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02/02 Purification de la T. Sainte Vierge (Présentation du Seigneur)

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Procession de la Purification

Sommaire

  Textes de la Messe  
  IN PURIFICATIONE B. MARIÆ V.  
  La Purification de la Sainte Vierge Marie  
  Office  
  Dom Lefebvre, Missel  
  Dom Guéranger, l’Année Liturgique  
  Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum  
  Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique  

Le Quarantième jour après Noël-Épiphanie était célébré à Jérusalem dès 386, la procession des cierges y fut ajouté en 450. Au VIe siècle, la fête est reçue à Constantinople sous le nom d’Hypapantê, ou Rencontre du vieillard Siméon et du Sauveur.

La fête est accueillie à Rome au milieu du VIIe siècle, sous le nom d’Hypapantê ou ‘Obviatio’ (Rencontre), ou de ‘jour de St Siméon’. Au milieu du VIIIe siècle, une nouvelle appellation se fit jour en pays francs, celle de purificatio Sanctae Mariae. Aux IXe et Xe siècles, les deux titres se concurrencèrent, puis le second prévalut.

Seul le martyrologe de la basilique Saint-Pierre indique le nom de Présentation : Ypapanti Domini, id est obviatio seu appresentatio Domini nostri Iesu Christi secundum carnem.

Textes de la Messe

Les rubriques en italiques sont celles d’avant 1960.

Die 2 Februarii
Le 2 février

IN PURIFICATIONE B. MARIÆ V.

