Textes de la Messe |
Office |
Dom Guéranger, l’Année Liturgique |
Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum |
Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique |
Ant. ad Introitum. Ps. 26, 8 et 9. | Introït |
Tibi dixit cor meum, quæsívi vultum tuum. vultum tuum, Dómine, requíram : ne avértas fáciem tuam a me. | Mon cœur vous a dit : Mes yeux vous ont cherché, votre visage, Seigneur, je le chercherai. Ne détournez pas de mol votre face. |
Ps. ibid., 1. | |
Dóminus illuminátio mea, et salus mea : quem timébo ? | Le Seigneur est ma lumière et mon salut ; qui craindrai-je ? |
V/.Glória Patri. | |
Oratio. | Collecte |
Pérfice, quǽsumus, Dómine, benignus in nobis observántiæ sanctæ subsídium : ut, quæ te auctóre faciénda cognóvimus, te operánte impleámus. Per Dóminum. | Nous vous supplions, Seigneur, de continuer à nous assister avec bonté, dans l’observation de ce saint jeûne ; afin qu’ayant appris de vous-même ce que nous avons à faire, nous l’accomplissions par le secours de votre grâce. Par Notre-Seigneur Jésus-Christ. |
Léctio libri Regum. | Lecture du livre des Rois. |
3 Reg. 17, 8-16. | |
In diébus illis : Factus est sermo Dómini ad Elíam Thesbíten, dicens : Surge et vade in Saréphta Sidoniórum, et manébis ibi : præcépi enim ibi mulíeri víduæ, ut pascat te. Surréxit et ábiit in Saréphta. Cumque venísset ad portam civitátis, appáruit ei múlier vídua cólligens ligna, et vocávit eam, dixítque ei : Da mihi páululum aquæ in vase, ut bibam. Cumque illa pérgeret, ut afférret, clamávit post tergum eius, dicens : Affer mihi, óbsecro, et buccéllam panis in manu tua. Quæ respóndit : Vivit Dóminus, Deus tuus, quia non habeo panem, nisi quantum pugíllus cápere potest farínæ in hýdria, et páululum ólei in lécytho : en, collige duo ligna, ut ingrédiar, et fáciam illum mihi et fílio meo, ut comedámus et moriámur. Ad quam Elías ait : Noli timére, sed vade, et fac, sicut dixísti : verúmtamen mihi primum fac de ipsa farínula subcinerícium panem párvulum, et affer ad me : tibi autem et fílio tuo fácies póstea. Hæc autem dicit Dóminus, Deus Israël : Hýdria farínæ non defíciet, nec lécythus ólei minuétur, usque ad diem, in qua Dóminus datúrus est plúviam super fáciem terræ. Quæ ábiit, et fecit iuxta verbum Elíæ : et comédit ipse et illa et domus eius : et ex illa die hýdria farínæ non defécit, et lécythus ólei non est imminútus, iuxta verbum Dómini, quod locútus fúerat in manu Elíæ. | En ces jours-là, la parole du Seigneur fut aussi adressée à Élie de Thesbé : Allez à Sarepta des Sidoniens, et demeurez-y ; car j’ai commandé à une femme veuve de vous y nourrir. Élie se leva et s’en alla à Sarepta. Lorsqu’il fut venu à la porte de la ville, il aperçut une femme veuve qui ramassait du bois ; il l’appela et lui dit : Donnez-moi un peu d’eau dans un vase afin que je boive. Tandis qu’elle allait lui en chercher, il lui cria derrière elle : Apportez-moi aussi, je vous prie, une bouchée de pain dans votre main. Elle lui répondit : Vive le Seigneur votre Dieu, je n’ai point de pain ; j’ai seulement dans un pot autant de farine qu’on peut en prendre avec trois doigts, et un peu d’huile dans un petit vase. Je viens ramasser ici deux morceaux de bois pour aller apprêter à manger à moi et à mon fils, afin que nous mourions ensuite. Élie lui dit : Ne craignez point, et faites comme vous avez dit ; mais faites d’abord pour moi, de ce petit reste de farine, un petit pain cuit sous la cendre et apportez-le-moi, et vous en ferez après cela pour vous et pour votre fils. Car voici ce que dit le Seigneur, Dieu d’Israël : La farine qui est dans ce pot ne manquera point, et l’huile qui est dans ce petit vase ne diminuera pas, jusqu’au jour où le Seigneur doit faire tomber la pluie sur la terre. Cette femme s’en alla donc, et fit ce qu’Élie lui avait dit. Et Élie mangea, et elle, et sa maison ; et depuis ce jour, la farine du pot ne manqua point, et l’huile du petit vase ne diminua pas, selon que le Seigneur l’avait prédit par Élie. |
Graduale. Ps. 54, 23, 17, 18 et 19. | Graduel |
Iacta cogitátum tuum in Dómino, et ipse te enútriet. | Jette ta pensée dans le Seigneur, et lui-même te nourrira. |
V/. Dum clamárem ad Dóminum, exaudívit vocem meam ab his, qui appropínquant mihi. | Lorsque je criais vers le Seigneur, il a exaucé ma voix contre ceux qui m’entourent pour me perdre. |
+ Sequéntia sancti Evangélii secundum Matthǽum. | Lecture du Saint Evangile selon saint Mathieu. |
Matth. 23, 1-12. | |
In illo témpore : Locútus est Iesus ad turbas et ad discípulos suos, dicens : Super cáthedram Moysi sedérunt scribæ et pharisǽi. Omnia ergo, quæcúmque díxerint vobis, serváte et fácite : secúndum ópera vero eórum nolíte fácere : dicunt enim, et non fáciunt. Alligant enim ónera grávia et importabília, et impónunt in húmeros hóminum : dígito autem suo nolunt ea movére. Omnia vero ópera sua fáciunt, ut videántur ab homínibus : dilátant enim phylactéria sua, et magníficant fímbrias. Amant autem primos recúbitus in cenis, et primas cáthedras in synagógis, et salutatiónes in foro, et vocári ab homínibus Rabbi. Vos autem nolíte vocári Rabbi : unus est enim Magíster vester, omnes autem vos fratres estis. Et patrem nolíte vocáre vobis super terram, unus est enim Pater vester, qui in cælis est. Nec vocémini magístri : quia Magíster vester unus est, Christus. Qui maior est vestrum, erit miníster vester. Qui autem se exaltáverit, humiliábitur : et qui se humiliáverit, exaltábitur. | En ce temps-là, Jésus parla aux foules et à