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08/05 Apparition de St Michel, archange

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Sommaire

  Textes de la Messe  
  Office  
  Dom Guéranger, l’Année Liturgique  
  Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum  
  Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique  

Fête supprimée en 1960.

C’est au XIe siècle que certaines églises de Rome ont commencé à fêter St Michel le 8 mai. Comme le précise le martyrologe de Saint-Pierre, il s’agit de la fête de saint Michel au Monte Gargano dans les Pouilles. On célèbre, en effet, ce jour-là l’apparition dont Saint Michel a honoré le Gargano à la fin du Ve siècle et la dédicace de la basilique érigée en ce lieu.

Textes de la Messe

die 8 maii
le 8 mai
IN APPARITIONE S. MICHAELIS
APPARITION de St MICHEL
Archangeli
Archange
duplex maius
double majeur
Ant. ad Introitum. Ps. 102, 20.Introït
Benedícite Dóminum, omnes Angeli eius : poténtes virtúte, qui fácitis verbum eius, ad audiéndam vocem sermónum eius, allelúia, allelúia.Bénissez le Seigneur, vous tous, ses Anges, qui êtes puissants et forts ; qui exécutez sa parole, pour obéir à la voix de ses ordres, alléluia, alléluia.
Ps. ibid., 1.
Benedic, ánima mea. Dómino : et ómnia, quæ intra me sunt, nómini sancto eius.Mon âme, bénis le Seigneur, et que tout ce qui est au dedans de moi bénisse son saint Nom.
V/. Glória Patri.
Oratio.Collecte
Deus, qui, miro órdine, Angelórum ministéria hominúmque dispénsas : concéde propítius ; ut, a quibus tibi ministrántibus in cælo semper assístitur, ab his in terra vita nostra muniátur. Per Dóminum.O Dieu, qui dispensez avec un ordre admirable les ministères des Anges et des hommes, accordez-nous dans votre bonté, d’avoir pour protecteurs de notre vie sur la terre, ceux qui sans cesse, dans le ciel, vous entourent et vous servent.
Léctio libri Apocalýpsis beáti Ioánnis Apóstoli.Lecture du livre de l’Apocalypse de l’Apôtre saint Jean.
Apoc. 1, 1-5.
In diébus illis : Significávit Deus, quæ opórtet fíeri cito, mittens per Angelum suum servo suo Ioánni, qui testimónium perhíbuit verbo Dei, et testimónium Iesu Christi, quæcúmque vidit. Beátus, qui legit et audit verba prophetíæ huius : et servat ea, quæ in ea scripta sunt : tempus enim prope est. Ioánnes septem ecclésiis, quæ sunt in Asia. Grátia vobis et pax ab eo, qui est et qui erat et qui ventúrus est : et a septem spirítibus, qui in conspéctu throni eius sunt : et a Iesu Christo, qui est testis fidélis, primogénitus mortuórum et princeps regum terræ, qui diléxit nos et lavit nos a peccátis nostris in sánguine suo.En ces jours-là : Dieu a manifesté les choses qui doivent arriver bientôt en envoyant son Ange, à son serviteur Jean ; lequel a attesté la parole de Dieu et le témoignage de Jésus-Christ, tout ce qu’il a vu. Heureux celui qui lit et qui entend les paroles de cette prophétie, et qui garde les choses qui y sont écrites ; car le temps est proche. Jean aux sept églises qui sont en Asie. Que la grâce et la paix vous soient données par celui qui est, et qui était, et qui viendra, et par les sept esprits qui sont en face de son trône, et par Jésus-Christ, qui est le témoin fidèle, le premier-né d’entre les morts, et le prince des rois de la terre, qui nous a aimés et nous a lavés de nos péchés dans son sang.
Allelúia, allelúia. V/. Sancte Míchaël Archángele, defénde nos in prǽlio : ut non pereámus in treméndo iudício. Allelúia.Allelúia, allelúia. V/. Saint Michel Archange, défendez-nous dans le combat, que nous ne périssions pas au jour du jugement terrifiant.
Allelúia. V/. Concússum est mare et contrémuit terra, ubi Archángelus Míchaël descéndit de cælo. Allelúia.Allelúia. V/. La mer a été ébranlée, la terre a tremblée quand l’Archange Michel est descendu du ciel. Alléluia.
+ Sequéntia sancti Evangélii secundum Matthǽum.Lecture du Saint Evangile selon saint Mathieu.
Matth. 18, 1-10.
In illo témpore : Accessérunt discípuli ad Iesum, dicéntes : Quis, putas, maior est in regno cælórum ? Et ádvocans Iesus parvulum, statuit eum in médio eórum et dixit : Amen, dico vobis, nisi convérsi fuéritis et efficiámini sicut párvuli, non intrábitis in regnum cælorum. Quicúmque ergo humiliáverit se sicut párvulus iste, hic est maior in regno cælórum. Et qui suscéperit unum párvulum talem in nómine meo, me súscipit. Qui autem scandalizáverit unum de pusíllis istis, qui in me credunt, expédit ei, ut suspendátur mola asinária in collo eius, et demergátur in profúndum maris. Væ mundo a scándalis ! Necésse est enim, ut véniant scándala : verúmtamen væ hómini illi, per quem scándalum venit ! Si autem manus tua vel pes tuus scandalízat te, abscíde eum et próice abs te : bonum tibi est ad vitam íngredi débilem vel cláudum, quam duas manus vel duos pedes habéntem mitti in ignem ætérnum. Et si óculus tuus scandalízat te, érue eum et próiice abs te : bonum tibi est cum uno óculo in vitam intráre, quam duos óculos habéntem mitti in gehénnam ignis. Vidé-te, ne contemnátis unum ex his pusíllis : dico enim vobis, quia Angeli eórum in cælis semper vident fáciem Patris mei, qui in cælis est.En ce temps-là, les disciples vinrent un jour poser à Jésus cette question : « Selon vous, qui est le plus grand dans le royaume des cieux ? » Alors Jésus appela un petit enfant et le fit venir au milieu du groupe : « En vérité, je vous l’affirme si vous ne vous transformez pas pour devenir semblables aux petits enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux. Celui qui se fait petit comme cet enfant, c’est le plus grand dans le royaume des cieux. Et lorsqu’on reçoit en mon nom un enfant comme celui-ci, c’est moi-même que l’on reçoit. Mais si quelqu’un scandalise un de ces petits qui croient en moi, il vaudrait mieux pour lui qu’on suspendit à son cou une de ces meules qu’un âne tourne, et qu’on le plongeât au fond de la mer. Malheur au monde à cause des scandales ! Car il est nécessaire qu’il arrive des scandales ; mais malheur à l’homme par qui le scandale arrive ! Si ta main ou ton pied te scandalise, coupe-le, et jette-le loin de toi ; il vaut mieux pour toi entrer dans la vie manchot ou boiteux, que d’avoir deux mains ou deux pieds, et d’être jeté dans le feu éternel. Et si ton oeil te scandalise, arrache-le, et jette-le loin de toi ; il vaut mieux pour toi entrer dans la vie n’ayant qu’un oeil, que d’avoir deux yeux et d’être jeté dans la géhenne de feu. Gardez-vous de mépriser aucun de ces petits ; car je vous dis que leurs Anges dans le ciel voient sans cesse la face de mon Père qui est dans les cieux. »
CredoCredo
Ant. ad Offertorium. Apoc. 8, 3 et 4.Offertoire
Stetit Angelus iuxta aram templi, habens thuríbulum áureum in manu sua, et data sunt ei incénsa multa : et ascéndit fumus aromátum in conspéctu Dei, allelúia.L’Ange se plaça devant l’autel du temple, ayant un encensoir d’or dans sa main ; et il lui fut donné beaucoup de parfums : et la fumée des parfums monta devant Dieu, alléluia.
SecretaSecrète
Hóstias tibi, Dómine, laudis offérimus, supplíciter deprecántes : ut easdem, angélico pro nobis interveniénte suffrágio, et placátus accípias, et ad salútem nostram proveníre concédas. Per Dóminum.Nous vous offrons, Seigneur, des hosties de louange, en vous suppliant humblement : par l’intercession du suffrage des Anges, recevez-les avec bienveillance et accordez qu’elles servent à notre salut.
Ant. ad Communionem. Dan. 3, 58.Communion
Benedícite, omnes Angeli Dómini, Dóminum : hymnum dícite et superexaltáte eum in sǽcula, allelúia.Tous les anges du Seigneur, bénissez le Seigneur ; dites-lui des hymnes et exaltez-le dans tous les siècles, alléluia.
PostcommunioPostcommunion
Beáti Archángeli tui Michaelis intercessióne suffúlti : súpplices te, Dómine, deprecámur ; ut, quod ore prosequimur, contingamus et mente. Per Dóminum.Renforcés par l’intercession du bienheureux Michel votre Archange, nous vous supplions humblement, Seigneur, que ce que nos lèvres sollicitent, notre âme arrive à le posséder.

