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23ème dimanche après la Pentecôte

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Ce dimanche est omis les années où il n’y a que 23 dimanches après la Pentecôte (par exemple : 1943, 2011, 2038) et l’on dit la messe du 24ème et dernier dimanche après la Pentecôte.

Sommaire

  Dom Guéranger, l’Année Liturgique  
  Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum  
  Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique  
  Office  
  Textes de la Messe  
  Dominica Vigesima tertia post Pentecosten  
  23ème Dimanche après la Pentecôte  

Dom Guéranger, l’Année Liturgique

Dans les années où le nombre des Dimanches après la Pentecôte est de vingt-trois seulement, on prend pour aujourd’hui la Messe du vingt-quatrième et dernier Dimanche, et la Messe marquée pour le vingt-troisième se dit au Samedi de la semaine précédente ou le jour le plus rapproché, qui ne se trouve pas empêché par quelque fête double ou semi-double.

Quoi qu’il en soit, et en tout état de cause, l’Antiphonaire se termine aujourd’hui ; l’Introït, le Graduel, l’Offertoire et la Communion ci-après, devront être repris en chacun des Dimanches qui peuvent se succéder encore plus ou moins nombreux, suivant les années, jusqu’à l’Avent. On se rappelle qu’au temps de saint Grégoire, l’Avent étant plus long que de nos jours, ses semaines avançaient dans la partie du Cycle occupée maintenant par les derniers Dimanches après la Pentecôte. C’est une des raisons qui expliquent la pénurie de composition des Messes dominicales après la vingt-troisième.

En celle-ci même autrefois, l’Église, sans perdre de vue le dénouement final de l’histoire du monde, tournait déjà sa pensée vers l’approche du temps consacré à préparer pour ses enfants la grande fête de Noël. On lisait pour Épître le passage suivant de Jérémie, qui servit plus tard, en divers lieux, à la Messe du premier Dimanche de l’Avent : « Voici que le jour arrive, dit le Seigneur, et je susciterai à David une race juste. Un roi régnera, qui sera sage et qui accomplira la justice et le jugement sur la terre. En ces jours-là Juda sera sauvé, et Israël habitera dans la paix ; et voici le nom qu’ils donneront à ce roi : Le Seigneur notre juste ! C’est pourquoi le temps « vient, dit le Seigneur, où l’on ne dira plus : « Vive le Seigneur qui a tiré les enfants d’Israël de la terre d’Égypte ! mais : Vive le Seigneur qui a tiré et ramené la postérité de la maison d’Israël de la terre d’aquilon et de tous les pays » dans lesquels je les avais dispersés et chassés ! Et ils habiteront dans leur terre [1]. »

Comme on le voit, ce passage s’applique également très bien à la conversion des Juifs et à la restauration d’Israël annoncée pour les derniers temps. C’est le point de vue auquel se sont placés les plus illustres liturgistes du moyen âge, pour expliquer toute la Messe du vingt-troisième Dimanche après la Pentecôte. Mais pour bien les comprendre, il faut observer aussi que, primitivement, l’Évangile du vingt-troisième Dimanche était l’Évangile de la multiplication des cinq pains. Cédons la parole au pieux et profond Abbé Rupert qui, mieux que personne, nous apprendra le mystère de ce jour où prennent fin les accents, si variés jusqu’ici, des mélodies grégoriennes.

« La sainte Église, dit-il, met tant de zèle à s’acquitter des supplications, des prières et des actions de grâces pour tous les hommes demandées par l’Apôtre [2], qu’on la voit rendre grâces aussi pour le salut à venir des fils d’Israël, qu’elle sait devoir être un jour unis à son corps. Comme, en effet, à la fin du monde leurs restes seront sauvés [3], dans ce dernier Office de l’année elle se félicite en eux comme en ses futurs membres. Dans l’Introït, elle chante tous les ans, rappelant ainsi sans fin les prophéties qui les concernent : Le Seigneur dit : Mes pensées sont des pensées de paix et non d’affliction. Ses pensées sont toutes de paix en effet, puisqu’il promet d’admettre au banquet de sa grâce les Juifs ses frères selon la chair, réalisant ce qui avait été figuré dans l’histoire du patriarche Joseph. Les frères de ce dernier, qui l’avaient vendu, vinrent à lui poussés par la faim, lorsqu’il étendait sa domination sur toute la terre d’Égypte ; ils furent reconnus, reçus par lui, et lui-même fit avec eux un grand festin : ainsi notre Seigneur, régnant sur tout le monde et nourrissant abondamment du pain de vie les Égyptiens, c’est-à-dire les Gentils, verra revenir à lui les restes des fils d’Israël ; reçus en la grâce de celui qu’ils ont renié et mis à mort, il leur donnera place à sa table, et le vrai Joseph s’abreuvera délicieusement avec ses frères.

« Le bienfait de cette table divine est signifié, dans l’Office du Dimanche, par l’Évangile, où l’on raconte du Seigneur qu’il nourrit avec cinq pains la multitude. Alors, en effet, Jésus ouvrira pour les Juifs les cinq livres de Moïse, portés maintenant comme des pains entiers et non rompus encore, par un enfant, à savoir ce même peuple resté jusqu’ici dans l’étroitesse d’esprit de l’enfance.

« Alors sera accompli l’oracle de Jérémie, si bien placé avant cet Évangile ; on ne dira plus : Vive le Seigneur qui a tiré les enfants d’Israël de la terre d’Egypte ! mais : Vive le Seigneur qui les a ramenés de la terre d’aquilon et de toutes celles où ils étaient dispersés !

« Délivrés donc de la captivité spirituelle qui les retient maintenant, ils chanteront du fond de l’âme l’action de grâces indiquée au Graduel : Vous nous avez délivrés, Seigneur, de ceux qui nous persécutaient.

« La supplication par laquelle nous disons, dans l’Offertoire : Du fond de l’abîme j’ai crié vers vous, Seigneur, répond manifestement, elle aussi, aux mêmes circonstances. Car en ce jour-là, ses frères diront au grand et véritable Joseph : « Nous vous « conjurons d’oublier le crime de vos frères [4] ».

« La Communion : En vérité, je vous le dis, tout ce que vous demanderez dans vos prières, et le reste, est la réponse de ce même Joseph disant, comme autrefois le premier [5] : « Ne craignez point. Vous aviez formé contre moi un dessein mauvais ; mais Dieu l’a fait tourner au bien, afin de m’élever comme vous voyez maintenant « et de sauver beaucoup de peuples. Ne craignez donc point : je vous nourrirai, vous et vos a enfants [6]. »

A LA MESSE.