ses disciples en disant : Les scribes et les pharisiens sont assis sur la chaire de Moïse. Observez donc et faites tout ce qu’ils vous disent ; mais n’agissez pas selon leurs œuvres, car ils disent, et ils ne font pas. Ils lient des fardeaux pesants et insupportables, et ils les mettent sur les épaules des hommes ; mais ils ne veulent pas les remuer du doigt. Ils font toutes leurs actions pour être vus des hommes ; c’est pourquoi ils portent de larges phylactères et de longues franges. Ils aiment les premières places dans les festins, et les premières chaires dans les synagogues, et à être salués dans les places publiques, et à être appelés Rabbi par les hommes. Mais vous, ne vous faites point appeler Rabbi, car vous n’avez qu’un seul Maître, et vous êtes tous frères. Et ne donnez à personne sur la terre le nom de père, car vous n’avez qu’un seul Père, qui est dans les cieux. Et qu’on ne vous appelle point maîtres, car vous n’avez qu’un seul Maître, le Christ. Celui qui est le plus grand parmi vous, sera votre serviteur. Quiconque s’élèvera, sera humilié, et quiconque s’humiliera, sera élevé. |
Ant. ad Offertorium. Ps. 50, 3. | Offertoire |
Miserére mei, Dómine, secúndum magnam misericórdiam tuam : dele, Dómine, iniquitátem meam. | Ayez pitié de moi, ô Dieu, selon votre grande miséricorde ; Seigneur, effacez mon iniquité. |
Secreta. | Secrète |
Sanctificatiónem tuam nobis, Dómine, his mystériis operáre placátus : quæ nos et a terrénis purget vítiis, et ad cæléstia dona perdúcat. Per Dóminum. | Faites, dans votre bienveillance, Seigneur, que votre œuvre de sanctification s’accomplisse en nous au moyen de ces mystères en sorte_ qu’elle nous purifie de nos inclinations terrestres et nous conduise aux dons célestes. Par N.-S. |
Præfatio de Quadragesima. | Préface du Carême . |
Ant. ad Communionem. Ps. 9, 2-3. | Communion |
Narrábo ómnia mirabília tua : lætábor, et exsultábo in te : psallam nómini tuo, Altíssime. | Je raconterai toutes vos merveilles. En vous, je me réjouirai et me livrerai à l’allégresse ; je chanterai votre nom, ô Très-Haut. |
Postcommunio. | Postcommunion |
Ut sacris, Dómine, reddámur digni munéribus : fac nos tuis, quǽsumus, semper obœdíre mandátis. Per Dóminum nostrum. | Pour que nous soyons rendus dignes de vos dons sacrés, faites, nous vous en supplions, Seigneur, que nous obéissions toujours à vos commandements. Par N.-S. |
Super populum : Orémus. Humiliáte cápita vestra Deo. | Sur le peuple : Prions. Humiliez vos têtes devant Dieu. |
Oratio. | Prière |
Propitiáre, Dómine, supplicatiónibus nostris, et animárum nostrárum medére languóribus : ut, remissióne percépta, in tua semper benedictióne lætámur. Per Dóminum. | Écoutez favorablement nos supplications, ô Seigneur, et guérissez les maux de nos âmes, afin qu’ayant reçu votre pardon, nous nous réjouissions sans cesse grâce à votre bénédiction. Par Notre-Seigneur Jésus-Christ. |
A MATINES
Ex more docti mýstico (matines du Carême)
Lectio i | 1ère leçon |
Léctio sancti Evangélii secúndum Matthǽum. | Lecture du saint Évangile selon saint Matthieu. |
Cap. 23, 1-12 | |
In illo témpore : Locútus est Iesus ad turbas, et ad discípulos suos, dicens : Super cáthedram Móysi sedérunt scribæ et pharisǽi. Omnia ergo quæcúmque díxerint vobis, serváte, et fácite : secúndum ópera vero eórum nolíte fácere. Et réliqua. | En ce temps-là, Jésus, s’adressant aux foules et à ses disciples, leur dit : « Les scribes et les pharisiens enseignent dans la chaire de Moïse. Pratiquez donc et observez tout ce qu’ils peuvent vous dire. Mais n’agissez pas d’après leurs actes ». Et le reste. [1] |
Homilía sancti Hierónymi Presbýteri | Homélie de saint Jérôme, prêtre |
Liber 4 Comment. in cap. 23 Matth. | |
Quid mansuétius, quid benígnius Dómino ? Tentátur a pharisǽis, confringúntur insídiæ eórum, et secúndum Psalmístam : Sagíttæ parvulórum factæ sunt plagæ eórum : et nihilóminus propter sacerdótii et nóminis dignitátem hortátur pópulos, ut subiciántur eis, non ópera, sed doctrínam consíderantes. Quod autem ait, Super cáthedram Móysi sedérunt scribæ et pharisǽi : per cáthedram, doctrínam Legis osténdit. Ergo et illud quod dícitur in Psalmo : In cáthedra pestiléntiæ non sedit : et, Cáthedras vendéntium colúmbas evértit : doctrínam debémus accípere. | Est-il douceur, est-il bonté plus grande que celle du Seigneur ? Les pharisiens le tentent, leurs pièges s’écroulent, et selon les mots du psalmiste : « Dieu leur a tiré une flèche, soudaines ont été leurs blessures » [2] et néanmoins, par respect pour la dignité de leur sacerdoce et de leur titre, il exhorte les foules à leur être soumises, en considérant non leurs œuvres, mais leur doctrine. En disant : « Les scribes et les pharisiens se sont installés dans la chaire de Moïse », il désigne par le mot « chaire » l’enseignement de la loi. Et ce qui est dit dans le psaume : « Il ne s’est pas assis dans la chaire de pestilence » [3], et « Il renversa les chaires des marchands de colombes » [4], nous devons le comprendre dans le sens de la doctrine. |
R/. Dum exíret Iacob de terra sua, vidit glóriam Dei, et ait : Quam terríbilis est locus iste ! * Non est hic áliud, nisi domus Dei, et porta cæli. | R/. Tandis que Jacob [5] s’en allait de son pays, il vit la gloire de Dieu et dit : Qu’il est terrible ce lieu-ci ! * Ce n’est autre chose que la maison de Dieu et la porte du ciel. |
V/. Vere Deus est in loco isto, et ego nesciébam. | V/. Vraiment Dieu est en ce lieu, et je ne le savais pas. |
