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Messe du 1er Dimanche après la Pentecôte

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Sommaire

  Textes de la Messe  
  Office  
  Dom Guéranger, l’Année Liturgique  
  Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum  
  Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique  

Jusqu’au XIVème siècle, le dimanche qui suivait la Pentecôte voyait revenir le vert liturgique : c’était la conclusion logique, les Quatre-Temps de Pentecôte avaient célébré le printemps et l’été approchant, la nature commence à donner ses fruits : il est donc temps de reprendre ses outils et qui de planter, qui d’arroser, qui de moissonner car le temps de l’Église répandant la nouvelle de l’Évangile et récoltant les fruits de la mission est enfin venu.

Lors de la messe du 1er dimanche après la Pentecôte, saint Jean prend des accents poignants pour nous rappeler que « Dieu est Amour, celui qui demeure dans l’Amour demeure en Dieu et Dieu demeure en lui » [1] ; Notre-Seigneur, dans l’évangile, nous demande d’être miséricordieux, comme notre Père des cieux est miséricordieux et énonce la parabole de la paille et de la poutre [2] : le « Temps liturgique de l’Église » commençait par ces lectures dont le but était de rappeler au chrétien que dans l’attente de la venue glorieuse du Christ, la charité devait être la clef de la conduite quotidienne du fidèle devant Dieu [3], « la religion pure et sans tache », comme l’a enseigné saint Jacques le 5ème dimanche après Pâques [4].

La messe du 1er Dimanche après la Pentecôte, étant remplacée le Dimanche par celle de la Très Sainte Trinité, devait être célébrée un des trois premiers jours de la semaine non empêché par une fête du rite double (rubriques avant 1960). Aujourd’hui, on ne la reprend en semaine qu’en cas de Férie.

