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02/08 St Alphonse Marie, évêque, confesseur et docteur

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Sommaire

  Textes de la Messe  
  Office  
  Dom Guéranger, l’Année Liturgique  
  Bhx cardinal Schuster, Liber Sacramentorum  
  Dom Pius Parsch, Le guide dans l’année liturgique  

Mort le 1er août 1787. Béatifié en 1816. Canonisé par Grégoire XVI en 1839, immédiatement inscrit au calendrier le 2 août (en raison de la fête de St Pierre aux Liens sous le rite double et doté d’une messe propre. Proclamé Docteur en 1871 par le Bhx Pie IX.

Textes de la Messe

die 2 augusti
le 2 août
S. ALFONSI MARIÆ DE LIGORIO
SAINT ALPHONE MARIE DE LIGORI
Ep., Conf. et Eccl. Doct.
Évêque, Confesseur et Docteur de l’Eglise
III classis (ante CR 1960 : duplex)
IIIème classe (avant 1960 : double)
Ant. ad Introitum. Luc. 4, 18.Introït
Spíritus Dómini super me : propter quod unxit me : evangelizáre paupéribus misit me, sanáre contrítos corde.L’Esprit du Seigneur est sur moi : c’est pourquoi il m’a consacré par l’onction : il m’a envoyé pour évangéliser les pauvres, guérir les cœurs broyés.
Ps. 77, 1.
Atténdite, pópule meus, legem meam : inclináte aurem vestram in verba oris mei.Écoutez, mon Peuple, ma loi : prêtez l’oreille aux paroles de ma bouche.
V/. Glória Patri.
Oratio.Collecte
Deus, qui per beátum Alfónsum Maríam Confessórem tuum atque Pontíficem, animárum zelo succénsum, Ecclésiam tuam nova prole fœcundásti : quǽsumus ; ut, eius salutáribus mónitis edócti et exémplis roboráti, ad te perveníre felíciter valeámus. Per Dóminum.Dieu, vous avez fécondé votre Église d’une nouvelle famille par le ministère du bienheureux Alphonse-Marie, votre Confesseur et Pontife, qui brûlait de zèle pour le salut des âmes : faites, nous vous en prions, qu’instruits par ses leçons salutaires et fortifiés par ses exemples, nous puissions parvenir heureusement jusqu’à vous.
Et fit commemoratio S. Stephani I Papæ et Mart. :Et on fait mémoire de S. Etienne Ier, Pape et Martyr :
Oratio.Collecte
Gregem tuum, Pastor ætérne, placátus inténde : et, per beátum Stéphanum Mártyrem tuum atque Summum Pontíficem, perpétua protectióne custódi ; quem totíus Ecclésiæ præstitísti esse pastórem. Per Dóminum nostrum.Pasteur éternel de l’Église, regardez avec bienveillance votre troupeau, protégez-le et gardez-le toujours. Nous vous le demandons par le bienheureux Pape Étienne votre Martyr que vous avez placé comme berger à la tête de l’Église.
Léctio Epístolæ beáti Pauli Apóstoli ad Timótheum.Lecture de l’Épître de saint Paul apôtre à Timothée.
2. Tim. 2, 1-7.
Caríssime : Confortáre in grátia, quæ est in Christo Iesu : et quæ audísti a me per multos testes, hæc comménda fidálibus homínibus, qui idónei erunt et alios docére. Labóra sicut bonus miles Christi Iesu. Nemo mílitans Deo ímplicat se negótiis sæculáribus : ut ei pláceat, cui se probávit. Nam et qui certat in agóne, non coronátur, nisi legítime certáverit. Laborántem agrícolam opórtet primum de frúctibus percípere. Intéllege quæ dico : dabit enim tibi Dóminus in ómnibus intelléctum.Mon bien-aimé : Toi donc, mon enfant, affermis-toi dans la grâce qui est dans le Christ Jésus, et ce que tu as entendu de moi en présence de nombreux témoins, confie-le à des hommes sûrs, qui soient capables d’en instruire aussi d’autres. Prends ta part de souffrances comme un bon soldat du Christ Jésus. Nul qui sert comme soldat ne s’engage en des affaires de la vie, afin de pouvoir donner satisfaction à celui qui l’a enrôlé ; et de même, si quelqu’un lutte, il n’obtient la couronne que s’il a lutté selon les règles. C’est d’abord au cultivateur qui peine de recevoir sa part des fruits. Mets-toi dans l’esprit ce que je te dis : le Seigneur en effet te donnera l’intelligence en toutes choses.
Graduale. Ps. 118, 52-53.Graduel
Memor fui iudiciórum tuórum a sǽculo, Dómine, et consolátus sum : deféctio ténuit me pro peccatóribus derelinquéntibus legem tuam.Je me suis souvenu de vos jugements antiques, Seigneur, et j’ai été consolé : j’ai défailli )à cause des pécheurs qui abandonnent votre loi.
V/. Ps. 39, 11. Iustítiam tuam non abscóndi in corde meo : veritátem tuam et salutáre tuum dixi.V/. Je n’ai pas caché votre justice dans mon cœur : j’ai proclamé votre vérité et votre salut.
Allelúia, allelúia. V/. Eccli. 49, 3-4. Ipse est diréctus divínitus in poeniténtiam gentis, et tulit abominatiónes impietátis : et gubernávit ad Dóminum cor ipsíus : et in diébus peccatórum corroborávit pietátem. Allelúia.Allelúia, allelúia. V/. Il a été envoyé d’en-haut pour amener le peuple au repentir, et il a fait disparaître les abominations de l’impiété : il a tourné son cœur vers le Seigneur et aux jours des pécheurs, il a renforcé la piété.
In missis votivis post Septuagesimam, ommissis Allelúia et versu sequenti, diciturAux messes votives après la Septuagésime, on omet l’Alléluia et son verset et on dit :
Tractus. Ps. 34, 13.Trait
Ego autem, cum mihi molésti essent, induébar cilício : humiliábam in ieiúnio ánimam meam : et orátio mea in sinu meo convertátur.Moi, cependant, quand ils me molestaient, j’ai revêtu le cilice : j’ai humilié mon âme dans le jeûne et j’ai retourné la prière dans mon cœur.
V/. Ps. 22, 5. Parásti in conspéctu meo mensam advérsus eos, qui tríbulant me : impinguásti in óleo caput meum, et calix meus inébrians quam præclárus est !V/. Vous avez dressé devant moi une table en face de mes ennemis ; vous avez répandu l’huile sur ma tête ; ma coupe enivrante, qu’elle est magnifique !
