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17/11 St Grégoire le Thaumaturge, évêque et confesseur

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Sommaire

  Textes de la Messe  
  Office  
  Dom Guéranger, l’Année Liturgique  
  Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum  
  Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique  

Déposition vers 270. Il est sans doute en Orient le premier évêque non martyr honoré des autels (en Occident, cet honneur reviendrait à St Martin de Tours).

Fête à Rome au début du XVIème siècle.

Textes de la Messe

die 17 novembris
le novembre
SANCTI GREGORII THAUMATURGI
SAINT GRÉGOIRE LE THAUMATURGE
Ep. et Conf.
Evêque et Confesseur
III classis (ante CR 1960 : semiduplex)
IIIème classe (avant 1960 : semidouble)
Ant. ad Introitum. Eccli. 45, 30.Introït
Státuit ei Dóminus testaméntum pacis, et príncipem fecit eum : ut sit illi sacerdótii dígnitas in ætérnum.Le Seigneur fit avec lui une alliance de paix et l’établit prince, afin que la dignité sacerdotale lui appartînt toujours.
Ps. 131, 1.
Meménto, Dómine, David : et omnis mansuetúdinis eius.Souvenez-vous, Seigneur, de David et de toute sa douceur.
V/.Glória Patri.
Oratio.Collecte
Da, quǽsumus, omnípotens Deus : ut beáti Grégórii Confessóris tui atque Pontíficis veneránda sollémnitas, et devotiónem nobis áugeat et salútem. Per Dóminum.Faites, nous vous en prions, Dieu tout-puissant, que la solennité vénérable du bienheureux Grégoire, votre Confesseur et Pontife, augmente en nous la dévotion, et nous aide pour notre salut.
Léctio libri Sapiéntiæ.Lecture du livre de la Sagesse.
Eccli. 44, 16-27 ; 45, 3-20.
Ecce sacérdos magnus, qui in diébus suis plácuit Deo, et invéntus est iustus : et in témpore iracúndiæ factus est reconciliátio. Non est invéntus símilis illi, qui conservávit legem Excélsi. Ideo iureiurándo fecit illum Dóminus créscere in plebem suam. Benedictiónem ómnium géntium dedit illi, et testaméntum suum confirmávit super caput eius. Agnóvit eum in benedictiónibus suis : conservávit illi misericórdiam suam : et invenit grátiam coram óculis Dómini. Magnificávit eum in conspéctu regum : et dedit illi corónam glóriæ. Státuit illi testaméntum ætérnum, et dedit illi sacerdótium magnum : et beatificávit illum in glória. Fungi sacerdótio, et habére laudem in nómine ipsíus, et offérre illi incénsum dignum in odórem suavitátis.Voici le grand pontife, qui pendant les jours de sa vie fut agréable à Dieu, et est devenu, au temps de sa colère, la réconciliation des hommes. Nul ne l’a égalé dans l’observation des lois du Très-Haut. C’est pourquoi le Seigneur a jure de le rendre père de son peuple. Le Seigneur a béni en lui toutes les nations et a confirmé en lui son alliance. Il a versé sur lui ses bénédictions ; il lui a continué sa miséricorde ; et cet homme a trouve grâce aux yeux du Seigneur. Celui-là l’a rendu grand devant les rois, et il lui a donné une couronne de gloire. Il a fait avec lui une alliance éternelle ; il lui a donné le suprême sacerdoce, et il l’a rendu heureux dans la gloire, pour exercer le sacerdoce, louer son nom et lui offrir dignement un encens d’agréable odeur.
