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7ème jour dans l’Octave de saint Joseph

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Sommaire

  Textes de la Messe  
  Office  

La solennité de St Joseph et son Octave furent supprimée en 1955 (voir ici), nous donnons ici les leçons de matines (l’Octave entière, sauf le dimanche occurrent, 3ème dimanche après Pâques, était pourvue de lectures propres puisque mobile).

En effet, l’Octave, composée sous saint Pie X, a fait appel aux plus grands docteurs de l’Antiquité chrétienne (saint Augustin, saint Ambroise, saint Chrysostome) et du Moyen-âge (saint Jean Damascène, saint Bernard et saint Bernardin de Sienne) pour méditer le mystère de la place de saint Joseph dans le salut et la filiation de Notre-Seigneur.

Textes de la Messe

Feria Tertia
Mardi de la 3ème semaine après l’Octave de Pâques
De Die VII infra Octavam S. Ioseph
7ème jour dans l’Octave de saint Joseph
semiduplex
semidouble
Infra Octavam, Missa dicitur ut in Festo.Pendant l’Octave, la Messe est dite comme au jour de la Fête.

Office

Leçons des Matines.

Au deuxième nocturne.

Sermon de saint Bernard, Abbé.

Quatrième leçon. Il est écrit : « Joseph, son époux, étant juste et ne voulant pas la diffamer, résolut de la renvoyer secrètement ». C’est avec raison, qu’étant juste, il ne voulut pas la diffamer ; car, de même qu’il n’eût nullement été juste si, l’ayant reconnue coupable, il fût demeuré d’accord avec elle, ainsi n’aurait-il pas moins manqué d’équité s’il l’avait condamnée, en la jugeant innocente. « Étant donc juste, et ne voulant pas la livrer, il résolut de la renvoyer secrètement ». Pourquoi voulut-il la renvoyer ? Écoutez ici, non mon sentiment, mais le sentiment des Pères. La raison pour laquelle Joseph voulut renvoyer Marie, fut celle-là même pour laquelle Pierre éloignait de lui le Seigneur, en disant : « Retirez-vous de moi, Seigneur ; parce que je suis un pécheur ». Ce fut pour la raison qui portait le centenier à refuser que le Sauveur descendît dans sa maison, lorsqu’il lui dit : « Seigneur, je ne suis pas digne que vous entriez sous mon toit ».

Cinquième leçon. Ainsi donc Joseph, s’estimant, lui aussi, indigne et pécheur, se disait en lui-même qu’il ne lui appartenait pas d’habiter plus longtemps familièrement avec une Vierge si singulièrement • favorisée de Dieu, et dont l’éminente dignité le remplissait de frayeur. Il considérait et tremblait, car Marie portait en elle des signes très certains de la divine présence ; et comme il ne pouvait pénétrer la profondeur de ce mystère, « il voulait la renvoyer secrètement ». La grandeur de la puissance [de Jésus] remplit Pierre de crainte ; le centenier redouta la présence de sa majesté ; Joseph, assurément, frémit aussi, comme créature humaine, devant la nouveauté d’un tel miracle. Vous êtes surpris de voir que Joseph se regardait comme indigne de la compagnie de cette Vierge qui allait devenir mère ? Et ne savez-vous pas qu’Élisabeth elle-même ne put soutenir sa présence, sans être saisie de respect et de crainte ? car elle dit : « Et d’où me vient un si grand honneur, que la Mère de mon Seigneur vienne à moi » ?

Sixième leçon. Joseph voulait donc, pour une raison semblable, se séparer de Marie. Mais pourquoi en secret, et non pas- ouvertement ? De peur qu’on ne cherchât la cause de son divorce, et qu’on n’exigeât d’en savoir le motif. Qu’aurait, en effet, répondu cet homme juste à ce peuple « dur de tête », « peuple incrédule et toujours prêt à contredire » ? S’il eût fait connaître sa manière dé penser, ce que son expérience lui avait appris de la pureté de Marie, les Juifs incrédules et cruels ne se seraient-ils pas aussitôt moqués de lui et ne l’auraient-ils pas elle-même lapidée ? Et comment eussent-ils cru à la Vérité silencieuse dans le sein maternel, eux qui, plus tard, la méprisèrent, lorsqu’elle se faisait entendre avec force dans le temple ? Qu’auraient-ils fait contre Celui qui ne se montrait pas encore, eux qui ne craignirent point de porter sur lui leurs mains sacrilèges, lorsqu’il répandait l’éclat de ses miracles ? C’est donc à bon droit que Joseph, cet homme juste, pour ne point être exposé à mentir, ou pour ne point diffamer son épouse innocente, « voulut la renvoyer secrètement ».

