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18/01 Chaire de St Pierre Apôtre à Rome

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Fête supprimée en 1960 [1], comme doublon de la fête du 22 février.

Sommaire

  Textes de la Messe  
  Office  
  Dom Guéranger, l’Année Liturgique  
  Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum  
  Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique  

Textes de la Messe

CR 1960 : festa expurgata
1960 : fête supprimée
die 18 ianuarii
le 18 janvier
IN CATHEDRA S. PETRI Ap. ROMÆ
LA CHAIRE DE ST PIERRE APÔTRE A ROME
duplex maius
double majeur
Ant. ad Introitum. Eccli. 45, 30.Introït
Státuit ei Dóminus testaméntum pacis, et príncipem fecit eum : ut sit illi sacerdótii dígnitas in ætérnum.Le Seigneur fit avec lui une alliance de paix et l’établit prince, afin que la dignité sacerdotale lui appartînt toujours.
Ps. 131, 1.
Meménto, Dómine, David : et omnis mansuetúdinis eius.Souvenez-vous, Seigneur, de David et de toute sa douceur.
V/. Glória Patri.
OratioCollecte
Deus, qui beáto Petro Apóstolo tuo, collátis clávibus regni cæléstis, ligándi atque solvéndi pontifícium tradidísti : concéde ; ut, intercessiónis eius auxílio, a peccatórum nostrórum néxibus liberémur : Qui vivis et regnas.O Dieu, qui, en confiant au Bienheureux Pierre, votre Apôtre, lesclefs du royaume céleste, lui avez donné l’autorité pontificale de lier et de délier ; faites que nous soyons délivrés des liens de nos péchés, par le secours de son intercession.
Et fit commemoratio S. Pauli Ap., ante omnes alias Commemorationes :Et on fait mémoire de St Paul, Apôtre, avant toutes les autres commémoraisons :
Deus, qui multitúdinem géntium beáti Pauli Apóstoli prædicatióne docuísti : da nobis, quǽsumus ; ut, cuius commemoratiónem cólimus, eius apud te patrocínia sentiámus. (Per Dóminum nostrum.)O Dieu, qui avez instruit une multitude de nations par la prédication du B. Apôtre Paul, faites, nous vous en supplions, que, nous qui honorons sa mémoire, nous ressentons les effets de sa protection auprès de vous.
Deinde fit commemoratio S. Priscæ Virg. et Mart :Ensuite on fait mémoire de Ste Prisque, Vierge et Martyre :
Oratio.Collecte
Da, quǽsumus, omnípotens Deus : ut, qui beátæ Priscæ Vírginis et Mártyris tuæ natalítia cólimus ; et ánnua sollemnitáte lætémur, et tantæ fídei proficiámus exémplo. Per Dóminum.Accordez-nous, s’il vous plaît, Dieu tout-puissant, que célébrant la naissance au ciel de la bienheureuse Prisque, votre Vierge et Martyre, nous retirions une sainte joie de cette fête annuelle, et profitions de l’exemple que nous donne sa foi si grande.
Léctio Epístolæ beáti Petri Apóstoli.Lecture de l’Epître du Bienheureux Apôtre Pierre.
1. Petri 1, 1-7.
Petrus, Apóstolus Iesu Christi, eléctis ádvenis dispersiónis Ponti, Galátiæ, Cappadóciæ, Asiæ et Bithýniæ secúndum præsciéntiam Dei Patris, in sanctificatiónem Spíritus, in oboediéntiam, et aspersiónem sánguinis Iesu Christi : grátia vobis et pax multiplicétur. Benedíctus Deus et Pater Dómini nostri Iesu Christi, qui secúndum misericórdiam suam magnam regenerávit nos in spem vivam, per resurrectiónem Iesu Christi ex mórtuis, in hereditátem incorruptíbilem et incontaminátam et immarcescíbilem, conservátam in cælis in vobis, qui in virtúte Dei custodímini per fidem in salútem, parátam revelári in témpore novíssimo. In quo exsultábitis, módicum nunc si opórtet contristári in váriis tentatiónibus : ut probátio vestræ fídei multo pretiósior auro (quod per ignem probatur) inveniátur in laudem et glóriam et honórem, in revelatióne Iesu Christi, Dómini nostri.Pierre, Apôtre de Jésus-Christ, aux élus étrangers et dispersés dans le Pont, la Galatie, la Cappadoce, l’Asie et la Bithynie, élus selon la prescience de Dieu le Père pour la sanctification de l’Esprit, pour obéir à la foi et avoir part à l’aspersion du sang de Jésus-Christ, que la grâce et la paix vous soient multipliées ! Béni soit le Dieu et le Père de Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui, selon sa grande miséricorde, nous a régénérés pour une espérance vivante par la résurrection de Jésus-Christ d’entre les morts, pour un héritage qui ne peut ni se corrompre, ni se souiller, ni se flétrir, qui est réservé dans les cieux pour vous, qui êtes gardés par la puissance de Dieu, par la foi, pour le salut qui est prêt à être manifesté dans le dernier temps. Vous devez en être transportés de joie, supposé même qu’il faille que, pour un peu de temps, vous soyez attristés par diverses épreuves, afin que votre foi ainsi éprouvée, plus précieuse que l’or (qu’on éprouve par le feu) tourne à votre louange, votre gloire et votre honneur, lorsque paraîtra Jésus-Christ Notre-Seigneur.
Graduale. Ps. 106, 32, 31.Graduel
Exáltent eum in Ecclésia plebis : et in cáthedra seniórum laudent eum.Acclamez-le dans l’Eglise assemblée, car il siège dans la chaire des anciens pontifes !
V/. Confiteántur Dómino misericórdiæ eius ; et mirabília eius fíliis hóminum.V/. Remerciez le Seigneur de sa bonté et des merveilles qu’il accomplit pour les enfants des hommes.
Allelúia, allelúia. V/. Matth. 16, 18 Tu es Petrus, et super hanc petram ædificábo Ecclésiam meam. Allelúia.Allelúia, allelúia. V/. Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise. Alléluia.
Post Septuagesimam, ommissis Allelúia et versu sequenti, diciturAprès la Septuagésime, on omet l’Alléluia et son verset et on dit :
Tractus. Matth. 16, 18-19.Trait
Tu es Petrus, et super hanc petram aedificábo Ecclésiam meam.Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église.
V/. Et portæ ínferi non prævalébunt advérsus eam : Et tibi dabo claves regni cælórum.V/. Et les portes de l’enfer ne prévaudront point contre elle. Et je te donnerai les clefs du royaume des cieux.
V/. Quodcúmque ligáveris super terram, erit ligátum et in cælis.V/. Tout ce que tu lieras sur la terre sera lié aussi dans les cieux.
V/. Et quodcúmque sólveris super terram, erit solútum et in cælis.V/. Et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux.
In missis votivis tempore paschali omittitur graduale, et eius loco dicitur :Aux messes votives endant le temps pascal, on omet le graduel et à sa place on dit :
Allelúia, allelúia. V/. Ps. 106, 15. Confiteántur Dómino misericórdiæ eius : et mirabília eius fíliis hóminum.Allelúia, allelúia. V/. Qu’ils célèbrent le Seigneur pour sa miséricorde, et pour ses merveilles en faveur des enfants des hommes.
Allelúia. V/. Matth. 16, 18 Tu es Petrus, et super hanc petram ædificábo Ecclésiam meam. Allelúia.Allelúia. V/. Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise. Alléluia.
+ Sequéntia sancti Evangélii secúndum Matthǽum.Lecture du Saint Evangile selon saint Mathieu.
Matth. 16, 13-19.
In illo témpore : Venit Iesus in partes Cæsaréæ Philippi, et interrogábat discípulos suos, dicens : Quem dicunt hómines esse Fílium hóminis ? At illi dixérunt : Alii Ioánnem Baptístam, alii autem Elíam, álii vero Ieremíam aut unum ex Prophétis. Dicit illis Iesus : Vos autem quem me esse dícitis ? Respóndens Simon Petrus, dixit : Tu es Christus, Fílius Dei vivi. Respóndens autem Iesus, dixit ei : Beátus es, Simon Bar Iona : quia caro et sanguis non revelávit tibi, sed Pater meus, qui in cælis est. Et ego dico tibi, quia tu es Petrus, et super hanc petram ædificábo Ecclésiam meam, et portæ ínferi non prævalébunt advérsus eam. Et tibi dabo claves regni cælórum. Et quodcúmque ligáveris super terram, erit ligátum et in cælis : et quodcúmque sólveris super terram, erit solútum et in cælis.En ce temps-là, Jésus vint aux environs de Césarée de Philippe, et il interrogeait ses disciples, en disant : Que disent les hommes touchant le Fils de l’homme ? Ils lui répondirent : Les uns, qu’il est Jean-Baptiste ; les autres, Elie ; les autres, Jérémie, ou quelqu’un des prophètes. Jésus leur dit : Et vous, qui dites-vous que je suis. Simon-Pierre, prenant la parole, dit : Vous êtes le Christ, le Fils du Dieu vivant. Jésus lui répondit : Tu es bienheureux, Simon, fils de Jonas, parce que ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est dans les cieux. Et moi, je te dis que tu es Pierre, et que sur cette pierre je bâtirai mon église, et les portes de l’enfer ne prévaudront point contre elle. Et je te donnerai les clefs du royaume des cieux ; et tout ce que tu lieras sur la terre sera lié aussi dans les cieux, et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux.
CredoCredo
Ant. ad Offertorium. Matth. 16, 18-19.Offertoire
Tu es Petrus, et super hanc petram ædificábo Ecclésiam meam : et portæ inferi non prævalébunt advérsus eam : et tibi dabo claves regni cælórum.Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon église, et les portes de l’enfer ne prévaudront point contre elle ; et je te donnerai les clefs du royaume des cieux.
SecretaSecrète
Ecclésiæ tuæ, quǽsumus, Dómine, preces et hóstias beáti Petri Apóstoli comméndet orátio : ut, quod pro illíus glória celebrámus, nobis prosit ad véniam.. Per Dóminum.Nous vous en supplions, Seigneur, que l’intercession du Bienheureux Apôtre Pierre, contribue à vous faire agréer les prières et les hosties de votre Église, en sorte que ce que nous faisons pour célébrer sa gloire nous soit utile pour obtenir notre pardon.
Pro S. PauloPour St Paul
SecretaSecrète
Apóstoli tui Pauli précibus, Dómine, plebis tuæ dona sanctífica : ut, quæ tibi tuo grata sunt institúto, gratióra fiant patrocínio supplicántis. (Per Dóminum.)En égard aux prières de votre Apôtre Paul, rendez saintes, Seigneur, les offrandes, de votre peuple, en sorte que vous étant déjà agréables du fait que ce sacrifice a été institué par vous, elles le deviennent plus encore grâce au patronage de celui qui intercède pour nous.
Deinde Commemoratio S. PriscæEnsuite Mémoire de Ste Prisque
SecretaSecrète
Hæc hóstia, quǽsumus, Dómine, quam sanctórum Mártyrum tuórum natalítia recenséntes offérimus : et víncula nostræ pravitátis absolvat, et tuæ nobis misericórdiæ dona concíliet. Per Dóminum.Que cette hostie, nous vous en prions, Seigneur, que nous vous offrons en honorant de nouveau la naissance au ciel de vos saints Martyrs, brise les liens de notre perversité et nous attire les dons de votre miséricorde.
Præfatio de Apostolis. Préface des Apôtres .
Ant. ad Communionem. Matth. 16, 18.Communion
Tu es Petrus, et super hanc petram aedificábo Ecclésiam meam.Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église.
PostcommunioPostcommunion
Lætíficet nos, Dómine, munus oblátum : ut, sicut in Apóstolo tuo Petro te mirábilem prædicámus ; sic per illum tuæ sumámus indulgéntiæ largitátem. Per Dóminum nostrum.Seigneur, que le sacrifice offert nous laisse dans la joie et que comme nous vous proclamons admirable en votre Apôtre Pierre, ainsi, par lui, nous recevions l’abondance de votre miséricorde.
Pro Pro S. PauloPour St Paul
PostcommunioPostcommunion
Sanctificáti, Dómine, salutári mystério : quǽsumus ; ut nobis eius non desit orátio, cuius nos donásti patrocínio gubernari. (Per Dóminum.)Sanctifiés, Seigneur, par ce mystère salutaire, nous vous supplions qu’il ne cesse d’intercéder pour nous, celui au patronage duquel vous nous avez donné d’être confiés.
Deinde Commemoratio S. PriscæEnsuite Mémoire de Ste Prisque
PostcommunioPostcommunion
Quǽsumus, Dómine, salutáribus repléti mystériis : ut, cuius sollémnia celebrámus, eius oratiónibus adiuvémur. Per Dóminum.Rassasiés par la participation à ces mystères de salut, nous vous demandons, Seigneur, d’être aidés grâce aux prières de celle dont nous célébrons la solennité.

