Accueil - Missel - Sanctoral

01/08 Sts Machabées, martyrs

Version imprimable de cet article Version imprimable Partager


Sommaire

  Textes de la Messe  
  Office  
  Dom Guéranger, l’Année Liturgique  
  Bhx cardinal Schuster, Liber Sacramentorum  
  Dom Pius Parsch, Le guide dans l’année liturgique  

L’Église commémore les 7 frères Machabées, vénérés à Antioche jusqu’aux invasions musulmanes. Leur témoignage de fidélité à la loi du Seigneur est rapporté au Livre des Machabées (chapitre 7). Mis à mort sous Antiochus Épiphane (en 168 avant Jésus-Christ), leur culte est attesté en Orient dès le IVème siècle. A Rome, on vénère leurs reliques dans la basilique de St-Pierre-aux-Liens, dont la dédicace est célébrée en ce jour (la fête de St Pierre aux Liens fut supprimée du calendrier Romain par Jean XXIII en 1960)

« Au temps de saint Léon le Grand on célébrait aujourd’hui sur l’Esquilin un double anniversaire, celui de la basilique des Apôtres, dédiée par le pape Xyste III (432-440) aux saints Pierre et Paul, et celui du martyre des sept Frères juifs mis à mort sous Antiochus Épiphane selon le 2e livre des Maccabées [1] : Duplex enim causa laetitiae est : in qua et natalem ecclesiæ colimus, et martyrum passione gaudemus [2], dit le pape au début de son homélie [3], mais il consacre toute celle-ci à traiter des Maccabées. D’ailleurs, selon lui, la fête des Maccabées était antérieure à la dédicace de la basilique. Il évoque, en effet, le souvenir de son prédécesseur, qui hoc die antiquam festivitatem huius loci consecratione geminavit [4]. Il est donc certain que, dès le début du Ve siècle, on fêtait les sept Martyrs juifs à Rome, comme on le faisait à Jérusalem et dans tout le monde chrétien. Quant à la date du 1er août, elle est attestée au IVe siècle par le martyrologe de Nicomédie, qui annonce leur déposition à Antioche. Le Hiéronymien donne la même date, ainsi que le calendrier de Carthage et divers calendriers orientaux.

La basiliques des Apôtres devait recevoir le nom de Saint-Pierre-aux-liens moins d’un siècle après sa dédicace. Bien qu’en 595 elle porte encore le vocable de Titulus Apostolorum, au temps du pape Symmaque (498-514) il est question des prêtres a vincula sancti Petri [5]. C’est qu’on y vénérait déjà les chaînes de saint Pierre. Les témoins liturgiques de la commémoration des Maccabées et de Saint-Pierre-aux-liens ont deux siècles de retard sur les documents qu’on vient de citer. La fête des Maccabées apparaît dans le sacramentaire gélasien, celle de Saint-Pierre-aux-liens dans l’évangéliaire du milieu du VIIIe siècle et l’Hadrianum. Les sacramentaires gélasiano-francs du VIIIe siècle semblent avoir conservé une rubrique ancienne dans leur intitulé de la double fête : Statio ad sanctum Petrum ad vincula, quando catenae eius osculantur. Ipso die natale Machabaeorum [6]. L’évangéliaire romain du IXe siècle annonce plus succinctement : Ad vincula. Machabaeorum [7]. La fête de saint Pierre et celle des sept Martyrs, auxquels on ajoute parfois la mention de leur mère, étaient donc depuis longtemps traditionnelles au 12e siècle » [8].