Textes de la Messe

ante 1960 : Dominica Prima post Pentecosten
avant 1960 : 1er Dimanche après la Pentecôte
semiduplex
semidouble
post 1960 : Missa Dominicæ Primæ post Pentecosten
après 1960 : Messe du 1er Dimanche après la Pentecôte
Hæc Missa dicenda est diebus ferialibus huius hebdomadæ.Cette messe doit être dite les jours de férie de cette semaine.
Ant. ad Introitum. Ps. 12, 6.Introït
Dómine, in tua misericórdia sperávi : exsultávit cor meum in salutári tuo : cantábo Dómino, qui bona tríbuit mihi.Seigneur, j’ai espéré en votre miséricorde : mon cœur sera transporté de joie à cause de votre salut : je chanterai le Seigneur qui m’a comblé de biens et je célébrerai le nom du Seigneur Très-Haut.
Ps. ib., 1.
Usquequo, Dómine, oblivísceris me in finem ? úsquequo avértis fáciem tuam a me ?Jusques à quand, Seigneur, m’oublierez-vous sans cesse ? Jusques à quand détournerez-vous de moi votre face.
V/.Glória Patri.
Non dicitur Glória in excélsis.On ne dit pas le Glória in excélsis.
Oratio.Collecte
Deus, in te sperántium fortitúdo, adésto propítius invocatiónibus nostris : et, quia sine te nihil potest mortális infírmitas, præsta auxílium grátiæ tuæ ; ut, in exsequéndis mandátis tuis, et voluntáte tibi et actióne placeámus. Per Dóminum.Dieu, vous êtes la force de ceux qui espèrent en vous, soyez propice à nos demandes : et puisque la faiblesse de l’homme ne peut rien sans vous, donnez-nous le secours de votre grâce ; afin que fidèles à observer vos commandements, nous puissions vous plaire de volonté et d’action.
Léctio Epístolæ beáti Ioánni Apóstoli.Lecture de l’Épître de saint Jean Apôtre.
1. Ioann. 4, 8-21.
Caríssimi : Deus cáritas est. In hoc appáruit cáritas Dei in nobis, quóniam Fílium suum unigénitum misit Deus in mundum, ut vivámus per eum. In hoc est cáritas : non quasi nos dilexérimus Deum, sed quóniam ipse prior diléxit nos, et misit Fílium suum propitiatiónem pro peccátis nostris. Caríssimi, si sic Deus diléxit nos : et nos debémus altérutrum dilígere. Deum nemo vidit umquam. Si diligámus ínvicem, Deus in nobis manet, et cáritas eius in nobis perfécta est. In hoc cognóscimus, quóniam in eo manémus et ipse in nobis : quóniam de Spíritu suo dedit nobis. Et nos vídimus et testificámur, quóniam Pater misit Fílium suum Salvatórem mundi. Quisquis conféssus fúerit, quóniam Iesus est Fílius Dei, Deus in eo manet et ipse in Deo. Et nos cognóvimus et credídimus caritáti, quam habet Deus in nobis. Deus cáritas est : et qui manet in caritáte, in Deo manet et Deus in eo. In hoc perfécta est cáritas Dei nobíscum, ut fidúciam habeámus in die iudicii : quia, sicut ille est, et nos sumus in hoc mundo. Timor non est in caritáte : sed perfécta cáritas foras mittit timórem, quóniam timor pœnam habet. Qui autem timet, non est perféctus in caritáte. Nos ergo diligámus Deum, quóniam Deus prior diléxit nos. Si quis díxerit, quóniam díligo Deum, et fratrem suum óderit, mendax est. Qui enim non díligit fratrem suum, quem videt, Deum, quem non videt, quómodo potest dilígere ? Et hoc mandátum habémus a Deo : ut, qui diligit Deum, díligat et fratrem suum.Mes bien-aimés, Dieu est amour. L’amour de Dieu s’est manifesté parmi nous en ceci : Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde, afin que nous vivions par lui. L’amour consiste en ce que ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, mais que c’est lui qui nous a aimés le premier, et qui a envoyé son Fils comme une propitiation pour nos péchés. Bien-aimés, si c’est ainsi que Dieu nous a aimés, nous aussi nous devons nous aimer les uns les autres. Personne n’a jamais vu Dieu. Si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous, et son amour est parfait en nous. A ceci nous connaissons que nous demeurons en lui, et lui en nous : à ce qu’il nous a donné de son Esprit. Et nous, nous avons vu et nous attestons que le Père a envoyé son Fils comme sauveur du monde. Tout homme qui confessera que Jésus est le Fils de Dieu, Dieu demeure en lui, et lui en Dieu. Et nous, nous avons connu l’amour que Dieu a pour nous, et nous y avons cru. Dieu est amour, et celui qui demeure dans l’amour demeure en Dieu, et Dieu en lui. La perfection de l’amour de Dieu en nous, c’est que nous ayons de l’assurance au jour du jugement, parce que tel il est, lui, tels aussi nous sommes en ce monde. La crainte n’est point dans l’amour ; mais l’amour parfait bannit la crainte ; car la crainte suppose une peine, et celui qui craint n’est point parfait dans l’amour. Nous donc, aimons Dieu, puisque Dieu nous a aimés le premier. Si quelqu’un dit : J’aime Dieu, et qu’il haïsse son frère, c’est un menteur. Car comment celui qui n’aime pas son frère qu’il voit, peut-il aimer Dieu qu’il ne voit pas ? Et c’est là le commandement que nous tenons de Dieu : Que celui qui aime Dieu aime aussi son frère.