Au troisième nocturne.

Lecture du saint Évangile selon saint Luc. Cap. 3, 21-23.
En ce temps-là : Il arriva que, tout le peuple recevant le baptême, Jésus ayant aussi été baptisé, comme il priait, le ciel s’ouvrit. Et le reste.

Homélie de saint Jean Damascène.

Septième leçon. Saint Matthieu dit, en commençant son Évangile : « Livre de la généalogie de Jésus-Christ, fils de David, fils d’Abraham » : mais il ne s’arrête point après avoir cité ces noms, et son discours se poursuit jusqu’à la mention de l’époux de la Vierge. Saint Luc, de son côté, après avoir raconté le témoignage rendu au Sauveur à son baptême, fait une digression, et écrit ce qui suit : « Jésus avait » alors « environ trente ans, étant, comme l’on croyait, fils de Joseph, qui le fut d’Héli, qui le fut de Mathan », et il continue ainsi en remontant jusqu’à « Seth, qui fut fils d’Adam, qui le fut de Dieu ». Donc, comme l’origine de Joseph est établie de la sorte, il est certes en même temps démontré que Marie, Vierge et Mère de Dieu, était de la même tribu que lui, vu que la loi de Moïse ne permettait pas qu’une tribu s’alliât à une autre tribu, quand il y avait à craindre que les biens d’une famille ne passassent ainsi d’une tribu à l’autre [1].

Huitième leçon. Ce n’est pas sans un dessein providentiel, que le silence fut gardé vis-à-vis du peuple sur la conception du Christ par l’opération du Saint-Esprit, et que l’on put voir Joseph tenir lieu de père au Sauveur : en conséquence, l’époux de Marie était considéré, et cela convenait en vérité, comme le père de l’enfant. Autrement l’Enfant aurait passé pour n’avoir point de père légitime, puisque son origine n’aurait été nullement établie du côté paternel. C’est pourquoi ces excellents Évangélistes ont fait une chose nécessaire, en donnant la généalogie de Joseph. S’ils l’avaient omise, et avaient dressé la liste des ancêtres de Jésus, du côté maternel, cela eût paru un déshonneur et ils se seraient écartés de l’usage adopté par les divines Écritures [2]. C’est donc bien à propos que, donnant l’origine de la famille de Joseph, pour la raison que nous avons indiquée, et la faisant remonter à David, ils nous confirment dans cette certitude que la Vierge Marie est, elle aussi, issue de David ; car, de la race de l’époux on peut inférer quelle est aussi celle de l’épouse.

Neuvième leçon. Que Joseph ait été juste et sa vie toute conforme à la loi, cela est évident pour tous. Vivant donc selon les préceptes de la loi, il n’épousa assurément point une femme sortie d’ailleurs que de sa propre tribu. Par conséquent, si Joseph était de la tribu de Juda, de la famille et des héritiers de David, ne s’ensuit-il pas que Marie est sortie de la même souche ? De là vient qu’il a suffi de développer la généalogie de son époux. De plus, comme d’après la sentence de l’Apôtre : « l’homme est le chef de la femme », que peut-on enfin alléguer pour ne pas admettre qu’en développant l’origine du chef, on n’indique conséquemment celle du corps aussi ? Il est donc clairement démontré, je pense, que la généalogie de Joseph n’est pas rapportée en vain par les Évangélistes ; elle nous sert nécessairement à reconnaître, par voie de conclusion, que la Vierge est également issue de David, ainsi que Celui qui, par le plus grand des miracles, est né d’elle : le Christ, Fils de Dieu, avant tous les siècles.

[1] Les filles qui, n’ayant point de frères, avaient hérité de possessions agraires, devaient donc toujours épouser un homme de leur tribu. (Voyez Livre des Nombres, ch. XXVII et XXXVI).

[2] Les paroles de l’Auge à Marie : « Le Seigneur lui donnera le trône de David, son père » suffiraient à prouver que la Vierge, elle aussi, « descendait de ce saint Roi.