.

Nous demandons dans la collecte que, comme le Sacrement de l’Eucharistie nous est une nourriture spirituelle pour la vie éternelle, il nous soit aussi un moyen temporel pour y parvenir.

Le terme des espérances du chrétien est dans le ciel ; aussi autrefois, selon les exhortations de saint Pierre dans la lecture de ce jour, les anciennes communautés chrétiennes se nommaient-elles pèlerines sur la terre : Ecclesia Dei quæ peregrinatur [33]... La lecture évangélique d’aujourd’hui confirme elle aussi ce sentiment, et nous avertit que sur la terre nous n’aurons que des amertumes et des pleurs, tandis que le monde se réjouira.

Mais à la fin, Jésus nous fera contempler son visage béatifique, et alors notre joie ne passera plus. Ce contraste entre le monde et nous ne doit toutefois pas alimenter dans notre cœur un sentiment de haine ou de mépris. Nous ne devons haïr personne, mais notre devoir est de supporter les méchants, attendant patiemment que sonne aussi pour eux l’heure de la visite, comme le dit aujourd’hui saint Pierre dans l’Épître, alors que la grâce de Dieu triomphera de leur volonté rebelle.

Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique

Transition.

Le temps pascal, dans son contenu, peut se diviser en deux parties. La première partie regarde en arrière et est traversée par ces trois thèmes : la Résurrection, le Baptême, l’Eucharistie ; elle se termine avec la deuxième semaine après l’octave de Pâques. Vient ensuite la seconde partie qui prépare à l’Ascension du Seigneur et à l’envoi du Saint-Esprit les deux nouveaux thèmes sont : Ascension et Saint-Esprit. Le Christ se dispose à fonder son royaume sur la terre et ce royaume devait être un royaume spirituel. C’est pourquoi le Christ devait quitter la terre et transporter son siège dans le ciel. Les siens ne devaient pas s’attacher sa personnalité terrestre, ils devaient être spirituels, spiritualisés ; c’est pourquoi il envoie le Saint-Esprit, le Paraclet, qui tient sa place. Il sera désormais le « guide », le consolateur des fidèles. Spiritualisation, voilà quelle est la grande ligne qui mène de Pâques à la Pentecôte et qui atteint son plus haut point à la Pentecôte. L’Église veut désormais nous faire passer, de plus en plus, de la joie du temps pascal à la vie de combat qui nous attend dans la réalité. Les néophytes et nous, nous nous sommes approchés tout près du Seigneur dans ses grands mystères, nous avons touché les plaies du Seigneur. Mais à peine huit jours s’étaient écoulés que l’Église enlevait déjà aux néophytes leurs habits blancs afin qu’ils ne s’attachent pas à l’extérieur Elle veut aussi nous détacher de l’extérieur et du symbole. Tout cela n’est qu’un moyen pour arriver au but. Elle veut nous conduire vers ce qui est intérieur et spirituel. C’est ce but que poursuivront désormais les messes du dimanche. Tous les Évangiles sont empruntés au magnifique discours d’adieu après la Cène. Dans ces adieux, le Christ voulait consoler les Apôtres du départ de leur Maître, ancrer leur cœur auprès de lui dans le ciel et les rendre capables de supporter la souffrance sur la terre. L’Église applique ces passages au temps qui suit Pâques. Nous aussi, nous devons nous résigner à ne plus sentir le voisinage du Seigneur. C’est pourquoi l’Église nous montre le ciel (IIIe dimanche) ; et si elle nous conduit dans le monde hostile (IVe dimanche), par contre, elle nous promet le Saint-Esprit comme consolateur. Enfin, la célébration fréquente de l’Eucharistie doit nous donner en abondance l’Esprit du Christ.

Samedi soir. Le samedi soir appartient déjà au dimanche. C’est pourquoi nous chantons d’ordinaire une antienne de Magnificat tirée de l’Évangile du lendemain. Ainsi, nous chantons aujourd’hui : « Encore un peu de temps et vous ne me verrez plus, dit le Seigneur ; et encore un peu de temps et vous me reverrez, car je vais vers mon Père, Alléluia, Alléluia, Alléluia » (Ant. Magn.).

Le 3ème Dimanche après Pâques.