Graduale. Ps. 40, 5 et 2.Graduel
Ego dixi : Dómine, miserére mei : sana ánimam meam, quia peccávi tibi. J’ai dit, Seigneur, ayez pitié de moi : guérissez mon âme, car j’ai péché contre vous.
V/. Beátus, qui intéllegit super egénum et páuperem : in die mala liberábit eum Dóminus.V/. Heureux celui qui a l’intelligence de l’indigent et du pauvre : le Seigneur le délivrera au jour mauvais.
Allelúia, allelúia. Alléluia, alleluia.
V/.Ps. 5, 2. Verba mea áuribus pércipe, Dómine : intéllege clamórem meum. Allelúia. V/. Seigneur, prêtez l’oreille à mes paroles : comprenez mon cri. Alléluia.
+ Sequéntia sancti Evangélii secúndum Lucam.Suite du Saint Évangile selon saint Luc.
Luc. 6, 36-42.
In illo témpore : Dixit Iesus discípulis suis : Estóte misericórdes, sicut et Pater vester miséricors est. Nolíte iudicáre, et non iudicabímini : nolíte condemnáre, et non condemnabímini. Dimíttite, et dimittémini. Date, et dábitur vobis : mensúram bonam et confértam et coagitátam et supereffluéntem dabunt in sinum vestrum. Eadem quippe mensúra, qua mensi fuéritis, remetiétur vobis. Dicébat autem illis et similitúdinem : Numquid potest cæcus cæcum dúcere ? nonne ambo in fóveam cadunt ? Non est discípulus super magistrum : perféctus autem omnis erit, si sit sicut magister eius. Quid autem vides festúcam in óculo fratris tui, trabem autem, quæ in óculo tuo est, non consíderas ? Aut quómodo potes dícere fratri tuo : Frater, sine, eíciam festúcam de óculo tuo : ipse in oculo tuo trabem non videns ? Hypócrita, eiice primum trabem de oculo tuo : et tunc perspícies, ut edúcas festúcam de óculo fratris tui.En ce temps-là : Jésus dit à ses disciples : Soyez miséricordieux, comme votre Père est miséricordieux. Ne jugez point, et vous ne serez pas jugés ; ne condamnez point, et vous ne serez pas condamnés ; pardonnez, et on vous pardonnera. Donnez, et on vous donnera : on versera dans votre sein une bonne mesure, pressée, et secouée, et qui débordera. Car la même mesure avec laquelle vous aurez mesuré servira de mesure pour vous. Il leur proposait aussi cette comparaison : Est-ce qu’un aveugle peut conduire un aveugle ? Ne tomberont-ils pas tous deux dans la fosse ? Le disciple n’est pas au-dessus du maître ; mais tout disciple sera parfait, s’il est comme son maître. Pourquoi vois-tu le fétu dans l’oeil de ton frère, sans apercevoir la poutre qui est dans ton œil ? Ou comment peux-tu dire à ton frère : Frère, laisse-moi ôter le fétu qui est dans ton œil, toi qui ne vois pas la poutre qui est dans le tien ? Hypocrite, ôte d’abord la poutre qui est dans ton œil, et ensuite tu verras comment tu pourras ôter le fétu de l’œil de ton frère.
Non dicitur CredoOn ne dit pas le Credo
Ant. ad Offertorium. Ps. 5, 3-4.Offertoire
Inténde voci oratiónis meæ, Rex meus et Deus meus : quóniam ad te orábo, Dómine.Soyez attentif à la voix de ma prière, mon roi et mon Dieu ; car c’est vous que je prierai, Seigneur.
Secreta.Secrète
Hóstias nostras, quǽsumus, Dómine, tibi dicátas placátus assúme : et ad perpétuum nobis tríbue proveníre subsídium. Per Dóminum nostrum.Nos hosties vous sont offertes, recevez-les favorablement, Seigneur : et faites qu’elles nous servent à obtenir un secours perpétuel.
Præfatio Communis. Préface Commune .
Ant. ad Communionem. Ps. 9, 2-3.Communion
Narrábo ómnia mirabília tua : lætábor et exsultábo in te : psallam nómini tuo, Altíssime.Je raconterai toute vos merveilles ; en vous je me réjouirai et me livrerai à l’allégresse ; je chanterai votre nom, ô Très-Haut.
Postcommunio.Postcommunion
Tantis, Dómine, repléti munéribus : præsta, quǽsumus ; ut et salutária dona capiámus, et a tua numquam laude cessémus. Per Dóminum nostrum.Nous sommes nourris, Seigneur, de si grands biens : faites, nous vous en supplions, que nous profitions de ces dons salutaires et que nous ne cessions jamais de vous louer.