Graduale. Graduale. Eccli. 44, 16.Graduel
Ecce sacérdos magnus, qui in diébus suis plácuit Deo.Voici le grand Pontife qui dans les jours de sa vie a plu à Dieu.
V/. Ibid., 20. Non est invéntus símilis illi, qui conserváret legem Excélsi.V/. Nul ne lui a été trouvé semblable, lui qui a conservé la loi du Très-Haut.
Allelúia, allelúia. V/. Ps. 109, 4. Tu es sacérdos in ætérnum, secúndum órdinem Melchísedech. Allelúia.Allelúia, allelúia. V/. Vous êtes prêtre à jamais selon l’ordre de Melchisédech. Alléluia.
+ Sequéntia sancti Evangélii secúndum Marcum.Lecture du Saint Evangile selon saint Marc.
Marc. 11, 22-24.
In illo témpore : Respóndens Iesus discípulis suis, ait illis : Habéte fidem Dei. Amen, dico vobis, quia, quicúmque díxerit huic monti : Tóllere et míttere in mare, et non hæsitáverit in corde suo, sed credíderit, quia, quodcúmque díxerit, fiat, fiet ei. Proptérea dico vobis : Omnia quæcúmque orántes pétitis, crédite quia accipiétis, et evénient vobis.En ce temps-là, Jésus répondit à ses disciples : Ayez foi en Dieu. En vérité, je vous le dis, quiconque dira à cette montagne : Ôte-toi de là, et jette-toi dans la mer, s’il n’hésite pas dans son cœur, mais s’il croit que tout ce qu’il aura dit arrivera, il le verra arriver. C’est pourquoi je vous dis : Quoi que ce soit que vous demandiez en priant, croyez que vous le recevrez, et cela vous arrivera.
Ant. ad Offertorium. Ps. 88, 21-22.Offertoire
Invéni David servum meum, oleo sancto meo unxi eum : manus enim mea auxiliábitur ei, et bráchium meum confortábit eum.J’ai trouvé David mon serviteur ; je l’ai oint de mon huile sainte ; car ma main l’assistera et mon bras le fortifiera.
Secreta.Secrète
Sancti tui, quǽsumus, Dómine, nos ubíque lætíficant : ut, dum eórum mérita recólimus, patrocínia sentiámus. Per Dóminum.Que le souvenir de vos Saints nous soit, ô Seigneur, en tous lieux, un sujet de joie, afin que nous ressentions la protection de ceux dont nous célébrons à nouveau les mérites.
Ant. ad Communionem. Luc. 12, 42.Communion
Fidélis servus et prudens, quem constítuit dóminus super famíliam suam : ut det illis in témpore trítici mensúram.Voici le dispensateur fidèle et prudent que le Maître a établi sur ses serviteurs pour leur donner au temps fixé, leur mesure de blé.
Postcommunio.Postcommunion
Præsta, quǽsumus, omnípotens Deus : ut, de percéptis munéribus grátias exhibéntes, intercedénte beáto Gregório Confessóre tuo atque Pontífice, benefícia potióra sumámus. Per Dóminum.Accordez-nous, s’il vous plaît, ô Dieu tout-puissant, qu’en rendant grâces pour les dons reçus, nous recevions plus de bienfaits encore grâce à l’intercession du bienheureux Grégoire votre Confesseur et Pontife.