Il y a déjà trois semaines d’écoulées depuis le saint Jour de Pâques. La Résurrection du Seigneur occupait toutes les pensées de notre Mère l’Église. Dans la première semaine de Pâques, elle nous mettait chaque jour sous les yeux une des apparitions du Christ ressuscité. Le dimanche blanc, nous avons vu le Seigneur avec Thomas et il nous a été permis de mettre nos doigts dans ses plaies glorifiées. Le deuxième dimanche, nous nous sommes réunis comme des brebis fidèles autour du Bon Pasteur qui, à Pâques, nous avait rassemblés alors que nous étions errants, et qui, maintenant, nous conduit dans les riches pâturages de ses saints mystères. Jusqu’ici, l’Église était tout oreilles, tout yeux et tout cœur pour le Ressuscité.

A partir d’aujourd’hui, elle regarde vers l’avenir, vers un double avenir, l’avenir du Christ et notre propre avenir : Aujourd’hui, pour la première fois, l’Église nous prépare à l’Ascension du Seigneur. Le Christ dit expressément dans l’Évangile d’aujourd’hui : « Encore un peu de temps et vous ne me verrez plus, car je vais vers mon Père ». Mais nous ne devons pas croire que l’Église, à la pensée du départ du Christ, va devenir mélancolique et triste. Non ; la jubilation pascale ne diminue pas, elle augmente plutôt. Voyons l’antienne de l’Introït : « Tressaillez de joie en Dieu, nations de partout, Alléluia, Alléluia ; célébrez son nom, Alléluia ; chantez la magnificence de sa gloire, Alléluia, Alléluia ». L’Église n’est donc pas triste à la pensée du départ du Seigneur, comme l’étaient les Apôtres dans l’Évangile d’aujourd’hui. Elle aime voir le Seigneur monter au ciel, car elle-même ne se sent pas chez elle sur la terre. Le ciel est sa patrie et elle soupire après le jour où elle suivra son Époux dans le ciel. Ceci nous amène à parler du second avenir auquel nous prépare l’Église, notre propre avenir. Jusqu’ici, nous fêtions Pâques. Nous nous sentions pour ainsi dire au ciel. Volontiers nous aurions dit comme saint Pierre : « Il fait bon ici, dressons-y nos tentes ! » Nous allions oublier que nous sommes encore sur la terre. L’Église nous ramène aux âpres réalités de la vie quotidienne. Elle ne nous les peint pas en rose ; elle ne nous présente pas un Éden où ne fleurissent que des roses sans épines. Elle le dit clairement aux nouveaux chrétiens comme à nous : la vie chrétienne est une vie dure, difficile, une vie remplie de souffrances, de combats, d’épreuves ; la vie chrétienne est un pèlerinage vers la patrie céleste.

1. La messe (Jubilate). — Nous pourrions donner à cette messe le titre suivant : Le chrétien est un étranger sur la terre. Commençons par l’explication de l’Épître de saint Pierre : « Mes très chers, je vous en avertis, abstenez-vous, comme des étrangers et des pèlerins, des désirs charnels qui luttent contre l’âme ». Nous devons donc être des étrangers et des pèlerins sur la terre. Pour mieux nous faire comprendre, recourons à une parabole : Un père avait deux fils. Quand ils furent grands, il les envoya voyager à l’étranger. Ils devaient s’y instruire et revenir ensuite à la maison. L’un des deux fils s’en va, se plaît à l’étranger, oublie la patrie et s’adonne au jeu et à la boisson. L’étranger devient sa patrie. Le second s’en va, lui aussi. L’amour de la patrie l’accompagne ; il travaille avec ardeur pour s’instruire comme il faut. Les jeunes filles de l’étranger essaient de l’attirer, mais il ne fait pas attention à elles, car il a sa fiancée au pays. Il ne charge pas son sac de voyage et, dès qu’il le peut, il s’en retourne, léger, vers sa patrie. Il souffre souvent de la nostalgie. Quand il reçoit une lettre de son père, sa nostalgie augmente encore. Il écrit souvent lui-même à la maison. De temps en temps, son père lui envoie un pain de la maison, qu’il mange de grand appétit et qui le soutient dans son voyage. Il revient enfin heureusement dans sa patrie. Voilà la parabole. Donnons-en maintenant l’explication. Dieu envoie les hommes sur la terre, qui est pour nous l’exil. Notre patrie, c’est le ciel ; notre Père, c’est Dieu. Une partie des hommes se trouvent si bien sur la terre qu’ils oublient le ciel. Leur cœur est attaché aux biens et aux occupations de la terre ; ils n’ont pas le moindre désir de la patrie céleste. Quand leur Père leur envoie une lettre (c’est-à-dire la prédication, la Sainte Écriture, l’Évangile, qui est la parole de Dieu, une lettre de Dieu), ils se bouchent les oreilles et ne veulent pas entendre. Ce sont les enfants du monde. Une autre partie des hommes marche avec amour et espérance vers Dieu et vers le ciel, à travers l’exil de la vie terrestre. Ils se sentent pèlerins et étrangers. Ils vivent sans doute parmi les hommes, remplissent leurs devoirs et leurs tâches, mais leur cœur est dans la patrie. Ils se soumettent aux lois et aux coutumes du pays, s’efforcent de vivre en bons termes avec tous, mais ils se sentent étrangers sur la terre. C’est pourquoi les gens avec qui ils vivent ne les voient pas d’un bon œil ; on les traite de rêveurs chimériques. Ils ne s’alourdissent pas de biens terrestres ; ils passent avec un léger bagage à travers le monde (c’est la pauvreté spirituelle). Ils se réjouissent quand ils reçoivent une lettre de leur Père céleste (c’est-à-dire : ils lisent et entendent volontiers la parole de Dieu). Ils écrivent volontiers au paradis (par la prière). Le Père céleste leur a donné un pain du ciel (la sainte Eucharistie) ; ils sont heureux d’en manger quand le chemin est rude et pénible. Ce pain leur donne de nouvelles forces et les garde des séductions de l’étranger. — Nous comprenons maintenant l’Épître ; elle nous donne les règles de voyage pour notre pèlerinage terrestre. Pour conclure, saint Pierre résume l’attitude que nous devons avoir en quatre phrases courtes : « Honorez tout le monde, aimez vos frères, ayez du respect pour Dieu, honorez le roi ».