La Purification de la Sainte Vierge Marie

II classis (ante CR 1960 : duplex II classis)
IIème classe (avant 1960 : double IIème classe)
Festum Purificationis B. Mariæ Virginis habetur tamquam festum Domini.La fête de la Purification de la Sainte Vierge Marie est considérée comme fête du Seigneur.
DE BENEDICTIONE CANDELARUM
LA BÉNÉDICTION DES CIERGES
Si hoc Festum transferri contingit, hodie fit tantum benedíctio et distributio Candelarum atque Processio. Missa autem dicitur de Officio currenti ; et in ea Candelæ accensæ in manibus non tenentur.S’il arrive que cette Fête soit transférée, aujourd’hui on fait la bénédiction et la procession des cierges. La Messe est dite de l’Office courant, et on n’y tient pas allumés les cierges en main.
Sacerdos indutus pluviali albo, vel sine casula, cum ministris similiter indutis, procedit ad benedicendas candelas, in medio ante altare, vel ad latus Epistolae positas, et ipse, ibidem stans versus ad altare, dicit manibus iunctis in tono feriali :Le prêtre revêtu de la chape blanche ou bien sans chasuble, avec les ministres revêtus de même, s’avance pour la bénédiction des cierges, posés au milieu de l’Autel ou du côté de l’Epître, et il dit, tourné vers l’Autel, les oraisons suivantes sur le ton férial les mains jointes :
Finita Tertia, Sacerdos indutus Pluviali violaceo, vel sine Casula, cum Ministris similiter indutis, procedit ad benedicendum Candelas, in medio ante Altare vel ad cornu Epistolæ positas, et ipse, ibidem stans versus ad Altare, dicit manibus junctis in tono Orationis Missæ ferialis :Après Tierce, le prêtre revêtu de la chape violette ou bien sans chasuble, avec les Ministres revêtus de même, s’avance pour la bénédiction des cierges, posés au milieu de l’Autel ou du côté de l’Epître, et il dit, tourné vers l’Autel, les oraisons suivantes sur le ton férial les mains jointes :
V/. Dóminus vobíscum.V/. Que le Seigneur soit avec vous.
R/. Et cum spíritu tuo.R/. Et avec votre esprit.
Orémus OratioPrions
Domine sancte, Pater omnípotens, ætérne Deus, qui ómnia ex níhilo creásti, et iussu tuo per ópera apum hunc liquorem ad perfectionem cérei veníre fecísti : et qui hodiérna die petitiónem iusti Simeónis implésti : te humíliter deprecámur ; ut has candélas ad usus hóminum et sanitátem córporum et animárum, sive in terra sive in aquis, per invocatiónem tui sanctíssimi nóminis et per intercessiónem beátæ Maríæ semper Vírginis, cuius hódie festa devóte celebrántur, et per preces ómnium Sanctórum tuórum, bene + dícere et sancti + ficáre dignéris : et huius plebis tuæ, quæ illas honorífice in mánibus desíderat portáre teque cantándo laudáre, exáudias voces de cælo sancto tuo et de sede maiestátis tuæ : et propítius sis ómnibus clamántibus ad te, quos redemísti pretióso Sánguine Fílii tui : Qui tecum.Seigneur saint, Père tout-puissant, Dieu éternel, qui de rien, avez créé toutes choses, et qui par un ordre donné et au moyen du travail des abeilles, avez fait qu’une substance molle servit à former ce cierge, c’est vous aussi qui, à pareil jour, avez exaucé la demande du juste Siméon ; nous vous en prions humblement, en invoquant votre saint nom, et par l’intercession de la bienheureuse Marie toujours Vierge, dont nous célébrons aujourd’hui la fête avec dévotion, et par les prières de tous vos Saints, daignez bénir, et rendre saints ces Cierges, pour l’usage des hommes, et pour la santé des corps et des âmes, soit sur la terre, soit sur les eaux ; du ciel, votre sanctuaire, et du trône de votre majesté, exaucez les prières de votre peuple ici présent, lequel désire les porter avec honneur dans ses mains et vous louer par ses chants ; soyez enfin propice à tous ceux qui élèvent leurs voix vers vous, et que vous avez rachetés par le sang précieux de votre Fils, qui étant Dieu vit et règne.
R/. Amen.R/. Amen.
Orémus OratioPrions
Omnípotens sempitérne Deus, qui hodiérna die Unigénitum tuum ulnis sancti Simeónis in templo sancto tuo suscipiéndum præsentásti : tuam súpplices deprecámur cleméntiam ; ut has candélas, quas nos fámuli tui, in tui nóminis magnificéntiam suscipiéntes, gestáre cúpimus luce accénsas, bene + dícere et sancti + ficáre atque lúmine supérnæ benedictiónis accéndere dignéris : quaténus eas tibi Dómino, Deo nostro, offeréndo digni, et sancto igne dulcíssimæ caritátis tuæ succénsi, in templo sancto glóriæ tuæ repræsentári mereámur. Per eúndem Dóminum nostrum.Dieu tout-puissant et éternel, qui avez voulu que votre fils unique, présenté en ce jour, dans votre saint temple, fût reçu dans les bras de saint Siméon ; nous supplions instamment votre clémence de daigner bénir, rendre saints, et allumer au feu de la céleste bénédiction, les Cierges que nous, vos serviteurs, nous désirons porter allumés, après les avoir reçus pour la glorification de votre nom ; afin que vous les offrant, Seigneur, notre Dieu, avec les dispositions convenables et enflammés du feu sacré de votre très douce charité nous méritions d’être présentés dans le temple saint de votre gloire. Parle même Jésus-Christ Notre-Seigneur.
R/. Amen.R/. Amen.
Orémus OratioPrions
Dómine Iesu Christe, lux vera, quæ illúminas omnem hóminem veniéntem in hhunc mundum : effúnde bene + dictiónem tuam super hos céreos, et sancti + fica eos lúmine grátiæ tuæ, et concéde propítius ; ut, sicut hæc luminária igne visíbili accénsa noctúrnas depéllunt ténebras ; ita corda nostra invisíbili igne, id est, Sancti Spíritus splendóre illustráta, ómnium vitiórum cæcitáte cáreant : ut, purgáto mentis óculo, ea cérnere póssimus, quæ tibi sunt plácita et nostræ salúti utília ; quaténus post huius sǽculi caliginósa discrímina ad lucem indeficiéntem perveníre mereámur. Per te, Christe Iesu, Salvátor mundi, qui in Trinitáte perfécta vivis et regnas Deus, per ómnia sǽcula sæculórum.Seigneur Jésus-Christ, vraie lumière qui illuminez tout homme venant en ce monde, répandez votre bénédiction sur ces Cierges, et rendez-les saints, par le rayonnement de votre grâce ; et faites, dans votre bonté, que comme ces luminaires allumés à un feu visible chassent les ténèbres, ainsi nos cœurs éclairés d’un feu invisible, c’est-à-dire de la splendeur de l’Esprit-Saint, soient exempts de l’aveuglement de tous les vices ; afin que l’œil de notre âme étant purifié, nous puissions discerner ce qui vous plait et ce qui est utile à notre salut jusqu’à ce que nous méritions, après les ombres et les périls de ce siècle, d’arriver à la lumière indéfectible. Par vous, ô Christ Jésus, Sauveur du monde, qui étant Dieu, vivez et régnez encore dans une Trinité parfaite, dans tous les siècles des siècles.
R/. Amen.R/. Amen.
Orémus OratioPrions
Omnípotens sempitérne Deus, qui per Móysen fámulum tuum puríssimum ólei liquórem ad luminária ante conspéctum tuum iúgiter concinnánda præparári iussísti : bene + dictiónis tuæ grátiam super hos céreos benígnus infúnde ; quaténus sic adminístrent lumen extérius, ut, te donánte, lumen Spíritus tui nostris non desit méntibus intérius. Per Dóminum ... in unitáte eiúsdem.Dieu tout-puissant et éternel, qui avez ordonné par Moïse, votre serviteur, de préparer une huile très pure pour l’entretien des lampes qui devaient brûler sans interruption en votre présence, dans votre bonté, daignez répandre la grâce de votre bénédiction sur ces Cierges ; et tandis qu’ils nous donneront extérieurement leur clarté, accordez-nous, que la lumière de votre Esprit ne manque point intérieurement à nos âmes. Par Notre-Seigneur Jésus-Christ votre Fils... en l’unité du même Saint-Esprit.
R/. Amen.R/. Amen.
Orémus OratioPrions
Dómine Iesu Christe, qui hodiérna die, in nostræ carnis substántia inter hómines appárens, a paréntibus in templo es præsentátus : quem Símeon venerábilis senex, lúmine Spíritus tui irradiátus, agnóvit, suscépit et benedíxit : præsta propítius ; ut, eiúsdem Spíritus Sancti grátia illumináti atque edócti, te veráciter agnoscámus et fidéliter diligámus : Qui cum Deo Patre in unitáte eiúsdem Spíritus Sancti vivis et regnas Deus, per ómnia sǽcula sæculórum.Seigneur Jésus-Christ, qui, vous montrant aujourd’hui parmi les hommes, dans la substance de notre chair, avez été présenté au temple par vos parents ; vous, que le vénérable vieillard Siméon, irradié de la lumière de votre Esprit, a reconnu, reçu et béni ; faites, dans votre propice bonté, qu’éclairés et instruits par la grâce du même Esprit-Saint, nous vous reconnaissions sincèrement et vous aimions fidèlement. Vous qui, étant Dieu, vivez et régnez avec Dieu le Père, en l’unité du même Saint-Esprit, dans tous les siècles des siècles.
R/. Amen.R/. Amen.
Finitis Orationibus, Celebrans ponit incensum in thuríbulum : deinde ter aspergit Candelas aqua benedícta, dicendo Antiphonam Aspérges me, sine cantu et sine Psalmo : et ter adolet incenso.Les oraisons finies, le celebrant impose l’encens ; il asperge ensuite trois fois les cierges d’eau bénite en disant l’Antienne Asperge-moi sans chant et sans psaume, et les encense trois fois.
DE DISTRIBUTIONE CANDELARUM
LA DISTRIBUTION DES CIERGES