V/. 1. Cor. 9, 22. Factus sum infírmis infírmus, ut infírmos lucrifácerem.V/. Je me suis fait faible avec les faibles, afin de gagner les faibles.
Tempore paschali omittitur graduale, et eius loco dicitur :Pendant le temps pascal, on omet le graduel et à sa place on dit :
Allelúia, allelúia. V/. Ps. 132, 1-2. Ecce, quam bonum et quam iucundum, habitáre fratres in unum : sicut unguéntum in cápite, quod descéndit in barbam, barbam Aaron.Allelúia, allelúia. V/. Voyez comme il est bon et agréable pour des frères d’habiter ensemble : c’est comme le parfum répandu sur la tête, qui descend sur la barbe, la barbe d’Aaron.
Allelúia. V/. Ioann. 15, 16. Pósui vos, ut eátis et fructum afferátis : et fructus vester máneat. Allelúia.Allelúia. V/. Je vous ai établis, pour que vous alliez et que vous portiez du fruit : que votre fruit demeure. Alléluia.
+ Sequéntia sancti Evangélii secundum Lucam.Suite du Saint Évangile selon saint Luc.
Luc. 10, 1-9.
In illo témpore : Designávit Dóminus et álios septuagínta duos : et misit illos binos ante fáciem suam in omnem civitátem et locum, quo erat ipse ventúrus. Et dicebat illis : Messis quidem multa, operárii autem pauci. Rogáte ergo Dóminum messis, ut mittat operários in messem suam. Ite : ecce, ego mitto vos sicut agnos inter lupos. Nolíte portare sǽculum neque peram neque calceaménta ; et néminem per viam salutavéritis. In quamcúmque domum intravéritis, primum dícite : Pax huic dómui : et si ibi fúerit fílius pacis, requiéscet super illum pax vestra : sin autem, ad vos revertétur. In eádem autem domo manéte, edéntes et bibéntes quæ apud illos sunt : dignus est enim operárius mercede sua. Nolíte transíre de domo in domum. Et in quamcúmque civitátem intravéritis, et suscéperint vos, manducáte quæ apponúntur vobis : et curáte infírmos, qui in illa sunt, et dícite illis : Appropinquávit in vos regnum Dei.En ce temps-là : le Seigneur désigna encore soixante-dix autres disciples, et il les envoya devant lui, deux à deux, en toute ville et endroit où lui-même devait aller. Il leur disait : La moisson est grande, mais les ouvriers sont en petit nombre. Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers à sa moisson. Allez : voici que je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups. Ne portez ni bourse, ni besace, ni sandales, et ne saluez personne en chemin. En quelque maison que vous entriez, dites d’abord : "Paix à cette maison !" Et s’il y a là un fils de paix, votre paix reposera sur lui ; sinon, elle reviendra sur vous. Demeurez dans cette maison, mangeant et buvant de ce qu’il y aura chez eux, car l’ouvrier mérite son salaire. Ne passez pas de maison en maison. Et en quelque ville que vous entriez et qu’on vous reçoive, mangez ce qui vous sera servi ; guérissez les malades qui s’y trouveront, et dites-leur : "Le royaume de Dieu est proche de vous."
Ante 1960 : CredoAvant 1960 : Credo
Ant. ad Offertorium. Prov. 3, 9 et 27.Offertoire
Hónora Dóminum de tua substántia, et de primítiis ómnium frugum tuárum da ei. Noli prohibére benefácere eum, qui potest : si vales, et ipse bénefac.Fais honneur à Dieu de tes biens, et donne-lui des prémices de tous tes fruits. Ne refuse pas un bienfait à ceux à qui il est dû, quand il est en ton pouvoir de l’accorder.
SecretaSecrète
Cælésti, Dómine Iesu Christe, sacrifícii igne corda nostra in odórem suavitátis exúre : qui beáto Alfónso Maríæ tribuísti et hæc mystéria celebráre, et per éadem hóstiam tibi sanctam seípsum exhibére : Qui vivis.Mettez en nos cœurs le feu céleste de ce sacrifice pour qu’ils se consument en parfum de suave odeur, Seigneur Jésus-Christ, vous qui avez accordé au bienheureux Alphonse-Marie la grâce de célébrer ces mystères, et de s’y offrir lui-même à vous en victime sainte.
Pro S. StephanoPour St Etienne
SecretaSecrète
Oblátis munéribus, quǽsumus, Dómine, Ecclésiam tuam benígnus illúmina : ut, et gregis tui profíciat ubique succéssus, et grati fiant nómini tuo, te gubernánte, pastóres. Per Dóminum.Grâce à l’offrande de ces présents, accordez Seigneur, la lumière à votre Église : faites prospérer partout votre troupeau, et daignez diriger ses pasteurs pour qu’ils vous soient agréables.
Ant. ad Communionem. Eccli. 50, 1 et 9.Communion
Sacérdos magnus, qui in vita sua suffúlsit domum, et in diébus suis corroborávit templum, quasi ignis effúlgens et thus ardens in igne.Le grand prêtre qui, pendant sa vie, répara la maison du Seigneur, et, durant ses jours, affermit le temple, brillant comme le feu et comme le parfum sur le feu de l’encensoir.
PostcommunioPostcommunion
Deus, qui beátum Alfónsum Maríam Confessórem tuum atque Pontíficem fidelem divíni mystérii dispensatórem et præcónem effecísti : eius méritis precibúsque concéde ; ut fidéles tui et frequénter percípiant, et percipiéndo sine fine colláudent. Per Dóminum.Dieu, du bienheureux Alphonse-Marie, votre Confesseur et Pontife, vous avez fait un fidèle dispensateur et prédicateur de vos divins mystères : accordez à ses prières et à ses mérites que vos fidèles les reçoivent fréquemment et qu’en les recevant, ils ne cessent point de vous glorifier.
Pro S. StephanoPour St Etienne
PostcommunioPostcommunion
Refectióne sancta enutrítam gubérna, quǽsumus, Dómine, tuam placátus Ecclésiam : ut, poténti moderatióne dirécta, et increménta libertátis accípiat et in religiónis integritáte persístat. Per Dóminum nostrum.Seigneur, dirigez avec amour votre Église qui vient de se nourrir à cette table sainte, pour que, sous votre conduite toute-puissante, elle voie grandir sa liberté, et garde la religion dans toute sa pureté.