L’Introït vient de nous être expliqué par l’Abbé Rupert. Il est tiré de Jérémie [7] comme l’ancienne Épître de ce Dimanche.

La demande du pardon revient sans cesse dans la bouche du peuple chrétien, parce que la fragilité de la nature entraîne sans cesse, ici-bas, le juste lui-même [8]. Dieu sait notre misère ; il pardonne sans fin, à la condition de l’humble aveu des fautes et de la confiance dans sa bonté. Tels sont les sentiments qui inspirent à l’Église les termes de la Collecte du jour.

ÉPÎTRE.

Le nom de Clément, qui vient d’être prononcé par l’Apôtre, est celui du second successeur de saint Pierre. Assez souvent, le vingt-troisième Dimanche après la Pentecôte ne précède que de fort peu la solennité de ce grand pontife et martyr du premier siècle. Disciple de Paul, attaché depuis à la personne de Pierre, et désigné par le vicaire de l’Homme-Dieu comme le plus digne de monter après lui sur la chaire apostolique, Clément, nous le verrons au 23 novembre, était l’un des saints de cette époque primitive les plus vénérés des fidèles. La mention faite de lui à l’Office du Temps, dans les jours qui précédaient son apparition directe au cycle de la sainte Église, excitait la joie du peuple chrétien et ranimait sa ferveur, à la pensée de l’approche d’un de ses plus illustres protecteurs et amis.

Au moment où saint Paul écrivait aux Philippiens, Clément, qui devait longtemps encore survivre aux Apôtres, était bien des hommes dont parle notre Épître, imitateurs de ces illustres modèles, appelés à perpétuer dans le troupeau confié à leurs soins [9] la règle des mœurs, moins encore par la fidélité de l’enseignement que par la force de l’exemple. L’unique Épouse du Verbe divin se reconnaît à l’incommunicable privilège d’avoir en elle, par la sainteté, la vérité toujours vivante et non point seulement lettre morte. L’Esprit-Saint n’a point empoché les livres sacrés des Écritures de passer aux mains des sectes séparées ; mais il a réservé à l’Église le trésor de la tradition qui seule transmet pleinement, d’une génération à l’autre, le Verbe lumière et vie [10], par la vérité et la sainteté de l’Homme-Dieu toujours présentes en ses membres, toujours tangibles et visibles en l’Église [11]. La sainteté inhérente à l’Église est la tradition à sa plus haute expression, parce qu’elle est la vérité non seulement proférée, mais agissante [12], comme elle l’était en Jésus-Christ, comme elle l’est en Dieu [13]. C’est là le dépôt [14] que les disciples des Apôtres recevaient la mission de transmettre à leurs successeurs, comme les Apôtres eux-mêmes l’avaient reçu du Verbe descendu en terre.

Aussi saint Paul ne se bornait point à confier l’enseignement dogmatique à son disciple Timothée [15] ; il lui disait : « Sois l’exemple des fidèles dans la parole et la conduite [16]. » Il redisait à Tite : « Montre-toi un modèle, en fait de doctrine et d’intégrité de vie [17]. » Il répétait à tous : « Soyez mes imitateurs, comme je le suis de Jésus-Christ [18]. » Il envoyait aux Corinthiens Timothée, pour leur rappeler, pour leur apprendre au besoin, non les dogmes seulement de son Évangile, mais ses voies en Jésus-Christ, sa manière de vivre ; car cette manière de vivre de l’Apôtre était, pour une part, son enseignement même en toutes les Églises [19] ; et il louait les fidèles de Corinthe de ce qu’en effet ils se souvenaient de lui pour l’imiter en toutes choses, gardant ainsi la tradition de Jésus-Christ [20]. Les Thessaloniciens étaient si bien entrés dans cet enseignement tiré de la vie de leur Apôtre, que, devenus ses imitateurs, et par là même ceux de Jésus-Christ, ils étaient, dit saint Paul, la forme de tous les croyants ; cet enseignement muet de la révélation chrétienne, qu’ils donnaient en leurs mœurs, rendait comme inutile la parole même des messagers de l’Évangile [21].

L’Église est un temple admirable qui s’élève à la gloire du Très-Haut par le concours des pierres vivantes appelées à entrer dans ses murs [22]. La construction de ces murailles sacrées sur le plan arrêté par l’Homme-Dieu est l’œuvre de tous. Ce que l’un fait par la parole [23], l’autre le fait par l’exemple [24] ; mais tous deux construisent, tous deux édifient la cité sainte ; et, comme au temps des Apôtres, l’édification par l’exemple l’emporte sur l’autre en efficacité, quand la parole n’est pas soutenue de l’autorité d’une vie conforme à l’Évangile.

Mais de même que l’édification de ceux qui l’entourent est, pour le chrétien, une obligation fondée à la fois sur la charité envers le prochain et sur le zèle de la maison de Dieu, il doit, sous peine de présomption, chercher dans autrui cette même édification pour lui-même. La lecture des bons livres, l’étude de la vie des saints, l’observation, selon l’expression de notre Épître, l’observation respectueuse des bons chrétiens qui vivent à ses côtés, lui seront d’un immense secours pour l’œuvre de sa sanctification personnelle et l’accomplissement des vues de Dieu en lui. Cette fréquentation de pensées avec les élus de la terre et du ciel nous éloignera des mauvais, qui repoussent la croix de Jésus-Christ et ne rêvent que les honteuses satisfactions des sens. Elle placera véritablement notre conversation dans les cieux. Attendant pour un jour qui n’est plus éloigné l’avènement du Seigneur, nous demeurerons fermes en lui, malgré la défection de tant de malheureux entraînés par le courant qui emporte le monde à sa perte. L’angoisse et les souffrances des derniers temps ne feront qu’accroître en nous la sainte espérance ; car elles exciteront toujours plus notre désir du moment solennel où le Seigneur apparaîtra pour achever l’œuvre du salut des siens, en revêtant notre chair même de l’éclat de son divin corps. Soyons unis, comme le demande l’Apôtre, et, pour le reste : « Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur », écrit-il à ses chers Philippiens ; « je le dis de nouveau, réjouissez-vous : le Seigneur est proche [25]. »

ÉVANGILE.

