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Mercredi de Pâques

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Sommaire

  Textes de la Messe  
  Office  
  Dom Guéranger, l’Année Liturgique  
  Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum  
  Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique  

Comme S. Paul le faisait hier, S. Pierre annonce que les prophètes avaient prédit la mort de Jésus et que les Apôtres sont les témoins de sa résurrection (Ép.). Aussi l’Alléluia nous rappelle-t-il que « le Seigneur est apparu à Pierre ». Et l’Évangile montre S. Pierre dirigeant la pêche de ses compagnons, en attendant l’heure prochaine où il commandera en chef leurs travaux de pêcheurs d’hommes. Plus généreux que les autres, il se jette à la mer pour rejoindre le Seigneur, et c’est lui qui tire à terre les filets remplis de 153 gros poissons. Les néophytes sont, au dire des Pères, ces poissons amenés par Pierre aux pieds de Jésus ressuscité, car les catéchumènes sont nés à la vie surnaturelle dans les eaux du baptême. Appelés par Dieu à posséder son royaume (Intr.), ils mangent le pain des Anges, le pain du ciel (Off., Secr.), qui développe en eux l’homme nouveau (Postc.). — Célébrons les fêtes de la résurrection du Seigneur dans une sainte joie, prélude de celle que nous goûterons à la Pâque éternelle (Or.).

Textes de la Messe

Feria Quarta infra Octavam Paschæ
Mercredi de Pâques
ante CR 1960 : semiduplex
semidouble
CR 1960 : I classis
1ère classe
Statio ad S. Laurentium extra muros
Station à St-Laurent hors-les-murs
Ant. ad Introitum. Matth. 25, 34.Introït
Veníte, benedícti Patris mei, percípite regnum, allelúia : quod vobis parátum est ab orígine mundi, allelúia, allelúia, allelúia.Venez, les bénis de mon Père, possédez le royaume, alléluia, qui vous a été préparé dès l’origine du monde, alléluia, alléluia, alleluia.
Ps. 95, 1.
Cantáte Dómino cánticum novum : cantáte Dómino, omnis terra.Chantez au Seigneur un cantique nouveau ; chantez au Seigneur, toute la terre.
V/.Glória Patri.
Oratio.Collecte
Deus, qui nos Resurrectiónis Domínicæ ánnua solemnitáte lætíficas : concéde propítius ; ut per temporália festa, quæ ágimus, perveníre ad gáudia ætérna mereámur. Per eúndem Dóminum.Dieu, qui chaque année, nous réjouissez en la solennité de la résurrection du Seigneur : faites, dans votre bonté ; qu’au moyen de ces fêtes que nous célébrons dans le temps, nous méritions d’arriver aux joies éternelles.
Léctio Actuum Apostolorum.Lecture des Actes des Apôtres.
Act. 3, 13-15 et 17-19.
In diébus illis : Apériens Petrus os suum, dixit : Viri Israëlítæ, et qui timétis Deum, audíte. Deus Abraham et Deus Isaac et Deus Iacob, Deus patrum nostrórum, glorificávit Fílium suum Iesum, quem vos quidem tradidístis et negástis ante fáciem Piláti, iudicánte illo dimítti. Vos autem sanctum et iustum negástis, et petístis virum homicídam donári vobis : auctórem vero vitæ interfecistis, quem Deus suscitávit a mórtuis, cuius nos testes sumus. Et nunc, fratres, scio, quia per ignorántiam fecístis, sicut et príncipes vestri. Deus autem, quæ prænuntiávit per os ómnium Prophetárum, pati Christum suum, sic implévit. Pænitémini ígitur et convertímini, ut deleántur peccáta vestra.En ces jours-là, Pierre prenant la parole, dit : Hommes d’Israël, et vous qui craignez Dieu, écoutez : Le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, et le Dieu de Jacob, le Dieu de nos pères a glorifié son fils Jésus, que vous avez livré et renié devant Pilate, quand il jugeait qu’il fallait le relâcher. Mais vous, vous avez renié le Saint et le Juste, et vous avez demandé qu’on vous accordât la grâce d’un meurtrier ; et vous avez fait mourir l’auteur de la vie, que Dieu a ressuscité d’entre les morts ; ce dont nous sommes témoins. Et maintenant, mes frères, je sais que vous avez agi par ignorance aussi bien que vos chefs. Mais Dieu, qui avait prédit par la bouche de tous les prophètes que son Christ devait souffrir, l’a ainsi accompli. Faites donc pénitence, et convertissez-vous, afin que vos péchés soient effacés.
Graduale. Ps. 117, 24 et 16.Graduel
Hæc dies, quam fecit Dóminus : exsultémus et lætámur in ea.Voici le jour que le Seigneur a fait : passons-le dans l’allégresse et dans la joie.
V/. Déxtera Dómini fecit virtútem, déxtera Dómini exaltávit me.V/. La droite du Seigneur a fait éclater sa puissance, la droite du Seigneur m’a exalté.
Allelúia, allelúia. V/. Luc. 24, 34. Surréxit Dóminus vere : et appáruit Petro.Allelúia, allelúia. V/. Le Seigneur est vraiment ressuscité, et il est apparu à Pierre
Sequentia. Séquence.
Víctimæ pascháli laudes ímmolent Christiáni.A la victime pascale, que les Chrétiens immolent des louanges.
Agnus rédemit oves : Christus ínnocens Patri reconciliávit peccatóres.L’Agneau a racheté les brebis : le Christ innocent a réconcilié les pécheurs avec son Père.
Mors et vita duéllo conflixére mirándo : dux vitæ mórtuus regnat vivus.La vie et la mort se sont affronté en un duel prodigieux : l’Auteur de la vie était mort, il règne vivant.
Dic nobis, María, quid vidísti in via ?Dis-nous, Marie, qu’as-tu vu en chemin ?
Sepúlcrum Christi vivéntis et glóriam vidi resurgéntis.J’ai vu le tombeau du Christ vivant, et la gloire du ressuscité.
Angélicos testes, sudárium et vestes.J’ai vu les témoins angéliques, le suaire et les linceuls.
Surréxit Christus, spes mea : præcédet vos in Galilǽam.Il est ressuscité, le Christ, mon espérance : il vous précèdera en Galilée.
Scimus Christum surrexísse a mórtuis vere : tu nobis, victor Rex, miserére. Amen. Allelúia.Nous le savons : le Christ est ressuscité des morts : ô Vous, Roi vainqueur, ayez pitié de nous. Amen. Alléluia.
+ Sequéntia sancti Evangélii secúndum Ioánnem.Lecture du Saint Evangile selon saint Jean.
Ioann. 21, 1-14.
In illo témpore : Manifestávit se íterum Iesus discípulis ad mare Tiberíadis. Manifestávit autem sic. Erant simul Simon Petrus et Thomas, qui dícitur Dídymus, et Nathánaël, qui erat a Cana Galilǽæ, et fílii Zebedǽi et álii ex discípulis eius duo. Dicit eis Simon Petrus : Vado piscári. Dicunt ei : Venímus et nos tecum. Et exiérunt et ascendérunt in navim : et illa nocte nihil prendidérunt. Mane autem facto, stetit Iesus in lítore : non tamen cognovérunt discípuli, quia Iesus est. Dixit ergo eis Iesus : Púeri, numquid pulmentárium habétis ? Respondérunt ei : Non. Dicit eis : Míttite in déxteram navígii rete, et inveniétis. Misérunt ergo : et iam non valébant illud tráhere præ multitúdine píscium. Dixit ergo discípulus ille, quem diligébat Iesus, Petro : Dóminus est. Simon Petrus cum audísset, quia Dóminus est, túnica succínxit se (erat enim nudus), et misit se in mare. Alii autem discípuli navígio venérunt (non enim longe erant a terra, sed quasi cúbitis ducéntis), trahéntes rete píscium. Ut ergo descendérunt in terram, vidérunt prunas pósitas, et piscem superpósitum, et panem. Dicit eis Iesus : Afférte de píscibus, quos prendidístis nunc. Ascéndit Simon Petrus, et traxit rete in terram, plenum magnis píscibus centum quinquagínta tribus. Et cum tanti essent, non est scissum rete. Dicit eis Iesus : Veníte, prandéte. Et nemo audébat discumbéntium interrogáre eum : Tu quis es ? sciéntes, quia Dóminus est. Et venit Iesus, et áccipit panem, et dat eis, et piscem simíliter. Hoc iam tértio manifestátus est Iesus discípulis suis, cum resurrexísset a mórtuis.En ce temps-là : Jésus se manifesta de nouveau à ses disciples, près de la mer de Tibériade. Il se manifesta ainsi. Simon Pierre, et Thomas, appelé Didyme, et Nathanaël, qui était de Cana, en Galilée, et les fils de Zébédée, et deux autres de ses disciples, étaient ensemble. Simon-Pierre leur dit : Je vais pêcher. Ils lui dirent : Nous y allons aussi avec toi. Ils sortirent donc, et montèrent dans une barque ; et cette nuit-là, ils ne prirent rien. Le matin étant venu, Jésus parut sur le rivage ; mais les disciples ne reconnurent pas que c’était Jésus. Jésus leur dit donc : Enfants, n’avez-vous rien à manger ? Ils lui dirent : Non. Il leur dit : Jetez le filet à droite de la barque, et vous trouverez. Ils le jetèrent donc, et ils ne pouvaient plus le retirer, à cause de la multitude des poissons. Alors le disciple que Jésus aimait dit à Pierre : C’est le Seigneur. Dès que Simon-Pierre eut entendu que c’était le Seigneur, il se ceignit de sa tunique, car il était nu, et il se jeta à la mer. Les autres disciples vinrent avec la barque, car ils étaient peu éloignés de la terre (environ de deux cents coudées), tirant le filet plein de poissons. Lorsqu’ils furent descendus à terre, ils virent des charbons allumés, et du poisson placé dessus, et du pain. Jésus leur dit : Apportez quelques-uns des poissons que vous venez de prendre. Simon-Pierre monta dans la barque, et tira à terre le filet, plein de cent cinquante-trois gros poissons. Et quoiqu’il y en eût tant, le filet ne fut pas rompu. Jésus leur dit : Venez, mangez. Et aucun de ceux qui prenaient part au repas n’osait lui demander : Qui êtes-vous ? Car ils savaient que c’était le Seigneur. Jésus vint, prit le pain, et le leur donna, ainsi que du poisson. C’était la troisième fois que Jésus se manifestait à ses disciples, depuis qu’il était ressuscité d’entre les morts.
Credo
Ant. ad Offertorium. Ps. 77, 23-25.Offertoire
Portas cæli apéruit Dóminus : et pluit illis manna, ut éderent : panem cæli dedit eis : panem Angelórum manducávit homo, allelúia.Le Seigneur entrouvrit les portes du ciel, et il fit pleuvoir sur eux la manne pour les nourrir, et il leur donna un pain du ciel. L’homme mangea le pain des Anges, alléluia.
Secreta.Secrète
Sacrifícia, Dómine, paschálibus gáudiis immolámus : quibus Ecclésia tua mirabíliter et páscitur et nutrítur. Per Dóminum.Nous vous immolons, Seigneur, au milieu de nos joies pascales, un sacrifice au moyen duquel votre Église est gardée et nourrie.
Præfatio, Communicántes et Hanc ígitur, ut in die Paschæ.. Préface, Communicantes et Hanc igitur du jour de Pâques
Ant. ad Communionem. Rom. 6, 9.Communion
Christus resúrgens ex mórtuis iam non móritur, allelúia : mors illi ultra non dominábitur, allelúia, allelúia.Le Christ, ressuscité d’entre les morts, ne meurt plus, alléluia ; la mort n’aura plus d’empire sur lui. alléluia, alléluia.
Postcommunio.Postcommunion
Ab omni nos, quǽsumus, Dómine, vetustáte purgátos : sacraménti tui veneránda percéptio in novam tránsferat creatúram : Qui vivis et regnas.Faites, nous vous en supplions, Seigneur, qu’étant purifiés de la vétusté du péché, nous soyons, selon vos desseins, changés en une nouvelle créature par la réception de vos sacrements vénérables. 0 vous qui vivez.
Post Dóminus vobíscum dicitur : Ite, Missa est, allelúia, allelúia.Après Dóminus vobíscum on dit : Ite, Missa est, allelúia, allelúia.
R/. Deo grátias, allelúia, allelúia.R/. Deo grátias, allelúia, allelúia.