Office

Leçon des Matines avant 1960

Au deuxième nocturne.

Quatrième leçon. Grégoire, Évêque de Néocésarée, dans le Pont, est célèbre par sa sainteté et sa doctrine, et plus encore par les prodiges et les miracles qu’il a opérés ; miracles si nombreux et si éclatants, qu’ils lui ont valu d’être surnommé le Thaumaturge, et d’être comparé, d’après le témoignage de saint Basile, à Moïse, aux Prophètes et aux Apôtres. C’est ainsi que, par sa prière, il déplaça une montagne [1] qui empêchait la construction d’une église et dessécha un marais, qui causait de la division entre deux frères. Le Lycus inondant la campagne avec de grands dégâts, Grégoire planta au bord du fleuve le bâton sur lequel il s’appuyait, qui, reverdissant aussitôt, grandit et devint un arbre ; le saint arrêta ainsi le débordement, et, dans la suite, les eaux ne dépassèrent plus jamais cette limite.

Cinquième leçon. Très souvent, il chassa les démons des images des idoles ou du corps des hommes ; et, par beaucoup d’autres faits merveilleux, il attira un nombre incalculable de personnes, à la foi de Jésus-Christ. Il prédisait aussi l’avenir, inspiré par un esprit prophétique. Sur le point de mourir, demandant combien il restait d’infidèles dans la ville de Néocésarée, on lui répondit qu’il y en avait seulement dix-sept ; alors, rendant grâces à Dieu : « Il y avait, dit-il, ce nombre de fidèles, lorsque je commençai mon épiscopat. » Il écrivit plusieurs ouvrages, qui, avec ses miracles, illustrèrent l’église de Dieu [2].

Au troisième nocturne.

Lecture du saint Évangile selon saint Marc.
En ce temps-là : Jésus répondant à ses disciples, leur dit : Ayez foi en Dieu. En vérité, je vous dis que quiconque dira à cette montagne : Lève-toi, et jette-toi dans la mer, et n’hésitera point dans son cœur, mais croira que tout ce qu’il aura dit se doit faire, il lui sera réellement fait. Et le reste.

Homélie de saint Bédé, le Vénérable, Prêtre.

Septième leçon. Les païens qui ont écrit des calomnies contre l’Église, ont coutume d’accuser les nôtres de n’avoir pas en Dieu une foi entière, parce qu’ils n’ont pu transporter les montagnes. Il faut leur répondre que l’on n’a pas écrit tout ce qui s’est fait dans l’Église, ainsi que l’Écriture l’atteste en particulier des actions de notre Seigneur Jésus-Christ. Il aurait pu se faire qu’une montagne détachée du sol se précipitât dans la mer, si la nécessité l’eût réclamé ; comme nous lisons qu’aux prières du bienheureux père Grégoire, Évêque de Néocésarée, dans le Pont, homme éminent par ses mérites et ses vertus, il advint qu’une montagne se retira de l’endroit qu’elle occupait, autant que les habitants de la ville avaient besoin d’espace.

Huitième leçon. Voulant, en effet, bâtir une église, en un lieu d’ailleurs convenable, mais trop étroit, resserré qu’il était d’un côté par les rochers de la mer et de l’autre par la proximité d’une montagne, il y alla pendant la nuit, et, s’étant mis à genoux, il conjura le Seigneur, au nom de sa promesse, de reculer cette montagne, en ayant égard à la foi de celui qui l’invoquait. Y étant retourné le matin, il trouva que la montagne s’était retirée de tout l’espace dont les constructeurs de l’église avaient besoin. Le saint homme pouvait donc, et tout autre d’un mérite égal aurait pu, la circonstance l’exigeant, obtenir du Seigneur, en vertu de sa foi, qu’une montagne se détachât du sol et se jetât dans la mer.

Neuvième leçon. D’ailleurs, le diable étant quelquefois désigné sous le nom de montagne, à cause de son orgueil à vouloir s’élever contre Dieu et à vouloir être semblable au Très-Haut, on peut dire qu’à la parole de ceux qui ont la puissance de la foi, une montagne est détachée du sol et jetée dans la mer lorsque, à la prédication des saints docteurs, l’esprit immonde est expulsé du cœur des hommes prédestinés à la vie, et qu’il n’a plus dès lors à exercer la fureur de sa tyrannie que dans les esprits agités et amers des infidèles.

Dom Guéranger, l’Année Liturgique

Moïse, instruit dans la sagesse des Égyptiens, puissant en œuvres et en parole [3] se retire au désert ; Grégoire, prévenu des meilleurs dons de naissance et de nature, rhéteur brillant, riche de toute science, dérobe aux hommes sa florissante jeunesse et court offrir à Dieu dans la solitude l’holocauste qui plaît au Seigneur. Tous deux, espoir de leur peuple, se détournent de lui pour se perdre en la contemplation des mystères du ciel. Et cependant le joug du Pharaon s’appesantit sur Jacob ; et cependant des âmes périssent, qu’une parole ardente arracherait à l’empire des faux dieux : pareille fuite n’est-elle pas désertion ?

Est-ce donc à l’homme de se proclamer sauveur, quand Jésus ne s’est pas attribué de lui-même un tel nom [4] ? et quand le mal grandissait partout, l’ouvrier de Nazareth eut il tort de s’attarder dans l’ombre des trente années qui précédèrent son ministère si court ? Docteurs de nos temps enfiévrés, qui rêvez d’une hiérarchie nouvelle entre les vertus et comprenez la divine charité autrement que nos pères, ceux-là ne sont pas de la race des sauveurs d’Israël [5] qui pensent sur le salut social d’autre manière que le Sauveur du monde.