Office

Premières Vêpres

HymnusHymne
Quodcúmque in orbe néxibus revínxeris,
Erit revínctum, Petre, in arce síderum :
Et quod resólvit hic potéstas trádita,
Erit solútum cæli in alto vértice :
In fine mundi iudicábis sǽculum.
Tout ce que vous aurez lié sur la terre, ô Pierre, sera lié dans le séjour céleste ; et ce qu’aura délié ici-bas le pouvoir qui vous a été confié, sera délié dans les hauteurs du ciel : à la fin des temps vous jugerez le monde.
Patri perénne sit per ævum glória ;
Tibíque laudes concinámus ínclytas,
Ætérne Nate ; sit, supérne Spíritus,
Honor tibi decúsque : sancta júgiter
Laudétur omne Trínitas per sǽculum.
Amen.
Gloire soit toujours rendue au Père éternel ; à vous aussi, Fils -éternel, nous chantons d’insignes louanges ; à vous Esprit-Saint, honneur et gloire : que la Trinité soit louée pendant toute l’éternité. Amen.
V/. Tu es Pierre.
R/. Et sur cette pierre je bâtirai mon Église.
Antienne au Magnificat Vous êtes le pasteur des brebis, * le prince des Apôtres, c’est à vous qu’ont été confiées les clefs du royaume des cieux.

Matines

Invitatoire. Vous êtes le pasteur des brebis, le prince des Apôtres : * C’est à vous que Dieu a confié les clefs du royaume des cieux.

Hymne comme aux Vêpres.

AU PREMIER NOCTURNE.

Commencement de la 1re Épitre de l’Apôtre Saint Pierre. Cap. 1, 1-12.

Première leçon. Pierre, Apôtre de Jésus-Christ, aux étrangers de la dispersion dans le Pont, la Galatie, la Cappadoce, l’Asie et la Bithynie, élus, selon la prescience de Dieu le Père, pour être sanctifiés par l’Esprit, pour obéir et être arrosés du sang de Jésus-Christ : qu’en vous la grâce et la paix s’accroissent. Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus-Christ, qui, selon sa grande miséricorde, nous a régénérés pour une vive espérance, par la résurrection de Jésus-Christ d’entre les morts, pour un héritage incorruptible, qui n’est pas souillé, qui ne peut se flétrir, réservé dans les cieux pour vous, qui par la vertu de Dieu êtes gardés au moyen de la foi pour le salut qui doit être révélé à la fin des temps.
R/. Simon Pierre, avant que je t’ai appelé du bateau, je t’ai connu et je t’ai établi prince de mon peuple. * Et je t’ai confié les clefs du royaume des cieux. V/. Tout ce que tu lieras sur la terre sera lié aussi dans les cieux ; et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié aussi dans les cieux. * Et.

Deuxième leçon. En (ce salut) vous serez transportés de joie, bien qu’il faille maintenant que pour peu de jours vous soyez contristés par diverses tentations, afin que l’épreuve de votre foi, beaucoup plus précieuse que l’or (qu’on éprouve par le feu), soit trouvée digne de louange, de gloire et d’honneur à la révélation de Jésus-Christ, que vous aimez, quoique vous ne l’ayez point vu ; en qui vous croyez, sans le voir encore maintenant ; or, croyant ainsi, vous tressaillirez d’une joie ineffable et glorifiée ; obtenant comme fin de votre foi le salut de vos âmes.
R/. Si tu m’aimes, Simon Pierre, pais mes brebis : Seigneur, vous savez que je vous aime, * Et je donnerai mon âme pour vous. V/. Quand il me faudrait mourir avec vous, je ne vous renierai point. * Et.

Troisième leçon. Salut qu’ont recherché et scruté les Prophètes qui ont prédit la grâce que vous deviez recevoir. Et, comme ils cherchaient quel temps et quelles circonstances l’Esprit du Christ qui était en eux indiquait, en prédisant les souffrances du Christ et les gloires qui devaient les suivre, il leur fut révélé que ce n’était pas pour eux-mêmes, mais pour vous, qu’ils étaient dispensateurs des choses qui vous sont annoncées maintenant par ceux qui vous ont évangélisés par l’Esprit-Saint envoyé du ciel, et que les Anges désirent contempler.
R/. Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église, et les portes de l’enfer ne prévaudront point contre elle : * Et je te donnerai les clefs du royaume des cieux. V/. Tout ce que tu lieras sur la terre sera lié aussi dans les cieux ; et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié aussi dans les cieux. * Et. Gloire au Père. * Et.

AU DEUXIÈME NOCTURNE.

Sermon de saint Léon, Pape.

Quatrième leçon. Lorsque les douze Apôtres, après avoir reçu par l’Esprit-Saint le don de parler toutes les langues, se furent distribué les diverses parties de la terre, et qu’ils eurent ainsi pris possession du monde pour l’instruire de l’Évangile, le bienheureux Pierre, prince de l’ordre apostolique, fut destiné pour la citadelle de l’empire romain, afin que la lumière de la vérité, révélée pour le salut de toutes les nations, se répandît plus efficacement de cette capitale, comme d’une tête dans le corps entier du monde. Quelle nation, en effet, ne comptait pas des représentants dans cette ville, ou quels peuples pouvaient ignorer ce que Rome avait appris ?
R/. Vous êtes le pasteur des brebis, le prince des Apôtres, Dieu vous a donné tous les royaumes du monde : * Et c’est pourquoi il vous a confié les clefs du royaume des cieux. V/. Tout ce que vous lierez sur la terre, sera lié aussi dans les cieux ; et tout ce que vous délierez sur la terre, sera délié aussi dans les cieux. * Et.

Cinquième leçon. C’était là que devaient être écrasées les opinions de la philosophie, là que devaient être dissipées les vanités de la sagesse terrestre, là que le culte des démons devait être confondu ; l’impiété du paganisme sacrilège devait être détruite dans ce lieu même où la superstition avait eu soin de réunir tout ce que de vaines erreurs avaient inventé, en quelque lieu que ce soit. C’est donc en cette ville que tu ne crains pas de venir, ô bienheureux Apôtre Pierre et pendant que l’Apôtre saint Paul, le compagnon de ta gloire, est encore occupé à fonder d’autres Églises, tu entres dans cette forêt peuplée de bêtes farouches, tu marches sur cet océan profond et troublé, avec plus de courage qu’au jour où tu marchais sur la mer.
R/. J’ai prié pour toi, Pierre, afin que ta foi ne défaille point : * Et toi, quand tu seras converti, confirme tes frères. V/. La chair ni le sang ne t’ont révélé ceci, mais mon Père qui est dans les cieux. * Et.