Textes de la Messe

die 1 augusti
le 1er août
Ss MACHABÆORUM
LES Sts MACHABÉES
Martyrum
Martyrs
Commemoratio
Commémoraison
Ant. ad Introitum. Ps. 33, 18.Introït
Clamavérunt iusti, et Dóminus exaudívit eos : et ex ómnibus tribulatiónibus eórum liberávit eos.Les justes ont crié, et le Seigneur les a exaucés : et il les a libérés de toutes leurs tribulations.
Ps. ibid., 2.
Benedícam Dóminum in omni témpore : semper laus eius in ore meo.Je bénirai le Seigneur en tout temps : toujours sa louange sera à ma bouche.
V/. Glória Patri.
Oratio.Collecte
Fratérna nos, Dómine, Mártyrum tuórum coróna lætíficet : quæ et fídei nostræ prǽbeat increménta virtútum ; et multíplici nos suffrágio consolétur. Per Dóminum.Faites, Seigneur, que la couronne fraternelle de vos Martyrs soit une source de joie : qu’elle procure à notre foi une augmentation de force, et qu’elle nous console par ces intercessions multiples.
Léctio Epístolæ beáti Pauli Apóstoli ad Hebrǽos.Lecture de l’Épître de saint Paul Apôtre aux Hébreux.
Hebr. 11, 33-39.
Fratres : Sancti per fidem vicérunt regna, operáti sunt iustítiam, adépti sunt repromissiónes, obturavérunt ora leónum, exstinxérunt ímpetum ignis, effugérunt áciem gládii, convaluérunt de infirmitáte, fortes facti sunt in bello, castra vertérunt exterórum : accepérunt mulíeres de resurrectióne mórtuos suos : álii autem disténti sunt, non suscipiéntes redemptiónem, ut meliórem invenírent resurrectiónem : álii vero ludíbria et vérbera expérti, ínsuper et víncula et cárceres : lapidáti sunt, secti sunt, tentári sunt, in occisióne gládii mórtui sunt : circuiérunt in melótis, in péllibus caprínis, egéntes, angustiáti, afflicti : quibus dignus non erat mundus : in solitudínibus errántes, in móntibus et spelúncis et in cavérnis terræ. Et hi omnes testimónio fídei probáti, invénti sunt in Christo Iesu, Dómino nostro.Mes Frères : les Saints, par la foi, ont conquis des royaumes, exercé la justice, obtenu l’effet des promesses, fermé la gueule des lions, éteint la violence du feu, échappé au tranchant de l’épée, triomphé de la maladie, déployé leur vaillance à la guerre, mis en fuite des armées ennemis ; par eux des femmes ont recouvré leurs morts ressuscités. Les uns ont péri dans les tortures, refusant la délivrance afin d’obtenir une meilleure résurrection ; d’autres ont souffert les moqueries et les verges ; de plus, les chaînes et les cachots ; ils ont été lapidés, sciés, éprouvés ; ils sont morts par le tranchant de l’épée ; ils ont erré çà et là, couverts de peaux de brebis et de chèvres, dénués de tout, persécutés, maltraités, eux dont le monde n’était pas digne ; Ils ont été errants dans les déserts et les montagnes, dans les cavernes et dans les antres de la terre. Et tous ceux-là ont obtenu un bon témoignage à cause de leur foi en Jésus-Christ.
Graduale. Ps. 132, 1-2.Graduel
Ecce, quam bonum et quam iucundum, habitáre fratres in unum !Voyez comme il est bon et agréable pour des frères d’habiter ensemble !
V/. Sicut unguéntum in cápite, quod descéndit in barbam, barbam Aaron.V/. C’est comme le parfum répandu sur la tête, qui descend sur la barbe, la barbe d’Aaron.
Allelúia, allelúia. V/. Hæc est vera fratérnitas, quæ vicit mundi crímina : Christum secuta est, ínclita tenens regna cæléstia. Allelúia.Allelúia, allelúia. V/. C’est la vraie fraternité qui a vaincu les crimes du monde : ils ont suivi le Christ et possèdent la gloire du Royaume céleste. Alléluia.