Office

A MATINES

Invitatorium Invitatoire
Surréxit Dóminus vere, * Allelúia.Le Seigneur est vraiment ressuscité, * Alléluia.
Psaume 94 (Invitatoire)
Hymni et capitula non dicuntur in aliqua horarum, nec versiculi, nisi in Nocturno. On ne dit les hymnes et les capitules à aucune heure, ni les verts sauf au Nocturne.
Ant. 1 Ego sum qui sum * et consílium meum non est cum ímpiis, sed in lege Dómini volúntas mea est, allelúia.Ant. 1 Je suis celui qui suis [1], * et mon conseil n’est pas avec les impies [2], mais ma volonté est dans la loi du Seigneur [3], alléluia.
Psaume 1
On répète l’antienne du psaume après chaque psaume.
Ant. 2 Postulávi Patrem meum, * allelúia : dedit mihi Gentes, allelúia, in hereditátem, allelúia.Ant. 2 J’ai demandé à mon Père, * alléluia : il m’a donné les nations, alléluia, en héritage, alléluia [4].
Psaume 2
Ant. 3 Ego dormívi, * et somnum cepi : et exsurréxi, quóniam Dóminus suscépit me, allelúia, allelúia.Ant. 3 Moi je me suis endormi, * j’ai sommeillé ; et je me suis levé parce que le Seigneur m’a pris sous sa protection [5].
Psaume 3
V/. Gavísi sunt discípuli, allelúia.V/. Les disciples se sont réjouis, alléluia.
R/. Viso Dómino, allelúia.R/. A la vue du Seigneur, alléluia.
Lectio i1ère leçon
Léctio sancti Evangélii secundum Ioánnem.Lecture du saint Évangile selon saint Jean.
Cap. 21, 1-14.
In illo témpore : Manifestávit se íterum Iesus discípulis ad mare Tiberíadis. Manifestávit autem sic : Erant simul Simon Petrus, et Thomas, qui dícitur Dídymus. Et réliqua.En ce temps-là : Jésus se manifesta de nouveau à ses disciples, près de la mer de Tibériade. Il se manifesta ainsi : Simon Pierre, et Thomas, appelé Didyme, étaient ensemble. Et le reste.
Homilía sancti Gregórii Papæ.Homélie de saint Grégoire, Pape.
Homilía 24 in Evangelia
Léctio sancti Evangélii, quæ modo in áuribus vestris lecta est, fratres mei, quæstióne ánimum pulsat, sed pulsatióne sua vim discretiónis índicat. Quæri étenim potest, cur Petrus, qui piscátor ante conversiónem fuit, post conversiónem ad piscatiónem rédiit : et cum Véritas dicat : Nemo mittens manum suam ad arátrum, et aspíciens retro, aptus est regno Dei : cur repétiit quod derelíquit ? Sed si virtus discretiónis inspícitur, cítius vidétur : quia nimírum negótium, quod ante conversiónem sine peccáto exstitit, hoc étiam post conversiónem repétere culpa non fuit.Le passage du saint Évangile qu’on vient de lire en votre présence, mes frères, soulève une question dans l’esprit ; mais, en frappant ainsi l’attention, il montre l’importance du discernement [6]. On peut se demander pourquoi saint Pierre, qui était pêcheur avant sa conversion, retourna à la pêche après sa conversion. Puisque la Vérité dit : « Quiconque ayant mis la main à la charrue, regarde en arrière, n’est pas propre au royaume de Dieu » [7] ; pourquoi revint-il à ce qu’il avait abandonné ? Mais si l’on fait avec soin la distinction des circonstances, on voit bien vite que ce ne fut pas un péché de reprendre, après sa conversion, un métier qu’il avait exercé sans péché avant sa conversion.
R/. Ecce vicit leo de tribu Iuda, radix David, aperíre librum, et sólvere septem signácula eius : * Allelúia, allelúia, allelúia.R/. Voici qu’il a vaincu, le lion de la tribu de Juda, la racine de David, qui a obtenu par sa victoire d’ouvrir le livre et d’en délier les sept sceaux [8] : * Alléluia, alléluia, alléluia.
V/. Dignus est Agnus, qui occísus est, accípere virtútem, et divinitátem, et sapiéntiam, et fortitúdinem, et honórem, et glóriam, et benedictiónem.V/. Il est digne, l’Agneau qui a été immolé, de recevoir la vertu, la divinité, la sagesse, la force, l’honneur, la gloire et la bénédiction.
R/. Allelúia, allelúia, allelúia.R/. Alléluia, alléluia, alléluia.
Lectio ii2e leçon
Nam piscatórem Petrum, Matthǽum vero teloneárium scimus : et post conversiónem suam ad piscatiónem Petrus rediit, Matthǽus vero ad telónei negótium non resédit : quia áliud est victum per piscatiónem quǽrere, áliud autem telónei lucris pecúnias augére. Sunt enim pléraque negútia, quæ sine peccátis exhibéri aut vix, aut nullátenus possunt. Quæ ergo ad peccátum ímplicant, ad hæc necésse est, ut post conversiónem ánimus non recúrrat.Car Pierre était pêcheur ; quant à Matthieu, nous savons qu’il était receveur d’impôts ; et Pierre retourna à la pêche après sa conversion, tandis que Matthieu ne reprit pas le soin de son bureau : autre chose, en effet, est de chercher sa nourriture par la pêche, autre chose de travailler à augmenter sa fortune par le gain que procure la réception des impôts. Il y a bien des métiers qu’il est difficile, sinon impossible, d’exercer sans péché. Il ne faut pas revenir après sa conversion à des occupations qui entraînent au péché.
R/. Ego sum vitis vera, et vos pálmites : * Qui manet in me, et ego in eo, hic fert fructum multum, allelúia, allelúia.R/. Moi, je suis la vraie vigne, et vous les sarments [9] : * Celui qui demeure en moi et moi en lui portera beaucoup de fruits, alléluia, alléluia.
V/. Sicut diléxit me Pater, et ego diléxi vos.V/. Comme mon Père m’a aimé, moi je vous ai aimés.
* Qui manet in me, et ego in eo, hic fert fructum multum, allelúia, allelúia. Glória Patri. * Qui manet in me, et ego in eo, hic fert fructum multum, allelúia, allelúia.* Celui qui demeure en moi et moi en lui portera beaucoup de fruits, alléluia, alléluia. Gloire au Père. * Celui qui demeure en moi et moi en lui portera beaucoup de fruits, alléluia, alléluia.
Lectio iii3e leçon
Quæri étiam potest, cur discípulis in mári laborántibus, post resurrectiónem suam Dóminus in líttore stetit, qui ante resurrectiónem suam coram discípulis in flúctibus maris ambulávit. Cuius rei rátio festíne cognóscitur, si ipsa, quæ tunc ínerat, causa pensétur. Quid enim mare, nisi præsens sǽculum signat, quod se cásuum tumúltibus, et undis vitæ corruptíbilis illídit ? Quid per soliditátem líttoris, nisi illa perpetúitas quiétis ætérnæ figurátur ? Quia ergo discípuli adhuc flúctibus mortális vitæ ínerant, in mári laborábant : quia autem Redémptor noster iam corruptiónem carnis excésserat, post resurrectiónem suam in líttore stabat.On peut se demander aussi pourquoi le Seigneur, après sa résurrection, se tint sur le rivage tandis que ses disciples travaillaient sur mer, lui qui, avant sa résurrection, marcha sur les flots en présence de ses disciples. La raison de ce fait se découvre bien vite si l’on en pèse l’intime signification. Que figure cette mer, sinon le siècle présent, où les vicissitudes et les agitations de cette vie corruptible ressemblent à des flots qui sans cesse s’entrechoquent et se brisent ? Que représente la terre ferme du rivage, sinon la perpétuité du repos éternel ? Parce que les disciples se trouvaient encore parmi les flots de cette vie mortelle, ils travaillaient sur mer. Et comme notre Rédempteur avait dépouillé la corruptibilité de la chair, il se tenait, après sa résurrection, sur le rivage.
Te Deum