Sixième leçon. Déjà tu as instruit les peuples de la circoncision, qui ont cru à ta parole ; déjà tu as fondé l’Église d’Antioche, où commença à paraître le nom si digne de chrétien ; déjà tu as rempli de la prédication des lois évangéliques le Pont, la Galatie, la Cappadoce, l’Asie et la Bithynie ; maintenant, sans douter du futur progrès de ton œuvre comme sans ignorer la durée restreinte de ta vie, tu viens arborer sur les remparts de Rome le trophée de la croix du Christ, là même où les décrets divins t’ont préparé l’honneur de la puissance, et la gloire de là Passion.
R/. Pierre, m’aimes-tu ? Vous savez, Seigneur, que je vous aime : * Pais mes brebis. V/. Simon, fils de Jean, m’aimes-tu plus que ceux-ci ? Vous savez, Seigneur, que je vous aime. * Pais. Gloire au Père. * Pais.

AU TROISIÈME NOCTURNE.

Lecture du saint Évangile selon saint Matthieu. Cap. 16, 13-19.
En ce temps-là : Jésus vint aux environs de Césarée de Philippe, et il interrogeait ses disciples, disant : Quel est celui que les hommes disent être le Fils de l’homme ? Et le reste.

Homélie de saint Hilaire, Évêque.

Septième leçon. Le Seigneur demanda à ses disciples qui les hommes disaient qu’il était ; et il ajouta : moi, le fils de l’homme. Car telle est la règle de la .profession de foi, qu’on le reconnaisse en même temps pour le Fils de Dieu et pour le fils de l’homme ; parce que l’un sans l’autre ne nous aurait apporté aucune espérance de salut. C’est pourquoi, lorsque les disciples eurent énoncé les opinions des hommes, qui étaient diverses à son sujet, il leur demanda ce qu’eux-mêmes pensaient de lui. Pierre répondit : « Vous êtes le Christ, Fils du Dieu vivant. » Or Pierre avait pesé les éléments de la question posée. Car le Seigneur avait dit : « Qui les hommes disent-ils que je suis, moi, le fils de l’homme ? » Et certes la vue de son corps attirait l’attention sur cette idée : « le fils de l’homme. » Mais en ajoutant : « Qui disent-ils que je suis » ; il faisait comprendre qu’outre ce que l’on voyait en lui, il y avait quelque chose qu’il fallait croire. Il était bien le fils de l’homme. Quel jugement désirait-il voir porter à son sujet ? Ne pensons pas que ce fut de reconnaître en lui (cette nature humaine) qu’il venait d’affirmer ; il interrogeait sur quelque chose de caché, (sur le fait de sa divinité), objet proposé à la foi des fidèles.
R/. Que disent les hommes que soit le Fils de l’homme ? demanda Jésus à ses disciples. Pierre, répondant, dit : Vous êtes le Christ, le Fils du Dieu vivant. * Et moi, je te dis que tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église. V/. Tu es heureux, Simon, fils de Jean, car ni la chair ni le sang ne t’ont révélé ceci, mais mon Père qui est dans les cieux. * Et.

Huitième leçon. Et la confession de Pierre obtint une récompense absolument juste, parce que dans l’homme il avait vu le Fils de Dieu. Bienheureux est-il cet apôtre, loué d’avoir porté les yeux et vu au-delà de ce qui est humain, n’envisageant pas seulement un corps formé de chair et de sang, mais contemplant le Fils de Dieu par la révélation du Père céleste ; cet Apôtre jugé digne de reconnaître le premier ce qu’il y a dans le Christ de Dieu.
R/. Le Seigneur t’a choisi pour son prêtre, pour lui sacrifier * Une hostie de louanges. V/. Immole à Dieu un sacrifice de louange et rends au Très-Haut tes vœux. * Une hostie de louanges. Gloire au Père. * Une hostie de louanges.

Neuvième leçon. O heureux Pierre, qui, sous ce nom nouveau, êtes le fondement de l’Église, ô pierre digne de prendre place dans la construction de cette Église qui abolit les lois de l’enfer, brise les portes du tartare, et les barrières de la mort ! O bienheureux portier du ciel, à la discrétion duquel sont remises les clefs de l’éternelle entrée, vous dont les jugements sur la terre ont une autorité reconnue d’avance dans le ciel, de façon que ce qui est lié ou délié sur la terre le soit également dans le ciel par la vertu du même arrêt.

Laudes

HymnusHymne
Beáte pastor, Petre, clemens áccipe
Voces precántum, criminúmque víncula
Verbo resólve, cui potéstas trádita
Aperíre terris cælum, apértum cláudere.
Bienheureux Pasteur, Pierre, recevez avec clémence les prières de ceux qui vous invoquent, brisez par votre parole les liens de nos péchés, vous à qui a été donné le pouvoir d’ouvrir le ciel à la terre, ou d’en fermer l’entrée.
Sit Trinitáti sempitérna glória,
Honor, potéstas atque jubilátio,
In unitáte, quæ gubérnat ómnia,
Per univérsa æternitátis sæcula.
Amen.
Gloire perpétuelle, honneur, puissance, jubilation soient à la Trinité, qui, dans l’unité, gouverne toutes choses, durant tous les siècles et l’éternité.
Amen.
V/. Qu’on l’exalte dans l’assemblée du peuple.
R/. Et que, dans la chaire des anciens, on le loue.
Antienne au Bénédictus Tout ce que * tu lieras sur la terre sera lié aussi dans les cieux ; et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié aussi dans les cieux, dit le Seigneur à Simon Pierre.

Deuxièmes Vêpres

Hymne comme aux premières Vêpres

V/. Dieu t’a choisi pour son prêtre.
R/. Pour lui sacrifier une hostie de louange.
Antienne au Magnificat Tandis qu’il était souverain Pontife, * il n’a redouté rien de terrestre, mais il s’est glorieusement dirigé vers les royaumes célestes.

Dom Guéranger, l’Année Liturgique

L’archange avait annoncé à Marie que le Fils qui naîtrait d’elle serait Roi, et que son Royaume n’aurait point de fin ; instruits par l’Etoile, les Mages vinrent, du fond de l’Orient, chercher ce Roi en Bethlehem ; mais il fallait une Capitale à ce nouvel Empire ; et parce que le Roi qui devait y établir son trône devait aussi, selon les conseils éternels, remonter bientôt dans les cieux, il était nécessaire que le caractère visible de sa Royauté reposât sur un homme qui fût, jusqu’à la fin des siècles, le Vicaire du Christ.

Pour cette sublime lieutenance, l’Emmanuel choisit Simon, dont il changea le nom en celui de Pierre, déclarant expressément que l’Église tout entière reposerait sur cet homme, comme sur un rocher inébranlable. Et comme Pierre devait aussi terminer par la croix ses destinées mortelles, le Christ prenait l’engagement de lui donner des successeurs dans lesquels vivraient toujours Pierre et son autorité.

Mais quelle sera la marque de cette succession, dans l’homme privilégié sur qui doit être édifiée l’Église jusqu’à la fin des temps ? Parmi tant d’Évêques, quel est celui dans lequel Pierre se continue ? Ce Prince des Apôtres a fondé et gouverné plusieurs Églises ; mais une seule, celle de Rome, a été arrosée de son sang ; une seule, celle de Rome, garde sa tombe : l’Évêque de Rome est donc le successeur de Pierre, et, par là même, le Vicaire du Christ. C’est de lui, et non d’un autre, qu’il est dit : Sur toi je bâtirai mon Église. Et encore : Je te donnerai les Clefs du Royaume des cieux. Et encore : J’ai prié pour toi, pour que ta foi ne défaille pas ; confirme tes frères. Et encore : Pais mes agneaux ; pais mes brebis.

L’hérésie protestante l’avait si bien compris, que longtemps elle s’efforça de jeter des doutes sur le séjour de saint Pierre à Rome, croyant avec raison anéantir, par ce stratagème, l’autorité du Pontife Romain, et la notion même d’un Chef dans l’Église. La science historique a fait justice de cette puérile objection ; et depuis longtemps, les érudits de la Réforme sont d’accord avec les catholiques sur le terrain des faits, et ne contestent plus un des points de l’histoire les mieux établis par la critique.

Ce fut pour opposer l’autorité de la Liturgie à une étrange prétention des Réformateurs, que Paul IV, en 1558, rétablit au dix-huit janvier l’antique fête de la Chaire de saint Pierre à Rome ; car, depuis de longs siècles, l’Église ne solennisait plus le mystère du Pontificat du Prince des Apôtres qu’au vingt-deux février. Désormais, ce dernier jour fut assigné au souvenir de la Chaire d’Antioche, la première que l’Apôtre ait occupée.