+ Sequéntia sancti Evangélii secúndum Lucam.Suite du Saint Évangile selon saint Luc.
Luc. 12, 1-8.
In illo témpore : Dixit Iesus discípulis suis : Atténdite a ferménto pharisæórum, quod est hypócrisis. Nihil autem opértum est, quod non revelétur : neque abscónditum, quod non sciátur. Quóniam, quæ in ténebris dixístis, in lúmine dicéntur : et quod in aurem locuti estis in cubículis, prædicábitur in tectis. Dico autem vobis amícis meis : Ne terreámini ab his, qui occídunt corpus, et post hæc non habent ámplius quid fáciant. Osténdam autem vobis, quem timeátis : timéte eum, qui, postquam occídent, habet potestátem míttere in gehénnam. Ita dico vobis : hunc timéte. Nonne quinque pásseres véneunt dipóndio, et unus ex illis non est in oblivióne coram Deo ? Sed et capílli cápitis vestri omnes numerári sunt. Nolíte ergo timére : multis passéribus pluris estis vos. Dico autem vobis : Omnis, quicúmque conféssus fúerit me coram homínibus, et Fílius hóminis confiténtur illum coram Angelis Dei.En ce temps-là : Jésus dit à ses disciples : Gardez-vous du levain des pharisiens, qui est l’hypocrisie. Il n’y a rien de secret qui ne doive être découvert, ni rien de caché qui ne doive être connu. Car, ce que vous avez dit dans les ténèbres, on le dira dans la lumière ; et ce que vous avez dit à l’oreille, dans les chambres, sera prêché sur les toits. Je vous dis donc à vous, qui êtes mes amis : ne craignez point ceux qui tuent le corps, et qui, après cela, ne peuvent rien faire de plus. Mais je vous montrerai qui vous devez craindre : craignez celui qui, après avoir tué, a le pouvoir de jeter dans la géhenne. Oui, je vous le dis, celui-là, craignez-le. Cinq passereaux ne se vendent-ils pas deux as ? Et pas un d’eux n’est en oubli devant Dieu. Les cheveux même de votre tête sont tous comptés. Ne craignez donc point ; vous valez plus que beaucoup de passereaux. Or, je vous le dis, quiconque me confessera devant les hommes, le Fils de l’homme le confessera aussi devant les anges de Dieu.
Ant. ad Offertorium. Ps. 149, 5-6.Offertoire
Exsultábunt Sancti in glória, lætabúntur in cubílibus suis : exaltatiónes Dei in fáucibus eórum, allelúia. Les Saints tressailliront dans la gloire, ils se réjouiront sur leurs couches. Les louanges de Dieu seront dans leur bouche, alléluia.
SecretaSecrète
Mystéria tua, Dómine, pro sanctórum Martyrum tuórum honóre, devóta mente tractémus : quibus et præsídium nobis crescat et gáudium. Per Dóminum.Puissions-nous, Seigneur, célébrer avec dévotion vos mystères, en l’honneur de vos saints Martyrs, et grâce à eux, obtenir de plus en plus votre protection et la vraie joie.
Ant. ad Communionem. Luc. 12, 4.Communion
Dico autem vobis amícis meis : Ne terreámini ab his, qui vos persequúntur.Je vous dis donc à vous qui êtes mes amis : Ne craignez pas ceux qui vous persécutent.
PostcommunioPostcommunion
Præsta, quǽsumus, omnípotens Deus : ut, quorum memóriam sacraménti participatióne recólimus, fidem quoque proficiéndo sectémur. Per Dóminum.Faites, nous vous en prions, Dieu, tout-puissant, que nous imitions par nos progrès dans la foi ceux dont nous honorons la mémoire en participant à ce sacrement.