Quoique le choix de cet Évangile pour aujourd’hui ne remonte pas partout à la plus haute antiquité, il entre bien dans l’économie générale de la sainte Liturgie, et confirme ce que nous avons dit du caractère de cette partie de l’année. Saint Jérôme nous apprend, dans l’Homélie du jour, que l’hémorroïsse guérie par le Sauveur figure la gentilité, tandis que la nation juive est représentée par la fille du prince de la synagogue [26]. Celle-ci ne devait retrouver la vie qu’après le rétablissement de la première ; et tel est précisément le mystère que nous célébrons en ces jours, où, la plénitude des nations avant reconnu le médecin céleste, l’aveuglement dont Israël avait été frappé cesse enfin lui-même [27].

De cette hauteur où nous sommes parvenus, de ce point où le monde, ayant achevé ses destinées, ne va sembler sombrer un instant que pour se dégager des impies et s’épanouir de nouveau, transformé dans la lumière et l’amour : combien mystérieuses et à la fois fortes et suaves nous apparaissent les voies de l’éternelle Sagesse [28] ! Le péché, dès le début, avait rompu l’harmonie du monde, en jetant l’homme hors de sa voie. Si, entre toutes, une famille avait attiré sur elle la miséricorde, la lumière, en se levant sur cette privilégiée, n’avait fait que manifester plus profonde la nuit où végétait le genre humain. Les nations, abandonnées à leur misère épuisante, voyaient les attentions divines aller à Israël, et l’oubli s’appesantir sur elles au contraire. Lors même que les temps où la faute première devait être réparée se trouvèrent accomplis, il sembla que la réprobation des gentils dût être consommée du même coup ; car on vit le salut, venu du ciel en la personne de l’Homme-Dieu, se diriger exclusivement vers les Juifs et les brebis perdues de la maison d’Israël [29].

Cependant la race gratuitement fortunée, dont les pères et les premiers princes avaient si ardemment sollicité l’arrivée du Messie, ne se trouvait plus à la hauteur où l’avaient placée les patriarches et les saints prophètes. Sa religion si belle, fondée sur le désir et l’espérance, n’était plus qu’une attente stérile qui la tenait dans l’impuissance de faire un pas au-devant du Sauveur ; sa loi incomprise, après l’avoir immobilisée , achevait de l’étouffer dans les liens d’un formalisme sectaire. Or, pendant qu’en dépit de ce coupable engourdissement, elle comptait, dans son orgueil jaloux, garder l’apanage exclusif des faveurs d’en haut, la gentilité que son mal, toujours grandissant lui aussi, portait au-devant d’un libérateur, la gentilité reconnaissait en Jésus le Sauveur du monde, et sa confiante initiative lui méritait d’être guérie la première. Le dédain apparent du Seigneur n’avait servi qu’à l’affermir dans l’humilité, dont la puissance pénètre les cieux [30].

Israël devait donc attendre à son tour. Selon qu’il le chantait dans le psaume, l’Éthiopie l’avait prévenu en tendant ses mains vers Dieu la première [31]. Désormais ce fut à lui de retrouver, dans les souffrances d’un long abandon, l’humilité qui avait valu à ses pères les promesses divines et pouvait seule lui en mériter l’accomplissement. Mais aujourd’hui la parole de salut a retenti dans toutes les nations, sauvant tous ceux qui devaient l’être. Jésus, retardé sur sa route, arrive enfin à la maison vers laquelle se dirigeaient ses pas dès l’abord, à cette maison de Juda où dure toujours l’assoupissement de la fille de Sion. Sa toute-puissance compatissante écarte de la pauvre abandonnée la foule confuse des faux docteurs, et ces prophètes de mensonge qui l’avaient endormie aux accents de leurs paroles vaines ; il chasse loin d’elle pour jamais ces insulteurs du Christ, qui prétendaient la garder dans la mort. Prenant la main de la malade, il la rend à la vie dans tout l’éclat de sa première jeunesse ; prouvant bien que sa mort apparente n’était qu’un sommeil, et que l’accumulation des siècles ne pouvait prévaloir contre la parole donnée par Dieu à Abraham son serviteur [32].

Au monde maintenant de se tenir prêt pour la transformation dernière. Car la nouvelle du rétablissement de la fille de Sion met le dernier sceau à l’accomplissement des prophéties. Il ne reste plus aux tombeaux qu’à rendre leurs morts [33]. La vallée de Josaphat se prépare pour le grand rassemblement des nations [34] ; le mont des Oliviers va de nouveau [35] porter l’Homme-Dieu, mais cette fois comme Seigneur et comme juge [36].

L’acquittement du service que nous devons à Dieu est, de soi, bien au-dessous de la Majesté souveraine ; mais le Sacrifice, qui en fait partie chaque jour, l’ennoblit jusqu’à l’infini et supplée aux mérites qui nous font défaut, ainsi que l’exprime la Secrète de ce Dimanche.

Entrés, dans les Mystères sacrés, en participation de la vie divine, demandons au Seigneur que nous ne soyons plus accessibles aux dangers d’ici bas.

Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum

« VIII post sanctum Cyprianum. »

Le Capitulaire de Würzbourg qui omet, entre le IIIe et le VIe dimanche après saint Cyprien, deux péricopes évangéliques, ne compte que six semaines après la fête de l’évêque de Carthage, associé, à Rome, à la vénération que les fidèles rendaient au pape Corneille. La liste est donc probablement mutilée et inexacte.

Enfin voici la réponse divine à nos humbles gémissements de dimanche dernier : « Le Seigneur dit : Moi, j’ai dans l’esprit des pensées de paix et non de tristesse ; vous m’invoquerez et moi je vous exaucerai, je vous enverrai même un Rédempteur, qui, de l’exil, vous ramènera au sein de sa sainte Église. » Ainsi la liturgie sacrée dispose-t-elle l’âme des fidèles à la célébration du saint temps de l’Avent, de manière que la venue du Verbe incarné trouve les cœurs préparés à la grâce.

L’introït est tiré de Jérémie mais avec quelque modification du texte (XXIX, 11, 12, 14). Même quand il punit, le Seigneur n’oublie pas sa miséricorde ; bien plus, il châtie parce qu’il aime, selon cette parole de l’Apocalypse : Ego quos amo, arguo et castigo [37]. C’est pourquoi en même temps que, par la bouche du Prophète des malheurs et des lamentations, Jérémie, Dieu faisait annoncer au peuple d’Israël la prochaine destruction du royaume et la captivité en Babylone, il adoucissait l’angoisse de ce châtiment par la promesse du retour futur dans la patrie, et de la restauration du royaume de David.