A LAUDES.

Ant. 1 Angelus autem Dómini * descéndit de cælo, et accédens revólvit lápidem, et sedébat super eum, allelúia, allelúia.Ant. 1 Un Ange du Seigneur * descendit du ciel, et s’approchant, il renversa la pierre et s’assit dessus, alléluia, alléluia [10].
Psaume 92
Ant. 2 Et ecce terræmótus * factus est magnus : Angelus enim Dómini descéndit de cælo, allelúia.Ant. 2 Et voilà qu’un tremblement de terre, * très grand se produisit : car un Ange du Seigneur descendit du ciel, alléluia.
Psaume 99
Ant. 3 Erat autem * aspéctus eius sicut fulgur, vestiménta autem eius sicut nix, allelúia, allelúia.Ant. 3 Or il avait * l’aspect d’un éclair, et ses vêtements étaient comme la neige, alléluia, alléluia.
Psaume 62
Ant. 4 Præ timóre autem eius * extérriti sunt custódes, et facti sunt velut mórtui, allelúia.Ant. 4 Par crainte de lui * les gardes furent épouvantés, et ils devinrent comme morts, alléluia.
Cantique des trois Enfants
Ant. 5 Respóndens autem Angelus, * dixit muliéribus : Nolíte timére : scio enim quod Iesum quǽritis, allelúia.Ant. 5 Et l’Ange répondant * dit aux femmes : ne craignez point : je sais que vous cherchez Jésus, alléluia.
Psaume 148
Capitulum, hymnus et V/. Non dicuntur, sed eorum loco dicitur antiphona : On ne dit pas le capitule, l’hymne et le verset, mais à leur place, on dit l’antienne :
Ant. Hæc dies, * quam fecit Dóminus : exsultémus, et lætémur in ea.Ant. Voici le jour * qu’a fait le Seigneur [11] : réjouissons-nous et tressaillons d’allégresse en ce jour.
Ad Bened. Ant. Míttite in déxteram * navígii rete, et inveniétis, allelúia. Ant. au Bénédictus Jetez à droite * de la barque le filet, et vous trouverez, alléluia. [12]
Benedictus
OratioPrière
Deus, qui nos Resurrectiónis Domínicæ ánnua solemnitáte lætíficas : concéde propítius ; ut per temporália festa, quæ ágimus, perveníre ad gáudia ætérna mereámur. Per eúndem Dóminum.Dieu, qui chaque année, nous réjouissez en la solennité de la résurrection du Seigneur : faites, dans votre bonté ; qu’au moyen de ces fêtes que nous célébrons dans le temps, nous méritions d’arriver aux joies éternelles.
V/. Benedicámus Dómino, allelúia, allelúia.V/. Bénissons le Seigneur, alléluia, alléluia.
R/. Deo grátias, allelúia, allelúia.R/. Rendons grâces à Dieu, alléluia, alléluia.

AUX VÊPRES.

Ant. 1 Angelus autem Dómini * descéndit de cælo, et accédens revólvit lápidem, et sedébat super eum, allelúia, allelúia.Ant. 1 Un Ange du Seigneur * descendit du ciel, et s’approchant, il renversa la pierre et s’assit dessus, alléluia, alléluia.
Psaume 109
Ant. 2 Et ecce terræmótus * factus est magnus : Angelus enim Dómini descéndit de cælo, allelúia.Ant. 2 Et voilà qu’un tremblement de terre, * très grand se produisit : car un Ange du Seigneur descendit du ciel, alléluia.
Psaume 110
Ant. 3 Erat autem * aspéctus eius sicut fulgur, vestiménta autem eius sicut nix, allelúia, allelúia.Ant. 3 Or il avait * l’aspect d’un éclair, et ses vêtements étaient comme la neige, alléluia, alléluia.
Psaume 111
Ant. 4 Præ timóre autem eius * extérriti sunt custódes, et facti sunt velut mórtui, allelúia.Ant. 4 Par crainte de lui * les gardes furent épouvantés, et ils devinrent comme morts, alléluia.
Psaume 112
Ant. 5 Respóndens autem Angelus, * dixit muliéribus : Nolíte timére : scio enim quod Iesum quǽritis, allelúia.Ant. 5 Et l’Ange répondant * dit aux femmes : ne craignez point : je sais que vous cherchez Jésus, alléluia.
Psaume 113
Capitulum, hymnus et V/. Non dicuntur, sed eorum loco dicitur antiphona : On ne dit pas le capitule, l’hymne et le verset, mais à leur place, on dit l’antienne :
Ant. Hæc dies, * quam fecit Dóminus : exsultémus, et lætémur in ea.Ant. Voici le jour * qu’a fait le Seigneur : réjouissons-nous et tressaillons d’allégresse en ce jour.
Ad Magnif. Ant. Dixit Iesus * discípulis suis : Afférte de píscibus, quos prendidístis nunc. Ascéndit autem Simon Petrus, et traxit rete in terram plenum magnis píscibus, allelúia. Ant. au Magnificat Jésus dit * à ses disciples : Apportez quelques-uns des poissons que vous avez pris à l’instant. Simon Pierre monta dans la barque et tira à terre le filet plein de gros poissons, alléluia. [13]
Magnificat
OratioPrière
Deus, qui nos Resurrectiónis Domínicæ ánnua solemnitáte lætíficas : concéde propítius ; ut per temporália festa, quæ ágimus, perveníre ad gáudia ætérna mereámur. Per eúndem Dóminum.Dieu, qui chaque année, nous réjouissez en la solennité de la résurrection du Seigneur : faites, dans votre bonté ; qu’au moyen de ces fêtes que nous célébrons dans le temps, nous méritions d’arriver aux joies éternelles.
V/. Benedicámus Dómino, allelúia, allelúia.V/. Bénissons le Seigneur, alléluia, alléluia.
R/. Deo grátias, allelúia, allelúia.R/. Rendons grâces à Dieu, alléluia, alléluia.

Dom Guéranger, l’Année Liturgique

Le nom de la Pâque signifie en hébreu passage, et nous avons exposé hier comment ce grand jour est d’abord devenu sacré, à cause du Passage du Seigneur ; mais le terme hébraïque n’épuise pas là toute sa signification. Les anciens Pères, d’accord avec les docteurs juifs, nous enseignent que la Pâque est aussi pour le peuple de Dieu le Passage de l’Égypte dans la terre promise. En effet, ces trois grands faits s’unissent dans une même nuit : le festin religieux de l’agneau, l’extermination des premiers-nés des Égyptiens, et la sortie d’Égypte. Aujourd’hui reconnaissons une nouvelle figure de notre Pâque dans ce troisième fait qui continue le développement du mystère.

Le moment où Israël sort de l’Égypte pour s’avancer vers la terre qui est pour lui la patrie prédestinée, est le plus solennel de son histoire ; mais ce départ et toutes les circonstances qui l’accompagnent forment un ensemble de figures qui ne se dévoile et ne s’épanouit que dans la Pâque chrétienne. Le peuple élu se retire du milieu d’un peuple idolâtre et oppresseur du faible ; dans notre Pâque, nous avons vu ceux qui sont maintenant nos néophytes sortir courageusement de l’empire de Satan qui les tenait captifs, et renoncer solennellement à cet orgueilleux Pharaon, à ses pompes et à ses œuvres.

Sur la route qui conduit à la terre promise, Israël a rencontré l’eau ; et il lui a fallu traverser cet élément, tant pour se soustraire à la poursuite de l’armée de Pharaon, que pour pénétrer dans l’heureuse patrie où coulent le lait et le miel. Nos néophytes, après avoir renoncé au tyran qui les tenait asservis, se sont trouvés aussi en face de l’eau ; et ils ne pouvaient non plus échapper à la rage de leurs ennemis qu’en traversant cet élément protecteur, ni pénétrer dans la région de leurs espérances qu’après avoir mis derrière eux les flots comme un rempart inexpugnable. Par la divine bonté, l’eau, qui arrête toujours la course de l’homme, devint pour Israël un allié secourable, et elle reçut ordre de suspendre ses lois et de servir à la délivrance du peuple de Dieu. De même aussi la fontaine sacrée, devenue l’auxiliaire de la divine grâce, comme l’Église nous l’a enseigné dans la solennité de l’Épiphanie, a été le refuge, le sûr asile de nos heureux transfuges, qui dans ses ondes n’ont plus eu à craindre les droits que Satan revendiquait sur eux.

