Textes de la Messe |
Office |
Dom Guéranger, l’Année Liturgique |
Bhx cardinal Schuster, Liber Sacramentorum |
Dom Pius Parsch, Le guide dans l’année liturgique |
Selon le Liber Pontificalis, St Pie Ier fut inhumé le 11 juillet. Le titre de martyr lui fut attribué par les calendriers à partir du XIIe siècle.
Après 1942.
Missa Si díligis, de Communi unius aut plurium Summorum Pontificum. | Messe Si díligis, du Commun d’un ou plusieurs Souverains Pontifes. |
Avant 1942.
Missa Státuit, de Communi unius Martyris 1 loco. | Messe Státuit, du Commun d’un Martyr 1. |
Leçon des Matines avant 1960.
Pie, premier du nom, natif d’Aquilée, était fils de Rufin ; Cardinal Prêtre de la sainte Église romaine, il fut élu souverain Pontife, sous les empereurs Antonin le Pieux et Marc-Aurèle. Dans cinq ordinations, au mois de décembre, il sacra douze Évêques et ordonna dix-huit Prêtres. Divers décrets très utiles portés par lui nous sont parvenus, celui, entre autres, qui ordonnait que la Résurrection du Seigneur ne fût célébrée que le Dimanche. Il transforma en église la maison de Pudens, et à cause de sa prééminence sur les autres Titres, comme demeure du souverain Pontife, il la dédia sous le titre du Pasteur. Il y célébra souvent les saints Mystères et y baptisa beaucoup de convertis à la foi, qu’il inscrivit au nombre des fidèles. Pendant qu’il remplissait l’office de bon pasteur, il répandit son sang pour ses brebis et pour le Christ, Pasteur suprême. Il reçut la couronne du martyre le cinq des ides de juillet et fut enseveli au Vatican.
Un saint Pape du second siècle, le premier de cette série de Pontifes que le nom de Pie a illustrés jusqu’à nos jours, projette sur nous sa douce et sereine lumière. Malgré la situation toujours précaire de la société chrétienne, en face d’édits de persécution que les meilleurs des princes païens n’abrogèrent jamais, il mit à profit la paix relative que valait à l’Église la modération personnelle d’Antonin le Pieux, pour affermir les assises de la tour mystérieuse élevée par le Pasteur céleste à la gloire du Seigneur Dieu [1]. Exerçant ses droits de suprême hiérarque, il établit que, nonobstant la pratique contraire suivie encore en divers lieux, la fête de Pâques serait désormais célébrée au dimanche par toutes les Églises. Bientôt la glorieuse mémoire de Victor, successeur de Pie à la fin de ce siècle, viendra nous rappeler l’importance de la mesure qu’il crut ainsi devoir prendre et le retentissement qu’elle eut dans l’Église entière.
L’ancienne Légende de saint Pie Ier, modifiée récemment, rappelait le décret attribué dans le Corps du droit à notre Pontife [2], touchant celui dont la négligence aurait laissé tomber quelque chose du Sang du Seigneur. Ces prescriptions traduisent bien le respect profond que le sain : Pape voulait voir témoigner au Mystère de l’autel : la pénitence, y est-il ordonné, sera de quarante jours, si l’effusion du Sang précieux a lieu jusqu’à terre ; où que ce soit qu’il tombe, on devra le recueillir avec les lèvres s’il se peut, brûler la poussière et déposer la cendre en un lieu non profane.
Glorieux Pontife, nous nous souvenons de ces paroles écrites sous vos yeux, et qu’on dirait le commentaire du décret porté sous votre nom au sujet des Mystères sacrés : « C’est qu’en effet, » proclamait dès le milieu du second siècle à la face du monde Justin le Philosophe, « nous ne recevons pas comme un pain commun, comme un breuvage commun, cet aliment nommé chez nous Eucharistie ; mais de même que, fait chair par la parole de Dieu, Jésus-Christ notre Sauveur a eu et chair et sang pour notre salut, de même il nous a été appris que l’aliment fait Eucharistie par la prière formée de sa propre parole est et la chair et le sang de ce Jésus fait chair » [3]. A cette doctrine, aux mesures qu’elle justifie si amplement, d’autres témoins autorisés faisaient écho, sur la fin du même siècle, en des termes qu’on croirait eux aussi empruntés à la lettre même des prescriptions qui vous sont attribuées : « Nous souffrons anxieusement, si quoi que ce soit du calice ou du pain même qui est nôtre vient à tomber à terre, » disait Tertullien [4] ; et Origène en appelait aux habitués des Mystères divins pour dire « quels soins, quelle vénération, entouraient les dons sacrés de peur que ne s’en échappât la moindre parcelle, ce qui, provenu de négligence, eût été regardé comme un crime » [5]. Et maintenant l’hérésie, pauvre de science comme de foi, prétend de nos jours que l’Église a dévié des antiques traditions, en exagérant ses hommages au Sacrement divin ! Faites en effet, ô Pie, que nous revenions aux dispositions de nos pères : non dans leur foi, qui est toujours la nôtre ; mais dans la vénération et l’amour qu’ils puisaient en cette foi pour le calice enivrant [6], trésor de la terre. Puisse l’Agneau réunir dans la célébration d’une même Pâque, selon vos volontés, tous ceux qu’honore le nom de chrétiens !