Office

Avant la réforme du bréviaire sous Jean XXIII, les dimanches empêchés par une fête du Seigneur étaient commémorés à l’Office (aux Vêpres, à Laudes, et à Matines où on lisait à Matines comme 9ème leçon le début du 3ème nocturne des Matines du dimanche empêché). Cet usage ayant été supprimé en 1960, le 1er dimanche après la Pentecôte a aujourd’hui entièrement disparu du bréviaire.

AUX PREMIÈRES VÊPRES avant 1960.

1ères Vêpres de la Trinité, avec mémoire du Dimanche.

Ant. Lóquere, Dómine, quia audit servus tuus. Ant. Parlez, Seigneur, parce que votre serviteur écoute [5].
V/. Vespertína orátio ascéndat ad te, Dómine. V/. Que la prière du soir s’élève vers vous, Seigneur.
R/. Et descéndat super nos misericórdia tua. R/. Et que votre miséricorde descende sur nous.
OratioPrière
Deus, in te sperántium fortitúdo, adésto propítius invocatiónibus nostris : et, quia sine te nihil potest mortális infírmitas, præsta auxílium grátiæ tuæ ; ut, in exsequéndis mandátis tuis, et voluntáte tibi et actióne placeámus. Per Dóminum.O Dieu, vous êtes la force de ceux qui espèrent en vous, soyez propice à nos demandes : et puisque la faiblesse de l’homme ne peut rien sans vous, donnez-nous le secours de votre grâce ; afin que fidèles à observer vos commandements, nous puissions vous plaire de volonté et d’action.

A MATINES avant 1960.

Matines de la Trinité, avec 9ème leçon du Dimanche.

Lectio ix ante 19609e leçon avant 1960
Léctio sancti Evangélii secundum Lucam.Lecture du saint Évangile selon saint Luc.
Cap. 6, 36-42.
In illo témpore : Dixit Iesus discípulis suis : Estóte misericórdes, sicut et Pater vester miséricors est. Et réliqua.En ce temps-là : Jésus dit à ses disciples : Soyez donc miséricordieux, comme votre Père est miséricordieux. Et le reste.
Homilía sancti Augustíni Epíscopi.Homélie de saint Augustin, Évêque.
Sermo 15 in Evang. Matthæi de verbis Dómini, post initium
Duo sunt ópera misericórdiæ, quæ nos líberant, quæ bréviter ipse Dóminus pósuit in Evangélio : Dimíttite, et dimittétur vobis : date, et dábitur vobis. Dimíttite, et dimittétur vobis, ad ignoscéndum pértinet : Date, et dábitur vobis, ad præstándum benefícium pértinet. Quod ait de ignoscéndo, et tu vis tibi ignósci quod peccas, et habes álium, cui tu possis ignóscere. Rursus, quod pértinet ad tribuéndum benefícium, petit te mendícus, et tu es Dei mendícus. Omnes enim quando orámus, mendíci Dei sumus : ante iánuam magni Patrisfamílias stamus, immo et prostérnimur, súpplices ingemíscimus, áliquid voléntes accípere ; et ipsum áliquid ipse Deus est. Quid a te petit mendícus ? Panem. Et tu quid petis a Deo, nisi Christum, qui dicit : Ego sum panis vivus, qui de cælo descéndi ? Ignósci vobis vultis ? ignóscite : Remíttite, et remittétur vobis. Accípere vultis ? date, et dábitur vobis.Il y a deux œuvres de miséricorde qui délivrent les âmes et que le Seigneur nous propose brièvement dans l’Évangile : « Remettez et il vous sera remis, donnez et il vous sera donné. » Cette parole, « remettez et il vous sera remis » regarde le pardon des offenses ; cette autre, « donnez et il vous sera donné » regarde l’obligation de faire du bien au prochain. Pour ce qui concerne le pardon, d’une part, tu désires que ton péché te soit pardonné, et d’une autre part, tu as à pardonner à ton prochain. Et pour ce qui regarde le devoir de la bienfaisance, un mendiant te demande l’aumône, et tu es toi-même le mendiant de Dieu. Tous en effet, nous sommes, lorsque nous prions, les mendiants de Dieu ; nous nous tenons à la porte de ce père de famille grand et puissant, nous nous y prosternons, nous gémissons dans nos supplications, nous voulons recevoir un don : et ce don, c’est Dieu lui-même. Que te demande le mendiant ? Du pain. Et toi, que demandes-tu à Dieu, sinon le Christ qui a dit : « Je suis le pain vivant, qui suis descendu du ciel » [6]. Voulez-vous qu’il vous soit pardonné ? Remettez et il vous sera remis. Voulez-vous recevoir ? Donnez et l’on vous donnera.

A LAUDES avant 1960.

Laudes de la Trinité, avec mémoire du Dimanche.