Grégoire fut comme Moïse de cette race bénie. Amis et ennemis s’accordaient à dire qu’il rappelait le législateur des Hébreux pour l’excellence de la vertu et l’éclat des prodiges opérés à son commandement [6]. Même zèle de part et d’autre à connaître Dieu, pour le manifester aux hommes qu’ils devaient lui conduire ; la plénitude de la doctrine est le premier don des guides des peuples, leur pénurie en ce point la pire des insuffisances [7]. Je suis Celui qui suis, déclare Dieu sur sa demande à Moïse ; du milieu du buisson ardent, la sublime formule à lui confiée authentique la mission qui l’appelle à sortir du désert [8]. Quand l’heure sonne pour Grégoire d’aller lui-même au monde de par Dieu, la Vierge bénie, dont le buisson d’Horeb fut la figure [9], apparaît à ses yeux éblouis dans la nuit profonde où il implorait la lumière, et Jean qui suit la Mère de Dieu laisse tomber de ses lèvres d’évangéliste cette autre formule ; complétant la première à l’usage des disciples de la loi d’amour :

« Un seul Dieu, Père du Verbe vivant, de la Sagesse subsistante et puissante qui est l’expression éternelle de lui-même, principe parfait du Fils unique et parfait qu’il engendre. Un seul Seigneur, unique engendré de l’unique, Dieu de Dieu, Verbe efficace, Sagesse embrassant et contenant l’univers, puissance créatrice de toute créature, vrai Fils d’un vrai Père. Et un seul Saint-Esprit tenant de Dieu l’être divin, révélé aux hommes par le Fils dont il est le parfait semblable, vie causant la vie, sainteté donnant d’être saint. Trinité parfaite, immuable, inséparable en gloire, éternité, domination [10]. »

C’est le message que notre Saint doit communiquer à son pays, le symbole qui portera son nom dans l’Église de Dieu. Dans sa foi au premier des mystères il soulèvera les montagnes et refoulera les flots, dépossédera l’enfer et chassera du Pont l’infidélité. Lorsque vers l’an 240, Grégoire évêque prend la route de Néocésarée, il ne voit partout que temples d’idoles et s’arrête pour la nuit dans un sanctuaire fameux. Au matin, les dieux sont en fuite et refusent de revenir ; mais le Saint remet à leur adresse au prêtre de l’oracle un ordre ainsi libellé : Grégoire à Satan : rentre [11]. Une défaite plus cuisante attendait, en effet, l’infernale cohorte ; contrainte d’arrêter sa retraite précipitée, elle doit assister à la ruine de son empire dans les âmes qu’elle abusa. Leur prêtre, le premier, se donne à l’évêque, et il devient son diacre ; bientôt sur les décombres des temples , en tous lieux abattus, se dresse l’Église du Christ seul Dieu.

Heureuse Église, si fortement fondée que l’hérésie fut impuissante contre elle au siècle suivant, sous la tempête arienne où fléchirent tant d’autres ! Au témoignage de saint Basile, les successeurs de Grégoire, éminents eux-mêmes, formaient à Néocésarée comme une parure de pierres précieuses [12], une couronne de brillantes étoiles [13]. Or, dit Basile, tous ces illustres prélats mettaient leur honneur à maintenir le souvenir du grand devancier, ne souffrant pas qu’un acte quelconque, un mot, une manière même de faire autre que la sienne dans les rites sacrés, prévalussent sur les traditions qu’il avait laissées [14].

Lorsque Clément XII établit dans l’Église entière, comme nous l’avons vu, la fête de sainte Gertrude la Grande, il décréta d’abord qu’elle serait fixée au présent jour, où continue de la célébrer l’Ordre de saint Benoît. Mais, dit Benoît XIV, le XVII Novembre étant attribué depuis de longs siècles à la mémoire de Grégoire le Thaumaturge, il parut mieux convenir que celui qui changeait de place les montagnes ne fût pas lui-même changé de son lieu par la vierge ; et c’est ainsi que dès l’année 1739, qui suivit l’institution de la fête nouvelle, celle-ci fut fixée pour l’avenir au XV dudit mois [15].

