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30/08 Sts Félix et Adauctus, martyrs

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Sommaire

  Textes de la Messe  
  Office  
  Dom Guéranger, l’Année Liturgique  
  Bhx cardinal Schuster, Liber Sacramentorum  
  Dom Pius Parsch, Le guide dans l’année liturgique  

« Les saints Félix et Adauctus sont des martyrs du cimetière de Commodille, sur la via Ostiense, dont le martyrologe hiéronymien fait mention en ce jour. Dans leur petite basilique cimétériale, plusieurs peintures votives les représentent. Ces peintures remontent au VIe siècle. Dans l’une d’elles on voit la Vierge Marie assise avec l’Enfant sur ses genoux, Félix est à sa gauche, Adauctus à sa droite. Celui-ci présente à Marie une défunte du nom de Turtura. Le sacramentaire de Vérone donne 7 formulaires de messes pour le natale des saints Adauctus et Félix. L’évangéliaire de 645 et le sacramentaire grégorien connaissent aussi cette fête, qui appartient depuis lors au sanctoral romain » [1].

Textes de la Messe

eodem die 30 augusti
ce même 30 août
Ss. FELICIS ET ADAUCTI
Sts FÉLIX et AUDUCTUS
Martyrum
Martyrs
Commemoratio
Commémoraison
Ant. ad Introitum. Eccli. 44,15 et 14.Introït
Sapiéntiam Sanctórum narrent pópuli, et laudes eórum núntiet ecclésia : nomina autem eórum vivent in sǽculum sǽculi.Que les peuples racontent la sagesse des saints, et que l’assemblée publie leurs louanges ; leur nom vivra de génération en génération.
Ps. 32, 1.
Exsultáte, iusti, in Dómino : rectos decet collaudátio.Justes, réjouissez-vous dans le Seigneur, c’est aux hommes droits que sied la louange.
V/. Glória Patri.
Oratio.Collecte
Maiestátem tuam, Dómine, súpplices exorámus : ut, sicut nos iúgiter Sanctórum tuórum commemoratióne lætíficas ; ita semper supplicatióne deféndas. Per Dóminum nostrum.Nous adressons, Seigneur, de suppliantes prières à votre majesté, à l’effet d’obtenir que, nous donnant dans la fête de vos Saints un continuel sujet de joie, vous nous fassiez aussi trouver dans leurs prières une perpétuelle assistance.
Léctio libri Sapiéntiæ.Lecture du Livre de la Sagesse.
Sap. 10, 17-20.
Réddidit Deus iustis mercédem labórum suorum, et deduxit illos in via mirábili : et fuit illis in velaménto diei et in luce stellárum per noctem : tránstulit illos per Mare Rubrum, et transvéxit illos per aquam nímiam. Inimícos autem illórum demérsit in mare, et ab altitúdine inferórum edúxit illos. Ideo iusti tulérunt spolia impiórum, et decantavérunt, Dómine, nomen sanctum tuum, et victrícem manum tuam laudavérunt páriter, Dómine, Deus noster.La Sagesse a rendu aux saints le salaire de leurs travaux, elle les conduisit par une route semée de merveilles, et fut pour eux un ombrage pendant le jour, et comme la lumière des étoiles pendant la nuit. Elle leur fit traverser la mer Rouge, et les conduisit à travers les grandes eaux. Elle submergea leurs ennemis, puis des profondeurs de l’abîme elle les rejeta. C’est pourquoi les justes enlevèrent les dépouilles des impies, et chantèrent votre saint nom, Seigneur, et louèrent de concert votre main qui combattait pour eux, Seigneur notre Dieu.