Ant. Estóte ergo misericórdes, sicut et Pater vester miséricors est, dicit Dóminus. Ant. Soyez donc miséricordieux, comme votre Père est miséricordieux, dit le Seigneur [7].
V/. Dóminus regnávit, decórem índuit. V/. Le Seigneur a établi son règne, il a été revêtu de gloire [8].
R/. Induit Dóminus fortitúdinem, et præcínxit se virtúte. R/. Le Seigneur a été revêtu de force, et il s’est ceint.
OratioPrière
OratioPrière
Deus, in te sperántium fortitúdo, adésto propítius invocatiónibus nostris : et, quia sine te nihil potest mortális infírmitas, præsta auxílium grátiæ tuæ ; ut, in exsequéndis mandátis tuis, et voluntáte tibi et actióne placeámus. Per Dóminum.O Dieu, vous êtes la force de ceux qui espèrent en vous, soyez propice à nos demandes : et puisque la faiblesse de l’homme ne peut rien sans vous, donnez-nous le secours de votre grâce ; afin que fidèles à observer vos commandements, nous puissions vous plaire de volonté et d’action.

AUX DEUXIÈMES VÊPRES avant 1960.

2ndes Vêpres de la Trinité, avec mémoire du Dimanche.

Ant. Nolíte iudicáre, ut non iudicémini : in quo enim iudício iudicavéritis, iudicabímini, dicit Dóminus. Ant. Ne jugez point et vous ne serez point jugés ; car vous serez jugés, dit le Seigneur, selon que vous aurez jugé les autres [9].
V/. Dirigátur, Dómine, orátio mea. V/. Seigneur, que ma prière soit dirigée [10].
R/. Sicut incénsum in conspéctu tuo. R/. Comme un encens en votre présence..
OratioPrière
Deus, in te sperántium fortitúdo, adésto propítius invocatiónibus nostris : et, quia sine te nihil potest mortális infírmitas, præsta auxílium grátiæ tuæ ; ut, in exsequéndis mandátis tuis, et voluntáte tibi et actióne placeámus. Per Dóminum.O Dieu, vous êtes la force de ceux qui espèrent en vous, soyez propice à nos demandes : et puisque la faiblesse de l’homme ne peut rien sans vous, donnez-nous le secours de votre grâce ; afin que fidèles à observer vos commandements, nous puissions vous plaire de volonté et d’action.

Dom Guéranger, l’Année Liturgique

Dom Guéranger ne traite pas de cette Messe, il précise seulement dans son commentaire de la Fête de la Trinité qu’on fait Mémoire Du dimanche.

Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum

« Optabas de Pentecosten. »
« In nativitate Sanctorum. »

Nous avons parlé précédemment du motif pour lequel, à l’origine, il n’y avait pas de station ce matin. Hors de Rome cependant, dans les monastères et partout où l’on ne célébrait pas les vigiles nocturnes selon le rit papal, il n’y avait pas de raison pour que ce dimanche fût aliturgique, aussi la messe suivante fut-elle accueillie de très bonne heure dans l’Antiphonaire grégorien, quoique parfois quelques calendriers romains mentionnent au contraire la fête orientale de tous les Saints. Quand, par la suite, grâce à l’octave de la Pentecôte, la liturgie romaine déplaça de quelques semaines les jeûnes solennels des Quatre-Temps d’été, ce premier dimanche, avec ou sans la fête de tous les Saints, rentra dans le cycle stationnal à l’égal de toutes les autres solennités dominicales, et la messe correspondante fut accueillie favorablement, même dans les églises de la Ville. Au XIVe siècle, la fête de la Très Sainte Trinité réussit toutefois à supplanter de nouveau la messe de ce premier dimanche après la Pentecôte, laquelle messe est célébrée seulement désormais si des offices fériaux se présentent durant la semaine.

L’antienne pour l’entrée du célébrant est tirée du psaume 12 qui exprime bien l’attitude d’une âme mise à l’épreuve par le Seigneur, affligée par les ténèbres intérieures, les désolations et les cruelles attaques de l’adversaire. Mais l’âme ne manque pas ,à la confiance qu’elle place en son Dieu, et elle élève le cri de l’espérance : « J’ai confiance, ô Seigneur, dans votre bonté ; bien plus, même sous la poursuite de la tempête j’ai déjà, grâce à l’espérance, un avant-goût des joies de votre secours, et j’élève un chant au Seigneur qui récompensera ma foi. »

Dans la collecte on reprend la même pensée qu’à l’introït. La nature humaine, blessée par le péché, ne peut rien ; toutefois elle espère tout de Dieu, qui, à cause de son intime union avec l’humanité de Jésus, est devenu notre force. Que la grâce divine descende donc du Chef mystique du corps de l’Église et se répande à travers les membres, afin que ceux-ci agissent désormais conformément au bon plaisir de Dieu :