Aujourd’hui donc, la Royauté de notre Emmanuel brille de tout son éclat ; et les enfants de l’Église se réjouissent de se sentir tous frères et concitoyens d’un même Empire, en célébrant la gloire de la Capitale qui leur est commune à tous. Lorsque, regardant autour d’eux, ils aperçoivent tant de sectes divisées et dépourvues de toutes les conditions de la durée, parce qu’un centre leur manque, ils rendent grâces au Fils de Dieu d’avoir pourvu à la conservation de son Église et de sa Vérité, par l’institution d’un Chef visible dans lequel Pierre se continue à jamais, comme le Christ lui-même dans Pierre. Les hommes ne sont plus des brebis sans pasteur ; la parole dite au commencement se perpétue, sans interruption, à travers les âges ; la mission première n’est jamais suspendue, et, par le Pontife Romain, la fin des temps s’enchaîne à l’origine des choses. « Quelle consolation aux enfants de Dieu ! s’écrie a Bossuet, dans le Discours sur l’Histoire universelle ; mais quelle conviction de la vérité quand ils voient que d’Innocent XI, qui remplit aujourd’hui (1681) si dignement le premier Siège de l’Église, on remonte, sans interruption, jusqu’à saint Pierre, établi par Jésus-Christ prince des Apôtres : d’où, en reprenant les Pontifes qui ont servi sous la Loi, on va jusqu’à Aaron et jusqu’à Moïse ; de là jusqu’aux Patriarches et jusqu’à l’origine du monde ! » Pierre, en entrant dans Rome, vient donc accomplir et expliquer les destinées de cette cité maîtresse ; il vient lui promettre un Empire plus étendu encore que celui qu’elle possède. Ce nouvel Empire ne s’établira point parla force, comme le premier. De dominatrice superbe des nations qu’elle avait été jusqu’alors, Rome, parla charité, devient Mère des peuples ; mais, tout pacifique qu’il est, son Empire n’en sera pas moins durable. Écoutons saint Léon le Grand, dans un de ses plus magnifiques Sermons, raconter, avec toute la pompe de son langage, l’entrée obscure, et pourtant si décisive, du Pêcheur de Génésareth dans la capitale du paganisme :
« Le Dieu bon, juste et tout-puissant, qui n’a jamais dénié sa miséricorde au genre humain, et qui, par l’abondance de ses bienfaits, a fourni à tous les mortels les moyens de parvenir à la connaissance de son Nom, dans les secrets conseils de son immense amour, a pris en pitié l’aveuglement volontaire des hommes, et la malice qui les précipitait dans la dégradation, et il leur a envoyé son Verbe, qui lui est égal et coéternel. Or, ce Verbe, s’étant fait chair, a si étroitement uni la nature divine à la nature humaine, que l’abaissement de la première jusqu’à notre abjection est devenu pour nous le principe de l’élévation la plus sublime.
« Mais, afin de répandre dans le monde entier les effets de cette inénarrable faveur, la Providence a préparé l’Empire romain, et en a si loin reculé les limites, qu’il embrassât dans sa vaste enceinte l’universalité des nations. C’était, en effet, une chose merveilleusement utile à e l’accomplissement de l’œuvre divinement projetée, que les divers royaumes formassent la confédération d’un Empire unique, afin que la prédication générale parvînt plus vite à l’oreille des peuples, rassemblés qu’ils étaient déjà sous le régime d’une seule cité.
« Cette cité, méconnaissant le divin auteur de ses destinées, s’était faite l’esclave des erreurs de tous les peuples, au moment même où elle les tenait presque tous sous ses lois, et croyait a encore posséder une grande religion, parce qu’elle ne rejetait aucun mensonge ; mais plus durement était-elle enlacée par le diable, plus merveilleusement fut-elle affranchie par le Christ.
« En effet, lorsque les douze Apôtres, après avoir reçu par l’Esprit-Saint le don de parler toutes les langues, se furent distribué les diverses parties de la terre, et qu’ils eurent pris possession de ce monde qu’ils devaient instruire de l’Évangile, le bienheureux Pierre, Prince de l’ordre Apostolique, reçut en partage la citadelle de l’Empire romain, afin que la Lumière de vérité, qui était manifestée pour le salut de toutes les nations, se répandît plus efficacement, rayonnant du centre de cet Empire sur le monde entier.
« Quelle nation, en effet, ne comptait pas de nombreux représentants dans cette ville ? Quels peuples eussent jamais pu ignorer ce que Rome avait appris ? C’était là que devaient être écrasées les opinions de la philosophie ; là que devaient être dissipées les vanités de la sagesse terrestre ; là que le culte des démons devait être confondu ; là enfin devait être détruite l’impiété de tous les sacrifices, dans ce lieu même où une superstition habile avait rassemblé tout ce que les diverses erreurs avaient jamais produit.
« Est-ce que tu ne crains pas, bienheureux Apôtre Pierre, de venir seul dans cette ville ? Paul l’Apôtre, le compagnon de ta gloire, est encore occupé à fonder d’autres Églises ; et toi, tu t’enfonces dans cette forêt peuplée de bêtes farouches, tu marches sur cet océan dont la profondeur est pleine de tempêtes, avec plus de courage qu’au jour où tu marchais sur les eaux. Tu ne redoutes pas Rome, la maîtresse du monde, toi qui, dans la maison de Caïphe, avais tremblé à la voix d’une servante de ce prêtre. Est-ce que le tribunal de Pilate, ou la cruauté des Juifs, étaient plus à craindre que la puissance d’un Claude ou la férocité d’un Néron ? Non ; mais la force de ton amour triomphait de la crainte, et tu n’estimais pas redoutables ceux que tu avais reçu la charge d’aimer. Sans doute, tu avais déjà conçu le sentiment de cette intrépide charité, au jour où la profession de ton amour envers le Seigneur fut sanctionnée par le mystère d’une triple interrogation. Aussi n’exigea-t-on autre chose de ton âme, si ce n’est que, pour paître les brebis de Celui que tu aimais, ton cœur dépensât pour elles la substance dont il était rempli.
« Ta confiance, il est vrai, devait s’accroître au souvenir des miracles si nombreux que tu avais opérés, de tant de précieux dons de la grâce que a tu avais reçus, et des expériences si multipliées de la vertu qui résidait en toi. Déjà tu avais instruit les peuples de la Circoncision, qui avaient cru à ta parole ; déjà tu avais fondé l’Église d’Antioche, où commença d’abord la dignité du nom Chrétien ; déjà tu avais soumis aux lois de la prédication évangélique le Pont, a la Galatie, la Cappadoce, l’Asie et la Bithynie ; et alors, sûr du progrès de ton œuvre et de la durée de ta vie, tu vins élever sur les remparts de Rome le trophée de la Croix du Christ, là même où les conseils divins avaient préparé pour toi l’honneur de la puissance suprême, et la gloire du martyre. »

L’avenir du genre humain par l’Église est donc pour jamais fixé à Rome, et les destinées de cette ville sont pour toujours enchaînées à celles du Pontife immortel. Divisés, de races, de langages, d’intérêts, nous tous, enfants de l’Église, nous sommes Romains dans l’ordre de la religion ; et ce titre de Romains nous unit par Pierre à Jésus-Christ, et forme le lien de la grande fraternité des peuples et des individus catholiques. Jésus-Christ par Pierre, Pierre par son successeur, nous régissent dans l’ordre du gouvernement spirituel. Tout pasteur dont l’autorité n’émane pas du Siège de Rome, est un étranger, un intrus. De même, dans l’ordre de la croyance, Jésus-Christ par Pierre, Pierre par son successeur, nous enseignent la doctrine divine, et nous apprennent à discerner la vérité de l’erreur. Tout Symbole de foi, tout jugement doctrinal, tout enseignement, contraire au Symbole, aux jugements, aux enseignements du Siège de Rome, est de l’homme et non de Dieu, et doit être repoussé avec horreur et anathème. En la fêle de la Chaire de saint Pierre à Antioche, nous parlerons du Siège Apostolique comme source unique de la puissance de gouvernement dans l’Église ; aujourd’hui, honorons la Chaire romaine comme la source et la règle de notre foi. Empruntons encore ici le sublime langage de saint Léon, et interrogeons-le sur les titres de Pierre à l’infaillibilité de l’enseignement. Nous apprendrons de ce grand Docteur à peser la force des paroles que le Christ prononça pour être le titre suprême de notre foi, dans toute la durée des siècles.

« Le Verbe fait chair était venu habiter au milieu de nous, et le Christ s’était dévoué tout entier à la réparation du genre humain. Rien qui n’eût été réglé par sa sagesse, rien qui se fût trouvé au-dessus de son pouvoir. Les éléments lui obéissaient, les Esprits angéliques étaient à ses ordres ; le mystère du salut des hommes ne pouvait manquer son effet ; car Dieu, dans son Unité et dans sa Trinité, daignait s’en occuper lui-même. Cependant de ce monde tout entier, Pierre seul est choisi, pour être préposé à la vocation de toutes les nations, à tous les Apôtres, à tous les Pères de l’Église. Dans le peuple de Dieu, il y aura plusieurs prêtres et plusieurs pasteurs ; mais Pierre régira, par une puissance qui lui est propre, tous ceux que le Christ régit lui-même d’une manière plus élevée encore. Quelle grande et admirable participation de son pouvoir Dieu a daigné donner à cet homme, ô frères chéris ! S’il a voulu qu’il y eût quelque chose de commun entre lui et les autres pasteurs, il l’a fait à la condition de donner à ceux-ci, par Pierre, tout ce qu’il voulait bien ne pas leur refuser.

« Le Seigneur interroge tous les Apôtres sur l’idée que les hommes ont de lui. Les Apôtres sont d’accord, tant qu’il ne s’agit que d’exposer les différentes opinions de l’ignorance humaine. Mais quand le Christ en vient à demander à ses disciples leur propre sentiment, celui-là est le premier à confesser le Seigneur, qui est le premier dans la dignité apostolique. C’est lui qui dit : Vous êtes le Christ, Fils du Dieu vivant. Jésus lui répond : Tu es heureux, Simon, fils de Jonas ; car ni la chair ni le sang ne t’ont révélé ces choses, mais mon Père qui est dans les cieux. C’est-à-dire : Oui, tu es heureux, car mon Père t’a instruit ; les pensées de la terre ne t’ont point induit en erreur, mais l’inspiration du ciel t’a éclairé. Ce n’est ni la chair ni le sang, mais Celui-là même dont je suis le Fils unique, qui m’a fait connaître à toi. Et moi, ajoute-t-il, je te le dis : De même que mon Père t’a dévoilé ma divinité, à mon tour, jeté fais connaître ton excellence. Car tu es Pierre, c’est-à-dire, de même que je suis la Pierre inviolable, la Pierre angulaire qui réunit les deux murs, le Fondement si essentiel que l’on n’en saurait établir un autre : ainsi, toi-même, tu es Pierre, car tu reposes sur ma solidité, et les choses qui me sont propres par la puissance qui est en moi, te sont communes avec moi par la participation que je t’en fais. Et sur cette pierre je bâtirai mon Église ; et les portes de l’enfer ne prévaudront point contre elle. Sur la solidité de cette pierre, je bâtirai le temple éternel ; et mon Église, dont le faîte montera jusqu’au ciel , s’élèvera sur la fermeté de cette foi.