Tum dignior ex Clero accedit ad Altare, et ab eo Celebrans accipit Candelam, non genuflectens. Postea Celebrans stans in medio ante Altare versus ad populum, distríbuit Candelas, primum digniori, a quo ipse acceperat ; deinde Diacono et Subdiacono paratis, et aliis Clericis singulatim per ordinem, ultimo laicis : omnibus genuflectentibus, Candelam et manum Celebrantis osculantibus, exceptis Prælatis, si adsint. Et cum inceperit distribuere Candelas, a Choro cantatur :Alors, le membre le plus digne du clergé mon à l’autel, le Célébrant reçoit de lui un cierge , restant debout. Ensuite le Célébrant, debout au milieu de l’Autel et tourné vers le peuple, distribue les cierges, d’abord au plus digne du quel il l’a reçu lui-même, ensuite au diacre et au sous-diacre parés, puis au clergé un par un selon leur ordre, enfin aux laïcs : tous se mettant à genoux et baisant la main du célébrant, sauf les prélats s’il y en a de présents. Et pendant qu’on commence à distribuer les cierges, le chœur chante :
Tum dignior ex Clero accedit ad Altare, et ab eo Celebrans accipit Candelam, non genuflectens nec osculans manum illius. Postea Celebrans stans in medio ante Altare versus ad populum, distríbuit Candelas, primum digniori, a quo ipse acceperat ; deinde Diacono et Subdiacono paratis, et aliis Clericis singulatim per ordinem, ultimo laicis : omnibus genuflectentibus, Candelam et manum Celebrantis osculantibus, exceptis Prælatis, si adsint. Et cum inceperit distribuere Candelas, a Choro cantatur :Alors, le membre le plus digne du clergé mon à l’autel, le Célébrant reçoit de lui un cierge , restant debout et sans baiser sa main. Ensuite le Célébrant, debout au milieu de l’Autel et tourné vers le peuple, distribue les cierges, d’abord au plus digne du quel il l’a reçu lui-même, ensuite au diacre et au sous-diacre parés, puis au clergé un par un selon leur ordre, enfin aux laïcs : tous se mettant à genoux et baisant la main du célébrant, sauf les prélats s’il y en a de présents. Et pendant qu’on commence à distribuer les cierges, le chœur chante :
Antiphona. Luc. 2, 32. Lumen ad revelatiónem géntium et glóriam plebis tuæ Israël.Antienne. Lumière pour éclairer les nations, et gloire d’Israël votre peuple.
Cantic. ibid. 29-31. Nunc dimíttis servum tuum, Dómine, secúndum verbum tuum in pace.Antienne. Maintenant, Seigneur, vous vous laisserez votre serviteur s’en aller en paix, selon votre parole
Deinde repetitur tota Antiphona.Ensuite on répète l’antienne entière.
Ant. Lumen ad revelatiónem géntium et glóriam plebis tuæ Israël.Ant. Lumière pour éclairer les nations, et gloire d’Israël votre peuple.
quæ similiter repetitur post quemlibet Versum.qu’on répète ainsi après chaque verset.
Quia vidérunt óculi mei salutáre tuum.Puisque mes yeux ont vu le salut qui .vient de vous.
Ant. Lumen ad revelatiónem géntium et glóriam plebis tuæ Israël.Ant. Lumière pour éclairer les nations, et gloire d’Israël votre peuple.
Quod parásti ante fáciem ómnium populorum.Que vous avez préparé à la face de tous les peuples.
Ant. Lumen ad revelatiónem géntium et glóriam plebis tuæ Israël.Ant. Lumière pour éclairer les nations, et gloire d’Israël votre peuple.
Quae si non sufficiant, repetantur quousque distributio finiatur ; et clauditur cumSi les versets ne suffisent pas, ils sont répétés jusqu’à ce que la distribution soit finie, et on termine par
Glória Patri, et Fílio, et Spirítui Sancto.Gloire au Père et au Fils et au Saint-Esprit.
Ant. Lumen ad revelatiónem géntium et glóriam plebis tuæ Israël.Ant. Lumière pour éclairer les nations, et gloire d’Israël votre peuple.
Sicut erat in princípio, et nunc, et semper, et in sǽcula sæculórum. Amen.Comme il était au commencement, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Amen
Ant. Lumen ad revelatiónem géntium et glóriam plebis tuæ Israël.Ant. Lumière pour éclairer les nations, et gloire d’Israël votre peuple.
His expletis, cantatur :Ceci terminé, on chante :
Ant. Ps. 43, 26.Exsúrge, Dómine, ádiuva nos : et líbera nos propter nomen tuum.Ant.Levez-vous, Seigneur, secourez-nous et délivrez-nous à cause de votre nom.
Ps. ibid., 26.Deus, áuribus nostris audívimus : patres nostri annuntiavérunt nobis.O Dieu, nous avons entendu de nos oreilles, nos pères nous ont raconté.
V/.Glória Patri.V/.Gloire au Père.
Et repetiturEt on répète
Ant. Exsúrge, Dómine, ádiuva nos : et líbera nos propter nomen tuum.Levez-vous, Seigneur, secourez-nous et délivrez-nous à cause de votre nom.
Deinde, Sacerdos dicit :Ensuite, le prêtre dit :
V/. Dóminus vobíscum.V/. Que le Seigneur soit avec vous.
R/. Et cum spíritu tuo.R/. Et avec votre esprit.
OrémusPrions
Deinde, Sacerdos dicit : OrémusEnsuite, le prêtre dit : Prions.
Et si fuerit post Septuagesimam, et non in die Dominica, Diaconus dicit : Flectámus génua.Et si on est dans le temps de la Septuagésime, sauf le Dimanche, le Diacre dit : Fléchissons les genoux.
R/.Leváte.R/.Levez-vous
Oratio
Exáudi, quǽsumus, Dómine, plebem tuam : et, quæ extrinsécus ánnua tríbuis devotióne venerári, intérius asséqui grátiæ tuæ luce concéde. Per Christum, Dóminum nostrum.Nous vous en prions, Seigneur, exaucez votre peuple et ce que vous nous donnez d’honorer extérieurement par des témoignages annuels de dévotion, accordez-nous par la lumière de votre grâce, d’en avoir l’intelligence au dedans de nos âmes.
R/. Amen.R/. Amen.
DE PROCESSIONE
LA PROCESSION
Deinde fit Processio. Et primo Celebrans ponit incensum in thuribulum : postea Diaconus vertens se ad populum, dicit : Procedámus in pace. Et Chorus respondet : In nómine Christi. Amen.Ensuite on fait la procession. D’abord le célébrant impose l’encens ; puis le Diacre, se tournant vers le peuple dit : Avançons en paix. Et le chœur répond : Au nom du Christ. Amen.
Præcedit Thuriferarius cum thuribulo fumiganti : deinde Subdiaconus paratus, deferens Crucem, medius inter duos Acolythos cum candelabris accensis : sequitur Clerus per ordinem, ultimo Celebrans cum Diacono a sinistris, omnes cum Candelis accensis in manibus : et cantantur Antiphonæ sequentes :Le thuriféraire passe en premier, avec l’encensoir fumant : ensuite le sous-diacre paré portant la Croix entre deux Acolytes avec des chandeliers allumés ; puis le clergé par ordre, en dernier le Célébrant avec le Diacre à sa gauche, tous avec un cierge allumé dans la main ; et on chante les antiennes suivantes :
Antiph. Adórna thálamum tuum, Sion, et súscipe Regem Christum : ampléctere Maríam, quæ est cæléstis porta : ipsa enim portat Regem glóriæ novi lúminis : subsístit Virgo, addúcens mánibus Fílium ante lucíferum génitum : quem accípiens Símeon in ulnas suas, prædicávit pópulis, Dóminum eum esse vitæ et mortis et Salvatórem mundi.Ant.Orne, ô Sion, ta demeure, et accueille le Christ Roi ; reçois avec affection Marie, qui est la porte du ciel ; car elle tient entre ses bras le Roi de gloire à qui nous devons une lumière nouvelle. La Vierge s’arrête, offrant de ses mains un Fils engendré avant que fût l’astre du jour. Siméon le prenant entre ses bras, annonce aux peuples qu’il est le Maître de la vie et de la mort, et le Sauveur du monde.
Alia Antiph. Luc. 2, 26, 27 et 28-29Respónsum accépit Símeon a Spíritu Sancto, non visúrum se mortem, nisi vidéret Christum Dómini : et cum indúcerent Púerum in templum, accépit eum in ulnas suas, et benedíxit Deum, et dixit : Nunc dimíttis servum tuum, Dómine, in pace. V/. Cum indúcerent púerum Iesum parentes eius, ut fácerent secúndum consuetúdinem legis pro eo, ipse accépit eum in ulnas suas.Ant. Siméon avait reçu de l’Esprit-Saint la révélation qu’il ne verrait pas la mort avant d’avoir vu l’Oint du Seigneur. Et comme on introduisait l’enfant dans le temple, il le reçut dans ses bras et bénit Dieu en disant : Maintenant, Seigneur, vous laisserez votre serviteur s’en aller en paix.V/. Comme ses parents introduisaient l’Enfant Jésus pour observer les coutumes de la loi à son égard, lui-même le reçut dans ses bras.
Et ingrediendo Ecclesiam, cantatur :En entrant dans l’Eglise on chante :
V/.Obtulérunt pro eo Dómino par túrturum, aut duos pullos columbárum : * Sicut scriptum est in lege Dómini. V/. Postquam impléti sunt dies purgatiónis Maríæ, secúndum legem Moysi, tulérunt Iesum in Ierúsalem, ut sísterent eum Dómino. * Sicut scriptum est in lege Dómini. V/. Glória Patri, et Fílio, et Spirítui Sancto. * Sicut scriptum est in lege Dómini.Ils offrirent pour lui au Seigneur une paire de tourterelles, ou deux petits de colombes. Suivant ce qui est écrit dans la loi du Seigneur. Après que les jours de la Purification de Marie furent accomplis selon la loi de Moïse, ils portèrent Jésus à Jérusalem, pour le présenter au Seigneur, * Suivant ce qui est écrit dans la loi du Seigneur. Gloire au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit. * Suivant ce qui est écrit dans la loi du Seigneur.
Si candelarum benedictio et processio, ob defectum ministrorum sacrorum, forma solemni fieri nequeat, licet formam simplicem adhibere, etiam absque cantu, dummodo tres saltem ministrantes celebranti inserviant.Si la bénédiction et la procession, à cause du manque de ministres sacrés, ne peut se faire sous la forme solennelle, il est permis de la faire sous la forme simple, même sans chants, pourvu qu’au moins trois servants accompagnent le célébrant.