Debout et tranquille sur l’autre rive, Israël contemple les cadavres flottants de Pharaon et de ses guerriers, les chariots et les boucliers devenus le jouet des vagues. Sortis de la fontaine baptismale, nos néophytes ont plongé leur regard sur cette eau purifiante, et ils y ont vu leurs péchés, ennemis plus redoutables que Pharaon et son peuple, submergés pour jamais. Alors Israël s’est avancé joyeux vers cette terre bénie que Dieu a résolu de lui donner en héritage. Sur la route, il entendra la voix du Seigneur qui lui donnera lui-même sa loi ; il se désaltérera aux eaux pures et rafraîchissantes qui couleront du rocher à travers les sables du désert, et il recueillera pour se nourrir la manne que le ciel lui enverra chaque jour. De même, nos néophytes vont marcher d’un pas libre vers la patrie céleste qui est leur Terre promise. Le désert de ce monde qu’ils ont à traverser sera pour eux sans ennuis et sans périls ; car le divin Législateur les instruira lui-même de sa loi, non plus au bruit du tonnerre et à la lueur des éclairs, comme il fit pour Israël, mais cœur à cœur et d’une voix douce et compatissante, comme celle qui ravit les deux disciples sur le chemin d’Emmaüs. Les eaux jaillissantes ne leur manqueront pas non plus ; il y a quelques semaines, nous entendions le Maître, parlant à la Samaritaine, promettre qu’il ouvrirait une source vive à ceux qui l’adoreraient en esprit et en vérité. Enfin une manne céleste, bien supérieure à celle d’Israël, car elle assure l’immortalité à ceux qui s en nourrissent, sera leur aliment délectable et fortifiant.

C’est donc ici encore notre Pâque, le Passage à travers l’eau dans la Terre promise ; mais avec une réalité et une vérité que l’ancien Israël, sous ses grandes figures, n’a pas connue. Fêtons donc notre Passage de la mort originelle à la vie de la grâce par le saint Baptême ; et si l’anniversaire de notre régénération n’est pas aujourd’hui même, ne laissons pas pour cela de célébrer cette heureuse migration que nous avons faite de l’Égypte du monde dans l’Église chrétienne ; ratifions avec joie et reconnaissance notre renoncement solennel à Satan, à ses pompes et à ses œuvres, en échange duquel la bonté de Dieu nous a octroyé de tels bienfaits.

L’Apôtre des Gentils nous révèle un autre mystère de l’eau baptismale qui complète celui-ci, et vient se fondre pareillement dans le mystère de la Pâque. Il nous enseigne que dans cette eau nous avons disparu comme le Christ dans son sépulcre, étant morts et ensevelis avec lui [14]. C’était notre vie d’hommes pécheurs qui prenait fin ; pour vivre à Dieu, il nous fallait mourir au péché. En contemplant les fonts sacrés sur lesquels nous avons été régénérés, pensons qu’ils sont le tombeau où nous avons laissé le vieil homme qui n’en doit plus remonter. Le baptême par immersion, qui fut longtemps en usage dans nos contrées, et qui s’administre encore en tant de lieux, était l’image sensible de cet ensevelissement ; le néophyte disparaissait complètement sous l’eau ; il paraissait mort à sa vie antérieure, comme le Christ à sa vie mortelle. Mais de même que le Rédempteur n’est pas demeuré dans le tombeau, et qu’il est ressuscité à une vie nouvelle ; de même aussi, selon la doctrine de l’Apôtre [15], les baptisés ressuscitent avec lui, au moment où ils sortent de l’eau, ayant les arrhes de l’immortalité et de la gloire, étant les membres vivants et véritables de ce Chef qui n’a plus rien de commun avec la mort. Et c’est encore ici la Pâque, c’est-à-dire le Passage de la mort à la vie.

A Rome, la Station est dans la Basilique de Saint-Laurent-hors-les-Murs. C’est le principal des nombreux sanctuaires que la ville sainte a consacrés à la mémoire de son plus illustre Martyr, dont le corps repose sous l’autel principal. Les néophytes étaient conduits en ce jour près de la tombe de ce généreux athlète du Christ, afin d’y puiser un sincère courage dans la confession de la foi et une invincible fidélité à leur baptême. Durant des siècles entiers, la réception du baptême fut un engagement au martyre ; en tout temps, elle est un enrôlement dans la milice du Christ, que nul ne peut déserter sans encourir la peine des traîtres.

A LA MESSE.

L’Introït est formé des paroles que le Fils de Dieu adressera à ses élus au dernier jour du monde, en leur ouvrant son royaume. L’Église les applique à ses néophytes, élevant ainsi leurs pensées vers le bonheur éternel dont l’attente a soutenu les Martyrs dans leurs combats.

Dans la Collecte, l’Église rappelle à ses enfants que les fêtes de la sainte Liturgie sont un moyen d’arriver aux fêtes de l’éternité. C’est la pensée et l’espérance qui dominent dans toute cette Année liturgique. II nous faut donc célébrer la Pâque du temps, de manière à mériter d’être admis aux joies de la Pâque éternelle.

ÉPÎTRE.

Nous entendons encore aujourd’hui la voix du Prince des Apôtres proclamant la résurrection de l’Homme-Dieu. Lorsqu’il prononça ce discours, il était accompagné de saint Jean, et venait d’opérer, à l’une des portes du temple de Jérusalem, son premier miracle, la guérison d’un boiteux. Le peuple s’était attroupé autour des deux disciples ; et c’était la seconde fois que Pierre prenait la parole en public. Le premier discours avait amené trois mille hommes au baptême ; celui-ci en conquit cinq mille. L’Apôtre exerça véritablement dans ces deux occasions la qualité de pêcheur d’hommes que le Sauveur lui assigna tout d’abord, lorsqu’il le vit pour la première fois. Admirons avec quelle charité saint Pierre appelle les Juifs à reconnaître en Jésus le Messie qu’ils attendaient ; ces mêmes Juifs qui l’avaient renié, comme il cherche à les rassurer sur le pardon, en mettant une partie de leur crime sur le compte de leur ignorance ! Ils ont demandé la mort de Jésus faible et abaissé ; qu’ils consentent du moins, aujourd’hui qu’il est glorifié, à le reconnaître pour ce qu’il est, et leur péché sera pardonné. En un mot, qu’ils s’humilient, et ils seront sauvés. Dieu appelait ainsi à lui les hommes droits, les hommes de bonne volonté ; et il continue de le faire de nos jours. Jérusalem en fournit un certain nombre ; mais la plupart repoussèrent l’invitation. Il en est de même en nos temps ; prions, et demandons sans cesse que la pêche soit toujours plus abondante, et le festin de la Pâque toujours plus nombreux.

ÉVANGILE.

Jésus avait apparu à ses disciples réunis, le soir du jour de Pâques ; il se montra encore à eux huit jours après, comme nous le dirons bientôt. L’Évangile d’aujourd’hui nous raconte une troisième apparition qui eut lieu à sept disciples seulement, sur les bords du lac de Génésareth, appelé aussi la mer de Tibériade, à cause de sa vaste étendue. Rien de plus touchant que cette joie respectueuse des Apôtres à la vue de leur maître qui daigne leur servir un repas. Jean, le premier de tous, a senti la présence de Jésus ; ne nous en étonnons pas ; sa grande pureté éclaira l’œil de son âme, il est écrit : « Heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu » [16]. Pierre se jette dans les flots pour être plus tôt arrivé près de son maître ; on reconnaît l’Apôtre impétueux, mais qui aime plus que les autres. Que de mystères ensuite dans cette admirable scène !

Il y a d’abord une pêche ; c’est l’exercice de l’apostolat par la sainte Église. Pierre est le grand pêcheur ; c’est à lui de déterminer quand et comment il faut jeter le filet. Les autres Apôtres s’unissent à lui, et Jésus est avec tous. Il suit de l’œil la pêche, il la dirige ; car le résultat en est pour lui. Les poissons sont les fidèles ; car le chrétien, ainsi que nous l’avons déjà remarqué ailleurs, le chrétien, dans le langage des premiers siècles, est un poisson. Il sort de l’eau ; c’est dans l’eau qu’il puise la vie. Nous avons vu tout à l’heure comment l’eau de la mer Rouge fut propice aux Israélites. Dans notre Évangile, nous retrouvons encore le Passage : passage de l’eau du lac de Génésareth à la table du Roi du ciel. La pêche fut abondante, et il y a ici un mystère qu’il ne nous est pas donné encore de pénétrer. Ce n’est qu’au dernier jour du monde, quand la pêche sera complète, que nous comprendrons quels sont ces cent cinquante-trois gros poissons. Ce nombre mystérieux signifie, sans doute, autant de fractions de la race humaine, amenées successivement à l’Évangile par l’apostolat ; mais les temps n’étant pas accomplis encore, le livre demeure scellé.