R/. Non est hic áliud, nisi domus Dei, et porta cæli. | R/. Ce n’est autre chose que la maison de Dieu et la porte du ciel. |
Lectio ii | 2e leçon |
Alligant enim ónera grávia et importabília, et impónunt in húmeros hóminum, dígito autem suo nolunt ea movére. Hoc generáliter advérsus omnes magístros, qui grávia iubent, et minóra non fáciunt. Notándum autem, quod et húmeri, et dígitus, et ónera, et víncula quibus alligántur ónera, spirituáliter intelligénda sunt. Omnia vero ópera sua fáciunt, ut videántur ab homínibus. Quicúmque ígitur ita facit quódlibet, ut videátur ab homínibus, scriba et pharisǽus est. | « Ils attachent des fardeaux pesants et les mettent sur les épaules des hommes mais eux-mêmes ne veulent pas les remuer du doigt. » Ceci s’adresse d’une manière générale à tous les maîtres qui commandent des choses pesantes et n’en font pas de moindres. Notons d’ailleurs que les mots épaules, doigts, fardeaux et liens qui servent à fixer les fardeaux doivent s’entendre au sens spirituel. « Toutes leurs actions, ils les font pour être vus des hommes. » Ainsi quiconque agit en quoi que ce soit pour être vu des hommes est un scribe et un pharisien. |
R/. Si Dóminus Deus meus fúerit mecum in via ista, per quam ego ámbulo, et custodíerit me, et déderit mihi panem ad edéndum, et vestiméntum quo opériar, et revocáverit me cum salúte : * Erit mihi Dóminus in refúgium, et lapis iste in signum. | R/. Si le Seigneur mon Dieu [6] est avec moi dans le chemin par lequel je marche, s’il me garde et me donne du pain pour me nourrir, et des vêtements pour me couvrir, et s’il me ramène heureusement ; * Le Seigneur me sera un refuge et cette pierre comme un monument. |
V/. Surgens ergo mane Iacob, tulit lápidem quem supposúerat cápiti suo, et eréxit in títulum, fundénsque óleum désuper, dixit. | V/. Se levant donc le matin, Jacob prit la pierre qu’il avait mise sous sa tête et l’érigea en monument, répandant de l’huile dessus et dit. |
R/. Erit mihi Dóminus in refúgium, et lapis iste in signum. | R/. Le Seigneur me sera un refuge et cette pierre comme un monument. |
Lectio iii | 3e leçon |
Dilátant enim phylactéria sua, et magníficant fímbrias. Amant quoque primos recúbitus in cœnis, et primas cáthedras in synagógis, et salutatiónes in foro, et vocári ab homínibus Rabbi. Væ nobis míseris, ad quos pharisæórum vítia transiérunt. Dóminus cum dedísset mandáta Legis per Móysen, ad extrémum íntulit : Ligábis ea in manu tua, et erunt immóta ante óculos tuos. Et est sensus : Præcépta mea sint in manu tua, ut ópere compleántur : sint ante óculos tuos, ut die ac nocte meditéris in eis. Hoc pharisǽi male interpretántes, scribébant in membránis decálogum Móysi, id est, decem verba Legis, complicántes ea et ligántes in fronte, et quasi corónam cápiti faciéntes : ut semper ante óculos moveréntur. | « Ils portent de larges phylactères et de longues franges, ils aiment la première place dans les banquets, les premiers sièges dans les synagogues, les salutations sur les places publiques, et qu’on les appelle ‘Rabbi’. » Malheur à nous, misérables ! à qui sont passés les vices des pharisiens. Quand le Seigneur eut donné par l’intermédiaire de Moïse les commandements de la loi, il conclut [7] : « Tu les attacheras à ta main et sur ton front comme un bandeau. » En voici le sens : Que mes préceptes soient dans ta main pour que tu les réalises dans tes actes ; qu’ils soient sur ton front pour que tu les médites jour et nuit. Les pharisiens ont mal interprété ; ils se sont mis à écrire le Décalogue de Moïse, c’est-à-dire les dix paroles de la loi, sur des bouts de parchemins qu’ils pliaient et attachaient à leur front pour s’en faire comme une couronne sur leur tête : ils les emportaient toujours avec eux sur leur front. |
R/. Erit mihi Dóminus in Deum, et lapis iste quem eréxi in títulum, vocábitur domus Dei : et de univérsis quæ déderis mihi, * Décimas et hóstias pacíficas ófferam tibi. | R/. Le Seigneur sera mon Dieu [8], et cette pierre que j’ai érigée en monument sera appelée la maison de Dieu [9] ; et de tout ce que vous m’aurez donné. * Je vous offrirai la dîme et des hosties pacifiques. |
V/. Si revérsus fúero próspere ad domum patris mei. | V/. Si je retourne heureusement à la maison de mon père. |
* Décimas et hóstias pacíficas ófferam tibi. Glória Patri. * Décimas et hóstias pacíficas ófferam tibi. | * Je vous offrirai la dîme et des hosties pacifiques. Gloire au Père. * Je vous offrirai la dîme et des hosties pacifiques. |
A LAUDES
O sol salútis, íntimis (laudes du Carême)
Ad Bened. Ant. Unus est * enim magíster vester, qui in cælis est, Christus Dóminus. | Ant. au Bénédictus Un seul est * votre maître, celui qui est dans les cieux, le Christ, le Seigneur. |
AUX VÊPRES
Audi, benígne Cónditor (vêpres du Carême)
Ad Magnificat Ant. Omnes autem * vos fratres estis : et patrem nolíte vocáre vobis super terram : unus est enim Pater vester, qui in cælis est : nec vocémini magístri, quia magíster vester unus est Christus. | Ant. au Magnificat Tous, * vous êtes frères : et n’appelez sur la terre personne votre père : car un seul est votre Père, lequel est dans les cieux : qu’on ne vous appelle pas non plus maître, parce qu’un seul est votre maître, le Christ. |
La Station est dans l’Église de Sainte-Balbine. Cette vierge romaine était fille du tribun Quirinus, qui souffrit le martyre sous le pontificat du pape saint Alexandre, au second siècle. Elle consacra à Dieu sa virginité, et vécut dans les bonnes œuvres jusqu’à son heureuse mort.
