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Jeudi de la 3ème semaine de Carême

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1960.


Sommaire

  Textes de la Messe  
  Office  
  Dom Guéranger, l’Année Liturgique  
  Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum  
  Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique  

C’est dans l’ancien temple de Romulus, Templum Sacræ Urbis, transformé en une église où reposent les SS. Martyrs Côme et Damien, mis à mort sous au temps de Dioclétien, que se faisait la Station. Les malades venaient en foule visiter le tombeau de ces deux frères, médecins de profession, et sollicitaient d’eux leur guérison. Il convenait donc d’y lire l’Évangile de la guérison de la belle-mère de Simon et des malades de Capharnaüm. C’est une messe de dédicace, ainsi que l’indiquent tes paroles de l’Épitre : Templum Domini est.

Les Juifs qui possédaient le magnifique temple de Jérusalem en étaient arrivés à croire que le respect de la maison de Dieu suffisait à les sanctifier et ils se dispensaient d’observer l’esprit de la loi. Aussi l’Église nous avertit de ne pas faire consister notre Carême en des prières et des jeûnes, qui ne seraient pas accompagnés de l’exercice de la charité et de la justice envers le prochain. Il faut que nous imitions l’exemple de Jésus et que durant tout le Carême nous le suivions avec la sainte liturgie dans son ministère de rédemption, alors qu’il prêche le royaume de Dieu, guérit les malades et chasse les démons (Evangile). Aimons à écouter la parole de Dieu, elle guérira nos âmes et éloignera le démon qui cherche à y régner. Les catéchumènes qui se- préparaient au baptême écoutaient, spécialement à cette époque de l’année, cette parole. A eux aussi on imposait les mains afin de les délivrer des mauvais esprits et de guérir leurs âmes. — Par l’intercession des saints médecins Côme et Damien dans l’église desquels se célèbre la solennité d’aujourd’hui, demandons au divin médecin que la diète sévère du jeûne quadragésimal fasse tomber la fièvre de nos passions et assure notre salut (cf. oraisons de la messe).