A cette Épître du voyage convient très bien l’Évangile du petit délai. Cette péricope est tirée du discours d’adieu du Seigneur après la Cène. De ce discours, l’Église aime faire les adieux du Seigneur avant l’Ascension. Quand nous entendons cet Évangile, nous devons dire : voici les adieux du Seigneur au moment où il nous quitte. Mais que veut nous dire l’Église, à nous ? Dans notre vie, il y a aussi deux délais, et les choses se passent pour nous exactement comme pour les disciples. « Un peu de temps et vous ne me verrez pas ». C’est la vie terrestre, pendant laquelle nous ne voyons pas le Seigneur. C’est le temps de l’exil terrestre, et il en va pour nous comme pour les Apôtres : « Vous gémirez et vous pleurerez ; quant au monde, il se réjouira ». La vie terrestre ne présente guère aux enfants de Dieu que des larmes et du chagrin ; ils rencontrent bien des peines sur la terre. Pour les mauvais, ils vivent dans la joie et la, volupté ; ils se rient de nous. Mais cela même est pour nous une consolation. La vie terrestre ne dure qu’« un peu de temps ». Bientôt viendra le second délai : « vous me verrez de nouveau » ; « quand je vous reverrai, votre cœur se réjouira, et votre joie, personne ne pourra vous l’enlever. » Quand nous serons morts, le Sauveur glorifié paraîtra devant nous. Alors toute souffrance sera oubliée, alors ce sera la joie éternelle. — Cette idée du petit délai est chère à la chrétienté ; elle s’applique tour à tour au Seigneur et aux disciples ; elle exerce sur tous les cœurs un véritable charme. L’oraison, elle aussi, est une prière de voyage : « Ô Dieu, tu montres à ceux qui errent la lumière de ta vérité, afin qu’ils puissent revenir sur la voie de la vérité ». L’oraison suppose que nous errons sur la terre, que nous avons besoin d’un guide et, pour ainsi dire, d’une étoile, comme les Mages, de la lumière de la vérité (et non de la lumière trompeuse des joies mondaines).