Office

AUX PREMIÈRES VÊPRES.

Ant. 1 L’Ange s’arrêta * près de l’autel du temple, ayant à la main un encensoir d’or, alléluia. Psaume 109
Ant. 2 Tandis que combattait * l’Archange Michel contre le dragon, on entendit la voix de ceux qui disaient : Salut à notre Dieu, alléluia.
Ant. 3 Archange Michel, * je t’ai établi prince sur toutes les âmes qui doivent être reçues, alléluia.
Ant. 4 Anges du Seigneur, * bénissez le Seigneur à jamais, alléluia.
Ant. 5 Anges. Archanges, ’ Trônes et Dominations, Principautés et Puissances, Vertus des cieux, louez le Seigneur du haut des cieux, alléluia.
Capitule. Apoc. 1, 1-2. Dieu a manifesté les choses qui doivent arriver bientôt en envoyant son Ange, à son serviteur Jean ; lequel a attesté la parole de Dieu et le témoignage de Jésus-Christ, tout ce qu’il a vu.

Hymnus Hymne
Te, splendor et virtus Patris,
Te vita, Iesu, córdium,
Ab ore qui pendent tuo,
Laudámus inter Angelos.
Splendeur et vertu du Père,
Jésus, la vie des cœurs,
nous vous louons parmi les Anges,
toujours prêts au moindre signe à exécuter vos ordres.
Tibi mille densa míllium
Ducum coróna mílitat ;
Sed éxplicat victor Crucem
Míchaël salútis sígnifer.
C’est pour vous que milite cette armée
nombreuse de mille milliers de princes :
Michel, le vainqueur,
arbore la croix, signe du salut.
Dracónis hic dirum caput
In ima pellit tártara,
Ducémque cum rebéllibus
Cælésti ab arce fúlminat.
C’est lui qui précipite dans le fond
de l’enfer le cruel dragon,
lui qui foudroie du haut de la cité céleste
le chef impie avec ses anges rebelles.
Contra ducem supérbiæ
Sequámur hunc nos príncipem,
Ut detur ex Agni throno
Nobis coróna glóriæ.
Marchons à la suite de ce prince
contre l’orgueilleux Satan ;
afin que du trône de l’Agneau
nous soit donnée la couronne de gloire.
Deo Patri sit glória,
Qui, quos redémit Fílius,
Et Sanctus unxit Spíritus,
Per Angelos custódiat.
Amen.
Gloire soit à Dieu le Père,
qui garde par ses Anges
ceux que son Fils a rachetés,
et que l’Esprit-Saint a munis de son onction.
Amen.
V/. L’Ange s’arrêta devant l’autel du temple, alléluia.
R/. Ayant un encensoir d’or à la main, alléluia.
Ant.au Magnificat Tandis que le mystère sacré * était contemplé par Jean, l’Archange Michel sonna de la trompette : Pardonnez, Seigneur notre Dieu, vous qui ouvrez le livre et brisez ses sceaux, alléluia.

A MATINES.

Invitatoire. Le Seigneur est le Roi des Archanges, * Venez, adorons-le, alléluia.

Hymne comme aux 1ères Vêpres ci-dessus.

Au premier nocturne.

Ant. [1] La mer fut agitée * et la terre trembla lorsque l’Archange Michel descendit du ciel, alléluia.

V/. L’Ange s’arrêta devant l’autel du temple, alléluia.
R/. Ayant, un encensoir d’or à la main, alléluia.

Du Prophète Daniel.. Cap. 7, 9-11 ; 10, 4-14.

Première leçon. Je regardais jusqu’à ce que des trônes furent placés, et un vieillard s’assit ; son vêtement était blanc comme la neige, et les cheveux de sa tête blancs comme une laine pure ; son trône comme des flammes de feu ; ses roues, un feu brûlant. Un fleuve de feu et rapide sortait de sa face ; des milliers de milliers d’Anges le servaient, et dix milliers de centaines de milliers d’Anges assistaient devant lui ; le jugement se tint, et des livres furent ouverts. Je regardais à cause de la voix des grandes paroles que cette corne prononçait ; et je vis que la bête fut tuée et que son corps périt, et qu’il fut livré pour être brûlé par le feu.
R/. Il se fit un silence dans le ciel lorsque le dragon combattait contre l’Archange Michel. * La voix de milliers de milliers d’Anges fut entendue, disant : Salut, honneur et puissance au Dieu tout-puissant, alléluia. V/. Des milliers de milliers d’Anges le servaient, et dix milliers de centaines de milliers d’Anges assistaient devant lui. * La voix.