« La veille de sa Passion, qui devait être une épreuve pour la constance de ses disciples, le Seigneur dit ces paroles : Simon, Simon, Satan a demandé à vous cribler comme le froment ; mais j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas. Quand tu seras converti, confirme tes frères. Le péril de la tentation était commun à tous les Apôtres ; tous avaient besoin du secours de la protection divine ; car le diable se proposait de les remuer tous, et de les écraser tous. Cependant le Seigneur ne prend un soin spécial que de Pierre seul ; ses prières sont pour la foi de Pierre, comme si le salut des autres était en sûreté, par cela seul que l’âme de leur Prince n’aura point été abattue. C’est donc sur Pierre que le courage de tous s’appuiera, que le secours de la grâce divine sera ordonné, afin que la solidité que le Christ attribue à Pierre, soit par Pierre conférée aux Apôtres. »

Dans un autre Sermon, l’éloquent Docteur nous fait voir comment Pierre vit et enseigne toujours dans la Chaire Romaine. « La disposition établie par Celui qui est la Vérité même, persévère donc toujours, et le bienheureux Pierre, conservant la solidité qu’il a reçue, n’a jamais abandonné le gouvernail de l’Église. Car tel est le rang qui lui a été donné au-dessus de tous les autres, que, lorsqu’il est appelé Pierre, lorsqu’il est proclamé Fondement, lorsqu’il est constitué Portier du Royaume des cieux, lorsqu’il est établi Arbitre pour lier et délier, avec une telle force dans ses jugements qu’ils sont ratifiés jusque dans les cieux, nous sommes à même de connaître, par le mystère de si hauts titres, le lien qu’il avait avec le Christ. Maintenant, c’est avec plus de plénitude et de puissance qu’il remplit la mission qui lui fut confiée ; et toutes les parties de son office et de sa charge, il les exerce en Celui et avec Celui par qui il a été glorifié.

« Si donc, sur cette Chaire, nous faisons quelque chose de bien, si nous décrétons quelque chose de juste, si nos prières quotidiennes obtiennent quelque grâce de la miséricorde de Dieu, c’est par l’effet des œuvres et des mérites de celui qui vit dans son Siège et y éclate par son autorité. Il nous l’a mérité, frères chéris, par cette confession qui, inspirée à son coeur d’Apôtre par Dieu le Père, a dépassé toutes les incertitudes des opinions humaines, et mérité de recevoir cette fermeté de la Pierre que nuls assauts ne pourraient ébranler. Chaque jour, dans toute l’Église, c’est Pierre qui dit : Vous êtes le Christ, Fils du Dieu vivant ; et toute langue qui confesse le Seigneur est instruite par le magistère de cette voix. C’est cette foi qui triomphe du diable, et brise les liens de ceux t qu’il tenait captifs. C’est elle qui introduit au ciel les fidèles au sortir de ce monde ; et les portes de l’enfer ne peuvent prévaloir contre elle. Telle est, en effet, la force divine qui la garantit, que jamais la perversité hérétique ne l’a pu corrompre, ni la perfidie païenne la surmonter. » Ainsi parle saint Léon, « Qu’on ne dise donc point, s’écrie Bossuet, dans le Sermon sur l’Unité de l’Église, qu’on ne dise point, qu’on ne pense point que ce ministère de saint Pierre finit avec lui : ce qui doit servir de soutien à une Église éternelle, ne peut jamais avoir de fin. Pierre vivra dans ses successeurs, Pierre parlera toujours dans sa Chaire : c’est ce que disent les Pères ; c’est ce que confirment six cent trente Évêques, au Concile de Chalcédoine. » Et encore : « Ainsi l’Église Romaine est toujours Vierge ; la foi Romaine est toujours la foi de l’Église ; on croit toujours ce qu’on a cru, la même voix retentit partout ; et Pierre demeure, dans ses successeurs, le fondement des fidèles. C’est Jésus-Christ qui l’a dit ; et le ciel et la terre passeront plutôt que sa parole. »

Tous les siècles chrétiens ont professé cette doctrine de l’infaillibilité du Pontife romain enseignant l’Église du haut de la Chaire apostolique. On la trouve enseignée expressément dans les écrits des saints Pères, et les Conciles œcuméniques de Lyon et de Florence se sont énoncés, dans leurs actes les plus solennels, d’une manière assez claire pour ne laisser aucun doute aux chrétiens de bonne foi. Néanmoins, l’esprit d’erreur, à l’aide de sophismes contradictoires, et en présentant sous un faux jour quelques faits isolés et mal compris, essaya, durant une période trop longue, de faire prendre le change aux fidèles d’un pays dévoué d’ailleurs au siège de Pierre. L’influence politique fut la première cause de cette triste scission, que l’orgueil d’école rendit trop durable. Le seul résultat fut d’affaiblir le principe d’autorité dans les contrées où elle régna, et d’y perpétuer la secte janséniste, dont les erreurs avaient été condamnées par le Siège Apostolique. Les hérétiques répétaient, après l’Assemblée de Paris en 1682, que les jugements qui avaient proscrit leurs doctrines, n’étaient pas en eux-mêmes irréformables.

L’Esprit-Saint qui anime l’Église a enfin extirpé cette funeste erreur. Dans le Concile du Vatican, il a dicté la sentence solennelle qui déclare que désormais ceux qui refuseraient de reconnaître pour infaillibles les décrets rendus solennellement par le Pontife romain en matière de foi et de morale, ont cessé par là même de faire partie de l’Église catholique. C’est en vain que l’enfer a tenté d’entraver les opérations de l’auguste assemblée, et si le Concile de Chalcédoine s’était écrié : « Pierre a parlé par Léon » ; si le troisième Concile de Constantinople avait répété : « Pierre a parlé par Agathon » ; le Concile du Vatican a proclamé : « Pierre a parlé et parlera toujours par le Pontife romain. »

Remplis de reconnaissance pour le Dieu de vérité qui a daigné élever et garantir de toute erreur la Chaire romaine, nous écouterons avec soumission d’esprit et de cœur les enseignements qui en descendent. Nous reconnaîtrons l’action divine dans la fidélité avec laquelle cette Chaire immortelle a su conserver la vérité sans tache durant dix-huit siècles, tandis que les Sièges de Jérusalem, d’Antioche, d’Alexandrie et de Constantinople ont pu à peine la garder quelques centaines d’années, et sont devenus l’un après l’autre ces chaires de pestilence dont parle le Prophète.

En ces jours consacrés à honorer l’Incarnation du Fils de Dieu et sa naissance du sein d’une Vierge, rappelons-nous que c’est au Siège de Pierre que nous devons la conservation de ces dogmes qui sont le fondement de notre Religion tout entière. Non seulement Rome nous les a enseignés par les apôtres auxquels elle donna mission de prêcher la foi dans les Gaules ; mais quand les ténèbres de l’hérésie tentèrent de jeter leur ombre sur de si hauts mystères, ce fut Rome encore qui assura le triomphe de la vérité par sa décision souveraine. A Ephèse, où il s’agissait, en condamnant Nestorius, d’établir que la nature divine et la nature humaine, dans le Christ, ne forment qu’une seule personne, et que, par conséquent, Marie est véritablement Mère de Dieu ; à Chalcédoine, où l’Église avait à proclamer, contre Eutychès, la distinction des deux natures dans le Verbe incarné, Dieu et homme : les Pères de deux Conciles œcuméniques déclarèrent qu’ils ne faisaient que suivre, dans leur décision, la doctrine qui leur était transmise par les lettres du Siège Apostolique.

Tel est donc le privilège de Rome, de présider par la foi aux intérêts de la vie future, comme elle présida par les armes, durant des siècles, aux intérêts de la vie présente, dans le monde connu alors. Aimons et honorons cette ville Mère et Maîtresse, notre patrie commune ; et, d’un cœur filial, célébrons aujourd’hui sa gloire. Nous consacrerons à la louange de saint Pierre quelques cantiques empruntés à l’antiquité chrétienne et à la Liturgie, en commençant par ces admirables strophes où Prudence exprime avec tant de noblesse la prière que fit saint Laurent en faveur de Rome chrétienne, pendant que les charbons ardents dévoraient ses membres sur le gril embrasé :