De retour sur le rivage, les Apôtres se réunissent à leur maître ; mais voici qu’ils trouvent un repas préparé pour eux : un pain, avec un poisson rôti sur des charbons. Quel est ce Poisson qu’ils n’ont pas péché eux-mêmes, qui est soumis à l’ardeur du feu, et qui va leur servir de nourriture au sortir de l’eau ? L’antiquité chrétienne nous explique ce nouveau mystère : le Poisson, c’est le Christ qui a été éprouvé par les cuisantes douleurs de sa Passion, dans lesquelles l’amour l’a dévoré comme un feu ; il est devenu l’aliment divin de ceux qui ont été purifiés en traversant l’eau. Nous avons expliqué ailleurs comment les premiers chrétiens avaient tait un signe de reconnaissance du mot Poisson en langue grecque, parce que les lettres de ce mot reproduisent dans cette langue les initiales des noms du Rédempteur. Mais Jésus veut unir dans un même repas, et lui-même le Poisson divin, et ces autres poissons de l’humanité que le filet de saint Pierre a tirés des eaux. Le festin de la Pâque a la vertu de fondre en une même substance, par l’Amour, le mets et les convives, l’Agneau de Dieu et les agneaux ses frères, le Poisson divin et ces autres poissons qu’il s’est unis dans une indissoluble fraternité. Immolés avec lui, ils le suivent partout, dans la souffrance et dans la gloire ; témoin le grand diacre Laurent, qui voit aujourd’hui autour de sa tombe l’heureuse assemblée des fidèles. Imitateur de son maître jusque sur les charbons du gril embrasé, il partage maintenant, dans une Pâque éternelle, les splendeurs de sa victoire et les joies infinies de sa félicité.

L’Offertoire, formé des paroles du Psaume 77, célèbre la manne que le ciel envoya aux Israélites après le passage de la mer Rouge ; mais la nouvelle manne est autant au-dessus de la première, qui nourrissait seulement le corps, que notre fontaine baptismale, qui lave les péchés, est au-dessus des flots vengeurs qui submergèrent Pharaon et son armée.

L’Église, dans la Secrète, parle avec effusion du Pain céleste qui la nourrit, et qui est en même temps la Victime du Sacrifice pascal.

« Celui qui aura mangé de ce Pain, dit le Seigneur, ne mourra plus. » L’Apôtre nous dit dans l’Antienne de la Communion : « Le Christ ressuscité ne meurt plus. » Ces deux paroles s’unissent pour expliquer l’effet de la divine Eucharistie dans les âmes. Nous mangeons une chair immortelle ; il est juste qu’elle nous communique la vie qui est en elle.

Dans la Postcommunion, la sainte Église demande que nous recevions le fruit de l’aliment sacré auquel nous venons de participer, qu’il nous épure et substitue en nous au principe ancien le principe nouveau, qui est en Jésus-Christ ressuscité.

Le Mercredi de Pâques est célébré à Rome par la bénédiction des Agnus Dei : cérémonie qui est accomplie par le Pape la première année de son pontificat, et ensuite tous les sept ans. Les Agnus Dei sont des disques en cire sur lesquels est empreinte, d’un côté l’image de l’Agneau de Dieu, et de l’autre celle de quelque saint. L’usage de les bénir, à la fête de Pâques, est fort ancien ; on en trouve des traces dans les monuments de la liturgie dès le VIIe siècle ; et lorsque, en 1544, on fit à Rome l’ouverture du tombeau de l’impératrice Marie, femme d’Honorius et fille de Stilicon, morte avant le milieu du Ve siècle, on y trouva un de ces Agnus Dei, semblable à ceux que le Pape bénit encore aujourd’hui.

On a donc eu tort de dire que cette pratique aurait été instituée en mémoire du baptême des néophytes, à l’époque où l’on cessa d’administrer ce sacrement aux fêtes de Pâques. Il parait même démontré que les nouveaux baptisés recevaient de la main du Pape chacun un Agnus Dei, le Samedi de Pâques ; d’où l’on doit conclure, ainsi que du fait d’une de ces empreintes de cire trouvée dans le tombeau de l’impératrice Marie, que l’administration solennelle du baptême et la bénédiction des Agnus Dei sont deux rites qui ont coexisté pendant un certain temps.

La cire qui s’emploie dans la confection des Agnus Dei est celle du cierge pascal de l’année précédente, à laquelle on en ajoute beaucoup d’autre ; autrefois même on y mêlait le saint Chrême. Au moyen âge, le soin de pétrir cette cire et de lui donner les empreintes sacrées était dévolu aux sous-diacres et aux acolytes du palais ; aujourd’hui, il appartient aux religieux de l’Ordre de Cîteaux, qui habitent à Rome le monastère de Saint-Bernard.

La cérémonie a lieu dans le palais pontifical, dans une salle où l’on a préparé un grand bassin rempli d’eau bénite. Le Pape s’approche de ce bassin, et il récite d’abord cette prière :

Seigneur Dieu. Père tout-puissant, créateur des éléments, conservateur du genre humain, auteur de la grâce et du salut éternel, vous qui avez ordonné aux eaux qui sortaient du paradis d’arroser toute la terre ; vous dont le Fils unique a marché à pied sec sur les eaux et reçu le baptême dans leur sein ; lui qui a répandu l’eau mêlée au sang de son très sacré côté, et a commandé à ses disciples de baptiser toutes les nations : soyez-nous propice, et répandez votre bénédiction sur nous qui célébrons toutes ces merveilles ; afin que soient bénis et sanctifiés par vous ces objets que nous allons plonger dans ces eaux, et que l’honneur et la vénération qu’on leur portera méritent à nous, vos serviteurs, la rémission des péchés, le pardon et la grâce, enfin la vie éternelle avec vos saints et vos élus.

Le Pontife, après ces paroles, répand le baume et le saint Chrême sur l’eau du bassin, demandant à Dieu de la consacrer pour l’usage auquel elle doit servir. Il se tourne ensuite vers les corbeilles dans lesquelles sont accumulées les empreintes de cire et prononce cette prière :

O Dieu, auteur de toute sanctification, et dont la bonté nous accompagne toujours ; vous qui, lorsque Abraham, le père de notre foi, se disposait à immoler son fils Isaac pour obéir à votre ordre, avez voulu qu’il consommât le sacrifice par l’offrande d’un bélier que le buisson avait retenu ; vous qui avez commandé par Moïse, votre serviteur, le sacrifice annuel des agneaux sans tache : daignez, à notre prière, bénir ces formes de cire qui portent l’empreinte du très innocent Agneau, et les sanctifier par l’invocation de votre saint Nom ; afin que, par leur contact et par leur vue, les fidèles soient invités à la prière, les orages et les tempêtes éloignés, et les esprits de malice mis en fuite par la vertu de la sainte Croix qui y est marquée, devant laquelle tout genou fléchit, et toute langue confesse que Jésus-Christ, ayant vaincu la mort par le gibet de la croix, est régnant dans la gloire de Dieu le Père. C’est lui qui, ayant été conduit à la mort comme la brebis à la boucherie, vous a offert, à vous son Père, le sacrifice de son corps, afin qu’il pût ramener la brebis perdue qui avait été séduite par la fraude du diable, et la rapporter sur ses épaules pour la réunir au troupeau de la patrie céleste.

Dieu tout-puissant et éternel, instituteur des cérémonies et des sacrifices de la Loi, qui consentiez à apaiser votre colère qu’avait encourue l’homme prévaricateur, lorsqu’il vous offrait les hosties d’expiation ; vous qui avez agréé les sacrifices d’Abel, de Melchisédech, d’Abraham, de Moïse et d’Aaron ; sacrifices qui n’étaient que des figures, mais qui, par votre bénédiction, étaient rendus saints et salutaires à ceux qui vous les offraient humblement : daignez faire que, de même que l’innocent Agneau, Jésus-Christ votre Fils, immolé par votre volonté sur l’autel de la croix, a délivré notre premier père de la puissance du démon ; ainsi ces agneaux sans tache que nous présentons à la bénédiction de votre majesté divine reçoivent une vertu bienfaisante. Daignez les bénir, les sanctifier, les consacrer, leur donner la vertu de protéger ceux qui les porteront dévotement sur eux contre la malice des démons, contre les tempêtes, la corruption de l’air, les maladies, les atteintes du feu et les embûches des ennemis, et faire qu’ils soient efficaces pour protéger la mère et son fruit, dans les périls de l’enfantement ; par Jésus-Christ votre Fils notre Seigneur.

Après ces prières, le Pape, étant ceint d’un linge, s’assied près du bassin. Ses officier ; lui apportent les Agnus Dei ; il les plonge dans l’eau, figurant ainsi le baptême de nos néophytes. Des prélats les retirent ensuite de l’eau, et les déposent sur des tables couvertes de linges blancs. Alors le Pontife se lève, et prononce cette prière :

Esprit divin, qui fécondez les eaux, et les avez fait servir à vos plus grands mystères ; vous qui leur enlevez leur amertume et les rendez douces, et qui, les sanctifiant par votre souffle, vous servez d’elles, pour effacer tous les péchés par l’invocation de la sainte Trinité : daignez bénir, sanctifier et consacrer ces agneaux qui ont été jetés dans l’eau sainte, et imbibés du baume et du saint Chrême ; qu’ils reçoivent de vous la vertu contre les efforts de la malice du diable ; que tous ceux qui les porteront sur eux demeurent en sûreté ; qu’ils n’aient à craindre aucun péril ; que la méchanceté des hommes ne leur soit point nuisible ; et daignez être leur force et leur consolation.