Deuxième leçon. Le vingt-quatrième jour du premier mois, j’étais près du grand fleuve qui est le Tigre. Et je levai mes yeux, et je vis ; et voici un homme vêtu de lin, et ses reins ceints d’un or très pur ; et son corps était comme une chrysolithe, et sa face comme l’aspect de la foudre, et ses yeux comme une lampe ardente ; et ses bras et ses parties basses jusqu’aux pieds, comme une apparence d’airain étincelant, et la voix de ses paroles, comme la voix d’une multitude. Or, moi Daniel, je vis seul la vision, et les hommes qui étaient avec moi ne la virent pas ; mais une terreur extraordinaire se saisit d’eux, et ils s’enfuirent dans un lieu caché. Mais moi, étant demeuré seul, je vis cette grande vision ; et il ne resta pas en moi de force ; mais même mon visage fut changé en moi, et je séchai, et je n’eus aucune force.
R/. L’Ange se tint devant l’autel du temple, ayant un encensoir d’or à la main ; et une grande quantité de parfums lui fut donnée : * Et la fumée des parfums monta de la main de l’Ange, en présence du Seigneur, alléluia. V/. En présence des Anges je vous chanterai des hymnes ; j’adorerai vers votre saint temple, et je glorifierai votre nom, Seigneur. * Et la fumée.

Troisième leçon. Et j’entendis la voix de ses paroles ; et, en l’entendant, j’étais couché tout consterné sur ma face, et mon visage était collé à la terre. Et voici qu’une main me toucha, et me dressa sur mes genoux et sur le plat de mes mains. Et la voix me dit : Daniel, homme de désirs, entends les paroles que je te dis, et tiens-toi sur tes pieds ; car je suis maintenant envoyé vers toi. Et lorsqu’il m’eut dit ces paroles, je me tins debout, tremblant. Et il me dit : Ne crains pas, Daniel, parce que dès le premier jour où tu as appliqué ton cœur à comprendre, afin de t’affliger en présence de ton Dieu, tes paroles ont été entendues ; et je suis venu à cause de tes discours. Or le prince du royaume des Perses m’a résisté durant vingt et un jours : et voilà que Michel, un des premiers princes, est venu à mon secours, et moi, je suis demeuré là près du roi des Perses. Mais je suis venu afin de t’apprendre ce qui doit arriver à ton peuple dans les derniers jours, parce que la vision est encore pour ces jours.
R/. En présence des Anges je vous chanterai des hymnes ; j’adorerai vers votre saint temple, * Et je glorifierai votre nom, Seigneur, alléluia. V/. A cause de votre miséricorde et de votre vérité : parce que vous avez élevé au-dessus de nous la grandeur de votre nom saint. * Et je glorifierai. Gloire au Père. * Et je glorifierai.

Au deuxième nocturne.

Ant. Archange Michel, * venez au secours du peuple de Dieu, alléluia.

V/. La fumée des parfums monta en présence du Seigneur, alléluia.
R/. De la main de l’Ange, alléluia.

Quatrième leçon. L’autorité des livres sacrés et ’ancienne tradition des saints prouvent que l’Archange Michel a souvent apparu aux hommes. Aussi la mémoire de ces apparitions est-elle solennisée en plusieurs pays. Autrefois la synagogue des Juifs révérait saint Michel ; de même à présent l’Église de Dieu le vénère comme son gardien et son protecteur. Une célèbre apparition de l’Archange Michel eut lieu sous le pontificat de Gélase 1er, en Apulie, sur le sommet du mont Gargan, au pied duquel est située la ville de Siponte.
R/. Celui-ci est l’Archange Michel, le prince de la milice des Anges : * Le culte qu’on lui rend est une source de bienfaits pour les peuples, et sa prière conduit au royaume des cieux, alléluia. V/. C’est l’Archange Michel, préposé au paradis, celui à qui rendent honneur les concitoyens des Anges. * Le culte.

Cinquième leçon. Il arriva que le taureau d’un homme nommé Gargan, s’étant éloigné des troupeaux de bétail, on le chercha longtemps, et enfin on le trouva arrêté à l’entrée d’une caverne. Un de ceux qui le poursuivaient ayant tiré une flèche pour le percer, la flèche se retourna et revint à celui qui l’avait lancée. Cet événement terrifia tellement ceux qui en furent témoins et ensuite ceux qui l’entendirent rapporter, que personne n’osait plus approcher de la caverne. Les habitants de Siponte prirent conseil de l’Évêque qui leur répondit qu’il fallait consulter Dieu, et prescrivit trois jours de jeûne et de prière.
R/. L’Archange Michel est venu avec une multitude d’Anges ; c’est à lui que Dieu a confié les âmes des saints, * Pour qu’il les fasse parvenir aux joies du paradis, alléluia. V/. Seigneur, envoyez du ciel votre Esprit-Saint, l’esprit de sagesse et d’intelligence. * Pour qu’il.

Sixième leçon. Quand les trois jours furent écoulés, l’Archange Michel avertit l’Évêque que le lieu était sous sa protection, et qu’il avait voulu manifester son désir de voir rendre en cet endroit un culte à Dieu, en mémoire de lui et de tous les Anges. C’est pourquoi l’Évêque se dirigea avec son peuple vers la caverne : l’ayant trouvée disposée en forme d’église, ils commencèrent à y célébrer les divins Offices et ce lieu devint célèbre par de nombreux miracles. Peu de temps après, le Pape Boniface dédia à Rome l’église de Saint-Michel, le trois des calendes d’octobre : jour où l’Église célèbre aussi la mémoire de tous les Anges ; mais c’est l’apparition de l’Archange Michel qui est l’objet de la fête d’aujourd’hui.
R/. En ce temps-là s’élèvera Michel, qui est pour vos fils, * Et viendra un temps, tel qu’il n’y en a pas eu depuis que les nations ont commencé d’être jusqu’alors, alléluia. V/. En ce temps-là, sera sauvé quiconque de ton peuple sera trouvé écrit dans le livre de vie. * Et. Gloire au Père. * Et.

Au troisième nocturne.

Ant. C’est un envoyé, l’Archange Michel, un messager de Dieu pour les âmes justes, alléluia, alléluia.

V/. En présence des Anges je vous chanterai des hymnes, mon Dieu, alléluia.
R/. J’adorerai vers votre saint temple et je glorifierai votre nom, alléluia.

Lecture du saint Évangile selon saint Matthieu. Cap. 18, 1-10.
En ce temps-là : les disciples vinrent un jour poser à Jésus cette question : « Selon vous, qui est le plus grand dans le royaume des cieux ? ». Et le reste.

Homélie de saint Hilaire, Évêque.