Textes de la Messe

Feria Quinta
Jeudi de la 3ème semaine de Carême
III Classis
3 ème Classe
Statio ad Ss. Cosmam et Damianum
Station aux Ss Côme et Damien
Ant. ad Introitum.Introït
Salus pópuli ego sum, dicit Dóminus : de quacúmque tribulatióne clamáverint ad me, exáudiam eos : et ero illórum Dóminus in perpétuum.Je suis le salut du peuple, dit le Seigneur, dans toutes leurs tribulations, s’ils m’invoquent, je les exaucerai et je serai leur Seigneur à jamais.
Ps. 77, 1.
Atténdite, pópule meus, legem meam : inclináte aurem vestram in verba oris mei.Mon peuple, écoutez ma loi ; prêtez l’oreille aux paroles de ma bouche.
V/.Glória Patri.
Oratio.Collecte
Magníficet te, Dómine, sanctórum tuórum Cosmæ et Damiáni beáta sollémnitas : qua et illis glóriam sempitérnam, et opem nobis ineffábili providéntia contulísti. Per Dóminum.Qu’elle vous glorifie, Seigneur, la solennité de vos saints Côme et Damien, solennité bienheureuse où vous leur avez donné la gloire éternelle, et nous avez secourus par votre ineffable providence. Par Notre-Seigneur Jésus-Christ.
Léctio Ieremíæ Prophétæ.Lecture du Prophète Jérémie.
Ier. 7, 1-7.
In diébus illis : Factum est verbum Dómini ad me, dicens : Sta in porta domus Dómini : et prǽdica ibi verbum istud, et dic : Audíte verbum Dómini, omnis Iuda, qui ingredímini per portas has, ut adorétis Dóminum. Hæc dicit Dóminus exercítuum, Deus Israël : Bonas fácite vias vestras et stúdia vestra : et habitábo vobíscum in loco isto. Nolíte confídere in verbis mendácii, dicéntes : Templum Dómini, templum Dómini, templum Dómini est. Quóniam si bene direxéritis vias vestras et stúdia vestra : si fecéritis iudícium inter virum et próximum eius, ádvenæ et pupíllo et víduæ non fecéritis calúmniam, nec sánguinem innocéntem effudéritis in loco hoc, et post deos aliénos non ambulavéritis in malum vobismetípsis : habitábo vobíscum in loco isto, in terra, quam dedi patribus vestris a sǽculo et usque in sǽculum : ait Dóminus omnípotens.En ces jours-là, la parole du Seigneur me fut adressée en ces termes : Tiens-toi à la porte de la maison du Seigneur, et là proclame cette parole, et dis : Écoutez la parole du Seigneur, vous tous, habitants de Juda, qui entrez par ces portes pour adorer le Seigneur. Voici ce que dit le Seigneur des armées, le Dieu d’Israël : Redressez vos voies et vos penchants, et j’habiterai avec vous dans ce lieu. Ne vous fiez pas à des paroles de mensonge, en disant : C’est ici le temple du Seigneur, le temple du Seigneur, le temple du Seigneur ! Car si vous dirigez bien vos voies et vos penchants, si vous rendez justice à l’un comme à l’autre, si vous ne faites pas violence à l’étranger, à l’orphelin et à la veuve, si vous ne répandez pas en ce lieu le sang innocent, et si vous n’allez pas après les dieux étrangers, pour votre malheur, je demeurerai avec vous de siècle en siècle dans ce lieu, sur cette terre que j’ai donnée à vos pères, d’âge en âge, dit le Seigneur tout-puissant.
Graduale. Ps. 144, 15-16.Graduel
Oculi ómnium in te sperant, Dómine : et tu das illis escam in témpore opportúno.Les yeux de tous, Seigneur, attendent tournés vers vous, et vous leur donnez la nourriture en son temps.
V/. Aperis tu manum tuam : et imples omne ánimal benedictióne.Vous ouvrez votre main et vous comblez de bénédiction tout ce qui a vie.
+ Sequéntia sancti Evangélii secundum Lucam.Lecture du Saint Evangile selon saint Luc.
Luc. 4, 38-44.
In illo témpore : Surgens Iesus de synagóga, introívit in domum Simónis. Socrus autem Simónis tenebátur magnis fébribus : et rogavérunt illum pro ea. Et stans super illam, imperávit febri : et dimísit illam. Et contínuo surgens, ministrábat illis. Cum autem sol occidísset, omnes, qui habébant infírmos váriis languóribus, ducébant illos ad eum. At ille síngulis manus impónens, curábat eos. Exíbant autem dæmónia a multis, clamántia et dicéntia : Quia tu es Fílius Dei ; et íncrepans non sinébat ea loqui, quia sciébant ipsum esse Christum. Facta autem die egréssus ibat in desértum locum, et turbæ requirébant eum, et venérunt usque ad ipsum : et detinébant illum, ne discéderet ab eis. Quibus ille ait : Quia et áliis civitátibus opórtet me evangelizáre regnum Dei : quia ídeo missus sum. Et erat prǽdicans in synagógis Galilǽæ.En ce temps-là, Jésus, étant sorti de la synagogue, entra dans la maison de Simon. Or la belle-mère de Simon était retenue par une forte fièvre ; et ils le prièrent pour elle. Alors, debout, auprès d’elle, il commanda à la fièvre, et la fièvre la quitta. Et se levant aussitôt, elle les servait. Lorsque le soleil fut couché, tous ceux qui avaient des malades atteints de diverses maladies les lui amenaient. Et lui, imposant les mains sur chacun d’eux, les guérissait. Et les démons sortaient d’un grand nombre, criant et disant : Vous êtes le Fils de Dieu. Mais il les menaçait, et il ne leur permettait pas de dire qu’ils savaient qu’il était le Christ. Lorsqu’il fut jour, il sortit, et alla dans un lieu désert ; et les foules le cherchaient ; et elles vinrent jusqu’à lui, et elles voulaient le retenir, de peur qu’il ne les quittât. Il leur dit : il faut que j’annonce aussi aux autres villes la bonne nouvelle du royaume de Dieu ; car c’est pour cela que j’ai été envoyé. Et il prêchait dans les synagogues de Galilée.
Ant. ad Offertorium. Ps. 137, 7.Offertoire
Si ambulávero in médio tribulatiónis, vivificábis me, Dómine : et super iram inimicórum meorum exténdes manum tuam, et salvum me fáciet déxtera tua.Si je marche milieu de la tribulation, Seigneur, vous me rendrez la vie ; étendez votre main contre la fureur de mes ennemis et que votre droite me sauve.
Secreta.Secrète
In tuorum, Dómine, pretiósa morte iustórum sacrifícium illud offérimus, de quo martýrium sumpsit omne princípium. Per Dóminum.En mémoire de la mort précieuse de vos justes, nous vous offrons, Seigneur, ce sacrifice qui est le principe de tout martyre. Par Notre-Seigneur Jésus-Christ.
Præfatio de Quadragesima. Préface du Carême .
Ant. ad Communionem. Ps. 118, 4-5.Communion
Tu mandásti, mandáta tua custodíri nimis : útinam dirigántur viæ meæ, ad custodiéndas iustificatiónes tuas.Vous avez ordonné que vos commandements soient très exactement gardés. Puissent mes voies être dirigées de telle sorte que je garde vos ordonnances.
Postcommunio.Postcommunion
Sit nobis, Dómine, sacraménti tui certa salvátio : quæ cum beatórum Mártyrum tuórum Cosmæ et Damiáni méritis implorátur. Per Dóminum.O Seigneur, que le fruit salutaire de ce sacrement nous soit assuré, car il est imploré en évoquant le souvenir des mérites de vos bienheureux Martyrs Côme et Damien. Par Notre-Seigneur.
Super populum : Orémus. Humiliáte cápita vestra Deo.Sur le peuple : Prions. Humiliez vos têtes devant Dieu.
Oratio.Prière
Subiéctum tibi pópulum, quǽsumus, Dómine, propitiátio cæléstis amplíficet : et tuis semper fáciat servíre mandátis. Per Dóminum.Nous vous en supplions, Seigneur, que votre céleste clémence augmente le nombre des fidèles qui vous sont soumis et qu’elle les fasse obéir toujours à vos commandements. Par Notre-Seigneur.

Office

A MATINES

Ex more docti mýstico (matines du Carême)