Office

Leçon des Matines avant 1960.

Aux Matines de la fête de St Pierre aux Liens, les Machabées étaient commémorées par la neuvième lecture.

Sermon de saint Grégoire de Nazianze.

Neuvième leçon. Que dirai-je des Machabées ? Car c’est pour célébrer le jour de fête consacré à leur mémoire qu’il y a ici une telle affluence. Bien que leur culte ne soit pas établi en certains lieux, parce qu’ils n’ont pas soutenu leur combat après la venue du Christ, ils méritent cependant que tout le monde honore la générosité et la constance qu’ils ont montrées à observer les lois et les coutumes de leurs ancêtres. Puisqu’ils ont enduré le martyre avant la passion de Jésus-Christ, que n’auraient-ils point fait, s’ils avaient été persécutés après Jésus-Christ, avec l’exemple de la mort qu’il a soufferte pour notre salut ? Si telle a été leur vertu en l’absence de tout modèle, ne seraient-ils pas descendus avec plus d’ardeur dans la lice, ayant sous les yeux l’exemple du Sauveur ? Et même une raison mystérieuse et intime, très plausible pour moi et qui doit l’être à toutes les personnes qui aiment Dieu, porte à croire qu’aucun de ceux qui furent couronnés du martyre avant la venue de Jésus-Christ, n’a pu obtenir cette gloire que par la foi en Jésus-Christ.

Dom Guéranger, l’Année Liturgique

Tandis qu’ici-bas l’Église, inaugurant ces jours bénis, se pare de la chaîne de Pierre comme de son joyau le plus précieux, pour la troisième fois le septénaire brille au ciel. Dans l’arène sanglante, les sept Frères Machabées ont précédé les fils de Symphorose et de Félicité ; ils ont suivi la Sagesse avant qu’elle eût manifesté dans la chair ses attraits divins. La cause sacrée dont ils furent les athlètes, leur force d’âme dans les tourments, leurs sublimes réponses aux bourreaux, offrirent à tel point le type reproduit depuis par tous les Martyrs, qu’on vit les Pères, aux premiers siècles de l’Église chrétienne, revendiquer pour elle tout d’une voix ces héros de la synagogue qui n’avaient puisé leur courage que dans la foi au Christ attendu. Seuls aussi, de tous les saints personnages de l’ancienne alliance, ils trouvèrent place pour cette raison au Cycle chrétien ; tous les martyrologes, les fastes de l’Orient comme de l’Occident, attestent l’universalité de leur culte ; et telle est son antiquité que, dans la basilique Eudoxienne qui garde également à Rome leurs restes précieux, elle le dispute à l’antiquité même du culte rendu aux liens sacrés du Prince des Apôtres.

Au temps où dans l’espoir d’une résurrection meilleure [9], ils refusaient sous l’assaut des tourments de racheter leur vie, d’autres héros du même sang, s’inspirant d’une même foi, couraient aux armes et délivraient leur pays d’une crise terrible. Plusieurs enfants d’Israël, oublieux des traditions de leur peuple, avaient ambitionné pour lui les mœurs des nations étrangères ; et le Seigneur, pour châtiment, avait laissé peser de tout son poids sur la Judée le joug de législation profane qu’elle avait commis la faute de se laisser imposer [10]. Mais lorsque le roi d’alors, Antiochus, exploitant la trahison de quelques-uns, l’insouciance du grand nombre, prétendit par ses ordonnances éliminer la divine loi qui seule donne à l’homme autorité sur l’homme, Israël, réveillé soudain, opposa au tyran la réaction simultanée de la révolte et du martyre. Judas Machabée, en d’immortels combats, revendiquait pour Dieu la terre de son héritage [11] ; tandis que parla vertu de leur généreuse confession, les sept Frères, émules de sa gloire, sauvaient eux aussi la loi, comme dit l’Écriture, de l’asservissement des nations et des rois [12]. Bientôt demandant grâce sous la main du Seigneur Dieu sans pouvoir l’obtenir [13], Antiochus mourait dévoré des vers comme plus tard devaient aussi mourir le premier persécuteur des chrétiens et le dernier, Hérode Agrippa et Galère Maximien.