Seigneur Jésus-Christ, Fils du Dieu vivant, qui êtes l’Agneau innocent, prêtre et victime : vous que les Prophètes ont appelé la Vigne et la Pierre angulaire ; vous qui nous avez rachetés dans votre sang, et qui avez marqué de ce sang nos cœurs et nos fronts, afin que l’ennemi passant près de nos maisons ne nous atteigne pas dans sa fureur : c’est vous qui êtes l’Agneau sans tache dont l’immolation est continuelle ; l’Agneau pascal devenu, sous les espèces du Sacrement, le remède et le salut de nos âmes ; qui nous conduisez à travers la mer du siècle présent à la résurrection et à la gloire de l’éternité. Daignez bénir, sanctifier et consacrer ces agneaux sans tache, qu’en votre honneur nous avons formés de cire vierge et imbibés de l’eau sainte, du baume et du Chrême sacrés, honorant en eux votre divine conception qui fut l’effet de la Vertu divine. Défendez ceux qui les porteront sur eux de la flamme, de la foudre, de la tempête, de toute adversité ; délivrez par eux les mères qui sont dans les douleurs de l’enfantement, comme vous avez assisté la vôtre lorsqu’elle vous mit au jour ; et de même que vous avez sauvé Susanne de la fausse accusation, la bienheureuse vierge martyre Thècle du bûcher, et Pierre des liens de la captivité : ainsi daignez nous affranchir des périls de ce monde, et faites que nous méritions de vivre avec vous éternellement.

Les Agnus Dei sont ensuite recueillis avec respect, et réservés pour la distribution solennelle qui doit s’en faire le Samedi suivant. Il est aisé de voir le lien de cette cérémonie avec la Pâque : l’Agneau pascal y est sans cesse rappelé ; en même temps que l’immersion des agneaux de cire présente une allusion évidente avec l’administration du baptême, qui fut durant tant de siècles le grand intérêt de l’Église et des fidèles dans cette solennelle Octave. Les prières que nous avons données ci-dessus, en les abrégeant un peu, ne sont pas de la plus haute antiquité ; mais le rite qui les accompagne montre suffisamment l’allusion au baptême, bien qu’on ne l’y retrouve pas directement exprimée. Les faits prouvent, comme nous l’avons fait voir, que l’usage de bénir les Agnus Dei n’a pas été institué, ainsi que quelques auteurs l’ont prétendu, à l’époque où l’on cessa de baptiser solennellement à Pâques ; il est antérieur de plusieurs siècles, et sert à confirmer, d’une manière touchante, l’importance que l’Église a attachée et attachera toujours au culte du mystère de l’Agneau en ces saints jours.

Les Agnus Dei, par leur signification, par la bénédiction du Souverain Pontife et la nature des rites employés dans leur consécration, sont un des objets les plus vénérés de la piété catholique. De Rome ils se répandent dans le monde entier ; et bien souvent la foi de ceux qui les conservent avec respect a été récompensée par des prodiges. Sous le pontificat de saint Pie V, le Tibre se déborda d’une manière effrayante, et menaçait d’inonder plusieurs quartiers de la ville ; un Agnus Dei jeté sur les vagues les fit reculer aussitôt. Toute la ville demeura témoin de ce miracle, qui fut discuté plus tard dans le procès de la Béatification de ce grand Pape.

Aujourd’hui furent tirés du néant le soleil, qui devait être le type radieux du Verbe incarné ; la lune, symbole de Marie qui est belle comme elle, et de l’Église qui réfléchit la lumière du divin Soleil ; et les étoiles qui, par leur nombre et leur éclat, rappellent l’armée brillante et innombrable des élus. Glorifions le Fils de Dieu, auteur de tant de merveilles de la nature et de la grâce ; et pleins de reconnaissance envers celui qui a daigné faire luire pour nous, au milieu de nos ténèbres, tous ces admirables flambeaux, offrons-lui la prière que lui consacrait en ce jour l’Église gothique d’Espagne.

CAPITULA.
Ecce, Domine, vesperum quarti diei hujus officiosis luminaribus frequentamus, in quo luminaria in firmamento cœli constituens, quasi in solidamento legis infigens, quatuor videlicet Evangelistarum una te voce canentium corda illustrare dignatus es : quo te in quatuor mundi partes et mortem pro nobis gustasse, et a mortuis resurrexisse, unitis vocibus nuntiarent : te ergo petimus, teque rogamus, ut in hujus vitæ obscuritate, ita resurrectionis tuæ in nobis præfulgeat gratia, ut resurrecturi mereamur pertingere ad coronam.Voici que nous célébrons, Seigneur, à la lueur des flambeaux, l’office du soir de ce quatrième jour, dans lequel, établissant au firmament du ciel ses flambeaux lumineux, vous avez daigné nous donner la figure des quatre Évangélistes, dont l’accord est une lumière pour nos cœurs, et qui s’encadrent si parfaitement dans la solidité de la loi ancienne. Ils s’unissent pour annoncer aux quatre parties du monde que vous avez souffert pour nous la mort, et que vous êtes ressuscité du tombeau. Daignez donc, nous vous en supplions, nous éclairer tellement par la grâce de votre résurrection, dans l’obscurité de cette vie, que, nous qui devons ressusciter aussi, nous méritions d’arriver à la couronne.

Nous empruntons au Missel de la même Église cette belle allocution, dans laquelle sont célébrés les mystères de la pêche merveilleuse à laquelle assista Jésus ressuscité, et dont nous avons eu le récit dans l’Évangile de ce jour.

MISSA.
Procellosum mare fluctuantis sæculi transeuntes, lignum crucis fiducialiter ascendamus, et secundis Sancti Spiritus flatibus vela fidei committamus. Superlittus namque Christus assistens gloriosam sine macula Ecclesiam figuravit, quando magnis piscibus indisruptum rete complevit. Nec a parte dextera jussit deviare navigium, quod tunc solorum bonprum portendebat indicium. Subsequamur igitur, sacramenti admirabilis veritatem diligentes ac tenentes principaliter unitatem. Nullus ad schismata nefanda prosiliat, vel dominica retia nec dum littori præsentantur abrumpat. Ut connumerati inter mysticos pisces, cibus esse Domini qui nos ex profundo est dignatus eruere mereamur, et specialiter membra ejus effecti, sacrificiis salutaribus expiemur.Ayant à traverser les flots de la mer orageuse du siècle, montons avec confiance sur le bois de la croix ; et livrons les voiles de notre foi au souffle favorable de l’Esprit-Saint. Le Christ assiste sur le rivage : et il nous donne une vision de son Église pleine de gloire et sans tache, lorsque nous voyons celle-ci remplir de grands poissons ces filets qui ne rompent pas. Il veut que le navire ne quitte pas le côté droit ; parce que, à ce moment, il voulait nous représenter les justes seuls sous cette figure. Suivons et aimons la vérité de cet admirable mystère, et tenons-nous attachés avec force au principe de l’unité. Que nul ne se jette dans les schismes coupables, que nul n’ait le malheur de rompre les mailles des filets du Seigneur, en ce moment où on les tire sur le rivage. Méritons d’être comptés parmi ces mystiques poissons, destinés à devenir la nourriture du Seigneur, qui a daigné nous tirer du plus profond des eaux ; et puis que nous sommes ses membres les plus chers, purifions-nous par le sacrifice du salut.

De toutes les Séquences d’Adam de Saint-Victor, celle qui suit est la plus remarquable par les allusions aux symboles de l’Ancien Testament qui se rapportent au triomphe du Christ sur la mort. Le chant qui lui sert d’expression est une première ébauche de celui qui accompagne avec tant de majesté la Prose du Saint-Sacrement, Lauda Sion.