Office

Leçons des Matines avant 1960.

Au deuxième nocturne.

Quatrième leçon. Alphonse-Marie de Liguori naquit à Naples, de parents nobles, et donna dès son bas âge des marques évidentes de sa future sainteté. Ses parents l’offrirent jeune encore à saint François de Hiéronimo, de la société de Jésus ; celui-ci, après avoir bien prié, déclara que l’enfant deviendrait nonagénaire, qu’il serait élevé à la dignité épiscopale, et qu’il ferait un bien considérable dans l’Église. Dès l’enfance, Alphonse s’éloignait des jeux et formait, par sa parole et son exemple, de nobles adolescents à la modestie chrétienne. Devenu jeune homme, il se fit inscrire dans de pieuses confréries et mit son bonheur à servir les malades dans les hôpitaux publics, à vaquer longuement à l’oraison dans les églises et à fréquenter les sacrements. A la piété il unit si bien l’étude des lettres que, à peine âgé de seize ans, il fut reçu Docteur dans l’un et l’autre droit à l’université de son pays. Pour obéir à son père, il embrassa la carrière d’avocat, mais quoiqu’il obtînt de grands succès, il l’abandonna de lui-même, après avoir reconnu les périls du barreau. Il renonça ensuite à un très brillant mariage que son père lui proposait, abdiqua son droit d’aînesse et suspendit son épée à l’autel de Notre-Dame de la Merci, pour se consacrer au divin ministère. Devenu prêtre, il s’attaqua aux vices avec tant de zèle et remplit si bien l’office d’apôtre, en se portant rapidement ça et là au secours des pécheurs, que beaucoup se convertirent. Plein de compassion pour les pauvres et les paysans en particulier, il institua la Congrégation des Prêtres du très saint Rédempteur, qui, marchant sur les traces du Rédempteur lui-même, s’emploieraient à évangéliser les pauvres dans les campagnes, les bourgs et les villages.

Cinquième leçon. Pour que rien ne l’écartât de son but, il s’obligea par un vœu perpétuel à ne jamais perdre un instant. Et par suite, enflammé de zèle, il mit toute son application à gagner des âmes à Jésus-Christ et à les amener à une vie plus parfaite, soit en prêchant la parole divine, soit en écrivant des ouvrages remplis d’érudition sacrée et de piété. C’est chose vraiment merveilleuse de voir combien il a étouffé de haines et ramené de gens au droit chemin du salut dont ils s’étaient écartés. Serviteur dévoué de la Mère de Dieu, il publia un livre pour la glorifier ; et plusieurs fois, lorsqu’en prêchant il mettait plus de chaleur à ses louanges, tout l’auditoire observa que son visage resplendissait d’un éclat merveilleux projeté sur lui par la Vierge, et qu’il était ravi en extase. Il propagea admirablement le culte de la Passion du Seigneur et celui de la sainte Eucharistie, dont il était un contemplateur assidu. Pendant qu’il priait devant l’autel ou qu’il célébrait le saint Sacrifice, ce qu’il n’omit jamais, la véhémence de son amour le faisait se fondre en ardeurs séraphiques, ou l’agitait de mouvements extraordinaires, ou encore lui enlevait le sentiment des choses extérieures. Dans tout le cours de sa vie, il ne commit aucune faute mortelle, et joignit une admirable innocence à une égale pénitence. Il châtiait son corps par l’abstinence, les chaînes de fer, les cilices et de sanglantes flagellations. Entre autres dons, il reçut celui de prophétie, le double privilège de scruter les cœurs et d’être en deux endroits à la fois, ainsi que le pouvoir des miracles.

Sixième leçon. Les dignités ecclésiastiques qui lui furent offertes ne le tentèrent jamais. Toutefois l’autorité du Pape Clément XIII lui imposa la charge de gouverner l’Église de Sainte-Agathe-des-Goths. Si, devenu Évêque, il changea d’habit, il ne modifia en rien la sévérité de son genre de vie. Ce fut la même frugalité, le même zèle incomparable pour la discipline chrétienne, la même application à réprimer le vice et à détruire l’erreur, le même soin à s’acquitter des obligations pastorales. Libéral à l’égard des pauvres, il leur distribuait tous les revenus de son Église ; sa charité l’amena même à vendre, pendant une famine, le mobilier de sa maison, pour nourrir les affamés. Se faisant tout à tous, il ramena les religieuses à une forme de vie plus parfaite et prit soin de fonder un monastère de religieuses de sa congrégation. Des maladies graves et habituelles le déterminèrent à abandonner la charge de l’épiscopat : pauvre en quittant ses disciples, il revint pauvre au milieu d’eux. Enfin tout brisé qu’il était par la vieillesse, les fatigues, les longues souffrances de la goutte et d’autres maladies encore, son esprit continua d’être très lucide, et il ne cessa de parler et d’écrire sur les choses du ciel, que le jour où il expira paisiblement, âgé de quatre-vingt-dix ans aux calendes d’août, l’an mil sept cent quatre-vingt-sept, à Nocera degli Pagani, au milieu des larmes des religieux ses enfants. Ses vertus et ses miracles l’ayant illustré, le souverain Pontife Pie VII l’inscrivit aux fastes des Bienheureux ; et de nouveaux miracles ayant ajouté à sa gloire terrestre, Grégoire XVI le mit solennellement au catalogue des Saints, en la fête de la très sainte Trinité, l’an mil huit cent trente-neuf. Enfin le souverain Pontife Pie IX, de l’avis de la Sacrée Congrégation des Rites, le déclara Docteur de l’Église universelle.