Septième leçon. Le Seigneur nous enseigne que nous ne pouvons entrer au royaume des cieux, si nous ne reprenons la nature des enfants, c’est-à-dire, si nous ne détruisons en nous, par la simplicité de l’enfance, les vices qui s’attachent a nos corps et à nos âmes. Sous le nom d’enfants, il nous fait entendre tous ceux qui croient en lui par la foi à sa parole, Les enfants, en effet, obéissent à leur père, aiment leur mère, ne savent désirer le mal du prochain, ne se soucient point des richesses ; ils ne s’enflent point d’orgueil, ils ne haïssent point, ils ne mentent point, ils croient aux paroles qui leur sont dites, et ce qu’ils entendent, ils le tiennent pour véritable. Revenons donc à la simplicité des enfants, et dans cet état, portons en nous l’image de l’humilité du Seigneur.
R/. En présence des Gentils, ne craignez point : mais en vos cœurs adorez et craignez le Seigneur, * Car son Ange est avec vous, alléluia. V/. L’Ange se tint devant l’autel du temple, ayant à la main un encensoir d’or. * Car.

Bened. Que ceux dont nous célébrons la Fête, etc.

Huitième leçon. « Malheur à ce monde à cause des scandales. » L’humilité de la passion est un scandale pour le monde. L’ignorance humaine est, en effet, surtout arrêtée en cela qu’elle n’a pas voulu reconnaître le Seigneur d’éternelle gloire, sous les ignominies de la croix. Et qu’y a-t-il de plus périlleux pour le monde que de n’avoir pas reçu le Christ ? Il dit être vraiment nécessaire qu’il survienne des scandales, parce que pour la réalisation du mystère qui allait nous rendre la vie éternelle, l’humiliation de la passion devait être complète en lui.
R/. L’Archange Michel est venu au secours du peuple de Dieu, * Il a couvert de sa protection les âmes justes, alléluia. V/. L’Ange se tint près de l’autel du temple, ayant à la main un encensoir d’or. * Il. Gloire au Père. * Il.

Neuvième leçon. « Gardez-vous de mépriser aucun de ces petits qui croient en moi » Il impose, à ceux-là surtout qui vraiment ont cru au Seigneur, les liens très étroits de l’amour mutuel. Les Anges des petits enfants voient Dieu tous les jours ; car le Fils de l’homme est venu sauver ce qui était perdu. Ainsi le Fils de l’homme sauve ; les Anges voient Dieu ; les Anges des petits président aux prières des fidèles. Que les Anges président ainsi, c’est une doctrine absolument certaine. Les Anges offrent donc tous les jours à Dieu les prières des enfants que le Christ a sauvés et il y a grand péril à mépriser celui dont les désirs et les demandes sont portés avec tant d’honneur jusqu’au trône du Dieu éternel et invisible, par le ministère des Anges qui forment sa cour.

A LAUDES.

Ant. 1 L’Ange s’arrêta * près de l’autel du temple, ayant à la main un encensoir d’or, alléluia.
Ant. 2 Tandis que combattait * l’Archange Michel contre le dragon, on entendit la voix de ceux qui disaient : Salut à notre Dieu, alléluia.
Ant. 3 Archange Michel, * je t’ai établi prince sur toutes les âmes qui doivent être reçues, alléluia.
Ant. 4 Anges du Seigneur, * bénissez le Seigneur à jamais, alléluia.
Ant. 5 Anges. Archanges, ’ Trônes et Dominations, Principautés et Puissances, Vertus des cieux, louez le Seigneur du haut des cieux, alléluia.
Capitule. Apoc. 1, 1-2. Dieu a manifesté les choses qui doivent arriver bientôt en envoyant son Ange, à son serviteur Jean ; lequel a attesté la parole de Dieu et le témoignage de Jésus-Christ, tout ce qu’il a vu.

HymnusHymne
Christe, sanctórum decus Angelórum,
Gentis humánæ Sator et Redémptor,
Cælitum nobis tríbuas beátas
Scándere sedes.
O Christ la gloire des saints Anges,
Créateur et Rédempteur du genre humain,
accordez-nous de monter un jour à l’heureuse
demeure des habitants du ciel.
Angelus pacis Míchaël in ædes
Cǽlitus nostras véniat, serénæ
Auctor ut pacis lacrimósa in orcum
Bella reléget.
Qu’il vienne vers nous, Michel, l’Ange de paix ;
qu’il nous apporte la paix,
et qu’il relègue dans l’enfer la guerre,
source de larmes.
Angelus fortis Gábriel, ut hostes
Pellat antíquos, et amíca cælo,
Quæ triumphátor státuit per orbem,
Templa revísat.
Que Gabriel, l’Ange de la force, repousse
nos anciens ennemis, et qu’il visite les temples
aimés du ciel qui se sont élevés sur la terre,
après la mission triomphante qu’il vint y remplir.
Angelus nostræ médicus salútis,
Adsit e cælo Ráphaël, ut omnes
Sanet ægrótos, dubiósque vitæ
Dírigat actus.
Qu’il nous assiste du haut du ciel, l’Ange Raphaël,
médecin de notre salut, afin qu’il guérisse
tous les malades, et dirige nos pas incertains
vers la vraie vie.
Virgo dux pacis Genitríxque lucis,
Et sacer nobis chorus Angelórum
Semper assístat, simul et micántis
Régia cæli.
Que la Vierge, reine de paix et mère de la lumière,
que le chœur sacré des Anges
et la cour resplendissante des cieux
nous couvrent toujours de leur protection.
Præstet hoc nobis Déitas beáta
Patris, ac Nati, paritérque Sancti
Spíritus, cuius résonat per omnem
Glória mundum.
Amen.
Qu’elle nous accorde ses faveurs,
la Divinité bienheureuse :
Père, Fils et Saint-Esprit,
elle dont le monde entier proclame la gloire.
Amen.
V/. L’Ange s’arrêta devant l’autel du temple, alléluia.
R/. Ayant un encensoir d’or à la main, alléluia.

Ant. au Bénédictus Il se fit * un silence dans le ciel, tandis que le dragon combattait, et Michel combattit contre lui et remporta la victoire, alléluia.

AUX DEUXIÈMES VÊPRES.

Ant. et Capitule des Laudes.

Hymnus Hymne
Te, splendor et virtus Patris,
Te vita, Iesu, córdium,
Ab ore qui pendent tuo,
Laudámus inter Angelos.
Splendeur et vertu du Père,
Jésus, la vie des cœurs,
nous vous louons parmi les Anges,
toujours prêts au moindre signe à exécuter vos ordres.
Tibi mille densa míllium
Ducum coróna mílitat ;
Sed éxplicat victor Crucem
Míchaël salútis sígnifer.
C’est pour vous que milite cette armée
nombreuse de mille milliers de princes :
Michel, le vainqueur,
arbore la croix, signe du salut.
Dracónis hic dirum caput
In ima pellit tártara,
Ducémque cum rebéllibus
Cælésti ab arce fúlminat.
C’est lui qui précipite dans le fond
de l’enfer le cruel dragon,
lui qui foudroie du haut de la cité céleste
le chef impie avec ses anges rebelles.
Contra ducem supérbiæ
Sequámur hunc nos príncipem,
Ut detur ex Agni throno
Nobis coróna glóriæ.
Marchons à la suite de ce prince
contre l’orgueilleux Satan ;
afin que du trône de l’Agneau
nous soit donnée la couronne de gloire.
_ Deo Patri sit glória,
Qui, quos redémit Fílius,
Et Sanctus unxit Spíritus,
Per Angelos custódiat.
Amen.
Gloire soit à Dieu le Père,
qui garde par ses Anges
ceux que son Fils a rachetés,
et que l’Esprit-Saint a munis de son onction.
Amen.