Hodie prohibetur quælibet Missa votiva, etiam solemniis, de Christo Domino.Aujourd’hui sont proscrites toutes les messes votives, même solennelles, du Christ Seigneur.
DE MISSA
LA MESSE
Finita Processione, Celebrans et Ministri, accipiunt paramenta pro Missa.
In Missa, quae benedictionem candelarum sequitur, omittuntur psalmus
Iudica me, Deus cum sua antiphona, necnon confessio cum absolutione, versibus sequentibus atque orationibus Aufer a nobis et Oramus te, Domine. Sacerdos igitur, cum ad altare accesserit, statim illud ascendit et osculatur in medio.
Candelæ in manibus tenentur ad Evangelium et toto Canone.
La procession finie, le Célébrant et les ministres reçoivent les vêtements pour la messe.
A la Messe qui suit la bénédiction des cierges, sont omis le psaume
Iudica me, Deus avec son antienne, ainsi que la confession et l’absolution, les versets qui suivent et les oraisons Aufer a nobis et Oramus te, Domine. Donc le Prêtre, quand il parvient à l’autel, y monte immédiatement et le baise au milieu.
On tient les cierges allumés pour l’Evangile et pendant tout le canon.
Finita Processione, Celebrans et Ministri, depositis violaceis, accipiunt paramenta alba pro Missa. Et Candelæ tenentur in manibus accensæ, dum legitur Evangelium, et iterum ab incepto Canone usque ad expletam Communionem.La procession finie, le Célébrant et les ministres, une fois déposés les ornements violets, reçoivent vêtements blancs pour la messe. On tient les cierges allumés pendant l’Evangile, et à nouveau du début du Canon à la Communion.
Ant. ad Introitum. Ps. 47, 10-11.Introït
Suscépimus, Deus, misericórdiam tuam in médio templi tui : secúndum nomen tuum, Deus, ita et laus tua in fines terræ : iustítia plena est déxtera tua.Nous avons reçu, ô Dieu, votre miséricorde au milieu de votre temple : comme votre nom, ô Dieu, ainsi votre louange s’étend jusqu’aux extrémités de la terre : votre droite est pleine de justice.
Ps. ibid., 2.
Magnus Dóminus, et laudábilis nimis : in civitáte Dei nostri, in monte sancto eius.Le Seigneur est grand et digne de toute louange, dans la cité de notre Dieu, sur sa sainte montagne
V/.Glória Patri.
Oratio.Collecte
Omnípotens sempitérne Deus, maiestátem tuam súpplices exorámus : ut, sicut unigénitus Fílius tuus hodiérna die cum nostræ carnis substántia in templo est præsentátus ; ita nos fácias purificátis tibi méntibus præsentári. Per eúndem Dóminum.Dieu tout-puissant et éternel, nous supplions humblement votre majesté, de faire que, comme votre Fils unique revêtu de la substance de notre chair a été en ce jour présenté dans le temple, ainsi nous vous soyons présentés avec des cœurs purifiés.
Léctio Malachíæ Prophétæ.Lecture du Prophète Malachie.
Malach. 3, 1-4.
Hæc dicit Dóminus Deus : Ecce, ego mitto Angelum meum, et præparábit viam ante fáciem meam. Et statim véniet ad templum suum Dominátor, quem vos quǽritis, et Angelus testaménti, quem vos vultis. Ecce, venit, dicit Dóminus exercítuum : et quis póterit cogitáre diem advéntus eius, et quis stabit ad vidéndum eum ? Ipse enim quasi ignis conflans et quasi herba fullónum : et sedébit conflans et emúndans argéntum, et purgábit fílios Levi et colábit eos quasi aurum et quasi argéntum : et erunt Dómino offeréntes sacrifícia in iustítia. Et placébit Dómino sacrifícium Iuda et Ierúsalem, sicut dies sǽculi et sicut anni antíqui : dicit Dóminus omnípotens.Le Seigneur Dieu dit : Voici que j’envoie mon ange, et il préparera la voie devant ma face : et aussitôt viendra dans son temple le Dominateur que vous cherchez, et l’ange de l’alliance que vous désirez. Voici qu’il vient, dit le Seigneur des armées. Qui pourra penser au jour de son avènement, et qui pourra soutenir sa vue ? Car il sera comme le feu qui fond les métaux, et comme l’herbe des foulons. Il s’assoiera comme celui qui fond et qui épure l’argent ; il purifiera les fils de Lévi, et il les rendra purs comme l’or, et comme l’argent, et ils offriront des sacrifices au Seigneur dans la justice. Et le sacrifice de Juda et de Jérusalem sera agréable au Seigneur, comme aux jours anciens et comme aux années d’autrefois, .dit le Seigneur tout-puissant.
Graduale. Ps. 47, 10-11 et 9.Graduel
Suscépimus, Deus, misericórdiam tuam in médio templi tui : secúndum nomen tuum, Deus, ita et laus tua in fines terræ.Nous avons reçu, ô Dieu, votre miséricorde au milieu de votre temple ; comme votre nom, ô Dieu, ainsi votre louange s’étend jusqu’aux extrémités de la terre
V/. Sicut audívimus, ita et vídimus in civitáte Dei nostri, in monte sancto eius.V/. Ce que nous avions entendu dire, nous l’avons vu dans la cité de notre Dieu, sur sa sainte montagne.
Allelúia, allelúia. V/. Senex Púerum portábat : Puer autem senem regébat.Allelúia, allelúia. V/. Le vieillard portait l’Enfant ; mais l’Enfant conduisait le vieillard. Alléluia.
Post Septuagesimam, omissis Allelúia et Versu sequenti, diciturAprès la Septuagésime, on omet l’Alléluia et son verset et on dit
Tractus. Luc. 2, 29-32.Trait.
Nunc dimíttis servum tuum, Dómine, secúndum verbum tuum in pace.Maintenant,Seigneur, vous laisserez votre serviteur s’en aller en paix.
V/. Quia vidérunt óculi mei salutáre tuum.V/. Puisque mes yeux ont vu le salut.
V/. Quod parásti ante fáciem ómnium populórum.V/. Que vous avez préparé à la face de tous les peuples.
V/. Lumen ad revelatiónem géntium et glóriam plebis tuæ Israël.V/. Lumière pour éclairer les nations et gloire d’Israël, votre peuple.
+ Sequéntia sancti Evangélii secundum Lucam.Lecture du Saint Evangile selon saint Luc.
Luc. 2, 22-32.
In illo témpore : Postquam impleti sunt dies purgatiónis Maríæ, secúndum legem Moysi, tulérunt Iesum in Ierúsalem, ut sísterent eum Dómino, sicut scriptum est in lege Dómini : Quia omne masculínum adapériens vulvam sanctum Dómino vocábitur. Et ut darent hóstiam, secúndum quod dictum est in lege Dómini, par túrturum aut duos pullos columbárum. Et ecce, homo erat in Ierúsalem, cui nomen Símeon, et homo iste iustus et timorátus, exspéctans consolatiónem Israël, et Spíritus Sanctus erat in eo. Et respónsum accéperat a Spíritu Sancto, non visúrum se mortem, nisi prius vidéret Christum Dómini. Et venit in spíritu in templum. Et cum indúcerent púerum Iesum parentes eius, ut fácerent secúndum consuetúdinem legis pro eo : et ipse accépit eum in ulnas suas, et benedíxit Deum, et dixit : Nunc dimíttis servum tuum, Dómine, secúndum verbum tuum in pace : Quia vidérunt óculi mei salutáre tuum : Quod parásti ante fáciem ómnium populórum : Lumen ad revelatiónem géntium et glóriam plebis tuæ Israël.En ce temps-là, quand furent accomplis les jours de la purification de Marie, selon la loi de Moïse, ils le portèrent à Jérusalem, pour le présenter au Seigneur, selon qu’il est prescrit dans la loi du Seigneur : Tout enfant mâle premier-né sera consacré au Seigneur ; et pour offrir en sacrifice, selon qu’il est prescrit dans la loi du Seigneur, deux tourterelles, ou deux petits de colombes. Et voici qu’il y avait à Jérusalem un homme appelé Siméon, et cet homme était juste et craignant Dieu, et il attendait la consolation d’Israël, et l’Esprit-Saint était en lui. Et il lui avait été révélé par l’Esprit-Saint qu’il ne verrait pas la mort avant d’avoir vu le Christ du Seigneur. Il vint au temple, poussé par l’Esprit de Dieu. Et comme les parents de l’enfant Jésus l’apportaient, afin d’accomplir pour lui ce que la loi ordonnait, il le prit entre ses bras, et bénit Dieu, et dit : Maintenant, Seigneur, vous vous laisserez votre serviteur s’en aller en paix, selon votre parole, puisque mes yeux ont vu le salut qui .vient de vous, que vous avez préparé à la face de tous les peuples : Lumière pour éclairer les nations, et gloire d’Israël votre peuple.
Credo
Ant. ad Offertorium. Ps. 44, 3.Offertoire
Diffúsa est grátia in lábiis tuis : proptérea benedíxit te Deus in ætérnum, et in sǽculum sǽculi.La grâce est répandue sur vos lèvres ; c’est pourquoi Dieu vous a béni à jamais et dans les siècles des siècles.
Secreta.Secrète
Exáudi, Dómine, preces nostras : et, ut digna sint múnera, quæ óculis tuæ maiestátis offérimus, subsídium nobis tuæ pietátis impénde. Per Dóminum.Exaucez nos prières, Seigneur, et afin que les dons que nous offrons aux regards de votre Majesté soient dignes de vous, accordez-nous le secours de votre miséricorde.
Præfatio de Nativitate Domini. Préface de la Nativité .
Ant. ad Communionem. Luc. 2, 26.Communion
Respónsum accépit Símeon a Spíritu Sancto, non visúrum se mortem, nisi vidéret Christum Dómini.II avait été révélé à Siméon par l’Esprit-Saint qu’il ne verrait pas la mort avant d’avoir vu le Christ du Seigneur.
Postcommunio.Postcommunion
Quǽsumus, Dómine, Deus noster : ut sacrosáncta mystéria, quæ pro reparatiónis nostræ munímine contulísti, intercedénte beáta María semper Vírgine, et præsens nobis remédium esse fácias et futúrum. Per Dóminum nostrum.Nous vous en supplions, Seigneur, notre Dieu, faites que, par l’intercession de la bienheureuse Marie toujours Vierge, ces saints mystères que vous nous avez donnés pour nous assurer les fruits de notre régénération nous soient un remède pour le présent et pour l’avenir.