Lectio i1ère leçon
Léctio sancti Evangélii secúndum Lucam.Lecture du saint Evangile selon saint Luc.
Cap. 4, 38-44
In illo témpore : Surgens Iesus de synagóga, introívit in domum Simónis. Socrus autem Simónis tenebátur magnis fébribus. Et réliqua.En ce temps-là, Jésus sortit de la synagogue et entra dans la maison de Simon. Or la belle-mère de Simon était retenue par une forte fièvre. Et le reste. [1]
Homilía sancti Ambrósii EpíscopiHomélie de saint Ambroise, évêque
Lib. 4 in cap. 4 Lucæ, circa finem
Vide cleméntiam Dómini Salvatóris : nec indignatióne commótus nec scélere offénsus, nec iniúria violátus Iudǽam déserit : quin étiam ímmemor iniúriæ, memor cleméntiæ, nunc docéndo, nunc liberándo, nunc sanándo, infídæ plebis corda demúlcet. Et bene sanctus Lucas virum ab spíritu nequítiæ liberátum ante præmísit, et subdit féminæ sanitátem. Utrúmque enim sexum Dóminus curatúrus advénerat : sed prior sanári débuit, qui prior creátus est ; nec prætermítti illa, quæ mobilitáte magis ánimi, quam pravitáte peccáverat.Voyez la clémence du Seigneur notre Sauveur. Il ne délaisse pas la Judée, ému d’indignation, ni offensé par le crime, ni révolté par l’injustice ; au contraire, il oublie les torts et ne songe qu’à la clémence. Tour à tour enseignant, délivrant, guérissant, il veut surtout attendrir le cœur de ce peuple infidèle. Avec raison saint Luc mentionne d’abord l’homme délivré de l’esprit mauvais et raconte ensuite la guérison d’une femme. Car le Seigneur était venu pour soigner l’un et l’autre sexe ; mais il fallait d’abord guérir celui qui fut créé le premier sans laisser de côté celle qui avait péché plutôt par légèreté d’esprit que par dépravation.
R/. Vidéntes Ioseph a longe, loquebántur mútuo fratres, dicéntes : Ecce somniátor venit : * Veníte, occidámus eum, et videámus si prosint illi sómnia sua.R/. Voyant [2] Joseph de loin, ses frères se disaient mutuellement : Voici le songeur qui vient. * Venez, tuons-le, et on verra ce que lui servent ses songes.
V/. Cumque vidíssent Ioseph fratres sui, quod a patre cunctis frátribus plus amarétur, óderant eum, nec póterant ei quidquam pacífice loqui, unde et dicébant.V/. Les frères [3] de Joseph, voyant qu’il était plus aimé par son père que tous ses autres frères, le haïssaient et ne pouvaient rien lui dire avec douceur, c’est pourquoi ils disaient entre eux.
R/. Veníte, occidámus eum, et videámus si prosint illi sómnia sua.R/. Venez, tuons-le, et on verra ce que lui servent ses songes.
Lectio ii2e leçon
Sábbato medicínæ Domínicæ ópera cœpta signíficat, ut inde nova creatúra cœperit, ubi vetus creatúra ante desívit : nec sub lege esse Dei Fílium, sed supra legem in ipso princípio designáret : nec solvi legem, sed impléri. Neque enim per legem, sed verbo factus est mundus, sicut légimus : Verbo Dómini cæli firmáti sunt. Non sólvitur ergo lex, sed implétur : ut fiat renovátio hóminis iam labéntis. Unde et Apóstolus ait : Exspoliántes vos véterem hóminem, indúite novum, qui secúndum Deum creátus est.C’est le jour du Sabbat que le Seigneur commence son œuvre de guérison : ainsi la nouvelle création commence là où l’ancienne s’était arrêtée et, dès le début, il est manifeste que le Fils de Dieu n’est pas soumis à la loi, mais au-dessus d’elle, qu’il ne détruit pas la loi, mais l’accomplit. Car le monde a été fait non par la loi, mais par le Verbe. Nous lisons : « Par le Verbe du Seigneur les cieux ont été affermis. » [4] La loi n’est donc pas détruite, mais accomplie, afin de renouveler l’homme jadis déchu. Aussi l’Apôtre dit : « Dépouillant le vieil homme, revêtez-vous du nouveau, qui a été créé selon Dieu. » [5]
R/. Dixit Iudas frátribus suis : Ecce Ismaëlítæ tránseunt ; veníte, venumdétur, et manus nostræ non polluántur : * Caro enim et frater noster est.R/. Juda [6] dit à ses frères : Voilà des Ismaélites qui passent, venez, et qu’il leur soit vendu, et que nos mains ne soient pas souillées : * Car il est notre chair et notre frère.
V/. Quid enim prodest, si occidérimus fratrem nostrum, et celavérimus sánguinem ipsíus ? mélius est ut venumdétur.V/. Que nous servira si nous tuons notre frère et nous cachons son sang ? Il vaut vieux qu’il soit vendu.
R/. Caro enim et frater noster est.R/. Car il est notre chair et notre frère.
Lectio iii3e leçon
Et bene sábbato cœpit, ut ipsum se osténderet Creatórem, qui ópera opéribus intéxeret, et prosequerétur opus, quod ipse iam cœperat : ut si domum faber renováre dispónat, non a fundaméntis, sed a culmínibus íncipit sólvere vetustátem. Itaque ibi prius manum ádmovet, ubi ante desíerat : deínde a minóribus íncipit, ut ad maióra pervéniat. Liberáre a dǽmone et hómines, sed in verbo Dei possunt : resurrectiónem mórtuis imperáre, divínæ solíus est potestátis. Fortássis étiam in typo mulíeris illíus socrus Simónis et Andréæ, váriis críminum fébribus caro nostra languébat, et diversárum cupiditátum immódicis æstuábat illécebris. Nec minórem febrem amóris esse díxerim, quam calóris. Itaque illa ánimum, hæc corpus inflámmat. Febris enim nostra, avarítia est : febris nostra, libído est : febris nostra, luxúria est : febris nostra, ambítio est : febris nostra, iracúndia est.Aussi bien le Sauveur commence-t-il le jour du Sabbat : il montre ainsi qu’il est le Créateur qui entrelace les œuvres dans la trame des œuvres et poursuit l’ouvrage qu’il a lui-même commencé. Comme le constructeur qui entreprend de réparer une maison ne commence point par démolir ce qui est délabré dans les fondations, mais bien ce qui est caduc dans la toiture. Il met donc d’abord la main là où il s’était autrefois arrêté ; par conséquent il commence par les choses moindres pour en venir aux plus grandes. Délivrer du démon, même des hommes le peuvent, mais par le Verbe de Dieu ; commander aux morts de ressusciter n’appartient qu’à la seule puissance divine. Sous la figure de cette femme, la belle-mère de Pierre et d’André, peut-être était-ce notre chair qui souffrait des fièvres variées des péchés et s’enflammait de convoitises immodérées ? La fièvre de ta passion n’est pas moindre, dirais-je, que celle de la température. Cette fièvre-là brûle l’âme, l’autre le corps. Car notre fièvre, c’est l’avarice ; notre fièvre, c’est la débauche ; notre fièvre, c’est la luxure ; notre fièvre, c’est l’ambition ; notre fièvre, c’est la colère.
R/. Extrahéntes Ioseph de lacu, vendidérunt Ismaëlítæ vigínti argénteis : * Reversúsque Ruben ad púteum, cum non invenísset eum, scidit vestiménta sua cum fletu, et dixit : * Puer non compáret, et ego quo ibo ?R/. Retirant [7] Joseph de la citerne, ils le vendirent vingt pièces d’argent aux Ismaélites : * Ruben étant revenu à la citerne, comme il ne le trouva pas, il déchira ses vêtements en pleurant et dit : * L’enfant ne paraît pas, et moi, où irai-je ?
V/. At illi, intíncta túnica Ioseph in sánguine hædi, misérunt qui ferret eam ad patrem, et díceret : Vide, si túnica fílii tui sit, an non.V/. Mais eux trempèrent la tunique de Joseph dans le sang d’un chevreau, et ils envoyèrent des gens pour la porter à leur père, et pour lui dire : Vois si c’est la tunique de ton fils ou non.
* Reversúsque Ruben ad púteum, cum non invenísset eum, scidit vestiménta sua cum fletu, et dixit : Glória Patri. * Puer non compáret, et ego quo ibo ?* Ruben étant revenu à la citerne, comme il ne le trouva pas, il déchira ses vêtements en pleurant et dit : Gloire au Père. * L’enfant ne paraît pas, et moi, où irai-je ?