2. La prière des heures. — Aux matines, Saint Augustin parle aujourd’hui de la « résurrection de la chair ». Ce passage est très important pour le temps pascal : « dans ces saint jours consacrés à la Résurrection du Seigneur, nous voulons autant que sa grâce nous le permettra, parler de la résurrection de la chair. C’est en effet notre foi ; ce don nous a été promis dans la chair de Notre Seigneur Jésus-Christ et a été réalisé en lui, par avance, d’une manière exemplaire. Il voulait, en effet, non seulement annoncer ce qu’il nous a promis pour la fin du monde, mais encore le montrer par avance. Car ceux qui vivaient alors et qui s’effrayèrent quand ils le virent, croyant avoir devant les yeux un esprit, constatèrent la réalité de son corps. Il ne parla pas seulement par des paroles à leurs oreilles, mais encore en se montrant à leurs yeux. C’eût été trop peu de se montrer à leurs regards s’il n’avait pas encore offert son corps au toucher. Il dit, en effet : Pourquoi êtes-vous troublés et pourquoi les pensées montent-elles dans votre cœur ? Car ils croyaient voir un esprit. Pourquoi êtes-vous troublés et pourquoi les pensées montent-elles dans votre cœur ? Voyez mes mains et mes pieds ; touchez, voyez ; car un esprit n’a ni chair ni os comme vous voyez que j’en ai. C’est contre cette évidence que les hommes disputaient. Que peuvent faire les hommes qui ne conçoivent que ce qui est humain sinon disputer contre Dieu sur ce qui est divin ? Car il est Dieu et ils sont hommes. Mais Dieu sait que les pensées des hommes sont vaines. Dans l’homme charnel, toute la connaissance se règle d’après ce qu’il a l’habitude de voir. Ce qu’ils voient d’ordinaire, ils le croient ; ce qu’ils n’ont pas l’habitude de voir, ils ne le croient pas. Dieu fait des miracles qui dépassent ce qui est habituel, parce qu’il est Dieu. Assurément, c’est un plus grand miracle de voir naître tant d’hommes qui n’étaient pas, que d’en voir ressusciter quelques-uns qui étaient déjà ; cependant, on ne remarque pas ces miracles, parce que l’accoutumance les a rendus banals. Le Christ est ressuscité ; c’est un fait certain. Il était corps, il était chair ; il a été suspendu à la Croix, il a rendu son esprit ; sa chair a été mise au tombeau. Celui-là l’a rendue vivante qui vivait en elle. Pourquoi sommes-nous étonnés ? Pourquoi ne croyons-nous pas ? C’est Dieu qui a opéré cela. Songez à l’auteur de ce miracle et supprimez le doute ».

Au troisième nocturne, le même saint docteur explique le « petit délai » : « Le petit délai est tout l’espace de la vie terrestre ». Ces paroles : « Encore un peu de temps et vous me reverrez » s’appliquent à toute l’Église. Maintenant, sans doute, le petit délai nous paraît bien long. Mais quand il sera passé, on se rendra compte combien il était petit.

3. Lecture d’Écriture (Apocalypse, chap. I). — On trouve un beau complément des pensées du dimanche sur notre condition d’« étrangers sur la terre » dans la lecture d’Écriture de cette semaine. L’Apocalypse nous conduit dans la patrie céleste (c’est ce que nous montrent les répons de la semaine). Ce livre est le seul livre prophétique du Nouveau Testament. Les événements de la fin du monde et le retour du Christ pour le jugement dernier en constituent l’objet principal. L’Apôtre saint Jean l’a écrit à Patmos. L’Apocalypse est, pour l’Église universelle de tous les temps, pour tous les fidèles, un livre de consolation et d’encouragement. C’est la confirmation de la promesse du Christ : « Les portes de l’enfer ne prévaudront pas contre elle ». Voici le début : « Révélation de Jésus-Christ, que Dieu lui a confiée pour découvrir à ses serviteurs les événements qui doivent arriver bientôt. Il l’a fait connaître en envoyant un ange à son serviteur Jean, qui atteste la parole de Dieu et le témoignage de Jésus-Christ en tout ce qu’il a vu... Voici qu’il vient leur les nuées. Tout œil le verra, même ceux qui l’ont percé, et toutes les tribus de la, terre se frapperont la poitrine en le voyant. Oui, Amen. « Je suis l’alpha et l’oméga », dit le Seigneur Dieu, celui qui est, qui était et qui vient, le Tout-Puissant... Moi, Jean, votre frère, qui participe avec vous à l’affliction... je fus ravi en esprit, le jour du Seigneur, et j’entendis derrière moi une voix forte comme une trompette qui disait : « Ce que tu vois, écris-le dans un livre et envoie-le aux sept Églises d’Asie... Alors, je me retournai pour voir quelle était la voix qui me parlait et je vis sept chandeliers d’or et, au milieu des chandeliers, quelqu’un qui ressemblait à un fils d’homme. Il était vêtu d’une longue robe, portait à la hauteur des seins une ceinture d’or. Sa tête et ses cheveux étaient blancs comme de la laine blanche, comme de la neige, et ses yeux étaient comme une flamme de feu. Ses pieds étaient semblables à du minerai d’or qu’on aurait embrasé dans une fournaise et sa voix était comme la voix des grandes eaux... Il tenait dans sa main droite sept étoiles ; de sa bouche sortait un glaive aigu à deux tranchants et son visage était comme le soleil quand il brille dans sa force. Quand je le vis, je tombai à ses pieds comme mort et il posa sur moi sa main droite en disant : « Ne crains point, je suis le Premier et le Dernier ; j’ai été mort, mais voici que je suis vivant pour les siècles des siècles ; je tiens les clefs de la mort et de l’enfer ».