Au troisième nocturne.

Au troisième nocturne. [1]

Lecture du saint Évangile selon saint Luc. Cap. 10, 1-9.
En ce temps-là : Le Seigneur désigna encore soixante-douze autres disciples, et les envoya deux à deux devant lui dans toutes les villes et tous les lieux où lui-même devait venir. Et le reste.

Homélie de saint Grégoire, Pape. Homilía 17 in Evangelia

Septième leçon. Notre Seigneur et Sauveur nous instruit, mes bien-aimés frères, tantôt par ses paroles, et tantôt par ses œuvres. Ses œuvres elles-mêmes sont des préceptes, et quand il agit, même sans rien dire, il nous apprend ce que nous avons à faire. Voilà donc que le Seigneur envoie ses disciples prêcher ; il les envoie deux à deux, parce qu’il y a deux préceptes de la charité : l’amour de Dieu et l’amour du prochain, et qu’il faut être au moins deux pour qu’il y ait lieu de pratiquer la charité. Car, à proprement parler, on n’exerce pas la chanté envers soi-même ; mais l’amour, pour devenir charité, doit avoir pour objet une autre personne.

Huitième leçon. Voilà donc que le Seigneur envoie ses disciples deux à deux pour prêcher ; il nous fait ainsi tacitement comprendre que celui qui n’a point de charité envers le prochain ne doit en aucune manière se charger du ministère de la prédication. C’est avec raison que le Seigneur dit qu’il a envoyé ses disciples devant lui, dans toutes les villes et tous les lieux où il devait venir lui-même. Le Seigneur suit ceux qui l’annoncent. La prédication a lieu d’abord ; et le Seigneur vient établir sa demeure dans nos âmes, quand les paroles de ceux qui nous exhortent l’ont devancé, et qu’ainsi la vérité a été reçue par notre esprit.

Neuvième leçon. Voilà pourquoi Isaïe a dit aux mêmes prédicateurs : « Préparez la voie du Seigneur ; rendez droits les sentiers de notre Dieu » [2]. A son tour le Psalmiste dit aux enfants de Dieu : « Faites un chemin à celui qui monte au-dessus du couchant » [3]. Le Seigneur est en effet monté au-dessus du couchant ; car plus il s’est abaissé dans sa passion, plus il a manifesté sa gloire en sa résurrection. Il est vraiment monté au-dessus du couchant : car, en ressuscitant, il a foulé aux pieds la mort qu’il avait endurée [4]. Nous préparons donc le chemin à Celui qui est monté au-dessus du couchant quand nous vous prêchons sa gloire, afin que lui-même, venant ensuite, éclaire vos âmes par sa présence et son amour.

Aux Vêpres.

V/. Amávit eum Dóminus, et ornávit eum. V/. Le Seigneur l’a aimé et l’a orné [5].
R/. Stolam glóriæ índuit eum. R/. Il l’a revêtu d’une robe de gloire [6].
Ad Magnificat Ant. O Doctor óptime, * Ecclésiæ sanctæ lumen, beáte Alfónse María, divínæ legis amátor, deprecáre pro nobis Fílium Dei. >Ant. au Magnificat O Docteur excellent, * lumière de la Sainte Église, bienheureux Alphonse, si zélé pour la loi divine, implorez pour nous le Fils de Dieu.
OratioPrière
Deus, qui per beátum Alfónsum Maríam Confessórem tuum atque Pontíficem, animárum zelo succénsum, Ecclésiam tuam nova prole fœcundásti : quǽsumus ; ut, eius salutáribus mónitis edócti et exémplis roboráti, ad te perveníre felíciter valeámus.Dieu, vous avez fécondé votre Église d’une nouvelle famille par le ministère du bienheureux Alphonse-Marie, votre Confesseur et Pontife, qui brûlait de zèle pour le salut des âmes : faites, nous vous en prions, qu’instruits par ses leçons salutaires et fortifiés par ses exemples, nous puissions parvenir heureusement jusqu’à vous.

Dom Guéranger, l’Année Liturgique

Hier, avec Pierre et les Machabées, nous admirions les substructions du palais que l’éternelle Sagesse se construit dans le temps pour durer toujours [7]. Aujourd’hui, nous conformant aux divines mœurs de cette Sagesse qui atteint en se jouant d’une extrémité à l’autre [8], c’est au sommet de l’œuvre, à la dernière des assises actuellement posées, qu’il nous est donné de contempler le progrès du glorieux édifice. Or, au sommet comme dans les fondations, l’œuvre est une, les matériaux restent sans prix : témoin la pierre d’une eau si pure qui, à cette heure, envoie sur nous ses feux.

Alphonse de Liguori est, à la fois comme Docteur et comme Saint, le plus récent des bienheureux auxquels s’adresse l’hommage universel du monde. Grand par ses œuvres et sa doctrine [9], à lui s’applique directement l’oracle de l’Esprit-Saint : Ceux qui enseignent la justice à plusieurs brilleront comme des étoiles dans les éternités sans fin [10].