A LAUDES

O sol salútis, íntimis (laudes du Carême)

Ad Bened. Ant. Exíbant autem dæmónia * a multis clamántia, et dicéntia, Quia tu es Christus Fílius Dei : et íncrepans non sinébat ea loqui, quia sciébant ipsum esse Christum. Ant. au Bénédictus Et les démons sortaient * de beaucoup d’entre eux, criant et disant, Vous êtes le Christ Fils de Dieu : et les menaçant, il ne leur permettait pas de parler, car ils avaient reconnu qu’il était le Christ.

Benedictus

AUX VÊPRES

Audi, benígne Cónditor (vêpres du Carême)

Ad Magnificat Ant. Omnes qui habébant infírmos, * ducébant illos ad Iesum, et sanabántur. Ant. au Magnificat Tous ceux qui avaient des malades, * les amenaient à Jésus, et il les guérissait.

Magnificat

Dom Guéranger, l’Année Liturgique

Le jour marque le milieu de la sainte Quarantaine, et c’est pour cela qu’il est appelé le Jeudi de la mi-Carême. Nous accomplissons en effet aujourd’hui le vingtième jeune sur quarante que nous impose l’Église en ce saint temps. Chez les Grecs, c’est la journée d’hier qui est comptée comme Mésonestime à proprement parler, ou milieu des jeûnes ; au reste, ils donnent ce nom, ainsi que nous l’avons vu, à la semaine tout entière, qui est, dans leur liturgie, la quatrième des sept dont est formé leur Carême. Mais le Mercredi de cette semaine est, chez eux, l’objet d’une fête solennelle, un jour de réjouissance, où l’on ranime son courage pour achever la carrière.

Les nations catholiques de l’Occident, sans considérer le jour où nous sommes parvenus comme une fête, ont toujours eu la coutume de le passer dans une certaine allégresse. La sainte Église Romaine s’est unie à cette pratique ; mais afin de ne pas donner prétexte à une dissipation qui pourrait nuire à l’esprit du jeûne, elle a remis l’expression plus marquée de cette joie innocente au Dimanche suivant, comme nous le verrons ci-après. Toutefois il n’est pas contre l’esprit du Christianisme de fêter aujourd’hui le jour central du Carême, en réunissant, à la manière de nos pères, de plus nombreux convives, et en servant la table avec plus de recherche et d’abondance, pourvu toutefois que l’abstinence et le jeûne soient respectés. Mais, hélas ! Avec le relâchement qui règne aujourd’hui dans notre malheureux pays, combien de gens, qui se disent catholiques, n’ont guère fait autre chose depuis vingt jours que de violer ces lois du jeûne et de l’abstinence, sur la foi de dispenses légitimes ou extorquées ! Quel sens peuvent avoir pour eux les joies naïves que goûtent aujourd’hui, en de lointaines provinces, ces familles de vieux chrétiens qui n’ont point encore laissé périr chez eux les saintes traditions ? Mais ces joies, pour les éprouver, il faut les avoir méritées par quelques privations, par un peu de gêne imposée au corps : et c’est ce que trop de catholiques de nos jours ne savent plus faire. Prions pour eux, afin que Dieu leur donne de comprendre enfin à quoi les oblige la foi qu’ils professent.