Office

AUX PREMIÈRES VÊPRES.

Ant. 1 O commerce admirable *. Le Créateur du genre humain prenant un corps et une âme, a daigné naître de la Vierge, et, devenu homme sans le concours de l’homme, il nous a fait part de sa divinité.
Ant. 2 Quand vous naquîtes * ineffablement d’une Vierge, alors s’accomplirent les Écritures. Comme la rosée sur la toison, vous descendîtes pour sauver le genre humain. Nous vous louons, ô notre Dieu !
Ant. 3 En ce buisson que vit Moïse * et qui brûlait sans se consumer, nous voyons l’image de votre glorieuse virginité : Mère de Dieu, intercédez pour nous.
Ant. 4 La tige de Jessé a fleuri ; * l’étoile est sortie de Jacob ; la Vierge a enfanté le Sauveur. Nous vous louons, ô notre Dieu !
Ant. 5 Voici que Marie nous a enfanté * le Sauveur, à la vue duquel Jean s’est écrié : Voici l’Agneau de Dieu, voici celui qui ôte les péchés du monde, alléluia.
Capitule. Malach. 3, 1. Voici que moi j’envoie-mon Ange, et il préparera la voie devant ma face. Et aussitôt viendra dans son temple le Dominateur que vous cherchez, et l’Ange de l’Alliance que vous désirez.

HymnusHymne
Ave, maris stella,
Dei Mater alma,
Atque semper Virgo,
Felix cæli porta.
Salut, astre des mers,
Mère de Dieu féconde,
Salut, ô toujours Vierge,
Porte heureuse du ciel !
Sumens illud Ave
Gabriélis ore,
Funda nos in pace,
Mutans Hevæ nomen.
Vous qui de Gabriel
Avez reçu l’Ave,
Fondez-nous dans la paix,
Changeant le nom d’Eva.
Solve vincla reis,
Profer lumen cæcis,
Mala nostra pelle,
Bona cuncta posce.
Délivrez les captifs,
Éclairez les aveugles,
Chassez loin tous nos maux,
Demandez tous les biens.
Monstra te esse matrem,
Sumat per te preces,
Qui pro nobis natus
Tulit esse tuus.
Montrez en vous la Mère,
Vous-même offrez nos vœux
Au Dieu qui, né pour nous,
Voulut naître de vous.
Virgo singuláris,
Inter omnes mitis,
Nos, culpis solútos,
Mites fac et castos.
O Vierge incomparable,
Vierge douce entre toutes !
Affranchis du péché,
Rendez-nous doux et chastes
Vitam præsta puram,
Iter para tutum,
Ut, vidéntes Iesum,
Semper collætémur.
Donnez vie innocente,
Et sûr pèlerinage,
Pour qu’un jour soit Jésus
Notre liesse à tous.
Sit laus Deo Patri,
Summo Christo decus,
Spirítui Sancto,
Tribus honor unus.
Amen.
Louange à Dieu le Père,
Gloire au Christ souverain ;
Louange au Saint-Esprit ;
Aux trois un seul hommage.
Amen.