Graduale. Sap. 3, 1-2 et 3.Graduel
Iustórum ánimæ in manu Dei sunt : et non tanget illos torméntum malítiæ.Les âmes des Justes sont dans la main de Dieu : et le tourment de la mort ne les touchera pas.
V/. Visi sunt óculis insipiéntium mori : illi autem sunt in pace.V/. Aux yeux des insensés, ils ont paru mourir : mais ils sont dans la paix.
Allelúia, allelúia. V/. Sap. 3, 7. Fulgébunt iusti, et tamquam scintíllæ in arundinéto current in ætérnum. Allelúia.Allelúia, allelúia. V/. Les justes brilleront et étincelleront éternellement comme les feux qui courent à travers les roseaux. Alléluia.
+ Sequéntia sancti Evangélii secúndum Lucam.Suite du Saint Évangile selon saint Luc.
Luc. 10. 16-20
In illo témpore : Dixit Iesus discípulis suis : Qui vos audit, me audit : et qui vos spernit, me spernit. Qui autem me spernit, spernit eum, qui misit me. Revérsi sunt autem septuagínta duo cum gáudio, dicéntes : Dómine, étiam dæmónia subiiciúntur nobis in nómine tuo. Et ait illis : Vidébam sátanam sicut fulgur de cælo cadéntem. Ecce, dedi vobis potestátem calcándi supra serpéntes et scorpiónes, et super omnem virtútem inimíci : et nihil vobis nocébit. Verúmtamen in hoc nolíte gaudére, quia spíritus vobis subiciúntur : gaudéte autem, quod nómina vestra scripta sunt in cælis.En ce temps-là : Jésus dit à ses disciples : Celui qui vous écoute, m’écoute ; celui qui vous méprise, me méprise. Et celui qui me méprise, méprise Celui qui m’a envoyé. Or les soixante-douze revinrent avec joie, disant : Seigneur, les démons même nous sont soumis en votre nom. Et il leur dit : Je voyais Satan tomber du Ciel comme la foudre. Voici que je vous ai donné le pouvoir de fouler aux pieds les serpents, et les scorpions, et toute la puissance de l’ennemi ; et rien ne pourra vous nuire. Cependant, ne vous réjouissez pas de ce que les esprits vous sont soumis ; mais réjouissez-vous de ce que vos noms sont écrits dans les Cieux.
Ant. ad Offertorium. Ps. 31, 11.Offertoire
Lætámini in Dómino et exsultáte, iusti : et gloriámini, omnes recti corde.Justes, réjouissez-vous dans le Seigneur, et soyez dans l’allégresse : et glorifiez-vous en lui vous tous qui avez le cœur droit.
SecretaSecrète
Hóstias, Dómine, tuæ plebis inténde : et, quas in honóre Sanctórum tuórum devóta mente célebrat, profícere sibi séntiat ad salútem. Per Dóminum.Regardez, Seigneur, les dons de votre peuple, et que le mystère qu’il accomplit pieusement en mémoire de vos Saints soit profitable à son salut éternel.
Ant. ad Communionem. Matth. 10, 27.Communion
Quod dico vobis in ténebris, dícite in lúmine, dicit Dóminus : et quod in aure audítis, prædicáte super tecta.Ce que je vous dis dans l’obscurité, dites-le dans la lumière, dit le Seigneur ; et ce qui est dit à l’oreille, prêchez-le sur les toits.
PostcommunioPostcommunion
Repléti, Dómine, munéribus sacris : quǽsumus : ut, intercedéntibus Sanctis tuis, in gratiárum semper actióne maneámus. Per Dóminum nostrum.Nourris des dons sacrés, nous vous prions, Seigneur : par l’intercession de vos Saints, faites que nous demeurions toujours en action de grâce.