A Rome, la Station est aujourd’hui dans l’Église de Saint-Côme-et-Saint-Damien, au Forum. Le moyen âge, comme nous l’apprenons de Durand, dans son Rational des divins Offices, cherchait la raison du choix de cette Station dans la profession de médecins que ces deux saints Martyrs ont exercée. On pensait que l’Église voulait implorer non seulement pour les âmes, mais aussi pour les corps de ses enfants déjà fatigués par le jeûne et l’abstinence, la protection de ces puissants amis de Dieu qui, sur la terre, consacraient les ressources de Fart médical au soulagement corporel de leurs frères. Le savant liturgiste Gavantus commente longuement cette idée qui, si elle n’a pas inspiré le choix de cette église pour la Station d’aujourd’hui, n’en est pas moins propre à édifier les fidèles, en les engageant à recourir aux deux illustres frères médecins, et à demander par leur intercession la constance et les forces nécessaires pour achever dignement et fidèlement la carrière si heureusement commencée.

LEÇON.

La sainte Église ne manque à aucun de ses devoirs à l’égard de ses enfants. Si elle insiste pour obtenir d’eux l’accomplissement des obligations extérieures de la religion, quelque pénibles qu’elles soient à leur lâcheté, elle les avertit aussi de ne pas penser que les observances corporelles, si exactement qu’on les remplisse, pourraient tenir lieu des vertus intérieures commandées à l’homme et au chrétien. Dieu n’accepte pas l’hommage de l’esprit et du cœur, si l’homme, par orgueil ou par mollesse, néglige d’offrir en même temps le service du corps ; mais réduire sa religion aux œuvres purement matérielles, ce n’est pas non plus honorer Dieu qui veut être servi en esprit et en vérité [8]. Les Juifs étaient fiers de posséder le temple de Jérusalem, où habitait la majesté de Dieu ; mais cet avantage, qui les mettait au-dessus de toutes les autres nations, tournait trop souvent à leur perte, parce que se contentant d’un stérile respect pour cette maison sainte, ils ne s’élevaient pas plus haut, et ne songeaient point à reconnaître un si grand bienfait, en pratiquant la loi de Dieu. Ainsi feraient parmi nous des chrétiens qui, remplis d’une fidélité purement extérieure au jeûne et à l’abstinence, ne se mettraient pas en peine de corriger leur vie, en y introduisant l’esprit de justice, de charité, d’humilité. Ils mériteraient que le Seigneur les flétrît par ces paroles qu’il prononça autrefois contre Israël : « Ce peuple m’honore des lèvres ; mais son cœur est loin de moi [9] ». Ce pharisaïsme chrétien est devenu assez rare de nos jours. Le relâchement presque universel à l’égard des pratiques extérieures est bien plutôt la plaie d’aujourd’hui ; et les personnes fidèles aux observances de l’Église ne sont pas, pour l’ordinaire, en retard sous le rapport des autres vertus chrétiennes. Cependant cette fausse conscience se rencontre quelquefois, et produit un scandale qui retarde chez plusieurs l’avancement du royaume de Dieu. Attachons-nous donc à la loi tout entière. Offrons à Dieu un service spirituel qui consiste dans l’obéissance du cœur à tous les préceptes, et joignons-y, comme complément nécessaire, l’hommage de notre corps, en pratiquant tout ce que l’Église nous prescrit pour l’élever à la hauteur de l’âme, dont il doit partager les destinées.

ÉVANGILE.

Admirons la bonté du Sauveur, qui daigne employer son pouvoir à la guérison des corps, et comprenons qu’il est plus empressé encore de subvenir aux infirmités de nos âmes. Nous sommes travaillés de la fièvre des passions : lui seul peut la chasser. Imitons pour notre propre compte le zèle des habitants de la Galilée, qui apportent leurs malades aux pieds de Jésus ; supplions-le aussi de nous guérir. Nous voyons avec quelle bonté il accueille tous ces malheureux ; présentons-nous à leur suite. Faisons-lui instance pour qu’il ne s’éloigne pas, pour qu’il demeure toujours avec nous ; et il daignera rester. Prions pour les pécheurs ; les jours du jeune s’écoulent ; déjà nous entrons dans la seconde moitié du Carême, et la Pâque de notre délivrance approche. Voyez ces multitudes qui ne s’ébranlent pas, ces âmes fermées à la lumière qui ne s’ouvrent pas, ces cœurs endurcis que rien n’émeut, tant de chrétiens qui vont ajouter une chance de plus à leur réprobation éternelle. Offrons pour eux notre pénitence, et demandons à Jésus, par les mérites de sa Passion dont l’heure ne doit pas tarder, qu’il daigne faire un dernier effort de miséricorde, et arracher au démon ces âmes pour lesquelles il va répandre son sang.

La Liturgie Mozarabe nous fournit cette belle exhortation pour ranimer notre courage dans la carrière qui nous reste à parcourir.

MISSA.
Missale Gothicum. Dominica IV in Quadragesima.
Exspectantes beatam illam spem passionis ac resurrectionis Filii Dei, fratres charissimi : et manifestationem gloriæ beati et Salvatoris nostri Jesu Christi, resumite virium fortitudinem : et non quasi futuro terreamini de labore : qui ad Paschalis Dominicæ cupitis anhelando pervenire celebritatem. Sacratæ etenim Quadragesimæ tempore mediante arripite de futuro labore fiduciam : qui præteriti jejunii jam transegistis ærumnas. Dabit Jesus lassis fortitudinem : qui pro nobis dignatus est infirmari. Tribuet perfectionem futuri : qui initia donavit præteriti. Aderit in auxilio, filii : qui suæ nos cupit præstolari gloriam Passionis. Amen.Dans l’attente de l’heureux espoir que nous avons, Frères très chers, de célébrer la Passion et la Résurrection du Fils de Dieu, et de voir la manifestation de la gloire de notre bienheureux Sauveur Jésus-Christ, ranimez vos forces et votre courage. Ne vous effrayez pas des fatigues qui restent encore à subir, vous qui désirez avec tant d’ardeur arriver à la solennité de la Pâque du Seigneur. En ce milieu de la sainte Quarantaine, vous qui déjà avez traversé une partie des labeurs du jeûne, prenez confiance pour ceux qui restent à accomplir. Jésus, qui a daigné se taire infirme pour nous, donnera le courage à ceux qui sont fatigués ; il nous a donné de fournir le commencement de la carrière, il en accordera la continuation. Il vous viendra en aide, très chers fils, lui qui veut que nous vivions dans l’attente de sa glorieuse Passion. Amen.

Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum

Collecte à Saint-Marc.
Station aux Saints-Côme-et-Damien.

Aujourd’hui le rendez-vous est à Saint-Marc, qui, resplendissant d’or et de marbres précieux, s’élève près de ces fameux balnea pallacina où, au dire de Cicéron, fut consommé l’assassinat de Sextus Roscius. Pour nous chrétiens ce titre est bien plus important, car sous son vénérable autel sont conservés les corps des saints martyrs Abdon, Sennen et Hermès, transférés en ce lieu par Grégoire IV.

La basilique stationnale doit son origine au pape Félix IV, qui, vers 530, transforma pour l’usage ecclésiastique deux édifices antiques — le templum Romuli et le templum Sacrae Urbis auquel les archives civiles étaient annexées — sur la voie sacrée, et voulut qu’ils fussent dédiés aux médecins Anargyres Corne et Damien. Alors, grâce aux Byzantins, le culte de ces deux martyrs orientaux était fort en vogue, si bien que leur sanctuaire devint très célèbre, et les fidèles y obtenaient toutes sortes de guérisons et de grâces ; à ce point que l’Église se trouva dans la nécessité de prémunir ses fils contre l’illusion d’une piété toute extérieure et matérielle, sans cette intime conversion du cœur qui est la condition première pour qu’une âme s’approche de Dieu.

Le dimanche précédent, les Grecs célébraient un jour de fête en l’honneur de la Croix, c’était une trêve rapide dans l’âpre chemin du jeûne. A Rome, où le jeûne quadragésimal commence une semaine plus tard, cette solennité est renvoyée au dimanche suivant, mais, du temps de Grégoire II, pour ne pas priver totalement les fidèles de cette innocente satisfaction au milieu de la sainte quarantaine, l’on institua la station de ce jour à l’église des martyrs Corne et Damien. Ils sont médecins « Anargyres » — c’est-à-dire de cette catégorie de saints médecins byzantins qui méprisent l’argent et prêtent gratis leur service thaumaturgique — et, étant donnée la rigueur de l’antique pénitence quadragésimale, l’on comprend facilement combien était opportun le recours aux médecins célestes.

La messe a été adaptée dans ce sens ; elle se rapporte plutôt à l’anniversaire de leur martyre, et l’on y parle trop souvent de santé, de malades, de guérisons, pour ne pas se souvenir de la popularité du culte que recevaient autrefois les saints anargyres. L’introït est scripturaire quant au sens, mais ne semble pas emprunté à un texte déterminé ; il appartient à un cycle d’introïts non psalmodiques, tels que ceux des derniers dimanches après la Pentecôte, et son application à la fête des martyrs Corne et Damien est l’œuvre de Grégoire II : « Je suis le salut du peuple. En quelque calamité qu’ils se trouvent, ils élèveront vers moi leur prière, je les exaucerai et je serai leur Dieu pour toujours. »

La collecte se rapporte au Natale des anargyres : « Que la glorieuse solennité des bienheureux Corne et Damien exalte, ô Dieu, votre magnificence ; en ce jour où vous leur ouvrîtes les portes de l’éternelle gloire, et à nous celles de votre ineffable secours. »

La lecture de Jérémie (VII, 1-7) vient ensuite ; on y décrit les conditions de pureté intérieure que Dieu requiert des fidèles, si toutefois ceux-ci veulent expérimenter l’efficacité de son séjour dans l’arche sainte du Testament. Il est inutile de vanter les gloires du temple et de croire qu’un simple symbole matériel de religion soit ce que nous pouvons donner de mieux au Seigneur. Il veut, certes, le culte extérieur, et dans le Lévitique il a même daigné en prescrire les rites, mais il aime par-dessus tout la religion de l’esprit.

Le verset graduel (ps. 144) est emprunté au XXe dimanche après la Pentecôte, et par la suite il fut également adapté à la messe du Corpus Domini : « Les yeux de tous sont fixés sur vous, Seigneur, attendant que vous leur donniez la nourriture en son temps. Vous ouvrez les mains et remplissez de bien tout ce qui vit. »

Le passage évangélique de saint Luc (IV, 38-44) raconte la guérison de la belle-mère de saint Pierre, et les autres miracles opérés par Jésus en faveur des énergumènes et des malades de Capharnaüm. Tandis que les docteurs se vantent de ne pas connaître Jésus et de ne rien comprendre à sa mission messianique, les pauvres et les infirmes viennent en foule autour de lui pour qu’il les aide et ne les abandonne plus. Heureux le besoin qui nous prédispose si bien à l’humilité et à la pauvreté d’esprit, vertus précisément qui émeuvent davantage le Cœur de Jésus !

Il faut remarquer que la scène touchante de Capharnaüm se répétait au Ve siècle à Rome dans le sanctuaire des Anargyres.

L’antienne ad offerendum (Ps. 137) est celle du XIXe dimanche après la Pentecôte. La protection du Seigneur par l’intermédiaire de ses martyrs est si évidente, que désormais les fidèles ne craignent plus ni tribulations ni calamités. Dieu les soustraira au péril, il leur tendra la main et les mettra en sûreté.