Le nom de ce Pontife est en relation avec la fondation du titulus de Pudentiana, ou du Pastor, que les Pudens, jadis hôtes charitables de l’apôtre Pierre en ce lieu (à la prière de Pie et de son frère), auraient définitivement destiné au culte chrétien. Malheureusement, les documents qui se rapportent à cette fondation sont apocryphes ; néanmoins la tradition monumentale demeure : elle rapporte l’érection du titre à la première moitié du IIe siècle.
Nous en avons une confirmation dans le fragment connu sous le nom de Muratori, à propos de l’auteur de l’opuscule relatif à la pénitence, intitulé : Ποιμήν, Pastor : Pastorem vero nuperrime temporibus nostris in urbe Roma Hermas conscripsit, sedente in cathedra urbis Romæ Ecclesiæ Pio episcopo fratre eius. [7]L’auteur de cette instruction apocalyptique, que l’on a pu à bon droit appeler un vaste examen de conscience de l’Église romaine à la fin de la première moitié du IIe siècle, n’est autre que Hermas, ou Pastor, frère du pape Pie Ier, lequel a donné son nom au nouveau titre de Pudentiana.
Saint Pie fut enseveli au Vatican, près de ses prédécesseurs. La messe est la même que le 18 février, pour la fête de saint Siméon, évêque et martyr.
Le bon pasteur verse son sang pour ses brebis.
1. Saint Pie 1er. — Jour de mort : 11 juillet 155 environ. Tombeau : à Rome, au Vatican. Vie : Le pape Pie 1er régna de 140 à 155 ; la prière des Heures rappelle qu’il décréta que la fête de Pâques ne pourrait être célébrée qu’un dimanche (contrairement à l’avis des quartodécimans qui voulaient la faire célébrer le 14 nisan). Il aurait également transformé la maison du sénateur Pudens en une église et aurait donné à celle-ci le titre « du Pasteur » pour désigner par là l’église titulaire du Souverain Pontife. Il y célébra fréquemment le Saint Sacrifice et y administra aussi de nombreux baptêmes. (Son nom est donc en relation avec l’église Sainte-Pudentienne). « C’est pendant qu’il exerçait sa charge de bon pasteur qu’il versa son sang pour ses brebis et pour le « Bon Pasteur » divin, en un glorieux martyre, le 11 juillet. Il fut enterré au Vatican ». Sous son pontificat, son frère Hermas écrivit le livre intitulé « le Pasteur », qui est l’un des plus anciens écrits des Pères, et que nous possédons encore aujourd’hui.
Pratique : nous avons devant nous un souverain pontife de l’église et en même temps « un bon pasteur suprême il est le premier des papes à porter le nom de « Pie ». Il a versé son sang pour ses brebis « en un glorieux martyre ». Pendant son pontificat, on avait sous les yeux une image particulièrement vivante du prêtre bon pasteur de l’Église ; son propre frère l’a bien montré dans un livre, « Pastor, le Pasteur », et l’église titulaire du pape reçut aussi le nom de « Pastoris, église du Pasteur ». Comme la liturgie et la fonction pastorale, la charge des âmes, sont de bonne heure étroitement unies !
2. La messe (Si diligis). — Au commun des Souverains Pontifes. — J’essaie de célébrer la messe avec le saint et dans son esprit.
La messe comprend quatre parties : d’abord une instruction, ensuite l’oblation, puis la consécration et la communion.
J’emprunte la bouche du martyr pour réciter le Kyrie ; avec quelle ardeur il dut s’écrier avant son martyre : Seigneur, ayez pitié de nous.
Ensuite le Gloria : son chant de louange et d’action de grâces.
Dès l’Épître, il nous apparaît comme le confesseur du Christ, qui n’a pas préféré l’intérêt sordide de sa vie au bien des brebis qui lui étaient confiées ; il a poussé le dévouement jusqu’à mourir plutôt que de trahir sa mission. Dans son dur sacrifice, il a été affermi et fortifié par le Dieu de toute grâce. Son exemple est une instruction, qui, en nous rappelant la promesse d’assistance divine, nous engage à la constance et à la fidélité dans l’épreuve.
L’Évangile est aussi une leçon pour nous : le martyr nous apprend à ne pas écouter la voix de la chair et du sang, c’est-à-dire les suggestions mauvaises de la nature viciée par le péché originel, mais à suivre les inspirations de la grâce pour confesser nous aussi notre foi au Christ.
Maintenant l’Offertoire : Saint Pie 1er fait de sa mort sa dernière oblation : combien de sacrifices, d’immolations ! — J’essaierai de l’imiter.
La consécration : tout sacrifice humain n’est agréable à Dieu que s’il participe au sacrifice du Christ. La mort du martyr, c’est la mort du Christ dans son corps mystique.
La communion n’est pas seulement une union au Christ ; nous participons aussi à la glorification de notre saint.
[1] Herm. Past.
[2] Cap. Si per negligentiam, 27. Dist. II de Consecratione.
[3] Apolog. I, 66.
[4] De corona, III.
[5] In Ex. Homil. XIII.
[6] Psalm. XXII, 5.
[7] Récemment, en nos temps, Hermas écrivit à Rome le ‘Pasteur’, son frère Pie, évêque, siégeant alors sur la cathèdre de l’Église de la ville de Rome.