Quand il parut, une secte odieuse voulait enlever au Père qui est aux cieux sa miséricorde et sa douceur ; elle triomphait, dans la conduite pratique des âmes, auprès de ceux-là même que rebutaient ses calvinistes théories. Sous couleur de réaction contre une école imaginaire de relâchement, dénonçant à grand bruit les propositions effectivement condamnables de quelques personnages isolés, les nouveaux pharisiens s’étaient posés en zélateurs de la Loi. Outrant le précepte, exagérant la sanction, ils chargeaient les consciences des mêmes intolérables fardeaux dont l’Homme-Dieu reprochait à leurs devanciers d’écraser les épaules humaines [11] ; mais le cri d’alarme jeté par eux, au nom de la morale en péril, n’en avait pas moins trompé les simples et fini par égarer les meilleurs. Grâce à l’ostentation d’austérité de ses adhérents, le jansénisme, habile du reste à prudemment voiler ses dogmes, n’était que trop parvenu, selon son programme, à s’imposer à l’Église malgré l’Église ; d’inconscients alliés lui livraient dans la cité sainte les sources du salut. Bientôt, en trop de lieux, les Clefs sacrées n’eurent plus d’usage que pour ouvrir l’enfer ; la table sainte, dressée pour entretenir et développer en tous la vie, ne fut plus accessible qu’aux parfaits : et ceux-ci n’étaient jugés tels que dans la mesure où, par un renversement étrange des paroles de l’Apôtre [12], ils soumettaient l’esprit d’adoption des enfants à l’esprit de servitude et de crainte ; quant aux fidèles qui ne s’élevaient pas à la hauteur du nouvel ascétisme, ne trouvant au tribunal de la pénitence, en place de pères et de médecins, que des exacteurs et des bourreaux [13], ils n’avaient plus devant eux que l’abandon du désespoir ou de l’indifférence. Partout cependant légistes et parlements prêtaient main forte aux réformateurs, sans se soucier du flot d’incrédulité haineuse qui montait autour d’eux, sans voir la tempête amoncelant ses nuages.

Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites, qui fermez aux hommes le royaume des deux ; car vous n’y entrez point, et ne laissez pas les autres y entrer. Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites, qui parcourez la mer et la terre pour faire un prosélyte, et lorsqu’il est fait, le rendez fils d’enfer deux fois plus que vous [14]. Ce n’est point de vos conventicules qu’il est dit que les fils de la Sagesse sont l’assemblée des justes [15] ; car il est dit aussi que ce peuple des justes est tout obéissance et amour [16]. Ce n’est point de la crainte dont vous êtes les apôtres, que le Psalmiste a chanté : La crainte du Seigneur est le commencement de la sagesse [17] ; car de cette crainte salutaire, sous la loi même du Sinaï, l’Esprit-Saint disait : « Vous qui craignez le Seigneur, croyez en lui, et vous ne perdrez pas votre récompense ; vous qui craignez le Seigneur, espérez en lui, et sa miséricorde viendra sur vous dans la joie ; vous qui craignez le Seigneur, aimez-le, et vos cœurs seront remplis de lumière » [18]. Tout écart, qu’il provienne de rigueur aussi bien que de faiblesse, heurte la justice en sa rectitude ; mais, depuis surtout Bethléhem et le Calvaire, il n’est point de péché qui atteigne plus le cœur divin que celui de défiance ; il n’est de faute irrémissible que dans la désespérance de Judas disant comme Caïn : « Mon crime est trop grand pour en obtenir le pardon » [19].

Qui donc cependant, dans l’impasse ténébreuse où les docteurs en vogue avaient amené les plus fermes esprits, retrouverait la clef de la science [20] ! Mais la Sagesse gardait en ses trésors, dit l’Esprit-Saint, les formules des mœurs [21]. De même qu’en d’autres temps à chaque dogme attaqué elle avait suscité des vengeurs nouveaux : en face d’une hérésie qui, malgré les prétentions spéculatives de ses débuts, n’eut véritablement que là de portée durable, elle produisit Alphonse de Liguori comme le redresseur de la loi faussée et le Docteur par excellence de la morale chrétienne. Également éloigné d’un rigorisme fatal et d’une pernicieuse indulgence, il sut rendre aux justices du Seigneur, pour parler comme le Psaume, leur droiture en même temps que leur don de réjouir les cœurs [22], à ses commandements leur lumineuse clarté qui les fait se justifier par eux-mêmes [23] à ses oracles la pureté qui attire les âmes et conduit fidèlement les petits et les simples des commencements de la Sagesse à ses sommets [24].

Ce ne fut point en effet seulement sur le terrain de la casuistique que saint Alphonse parvint, dans sa Théologie morale, à conjurer le virus qui menaçait d’infecter toute vie chrétienne. Tandis que, par ailleurs, sa plume vaillante ne laissait sans réponse aucune des attaques du temps contre la vérité révélée, ses œuvres ascétiques et mystiques ramenaient la piété aux sources traditionnelles de la fréquentation des Sacrements, de l’amour du Seigneur et de sa divine Mère. La Sacrée Congrégation des Rites, qui dut examiner au nom du Saint-Siège les œuvres de notre Saint, et déclara n’y rien trouver qui fût digne de censure [25], a rangé sous quarante titres différents ses innombrables écrits. Alphonse pourtant ne s’était résolu que bien tard à communiquer au public, par la voie de la presse, les lumières dont son âme était inondée ; son premier ouvrage, qui fut le livre d’or des Visites au Saint Sacrement et à la sainte Vierge, ne parut que vers la cinquantième année de l’auteur. Or, si Dieu prolongea il est vrai son existence au delà des limites ordinaires, il ne lui épargna ni la double charge de l’épiscopat et du gouvernement delà congrégation qu’il avait fondée, ni les plus pénibles infirmités, ni les souffrances morales plus douloureuses encore.

Je n’ai point caché votre justice dans mon cœur : j’ai publié de vous la vérité et le salut [26]. Ainsi en votre nom l’Église chante-t-elle aujourd’hui, reconnaissante pour le service insigne que vous lui avez rendu dans ces jours des pécheurs où la piété semblait perdue [27]. En butte aux assauts d’un pharisaïsme outré, sous le regard sceptique de la philosophie railleuse, les bons eux-mêmes hésitaient sur la direction des sentiers du Seigneur. Tandis que les moralistes du temps ne savaient plus que forger pour les consciences d’absurdes entraves [28], l’ennemi avait beau jeu de crier : Brisons leurs chaînes, et rejetons loin leur joug [29] Compromise par ces docteurs insensés, l’antique sagesse révérée des aïeux n’était plus, pour les peuples avides d’émancipation, qu’un édifice en ruines [30]. Dans cette extrémité sans précédents, vous fûtes, ô Alphonse, l’homme prudent désiré de l’Église, et dont la bouche énonce les paroles qui raffermissent les cœurs [31].