La collecte suivante est très belle ; elle traite du natalis des martyrs : « Pour célébrer la précieuse mort de vos élus, nous vous offrons, ô Dieu, ce sacrifice, dont tire son mérite tout autre martyre. »

L’antienne eucharistique est tirée du psaume 118 : « Vous avez voulu, Seigneur, que votre loi fût fidèlement observée. Que mes pas soient pour cela dirigés dans le chemin de votre justice. »

Dans la collecte d’action de grâces on insiste de nouveau sur cette pensée, que le sacrifice de ce jour obtienne la plus entière efficacité, accompagné qu’il est de l’intercession des martyrs Corne et Damien.

La bénédiction finale sur le peuple implore la miséricorde divine, qui, tout en donnant accroissement au troupeau, en intensifiera l’esprit, si bien que tous obéiront docilement aux commandements du Seigneur.

Comment se fait-il que tant d’antiques sanctuaires de martyrs, et même les tombes des saints Apôtres, ne soient plus illustrés par cette abondance de grâces et de miracles des premiers siècles du christianisme ? Le Seigneur agit avec nous comme jadis avec son peuple choisi. A cause de nos péchés, et par dessus tout du manque de foi, Il se tait, comme naguère le Rédempteur dans la maison d’Hérode. C’est pourquoi tombent en ruine, et parfois sont profanés, les sanctuaires les plus chers à tout cœur chrétien : c’est le même fait qui se réalisa sur la colline de Silos et sur celle de Sion, où résida jadis l’arche sainte. Le fait est identique, et identiques en sont aussi les causes.

Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique

STATION A SAINT-COSME ET SAINT-DAMIEN

Le Christ est le médecin de l’âme malade, la maison de Dieu est la maison des malades et l’Église est une institution de guérison.

Aujourd’hui est la mi-carême. Dans l’antiquité, on passait ce jour d’une manière un peu plus joyeuse. On voulait, au milieu du Carême sévère, accorder au peuple chrétien un peu de répit. Cette impression de joie continue de répartir son action sur dimanche prochain. C’est pourquoi la messe d’aujourd’hui n’est pas, comme celle des autres jeudis, une messe de pénitence. On conduisait la chrétienté dans l’église des célèbres médecins et thaumaturges, saint Cosme et saint Damien.

1. Station. Les saints de station sont originaires de l’Orient. C’étaient de saints médecins qui mirent leur art entièrement au service du bien des âmes. Fidèles à l’exemple du Christ, ils guérissaient les corps pour pouvoir plus facilement guérir les âmes. Le culte de ces saints se répandit bientôt à Rome sous l’influence des Byzantins et on leur dédia une église sous Félix IV (526-530). Dans cette église, a lieu, depuis son introduction (VIIe siècle), l’office solennel de station. Nous y voyons encore, au fond de l’abside, la magnifique mosaïque qui y fut exécutée par ordre du pape Félix IV. Au centre, se tient debout la figure majestueuse du Sauveur glorifié, porté sur les nuages, la main droite levée et tenant dans la main gauche un rouleau de parchemin. Au-dessous de lui, saint Pierre et saint Paul conduisent au Roi du ciel les deux saints martyrs Cosme et Damien, qui, en tant que médecins, portent un flacon de remèdes. (Ce symbole est plein de sens : les deux saints étrangers sont introduits par les maîtres de maison de l’Église romaine). — Devant cette magnifique image, de nombreuses générations ont célébré les saints offices, nous nous joignons à elles.

2. La messe (Salus populi) est d’un contenu riche et substantiel et peu de messes ont autant de relation avec la station. En même temps, nous y assistons à un beau « mystère ». Nous pouvons résumer le contenu de cette messe en trois mots : Cosme et Damien, le divin « Médecin », la maison de Dieu.

a) Les saints de station étaient, comme on l’a dit, des médecins et, en même temps, des intercesseurs dans les maladies. C’est pourquoi la messe commence par le mot caractéristique « Salus » (guérison, santé). C’est pourquoi aussi, dans l’Évangile, on raconte la guérison de la belle-mère de Pierre et de beaucoup d’autres malades. — En outre, les trois oraisons se rapportent aux saints de station, c’est le seul cas dans une messe du temps (cf. encore le dimanche de la Sexagésime).

b) Le divin « Médecin ». Notre pensée passe facilement des deux saints médecins au divin « Médecin », au Sauveur. Il est le médecin de l’âme malade, qui, depuis le péché originel, est blessée. L’Évangile décrit la grande journée dite de Capharnaüm, c’est une belle image de l’Église du Christ. Le Christ « entre dans la maison de Pierre » et guérit la maîtresse de maison, (le type de l’Église), qui sert le Seigneur et ses disciples et leur prépare un repas (l’Eucharistie). Quand le soleil s’est couché (à sa mort), tous les malades viennent dans la maison de Pierre — dans l’Église — pour y trouver la guérison. Le Christ les guérit tous. C’est pourquoi le Sauveur se tient devant nous dès l’Introït et nous dit : « Je suis votre santé » ; c’est une invitation à entrer dans la maison des malades qu’est l’Église. Assurément, il donne aussi les remèdes et le régime : « Écoutez ma loi »(Psaume 77). L’Offertoire est un cantique de voyage : reconnaissance pour le « Médecin » de l’âme et confiance en lui. Le mot « salvare » revient souvent au cours de la messe.

c) La messe nous livre de très belles pensées sur la maison de Dieu (c’est un formulaire de messe de consécration d’église). La leçon est une prédication que Dieu nous adresse : si nous observons ses commandements, il demeure dans notre maison et nous accorde ses plus riches bénédictions. L’Évangile est merveilleusement adapté aux pensées d’une consécration d’église : « Jésus entra dans la maison de Simon Pierre. »