V/. En présence des Anges je vous chanterai des hymnes, mon Dieu, alléluia.
R/. J’adorerai vers votre saint temple, et je glorifierai votre nom, alléluia.

Ant. au Magnificat Prince très glorieux, * Archange Michel, souvenez-vous de nous : ici et en tous lieux, priez toujours le Fils de Dieu pour nous, alléluia, alléluia.

Dom Guéranger, l’Année Liturgique

David avait prédit que l’arrivée de l’Emmanuel en ce monde serait saluée par les saints Anges, et qu’ils l’adoreraient humblement au moment où il manifesterait sa présence au milieu des hommes [2]. Nous vîmes l’accomplissement de cet oracle dans la nuit à jamais heureuse où Marie nous donna le divin fruit de ses entrailles. Les concerts angéliques retentissaient avec une mélodie toute céleste qui attira les bergers dans l’étable, et nous nous mêlâmes à eux pour offrir nos hommages au Dieu enfant. Dans le triomphe de sa résurrection, l’Emmanuel ne pouvait manquer d’être entouré par ces Esprits bienheureux qui l’avaient considéré avec une terreur si profonde dans les humiliations et les douleurs de sa passion. A peine a-t-il franchi la barrière qui le retenait captif dans le sépulcre, qu’un Ange dont le visage lance des éclairs, et dont les vêtements sont éblouissants comme la neige, vient renverser la pierre qui fermait l’entrée du tombeau, et annonce aux saintes femmes que celui qu’elles cherchent est ressuscité. Lorsqu’elles pénètrent dans la grotte du sépulcre, deux nouveaux Anges vêtus de blanc se présentent à leurs regards, et leur confirment la nouvelle.

Rendons nos hommages à ces augustes messagers de notre délivrance, et contemplons-les avec respect entourant de leurs phalanges le divin roi Jésus, pendant son séjour ici-bas. Ils adorent cette humanité glorifiée qu’ils verront bientôt s’élever au plus haut des cieux et prendre place à la droite du Père. Ils conjouissent à notre bonheur en cette fête de Pâques, par laquelle l’immortalité nous est rendue en notre Sauveur ressuscité ; et, ainsi que saint Grégoire nous l’enseignait il y a quelques jours, « cette Pâque devient aussi la fête des Anges ; car en même temps qu’elle nous rouvre le ciel, elle leur annonce que les pertes qu’ils ont éprouvées dans leurs rangs vont être réparées. » Il est donc juste que le Temps pascal consacre une solennité au culte des Esprits angéliques. Aux approches de l’Annonciation de Marie, nous avons fêté Gabriel, le céleste para-nymphe ; aujourd’hui c’est l’Archange Michel, le prince de la milice du ciel, qui va recevoir nos hommages. Il a fixé lui-même ce jour en apparaissant aux hommes, et leur laissant un gage de sa présence et de sa protection.

Le nom seul de Michel le désigne à notre admiration : c’est un cri d’enthousiasme et de fidélité. « Qui est semblable à Dieu ? » ainsi s’appelle notre sublime Archange. Au fond des enfers, Satan frémit encore à ce nom qui lui rappelle la noble protestation par laquelle ce radieux Esprit accueillit la tentative de révolte des anges infidèles. Michel a fait ses preuves dans l’armée du Seigneur, et pour cette raison la garde et la défense du peuple de Dieu lui fut confiée, jusqu’au jour où l’héritage de la synagogue répudiée passa à l’Église chrétienne. Maintenant il est le gardien et le protecteur de l’Épouse de son Maître, notre mère commune. Son bras veille sur elle ; il la soutient et la relève dans ses épreuves, et il a la main dans tous ses triomphes.

Mais n’allons pas croire que le saint Archange chargé des intérêts les plus vastes et les plus élevés pour la conservation de l’œuvre du Christ, en soit tellement surchargé qu’il n’ait pas une oreille ouverte à la prière de chacun des membres de la sainte Église. Dieu lui a donné un cœur compatissant envers nous ; et pas une seule de nos âmes n’échappe à son action. II tient le glaive pour la défense de l’Épouse du Christ ; il s’oppose au dragon, toujours prêt à s’élancer contre la Femme et son fruit [3] ; mais en même temps il daigne être attentif lorsque chacun de nous, après avoir confessé ses péchés au Dieu tout-puissant, à la bienheureuse Vierge Marie, les avoue aussi à lui, Michel archange, et lui demande la faveur de son intercession auprès de Dieu.

Son œil veille par toute la terre au lit des mourants ; car sa charge spéciale est de recueillir les âmes élues au sortir de leurs corps. Avec une tendre sollicitude et une majesté incomparable, il les présente à la lumière éternelle et les introduit dans le séjour de la gloire. C’est la sainte Église elle-même qui, dans les textes de la Liturgie, nous instruit sur ces prérogatives du grand Archange. Elle nous enseigne qu’il a été préposé au Paradis, et que Dieu lui a confié les âmes saintes pour les conduire à la région du bonheur sans fin.

Au dernier jour du monde, lorsque notre divin Ressuscité paraîtra assis sur les nuées du ciel pour juger le genre humain, Michel aura à remplir un ministère formidable, lorsque, avec les autres Anges, il accomplira la séparation des élus et des réprouvés, qui auront repris leurs corps dans la résurrection générale. Au moyen âge, nos pères aimaient à représenter l’action du saint Archange dans ce moment terrible. Ils le figuraient au pied du trône du souverain juge, tenant une balance dans laquelle il pèse les âmes avec leurs œuvres.