HYMNE.
O Christ ! Dieu unique, splendeur, vertu du Père, auteur de la terre et des cieux, toi dont la main éleva ces remparts,
Toi qui as placé le sceptre de Rome au-dessus des destinées de l’humanité ! dans tes conseils, tu as voulu que le monde entier cédât à la toge, et se soumit aux armes du Romain,
Afin de réunir sous une loi unique tant de nations divisées de mœurs, de coutumes, de langage et de sacrifices.
Le moment est venu ; le genre humain tout entier a passé sous l’empire de Rémus ; l’unité remplace maintenant la dissemblance des usages.
Ton dessein, ô Christ, a été d’enlacer l’univers d’une même chaîne sous l’empire du nom Chrétien.
Fais donc, fais chrétienne aujourd’hui, en faveur des Romains qui sont à toi, cette Rome, l’instrument et le centre de l’unité pour les autres villes qui invoquent ton Nom ;
Car c’est en elle que les membres se réunissent dans un seul tout mystérieux.
L’univers a subi la loi de douceur ; que le jour vienne où sa superbe capitale,
Sous ce joug de grâce qui a réuni les races les plus ennemies, adoucisse aussi sa fierté ; que Romulus à son tour devienne fidèle, et que Numa s’abaisse devant la foi.
Dans le secret sanctuaire de son foyer, le successeur des Catons vénère honteusement encore les Pénates autrefois chassés de Troie.
Le Sénat honore encore Janus aux deux visages ; il persiste à rendre un culte dégoûtant, hérité de ses pères, au dieu Sterculus et au vieux Saturne.
Efface, ô Christ, ce déshonneur ; envoie ton Gabriel montrer aux aveugles fils d’Iule quel est le Dieu véritable.
Déjà, nous Chrétiens, nous possédons le gage assuré de cette espérance ; déjà règnent dans Rome les deux Princes des Apôtres.
L’un, noble instrument de la vocation des Gentils ; l’autre, assis sur la première Chaire, a reçu le soin d’ouvrir et de fermer les portes de l’éternité.
Fuis, adultère, incestueux Jupiter, délivre Rome de ta présence ; fuis et laisse en sa liberté le peuple du Christ.
C’est Paul qui te poursuit ; c’est le sang de Pierre qui crie contre toi ; paie maintenant les forfaits de Néron.
Je vois venir un prince, un Empereur serviteur de Dieu ; son zèle s’indignera de voir Rome esclave de ces sacrifices d’ignominie.
Il viendra fermer les temples ; il en scellera les portes d’ivoire. Par son ordre, d’éternels verrous en défendront le seuil.
De ce jour, le marbre ne verra plus l’impur sang des victimes souiller sa blancheur, et les idoles, spectacle désormais innocent, demeureront debout sans hommages.

L’Église Gothique d’Espagne chantait cette Hymne de son Bréviaire Mozarabe le jour de la Chaire de saint Pierre.

HYMNE.
O Pierre ! Toi qui es la Pierre de l’Église, heureux es-tu dans ton nom, que le Christ, qui le porte lui-même, t’a donné, et non toi au Christ !
Tu es Pierre qui, le premier, as confessé le Fils de Dieu ; pour prix de ta foi, tu es le premier des membres, et tu portes le nom de Céphas.
Voici le jour où tu fus inauguré dans la ville de Romulus ; où, montant sur ton trône, tu fus élevé sur la Chaire auguste.
Fais que la gloire et la puissance, qui en toi résident comme dans leur source, viennent briser les liens de nos péchés, fermer les portes des enfers.
Comme un pasteur plein de bonté, gouverne les brebis qui te furent confiées ; veille au dedans, veille au dehors ; protège-nous, afin que nous ne soyons pas renversés.
Délie, par la clef céleste, nos chaînes criminelles, et conduis-nous, pécheurs pardonnés, au palais dont tu es le portier illustre.
Et quand tu auras réuni au Roi des cieux ses membres qui en sont encore séparés, soit gloire à la Trinité, à jamais, dans tous les siècles. Amen.

L’Hymne qui suit est suspendue à la balustrade de la Confession de saint Pierre, dans la Basilique Vaticane, pour l’usage des pèlerins.

HYMNE.
Saint Apôtre, porte-clefs des cieux, secourez-nous par vos prières, rendez-nous accessibles les portes des palais célestes.
Vous avez lavé votre péché dans les larmes abondantes de la pénitence, obtenez que nous aussi lavions des pleurs nos crimes par continuels.
Un Ange vint délier vos chaînes ; vous, daignez nous arracher aux liens criminels qui nous captivent.
O pierre solide de l’Église, colonne qui ne peut fléchir ! donnez-nous force et constance ; que l’erreur en nous ne renverse pas la foi.
Protégez Rome que vous avez jadis consacrée par votre sang ; sauvez les nations qui se confient en vous.
Soyez le défenseur de la société des fidèles qui vous honorent ; que la contagion ne vienne pas lui nuire, ni la discorde la diviser.
Détruisez les artifices que l’ancien ennemi a dressés contre nous, comprimez sa fureur atroce, et que sa rage ne s’exerce pas sur nous.
Contre ses assauts furieux, donnez-nous des forces au moment de la mort, afin que, dans ce combat suprême, nous puissions demeurer victorieux.
Amen.

Nous sommes donc établis sur Jésus-Christ dans notre foi et dans nos espérances, ô Prince des Apôtres, puisque nous sommes établis sur vous qui êtes la Pierre qu’il a posée. Nous sommes donc les brebis du troupeau de Jésus-Christ, puisque nous vous obéissons comme à notre pasteur. En vous suivant, ô Pierre, nous sommes donc assurés d’entrer dans le Royaume des cieux, puisque vous en tenez les clefs. Quand nous nous glorifions d’être vos membres, ô notre Chef, nous pouvons donc nous regarder comme les membres de Jésus-Christ même ; car le Chef invisible de l’Église ne reconnaît point d’autres membres que ceux du Chef visible qu’il a établi. De même, quand nous gardons la foi du Pontife Romain, quand nous obéissons à ses ordres, c’est votre foi, ô Pierre, que nous professons, ce sont vos commandements que nous suivons ; car si le Christ enseigne et régit en vous, vous enseignez et régissez dans le Pontife Romain.

Grâces soient donc rendues à l’Emmanuel qui n’a pas voulu nous laisser orphelins, mais qui, avant de retourner dans les cieux, a daigné nous assurer, jusqu’à la consommation des siècles, un Père et un Pasteur. La veille de sa Passion, voulant nous aimer jusqu’à la fin, il nous laissa son corps pour nourriture et son sang pour breuvage. Après sa glorieuse Résurrection, au moment de monter à la droite de son Père, ses Apôtres étant réunis autour de lui , il constitua son Église comme une immense bergerie, et il dit à Pierre : Pais mes brebis , pais mes agneaux. Par ce moyen, ô Christ, vous assuriez la perpétuité de cette Église ; vous établissiez dans son sein l’unité, qui seule pouvait la conserver et la défendre des ennemis du dehors et du dedans. Gloire à vous, architecte divin, qui avez bâti sur la Pierre ferme votre édifice immortel ! Les vents ont soufflé, les tempêtes se sont déchaînées, les flots ont battu avec rage ; mais la maison est demeurée debout, parce qu’elle était assise sur le roc. [2].

Rome ! en ce jour où toute l’Église proclame ta gloire, et se félicite d’être bâtie sur ta Pierre, reçois les nouvelles promesses de notre amour, les nouveaux serments de notre fidélité. Toujours tu seras notre Mère et notre Maîtresse, notre guide et notre espérance. Ta foi sera à jamais la nôtre ; car quiconque n’est pas avec toi n’est pas avec Jésus-Christ. En toi tous les hommes sont frères, et tu n’es point pour nous une cité étrangère, ni ton Pontife un souverain étranger. Nous vivons par toi de la vie du cœur et de l’intelligence ; et tu nous prépares à habiter un jour cette autre cité dont tu es l’image, cette cité du ciel dont tu formes l’entrée.

Bénissez, ô Prince des Apôtres, les brebis confiées à votre garde ; mais souvenez-vous de celles qui sont malheureusement sorties du bercail. Loin de vous, des nations entières que vous aviez élevées et civilisées par la main de vos successeurs, languissent, et ne sentent pas encore le malheur d’être éloignées du Pasteur. Le schisme glace et corrompt les unes ; l’hérésie dévore les autres. Sans le Christ visible dans son Vicaire, le Christianisme devient stérile et peu à peu s’anéantit. Les doctrines imprudentes qui tendent à amoindrir la somme des dons que le Seigneur a conférés à celui qui doit tenir sa place jusqu’au jour de l’éternité, ont trop longtemps desséché les cœurs de ceux qui les professaient ; trop souvent elles les ont disposés à substituer le culte de César au service de Pierre. Guérissez tous ces maux, ô Pasteur suprême ! Accélérez le retour des nations séparées ; hâtez la chute de l’hérésie du seizième siècle ; ouvrez les bras à votre fille chérie, l’Église d’Angleterre : qu’elle refleurisse comme aux anciens jours. Ébranlez de plus en plus l’Allemagne et les royaumes du Nord ; que tous ces peuples sentent qu’il n’y a plus de salut pour la foi qu’à l’ombre de votre Chaire. Renversez le colosse monstrueux du Septentrion, qui pèse à la fois sur l’Europe et sur l’Asie, et déracine partout la vraie religion de votre Maître. Rappelez l’Orient à son antique fidélité ; qu’il revoie, après une si longue éclipse, ses Sièges Patriarcaux se relever dans l’unité de la soumission à l’unique Siège Apostolique.

Nous enfin qui, par la miséricorde divine et par l’effet de votre paternelle tendresse, sommes demeurés fidèles, conservez-nous dans la foi Romaine, dans l’obéissance à votre successeur. Instruisez-nous des mystères qui vous ont été confiés ; révélez-nous ce que le Père céleste vous a révélé à vous-même. Montrez-nous Jésus, votre Maître ; conduisez-nous à son berceau, afin qu’à votre exemple, et sans être scandalisés de ses abaissements, nous ayons le bonheur de lui dire comme vous : Vous êtes le Christ, le Fils du Dieu vivant !

Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum

L’histoire de cette fête se perd dans les ténèbres des catacombes, et après des études récentes, aujourd’hui encore l’on ne peut dire en avoir écarté toutes les incertitudes et les obscurités. Dès le IIIe siècle au moins, on vénérait à Rome, dans la région cimitérale comprise entre la voie Salaria et la voie Nomentane, un souvenir — symbolisé probablement par une chaire de bois ou de tuf — du ministère apostolique exercé en ce lieu par saint Pierre. Là brûlaient des lampes, et les pèlerins du VIe siècle qui visitaient ce lieu, avaient coutume d’en rapporter chez eux, par dévotion, quelques flocons d’ouate ou de coton trempés dans cette huile parfumée. Par la suite, nous retrouvons la sella gestatoria apostolicae confessionis, comme l’appelle Ennodius, au baptistère damasien du Vatican, en sorte qu’il est dit du pape Sirice, successeur de Damas : Fonte sacro magnus meruit sedere sacerdos.