SÉQUENCE.
Zima vetus expurgetur,
Ut sincere celebretur
Nova resurrectio :
Chassons le vieux levain, et célébrons d’un cœur sincère la nouvelle résurrection ;
Hæc est dies nostræ spei,
Hujus mira vis diei
Legis testimonio.
C’est le jour de notre espérance, le jour dont la Loi tout entière célèbre la puissance.
Hæc Ægyptum spoliavit,
Et Hebræos liberavit
De fornace ferrea :
C’est le jour qui dépouilla l’Égypte, et qui délivra les Hébreux des fers de la captivité.
His in arcto constitutis
Opus erat servitutis,
Lutum, later, palea.
Foulés par leurs ennemis, ils ne connaissaient que le labeur de l’esclavage, l’argile, la brique et le chaume.
Jam divina ; laus virtutis,
Jam triumphi, jam salutis
Vox erumpat libera.
Que maintenant notre voix fasse éclater librement la louange du divin exploit, qu’elle célèbre la victoire, qu’elle chante notre salut ;
Hæc est dies quam fecit Dominus,
Dies nostri doloris terminus,
Dies salutifera.
Car voici le jour qu’a fait le Seigneur, jour qui met fin à nos douleurs, jour qui apporte la délivrance.
Lex est umbra futurorum,
Christus, finis promissorum,
Qui consummat omnia.
La Loi fut l’ombre des choses à venir ; le Christ qui vient tout accomplir est la fin des promesses.
Christi sanguis igneam
Hebetavit romphæam,
Amota custodia.
Son sang a fait disparaître le gardien qui nous interdisait le passage ; ce sang a émoussé le glaive de feu.
Puer nostri forma risus,
Pro quo vervex est occisus,
Vitæ signat gaudium.
L’enfant Isaac, dont le nom signifie sourire, et en place duquel la brebis est immolée, figure d’avance le joyeux mystère qui rend la vie.
Joseph exit de cisterna :
Christus redit ad superna,
Post mortis supplicium.
Joseph sortant de la citerne où on l’avait précipité, c’est le Christ qui remonte du tombeau, après le supplice et la mort.
Hic dracones Pharaonis
Draco vorat, a draconis
Immunis malitia.
Il est ce serpent qui dévore les serpents de Pharaon ; la malice du dragon n’a sur lui aucun pouvoir.
Quos ignitus vulnerat,
Hos serpentis liberat
Ænei præsentia.
Sous le type du serpent d’airain, il guérit les blessures du reptile enflammé.
Anguem forat in maxilla
Christi hamus et armilla ;
In cavernam reguli
Manum mittit ablactatus ;
Et sic fugit exturbatus
Vetus hostis Sæculi.
L’hameçon qu’il présente au monstre a déchiré sa gueule avide ; l’enfant a mis, sans offense, sa main dans le trou du serpent ; et cet antique ennemi du monde est réduit à fuir confondu.
Irrisores Elisei,
Dum conscendit domum Dei,
Zelum calvi sentiunt ;
David arreptitius,
Hircus emissarius
Et passer effugiunt.
Les insulteurs d’Élisée, lorsqu’il montait à la maison de Dieu, ont ressenti le courroux de celui qu’ils appelaient le chauve ; David s’échappe des mains de son ennemi ; le bouc émissaire s’est élancé dans sa course et le passereau a pris son vol.
In maxilla mille sternit,
Et de tribu sua spernit
Samson matrimonium ;
Samson Gazæ seras pandit,
Et asportans portas scandit
Montis supercilium.
Samson immole mille ennemis avec un os aride ; il dédaigne de prendre une épouse dans sa nation ; il force les portes de Gaza ; et libre, il va les déposer sur la cime de la montagne.
Sic de Juda Leo fortis,
Tractis portis diræ mortis,
Die surgit tertia ;
Rugiente voce Patris,
Ad supernæ sinum matris
Tot revexit spolia.
Ainsi le fort Lion de Juda brise les portes de la cruelle mort et ressuscite le troisième jour. Il s’éveille à la voix de son Père, et monte, chargé de dépouilles, à la patrie céleste.
Cetus Jonam fugitivum,
Veri Jonæ signativum,
Post tres dies reddit vivum
De ventris angustia.
Après trois jours de captivité dans ses flancs, le monstre marin vomit plein de vie le fugitif Jonas, figure du Jonas véritable.
Botrus Cypri reflorescit,
Dilatatur et excrescit :
Synagogæ flos marcescit,
Et floret Ecclesia.
La grappe de Cypre refleurit : elle se dilate, elle mûrit ; la synagogue voit se faner sa fleur, et l’Église épanouit sa corolle.
Mors et vita conflixere,
Resurrexit Christus vere,
Et cum Christo surrexere
Multi testes gloriæ.
La mort et la vie sont entrées en champ clos ; le Christ est sorti du tombeau, et avec lui de nombreux témoins de sa gloire.
Mane novum, mane lætum
Vespertinum tergat fletum ;
Quia vita vicit lethum :
Tempus est lætitiæ.
Nouveau matin, matin joyeux, qui essuie les pleurs du soir. La vie a vaincu le trépas : c’est le temps de se réjouir.
Jesu victor, Jesu vita,
Jesu vitæ via trita,
Cujus morte mors sopita,
Ad paschalem nos invita
Mensam cum fiducia.
Jésus vainqueur, Jésus notre vie, Jésus, voie désormais facile de l’immortalité : toi dont la mort a fait périr la mort, dans ta bonté, fais-nous asseoir à la table pascale.
Vive panis, vivax unda,
Vera vitis et fœcunda,
Tu nos pasce, tu nos munda,
Ut a morte nos secunda
Tua salvet gratia. Amen.
Pain de vie, eau vive, vigne véritable et féconde, nourris-nous, purifie-nous : et par ta grâce, sauve-nous de la seconde mort. Amen.

Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum

Station à Saint-Laurent hors les Murs.

Aujourd’hui vient le tour de saint Laurent, le « Staurophore » de l’Église romaine. On semble vouloir le remercier de la faveur accordée aux catéchumènes, les faisant arriver à la grâce du saint Baptême. En effet, l’introït et l’offertoire s’adressent à ces nouveaux rejetons de l’Église, les Benedicti du Père, qui viennent d’être introduits dans le céleste royaume de Jésus-Christ, et admis à participer au Pain des Anges.

L’introït, emprunté à l’Évangile (Matth., XXV, 34), est une belle acclamation adressée aux néophytes. Ils sont bien les bénis, ceux à qui la bénédiction a été promise comme un héritage. A cette bénédiction est annexée la promesse d’un royaume, qui est l’Église considérée sous son triple aspect : triomphante, militante et souffrante. Par suite, être admis dans l’Église grâce au baptême équivaut à avoir commencé à réaliser le plan de sa propre prédestination. L’essentiel est de ne pas arrêter à moitié route l’œuvre magnifique de Dieu.

La collecte est ainsi conçue : « Seigneur qui, chaque année, nous réjouissez par la solennité de la résurrection du Sauveur, faites qu’au moyen de ces fêtes que nous célébrons dans le temps, nous puissions arriver aux joies de l’éternité. Par le même notre Seigneur. »

Tel est le noble concept de la fête chrétienne ; elle est un temps sacré où l’âme, dans un recueillement plus intense, par une pureté de vie plus immaculée, et avec un désir plus vif du ciel, se prépare à la fête éternelle.

Durant cette semaine pascale, exception faite hier pour saint Paul dans sa basilique stationnale (la messe du jeudi est quelque peu postérieure), c’est Pierre qui se réserve exclusivement l’honneur d’annoncer le premier aux Romains la résurrection du Seigneur. Avec quel courage l’Apôtre, peu de temps auparavant si timide devant la parole d’une servante, aujourd’hui sans dissimulation ni réticence, en face du sanhédrin et du peuple, rejette-t-il sur eux l’entière responsabilité du déicide ! Pilate, dit-il, avait décidé de renvoyer libre Jésus ; Dieu le Père l’a ressuscité des morts ; vous au contraire vous l’avez trahi, allant jusqu’à le renier (Act., III, 13-19).

C’est là un des aspects les plus prodigieux de la prédication évangélique. Les apôtres ne flattent pas ni n’adulent le monde ; au contraire, ils lui reprochent ses crimes, lui montrant la nécessité d’expier le passé et de changer de vie. Dans l’Évangile, le monde ne trouve rien qui flatte sa sensualité, et, naturellement, l’attire ; pourtant, malgré toute cette incompatibilité de l’esprit mondain avec les principes de l’Évangile, en moins de trois siècles, le monde païen, qu’il le veuille ou non, courbera la tête sous les ondes salutaires du saint Baptême. Après la résurrection de Jésus, c’est là le plus grand des miracles qui mettent le sceau à notre foi.

Le répons-graduel appartient au psaume 117. Le verset alléluiatique insiste sur le sens particulier de l’apparition de Jésus à Pierre. « Le Seigneur est vraiment ressuscité, et il est apparu à Pierre. »

La série des péricopes évangéliques, durant cette octave, suit plus ou moins l’ordre historique des événements. Aujourd’hui, troisième jour férial de la semaine, on lit le récit de la troisième apparition du Sauveur ressuscité aux Apôtres (Ioan. XXI, 1-14), jointe en saint Luc à l’apparition d’Emmaüs. Lundi on a lu la première apparition, et hier la seconde.

Jésus se manifeste aux Apôtres au bord du lac de Tibériade. Jean, l’apôtre vierge, est le premier à reconnaître Jésus. Toutefois Pierre, qui est le plus ardent et le plus impétueux dans la vigueur de sa foi, se jette à la nage et rejoint le premier le divin Maître, tandis que les autres rament doucement dans la barque pour aller au Seigneur. Arrivés au rivage, ils se restaurent ensemble et Jésus leur sert le poisson rôti. Piscis assus, — observe saint Augustin, — Christus est passus, pour leur apprendre que même les soulagements nécessaires que nous devons accorder à la faiblesse de notre nature, doivent être comme assaisonnés de la mortification de Jésus-Christ.

Hier l’offertoire rappelait aux néophytes la source sacrée de leur régénération ; aujourd’hui il leur remémore la nourriture eucharistique à laquelle ils ont été admis. Le Pain des Anges devient le pain de l’homme, non que les choses célestes doivent se modeler sur les choses humaines, mais pour que l’homme, par sa vie, s’élève jusqu’à rivaliser avec la sainteté des anges.

La prière secrète sur l’oblation fait observer que, pour célébrer dignement les joyeuses fêtes pascales, nous immolons au Seigneur le Sacrifice eucharistique, qui, tout en lui rendant le plus grand honneur, rassasie et nourrit admirablement son Église.

L’antienne pour la Communion est tirée de nouveau de l’Apôtre (Rom., VI, 9) : « Le Christ ressuscité des morts ne meurt plus. La mort n’aura plus aucun pouvoir sur lui. » Non seulement il n’est plus sujet à la mort, mais, comme jadis dans l’Éden l’arbre de vie, il est devenu pour ceux qui croient en lui une nourriture d’immortalité ; aussi tous ceux qui en mangent vivront spirituellement pour l’éternité, et, avec lui, seront les vrais Fils de la résurrection.