Le culte d’un si puissant ministre de Dieu, d’un si bienveillant protecteur des hommes, devait se répandre dans la chrétienté, surtout après la défaite des faux dieux, lorsqu’il n’y eut plus à craindre que les hommes fussent tentés de lui décerner les honneurs divins. Constantin lui éleva près de sa nouvelle capitale un sanctuaire célèbre qui porta le nom Michaélion ; et à l’époque où Constantinople tomba au pouvoir des Turcs, on n’y comptait pas moins de quinze églises consacrées sous le nom de saint Michel, soit dans l’enceinte de la ville, soit dans les faubourgs. Dans le reste de la chrétienté cette dévotion ne s’étendit que par degrés ; et ce fut par des manifestations du saint Archange que les fidèles furent doucement avertis de recourir à lui. Ces manifestations étaient locales, vulgaires en apparence ; mais Dieu, qui fait sortir les grands effets des petites causes, s’en servit pour éveiller peu à peu chez les chrétiens le sentiment de la confiance envers leur céleste protecteur. Les Grecs célèbrent l’apparition qui eut lieu en Phrygie, à Chône, nom qui a remplacé celui de Colosses. Il existait dans cette ville une église en l’honneur de saint Michel, et elle était fréquentée par un saint personnage nommé Archippe, que les païens poursuivaient avec fureur. Afin de se défaire de lui, ils lâchèrent l’écluse d’un cours d’eau qui vint s’unir au Lycus, et menaça de renverser l’église Saint-Michel, où Archippe était en prières. Tout à coup le saint Archange apparut tenant en main une verge ; à son aspect l’inondation recula, et les eaux, grossies par l’affluent que la malice des païens avait déchaîné, allèrent se perdre dans le gouffre où le Lycus s’enfonce et disparaît près de Colosses. La date de ce prodige n’est pas certaine ; on sait seulement qu’il eut lieu à une époque où les païens étaient encore assez nombreux à Colosses pour inquiéter les chrétiens.

Une autre apparition fut destinée à accroître la dévotion à saint Michel chez les peuples de l’Italie, et eut lieu sur le mont Gargan, en Apulie ; c’est celle que nous fêtons aujourd’hui. Une troisième se passa en France, sur les côtes de Normandie, au mont Tombes, nous la célébrerons au 16 octobre.

La fête d’aujourd’hui n’est pas la plus solennelle des deux que l’Église consacre chaque année à saint Michel ; celle du 29 septembre est d’un degré supérieur, mais elle est moins personnelle au saint Archange. On y honore en même temps tous les chœurs de la hiérarchie angélique.

Le livre des Séquences de l’abbaye de Saint-Gall nous fournira celle qui suit ; elle est de la composition du célèbre moine Notker, au IXe siècle.

SÉQUENCE.
Pour célébrer tes louanges, ô Roi du ciel, unis en chœur, nous voulons joindre à nos chants les concerts d’une brillante harmonie.
C’est en ce jour que se renouvelle la fête glorieuse de Michel ; et cette solennité remplit d’allégresse la création tout entière.
En créant les Esprits bienheureux, tu les as partagés en neuf chœurs ; et à ta volonté tu fais de ces êtres enflammés autant d’Anges appelés à exécuter tes ordres.
Ils sont ton œuvré première ; nous sommes la dernière, créés cependant à ton image.
Elle nous révèle la pensée divine, cette triple division d’Esprits célestes, fondée sur les offices auxquels ils sont destinés.
D’abord l’armée des Anges, la phalange des Archanges, le chœur des Principautés ;
Au-dessus les Vertus célestes, que surpassent les Puissances,
Les Dominations, les Chérubins, les Trônes spirituels de la Divinité, enfin les Séraphins à la chevelure de feu.
O Michel, prince du ciel ; Gabriel, messager du Verbe ; Raphaël, le soutien de notre vie, transportez-nous parmi les habitants du Paradis.
Les commandements que donne le Père, qui viennent de sa divine Sagesse égale à lui, et de l’Esprit qui est une même substance, vous les accomplissez, vous tous qui par milliers de milliers êtes les serviteurs de Dieu.
C’est dans vos rangs innombrables que le Roi, qui engendre le Verbe, place et fait participer à vos honneurs la centième brebis qu’il a recouvrée, la dixième drachme dont il est rentré en possession.
Vous dans les cieux, nous sur la terre, élus de la divine bonté, nous faisons entendre de concert nos chants harmonieux sur les lyres et les harpes.
Daigne le Seigneur, après les vaillants combats que Michel doit soutenir encore, agréer notre encens sur l’autel d’or ;
Lorsque, réunis tous dans une gloire égale, nous chanterons Alléluia !

Que vous êtes beau, Archange Michel, sous votre armure céleste, rendant gloire au Seigneur dont vous avez terrassé l’ennemi ! Votre regard humble et ardent se dirige vers le trône de Jéhovah, dont vous avez soutenu les droits, et qui vous a donné la victoire. Votre cri sublime ; « Qui est semblable à Dieu ? » a électrisé les légions fidèles, et il est devenu votre nom et votre couronne. Dans l’éternité, il nous rappellera sans fin votre fidélité et votre triomphe sur le dragon. En attendant, nous reposons sous votre garde ; nous sommes vos heureux clients.

Ange gardien de la sainte Église, le moment est venu de déployer toute la vigueur de votre bras. Satan menace dans sa fureur la noble Épouse de votre Maître ; faites briller les éclairs de votre glaive, et fondez sur cet implacable ennemi et sur ses affreuses cohortes. Le royaume du Christ est ébranlé jusque dans ses fondements, Rome a vu détrôner dans ses murs le Vicaire de Dieu. Le règne de l’homme de péché est-il donc à la veille de se déclarer, et approchons-nous de ce dernier jour où vous devez remplir aux pieds du Juge souverain, sur les débris enflammés de ce monde coupable, le redoutable ministère de séparer pour jamais les boucs des brebis ? Mais si la terre doit vivre encore, si les destinées de l’Église ne sont pas accomplies, n’est-il pas temps, ô puissant Archange, que vous fassiez sentir au dragon infernal qu’on n’outrage pas impunément sur la terre celui qui l’a créée, celui qui l’a rachetée, et qui s’appelle le Roi des rois, le Seigneur des seigneurs ? Le torrent de l’erreur et du mal ne cesse d’entraîner vers l’abîme la génération séduite ; sauvez-la, glorieux Archange, en dissipant les noirs complots dont elle est victime.

Vous êtes, ô Michel, le protecteur de nos âmes au moment de leur passage du temps à l’éternité. Durant notre vie, votre œil nous suit, votre oreille nous écoute. Tout éblouis que nous sommes de vos splendeurs, nous vous aimons, ô Prince immortel, et nous vivons heureux et confiants à l’ombre de vos ailes. Le jour viendra bientôt où, en présence de nos restes inanimés, la sainte Église, notre mère, demandera pour nous au Seigneur que nous soyons arrachés à la gueule du Hon infernal, et que vos mains puissantes nous reçoivent et nous présentent à la lumière éternelle. En attendant ce moment solennel, veillez sur vos clients, ô Archange ! Le dragon nous menace ; nous entendons les sifflements de sa rage, il voudrait nous dévorer. O Michel ! apprenez-nous à répéter après vous : « Qui est semblable à Dieu ? » L’honneur de Dieu, le sentiment de ses droits, l’obligation de Lui rester fidèles, de le servir, de le confesser en tous temps et en tous lieux : c’est le bouclier de notre faiblesse, c’est l’armure sous laquelle nous vaincrons comme vous avez vaincu. Mais il nous faut quelque chose de ce mâle courage que vous empruntiez à l’amour dont vous étiez rempli. Faites-nous donc aimer notre commun Seigneur, ô Archange ! Car c’est alors que nous serons invincibles comme vous. Le dragon ne sait pas résister à la créature qui est éprise de l’amour du grand Dieu ; il fuit honteusement devant elle.