Pourtant, tandis qu’à Rome le Natale Petri de Cathedra, le 22 février, est noté dès le IVe siècle dans le Laterculus Philocalien, les Églises gallicanes, sans doute pour ne pas célébrer cette fête pendant le Carême, prirent l’habitude de l’anticiper au 18 janvier. Les deux usages se développèrent indépendants et parallèles pendant plusieurs siècles, puis, finalement, hors de Rome, ils en vinrent à perdre l’unité primitive de leur signification, et au lieu d’une unique Chaire de saint Pierre, il y en eut deux, l’une attribuée à Rome, celle du 18 janvier, et l’autre à un autre siège, en définitive à celui d’Antioche.

Rome médiévale oublia pendant quelque temps le Natale Petri de Cathedra — sans doute alors que cette chaire fut enlevée de son siège primitif et transportée au Vatican ; ou, mieux encore, quand on commença à célébrer solennellement, avec un sens presque analogue, le Natale Ordinationis du Pape, à l’occasion duquel affluaient chaque année à Rome un grand nombre d’évêques. — Le fait est que cette fête est absolument inconnue des sacramentaires romains et qu’elle reparaît seulement à la date traditionnelle dans les calendriers du XIe siècle et dans les Ordines Romani d’époque tardive. Urbain, VI voulut rendre à cette solennité son antique splendeur, et il ordonna qu’en ce jour, durant la messe papale au Vatican, un des cardinaux ferait un discours au peuple. Mais le zèle du fervent Pontife n’eut pas de suite, et ce fut seulement en 1558 que Paul IV prescrivit à nouveau la célébration de la fête de la Cathedra S. Petri qua primum Romae sedit le 18 janvier, conformément aux traditions gallicanes.

La vénérable relique de la chaire de saint Pierre, transportée du baptistère où elle se trouvait au Ve siècle, est maintenant conservée dans l’abside de la basilique vaticane dont elle constitue l’un des plus magnifiques ornements. Elle est réduite à quelques morceaux de bois, mais dès l’antiquité on la recouvrit de lames d’ivoire historiées. La Renaissance n’a guère tenu compte de la profonde signification dogmatique de ce siège, alors qu’y prenaient réellement place les pontifes romains. L’art grandiose du Bernin a enfermé ce trésor dans un reliquaire colossal, mais il en résulte que maintenant le Pape ne peut plus s’asseoir, comme les pontifes des quinze premiers siècles, sur sa véritable et antique chaire, celle que Prudence appelait sans plus : Cathedra Apostolica.

L’antienne pour l’introït est du Commun Statuit.

Les collectes suivantes se trouvent déjà, avec de légères variantes, dans le Sacramentaire dit Gélasien, pour le natale de saint Pierre. Le concept de la puissance des clefs inspirait tellement l’antique dévotion envers les apôtres, et en particulier envers saint Pierre, qu’on leur demandait avec insistance, dans les hymnes, les collectes et les répons, la rémission des péchés.
Prière. « 0 Dieu, qui en remettant les clefs du royaume céleste à votre apôtre Pierre, l’avez revêtu du pontificat, accordez-nous par son intercession d’être déliés des chaînes de nos péchés. »

Selon la primitive habitude romaine, chaque fois qu’on célèbre la mémoire de saint Pierre, on la fait suivre immédiatement de celle de saint Paul, et réciproquement car, selon le texte d’une antique antienne : quomodo in vita sua dilexerunt se, ita et in morte non sunt separati. La collecte suivante se trouve aussi dans l’Antiphonaire Grégorien : « O Dieu qui avez instruit la multitude des nations au moyen de la prédication de votre bienheureux apôtre Paul, de grâce accordez-nous que, vénérant sa mémoire, nous puissions aussi expérimenter l’efficace de son patronage auprès de vous. ».

Suit un passage de 1ère lettre de saint Pierre (I, 1, 1-7) aux Églises de l’Asie Mineure, au lendemain de l’incendie de Rome, alors que déjà avaient été inaugurées dans les jardins vaticans les premières grandes persécutions néroniennes contre les chrétiens. Calme, l’Apôtre exhorte les fidèles à souffrir courageusement l’épreuve du jeu, puisque ainsi s’affine l’or de leur foi, dans l’attente du jour de la parousie, où, au lieu du « divin » Néron, cocher, incendiaire et parricide, le Christ Jésus apparaîtra dans sa gloire pour donner aux fidèles le fruit de leurs souffrances et la récompense de leur espoir.

Le répons-graduel emprunté au psaume 106 provient des usages gallicans. Il est également cité aujourd’hui par le Bréviaire dans un sermon attribué à saint Augustin, mais qui appartient à un évêque anonyme des Gaules, assurément fort ancien : Unde convenienter psalmus qui lectus est dicit : exaltent eum in ecclesia plebis et in cathedra seniorum laudent eum : « Qu’ils le célèbrent au milieu de l’assemblée du peuple et qu’ils disent ses louanges quand ils sont assis sur les chaires des anciens. »

« Qu’ils glorifient le Seigneur pour ses miséricordes, et pour ses prodiges en faveur des fils de l’homme. » : Dieu se complaît immensément, non seulement dans la prière privée, mais aussi dans la prière liturgique, qui, par son caractère social, correspond précisément à la nature de l’homme et reflète fidèlement l’âme de l’Église.

Le verset alléluiatique est le suivant : « Alléluia, alléluia. » (MATTH., xvi, 18) : « Tu es Pierre, et sur cette pierre j’édifierai mon Église. » De même que les fondations soutiennent toute la masse de l’édifice, ainsi est-elle la véritable Église fondée par Jésus-Christ, celle qui est érigée sur l’autorité et sur la foi de Pierre, toujours vivant et visible dans ses successeurs.

Après la Septuagésime, on omet le verset alléluiatique, et on chante à sa place le trait suivant, qui cependant ne se trouve en aucun ancien sacramentaire, et qui, par sa structure même, révèle une origine très tardive. En effet, au lieu d’être tiré, conformément à là règle, du Psautier qui est le livre de chant par excellence de l’Église, il se compose de quelques versets de l’Évangile selon saint Matthieu que les anciens, en vertu d’un religieux respect, réservaient exclusivement à la lecture faite par le diacre sur l’ambon.
Trait (Matth., xvi, 18) : « V/. Tu es Pierre, et sur cette pierre j’édifierai mon Église. V/. Et les portes de l’enfer ne prévaudront pas contre elle ; et à toi je donnerai les clefs du royaume des cieux. V/. Tout ce que tu auras lié sur la terre sera aussi lié dans les cieux. V/. Et tout ce que tu auras délié sur la terre sera aussi délié dans les cieux. »
Les portes de l’enfer désignent ici la puissance même du prince des démons, puisque, chez les anciens Sémites, les assemblées judiciaires se tenaient souvent aux portes des cités. Les portes de l’Hadès sont ici en opposition avec celles dont les clefs ont été remises à Pierre. Il faudra donc admettre en ce dernier cas également, que les portes du royaume des cieux signifient la puissance et l’autorité hiérarchique dont Pierre est le dépositaire immédiat, et qu’il exerce en vertu de l’institution divine sur toute l’Église du Christ.

Là réside en effet la différence existant entre l’autorité du Pape et celle des autres patriarches, métropolitains, etc. Qu’ils aient juridiction sur d’autres évêques, cela ne se lit nulle part dans l’Évangile ; tandis qu’au contraire nous savons qu’à diverses époques, ils ont obtenu cette prérogative par l’autorité des conciles ou des papes. En revanche, le saint Évangile expose d’une manière solennelle et explicite l’autorité universelle concédée par le Sauveur à saint Pierre. De son côté, l’histoire démontre que dès les temps les plus rapprochés de l’âge apostolique, les pontifes romains, sans aucune opposition de la part de l’Église, ont exercé de fait cette primauté de juridiction comme un ministère à eux attribué par le Christ, dans les paroles qu’il adressa à saint Pierre ; en sorte que, du seul point de vue historique, l’on doit exclure une période où cette primauté aurait été instituée par l’œuvre de facteurs naturels. Non, l’histoire contient bien les documents de l’exercice de la primauté pontificale ; mais c’est dans l’Évangile que se trouve son institution. Aujourd’hui la lecture évangélique a trait à l’institution de la primauté pontificale, dont la pensée inspire aussi toute la messe. Avec les gloires attribuées à la puissance spirituelle du Pape, Jésus annonce aussi à Pierre les luttes qu’il devra soutenir à travers les siècles. Les « portes de l’enfer » ce ne sont pas seulement les impies ; elles symbolisent aussi les chefs mêmes des esprits infernaux, les puissances et les gouvernements antichrétiens, qui feront tous leurs efforts pour détruire le divin édifice fondé sur Pierre sans toutefois jamais y réussir. L’histoire de près de vingt siècles de christianisme est annoncée ici, en quelques versets, par le saint Évangile (Matth., XVI, 13-19).

Le verset de l’offertoire, contrairement à la tradition romaine classique, est tiré, non du Psautier, mais de la péricope évangélique précédente. On doit pourtant facilement pardonner à l’artiste grégorien qui a composé la splendide antiphonie de cette messe, la petite liberté qu’il a prise. La pensée de l’établissement de l’Église sur Pierre l’avait, à bon droit, tellement conquis, qu’il donne libre cours à l’impétuosité de son génie et dans le trait, dans l’offertoire et à la communion, il revêt les paroles de Jésus à Pierre de mélodies toujours nouvelles et toujours élégantes. Il faut remarquer les mots non praevalebunt qui, dans le récit évangélique de l’institution de la primauté, contiennent pour les ennemis de l’Église la prophétie de l’avenir, tandis qu’ils représentent pour nous l’histoire ecclésiastique longue de plus de dix-neuf siècles. Ni les persécutions extérieures ni l’insuffisance et les misères elles-mêmes des ministres divins, ne réussiront jamais à déraciner la religion du Christ.