V/. Siméon fut averti par l’Esprit-Saint.
R/. Qu’il ne verrait point la mort, qu’il n’eût vu le Christ du Seigneur.
Ant.au Magnificat Le vieillard * portait l’enfant ; mais l’enfant dirigeait le vieillard. La Vierge a adoré celui qu’elle a enfanté : vierge elle l’a mis au monde, et vierge elle est demeurée après l’enfantement.

A MATINES.

Invitatoire. Voici que le Seigneur Dominateur vient à son saint temple : * Sion, sois dans la joie et l’allégresse, allant au-devant de ton Dieu.

Au premier nocturne.

Du Livre de l’Exode. Cap. 13, 1-3, 11-13.

Première leçon. Le Seigneur parla à Moïse, disant : Consacre-moi tout premier-né parmi les enfants d’Israël, tant d’entre les hommes que d’entre les bêtes, car à moi sont toutes choses. Et Moïse dit au peuple : Quand le Seigneur t’aura introduit dans la terre du Chananéen, comme il l’a juré à toi et à tes pères, et qu’il te l’aura donnée, tu sépareras pour le Seigneur tout ce qui ouvre un sein, et ce qui est primitif dans tes troupeaux tout ce que tu auras du sexe masculin, tu le consacreras au Seigneur. Tu échangeras le premier-né de l’âne pour une brebis : que si tu ne le rachètes point, tu le tueras. Mais tout premier-né de l’homme d’entre tes fils, c’est avec de l’argent que tu le rachèteras.
R/. Décore ta chambre nuptiale, ô Sion ! et reçois le Christ Roi : * Qu’une vierge a conçu, qu’une vierge a mis au monde ; vierge après l’enfantement, elle a adoré celui qui est né d’elle. V/. Siméon, prenant l’enfant entre ses bras, bénit le Seigneur avec actions de grâces. * Qu’une.

Du livre du Lévitique. Cap. 12, 1-8.

Deuxième leçon. Le Seigneur parla à Moïse, disant : Parle aux enfants d’Israël et tu leur diras : Si une femme, après avoir conçu, enfante un enfant mâle, elle sera impure pendant sept jours, et au huitième jour le petit enfant sera circoncis : mais elle demeurera elle-même pendant trente-trois jours dans sa purification. Elle ne touchera aucune chose sainte, et elle n’entrera pas dans le sanctuaire, jusqu’à ce que soient accomplis les jours de sa purification. Que si elle enfante une fille, elle sera impure pendant deux semaines, et pendant soixante-six jours, elle demeurera dans sa purification.
R/. Après que les jours de la purification de Marie furent accomplis, selon la loi de Moïse, ils portèrent Jésus à Jérusalem, pour le présenter au Seigneur ; * Comme il est écrit dans la loi du Seigneur Tout mâle premier-né sera appelé consacré au Seigneur. V/. Ils offrirent pour lui au Seigneur une couple de tourterelles, ou deux petits de colombes. * Comme.

Troisième leçon. Et lorsque seront accomplis les jours de sa purification pour un fils ou pour une tille, elle portera un agneau d’un an pour l’holocauste, et le petit d’une colombe ou bien une tourterelle pour le péché, à la porte du tabernacle de témoignage, et elle les donnera au prêtre, qui les offrira devant le Seigneur et priera pouf elle, et c’est ainsi qu’elle sera purifiée. Telle est la loi de celle qui enfante un enfant maie ou une fille. Que si sa main ne trouve et ne peut offrir un agneau, elle prendra deux tourterelles ou deux petits de colombes, l’un pour l’holocauste et l’autre pour le péché : et le prêtre priera pour elle, et c’est ainsi qu’elle sera purifiée.
R/. Ils offrirent pour lui au Seigneur une couple de tourterelles ou deux petits de colombes ; * Comme il est écrit dans la loi du Seigneur. V/. Après que les jours de la purification de Marie furent accomplis, selon la loi de Moïse, ils le portèrent à Jérusalem, pour le présenter au Seigneur. * Comme. Gloire au Père. * Comme.

Au deuxième nocturne.

Sermon de saint Augustin, Évêque.

Quatrième leçon. C’est ainsi qu’autrefois il a été prophétisé : Un homme appelle Sion du nom de mère : « Car il a été fait homme en elle, et c’est le Très-Haut lui-même qui l’a fondée ». O toute-puissance d’un enfant qui naît ! ô magnificence d’un Dieu qui vient du ciel en terre ! Il était encore au sein qui l’avait conçu, et Jean-Baptiste le saluait déjà du sein d’Élisabeth. On le présentait dans le temple, et il était reconnu par Siméon, vieillard aussi vénéré pour sa réputation que pour son âge, d’une vertu éprouvée, couronné de mérites. C’est alors que ce saint homme le reconnut et l’adora, et c’est alors qu’il dit : « Maintenant Seigneur, vous laissez partir en paix votre serviteur, parce que mes yeux ont contemplé votre Salut ».
R/. Siméon, homme juste et craignant Dieu, attendait la rédemption d’Israël. * Et l’Esprit-Saint était en lui. V/. Siméon fut averti par l’Esprit Saint qu’il ne verrait point la mort, qu’il n’eût vu le Christ du Seigneur. * Et.

Cinquième leçon. Dieu avait différé de le retirer du monde pour qu’il pût voir, né parmi nous, celui qui a fait le monde. Le vieillard reconnut l’enfant, et avec lui devint enfant, la piété dont il était rempli lui donnant une seconde jeunesse. Le vieux Siméon portait le Christ enfant, et Jésus guidait la vieillesse de Siméon. Dieu avait promis au saint vieillard de ne pas le laisser mourir, qu’il n’eût contemplé l’Oint du Seigneur, né parmi les hommes. Le Christ naquit donc, et le désir du vieillard fut accompli dans la vieillesse du monde. Parce qu’il trouve le monde dans la vieillesse du péché, le Christ est venu à un homme avancé en âge.
R/. Siméon fut averti par l’Esprit-Saint qu’il ne verrai point la mort, qu’il n’eût vu le Christ du Seigneur ; * Et il bénit Dieu et dit : Maintenant, Seigneur, laissez votre serviteur s’en aller en paix puisque mes yeux ont vu le Sauveur qui vient de vous. V/. Comme les parents de l’enfant Jésus l’apportaient dans le temple, afin de faire pour lui selon la coutume prescrit par la loi, il le prit entre ses bras. * Et.