Le Seigneur vous avait créé, ô Michel, et vous avez aimé en lui votre Créateur ; il ne nous a pas seulement créés, il nous a rachetés, et rachetés dans son sang : quel doit donc être pour lui notre amour ? Fortifiez cet amour dans nos cœurs ; et puisque nous combattons dans votre milice, dirigez-nous, échauffez-nous, soutenez-nous de votre regard, et parez les coups de notre ennemi. Vous serez présent, nous l’espérons, à notre heure dernière, ô porte-étendard du salut ! En retour de notre tendre dévotion envers vous, daignez faire la garde auprès de notre couche, la couvrir de votre bouclier. Si le dragon voit étinceler votre glaive, il n’osera approcher de nous. Assortir de son corps, puisse notre âme éperdue s’élancer dans vos bras ! Ne l’abandonnez pas, saint Archange, quand elle se pressera contre vous ; portez-la au pied du tribunal de Dieu, couvrez-la de vos ailes, rassurez ses terreurs, et daigne le Seigneur votre maître vous donner ordre de la transporter promptement dans la région des joies éternelles !

Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum

Cette fête rappelle la dédicace d’un des plus célèbres sanctuaires lombards, celui du saint Archange sur le mont Gargan, aux environs de Siponto, et dont les origines remontent à la première moitié du VIe siècle. Rome qui, dès le temps de saint Léon le Grand, célébrait le natalis de la basilique de l’Archange au VIe mille de la voie Salaria le 29 ou le 30 septembre, s’abstint pendant plusieurs siècles de célébrer aussi celle du sanctuaire de Siponto parce que cela ne la concernait pas.

Cependant vers le XIe siècle, la basilique de la voie Salaria étant déjà tombée en complet oubli, les deux anniversaires furent attribués au mont Gargan ; la fête du 8 mai fut donc considérée comme l’anniversaire de l’apparition de saint Michel sur cette montagne, et celle du 29 septembre fut celle de la dédicace de l’oratoire primitif érigé par l’évêque de Siponto dans la grotte où l’Archange était apparu.

Dans la Sabine, sur le mont Tancia, se trouvait une autre grotte, ancien temple païen qui, vers le VIIe siècle, fut dédiée à saint Michel par les Lombards, et obtint elle aussi une grande célébrité. Son histoire se déroule parallèlement à celle du Gargan, sauf que le sanctuaire sabin serait plus ancien, puisque, comme le veut une antique narration de Farfa, le pape saint Sylvestre lui-même l’aurait consacré. Sa dédicace se fêtait également le 8 mai, et cela a sans doute contribué à répandre la fête de ce jour dans la Sabine, le pays de Rieti et le Duché romain, c’est-à-dire partout où l’abbaye de Farfa, à laquelle les ducs lombards de Spolète donnèrent ce sanctuaire, étendit son influence.

La messe est la même que le 29 septembre. L’antienne d’introït provient du psaume 102 : « O vous, ses Anges, bénissez le Seigneur ; vous, Puissants, qui exécutez ce qu’il dit et obéissez à sa voix. » Telle est bien la caractéristique des saints Anges : l’adoration, l’obéissance, le service de Dieu.

La collecte, dans le texte latin original, vaut tout un traité : « O Dieu qui, avec une merveilleuse harmonie, avez attribué à la créature angélique et à la créature humaine leurs fonctions respectives ; faites que ceux qui, au ciel, sont vos ministres et vous assistent continuellement, protègent aussi notre vie sur la terre. ». Cette prière concerne tous les anges en général, parce que la fête de ce jour n’est pas seulement celle de saint Michel, mais de toutes les milices angéliques.

La lecture est tirée de l’Apocalypse (I, 1-5) où, aux bénédictions de grâce et de paix de l’auguste Trinité, sont aussi associées celles des sept esprits mystérieux qui entourent son trône. Certains exégètes ont reconnu des anges en ces esprits de Dieu (où d’autres ont vu l’expression de sa puissance et de sa bonté) et c’est la raison du choix de cette péricope pour la messe de ce jour. Les anges, en vertu de leur soumission au Verbe de Dieu, sont ses ministres dans l’exécution du plan magnifique de la prédestination des autres créatures à la gloire éternelle.

Le double verset alléluiatique ne semble pas tiré des Écritures. « Alléluia. O Michel, saint Archange, défendez-nous dans la bataille, afin que nous ne succombions pas lors du terrible jugement. Alléluia. » — La bataille à laquelle il est fait allusion ici est celle qui fut décrite par Daniel (XII, i sq.) et par saint Jean dans l’Apocalypse (XII, 7-9). Elle commença dans le ciel au début du temps, et se poursuit maintenant sur la terre, où tout ce que les hommes font de bien et de mal représente comme autant d’épisodes particuliers de cet immense drame d’amour infini d’un côté, et d’inexplicable malice de l’autre. « Alléluia. La mer s’agita et la terre trembla, quand l’archange Michel descendit du ciel. Alléluia. »

La lecture évangélique est tirée de saint Matthieu (XVIII, 1-10). Après nous avoir enseigné à sacrifier tout ce que nous avons de plus cher, quand il s’agit de sauver notre âme, Jésus pour effrayer de plus en plus ceux qui ne craignent pas de mettre obstacle, par leurs mauvais exemples, au salut du prochain, les menace de la colère des saints Anges, gardiens des âmes.

L’antienne de l’offertoire est tirée de l’Apocalypse (VII, 3-4) mais, pour goûter toute son exquise beauté, il faut l’entendre, revêtue, par l’artiste grégorien de l’Antiphonarium, d’une suave mélodie qui pénètre l’âme et l’élève à des pensées célestes. « L’ange se tint à côté de l’autel du temple, avec un encensoir d’or en main. Et on lui donna une grande quantité d’encens, et le parfum de l’encens, par la main de l’ange, monta en présence de Dieu. »

L’encens symbolise ici notre prière, qui est offerte à Dieu par le ministère des saints Anges, comme il est dit au livre de Tobie (XII, 12).

La présence des saints Anges dans le temple et à l’heure de la prière doit nous inspirer un profond respect pour la majesté de Dieu et pour la sainteté des esprits bienheureux ; aussi le Psalmiste disait-il : In conspectu angelorum psallam tibi. Ce respect doit toutefois être uni à un sentiment de grande confiance, car durant l’oraison, alors que sur notre tête s’ouvre le ciel et que le Paraclet résidant en nous ouvre nos lèvres pour la prière, les saints Anges se placent à nos côtés pour aider notre insuffisance, pour transporter au ciel nos vœux, et nous rapporter ensuite la grâce de la part de Dieu. Ascendit oratio — dit saint Augustin — et descendit Dei miseratio. C’est pourquoi l’Église, au moment le plus solennel du divin Sacrifice, invoque l’aide des anges, afin qu’ils présentent eux-mêmes en notre nom l’offrande sur l’autel céleste, et nous rapportent en retour la plénitude des bénédictions.