La secrète est la suivante : « Que l’intercession du bienheureux apôtre Pierre accompagne, Seigneur, les prières et les offrandes de votre Église ; afin que le sacrifice qu’en son honneur nous célébrons, serve à nous obtenu- miséricorde. Par notre Seigneur. ». Comme l’observe saint Augustin, le sacrifice eucharistique est offert seulement à Dieu Un et Trine ; néanmoins on le célèbre en mémoire des saints, pour rendre grâces à l’auguste Trinité de les avoir tant exaltés en mérites et en gloire. La liturgie exprime cette pensée dans une magnifique collecte du Carême : In tuorum, Domine, pretiosa morte iustorum, Sacrificium illud offerimus, de quo martyrium sumpsit omne principium.

La collecte en mémoire de saint Paul est d’une élégance exquise : « Par les prières de votre apôtre Paul sanctifiez, Seigneur, l’oblation de votre peuple ; afin que le Sacrifice qui déjà vous est agréable parce que Vous-même l’avez institué, vous le soit encore davantage par les prières d’un tel intercesseur. Par notre Seigneur, etc. »

Le Sacrifice eucharistique, agréable à Jésus qui en fut l’instituteur et qui, comme héritier des promesses messianiques, y participa le premier, est encore plus agréable à la Divine Majesté en ce jour, parce que s’y joignent les prières de celui qui, après les Évangélistes fut, dans ses épîtres, l’organe de la révélation divine, afin d’expliquer aux Églises tout le mystère de mort et de vie, d’humiliation et de gloire qui se cache sous ces blanches apparences. La préface est celle des apôtres, propre, à l’origine, à la fête des saints Pierre et Paul.

Le verset pour la communion est le même que le verset alléluiatique (Matth., XVI, 18) : « Tu es Pierre, et sur cette pierre j’édifierai mon Église. ». Elle sera donc légitime, cette Eucharistie qui sera offerte en communion avec le Pontife de Rome dont le nom, dans les pays latins, était commémoré durant l’anaphore dès les premiers siècles. Taire à la messe le nom du Pape c’était, pour Ennodius de Pavie, offrir, contre la tradition antique, un sacrifice tronqué et incomplet : sine ritu catholico et cano more, semiplenas nominatim hostias [3].

Après la communion, on récite la collecte suivante : « Que l’oblation que nous venons d’offrir, Seigneur, répande en nous la joie ; afin que, comme nous vous proclamons admirable envers votre apôtre Pierre, ainsi, par son intermédiaire, nous obtenions l’abondance de votre pardon. ». Le pardon des péchés est placé ici en relation avec la sainte joie chrétienne, parce que c’est précisément le péché qui stérilise les sources de la joie, ce gaudium sancti Spiritus dont parle l’Apôtre.
Pour la commémoraison de saint Paul, on récite cette autre prière : « Sanctifiés, Seigneur, par le Mystère du salut, nous vous demandons que ne nous manque jamais l’intercession de celui au patronage de qui vous nous avez confiés. »
Cette prière du Sacramentaire Léonien regarde avant tout Rome, puisqu’elle seule peut revendiquer la gloire d’avoir été confiée au patronage spécial des deux Princes des apôtres, lesquels, en plus du trésor de leur prédication et de leur sang, l’instituèrent héritière des prérogatives de leur apostolat et de la primauté sur toutes les autres Églises.

La Primauté pontificale est l’étoile polaire qui dirige la barque de l’Église au milieu de l’océan perfide et orageux du siècle. Évêques, patriarches, nations entières, jadis croyantes et glorieuses, ont souvent misérablement fait naufrage dans la foi ; bien plus, aux derniers jours du monde, sont annoncés dans les Écritures de nombreux pseudo-christs et faux-prophètes qui tenteront de séduire les multitudes, opérant même d’apparents prodiges pour confirmer leurs erreurs. Si donc nous ne pouvons nous confier avec sécurité à personne, puisque tous peuvent errer, dans l’affaire suprême de notre salut éternel près de qui devons-nous chercher refuge, sinon près de Pierre ?

Sa foi, au témoignage du Rédempteur lui-même, est indéfectible et les brebis que Pierre reconnaît comme appartenant à son bercail sont aussi reconnues et admises comme telles par Jésus, Pasteur suprême.

Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique

Nous appartenons à l’Église romaine.

La chaire de saint Pierre. — L’Église célèbre solennellement, en ce jour, le souvenir de l’entrée du Prince des Apôtres à Rome et de sa prise de possession du siège épiscopal de la ville éternelle. Les Actes des Apôtres font allusion à cet événement d’une importance primordiale dans l’histoire du monde. Quand saint Pierre, emprisonné par le roi Hérode, eut été délivré par l’ange, il visita dans la nuit la communauté chrétienne rassemblée, lui donna les recommandations nécessaires puis, disent les Actes, « il se leva et se rendit dans un autre lieu » (Act. XII, 17). Où se rendit Pierre ? Les Actes ne le disent pas, peut-être pour ne pas trahir sa résidence, mais la tradition indique Rome. C’était en l’an 42 après J.-C. C’est pourquoi la Tradition admet que Pierre a été évêque de Rome pendant 25 ans. — En 1558, Paul IV décida que l’accession de Pierre au siège de Rome serait célébrée solennellement, le 18 janvier. Jusque là on ne célébrait que le pontificat de Pierre (le 22 février). Dès lors, le 18 janvier fut consacré à la Chaire de saint Pierre à Rome, et le 22 février, on fêta la fondation de l’Église d Antioche, la première que saint Pierre ait gouvernée. Il y a maintenant dans l’Église deux fêtes de la Chaire de Saint-Pierre. La vénérable Chaire de Pierre qui, jusqu’au Ve siècle se trouvait dans le Baptistère de Saint-Pierre, se trouve aujourd’hui dans l’abside de la basilique vaticane. La précieuse relique ne se compose plus que de quelques morceaux de bois, reliés depuis les temps anciens par des plaques d’ivoire, sur lesquelles se trouvent des figures. Malheureusement, le Pape ne peut plus s’asseoir sur cette antique Chaire, car, au temps de la Renaissance, elle fut renfermée dans un reliquaire colossal, œuvre de Bernin.

La messe (Statuit). — La messe (assez récente) place au milieu de nous le premier évêque de Rome, saint Pierre. A l’Introït, nous le voyons dans la personne du prêtre célébrant. A l’Épître, nous l’entendons nous parler, à nous « les élus étrangers de la dispersion » et il nous annonce le message vraiment joyeux de l’héritage que rien ne peut détruire ni corrompre ni flétrir, qui nous est réservé dans le ciel et dont le gage est la Sainte Eucharistie. Assurément il vaut la peine d’être, « pendant un court temps », purifiés comme l’or dans le feu des épreuves, pour la manifestation de Jésus-Christ, qui se réalise aujourd’hui au Saint-Sacrifice. A l’Évangile, nous revivons, avec saint Pierre, le grand jour de Césarée de Philippe où le Christ l’établit le rocher de son Église. Mais notre âme, à nous aussi, doit être ferme comme le roc, afin que le Christ y bâtisse le royaume de Dieu. Cette parole : « Tu es Petrus » est le leitmotiv de la messe (All., Off., Comm.) et elle s’applique non seulement à Pierre, mais à nous. Au Graduel, l’Église chante l’exaltation de saint Pierre sur sa Chaire. Dans l’Eucharistie, le Seigneur bâtit en nous son Église (Comm.).

L’Église romaine. La fête d’aujourd’hui â, pour notre vie liturgique, une grande importance. Nous rendons-nous bien compte que toute notre liturgie est, à proprement parler, celle de la ville de Rome ? Nous célébrons, en majorité, des saints romains, nous célébrons la dédicace des églises romaines. Bien plus, dans l’office des stations, la liturgie nous conduit, une centaine de fois, dans la ville de Rome où nous assistons aux solennités de la messe, avec l’évêque de Rome. Or il importe que nous puissions nous sentir membres de l’Église de Rome, que cette Église soit notre diocèse. C’est ce qu’exige le développement actuel de la liturgie occidentale. Les choses auraient pu se passer autrement. Si la liturgie avait suivi la ligne des trois premiers siècles, les diverses nations auraient pu avoir un patriarcat spécial et une liturgie particulière, à laquelle il aurait été plus facile de s’accoutumer. Mais il faut tenir compte de ce qui existe. Il faut nous unir à l’Église romaine, nous sommes membres de la communauté romaine. Dans l’église de chez nous, il faut voir souvent une église de Rome et célébrer les saints mystères avec l’évêque de Rome. De cette façon, la liturgie romaine nous deviendra familière. — Quelle différence y a-t-il maintenant entre la fête d’aujourd’hui et la fête de saint Pierre et de saint Paul ? C’est que, le 29 juin, nous célébrons l’Apôtre et le Vicaire de Jésus-Christ, le Pape de l’Église universelle. Aujourd’hui nous fêtons l’Évêque de l’Église romaine à laquelle nous sommes incorporés (c’est pourquoi on a, au bréviaire, le commun des confesseurs Pontifes). C’est comme une fête patronale de notre liturgie romaine.

[1] On lit dans l’Instruction De calendariis particularibus (1961) au §34 :

c) festum Cathedrae S. Petri unice die 22 februarii celebrandum est.c) La fête de la Chaire de saint Pierre sera célébrée une seule fois, le 22 février.

[2] Matth. VII, 25

[3] ENNODIVS EP. PAP., Lib. Apologet. pro synodo, P. L., LXVII, col. 197.