La collecte implore le pardon des fautes contractées par la communauté chrétienne en raison de la faiblesse humaine. La prière est collective, parce qu’elle décrit les conditions personnelles et générales de toute la race d’Adam. L’humilité convient donc à tous, et personne ne peut prendre, avec l’orgueilleux pharisien, une illusoire attitude de puritanisme. « Seigneur, si c’est le propre de l’homme de pécher et de demeurer contaminé par la fange de la terre, que ce soit aussi le propre de votre miséricorde ineffable, de laver dans votre Sang les taches de la conscience coupable. »

Dans la lecture de l’épître aux Philippiens que l’on fait aujourd’hui (III, 17-21 ; IV, 1-3), l’Apôtre gémit sur le sort de ces malheureux ennemis de la Croix de Jésus-Christ qui se sont fait un dieu de la sensualité et de la gourmandise, et qui vont au-devant de l’éternelle damnation. La vie chrétienne se propose au contraire un idéal entièrement céleste, qui, au moyen de notre participation aux souffrances de Jésus dont nous sommes solidaires, prélude au jour où le Sauveur ressuscitera nos corps fragiles et répandra en eux la gloire de son Humanité glorifiée. Suivent quelques recommandations spéciales visant la concorde et la charité mutuelle, particulièrement entre les diaconesses et les membres de la hiérarchie ecclésiastique de Philippes.

Le répons de ce jour est tiré du psaume 43, et s’adapte très bien à la célébration des victoires des martyrs. « Vous, ô Yahvé, vous nous avez délivrés de nos oppresseurs et vous les avez couverts de honte. C’est pourquoi nous placerons toujours en Dieu notre gloire et chanterons continuellement à son Nom. » Les oppresseurs des fidèles sont les démons et leurs alliés terrestres, c’est-à-dire les impies. Le Seigneur a soustrait les martyrs à la violence de leur haine et a couvert de confusion leurs persécuteurs. De fait, quand les tyrans condamnaient au bûcher et au chevalet le corps des héroïques confesseurs de la foi, leur haine n’était pas tant contre les membres fragiles que contre l’âme qu’ils voulaient violenter par le péché. Comment Dieu a-t-il triomphé dans ses martyrs ? Il a laissé entre les mains des tyrans un cadavre sanglant, et il a mis en sûreté l’âme de l’athlète dans son paradis. Le persécuteur a vu tout à coup sa proie lui échapper, et il a senti toute la honte de sa défaite. Il prétendait vaincre ; le martyr meurt au contraire pour ne pas céder, et à la gloire de sa victoire il associe très souvent jusqu’aux témoins de son combat, lesquels, voyant la constance de nos héros même au milieu des supplices, se convertissaient eux aussi à la Foi.

Le sang des martyrs devient ainsi une semence féconde de nouveaux chrétiens, tandis que les efforts du persécuteur ne font qu’augmenter la honte et le désastre de sa défaite.

Le verset alléluiatique est emprunté au psaume 129. Au plus profond de mon abjection j’ai crié à Yahvé : Ah ! vous qui vous sentez attiré vers nous d’autant plus puissamment que plus grande est notre misère, sur cette misère précisément élevez le trophée magnifique de vos miséricordes. Changez donc le bon Larron en un confesseur de votre divinité ; transformez un persécuteur en Apôtre ; d’un libertin faites un Augustin, le plus grand des Docteurs, afin que plus profond est l’abîme qui les séparait tous de votre grâce, plus beau soit le triomphe de votre miséricorde, qui a su le remplir d’amour, érigeant sur ce fondement de notre misère et de votre grandeur, le trophée de votre compassion.

Le passage évangélique de saint Matthieu (IX, 18-26, avec le récit de la résurrection de la fille de Jaïre et de la guérison de l’hémorroïsse, prouve la puissance de la foi, à laquelle le Seigneur a promis de tout accorder. La foi de l’hémorroïsse est énergique mais très humble, si bien qu’elle, la pauvre abandonnée, n’ose même pas parler à Jésus pour lui demander de la guérir. La foi du chef de la synagogue est vive, mais, à beaucoup d’égards, ne peut soutenir la comparaison avec celle de la pauvre hémor-roïsse. Le grade, les richesses, les chants, le tumulte des parents et des amis qui se pressaient autour du cadavre, les railleries des sceptiques, étaient les conditions les moins propices pour que le Sauveur opérât un miracle en cette maison ; aussi commence-t-il par éloigner la foule, et enfin demeuré seul avec les parents de la morte, II la rappelle à la vie. Ainsi faut-il faire pour que la grâce puisse opérer au milieu du luxe et des vanités du monde ; tandis que les pauvres et les humbles sont en tout temps bien disposés à recevoir les dons de Dieu, même au milieu de la route, comme l’hémorroïsse. Le verset de l’offertoire est le même que le verset alléluiatique. Les dons que nous présentons à Dieu doivent être enveloppés du parfum de l’humiliation. Nous offrons à Dieu de suis donis ac datis sans que rien puisse être vraiment nôtre. De plus Dieu n’a pas besoin de nos dons et de nos adorations, mais nous, suprême misère, nous avons un ineffable besoin de Lui.

Dans la secrète, nous disons au Seigneur que nous lui offrons le sacrifice de louange — la louange parfaite que seul le Verbe incarné peut rendre au Père — afin d’obtenir la grâce de demeurer de plus en plus fidèles au service de ses autels. Que Celui qui a accordé à ses humbles serviteurs un moyen si puissant et si fort pour puiser la grâce à sa source première, daigne aussi nous accorder ce qu’il daigna nous promettre. La phrase de la collecte pro nostrae servitutis augmenta est profondément significative. Il s’agit d’une intensification de l’esprit de notre vocation liturgique et sacerdotale, puisque la servitus exprime ici ce que les Grecs entendent par leitourgía (Luc., 1, 23), c’est-à-dire le servitium sanctum, le ministère de l’autel.