L’Esprit-Saint, qui se réservait de transmettre lui-même à la postérité les Actes du protomartyr de la loi nouvelle, n’a point fait autrement pour la passion des glorieux précurseurs d’Etienne aux siècles de l’attente. Au reste, c’était bien lui déjà qui, comme sous la loi d’amour [14], inspirait paroles aussi bien que courage aux vaillants frères, à cette mère plus admirable encore qui, devant ses sept fils livrés l’un après l’autre à d’effroyables tortures, ne trouvait pour chacun d’eux que des exhortations brûlantes à mourir. Entourée de leurs corps affreusement mutilés, elle se riait du tyran dont la fausse pitié voulait du moins qu’elle persuadât au plus jeune de sauver sa vie ; elle se penchait sur ce dernier survivant laissé encore à sa tendresse, et lui disait : « Mon fils, aie pitié de moi qui t’ai porté neuf mois dans mon sein, qui t’ai nourri trois ans de mon lait et élevé jusqu’à cet âge. Je t’en prie, mon enfant : regarde le ciel et la terre et tout ce qu’ils renferment ; comprends que tout cela, Dieu l’a fait de rien aussi bien que les hommes. Ne crains donc pas ce bourreau ; sois digne de tes frères, reçois comme eux la mort, afin que je te retrouve avec eux par la divine bonté qui doit me les rendre ». Et l’intrépide enfant courait dans son innocence au-devant des supplices ; et l’incomparable mère suivait ses fils [15].

Bhx cardinal Schuster, Liber Sacramentorum

Quand, en 1876, furent exécutées, dans la basilique ad Vincula, d’importantes restaurations, on découvrit sous l’autel principal un sarcophage historié, divisé intérieurement en sept loculi au fond desquels on retrouva des cendres et des fragments d’os calcinés. Une inscription, gravée sur une lame de bronze, indiquait qu’il s’agissait des reliques de ces sept frères juifs qui furent mis à mort sous Antiochus Épiphane et furent communément appelés Machabées, nom du livre qui raconte leur héroïque martyre. Au IVe siècle, Antioche revendiquait la possession de leurs tombeaux, quoique saint Jérôme, qui avait déjà vu leurs sépulcres à Modin, n’ait pas accepté sans réserves cette prétention.

La fête des martyrs Machabées est ancienne et quasi universelle. Elle apparaît en ce jour dans le martyrologe syriaque primitif du ive siècle, dans le Calendrier de Carthage, dans le Martyrologe Hiéronymien. Un grand nombre de Pères ont prononcé l’éloge de ces saints ; bien plus, saint Jean Chrysostome fit leur panégyrique en présence de leurs tombes mêmes.

Nous ne savons pas à quelle époque les saintes reliques furent apportées à Rome. Une inscription du XIe ou du XIIe siècle en attribue le mérite au pape Pelage Ier.

PELAGIVS • RVRSVS • SACRAVIT • PAPA • BEATVS CORPORA • SANCTORVM • CONDENS • IBI • MACABEORVM

Quoi qu’il en soit, on voulut choisir le Ier août pour consacrer la basilique ad Vincula, parce qu’on devait déposer sous le nouvel autel les ossements des martyrs Machabées, dont, en ce jour, toutes les Églises orientales célébraient le natale.

La messe est la même que pour les sept Fils de sainte Symphorose le 18 juillet, sauf l’offertoire et la Communion qui sont empruntés à la fête des martyrs Processus et Martinien le 2 juillet.

Les collectes sont les suivantes :

Prière. — « Seigneur, faites que nous soyons secourus par la couronne des sept Frères martyrs ; que celle-ci nous console par leurs nombreux suffrages, en sorte que notre foi s’accroisse dans la multiplication constante de nos actes vertueux ». Sans les œuvres, la foi s’atrophie et meurt ; au contraire, l’exercice des actes vertueux affermit la vertu de la foi, comme l’exercice musculaire fortifie la vigueur des membres.

Sur les oblations. — « Faites que nous célébrions vos mystères avec des dispositions de piété, Seigneur, de manière à mériter secours et consolation ». La dévotion à la divine Eucharistie est aussi une source de sainte joie et de prospérité matérielle, car le contact avec Jésus ne peut pas ne pas être salutaire à l’âme et au corps.

Nous savons en revanche qu’à Corinthe, au temps de saint Paul, ceux qui s’approchaient irrévérencieusement de la sainte Table étaient punis par une mort précoce, par des maladies et autres souffrances physiques. Ideo inter vos multi infirmi et imbecilles, et dormiunt multi [16].