LEÇON.
L’instruction des Catéchumènes se poursuit, à l’aide des faits évangéliques qui vont se développant de jour en jour ; et l’Église continue de prendre dans l’Ancien Testament les indices prophétiques qui se réaliseront dans la malédiction des Juifs et la vocation des Gentils. Aujourd’hui, c’est Élie, ce personnage mystérieux qui nous tient fidèle compagnie pendant le Carême ; c’est lui qui vient mettre en action les jugements que Dieu portera un jour sur son peuple ingrat. Une sécheresse de trois ans a réduit aux abois le royaume d’Israël, sans qu’il ait songé à se convertir au Seigneur. Élie cherche encore quelqu’un qui veuille le nourrir. Nourrir le Prophète de Dieu, c’est une grande faveur, car Dieu est avec lui. Cet homme de miracle se dirigera-t-il vers quelque maison du royaume d’Israël ? Passera-t-il dans la terre de Juda ? Non ; il se tourne vers les régions de la gentilité ; c’est au pays de Sidon qu’il se rend, à Sarepta, chez une pauvre veuve. C’est chez cette humble femme qu’il transporte la bénédiction d’Israël. Le Sauveur lui-même a relevé cette circonstance, où paraît si visiblement la justice de Dieu contre les Juifs et sa miséricorde envers nous. « En vérité, je vous le dis, il y avait dans Israël beaucoup de veuves au temps d’Élie ; et cependant il ne fut envoyé à aucune d’elles, mais bien à la veuve de Sarepta, dans la terre de Sidon [10]. »
Cette pauvre femme est donc le type de la gentilité appelée à la foi. Aussi, voyons quels caractères frappants nous présente cette histoire symbolique. Il s’agit d’une veuve sans appui, sans protection ; c’est la gentilité délaissée, n’ayant personne qui la défende contre l’ennemi du genre humain. Pour nourrir la mère et l’enfant, il ne reste plus qu’un peu de farine et un peu d’huile, après quoi il faudra mourir ; c’est l’image de l’affreuse disette de vérités que souffrait le monde païen, dont la vie était près de s’éteindre quand l’Évangile lui fut annoncé. Dans cette extrémité, la veuve de Sarepta reçoit le Prophète avec humanité et confiance ; elle ne doute point de sa parole, et elle est sauvée, elle et son fils. C’est ainsi que la gentilité accueillit les Apôtres, lorsque, secouant la poussière de leurs pieds, ils se virent contraints de tourner le dos à l’infidèle Jérusalem. Nous voyons la veuve tenant dans ses mains deux morceaux de bois ; ce double bois, au jugement de saint Augustin, de saint Césaire d’Arles et de saint Isidore de Séville, échos de la tradition primitive du christianisme, est la figure de la Croix. Avec ce bois, la veuve cuit le pain qui doit la nourrir, parce que c’est de la Croix que procède pour les gentils la nourriture et la vie, par Jésus qui est le Pain vivant. Tandis qu’Israël demeure dans la disette et la sécheresse, l’Église des Gentils ne voit défaillir en son sein ni la farine du froment céleste, ni l’huile, symbole de force et de douceur. Gloire soit donc à Celui qui nous a appelés du sein des ténèbres à l’admirable lumière [11] de la foi ! Mais tremblons à la vue des malheurs que l’abus des grâces a attirés surtout un peuple. Si la justice de Dieu n’a pas reculé devant la réprobation d’une nation, s’arrêtera-t-elle devant notre endurcissement volontaire ?
ÉVANGILE.
Les docteurs de la Loi sont encore assis sur la chaire de Moïse ; Jésus veut qu’on écoute leur enseignement. Mais cette chaire, qui est une chaire de vérité, malgré l’indignité de ceux qui y sont assis, ne restera plus longtemps au sein d’Israël. Caïphe prophétisera encore, parce qu’il est pontife en cette année ; mais sa chaire, qu’il a souillée par d’indignes passions, va bientôt être enlevée et transférée au milieu de la gentilité. Jérusalem, qui aura renié le divin libérateur, va perdre ses honneurs ; et bientôt Rome, le centre de la puissance païenne, verra s’élever dans ses murs cette même chaire qui était la gloire d’Israël, du haut de laquelle se proclamaient les prophéties si visiblement accomplies en Jésus. Cette chaire ne sera plus ébranlée désormais, quelle que soit la fureur des portes de l’enfer ; elle sera toujours l’espoir fidèle des nations qui recevront d’elle l’indéfectible témoignage de la vérité. C’est ainsi que le flambeau de la foi qui luisait dans Jacob a été déplacé, mais ne s’est pas éteint. Jouissons de sa lumière, et méritons par notre humilité que ses rayons viennent toujours jusqu’à nous.