L’antienne pour la Communion est tirée de saint Marc (XI, 24) ; mais elle doit être hors de place. Dans l’Antiphonaire grégorien venait le premier verset du psaume 129. « Je vous dis en vérité : Quand vous priez, croyez avec une foi vive que vous obtiendrez ce que vous demandez, et cela vous sera accordé. »

Saint Augustin a très bien expliqué les conditions requises pour que la prière chrétienne soit exaucée. Ou plutôt, la prière obtient toujours son fruit principal, puisque le vœu suprême de notre cœur est la félicité, et Dieu nous accorde cette félicité véritable et souveraine en mettant chacun de nous dans les conditions les plus propices pour que nous puissions plus facilement l’obtenir.

Les conditions varient suivant les dispositions du sujet, et cela explique la diverse conduite de Dieu avec les âmes, en sorte qu’il achemine celle-ci vers le ciel au moyen d’une vie aisée, cette autre à travers les difficultés ; à l’une il donne la vigueur ; l’autre, il la paralyse par les maladies ; à chacune enfin il envoie ce qui est le plus utile relativement à l’éternité.

La collecte d’action de grâces a un caractère général. « Seigneur, ceux que, par la grâce du Sacrement, vous avez élevés à la société de votre divinité, faites qu’ils ne soient pas abattus par la tentation à laquelle n’est que trop exposée, en raison de sa fragilité, notre pauvre humanité. » II n’est pas question ici de demander à Dieu de nous soustraire à l’épreuve, — ce qui équivaudrait à nous soustraire à la vertu et au mérite, alors que saint Jacques proclame bienheureux celui qui supporte l’épreuve — mais on prie le Seigneur, par les mérites du divin Sacrifice, de nous fortifier tellement par sa grâce, que l’ennemi n’ait aucun droit à faire valoir sur nous, comme Jésus Lui-même le disait avant sa Passion : Venit princeps mundi huius, et in me non habet quidquam [38].

Comme il est plus facile de se sauver au milieu de la pauvreté et dans une condition sociale humble et ignorée ! Non pas que les richesses et les dignités soient en elles-mêmes blâmables ; mais trop souvent à ces biens sont unies des dispositions d’esprit et des conditions qui rendent fort difficile le service de Dieu. On commence par des préoccupations excessives pour les biens matériels, et l’on finit par perdre entièrement le sens surnaturel de la vie chrétienne et de la sainte mortification, devenant inimicos crucis Christi, comme le déplore l’Apôtre.

Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique

Nos relations sont au ciel.

Nous approchons de plus en plus de la fin ; l’Église se montre artiste dans le développement dramatique du thème de la parousie. Comme elle nous a fait jouer, depuis le XVIIIe dimanche après la Pentecôte, toute la gamme des accords de la parousie, depuis la profonde nostalgie jusqu’à la crainte salutaire du jugement ! Sur ce dimanche-ci nous pouvons placer la légende suivante : Bienheureux retour. Aussi bien nous offre-t-il une belle unité de pensées : Je crois à une résurrection de la chair. Notre patrie est au ciel ; le Christ reconstituera notre corps : nos noms sont écrits au livre de vie (Ép.) ; le résultat de la venue du Christ est la délivrance de la maladie et la résurrection du corps, conformément à l’image de la guérison évangélique et à la résurrection de la jeune fille (Év.). Nous demandons d’être délivrés des liens du péché (Or.) et, de la prison de la vie matérielle d’ici-bas, nous lançons un appel chargé d’ardents désirs (Grad., Offert.).

1. La Messe (Dicit Dominus). — Les chants de ce dimanche sont plus joyeux, plus consolants que ceux de dimanche dernier. Le thème du retour passe à travers la plupart d’entre eux (Intr., All., Off.).

Aujourd’hui nous entrons dans le sanctuaire et nous sommes agréablement surpris d’y voir le. Seigneur, sur son trône avec le message de paix : l’exil touche a sa fin ; Il ne veut pas être un juge, mais un sauveur, un « pacificateur ». Le mot paix désigne ici la béatitude éternelle. Le jugement dernier ne doit pas être un Dies irae (jour de la colère), mais un retour dans la céleste patrie (c’est-à-dire la paix). Qu’ils sont aimables les accents du psaume 84 ! Le clergé entrant en ornements de fête est le symbole du retour des enfants de Dieu. Le temps de l’exil approche de sa fin, le retour dans la Jérusalem céleste est proche. « La justice et la paix s’embrassent » ; (comme préparation à cette messe, il faut méditer le psaume tout entier).

Les chaînes doivent tomber ; celles-ci n’ont pas été forgées par les hommes, comme celles que porte saint Paul (Ép.), mais ce sont les chaînes du péché dont nous demandons, dans l’Oraison, d’être délivrés.

De nouveau, l’Église (saint Paul aux Philippiens) se tient devant ses enfants comme une mère tendrement suppliante (Ép.) : en prévision du retour, elle dit aux tièdes en paroles touchantes, parmi ses larmes, de ne pas être « ennemis de la croix du Christ », de ne pas faire de « leur ventre leur Dieu » et de ne pas mener une vie terrestre ; aux fidèles, dont « les noms sont dans le livre de vie », « sa joie, sa couronne », elle adresse de cordiales paroles d’encouragement ; ils se considèrent comme des étrangers sur terre et aspirent à la patrie : « leurs relations sont déjà au ciel », ils mènent une vie céleste ; leur patrie est le ciel, « d’où ils attendent le Seigneur Jésus-Christ qui transformera leur misérable corps en sorte qu’il devienne semblable au corps de sa splendeur » (c’est le passage capital de l’Épître et à la fois le commentaire de l’Évangile ; car ce qui est dit ici sous forme d’enseignement est présenté dans l’Évangile sous le revêtement de l’image. Actuellement, le. Christ transforme les âmes par l’Eucharistie, les réveille de la mort spirituelle et les guérit de toutes les maladies morales ; un jour, il réveillera et guérira aussi le corps). Alors nous reconnaîtrons que ce que nous nommions mort n’était qu’un sommeil. — Nous nous pénétrons si bien de la pensée de ce bienheureux retour que nous le voyons déjà pour ainsi dire présent, et nous nous écrions avec des accents de jubilation : « Nous sommes délivrés » de cette vallée de larmes, délivrés de tous les oppresseurs (Grad.).

L’Alléluia chante le radieux appel de notre foi en la résurrection au retour du Seigneur (le célèbre De profundis).

Les antiennes de l’Offertoire et de la communion sont également aujourd’hui des cantiques de retour dans la céleste patrie ; la première exprime un ardent désir (Off.), la seconde une foi joyeuse (Comm.). L’antienne de la communion est développée dans le psaume 129. Ce psaume du désir et de la pénitence a une force toute particulière quand on le rapproche de la promesse que le Christ a faite d’exaucer nos prières.