Après la Communion. — « Accordez-nous, Seigneur tout-puissant, d’imiter par une foi de plus en plus vive ceux en mémoire de qui nous avons pris part au Divin Sacrifice ». Dans l’antiquité, on faisait des repas funèbres près des tombeaux, comme pour donner aux survivants le moyen de rester encore dans la compagnie du défunt grâce à ce repas sacré ; ainsi, au moins depuis le IIe siècle, l’Église introduisit l’usage de célébrer l’Eucharistie sur les tombes des Martyrs, afin que les fidèles continuassent en quelque sorte à vivre unis à eux. Aux mets du banquet funèbre fut substitué l’Agneau immaculé, dans lequel tous les membres de l’Église triomphante, souffrante et militante, se réunissent comme un seul corps, sous un même Chef.

Dom Pius Parsch, Le guide dans l’année liturgique

Les saints Macchabées. — Le martyre des sept frères Macchabées et de leur mère eut lieu sous le règne d’Antiochus Épiphane, vers l’an 164 avant Jésus-Christ. La mère soutenant jusqu’à la fin le courage de ses fils nous apparaît surtout d’une admirable intrépidité. Vénérées d’abord à Antioche, les reliques des martyrs furent transportées, au VIe siècle, après la destruction de l’église qui les abritait, à Constantinople, puis à Rome. Le fait a été attesté, au moment de la restauration de l’autel principal de Saint-Pierre-ès-Liens (1876), par la découverte d’un sarcophage du IVe ou Ve siècle contenant, comme l’indiquait une inscription gravée sur des plaques de plomb, les restes des Frères Macchabées et de leur mère.

Il est rare que l’Église romaine fasse mention à la messe et au bréviaire de saints de l’Ancien Testament (cas plus fréquent dans l’Église grecque). La fête de ce jour nous apprend la possibilité du martyre pour le Christ — dans la foi et l’espérance — avant la venue du Sauveur. Elle compte parmi les plus anciennes. On lit le récit de la mort des sept frères et de leur mère dans le livre second des Macchabées, chapitre VIIe.

Saint Grégoire de Nazianze se demande, au bréviaire, pourquoi les chrétiens honorent les saints de l’ancienne Loi. « Ils méritent l’hommage de tous par le courage et la constance qu’ils ont montrés à observer les lois et les coutumes de leurs ancêtres. Puisqu’ils ont enduré le martyre avant la Passion de Jésus-Christ, que n’eussent-ils pas fait, s’ils avaient été persécuté après lui, avec l’exemple de sa mort pour notre salut ? Bien plus, une raison mystérieuse et intime, que partagent avec moi tous ceux qui aiment Dieu, me porte à croire qu’aucun de ceux qui ont souffert le martyre avant la venue du Rédempteur, n’a pu obtenir cette gloire sans la foi en Jésus-Christ ».

[1] 2 Mac. 7,1-41

[2] Double en effet est la raison de notre liesse : nous vénérons la naissance de cette église et nous nous réjouissons de la passion des martyrs.

[3] Léon Le Grand, Sermons, 97, édit. R. Dolle, tome 4, Paris 1973, pp. 288 et 292.

[4] Qui jumela ce jour l’antique fête avec la consécration de ce lieu.

[5] L. Duchesne, Le Liber Pontificalis, l.c., tome 1er, p. 261.

[6] Station à Saint-Pierre aux Liens, quand on baise ses chaînes. Le même jour, naissance des Maccabées.

[7] Aux Liens. Des Maccabées.

[8] Cf. Pierre Jounel, Le Culte des Saints dans les Basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle, École Française de Rome, Palais Farnèse, 1977.

[9] Heb. XI, 35 ; II Mach. VII, 9, 11, 14, 23.

[10] I Mach. I, 12-67.

[11] Deut. XXXII, 9.

[12] I Mach. II, 48.

[13] II Mach. IX, 13.

[14] Matth. X, 18-20.

[15] II Mach. VII.

[16] I Cor. XI, 30. C’est pour cela qu’il y a parmi vous beaucoup de malades et de languissants, et que beaucoup sont morts.