Sixième leçon. Siméon voulait pas rester long temps en ce monde ; il désirait y voir le Christ, et répétait ces paroles du Prophète : « Seigneur, manifestez-nous votre miséricorde, et donnez-nous votre Salut ». Et pour que vous sachiez que c’était là sa consolation et sa joie, il dit à la fin : « Maintenant, vous laissez partir en paix votre serviteur, parce que mes yeux ont contemplé votre Salut ». Les Prophètes avaient annoncé que le Créateur du ciel et de la terre habiterait sur terre avec les hommes. Un Ange apporta la nouvelle que le Créateur de la chair et de l’esprit allait se revêtir d’un corps. Du sein d’Élisabeth, Jean-Baptiste a salué le Sauveur dans le sein de Marie. Enfin le vieillard Siméon reconnaît pour Dieu cet enfant.
R/. Comme les parents de l’enfant Jésus l’apportaient dans le temple, afin de faire pour lui selon la coutume prescrite par la loi, Siméon le prit entre ses bras, et bénit Dieu, disant : * Maintenant, Seigneur, laissez votre serviteur s’en aller en paix. V/. Siméon, recevant l’enfant entre ses mains, s’écria. * Maintenant. Gloire au Père. * Maintenant.

Au troisième nocturne.

Lecture du saint Évangile selon saint Luc. Cap. 2, 22-33.
En ce temps-là : Quand furent accomplis les jours de la purification de Marie, selon la loi de Moïse, ils le portèrent à Jérusalem, pour le présenter au Seigneur, selon qu’il est prescrit dans la loi du Seigneur. Et le reste.

Homélie de saint Ambroise, Évêque.

Septième leçon. « Or il y avait à Jérusalem un homme appelé Siméon, et cet homme était juste et craignant Dieu, attendant la consolation d’Israël ». Non seulement les Anges, les Prophètes et les bergers, mais encore les vieillards et les justes, rendent témoignage à la naissance du Seigneur. Des personnes de tout âge et de tout sexe, des événements miraculeux en confirment la vérité. Une vierge enfante, une femme stérile devient féconde, un muet parle, Élisabeth est inspirée, les Mages viennent adorer, un enfant tressaille dans le sein de sa mère, une veuve loue et bénit, un juste est dans l’attente.
R/. Recevant Jésus entre ses bras, Siméon s’écria : * Vous êtes la vraie lumière qui éclairera les Nations, et la gloire d’Israël votre peuple. V/. Comme les parents de l’enfant Jésus l’apportaient dans le temple, il le prit entre ses bras, bénit Dieu et dit. * Vous êtes.

Huitième leçon. Et certes il mérite bien d’être appelé juste, ce vieillard qui avait moins en vue son avantage que celui de la nation. Car tout en désirant d’être dégagé des liens d’tm corps fragile, il ne perdit pas l’espoir de contempler le Sauveur promis, estimant heureux les yeux qui le verraient. Il le prit lui-même entre ses bras, et bénissant Dieu, il dit : « C’est maintenant, Seigneur, que, selon votre parole, vous laissez votre serviteur s’en aller en paix ». Vois comme ce juste pour qui la masse de son corps est une prison, souhaite d’en être délivré, afin de pouvoir commencer d’être avec Jésus-Christ ; car se voir dégagé des liens du corps et être avec Jésus-Christ est beaucoup plus avantageux.
R/. Le vieillard portait l’enfant, mais l’enfant dirigeait le vieillard. * La Vierge a adoré celui qu’elle a enfanté, vierge elle l’a mis au monde, et vierge elle est demeurée après l’enfantement. V/. Siméon, prenant t’entant entre ses mains, bénit Dieu en rendant grâces. * La Vierge. Gloire au Père. * La Vierge.
Neuvième leçon. Mais celui qui veut partir ainsi doit venir au temple, venir à Jérusalem, attendre l’Oint du Seigneur, recevoir dans ses mains le Verbe de Dieu, l’embrasser par es bonnes œuvres qui sont comme les bras de la foi. Alors il s’en ira paisiblement, et ne verra point la mort éternelle, puisqu’il aura vu la Vie. Tu vois que la naissance du Seigneur répand la grâce avec abondance sur toute sorte de personnes, et que le don de prophétie est refusé aux incrédules, mais non aux justes. Voici donc Siméon prophétisant que le Seigneur Jésus-Christ est venu pour la ruine et pour la résurrection d’un grand nombre, pour discerner ce que méritent les bons et les méchants, et pour décerner, juge infaillible, juge équitable, des supplices ou des récompenses, selon la qualité de nos actes.

A LAUDES

Ant. 1 Siméon, homme juste * et craignant Dieu, attendait la rédemption d’Israël, et l’Esprit-Saint était en lui.
Ant. 2 Siméon fut averti * par l’Esprit-Saint qu’il ne verrait point là mort qu’il n’eût vu le Seigneur.
Ant. 3 Siméon, prenant * l’enfant entre ses mains, bénit Dieu, rendant grâces.
Ant. 4 Il sera la lumière qui éclairera les Nations, * et la gloire d’Israël, votre peuple.
Ant. 5 Ils offrirent pour lui au Seigneur une couple de tourterelles et deux petits de colombes.
Capitule. Malach. 3, 1.Voici que moi j’envoie-mon Ange, et il préparera la voie devant ma face. Et aussitôt viendra dans son temple le Dominateur que vous cherchez, et l’Ange de l’Alliance que vous désirez.

Ant. au Bénédictus Comme les parents * de l’enfant Jésus l’apportaient, Siméon le prit entre ses bras, et bénit Dieu, disant : Maintenant, laissez votre serviteur s’en aller en paix.

AUX DEUXIÈMES VÊPRES.

V/. Siméon fut averti par l’Esprit-Saint.
R/. Qu’il ne verrait point la mort, qu’il n’eût vu le Christ du Seigneur.

Ant. au Magnificat Aujourd’hui, * la bienheureuse Vierge Marie présenta l’enfant Jésus dans le temple, et Siméon, rempli de l’Esprit-Saint, le prit entre ses bras, et bénit Dieu à jamais

Dom Lefebvre, Missel

La fête de la Purification vient clore le Cycle sanctoral du Temps après l’Epiphanie. C’est une des plus anciennes solennités de la Vierge et qui occupait à Rome, au VIIe siècle, le second rang après l’Assomption. Cette fête ce célèbre au 2 février, parce que, voulant se soumettre à la loi mosaïque, Marie devait aller à Jérusalem, 40 jours après la naissance de Jésus (25 décembre-2 février) pour y offrir le sacrifice prescrit. Les mères devaient donner un agneau, ou, si leurs moyens ne le leur permettaient pas, « deux tourterelles ou deux jeunes pigeons ». La Sainte Vierge amena avec elle à Jérusalem l’enfant Jésus, et la procession de la Chandeleur rappelle le voyage de Marie et de Joseph montant au temple, pour y présenter « l’Ange de l’Alliance » (Epître, Introït), comme l’avait prédit Malachie. Les messes de l’Annonciation, de l’Assomption, de la Nativité de Marie, de l’Exaltation de la Sainte Croix et de la Chandeleur avaient autrefois leur procession. Cette dernière seule reste. « La cire des cierges signifie la chair virginale du divin enfant, dit S. Anselme, la mèche figure son âme et la flamme sa divinité ». La Purification, à laquelle la mère du Sauveur n’était pas astreinte, car elle enfanta en dehors des lois ordinaires, passe au second plan dans la liturgie et c’est la Présentation de Jésus qui est l’objet principal de cette fête. Si l’on rattache cette solennité au Temps de Noël, on y voit Jésus manifesté par Siméon, comme le Dieu qui « illuminera de sa lumière les Gentils et sera la gloire du peuple d’Israël » (Évangile) ; et si on la considère comme appartenant au Temps après l’Epiphanie, on adore Jésus dans l’accomplissement de cette prophétie, soit aux noces de Cana où il commence à manifester sa gloire . (Êv. 2ème Dim. Après l’Epiphanie), soit au milieu des foules, lorsqu’il répand la lumière de sa doctrine (Èv des 5ème et 6ème Dim.). Relisons la 4ème oraison de la bénédiction des cierges, afin de comprendre le symbolisme de la lampe du sanctuaire et des cierges bénits en ce jour, et de bien savoir l’usage qu’il faut en faire au lit des mourants, dans les orages et dans les périls que peuvent courir « notre corps et notre âme sur terre et sur les eaux ». (1ère Oraison de ta benédiction des cierges). [1].