Au Saint Sacrifice se vérifie aussi ce que l’Épître et l’Évangile nous annoncent : l’Eucharistie est bien le gage de la glorification future ; dans l’Eucharistie nous avons le germe de la transfiguration de notre vie terrestre ; le contact avec l’Eucharistie donne à l’âme santé et jeunesse — mais au corps aussi. C’est ainsi que l’Évangile est l’image des effets du Saint Sacrifice.

2. La résurrection de la chair. — L’Église nous présente aujourd’hui l’avant-dernier article de notre profession de foi : Je crois à la résurrection de la chair. Selon son habitude, l’Église met sous nos yeux cet article de foi à l’aide d’une image facilement intelligible et, en même temps, nous en indique les conséquences pratiques pour la vie.

1) En premier lieu, elle nous enseigne par une image le fait de la résurrection de la chair : c’est l’image de la femme atteinte d’un flux de sang et la résurrection de la fille de Jaïre. L’Église veut nous dire par là : Voyez, de même que le Seigneur a guéri instantanément la femme malade, au contact de son vêtement, de même en sera-t-il au jugement dernier ; alors, toutes les maladies et toutes les souffrances disparaîtront. Et de même que la jeune fille a été ressuscitée par la puissance de la parole du Christ, ainsi les morts se lèveront de leurs tombes et fleuriront d’une jeunesse toute nouvelle. Si nous visitons à pareil jour le cimetière, nous pouvons dire avec le Sauveur : Ceux qui sont couchés ici dans leurs tombes sont seulement endormis. Ce que nous nommions jusqu’ici mort n’est qu’un sommeil. Oui, nous croyons fermement à la résurrection de la chair.

2) Mais l’Église ne nous inculque pas seulement le fait de la résurrection, elle nous enseigne encore le comment de la résurrection. Ici se dresse devant nous le Docteur des nations qui nous parle dans l’Épître : Nous, chrétiens, nous n’appartenons pas à la terre, nous sommes une colonie de citoyens du ciel, et notre patrie est le ciel. Même quand nos pieds touchent à la terre, nous sommes déjà de cœur au ciel. Sans doute, nous portons encore actuellement un misérable corps, sujet aux maladies, aux infirmités, aux péchés et à la mort. Mais cela ne durera pas ; nous attendons l’avènement de notre Sauveur, Jésus-Christ, qui transformera notre corps humilié et le rendra semblable à son corps glorifié. C’est là une parole particulièrement consolante. Nous savons donc que nous ressusciterons au jugement dernier : notre âme sera réunie à notre corps, mais ce corps sera glorifié et deviendra semblable au corps glorifié du Christ lors de sa résurrection. Quel était l’état du corps glorieux du Ressuscité ? Il n’était plus soumis à la souffrance ni au changement, il était spiritualisé, il était immortel, il était élevé à une beauté parfaite. C’est ainsi, chrétiens, que notre corps sera lui aussi glorifié. Soyons remplis de cette espérance !

3) Maintenant à l’œuvre ! Notre transfiguration corporelle dans l’au-delà doit être précédée de notre transfiguration spirituelle sur terre. Dès cette terre nous devons être spiritualisés ; à cette condition seulement, nous serons aptes à être transfigurés corps et âme. La messe d’aujourd’hui nous trace le chemin : a) L’Épître dit : Quittez l’homme de chair ; saint Paul gémit en pleurant de ce que beaucoup de chrétiens se comportent en ennemis de la croix ; leur fin est la corruption, leur Dieu est leur ventre. b) L’oraison demande que nous soyons délivrés des chaînes de nos péchés, dans lesquelles nous sommes retenus à cause de notre fragilité. c) C’est pourquoi l’Église nous fait pousser deux fois un cri d’appel : « Du fond de l’abîme je crie vers toi, Seigneur. » C’est le cri implorant le détachement des choses de la terre. d) Aux attributs du corps glorifié doivent correspondre dès maintenant des vertus semblables : Puisque nous devons être là-haut soustraits à la souffrance, il nous faut ici-bas nous libérer des satisfactions sensibles et surmonter toutes les souffrances et peines de la vie. Puisque là-haut nous devons être spiritualisés, il nous faut ici-bas renoncer à toutes les attaches de la sensualité, aux plaisirs des yeux et de la chair. Puisque là-haut nous devons être délivrés de tous les liens de la matière, il nous faut ici-bas avoir du zèle pour le bien. Enfin, puisque là-haut notre corps doit briller d’une beauté étincelante et d’une jeunesse nouvelle, il nous faut ici-bas travailler à la beauté de notre âme.

Nous avons un moyen de préparer la résurrection de la chair et la glorification du corps. Ce moyen, c’est la Sainte Eucharistie ; elle est le sacrement de la glorification par lequel nous « deviendrons participants de la divinité ». Le contact avec le corps très saint du Christ nous rendra semblables à son corps glorieux. De même que, dans l’Évangile d’aujourd’hui, la femme malade fut guérie par l’attouchement des vêtements du Christ, de même, par le contact avec le corps du Christ dans l’Eucharistie, notre âme sera guérie, et nous serons ainsi préparés à la glorification corporelle et spirituelle.

Office

Leçons des Matines avant 1960

Au troisième nocturne.

Lecture du saint Évangile selon saint Matthieu.
En ce temps-là : comme Jésus parlait à la foule, un chef de synagogue s’approcha, et se prosterna devant lui, en disant : Seigneur, ma fille est morte il y a un instant. Et le reste.

Homélie de saint Jérôme, Prêtre.

Septième leçon. Le huitième miracle est celui qu’un chef, qui ne veut pas être exclu du mystère de la vraie circoncision, demande à Jésus pour la résurrection de sa fille. Mais voici qu’une femme, affligée d’une perte de sang, se glisse à travers le cortège et est guérie en huitième lieu, de sorte que la fille du chef, déplacée de ce rang, n’a plus que le neuvième, conformément au mot du Psalmiste : « L’Éthiopie tendra la première ses mains vers Dieu ». Et à celui de l’Apôtre : lorsque « la plénitude des Gentils sera entrée, alors tout Israël sera sauvé ».