L’épître de saint Jean (I, IV, 8-21) traite de la charité que Dieu nous a montrée en nous donnant son propre Fils. La charité est la vertu universelle, dont l’objet est Dieu et tout ce qui lui appartient, c’est-à-dire le prochain. La charité envers le prochain est la preuve définitive de l’amour envers Dieu. Celui qui aime Dieu le sert de grand cœur, comme un fils dévoué ; tandis que celui qui le sert par crainte ressemble à un esclave travaillant pour éviter la punition. Il n’est donc pas parfait dans la charité, et en cet état il ne peut se promettre certainement ce pardon entier des péchés accordé à celui qui, comme Madeleine, aime et aime beaucoup, pour qu’on lui pardonne beaucoup.

Le répons-graduel provient du psaume 40 et poursuit le thème auquel il a déjà été fait allusion dans l’introït : « Je dis : Seigneur, ayez pitié. Je crains, et cela est le fruit de mon péché. J’ai agi selon la faiblesse de ma nature, et j’en subis les conséquences. Vous, agissez selon votre nature, et dans votre miséricorde effacez le mal de ma faute. Seigneur, quand même dans la balance de votre justice, le petit nombre de mes bonnes œuvres ne serait pas emporté par le poids des mauvaises, souvenez-vous que moi aussi, actuellement malade et défait, j’ai autrefois usé de compassion envers mon semblable, pauvre et malheureux, recouvert des livrées de la misère. »

Le verset alléluiatique provient du psaume 5 et semble continuer le gémissement du répons précédent : « Écoutez mes paroles, Seigneur, prêtez l’oreille au cri que m’arrache le déchirement de mes maux ».

La lecture évangélique (Luc., VI, 36-42) insiste sur le sujet de la charité fraternelle déjà développé dans l’Épître. La mesure de la charité dont nous devons user envers le prochain est celle-là même dont nous usons envers nous. Dieu n’emploiera pas deux poids et deux mesures, il nous traitera comme nous aurons traité nos semblables. Que personne ne se fasse d’illusions à cet égard. La foi chrétienne se prouve surtout par les œuvres de charité, et, comme l’observe fort bien saint Jean, est-il possible que quelqu’un aime vraiment le Dieu invisible s’il n’éprouve aucun amour envers son image vivante et visible qui se trouve dans le prochain ? Il y a plus ; précisément parce que la misère et le malheur peuvent émouvoir davantage le cœur compatissant, Dieu n’ayant besoin de rien a disposé que notre prochain se trouve en une quantité de misères et de nécessités, afin d’attendrir notre cœur et de nous fournir l’occasion de donner à Dieu, qui se cache lui-même dans la personne des pauvres.

L’antienne accompagnant le chant à exécuter durant la présentation par les fidèles des offrandes pour le Sacrifice, provient du psaume 5 et insiste pour que Dieu accueille nos prières. Pourquoi cela ? Dieu pourrait-il rejeter la prière de ses fils ? Non certes, mais parfois ces fils, abusant de la grâce divine, ne méritent plus que Dieu leur accorde quelque faveur spéciale. En ce cas, avant de demander la grâce désirée, il faut que ces fils indignes se concilient l’affection de leur père. Nous figurons-nous un coupable qui, tandis qu’il va se présenter au juge pour être condamné à la peine méritée, aurait l’impudence de demander au contraire d’insignes faveurs ?

La prière de propitiation doit donc précéder celle d’impétration. C’est en ce sens que l’Église, en une belle collecte que nous réciterons dans dix semaines, nous parle de grâces que la prière n’a pas la présomption d’implorer, mais qu’elle confie entièrement à la compatissante bonté de Dieu.

A cette nécessité, de nous concilier d’abord la faveur de la Divinité offensée, afin d’en obtenir ensuite des bienfaits particuliers, est justement ordonné le Sacrifice eucharistique, offert par l’Église tant pour les vivants que pour les défunts. Par les mérites du Sang de la Rédemption, la justice de Dieu, offensée par le pécheur, s’apaise, et Dieu daigne accueillir les prières pour le coupable repentant et pénitent.