Longtemps avant votre naissance, un grand Pape avait dit que le propre des Docteurs est « d’éclairer l’Église, de l’orner des vertus, de former ses mœurs ; par eux, ajoutait-il, elle brille au milieu des ténèbres comme l’astre du matin ; leur parole fécondée d’en haut résout les énigmes des Écritures, dénoue les difficultés, éclaircit les obscurités, interprète ce qui est douteux ; leurs œuvres profondes, et relevées par l’éloquence du discours, sont autant de perles précieuses ennoblissant la maison de Dieu non moins qu’elles la font resplendir ». Ainsi s’exprimait au XIIIe siècle Boniface VIII, lorsqu’il élevait à la solennité du rit double les fêtes des Apôtres, des Évangélistes, et des quatre Docteurs reconnus alors, Grégoire Pape, Augustin, Ambroise et Jérôme [32]. Mais n’est-ce pas là, frappante comme une prophétie, fidèle autant qu’un portrait, la description surtout de ce qu’il vous fut donné d’être ?

Gloire donc à vous qui, dans nos temps de déclin, renouvelez la jeunesse de l’Église, à vous par qui s’embrassent derechef ici-bas la justice et la paix dans la rencontre de la miséricorde et de la vérité [33]. C’est bien à la lettre que vous avez donné sans réserve pour un tel résultat votre temps et vos forces. « L’amour de Dieu n’est jamais oisif, disait saint Grégoire : s’il existe, il fait de grandes choses ; s’il refuse d’agir, ce n’est point l’amour » [34]. Or quelle fidélité ne fut pas la vôtre dans l’accomplissement du vœu redoutable par lequel vous vous étiez enlevé la possibilité même d’un instant de relâche ! Lorsque d’intolérables douleurs eussent paru pour tout autre justifier, sinon commander le repos, on vous voyait soutenant d’une main à votre front le marbre qui semblait tempérer quelque peu la souffrance, et de la droite écrivant vos précieux ouvrages.

Mais plus grand encore fut l’exemple que Dieu voulut donner au monde, lorsqu’il permit qu’accablé d’années, la trahison d’un de vos fils amenât sur vous la disgrâce de ce Siège apostolique pour lequel s’était consumée votre vie, et qui en retour vous retranchait, comme indigne, de l’institut que vous aviez fondé ! L’enfer alors eut licence de joindre ses coups à ceux du ciel ; et vous, le Docteur de la paix, connûtes d’épouvantables assauts contre la foi et la sainte espérance. Ainsi votre œuvre s’achevait-elle dans l’infirmité plus puissante que tout [35] ; ainsi méritiez-vous aux âmes troublées l’appui de la vertu du Christ. Cependant, redevenu enfant par l’obéissance aveugle nécessaire dans ces pénibles épreuves, vous étiez plus près à la fois et du royaume des cieux [36] et de la crèche chantée par vous dans des accents si doux [37] ; et la vertu que l’Homme-Dieu sentait sortir de lui durant sa vie mortelle s’échappait de vous avec une telle abondance sur les petits enfants malades, présentés par leurs mères à votre bénédiction, qu’elle les guérissait tous [38] !

Maintenant qu’ont pris fin les larmes et le labeur, veillez pourtant sur nous toujours. Conservez les fruits de vos œuvres dans l’Église. La famille religieuse qui vous doit l’existence n’a point dégénéré ; plus d’une fois, dans les persécutions de ce siècle, l’ennemi l’a honorée des spéciales manifestations de sa haine ; déjà aussi l’auréole des bienheureux a été vue passant du père à ses fils : puissent-ils garder chèrement toujours ces nobles traditions ! Puisse le Père souverain qui, au baptême, nous a tous également faits dignes d’avoir part au sort des saints dans la lumière [39], nous conduire heureusement par vos exemples et vos enseignements [40], à la suite du très saint Rédempteur, dans le royaume de ce Fils de son amour [41].

Bhx cardinal Schuster, Liber Sacramentorum

Pour comprendre toute la grandeur de cette belle figure de docteur, d’évêque et de fondateur d’une famille religieuse, il faut la placer dans son cadre historique.

Alors que les moralistes laxistes et jansénistes, par leurs exagérations en faveur du probabilisme ou contre lui, avaient contribué à faire perdre jusqu’au sens moral à la classe la plus cultivée et la plus aisée, les Ordres religieux, dans le royaume de Naples, s’étaient comme repliés sur eux-mêmes, attentifs à conserver leur patrimoine et à défendre contre l’État, les évêques et les barons, leurs immunités et leurs exemptions. Quant à la Cour, elle regardait l’Église comme ayant confisqué à son avantage les droits de la couronne ; et, par l’intermédiaire de Tannucci elle préparait déjà un système de lois éversives, pour substituer au pouvoir pontifical le pouvoir royal jusque dans les intimes retraites du sanctuaire. Le clergé du royaume de Naples était nombreux, mais la vocation ecclésiastique était considérée fort souvent comme une simple carrière, assurant au candidat les revenus d’un bénéfice. Il ne faut donc pas s’étonner si, en un tel état de choses, le peuple des campagnes était abandonné à lui-même, plongé dans l’ignorance et dans le vice.

A de si grands maux, saint Alphonse vint enfin apporter remède, revêtu de la triple mission de docteur, d’évêque et de fondateur d’une nouvelle famille religieuse. Comme docteur, il traça la voie moyenne entre les excès des laxistes et ceux des rigoristes ; il popularisa dans ses livres ascétiques la piété catholique, la dévotion à Marie, à Jésus au Saint-Sacrement, à la Passion, et défendit contre les disciples de Tannucci les droits suprêmes de l’Église et du Pape. Pour cela il fut parfois obligé de faire imprimer ses œuvres en cachette et hors du territoire napolitain.

Comme apôtre et évêque, saint Alphonse se proposa d’imiter le Divin Rédempteur dans ses courses évangéliques à travers les villages de la Galilée et de la Judée, et il fonda une congrégation de missionnaires qu’il destina spécialement, non aux cités populeuses, mais aux pauvres paysans et aux montagnards.