Quelle a été la cause de la perte d’Israël ? Son orgueil. Il s’est complu dans les dons que Dieu avait accumulés sur lui ; il n’a pas voulu reconnaître un Messie dépourvu de toute gloire humaine ; il s’est révolté d’entendre dire à Jésus que les Gentils participeraient au salut, et il a voulu, par le plus grand des forfaits, étouffer cette voix qui lui reprochait la dureté de son cœur. Ces hommes superbes, à la veille du jour de la vengeance divine, que tout leur annonce être prochain, n’ont rien perdu de leur arrogance. C’est toujours le même faste, le même mépris impitoyable pour les pécheurs. Le Fils de Dieu s’est fait le fils de l’homme ; il est notre maître, et c’est lui qui nous sert ; apprenons à cet exemple le prix de l’humilité. Si on nous nomme Maître, si on nous appelle Père, n’oublions pas que nul n’est maître, que nul n’est père que par le Seigneur notre Dieu. Le maître digne de ce nom est celui par la bouche duquel Jésus-Christ enseigne ; et celui-là seul est vraiment père qui reconnaît que son autorité paternelle ne vient que de Dieu ; car, comme le dit l’Apôtre, « c’est du Père de notre Seigneur Jésus-Christ que découle toute paternité au ciel et sur la terre [12] ».
Nous continuons aujourd’hui l’Hymne du prince des poètes chrétiens, que nous avons commencé de lire hier.
HYMNE. | |
Helia tali crevit observantia,
Vetus sacerdos ruris hospes aridi : Fragore ab omni quem remotum, et segregem Sprevisse tradunt criminum frequentiam, Casto fruentem syrtium silentio. | L’observance du jeûne ajouta encore à la grandeur d’Élie, ce vieux prêtre, hôte d’un désert aride. Ce prophète, fuyant le bruit des cités et la vue de tant de crimes, goûtait le tranquille silence de la solitude. |
Sed mox in auras igneis jugalibus,
Curruque raptus evolavit præpeti, Ne de propinquo sordium contagio Dirus quietum mundus afflaret virum, Olim probatis inclytum jejuniis. | Mais bientôt il s’envola dans les airs, entraîné par des chevaux de feu sur un char rapide, de peur que le monde, trop voisin encore, n’exhalât la contagion de ses vices sur cet homme paisible qu’illustrait la rigueur des jeûnes qu’il avait accomplis. |
Non ante cœli Principem septemplicis
Moses tremendi fidus interpres throni Potuit videre, quam decem recursibus Quater volutis sol peragrans sidera, Omni carentem cerneret substantia. | Moïse, fidèle interprète du trône redoutable, ne put contempler le Roi du ciel aux sept régions, avant que le soleil, dans sa course à travers le firmament, ne l’eût revu quarante fois privé de toute nourriture. |
Victus precanti solus in lacrymis fuit :
Nam flendo pernox irrigatum pulverem Humi madentis ore pressit cernuo : Donec loquentis voce præstrictus Dei Expavit ignem non ferendum visibus. | Il priait, et son seul aliment étaient ses larmes. Il veillait, et son front pressait la terre arrosée de ses pleurs, jusqu’à ce que, averti par la voix de Dieu, son regard tremblant se dirigea vers ce feu dont il ne pouvait supporter l’éclat. |
Johannes hujus artis haud minus potens,
Dei perennis præcucurrit Filium, Curvos viarum qui retorsit tramites, Et flexuosa corrigens dispendia, Dedit sequendam calle recto lineam. | Jean, qui fut le précurseur du Fils du Dieu éternel, ne fut pas moins puissant dans le jeûne, lui qui abaissa les sentiers raboteux et redressa les voies tortueuses, enseignant aux hommes la voie droite qu’ils avaient à suivre. |
Hanc obsequelam præparabat nuntius,
Mox affuturo construens iter Deo, Clivosa planis, confragosa ut lenibus Converterentur, neve quidquam devium Illapsa terris inveniret Veritas. | Il préparait à son tour les mortels à l’observance du jeûne, ce messager chargé d’ouvrir un chemin au Dieu qui allait venir, enseignant que les montagnes devaient s’aplanir, les voies rocailleuses s’adoucir, afin que la Vérité, descendant sur la terre, ne rencontrât plus aucun sentier négligé. |
Non usitatis ortus hic natalibus,
Oblita lactis jam vieto in pectore Matris tetendit serus infans ubera : Nec ante partu de senili effusus est, Quam prædicaret Virginem plenam Deo. | Sa naissance eut lieu contre les lois ordinaires de la nature : enfant tardivement mis au jour, il suça les mamelles d’une mère au sein de laquelle le lait était tari ; mais sa vieille mère ne l’avait pas encore mis au jour que déjà l’enfant avait annoncé la Vierge qui portait Dieu. |
Post in patentes ille solitudines,
Amictus hirtis bestiarum pellibus, Setisve tectus, hispida et lanugine, Secessit, horrens inquinari ac pollui Contaminatis oppidorum moribus. | Bientôt il se retira dans un vaste désert ; il se couvrit de peaux de bête au poil dur et hérissé, à la laine grossière, fuyant avec horreur la souillure que produisent les mœurs impures des cités. |
Illic dicata parcus abstinentia,
Potum, cibumque vir severæ industriæ In usque serum respuebat vesperum, Parvum locustis, et favorum agrestium Liquore pastum corpori suetus dare. | Là, se livrant à la règle de l’abstinence, cet homme aux mœurs sévères renvoyait au soir la nourriture et le breuvage, ne donnant à son corps pour aliment que des sauterelles et quelques gouttes de miel sauvage. |
Hortator ille primus et doctor novæ
Fuit salutis : nam sacrato in flumine Veterum piatas lavit errorum notas : Sed tincta postquam membra defæcaverat, Cœlo refulgens influebat Spiritus. | Le premier, il prêcha ; le premier, il enseigna le salut nouveau ; ce fut lui qui clans le fleuve sacre purifia les taches qui longtemps avaient souillé les consciences ; mais s’il lavait ainsi les membres des pécheurs, l’Esprit devait bientôt du haut du ciel répandre ses influences dans leurs cœurs. |
En ce jour, il n’y avait pas de collecte, peut-être parce que la basilique de Sainte-Balbine s’élevait, solitaire, à l’extrémité du mont Aventin, et n’avait dans son voisinage aucune autre église de laquelle pût partir la procession stationnale.