Office

Leçon des Matines avant 1960.

Aux Matines de Ste Rose avant 1960, on commémorait les Sts Martyrs par la neuvième leçon

Neuvième leçon. Sous le règne des empereurs Dioclétien et Maximien, Félix fut arrêté pour avoir embrassé la religion chrétienne. On l’entraîna dans le temple de Sérapis. Là, au lieu de sacrifier, comme on voulait qu’il le fît, il cracha au visage de l’idole et aussitôt la statue d’airain tomba par terre. La même chose s’étant renouvelée dans les temples de Diane et de Mercure, on accusa Félix d’impiété et de magie, et on le tortura sur le chevalet. Pendant qu’on le conduisait sur la voie d’Ostie, à deux milles de Rome, pour être décapité, il rencontra chemin faisant, un Chrétien qui le reconnut et qui s’écria, en le voyant mener au supplice : « Moi aussi, je vis sous la même loi que lui et j’adore le même Jésus-Christ. » Ayant embrassé Félix, il fut décapité avec lui, le troisième jour des calendes de septembre. Comme les Chrétiens ne savaient point son nom, ils l’ennoblirent de celui d’Adaucte, c’est-à-dire ajouté, parce qu’il s’était adjoint au saint Martyr Félix, pour être couronné avec lui.

Dom Guéranger, l’Année Liturgique

Les saints Martyrs Félix et Adauctus conquirent la palme au temps de Dioclétien. Ils méritèrent que le saint Pape Damase honorât d’une de ses glorieuses épitaphes leur sépulture, voisine du tombeau de l’Apôtre des nations. Adressons à Dieu la prière où l’Église implore aujourd’hui leur protection puissante.

Bhx cardinal Schuster, Liber Sacramentorum

Station dans le cimetière de Commodille, sur la voie d’Ostie.

Aujourd’hui, le Martyrologe Hiéronymien nous invite à nous rendre au deuxième mille de la voie d’Ostie, non loin du sépulcre apostolique de Paul : Via Ostense, in cimiterio Commodillae, Felicis et Adaucti.

Adauctus n’est pas un nom inusité dans l’épigraphie romaine, et les chrétiens l’auraient, disent les Actes, attribué pour cette raison au lévite anonyme qui mêla le sang de sa confession à celui du prêtre martyr Félix.

On creusa en leur honneur, dans les entrailles du cimetière de Commodille, une petite basilique sépulcrale de forme irrégulière, avec une grande niche dans le fond, où reposaient Félix et Adauctus. Sur ce tombeau le pape Damase fit graver l’épigraphe suivante :

O • SEMEL • ATQVE • ITERVM • VERE • DE • NOMINE • FELIX
QVI • INTEMERATA • FIDE • CONTEMPTO • PRINCIPE • MVNDI
CONFESSVS • CHRISTVM • COELESTIA • REGNA • PETISTI
O • VERE • PRAETIOSA • FIDES • COGNOSCITE • FRATRES
QVA • AD • CAELVM • VICTOR • PARITER • PROPERAVIT • ADAVCTVS
PRESBYTER • HIS • VERVS • DAMASO • RECTORE • IVBENTE
COMPOSVIT • TVMVLVM • SANCTORVM • LIMINA • ADORNANS
Tu es vraiment heureux (Félix) comme l’indique ton nom !
Toi qui, avec une foi sans tache, méprisas les puissances terrestres,
Et, en confessant le Christ, montas au royaume bienheureux.
Reconnaissez, ô frères, combien fut précieuse la foi
Par les mérites de laquelle, avec Félix, se hâta vers le ciel Adauctus.
Le prêtre Verus, par ordre du pontife Damase,
Construisit et orna ce tombeau des martyrs.

Le souvenir des deux martyrs remplit tout le cimetière de Commodille. Diverses épigraphes et inscriptions invoquent leur intercession en faveur des défunts, et leurs images apparaissent plusieurs fois dans la crypte sépulcrale.

Une belle peinture du VIe siècle, sur le sépulcre d’une femme nommée Turtura, montre la défunte présentée au Divin Juge par ses deux saints avocats Félix et Adauctus. La nouveauté de la représentation consiste en ceci que le Christ-Juge siège, petit Enfant, sur les genoux de la bienheureuse Vierge, laquelle est assise, toute parée, sur un trône, telle une impératrice byzantine (Maria regina). Pour marquer sa dignité royale, elle tient à la main la mappula consulaire et appuie ses pieds sur un escabeau. A droite et à gauche du trône se tiennent Félix et Adauctus, tous deux avec la tonsure cléricale. Félix est vieux, mais la droite est laissée à Adauctus, encore que jeune et imberbe. Bien plus, il exerce le premier sa fonction d’avocat, puisqu’il pose la main sur les épaules de Turtura, pour marquer qu’il la prend sous sa protection.

L’introït de la messe Sapientiam est le même que pour les martyrs de Nomentum, le 9 juin.

Prière. — « Seigneur, nous implorons humblement votre majesté : de même qu’aujourd’hui vous nous réjouissez par le souvenir de vos saints, faites que leur puissante intercession nous assiste toujours ». Les saints dans le ciel font ce que fait aussi le Christ, tel que nous le montre saint Paul : Lui, notre avocat semper vivens ad interpellandum pro nobis. Il prie, et à son oraison s’associent tous les anges et tous les saints.

La première lecture est la même que le 28 juillet, pour les martyrs Nazaire, Celse, etc. Le Seigneur traite ses élus comme autrefois il traita le peuple d’Israël. Pour l’établir dans la terre promise aux Patriarches, Il le fait sortir d’abord de l’Égypte, passer la mer Rouge, traverser le désert, au milieu de périls et de difficultés de toutes sortes. Dieu cependant combat aux côtés d’Israël, et le peuple juif, éprouvé, purifié même par la tribulation, remporte la victoire sur ses ennemis et s’établit enfin dans la terre fertile promise jadis à ses pères.