Enfin, fondateur d’une nouvelle famille religieuse, le Saint a le mérite d’en avoir adapté les buts aux besoins du temps, et d’avoir mené à bonne fin son édifice spirituel à travers mille contradictions. Au lieu de fonder de nouveaux ordres réguliers, le pouvoir royal voulait alors supprimer les anciens, et allait jusqu’à exiger de Clément XIV la suppression de la Compagnie de Jésus.

Que la congrégation fondée par Alphonse ait pu demeurer pendant un si grand nombre d’années flottant en pleine mer orageuse, ce fut un vrai miracle. Le roi de Naples refusa jusqu’à la fin d’accorder l’exsequatur au décret pontifical d’approbation. Cet état illégal ne pouvait pas ne pas décourager les disciples mêmes du Saint ; aussi plusieurs d’entre eux désertèrent-ils ; les maisons de la Congrégation du Très-Saint-Rédempteur ouvertes dans l’État Pontifical finirent par proclamer un schisme, et exclurent de l’Institut le Fondateur lui-même, avec les maisons du royaume de Naples. Alphonse supporta tout avec sérénité ; il succomba bien au déchirement intérieur, mais confiant en Dieu il comprit quand il mourut (le Ier août 1787) que son sacrifice mettrait fin à l’épreuve. Après la mort de saint Alphonse la scène change : le Fondateur expulsé est élevé sur les autels, et sa congrégation étend ses frontières au delà de l’Italie et de l’Europe.

La messe est de facture récente, et le rédacteur, bien qu’habile, oublie souvent les règles de l’antique psalmodie liturgique et le style du Sacramentaire Grégorien. Sa composition est donc comme une chose détachée, une page indépendante, sans liens de style et de couleurs avec le fond antique du Missel.

L’introït (Luc., IV, 18) donne d’emblée le vrai caractère de saint Alphonse. C’est un missionnaire pour les pauvres campagnards, auquel s’adapte fort bien ce que le Sauveur s’appliqua à lui-même (Is., LXI, 1) dans la synagogue de Nazareth : « L’esprit du Seigneur est sur moi. C’est pourquoi il me consacra, me destinant à annoncer la bonne nouvelle, aux pauvres ».

Prière. — « Seigneur qui avez embrasé d’un saint zèle pour les âmes le bienheureux pontife Alphonse-Marie, et qui, par lui, avez donné une nouvelle famille à votre Église ; faites que, instruits par ses saints enseignements, et animés par ses exemples, nous puissions heureusement arriver jusqu’à vous ». Saint Philippe Néri disait gracieusement que les livres qu’on lit avec le plus de sécurité sont ceux dont la première lettre est une S, c’est-à-dire qui commencent par le nom et par le titre de l’auteur : Saint N... Cela est surtout vrai pour les œuvres des saints Docteurs, où l’Église nous assure que se trouve la seconde source de notre foi, après celle des Divines Écritures, c’est-à-dire la tradition catholique.

La lecture est tirée de l’Épître à Timothée (II, II, 1-7). L’Apôtre exhorte son disciple à se former des successeurs dans la prédication évangélique. — Voilà un des buts des Ordres religieux. — Pour annoncer avec efficacité la parole divine, la vie intérieure est nécessaire, car l’agriculteur, avant de vendre aux autres les fruits de son champ, s’en nourrit lui-même.

Le répons est tiré en partie du psaume 118 (52-53) et en partie du 39e (11). « Je me souviens de vos maximes éternelles, Seigneur, et je m’en trouve consolé ». — C’est une allusion au titre d’un des manuels de piété les plus populaires écrits par le Saint. — « Je me suis irrité contre ceux qui manquaient à votre loi. Je n’ai pas caché dans mon cœur votre justice ; j’ai annoncé vos vérités et votre salut ». Les saints brûlent d’un zèle ardent, et il est dans la nature du feu d’enflammer aussi les autres corps. Cependant les saints, tout en s’irritant contre le vice, sont pleins de compassion pour la personne du pauvre pécheur.

« Alléluia (Eccli., XLIX, 3-4). Dieu le destina à appeler les peuples à la pénitence. Il éloigna les scandales de l’impiété et dirigea son cœur vers le Seigneur. En des temps de corruption, il affermit la piété ». Cet éloge du roi Josias s’applique avec beaucoup de vérité à saint Alphonse, car le secret de son activité réformatrice, sa vie intérieure, est contenu dans ces mots : et gubernavit ad Dominum cor ipsius.

La lecture évangélique est la même que pour saint François Xavier le 3 décembre. Il ne faut pas se décourager dans le ministère apostolique, lequel ne peut jamais être vraiment stérile. La moisson est toujours abondante, sans proportion avec le petit nombre des ouvriers, parce que la grâce a une telle efficacité qu’elle surmonte facilement toutes les difficultés qui lui sont opposées.

L’antienne pour l’offertoire est tirée du Livre des Proverbes (III, 9, 27). « Honore de tes biens le Seigneur, et offre-lui les prémices de tes moissons. N’empêche pas de bien faire celui qui le peut ; et si cela t’est possible, toi-même fais le bien ». Autrefois, c’était à ce moment de la messe qu’on offrait à l’autel les dîmes et les prémices qui servaient à couvrir les dépenses du culte divin et à faire vivre le clergé et les pauvres. En général, les fidèles n’ont plus aujourd’hui une notion très exacte de l’obligation qu’ils ont de faire l’aumône aux indigents et de contribuer, dans la mesure du possible, aux besoins de l’Église.

Sur les oblations. — « O Seigneur, enflammez nos cœurs par le feu céleste du divin Sacrifice ; Vous qui avez accordé au bienheureux Alphonse-Marie non seulement le mérite de célébrer ces mêmes mystères, mais aussi de s’offrir lui-même comme une hostie sainte ». Voilà en effet ce que veut dire l’Église, quand elle adresse aux nouveaux prêtres les paroles du Pontifical romain : agnoscite quod agitis, imitamini quod tractatis.

L’antienne pour la Communion des fidèles est tirée de l’éloge de Simon, fils d’Onias, dans l’Ecclésiastique (L, I, 9). « Voici le grand prêtre qui, de son vivant, consolida le sanctuaire et fortifia l’édifice du temple, semblable à un feu étincelant ou à l’encens jeté pour brûler sur un brasier ». Ce feu dans lequel doit brûler l’encens de notre dévotion, c’est le Cœur très saint de Jésus, qui est semblable à un encensoir d’or brûlant sans cesse pour nous devant le trône de Dieu.