Huitième leçon. « Et voilà qu’une femme affligée d’une perte de sang depuis douze ans, s’approcha de lui par derrière, et toucha la frange de son vêtement. » Nous lisons dans l’Évangile selon saint Luc que la fille du prince de la synagogue avait douze ans. Cette femme, je veux dire le peuple gentil, commence donc à être malade au temps même où le peuple juif naissait à la foi. Ceci est à remarquer ; car un vice ne ressort que par le contraste des vertus.

Neuvième leçon. Or, ce n’est point à l’intérieur d’une maison, ni dans la ville même (en pareil cas le séjour des villes était interdit par la loi) que cette femme, affligée d’une perte de sang, s’approche du Sauveur, mais pendant qu’il était en marche pour s’y rendre ; de sorte qu’en allant vers une personne, il en guérissait une autre. Les Apôtres ont fait aussi de même, comme ils le déclarent : « C’était à vous qu’il fallait d’abord annoncer la parole de Dieu ; mais puisque vous vous jugez indignes de la vie éternelle, voilà que nous nous tournons vers les Gentils » Ant. du Benedictus à Laudes Elle disait * en elle-même : Si je puis seulement toucher son vêtement, je serai guérie.

Ant. du Magnificat aux 2èmes Vêpres Jésus, se retournant * et la voyant, dit : Aie confiance, ma fille, ta foi t’a sauvée. Alléluia.

Textes de la Messe

Il pris la jeune fille par la main et elle se leva.

Dominica Vigesima tertia post Pentecosten

23ème Dimanche après la Pentecôte

II Classis
2ème Classe
Si hæc Dominica a supervenienti Dominica ultima post Pentecosten impediatur, omittitur.Si ce Dimanche est empêché par le dernier Dimanche après la Pentecôte, on l’omet.
 [Rubrica ante 1960] [Rubrique avant 1960]
Ant. ad Introitum. Ier. 29,11,12 et 14.Introït
Dicit Dóminus : Ego cógito cogitatiónes pacis, et non afflictiónis : in vocábitis me, et ego exáudiam vos : et redúcam captivitátem vestram de cunctis locis.Moi, j’ai des pensées de paix et non d’affliction, dit le Seigneur ; vous m’invoquerez et je vous exaucerai, et je ramènerai vos captifs de tous les lieux.
Ps. 84, 2.
Benedixísti, Dómine, terram tuam : avertísti captivitátem Iacob.Vous avez béni, Seigneur, votre terre, vous ayez délivré Jacob de la captivité.
V/.Glória Patri.
Oratio.Collecte
Absólve, quǽsumus, Dómine, tuórum delícta populórum : ut a peccatórum néxibus, quæ pro nostra fragilitáte contráximus, tua benignitáte liberémur. Per Dóminum nostrum.Pardonnez, nous vous en supplions, Seigneur, les offenses de vos peuples ; afin que, par votre bonté, nous soyons délivrés des liens des péchés que notre fragilité nous a fait commettre. Par Notre-Seigneur Jésus-Christ.
Léctio Epístolæ beáti Pauli Apóstoli ad Philippénses.Lecture de l’Épître du B. Ap. Paul aux Philippiens.
Philipp. 3, 17-21 : 4, 1-3.
Fratres : Imitatóres mei estóte, et observáte eos, qui ita ámbulant, sicut habétis formam nostram. Multi enim ámbulant, quos sæpe dicébam vobis (nunc autem et flens dico) inimícos Crucis Christi : quorum finis intéritus : quorum Deus venter est : et glória in confusióne ipsórum, qui terréna sápiunt. Nostra autem conversátio in cælis est : unde etiam Salvatórem exspectámus, Dóminum nostrum Iesum Christum, qui reformábit corpus humilitátis nostræ, configurátum córpori claritátis suæ, secúndum operatiónem, qua étiam possit subícere sibi ómnia. Itaque, fratres mei caríssimi et desideratíssimi, gáudium meum et coróna mea : sic state in Dómino, caríssimi. Evódiam rogo et Sýntychen déprecor idípsum sápere in Dómino. Etiam rogo et te, germáne compar, ádiuva illas, quæ mecum laboravérunt in Evangélio cum Cleménte et céteris adiutóribus meis, quorum nómina sunt in libro vitæ.Mes frères, soyez mes imitateurs, et regardez ceux qui marchent selon le modèle que vous avez en nous. Car il y a en a beaucoup, dont je vous ai souvent parlé, et dont je vous parle encore maintenant avec larmes, qui marchent en ennemis de la croix du Christ. Leur fin sera la perdition ; ils ont pour dieu leur ventre, ils mettent leur gloire dans ce qui est leur honte, et leurs pensées sont pour la terre. Quant à nous, notre vie est dans le ciel, d’où nous attendons comme sauveur notre Seigneur Jésus-Christ, qui transformera notre corps d’humiliation, en le rendant semblable à son corps glorieux, par le pouvoir qu’il a de s’assujettir toutes choses. C’est pourquoi, mes frères très aimés et très désirés, qui êtes ma joie et ma couronne, demeurez ainsi fermes dans le Seigneur, mes bien-aimés. Je prie Evodie, et je conjure Syntiché, d’avoir les mêmes sentiments dans le Seigneur. Et toi aussi, mon fidèle collègue, je te prie de les assister, elles qui ont travaillé avec moi pour l’évangile, avec Clément et mes autres collaborateurs, dont les noms sont dans le livre de vie.
Graduale. Ps. 43, 8-9.Graduel
Liberásti nos, Dómine, ex affligéntibus nos : et eos, qui nos odérunt, confudísti.Vous nous avez délivrés, Seigneur, de ceux qui nous affligeaient et vous avez confondu ceux qui nous haïssaient.
V/. In Deo laudábimur tota die, et in nómine tuo confitébimur in sǽcula.En Dieu nous nous glorifierons tout le jour et nous célébrerons à jamais votre nom.
Allelúia, allelúia. V/.Ps, 129, 1-2.
De profúndis clamávi ad te, Dómine : Dómine, exáudi oratiónem meam. Allelúia.Du fond des abîmes je crie vers vous, ô Seigneur ; Seigneur, exaucez ma prière. Alléluia.
+ Sequéntia sancti Evangélii secúndum Matthǽum.Lecture du Saint Evangile selon saint Mathieu Luc Jean Marc.
Matth. 9, 18-26.
In illo témpore : Loquénte Iesu ad turbas, ecce, princeps unus accéssit et adorábat eum, dicens : Dómine, fília mea modo defúncta est : sed veni, impóne manum tuam super eam, et vivet. Et surgens Iesus sequebátur eum et discípuli eius. Et ecce múlier, quæ sánguinis fluxum patiebátur duódecim annis, accéssit retro et tétigit fímbriam vestiménti eius. Dicébat enim intra se : Si tetígero tantum vestiméntum eius, salva ero. At Iesus convérsus et videns eam, dixit : Confíde, fília, fides tua te salvam fecit. Et salva facta est múlier ex illa hora. Et cum venísset Iesus in domum príncipis, et vidísset tibícines et turbam tumultuántem, dicebat : Recédite : non est enim mórtua puélla, sed dormit. Et deridébant eum. Et cum eiécta esset turba, intrávit et ténuit manum eius. Et surréxit puella. Et éxiit fama hæc in univérsam terram illam.En ce temps-là, comme Jésus parlait à la foule, un chef de synagogue s’approcha, et se prosterna devant lui, en disant : Seigneur, ma fille est morte il y a un instant ; mais venez, imposez votre main sur elle, et elle vivra. Jésus, se levant, le suivait avec ses disciples. Et voici qu’une femme, qui souffrait d’une perte de sang depuis douze ans, s’approcha par derrière, et toucha la frange de son vêtement. Car elle disait en elle-même : Si je puis seulement toucher son vêtement, je serai guérie. Jésus, se retournant et la voyant, dit : Aie confiance, ma fille, ta foi t’a sauvée. Et la femme fut guérie à l’heure même. Lorsque Jésus fut arrivé à la maison du chef de synagogue, et qu’il eut vu les joueurs de flûte et une foule bruyante, il dit : Retirez-vous ; car cette jeune fille n’est pas morte, mais elle dort. Et ils se moquaient de lui. Lorsque la foule eut été renvoyée, il entra, et prit la main de la jeune fille. Et la jeune fille se leva. Et le bruit s’en répandit dans tout le pays.
Credo
Ant. ad Offertorium. Ps. 129, 1-2.Offertoire
De profúndis clamávi ad te, Dómine : Dómine, exáudi oratiónem meam : de profúndis clamávi ad te. Dómine.Du fond des abîmes. je crie vers vous, ô Seigneur, Seigneur, exaucez, ma prière. Du fond des abîmes je crie vers vous, Seigneur.
Secreta.Secrète
Pro nostræ servitútis augménto sacrifícium tibi, Dómine, laudis offérimus : ut, quod imméritis contulísti, propítius exsequáris. Per Dóminum nostrum.Pour accroître notre zèle à vous servir, nous vous offrons, Seigneur, ce sacrifice de louange, afin que nous étant propice, vous acheviez en nous ce que sans mérite de notre part, votre grâce a commencé. Par Notre-Seigneur Jésus-Christ.
Præfatio de sanctissima Trinitate ; non vero in feriis, quando adhibetur Missa huius dominicæ, sed tunc dicitur præfatio communis. Préface de la Sainte Trinité  ; mais les jours de Féries, où l’on reprend la Messe de ce Dimanche, on dit la Préface Commune .
Ant. ad Communionem. Marc. 11, 24.Communion
Amen, dico vobis, quidquid orántes pétitis, crédite, quia accipiétis, et fiet vobis.En vérité, je vous le dis, tout ce que vous demandez en priant, croyez que vous le recevrez et cela vous sera donné.
Postcommunio.Postcommunion
Quǽsumus, omnípotens Deus : ut, quos divína tríbuis participatióne gaudére, humánis non sinas subiacére perículis. Per Dóminum.Nous vous supplions, ô Seigneur notre Dieu, de ne pas supporter que ceux auxquels vous accordez la joie de prendre part au divin banquet, succombent dans les périls qui menacent l’humanité. Nous vous le demandons par Jésus-Christ Notre-Seigneur.
Si Dominicæ post Pentecosten fuerint plures quam XXIV, tunc post XXIII resumuntur Missæ Dominicarum, quæ superfuerunt post Epiphaniam, ut infra habentur, juxta ordinem qui in Rubricis invenitur. Et ultimo loco semper ponitur Missa Dominicæ XXIV, ut infra.Si les Dimanches après la Pentecôte sont plus que 24, alors après le 23ème, on reprend les messes des Dimanches qui sont restés après l’Épiphanie, comme ci-dessous. Et en dernier lieu, on met toujours la messe du 24ème Dimanche, comme ci-dessous.