Saint Pontife, votre foi, soulevant les montagnes et domptant les flots, justifia la promesse du Seigneur [16]. Apprenez-nous à faire honneur nous-mêmes à l’Évangile, en ne doutant jamais de la divine parole et du secours qu’elle nous promet contre Satan , en qui l’Église nous montre aujourd’hui l’orgueilleuse montagne à jeter à la mer [17], contre le débordement des passions et l’entraînement d’un monde dont vos écrits nous disent avec le Sage la vanité [18]. Enseignez nous non moins à ne pas oublier le bienfait du secours du ciel après la victoire ; préservez-nous de l’ingratitude qui vous fut si odieuse.

Nous possédons toujours l’éloge touchant que vous dicta votre reconnaissance pour l’illustre maître aux enseignements duquel vous dûtes , après Dieu, cette fermeté et splendeur de foi qui fut votre gloire [19]. Leçon précieuse et pratique pour tous : célébrant la divine Providence dans l’homme qui fut pour vous son instrument prédestiné, vous n’avez garde d’oublier l’hommage à l’Ange de Dieu qui écarta vos pas des abîmes dans la nuit de l’infidélité où s’écoulèrent vos premiers ans ; céleste gardien qui toujours en éveil dans son dévouement actif, éclairé, persévérant, supplée à nos insuffisances, nourrit, instruit chacun de nous, le conduit par la main, ménageant aux âmes à travers l’espace et les temps ces inestimables rencontres qui transforment la vie et assurent l’éternité [20].

Mais comment remercier dignement, créatures pécheresses, l’auteur premier de tous biens, l’Être infini qui donne à l’homme et ses anges et les intermédiaires visibles ici-bas de la divine grâce ? Confiance pourtant ; car nous avons pour chef son premier-né, son Verbe qui sauva nos âmes et gouverne l’univers. Lui seul, mais lui peut sans peine rendre au Père d’assidues, d’éternelles actions de grâces pour lui-même comme pour tous et chacun, sans risque d’ignorance ou d’oubli dans le thème de sa louange, sans nul péril d’imperfection dans le mode ou l’ampleur de ses chants. A lui donc, au Dieu Verbe, ô Grégoire, nous renvoyons comme vous le légitime souci de parfaire les accents de notre gratitude, en considération des ineffables prévenances du Père qui est aux cieux ; car le Verbe est pour nous, comme il le fut pour vous, l’unique voie de la piété, delà reconnaissance et de l’amour [21]. Puisse-t-il susciter en nos temps des pasteurs qui rappellent vos œuvres ; puisse-t-il réveiller les antiques Églises de cet Orient dont vous fûtes la lumière !

Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum

Voici l’un des astres les plus illustres qui brillèrent jamais sur l’Église du Pont, apôtre en même temps que docteur, thaumaturge et confesseur de la foi.

Grégoire naquit à Néocésarée dans le Pont vers 213, et, dans sa prime jeunesse, il fut disciple du grand Origène dont il fit plus tard un panégyrique enthousiaste. Devenu évêque de sa ville natale, il la transforma de païenne en chrétienne, y opérant un grand nombre de miracles qui lui valurent le titre de « Thaumaturge ». Il mourut sous Aurélien entre 270 et 275, et tout le Pont, au dire de saint Basile, vénéra sa mémoire avec une immense dévotion, comme celle d’un maître dans la foi.

La messe Státuit du commun. La lecture évangélique est propre ; elle est tirée de saint Marc XI, 22-24. A la foi inébranlable de ses fidèles, le Sauveur promet même l’obéissance des montagnes, qui se déplacent pour entrer dans la mer. Cette promesse a été plusieurs fois confirmée par l’événement, comme on le voit en diverses vies de saints. Cela arriva à Néocésarée sous Grégoire le Thaumaturge ; et aussi, au dire de saint Grégoire le Grand, presque aux portes de Rome, sur le mont Soracte, dans le monastère où, au VIe siècle, vivait le moine saint Nonnose.

Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique

« Si quelqu’un dit à cette montagne : Ôte-toi de là et jette-toi dans la mer, et qu’il ne doute pas dans son cœur, mais qu’il croie que ce qu’il dit arrivera, il le verra s’accomplir » (Marc, XI, 22)

Saint Grégoire le Thaumaturge. — Évêque de Néocésarée, dans le Pont (Asie Mineure), saint Grégoire se signala par de nombreux miracles, si bien que saint Basile le Grand le compare à Moïse, aux Prophètes et aux Apôtres. Sa prière obtint le déplacement d’une montagne qui gênait la construction d’une église (voir l’Évangile de la messe) ; de même, il dessécha un marais qui était une cause de discorde entre deux frères. Il chassa les démons du corps des hommes et des images des faux dieux. Ses miracles et son don de prophétie convertirent beaucoup d’hommes au Christ. Comme peu de temps avant de mourir (vers l’an 270) il demandait combien il y avait encore d’infidèles à Néocésarée, on lui répondit qu’il y en avait encore dix-sept ; alors, remerciant Dieu, il dit : « C’est le nombre de fidèles que j’ai trouvé en arrivant ici comme évêque. »

La Messe (Státuit). — La messe est du commun des évêques. L’Évangile propre parle de la foi qui transporte les montagnes, en faisant allusion au miracle de sa vie : « Croyez en Dieu ! En vérité, si quelqu’un dit à cette montagne : Ote-toi de là et jette-toi dans la mer, et qu’il ne doute pas dans son cœur, mais qu’il croie que ce qu’il dit arrivera, il le verra s’accomplir. » Dans son homélie, saint Bède rapporte le miracle de saint Grégoire à la parole du Christ : « Nous lisons que, sur la prière de notre bienheureux père saint Grégoire, évêque de Néocésarée, homme de mérites et de vertus remarquables, une montagne se déplaça de la distance nécessaire aux habitants de cette ville. Il voulait bâtir une église dans un lieu apte à cet usage ; mais, voyant que la place suffisante manquait, d’un côté à cause de la mer, de l’autre du fait d’une montagne, il vint pendant la nuit en ce lieu et, se mettant à genoux, il adjura le Seigneur, au nom de sa promesse, de déplacer la montagne conformément à la foi du requérant. Et lorsqu’il revint le lendemain matin, il trouva la montagne déplacée de la distance nécessaire aux constructeurs. »

[1] D’où la leçon de l’évangile choisie pour la messe

[2] Contre le faste des tombeaux, rappelons que saint Grégoire le Thaumaturge fît avant de mourir promettre à ses amis qu’on mettrait son corps dans le lieu destiné à la sépulture commune. « Ayant toujours vécu, disait-il comme un étranger sur la terre, je ne voudrais pas perdre ce titre après ma mort. La seule possession dont je sois jaloux est celle qui ne me fera soupçonner d’aucun attachement à la terre. » (Bollandistes).

[3] Act. VII, 22.

[4] Matth. I, 21 ; Heb. V, 5.

[5] I Mach. V, 62.

[6] Basil. de Spir. S. XXIX.

[7] Matth. XV, 14.

[8] Exod. III.

[9] Ant. Rubum quem viderat Moyses.

[10] Greg. Nyss. Vita Greg. Thaumaturg.

[11] Ibid.

[12] Basil. Ep. XXVIII, al. LXII.

[13] Ep. CCIV, al. LXXV.

[14] De Spir. S. XXIX.

[15] Benedict. XIV, De canonizat. SS. Lib. I, cap. XLI, 40, 41.

[16] Marc, XI, 22-24.

[17] Homil. ad Matut. ex Beda in Marc.

[18] Greg. Thaumat. Metaphrasis in Ecclesiasten Salomonis.

[19] In Origenem oratio panegyrica.

[20] Ibid, IV.

[21] In Origenem oratio panegyrica., IV.