La prière que l’on fait à Dieu est donc toujours accueillie par Lui ; mais, selon l’ordre qu’il a établi, elle aura, quand c’est nécessaire, d’abord une efficacité propitiatoire, pour pouvoir ensuite obtenir ce qui est directement demandé. Qui non placet, non placat. Parfois peut-être, quand nous nous fatiguons de la longue attente de certaines grâces, pensons-nous trop peu aux relations qui existent entre le fruit propitiatoire et le fruit impétratoire de la prière. Pourtant l’esprit de l’Église est tout différent, et cela frappe spécialement à l’égard des suffrages pour les défunts.

Bien qu’un seul Sacrifice eucharistique soit plus que suffisant pour purifier une âme et même toutes les âmes du Purgatoire, cependant l’Église recommande au contraire de multiplier les suffrages et les messes en leur faveur, précisément parce que, ignorant en quelle mesure la justice divine applique ces suffrages aux âmes pour lesquelles nous intercédons, c’est faire œuvre très utile que d’offrir d’abord à Dieu le fruit propitiatoire de nos prières, afin que, apaisé, il fasse enfin part à ces âmes du fruit satisfactoire et propitiatoire de nos suffrages.

La pratique de l’Église est appuyée en outre par les révélations faites à quelques saints. Dans celles de sainte Gertrude, par exemple, il est souvent question d’âmes de défunts, d’abord comme ensevelies en de très épaisses ténèbres, et privées de l’efficacité de tout suffrage. La Sainte prie, leur applique la sainte Messe, les mérites du Cœur de Jésus, et voici que ces mêmes âmes lui apparaissent, toutes joyeuses et vêtues dignement. Elles ne sont pourtant pas encore élevées à la Vision béatifique, mais, grâce aux offrandes de la Sainte, elles sont seulement admises à participer aux fruits des suffrages de l’Église, ce dont elles lui témoignent une vive reconnaissance.

La collecte servant de prélude à l’anaphore consécratoire a un caractère général. On y supplie le Seigneur d’accueillir favorablement notre oblation — et c’est là le caractère de sacrifice de la sainte Messe affirmé si nettement par les antiques formules liturgiques, contre les audacieuses négations des protestants et des hérétiques modernistes. Le secours ou subsidium perpétuel que l’on y demande n’est pas simplement l’aide de la grâce mais comprend aussi son ultérieure transformation dans les splendeurs de la gloire, laquelle est vraiment indéfectible et perpétuelle.

L’antienne pour la Communion est tirée du psaume 9. L’angoisse sous le poids de laquelle l’âme, au début, s’était approchée de l’autel de Dieu, a disparu. Par les mérites du Sacrifice, Dieu se montre de nouveau à elle apaisé et favorable. Il la reçoit, la rétablit en sa grâce, et dans la sainte Communion il l’approche de son cœur. C’est pourquoi l’âme fidèle éclate en un chant de reconnaissance et s’écrie : « Je narrerai à tous les merveilles que vous, ô Dieu, avez opérées à mon égard. Je serai heureux, je me réjouirai en vous — non pas en moi, car je n’en ai pas sujet — et je chanterai des hymnes à votre nom. »

La collecte d’action de grâces est brève et incisive : « Comblés, Seigneur, de si grands biens (tous les fruits de la sainte Communion, lesquels, à leur tour, comme autant de semences, produiront d’autres fruits dans la gloire éternelle, la résurrection finale des corps, une spéciale conformité de notre humanité glorifiée à celle de Jésus, etc.), que nous remplisse aussi un sentiment de tendre reconnaissance, afin que notre vie soit pratiquement, au moyen des œuvres, une eucharistie continuelle, c’est-à-dire une action de grâces ininterrompue. »

Au moment de la mort, la pensée qui réconforta davantage plusieurs saints fut celle d’avoir toujours été très miséricordieux vis-à-vis du prochain ; d’où ils concluaient à bon droit que le divin Juge ne traiterait pas leur propre cause avec une moindre miséricorde.

Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique

Le dimanche de la miséricorde.

Quand nous célébrons cette messe, nous nous rendons compte immédiatement que nous sommes dans un temps ordinaire. Pendant le temps pascal, chaque chant se terminait par : Alléluia. On ne le fait plus. Nous chantons de nouveau le Graduel à la messe. Comme on le sait, les deux lectures sont généralement séparées par deux chants : le Graduel qui est un écho de l’Épître, et l’Alléluia qui prélude à l’Évangile. Le Graduel est considéré, dans le symbolisme de la liturgie, comme un chant de prière et de pénitence. C’est pourquoi, pendant le temps pascal, on l’omet et on le remplace par une double antienne d’Alléluia. Nous reprenons maintenant les deux chants et nous voulons signifier, par là, que le temps ordinaire est mêlé de sérieux et de joie, de pénitence et de louange.