Après la Communion. — « Seigneur qui avez fait de votre bienheureux pontife Alphonse-Marie un fidèle ministre du Mystère Eucharistique et le prédicateur de sa gloire ; par ses mérites et par ses prières, faites que vos fidèles participent souvent au divin banquet afin que, grâce à la fréquente Communion, ils puissent en publier éternellement les gloires dans le ciel ». Cette collecte se rapporte d’une manière particulière à la mission eucharistique de saint Alphonse, et à son petit livre d’une haute inspiration, des Visites au Très Saint Sacrement.

Par cette pieuse pratique, le Saint transforma peu à peu son diocèse de Sainte-Agathe-des-Goths, nous disent ses historiens.

Dom Pius Parsch, Le guide dans l’année liturgique

« En Dieu, il y a une surabondante rédemption » [42].

1. Saint Alphonse de Liguori. — « Évangéliser les pauvres » fut le programme du Christ sur la terre. Le simple peuple, remarquait-il dans ses pérégrinations, est animé de bonne volonté, mais il erre comme un troupeau sans pasteur. « La moisson est grande, les ouvriers peu nombreux ». Au cours de l’histoire de l’Église, bien des saints, témoins du même spectacle, entreprirent de grouper autour d’eux des disciples pour l’œuvre des missions populaires : au moyen âge, saint François d’Assise et saint Dominique ; dans les temps modernes, saint Alphonse de Liguori, entre autres, fondateur de la congrégation du Très Saint Rédempteur, qui a pour tâche, à l’exemple du Sauveur, de parcourir villes et campagnes « pour annoncer aux pauvres le message joyeux ».

Jour de mort : 1er août 1787. Tombeau : à Nocera, en Campanie. Image : on le représente en habits d’évêque, la tête inclinée et le rosaire à la main. Vie : Alphonse de Liguori, fondateur des Rédemptoristes, appartenait à une honorable famille. Né en 1696, il suivit d’abord la carrière d’avocat. Un échec à la barre lui fit comprendre la vanité du monde et les dangers de sa carrière. Il se démit de sa charge, fut ordonné prêtre en 1726, et établit sa congrégation en 732. Remarquablement zélé, il se livra à la prédication et écrivit de nombreux ouvrages de théologie et d’ascétisme. Il fit vœu de ne jamais laisser inemployée la moindre parcelle de son temps. Grande fut sa dévotion envers la Très Sainte Vierge, à la louange de qui il composa son célèbre opuscule ; « Les Gloires de Marie ». Il travailla beaucoup à répandre la dévotion à la Passion et au Très Saint Sacrement. Il conserva toute sa vie une admirable innocence que ne souilla jamais une seule faute mortelle. Il pratiqua en même temps d’austères pénitences. N’ayant accepté que par obéissance l’évêché de Sainte-Agathe-des-Goths en 1762, il rentra en sa communauté en 1775 aussi pauvre qu’à son départ. Il mourut très âgé, à quatre-vingt-onze ans.

2. La messe (Spiritus Domini). — Cette messe, de composition récente, souligne avec précision les traits saillants de la physionomie du saint. L’Introït énonce le but de sa congrégation : « Évangéliser les pauvres ». A l’Épître, le vénérable fondateur encourage ses fils à combattre sous l’étendard du Christ et à travailler dans la vigne du Seigneur. Les versets du Graduel et de l’Alléluia célèbrent son zèle à convertir les pécheurs. L’Évangile, récit de la mission des soixante-douze disciples, est d’une application facile aux ouvriers apostoliques ; saint Alphonse et ses fils suivent fidèlement leurs traces. Le Grand-Prêtre, le Christ, apparaît dans notre saint homme une lumière ardente, étincelante (Communion). A l’Offertoire, nous sommes invités à prendre part aux anciens rites de l’Offrande.

[1] L’évangile de la Messe reprenant celui des Messes des Évangélistes, les lectures du 3ème nocturne sont celles de ce Commun.

[2] Is. 40, 3.

[3] Ps 67, 5.

[4] La passion du Christ peut être comparée au couchant parce que la gloire de cet astre divin y a comme disparu et la mort du Sauveur également puisqu’elle l’a couché inanimé dans le tombeau.

[5] Deut. 16, 15.

[6] Eccli. 45, 9.

[7] Prov. IX, 1.

[8] Sap. VIII, 1.

[9] Matth. V, 19.

[10] Dan. XII, 3.

[11] Matth. XXIII, 4.

[12] Rom. VIII, 15.

[13] Supplices litterae Episcopatus pro concessione tituli Doctoris S. Alphonso Mariae.

[14] Matth. XXIII, 13, 15.

[15] Eccli. III, 1.

[16] Ibid.

[17] Psalm. CX, 10.

[18] Eccli. II, 8-10.

[19] Gen. IV, 13.

[20] Luc. XI, 52.

[21] Eccli. I, 31.

[22] Psalm. XVIII, 9.

[23] Ibid. 9-10.

[24] Ibid. 8.

[25] Decretum 14 et 18 maii 1803.

[26] Verset du Graduel de la Messe, ex Psalm. XXXIX.

[27] Verset alléluiatique, ex Eccli. XLIX.

[28] Eccli. XXI, 22.

[29] Psalm. II, 3.

[30] Eccli. XXI, 21.

[31] Ibid. 20.

[32] Sexti Décret. Lib. III, tit. XXII, De reliqu. et veneratione Sanctorum.

[33] Psalm. LXXXIV, II.

[34] Greg. in Ev. hom. XXX.

[35] II Cor. XII, 9-10.

[36] Matth. XVIII, 3.

[37] Le Temps de Noël, T I, p. 353. Cf. ici.

[38] Luc. VI, 19.

[39] Col. I, 12.

[40] Collecta diei.

[41] Col. I, 13.

[42] Ps. CXXIX : Origine du nom de Rédemptoriste.