Après la Communion, nous demandons à Dieu que le Sacrifice pascal qui a mis fin à l’Ancien Pacte, inaugure aussi en nous une vie tout à fait nouvelle de vigoureuse sainteté. « Nous vous demandons, Seigneur, que la sainte participation à votre Sacrement, nous purifiant de toute ancienne souillure, nous rajeunisse en nous initiant à une vie nouvelle. Par notre Seigneur, etc. »

Durant le temps pascal, l’Église professe un culte solennel envers les Martyrs, dont aujourd’hui elle consacre comme les prémices sur la tombe de saint Laurent. La raison de cette prédilection est que les Martyrs ont un titre spécial à la gloire de la résurrection, puisqu’ils ont participé de plus près aux ignominies de la croix.

Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique

STATION A SAINT-LAURENT DEVANT LES MURS

La vie chrétienne est une vie du ciel.

Aujourd’hui est déjà un jour de semaine ordinaire — semi-double. Nous formerons un cercle plus étroit pour accompagner les sept Apôtres, voir avec eux le Seigneur et participer au repas mystérieux. Quant aux néophytes, ils se présentent aujourd’hui à leur patron, le généreux combattant, le héros saint Laurent. Le saint les a accompagnés et encouragés dans leur combat. A la Septuagésime, nous sommes entrés avec lui dans l’arène ; au point culminant du combat du Carême, nous nous sommes réfugiés auprès de lui. Nous nous présentons aujourd’hui à lui comme les vainqueurs de Pâques afin de pouvoir porter notre palme victorieuse à travers toute notre vie. Comment saint Laurent a-t-il célébré Pâques ? Son vrai jour de Pâques fut le jour de son martyre quand, sur son gril ardent, il vit le Seigneur.

1. L’Office des Heures. — Nous méditons la charmante apparition du Ressuscité. Prenons l’Évangile en main. Nous voyons comment les Apôtres travaillent toute la nuit en vain ; ils n’ont rien pris. Vers le matin, ils rentrent tout tristes ; le Seigneur est debout sur la rive. Qui le reconnaît le premier ? Jean, son bien-aimé. Quelle impétuosité chez Pierre ! Puis, le mystérieux repas. Les Apôtres ne sont plus aussi familiers avec le Seigneur. Il en est de même pour nous dans la liturgie. Le Christ de la liturgie est sans doute le même que le Christ des évangiles, mais il ne nous apparaît pas sous le même aspect. Dans les évangiles, se manifeste surtout son aspect humain, il est tout proche de nous, nous marchons sur ses pas. La liturgie voit le Christ dans les splendeurs de l’éternité, le Christ glorifié assis à la droite du Père. Continuons la lecture de la péricope : la triple question du Seigneur à Pierre : M’aimes-tu ? Et la collation du ministère de pasteur suprême.

Aux matines, saint Grégoire explique notre Évangile d’une manière allégorique. « On peut se demander pourquoi le Seigneur, après sa Résurrection, alors que ses disciples peinaient sur la mer, se tint sur le rivage. Pourtant, avant sa Résurrection, il avait, aux yeux de ses disciples, marché sur les flots de la mer. Cette question, elle aussi, sera rapidement résolue si nous considérons le motif interne. Que signifie la mer, si ce n’est le temps présent qui se passe dans les tempêtes des discussions et dans les fluctuations de la vie périssable ? Et la terre ferme de la rive, n’est-elle pas le symbole de la demeure de l’éternel repos ? Parce que les disciples naviguaient encore au milieu des vagues de cette vie mortelle, ils se fatiguaient sur la mer. Mais parce que notre Rédempteur s’était déjà élevé au-dessus de la corruptibilité de la chair, il se tenait, après sa Résurrection, sur le rivage. »

Les antiennes directrices nous font vivre encore l’apparition du Sauveur : « Jetez votre filet à droite du bateau et vous prendrez quelque chose. Alléluia » (Ant. Ben.). « Jésus dit à ses disciples : « Apportez du poisson que vous avez pris. Pierre monta dans la barque et traîna à terre le filet qui était plein de gros poissons, Alléluia » (An :. Magn.).

2. La messe (Venite). — L’église de station est, aujourd’hui, la célèbre basilique de Saint-Laurent devant les Murs. A la porte du sanctuaire, se tient le Sauveur lui-même et, quand nous entrons, il nous semble que nous entrons dans le ciel après avoir entendu l’aimable invitation du Seigneur : « Venez, les bénis de mon Père, recevez le royaume... » (Cette parole s’adresse d’abord aux néophytes ; le royaume, c’est l’Église qui est le vestibule du ciel). La réponse des néophytes à cette invitation est le psaume 95 : « Chantez au Seigneur un cantique nouveau ». Ce cantique nouveau est le chant pascal. Le psaume convient très bien dans la bouche des néophytes. Mais remarquons aussi que ce cantique est intimement uni à la pensée de saint Laurent (nous le chantons assez souvent à sa fête). L’Introït nous indique donc notre but, le ciel, réalisé par avance dans l’Église.

L’Oraison nous montre le moyen d’y parvenir. Les fêtes de l’Église sont des étapes sur le chemin ; nous devons, en traversant les fêtes temporelles, parvenir aux joies éternelles.

Dans la leçon, c’est saint Pierre, le premier pape (saint Laurent n’était-il pas diacre d’un Pontife romain ?), qui est le prédicateur de la Résurrection. C’est avec intention que la leçon commence ainsi : « Pierre ouvrit sa bouche et parla ». (Dans le mystère dramatique de la liturgie, on aime faire parler le saint de station à l’Épître). Pierre adresse aux Juifs de graves paroles : « C’est l’auteur de la vie que vous avez tué ; mais Dieu l’a ressuscité d’entre les morts. Nous en sommes témoins ». (Nos testes sumus — en grec : martyres — Saint Laurent peut faire siennes ces paroles).

A l’Évangile, le Ressuscité se tient au milieu de nous pour la « troisième fois » (lundi, mardi, mercredi ; le dimanche, on ne raconte pas d’apparition). Il y a comme un nuage d’encens au-dessus de cette scène. Elle contient aussi un beau symbolisme. Nous aussi, nous naviguons sur la mer du monde, dans la lumière incertaine de la vie. Sur le rivage de l’éternité se tient Jésus qui nous appelle. Sommes-nous Jean, ou Pierre, ou les autres Apôtres ? Les âmes virginales, comme saint Jean, reconnaissent le Seigneur (bienheureux les cœurs purs car ils verront Dieu) ; les âmes ardentes, comme Pierre, s’élancent à travers les flots de la souffrance et du martyre vers le Christ (saint Laurent) ; d’autres, s’adonnant au rude labeur de la pêche, naviguent lentement, mais sûrement, vers la rive : c’est là qu’est servi le mystérieux repas — l’Eucharistie (le poisson et le pain). « Lorsqu’ils furent descendus, ils virent un feu de charbons, du poisson sur ce feu et du pain ». Il y a là une image du martyre de notre saint de station sur le gril ardent.

Au Saint Sacrifice, le Christ est aussi au milieu de nous et nous présente le poisson et le pain de l’Eucharistie. A l’Offertoire, on nous explique ce qu’est le pain cuit sous la cendre de l’Évangile : « Il leur a donné le pain du ciel, l’homme a mangé le pain des anges ». De ce pain, « l’Église est merveilleusement repue et nourrie » (Secrète). Le fruit du sacrifice, c’est que nous soyons transformés en une nouvelle créature.

Toute la messe est traversée par une pensée bien chère que nous pouvons résumer ainsi : la vie chrétienne est une vie céleste (Intr., Évang., Off.).

[1] Ex. 3, 14.

[2] Ps. 1, 2.

[3] La première partie de cette Antienne se rapporte à la nature divine de Notre-Seigneur, la seconde à sa nature humaine. Le 1er Psaume nous rappelle que le Christ, l’Homme nouveau a suivi fidèlement la loi du Seigneur, transgressée par le premier homme et que le Seigneur l’a comblé de gloire en ce jour de la Résurrection. Le 2e Psaume nous montre le complot de la Synagogue contre Jésus : les Juifs ont pu immoler le Messie qui devait les sauver ; ils n’ont pu l’enchaîner dans le sépulcre. Le 3e Psaume est une prophétie de la Résurrection du Christ : il s’est endormi dans le tombeau, mais le Seigneur l’a réveillé, et il sera toujours vainqueur de ceux qui s’élèveront contre lui.

[4] Ps. 2, 8.

[5] Ps. 3, 6.

[6] C’est-à-dire nous montre que quand le sens d’un texte paraît en contradiction avec tel autre passage, il faut chercher s’il n’y a pas à distinguer deux points de vue.

[7] Luc. 9, 62.

[8] Apoc. 5.

[9] Jn. 15, 5.

[10] Toutes les antiennes sont de Matth. 28, 2-5

[11] « Le jour de la résurrection du Seigneur est appelé le jour que le Seigneur a fait, soit parce que le Christ ressuscitant l’a éclairé comme soleil de justice, soit parce que Dieu se l’est consacré d’une manière particulière » (St Bellarmin), soit encore parce que le triomphe du Seigneur a marqué le début de l’ère chrétienne qui peut bien s’appeler le jour du salut.

[12] Jn. 21, 6.

[13] Jn. 21, 10.

[14] Rom. VI, 4.

[15] Col. II, 12

[16] Matth. V, 8.