[1] Jerem. XXIII, 5-8.

[2] I Tim. II, 1.

[3] Rom. IX, 27.

[4] Gen L, 17.

[5] Ibid. 19-21.

[6] Rup. De div. Off. XII, 23

[7] Jerem. XXIX.

[8] Prov. XXIV, 16.

[9] I Petr. V, 3.

[10] Jean. 1, 4.

[11] I Jean. I, 1.

[12] I Thess. II, 13.

[13] Jean. V, 17.

[14] I Tim. VI, 20.

[15] II Tim. III, 2.

[16] I Tim. IV, 12.

[17] Tit. II, 7.

[18] I Cor. II, 16.

[19] Ibid. 17.

[20] I Cor. XI, 1-2.

[21] I Thess. I, 5-8.

[22] Eph. II, 20-22.

[23] I Cor. XIV, 3.

[24] Rom. XIV, 19.

[25] Philip, IV, 4-5.

[26] Hier, in Matth. cap. IX.

[27] Rom. XI, 25.

[28] Sap. VIII, 1.

[29] Matth. XV, 24.

[30] Eccli. XXXV, 21.

[31] Psalm. LXVII, 32.

[32] Luc. 1, 54-55.

[33] Dan. XII, 1-2.

[34] Joël, III, 1.

[35] Act. I, 11.

[36] Zach. XIV, 4.

[37] Apoc., III, 19.

[38] Ioan., XIV, 30.

[Rubrica ante 1960] Si hæc Dominica a supervenienti Dominica ultima post Pentecosten impediatur, anticipatur Sabbato cum omnibus privilegiis occurrenti Dominicæ propriis, et in ea dicitur Glória in excélsis, Credo, Præfatio de Trinitate et Ite, Missa est.

[Rubrique avant 1960] Si ce Dimanche est empêché par le dernier Dimanche après la Pentecôte, on l’anticipe le Samedi, avec tous les privilèges propres d’un Dimanche occurrent, on dit le Gloria, le Credo, la préface de la Sainte Trinité et l’Ite Missa est.