La secrète est la suivante : « Nous vous offrons humblement, Seigneur, ces dons ; afin que, par l’intercession des saints Anges, vous les accueilliez favorablement et les rendiez profitables à notre salut éternel. » : Les bonnes dispositions de l’âme en vue d’une fructueuse participation aux Sacrements sont une des choses les plus importantes dans la vie spirituelle, et que nous devons par conséquent implorer assidûment. La parole attribuée à saint Augustin : Timeo Iesum transeuntem, fait allusion à ces grâces nombreuses qui nous sont offertes par le Seigneur, mais qui, trop souvent, restent stériles, faute de bonnes dispositions de notre part.

Le Sacramentaire Grégorien nous donne pour ce jour une préface propre qui n’a pas pénétré dans nos Missels : ... aeterne Deus : Sancti Michaelis Archangeli merita praedicantes ; quamvis enim nobis sit omnis angelica veneranda sublimitas, quae in maiestatis tuae consistit conspectu, illa tamen est propensius honoranda, quae in eius ordinis dignitate coelestis militiae meruit principatum. Per Christum etc.

L’antienne pour la Communion est tirée du Cantique de Daniel (III, 58) : « Tous les anges de Dieu, bénissez le Seigneur ; chantez-lui un hymne et glorifiez-le dans tous les siècles. » L’hymne éternel que chantent les anges dans le ciel, c’est leur sainteté même, par laquelle ils adorent l’immense et substantielle sainteté de Dieu : Sanctus, Sanctus, Sanctus. De même, quand, dans le Pater nous disons sanctificetur nomen tuum, nous demandons la sanctification extrinsèque de Dieu, au moyen de notre justification.

La collecte d’action de grâces est celle-ci : « Nous confiant dans l’intercession de votre bienheureux archange Michel, nous vous demandons, Seigneur, que notre cœur puisse obtenir la grâce du Sacrement auquel nous avons corporellement participé. ».

Dans les Sacramentaires, on assigne aussi à ce jour une oratio super popolum. En voici le texte : Adesto plebi tuae, misericors Deus ; et ut gratiae tuae beneficia potiora percipiat, beati Michaelis Archangeli fac supplicem deprecationibus sublevari.

Quis ut Deus ? Ces mots sont un programme d’humilité ; celle-ci consiste essentiellement en effet à reconnaître les droits infinis de Dieu sur nous, et l’obligation où nous sommes, nous, créatures inutiles, de lui consacrer nos personnes et ce qui nous appartient. L’humilité est ainsi justice et vérité.

L’importance des fonctions de saint Michel envers l’Église est justifiée spécialement par la sainte Écriture, où, dans la lutte contre le démon, en tous temps, dans la Synagogue comme dans l’Église, il est toujours représenté comme l’invincible champion de Dieu. Selon ce qu’écrivait saint Paul aux Thessaloniciens, le mystère d’iniquité qui se manifestera impudemment dans les derniers temps du monde ayant déjà commencé son œuvre de perversion, trouve maintenant un obstacle qui l’empêche de déployer toute sa puissance malfaisante ; et cela, jusqu’au jour de la lutte finale permise par Dieu à l’antéchrist. Comme l’expliquent de nombreux exégètes, cet obstacle est saint Michel. La dévotion envers l’archange vainqueur de Satan offre quelque chose de plus que la dévotion aux autres saints. Ceux-ci peuvent intercéder pour nous près de Dieu et remplir le rôle d’avocat, tandis que saint Michel est constitué par Dieu même protecteur et défenseur de l’Église. C’est pourquoi il appartient non pas simplement à l’hagiographie, mais à la théologie christologique elle-même, et après les fonctions du Père putatif de Jésus, il n’en est pas sur la terre de plus importantes ni de plus sublimes que celles qui sont confiées à saint Michel.

Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique

Saint Michel archange, défendez-nous dans le combat, afin que nous ne périssions pas dans le redoutable jugement.

Apparition de Saint Michel. — Parmi tous les anges, c’est, sans aucun doute, saint Michel le plus vénéré. Son culte remonte jusqu’à l’antiquité chrétienne. Il est considéré comme le patron de l’Église catholique, le guide des âmes des défunts au paradis (cf. l’Offertoire de la messe des morts). Sa fête est, depuis toujours, célébrée le 29 septembre. Au sixième siècle, on ajouta la fête de l’apparition de saint Michel au Mont Gargan. Cette fête s’étendit bientôt à l’Église universelle. Ce qu’on célèbre, à proprement parler, aujourd’hui, c’est la dédicace de l’Église du Mont Gargan. Parmi les autres apparitions de l’archange, la plus connue est l’apparition à saint Grégoire le Grand. Saint Michel apparut sur le château Saint-Ange (qui porte justement ce nom à cause de l’apparition). Le pape avait organisé, en 590, une grande procession pour demander à Dieu la cessation de la peste. L’ange, pour signifier que la peste était finie, rentra son épée au fourreau. Signalons aussi l’apparition de saint Michel au Mont-Tombe, qui devint le Mont Saint-Michel.

La messe. — L’Église ne se borne pas, aujourd’hui, à célébrer saint Michel ; elle songe aussi à tous les anges, surtout à ceux qui sont destinés à la protection des hommes (cf. l’oraison). La leçon est tirée du commencement de l’Apocalypse. Sans doute, dans ce passage, il est deux fois question des anges, mais la liturgie a en vue toute l’Apocalypse (le commencement est pour le tout, c’est là un principe favori de la liturgie). L’Apocalypse est vraiment un livre des anges. Aucun autre livre de la Sainte Écriture ne parle autant des anges. La pensée principale de la leçon est donc celle-ci : Les anges s’occupent avec zèle de l’achèvement de l’œuvre rédemptrice et ils combattent contre les Esprits infernaux. Michel est à leur tête. L’Évangile, aussi, nous permet de mieux comprendre les textes liturgiques. Cette péricope n’a été choisie que pour la dernière phrase. Les anges des petits (et de tous les enfants de Dieu) sont leurs avocats et leurs défenseurs devant le trône du Très-Haut. D’un seul mot l’Évangile exprime l’importance des anges pour notre salut. Ce seul mot paraît encore plus énergique si l’on songe à tout ce qui est dit de la tentation. L’antienne de l’Offertoire est très significative. On chante les anges qui encensent l’autel (aux messes solennelles, l’autel est encensé).

[1] Pendant le Temps pascal, les trois psaumes de chacun des nocturnes des Matines sont dits sous une seule antienne.

[2] Psalm. XCVI, 8 ; Hebr. I, 6.

[3] Apoc. XII, 13.