3. La véritable guérison. — L’Église nous fait réfléchir, aujourd’hui, sur la guérison de notre âme. La Messe commence par le mot : Salus, santé ; le tableau que nous présente l’Évangile est la guérison de nombreux malades. C’est en chantant l’antienne : « Ta droite m’apporte la guérison » que nous approchons de l’autel, à l’Offrande. Comme fruit du sacrifice, nous demandons la « guérison assurée » (certa salvatio). Nous réfléchissons à notre besoin de guérison, à notre divin Médecin et à l’institution de guérison qu’est l’Église.

a) Il faut, tout d’abord, que le malade ait conscience de sa maladie ; autrement, il ne peut pas guérir. Hélas ! Combien de gens circulent avec une âme malade et ne savent rien de leur état. Est-ce que nous connaissons bien le nôtre ? Il y a, d’abord, les maux héréditaires que nous tenons de nos premiers parents : l’amour-propre qui dégénère en égoïsme et en orgueil. L’intelligence est obscurcie, la volonté affaiblie ; la chair, la nature inférieure ne veut pas obéir à l’esprit. Ce sont des maux qui se tiennent cachés dans chacun de nous et n’attendent que le moment favorable pour faire irruption. A ces maux, il faut ajouter notre maladie particulière, nos inclinations dominantes, notre défaut principal et tous les mille péchés de notre vie. Chacun de nous est obligé de se plaindre avec saint Paul : « Je suis charnel, vendu au péché. Je ne sais pas ce que je fais ; je ne fais pas ce que je veux, le bien, et je fais ce que je hais, le mal... J’ai conscience qu’en moi, c’est-à-dire dans ma chair, n’habite pas le bien ; le vouloir est à ma portée, mais non l’accomplissement du bien... je remarque, dans mes membres, une loi qui contrarie la loi de mon esprit et me tient captif sous la loi du péché qui règne dans mes membres. Malheureux homme que je suis ! Qui me délivrera de ce corps de mort ? » (Rom, VII, 14 sq.). Mais saint Paul ne laisse pas de nous donner cette saisissante réponse : « Grâces soient rendues à Dieu par Jésus-Christ Notre-Seigneur ! »

b) Le Christ est notre Sauveur, il est le grand médecin de notre âme, il la connaît à fond. Il connaît le siège et la gravité du mal, il connaît aussi le vrai remède. C’est pourquoi, pendant ses jours terrestres, il a opéré tant de guérisons, afin de nous montrer que, dans son Église, il guérirait les âmes malades. Les guérisons des malades sont le symbole de l’action salutaire par laquelle il guérit les âmes. Le divin médecin ne s’est pas contenté de prescrire les antidotes, il a commencé par les employer lui-même. A notre mal principal, l’amour-propre, il a oppose l’humilité. L’humilité est le trait principal de son action rédemptrice, « il a été obéissant jusqu’à la mort, jusqu’à la mort de la Croix. » A notre intelligence obscurcie, il a apporté le « sel de la sagesse céleste », de sa doctrine sublime ; à notre volonté affaiblie, il a donné la force de ses sacrements. Bien plus, le divin médecin meurt lui-même, afin de donner, dans son corps et dans son sang, la vie à ceux qui meurent. L’Eucharistie est pour l’âme le plus grand remède.

c) La guérison s’opère lentement ; le convalescent a besoin de soins compatissants. Or l’Église est la maison hospitalière de l’âme malade. Nous n’avons qu’à regarder pour constater que toutes les institutions de l’Église tendent à donner des soins patients et charitables à l’âme malade, et à la guérir. Pensons seulement à la discipline pénitentiaire qui est plutôt une cure de l’âme qu’un jugement. Comme l’Église sait bien, dans ses fêtes et ses temps liturgiques, traiter et soigner l’âme ! Le Carême est un temps de cure pendant lequel on attaque à fond le mal. La messe est, chaque jour, l’heure de consultation du divin médecin. Les nombreuses bénédictions de l’Église sont autant de secours qui doivent aider l’âme à se guérir. L’Église ne cherche pas autre chose, depuis notre baptême jusqu’à notre mort, que notre « salut » (c’est-à-dire la santé de notre âme). A la mort, nous devons présenter notre âme en bonne santé devant notre Sauveur.

[1] Et ils le prièrent pour elle. Alors, debout auprès d’elle, il commanda à la fièvre, et la fièvre la quitta. Et se levant aussitôt, elle les servait. Lorsque le soleil fut couché, tous ceux qui avaient des malades atteints de diverses maladies les lui amenaient. Et lui, imposant les mains sur chacun d’eux, les guérissait. Et les démons sortaient d’un grand nombre, criant et disant : « Vous êtes le Fils de Dieu. » Mais il les menaçait, et il ne leur permettait pas de dire qu’ils savaient qu’il était le Christ. Lorsqu’il fut jour, il sortit et alla dans un lieu désert ; et les foules le cherchaient, et elles vinrent jusqu’à lui, et elles voulaient le retenir, de peur qu’il ne les quittât. Il leur dit : « Il faut que j’annonce aussi aux autres villes la bonne nouvelle du royaume de Dieu ; car c’est pour cela que j’ai été envoyé. » Et il prêchait dans les synagogues de Galilée.

[2] Gen 37,18

[3] Gen 37, 4

[4] Ps 32, 3

[5] Col 3, 9

[6] Gen 37, 26

[7] Gen 37, 28

[8] Johan. IV, 24.

[9] Isai. XXXIX, 13.