La messe (Domine in tua). — Après une longue interruption, nous voyons de nouveau le prêtre s’avancer à l’autel avec un ornement vert. Cette couleur semble étrangère à la liturgie classique [11]. L’histoire de la liturgie ne connaît pas, d’ailleurs, de raison symbolique. Mais il ne nous est pas interdit, maintenant que l’usage est introduit, de lui donner une interprétation symbolique. Le vert est la couleur de l’olive, de l’olivier, qui nous rappelle le Christ, l’Oint.

Le vert est aussi la couleur de la moisson qui pousse. Or, le temps après la Pentecôte est symboliquement le temps de la croissance du royaume de Dieu sur la terre, le temps entre l’Ascension du Seigneur et son retour, le temps de la joyeuse espérance et de la fin prochaine.

Ce dimanche s’appelait, dans l’ancien temps, le « dimanche de la miséricorde ». Le beau texte de la messe est traversé par cette pensée : Miséricorde et amour. Nous avons largement éprouvé la miséricorde de Dieu par la grâce de la Rédemption. « L’amour de Dieu envers nous s’est manifesté en ce que Dieu a envoyé son Fils dans le monde, afin que nous vivions par lui » (Ép.). Nous avons éprouvé sa miséricorde par le pardon (Intr.). Nous devons maintenant manifester, à notre tour, de la miséricorde envers nos frères par la charité, la compassion et le pardon. « Soyez miséricordieux parce que votre Père des cieux est miséricordieux. Ne jugez pas et vous ne serez pas jugés ; pardonnez et il vous sera pardonné » (Évang.). « Si Dieu nous a tant aimés, nous devons aussi nous aimer les uns les autres » (Ép.).

L’union entre l’amour de Dieu et l’amour du prochain est très bien exprimée : « Si quelqu’un dit : j’aime Dieu, et hait son frère, celui-là est un menteur. Car celui qui n’aime pas son frère qu’il voit, comment peut-il aimer Dieu qu’il ne voit pas ? Nous avons ce commandement de Dieu : Celui qui aime Dieu doit aussi aimer son frère ».

Ainsi donc, dans cette messe, l’Église insiste sur le commandement principal du christianisme, l’amour de Dieu et du prochain ; elle le fait dans une forme claire et belle. Cette messe est comme une inscription magnifique sur la porte d’entrée des dimanches après la Pentecôte. Le Graduel forme une heureuse transition entre les deux lectures : miséricorde de Dieu et miséricorde de l’homme.

[1] I Jn. 4, 16.

[2] Luc. 6, 36-42.

[3] Au VIIIème siècle, pour faire du 1er dimanche après la Pentecôte un jour octave de la fête du Saint-Esprit, on commença à y lire la discussion de Notre Seigneur avec Nicodème (Jn. 3, 1-16), cet usage perdura, en concurrence avec la lecture de St Luc, avant de s’effacer.

[4] Jac. 1, 27 : épître du 5ème dimanche après Pâques.

[5] I Reg. 3, 9 : Les dimanches per Annum, l’antienne des premières Vêpres n’est pas tirée de l’Évangile du dimanche, mais de la lecture de l’Écriture Sainte occurrente : la 1ère semaine après la Pentecôte, le bréviaire donne les trois premiers chapitres du 1er Livre des Rois, l’antienne est tirée de la lecture du samedi de la 1ère semaine, récit de la vocation de Samuel.

[6] Jn. 6, 41.

[7] Luc. 6, 36.

[8] Ps. 92, 1.

[9] Luc. 6, 37.

[10] Ps. 140, 2.

[11] Le vert est signe d’une moindre solennité, c’est une couleur neutre. Innocent III (+1216) ne lui donne aucun symbolisme : « Il reste qu’on doit utiliser les jours fériaux et communs les ornements verts, car le vert est entre le blanc, le noir et le rouge » (De sacro altaris mysterio, I, 65). A l’époque d’Innocent III, le violet n’est pas encore entré dans l’usage liturgique.