La fondatrice du titulus Balbinae — consacré autrefois au divin Rédempteur, avant qu’il ne prît le nom de la martyre Balbine ensevÉlie dans le cimetière de Prétextât — est peut-être cette même matrone Balbine dont se réclame un terrain de la vaste nécropole de Callixte. Il semble en effet que la liturgie de ce jour, avec l’histoire de la veuve de Sarepta recevant Élie dans sa maison, ait voulu rendre hommage à la foi de cette Balbine qui, au déclin du IVe siècle, transforma son palais en titre et y accueillit le Sauveur.
L’introït est emprunté au psaume 26. L’âme aspire à la contemplation de la face de Dieu, et ne se contente pas d’une connaissance quelconque des vérités éternelles. « Mon cœur vous dit : j’ai cherché votre visage. C’est là tout mon désir ; ah ! ne détournez pas de moi votre face ! » Le désir est excellent, mais combien purs doivent être ces yeux qui souhaitent de fixer la lumière éblouissante de Dieu !
Dans la collecte, on prie Jésus de nous accorder la persévérance dans l’exercice du jeûne que nous avons entrepris, afin que nous puissions conduire à bonne fin une pratique que Lui-même voulut accomplir le premier, pour notre exemple.
La lecture de l’histoire de la veuve de Sarepta de Sidon, est tirée du Livre des Rois (III, XVII, 8-16) et symbolise Jésus Rédempteur qui, rejeté par Israël, est accueilli par la Gentilité, veuve après de nombreux mariages, et jusqu’alors stérile et sans postérité. Quand elle rencontre le prophète, la pauvre femme est en train de ramasser deux morceaux de bois, autant qu’il en faut justement pour le gibet de la croix, puisque c’est dans la croix seulement que Dieu a placé le salut, tant des Juifs que des Gentils.
Le répons est celui qui a déjà été récité le jeudi après les cendres, dont la messe date du temps de Grégoire II ; mais la place primitive du graduel Iacta est dans la liturgie de ce jour.
La lecture évangélique est tirée de saint Matthieu (XXIII, 1-12) et nous avertit de ne pas imiter la vaine gloire des rabbins d’Israël qui faisaient montre de zèle et de sagesse relativement à la Thora uniquement par orgueil, pour occuper les premières places dans les assemblées, pour être honorés et salués par le peuple. Tous nous sommes des disciples à l’école du Christ, et Lui est l’unique et le véritable Maître et Père de nos âmes. Il est vrai que, à cause de Lui, nous faisons aussi l’honneur de ces noms à ceux qui le représentent ici-bas ; mais la vénération que nous professons pour la sainte hiérarchie est comme celle que nous nourrissons envers les images sacrées. Notre culte ne s’arrête pas aux tableaux ni aux statues religieuses, mais il va à ce Dieu qu’ils représentent.
Le verset de l’offertoire est le premier d’un des psaumes pénitentiaux, le 50e : « Ayez pitié de moi, Seigneur ; dans votre infinie miséricorde, effacez mon péché. »
Dans la collecte sur les oblations nous supplions Dieu d’accomplir, au moyen des saints Mystères, l’œuvre de notre sanctification, et, nous purifiant de nos vices, de nous rendre dignes des dons célestes,
Le psaume pour la communion est le 9e avec l’antienne si pleine d’un saint élan : « Je raconterai vos prodiges ; je me réjouirai, j’exulterai en vous ; je chanterai des psaumes à votre nom, ô Très-Haut ! »
La collecte eucharistique de ce jour est fort belle : « Afin de nous rendre dignes de l’oblation sacrée, faites, Seigneur, que nous soyons toujours dociles à vos commandements. »
Dans la bénédiction finale sur le peuple, nous invoquons la pitié divine, pour qu’elle accueille favorablement les vœux de tous et guérisse la langueur de l’esprit ; en sorte que, ayant ainsi obtenu la rémission de nos fautes, nous puissions vraiment nous réjouir des bénédictions divines.
C’est une tendance morbide d’esprits mélancoliques et peu pénétrés par le divin amour, que celle de s’approcher de Jésus en tremblant, comme d’un Juge inexorable et sans pitié. Son Cœur cache au contraire un tel trésor de miséricorde pour nos faiblesses, que personne n’arrivera jamais à le sonder ; plus en effet le péché nous rend misérables, plus Il se sent attiré vers nous par la miséricorde. L’Apôtre disait que le Pontife de notre confession n’est pas de telle nature qu’il ne puisse avoir pitié de nous ; tout différent, pour cette raison, des pharisiens de l’Évangile, qui imposaient au pauvre peuple des charges arbitraires et insupportables, lesquelles, au lieu de pousser les âmes en avant, les écrasaient le long de la route. L’expérience démontre que les méchants, que les plus imparfaits, sont toujours aussi les plus exigeants envers autrui, tandis que les âmes vraiment remplies d’amour de Dieu se montrent pleines de douceur envers le pauvre prochain.
Vous n’avez qu’un Père qui est dans le ciel, Vous n’avez qu’un docteur, le Christ, Vous êtes tous frères.