4. Chant de la patrie. — La messe nous montre notre condition d’exilés. La lecture d’Écriture nous fait entrevoir la patrie. Les beaux répons nous montrent notre Mère l’Église sous différents aspects : comme la vigne fertile, comme l’Épouse parée et comme Jérusalem.

« Comme une vigne fertile, j’ai exhalé une suave odeur, Alléluia,
Venez vers moi, vous qui me désirez, et rassasiez-vous de mes fruits, Alléluia, Alléluia.
En moi est toute grâce de voie et de vérité,
En moi est tout espoir de vie et de vertu ».
 
« Tes places, Jérusalem, sont recouvertes d’or pur, Alléluia.
Et l’on chantera en toi le cantique de la joie : Alléluia.
Et, dans toutes les rues, tous chanteront : Alléluia, Alléluia.
Tu resplendiras de lumière et routes les extrémités de la terre t’honoreront ».
 
« L’un des sept anges me dit :
Viens, je veux te montrer la nouvelle épousée, l’Épouse de l’Agneau.
Et je vis Jérusalem descendre du ciel,
Ornée de tous ses joyaux, Alléluia, Alléluia, Alléluia ».

[1] Luc. 24, 29.

[2] « Apocalypse est un mot grec qui signifie révélation. Jésus-Christ est le véritable auteur de cette prophétie ; l’Ange est son interprète ; et saint Jean est l’écrivain sacré choisi pour recueillir cette prophétie et l’envoyer aux Églises. » (Bossuet).

[3] Saint Jean se nomme dans l’Apocalypse, parce que tout prophète doit attester l’authenticité de ses révélations.

[4] C’est-à-dire qui a rendu témoignage de tout ce qu’il a vu de Jésus-Christ (par la prédication, car saint Jean n’avait point encore écrit son Évangile).

[5] Le temps des grandes persécutions était proche pour l’Église. — L’occasion de mériter les couronnes éternelles est présente pour tous, car les souffrances de la vie sont de courte durée.

[6] « Qui a tout vu dans le sein même du Père, qui ne dit que ce qu’il a vu, et qui signe, de son sang, sa déposition. » (Mgr Gaume).

[7] Nous sommes le royaume de Dieu parce qu’il règne sur nous ; et par là nous régnons, non seulement sur nous-mêmes par les vertus, mais encore sur toutes les créatures que nous faisons servir à notre salut. Nous sommes tous un sacerdoce royal, car nous devons offrir à Dieu des sacrifices spirituels, et parce que dans l’Église chaque fidèle présente au Seigneur, par la main des Prêtres, le sacrifice de l’Eucharistie.

[8] Apoc. 5, 9.

[9] Eccli. 24, 23 ; 24, 26.

[10] Eccli. 24, 25.

[11] Saint Irénée dit que la description précédente se rapporte à la dignité sacerdotale du Christ et à son glorieux avènement, dans lequel nous le verrons apparaître en son humanité. Par la ceinture d’or on entend sa clémence ou sa dignité royale, sa sagesse, sa justice (Is., 11, 5), sa bonté, sa pureté, sa charité ; d’autres y voient l’image de l’Église ou de la troupe des Saints, dont Jésus-Christ est environné et comme ceint, et dans lesquels il vit, opère et parle. « Les cheveux blancs caractérisent l’Ancien des jours, et nous montrent que le Fils est coéternel au Père. Les yeux du Christ sont pénétrants et terribles pour les impies ; ses pieds sont lumineux et éclatants, ils peuvent signifier son avènement ; l’épée qui sort de sa bouche est sa parole par laquelle les plus secrètes pensées sont découvertes pour être ensuite jugées. » (Bossuet).

[12] Apoc. 19, 6.

[13] Apoc. 12, 10.

[14] Apoc. 19, 5.

[15] Apoc. 21, 9.

[16] Apoc. 21, 2.

[17] Is. 61, 10.

[18] Apoc. 21, 10.

[19] Luc. 24, 38.

[20] Luc. 24, 39.

[21] Ps. 93, 11.

[22] Apoc. 14, 7.

[23] Cant. 4, 7.

[24] Cant. 4, 10.

[25] Le siècle présent, c’est-à-dire cette vie.

[26] I Jn. 2, 18.

[27] I Par. 33, 8.

[28] I Par. 15, 14 et 28.

[29] Matth. 28, 20.

[30] Jn. 16, 20.

[31] Rom. 12, 12.

[32] Luc. 24, 29.

[33] L’Église de Dieu qui est en pèlerinage.