Le répons à chanter sur les degrés de l’ambon est le même que le 17 janvier, pour les martyrs Maris, Marthe, etc. Le verset alléluiatique est tiré de la Sagesse (III, 3) ; c’est la continuation du texte du graduel : « Les justes resplendiront pour toute l’éternité, et ils étincelleront comme les feux qui courent à travers les roseaux ».

L’échange est donc très avantageux : un court instant de honte, quand le nom des serviteurs de Dieu est inscrit par les impies sur le registre de ceux qu’ils bannissent de cette terre ; puis une éternité de gloire au ciel.

La lecture évangélique est la même que pour saint Vite, le 15 juin. Cela démontre la popularité du culte dont étaient autrefois l’objet les deux martyrs Félix et Adauctus, et le grand nombre de prodiges qui s’opéraient sur leur tombe.

L’antienne pour l’offrande des oblations du peuple, à l’exception des alléluia, est celle des martyrs durant le temps pascal. « Réjouissez-vous dans le Seigneur, ô vous qui suivez les voies de sa justice. Que tous ceux qui ont le cœur droit se glorifient ». On appelle droit le cœur qui est conforme à celui de Dieu, et qui aime, veut et accomplit ce que Dieu aime, veut et fait en lui.

Prière sur les oblations. — « Regardez, Seigneur, les dons de votre peuple ; et que le mystère qu’il accomplit pieusement en mémoire de vos saints soit profitable à son salut éternel ». Il faut remarquer les mots qui reviennent régulièrement dans toutes ces anciennes secrètes : « les dons de votre peuple ». Autrefois, la messe représentait, avec une efficace bien plus sensible, le sacrifice social de la communauté chrétienne, parce que tous les fidèles y contribuaient, présentant, durant l’offertoire, leurs propres oblations à l’autel.

L’antienne pour la Communion, contrairement à la règle, puisqu’elle ne correspond pas à l’évangile du jour, est la même que le 15 février.

Jésus a annoncé l’Évangile comme dans les ténèbres, parce qu’il l’a prêché seulement dans le petit territoire de la Judée, et au milieu des persécutions. Cependant, son Église a reçu de Lui la mission et l’ordre d’enseigner la Loi divine dans la pleine lumière, parce qu’elle doit instruire toutes les nations du monde.

Après la Communion. — « Maintenant que la divine grâce nous a rassasiés, faites, Seigneur, par l’intercession de vos saints, que nous persévérions toujours dans les sentiments d’une humble reconnaissance ». Le Saint-Esprit, dans la Sagesse, compare le cœur de l’ingrat à une terre recouverte d’une couche de glace. Pour que la grâce fructifie, la chaleur de la reconnaissance est nécessaire, car celle-ci apprécie le don reçu et le fait fructifier à la gloire du donateur. C’est pourquoi sainte Thérèse disait que le temps de l’action de grâces après la sainte Communion est un moment très important et décisif pour notre avancement spirituel. Ainsi, l’action de grâces d’une Communion nous servira de préparation à la Communion suivante, en sorte que la grâce ne nous trouvera pas impréparés, comme la vocation soudaine au martyre ne trouva pas impréparé le jeune Adauctus, qui, rencontrant fortuitement Félix sur la route du supplice, voulut, par une résolution subite, non pas retourner chez lui, mais le suivre dans la voie du ciel : ... Qua ad caelum victor pariter properavit Adauctus.

Dom Pius Parsch, Le guide dans l’année liturgique

Saint Félix et saint Adauctus. — Le prêtre Félix subit le martyre sous Dioclétien (vers 305), Comme il se rendait au supplice, il rencontra un chrétien inconnu qui, témoin des tourments qu’il endurait pour la foi, et brûlant de partager son bonheur, s’écria : « Et moi aussi je confesse la même doctrine que cet homme ; j’adore le même Jésus-Christ ! » Félix l’embrassa, et il fut décapité avec lui le 30 août. Ignorant son nom, les chrétiens l’appelèrent Adauctus, c’est-à-dire « ajouté », parce qu’il fut adjoint au triomphe de saint Félix, « adauctus sit ad coronam ». Leurs restes reposent dans l’église qui s’élève au-dessus de la catacombe de Comodille.

[1] Cf. Pierre Jounel, Le Culte des Saints dans les Basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle, École Française de Rome, Palais Farnèse, 1977.