Aujourd’hui, nous célébrons une messe qui n’est ni une messe de catéchumènes, ni une messe de pénitents. Elle est d’un temps où le catéchuménat n’était plus une institution vivante et où la pénitence ne dominait pas tout le Carême, du temps de la floraison de vie liturgique de communauté (Saint Grégoire le Grand, vers 600). Aussi la messe s’adresse à la communauté des fidèles qui veut se purifier et tendre à la perfection. Pour comprendre cette messe, je me représente une antique mosaïque romaine, dans l’abside : au milieu, on voit le Seigneur dans sa majesté, assis sur la cathèdre, tenant à la main un parchemin (« Vous n’avez qu’un docteur ») ; au-dessus de lui, la main de Dieu (« Vous n’avez qu’un Père »), au-dessous, un troupeau de brebis qui se hâtent vers le Bon Pasteur (« Vous êtes tous frères »). A côté du Seigneur, se tient la sainte de station, sainte Balbine, la vierge sage qui porte à la main sa lampe à huile. C’est, sans doute, cette représentation qui a déterminé le texte de la messe. L’église de station était, de fait, consacrée autrefois au divin Rédempteur, mais elle prit le nom de sa fondatrice, sainte Balbine. Deux thèmes circulent à travers cette messe : le thème de la vie du Christ et le thème de la station.
1. Le thème de la vie du Christ. — Les antiennes du lever et du coucher du soleil sont les suivantes : « Vous n’avez qu’un docteur qui est dans le ciel, le Christ, le Seigneur » (Ant. Benedictus). « Quant à vous, vous êtes tous frères ; et n’appelez personne père sur la terre, car vous n’avez qu’un Père qui est dans le ciel ; ne vous faites pas appeler docteurs, car vous n’avez qu’un docteur, le Christ » (Ant. Magnificat). Dans ces deux antiennes, la liturgie a, en trois pensées, caractérisé toute la vie avec l’Église : Dieu notre Père, le Christ notre docteur, nous tous frères entre nous.
2. Le thème de la station. — Au sujet de la sainte de station, sainte Balbine, le martyrologe dit le 31 mars : « A Rome, la sainte vierge Balbine ; elle était fille du saint martyr Quirinus et avait reçu le baptême des mains du pape Alexandre. Après sa mort, elle fut ensevÉlie sur la voie Appienne, à côté de son père. » Certainement sainte Balbine fut une de ces vierges charitables de l’ancienne Église, qui consacraient toute leur vie au service du prochain. Peut-être était-ce une diaconesse qui visitait les martyrs dans leur prison, prenait soin de l’église et des prêtres, secourait les pauvres, soignait les malades. L’église de station est un très ancien sanctuaire ; c’est, à proprement parler, un antique atrium romain très bien conservé. Au-dessous du maître-autel, qui est isolé, on conserve, dans une urne antique, les cendres de sainte Balbine qui furent apportées dans cette église en même temps que les reliques de son père, saint Quirinus. C’est là que se rend, aujourd’hui, la famille chrétienne de l’Occident pour la célébration de la messe. L’Église a élevé un monument à la sainte de station dans la personne de la veuve de Sarepta.
3. La messe. (Tibi dixit). — L’Introït est un beau cantique d’entrée. Dans des sentiments de désir ardent, la procession des chrétiens s’approche du sanctuaire où rayonne la face du Seigneur. « Je cherche ton visage... (les fidèles), le Seigneur est ma lumière (les catéchumènes), ne détourne pas de moi ton visage (les pénitents). » Le but de la recherche est Pâques. C’est ce que chante le psaume, en de beaux accents : « Je ne demande qu’une chose au Seigneur : pouvoir demeurer dans la maison de Dieu tous les jours de ma vie, pouvoir goûter l’amabilité du Seigneur et visiter son sanctuaire. » Avec quelle ardeur les pénitents et les catéchumènes devaient réciter cette prière !
La leçon n’est pas, aujourd’hui, un sermon de pénitence, mais une histoire édifiante qui nous présente une aimable figure de femme, la veuve de Sarepta. Cette veuve obéit à la première parole, sacrifie son amour maternel et partage son repas avec un étranger. C’est un exemple d’obéissance dans la foi. Cette histoire comporte un enseignement : L’aumône apporte la bénédiction ; notre vase d’huile et notre mesure de farine ne tariront jamais si nous ne laissons pas notre prochain dans le besoin. La leçon veut donc nous recommander l’aumône de Carême, mais aussi la miséricorde et l’amour du prochain.
Le Graduel est un écho de la leçon : Dieu prend soin de toi ; n’aie pas de soucis anxieux, il te « nourrira » (cette nourriture s’entend dans un double sens, du pain temporel et du pain spirituel).
L’Évangile n’a aucune relation avec la leçon. Le Seigneur se présente encore devant nous. Il est en lutte avec les ténèbres (thème de la Passion). Ce passage est tiré du grand discours de malédiction contre les Pharisiens. Après ce discours, le Christ quitte le temple pour ne jamais y rentrer. Dans ce discours, il nous présente deux images opposées : les Pharisiens et les disciples. Les Pharisiens disent et ne font pas ce qu’ils disent. Il en est tout autrement des disciples : ils doivent être des serviteurs. Le Christ est notre docteur ; Dieu est notre Père. Le chemin de la gloire est celui-ci : « Celui qui s’abaisse... » Le Christ nous précède dans la souffrance, l’humiliation, l’obéissance ; suivons-le, soyons ses disciples.
Sous l’impression de la grave prédication du Seigneur, nous présenterons à l’autel, au moment de l’Offertoire, non pas une offrande, mais notre « cœur contrit et humilié ». Il est rare de voir, à l’Offertoire, le thème de la pénitence (Ps. 50) ressortir d’une manière aussi directe.
A la Communion, nous chantons un cantique fervent d’action de grâces pour la victoire de la Rédemption et nous demandons à Dieu de « garder toujours les commandements ». Comparons l’Introït et la Communion : ce que nous cherchons et implorons dans l’introït, est accompli dans la communion. Nous voyons maintenant la face du Christ.
Dans l’Oraison et la Postcommunion, nous demandons l’accomplissement des commandements du « Docteur » Il y a aussi, dans la messe d’aujourd’hui, un encouragement et une joie pour les catéchumènes. Les plus beaux et les plus héroïques exemples de foi nous sont offerts par le monde païen : la veuve, la Chananéenne le centurion.
4. Le psaume 9. — Le Christ est vainqueur.
Le psaume 9 réunit deux cantiques différents ; le premier est un cantique d’action de grâces et de victoire ; l’autre une lamentation et une prière. (Ces deux cantiques son souvent distingués dans la numérotation). La communion de notre messe indique que nous ne devons envisager, ici, que la première partie :
Je te louerai, Seigneur, de tout mon cœur
et j’annoncerai toutes tes merveilles.
Je me réjouirai et je tressaillirai en toi
et je chanterai ton nom, Ô Très-Haut.Tu as renversé mes ennemis,
ils trébuchent et tombent devant ta face.
Tu as fait triompher mon droit et ma cause,
et tu t’es assis sur le trône en juste juge.
Tu as châtié les nations, tu as fait périr l’impie,
tu as effacé leur nom même pour tous les temps.
L’épée des ennemis est tombée pour toujours,
Tu as mis leurs villes en ruines
et jusqu’à leur souvenir a disparu.Mais Dieu siège à jamais,
il a dressé son trône pour le jugement.
Il juge la terre avec justice,
il dirige les peuples avec droiture.
Le Seigneur est un refuge pour les pauvres,
il aide au temps de la détresse.
C’est pourquoi doivent espérer fermement en toi
ceux qui connaissent ton nom, car tu n’abandonnes jamais ceux qui te cherchent, Seigneur.Louez le Seigneur qui a son trône dans Sion,
Publiez parmi les peuples ses hauts faits.
Car lui, qui venge le sang versé, se souvient des pauvres,
il n’oublie pas leur cri.
C’est pourquoi le Seigneur a eu pitié de moi,
il a vu la détresse où m’ont réduit mes ennemis.
Il m’a retiré des portes de la mort,
afin que je puisse annoncer ses louanges aux portes de Sion.Je tressaille de joie à cause de ton salut :
les nations sont tombées dans la fosse qu’elles ont creusée.
Le lacet qu’elles avaient placé en cachette
a entouré leur propre pied.
Ainsi le Seigneur s’est manifesté comme juge ;
dans l’œuvre de ses propres mains, s’est enlacé l’impie.
Tous les impies descendront aux enfers et tous les peuples qui oublient Dieu.
Car le malheureux n’est pas toujours oublié,
ni l’espérance des pauvres éternellement déçue.Lève-toi, Seigneur, que l’homme ne triomphe pas !
entre en jugement avec les peuples,
Établis sur eux quelqu’un qui les dompte
afin que les peuples sachent qu’ils sont des hommes.
Ordre des idées :
Introduction : Action de grâces à Dieu, 2-3 ; raison : à cause de son secours :
1. Par le triomphe sur les ennemis, 4-7.
— a) Dieu vainqueur, 4 ;
— b) Dieu juge, 5,
— c)Dieu exterminateur, 6-7 ;
2. Par la protection des siens, 8-11 ;
— a) Dieu arbitre du droit, 8-9 ;
— b) Dieu protecteur des petits, 10-11 ;
3. C’est pourquoi nous lui devons remerciement et louange, 12-15 ;
— (le cri de ceux qui souffrent 14-15) ;
4. Châtiment des ennemis, 16-19 ;
Prière finale pour les païens, 20-21.
Application liturgique. — Dans notre prière chrétienne, nous séparons le psaume de ses circonstances historiques pour en faire une prière d’action de grâces, dans laquelle nous remercions Dieu des victoires remportées et du secours accordé dans son royaume. En somme, cette victoire historique n’est qu’une phase du grand combat et de la victoire de Dieu sur ses ennemis. Nous entendons donc le combat et la victoire dans le sens le plus large. Le champ de bataille est la vaste terre et, surtout, le cœur de tout homme. Ce combat durera jusqu’à la fin du monde. Le vainqueur est Jésus-Christ ; il remporte ses victoires dans le monde, dans l’Église, dans les âmes.
[1] « car ils disent et ne font pas. Ils lient de pesants fardeaux et en chargent les épaules des gens ; mais eux-mêmes ne veulent pas les remuer du doigt. Ils agissent toujours pour être remarqués des hommes : ils portent sur eux des phylactères très larges et des franges très longues ; ils aiment les places d’honneur dans les repas, les premiers rangs dans les synagogues, les salutations sur les places publiques, ils aiment recevoir des gens le titre de Rabbi. Pour vous, ne vous faites pas donner le titre de Rabbi, car vous n’avez qu’un seul enseignant, et vous êtes tous frères. Ne donnez à personne sur terre le nom de père, car vous n’avez qu’un seul Père, celui qui est aux cieux. Ne vous faites pas non plus appeler maîtres, car vous n’avez qu’un seul maître, le Christ. Le plus grand parmi vous sera votre serviteur. Qui s’élèvera sera abaissé, qui s’abaissera sera élevé. »
[2] Ps 63, 8
[3] Ps 1, 1
[4] Mc 11, 15
[5] Gen. 28, 17
[6] Gen. 28, 20
[7] Deut 6, 8
[8] Gen. 28, 21
[9] « Voici le sens de ce texte : Je promets au Seigneur de l’honorer par un culte plus grand et plus spécial à l’avenir, et le lieu dans lequel se trouve cette pierre, lieu sanctifié par la présence de Dieu et de ses Anges, je veux qu’il soit considéré comme sanctifié. Sur cette pierre, comme sur un autel, j’offrirai des sacrifices à Dieu. »(Corn. a Lap.)
[10] Luc. IV, 25.
[11] I Petr. II, 9.
[12] Eph. III, 14.