Dom Guéranger, l’Année Liturgique

Enfin les quarante jours de la Purification de Marie sont écoulés, et le moment est venu où elle doit monter au Temple du Seigneur pour y présenter Jésus. Avant de suivre le Fils et la Mère dans ce voyage mystérieux à Jérusalem, arrêtons-nous encore un instant à Bethléhem, et pénétrons avec amour et docilité les mystères qui vont s’accomplir.

La Loi du Seigneur ordonnait aux femmes d’Israël, après leur enfantement, de demeurer quarante jours sans approcher du tabernacle ; après l’expiration de ce terme, elles devaient, pour être purifiées, offrir un sacrifice. Ce sacrifice consistait en un agneau, pour être consumé en holocauste ; on devait y joindre une tourterelle ou une colombe, destinées à être offertes selon le rite du sacrifice pour le péché. Que si la mère était trop pauvre pour fournir l’agneau, le Seigneur avait permis de le remplacer par une autre tourterelle, ou une autre colombe.

Un second commandement divin déclarait tous les premiers-nés propriété du Seigneur, et prescrivait la manière de les racheter. Le prix de ce rachat était de cinq sicles, qui, au poids du sanctuaire, représentaient chacun vingt oboles. Marie, fille d’Israël, avait enfanté ; Jésus était son premier-né. Le respect dû à un tel enfantement, à un tel premier-né, permettait-il l’accomplissement de la loi ?

Si Marie considérait les raisons qui avaient porté le Seigneur à obliger les mères à la purification, elle voyait clairement que cette loi n’avait point été faite pour elle. Quel rapport pouvait avoir avec les épouses des hommes, celle qui était le très pur sanctuaire de l’Esprit-Saint, Vierge dans la conception de son Fils, Vierge dans son ineffable enfantement ; toujours chaste, mais plus chaste encore après avoir porté dans son sein et mis au monde le Dieu de toute sainteté ? Si elle considérait la qualité sublime de son Fils, cette majesté du Créateur et du souverain Seigneur de toutes choses, qui avait daigné prendre naissance en elle, comment aurait-elle pu penser qu’un tel Fils était soumis à l’humiliation du rachat, comme un esclave qui ne s’appartient pas à lui-même ?

Cependant, l’Esprit qui résidait en Marie lui révèle qu’elle doit accomplir cette double loi. Malgré son auguste qualité de Mère de Dieu, il faut qu’elle se mêle à la foule des mères des hommes, qui se rendent de toutes parts au Temple, pour y recouvrer, par un sacrifice, la pureté qu’elles ont perdue. En outre, ce Fils de Dieu et Fils de l’Homme doit être considéré en toutes choses comme un serviteur ; il faut qu’il soit racheté en cette humble qualité comme le dernier des enfants d’Israël. Marie adore profondément cette volonté suprême, et s’y soumet de toute la plénitude de son cœur.

Les conseils du Très-Haut avaient arrêté que le Fils de Dieu ne serait déclaré à son peuple que par degrés. Après trente années de vie cachée à Nazareth, où, comme le dit l’Évangéliste, il était réputé le fils de Joseph, un grand Prophète devait l’annoncer mystérieusement aux Juifs accourus au Jourdain, pour y recevoir le baptême de la pénitence. Bientôt ses propres œuvres, ses éclatants miracles, rendraient témoignage de lui. Après les ignominies de sa Passion, il ressusciterait glorieux, confirmant ainsi la vérité de ses prophéties, l’efficacité de son Sacrifice, enfin sa divinité. Jusque-là presque tous les hommes ignoreraient que la terre possédait son Sauveur et son Dieu. Les bergers de Bethléhem n’avaient point reçu l’ordre, comme plus tard les pêcheurs de Génésareth, d’aller porter la Parole jusqu’aux extrémités du monde ; les Mages, qui avaient paru tout à coup au milieu de Jérusalem, étaient retournés dans l’Orient, sans revoir cette ville qui s’était émue un instant de leur arrivée. Ces prodiges, d’une si sublime portée aux yeux de l’Église, depuis l’accomplissement de la mission de son divin Roi, n’avaient trouvé d’écho et de mémoire fidèle que dans le cœur de quelques vrais Israélites qui attendaient le salut d’un Messie humble et pauvre ; la naissance même de Jésus à Bethléhem devait demeurer ignorée du plus grand nombre des Juifs ; car les Prophètes avaient prédit qu’il serait appelé Nazaréen.

Le même plan divin qui avait exigé que Marie fût l’épouse de Joseph, pour protéger, aux yeux du peuple, sa virginité féconde, demandait donc que cette très chaste Mère vînt comme les autres femmes d’Israël offrir le sacrifice de purification, pour la naissance du Fils qu’elle avait conçu par l’opération de l’Esprit-Saint, mais qui devait être présenté au temple comme le fils de Marie, épouse de Joseph. Ainsi, la souveraine Sagesse aime à montrer que ses pensées ne sont point nos pensées, à déconcerter nos faibles conceptions, en attendant le jour où elle déchire les voiles et se montre à découvert à nos yeux éblouis.

La volonté divine fut chère à Marie, en cette circonstance comme en toutes les autres. La Vierge ne pensa point agir contre l’honneur de son fils, ni contre le mérite glorieux de sa propre intégrité, en venant chercher une purification extérieure dont elle n’avait nul besoin. Elle fut, au Temple, la servante du Seigneur, comme elle l’avait été dans la maison de Nazareth, lors de la visite de l’Ange. Elle obéit à la loi, parce que les apparences la déclaraient sujette à la loi. Son Dieu et son Fils se soumettait au rachat comme le dernier des hommes ; il avait obéi à l’édit d’Auguste pour le dénombrement universel ; il devait « être obéissant jusqu’à la mort, et à la mort de la croix » : la Mère et l’Enfant s’humilièrent ensemble ; et l’orgueil de l’homme reçut en ce jour une des plus grandes leçons qui lui aient jamais été données.

Quel admirable voyage que celui de Marie et de Joseph allant de Bethléhem à Jérusalem ! L’Enfant divin est dans les bras de sa mère ; elle le tient sur son cœur durant tout le cours de cette route fortunée. Le ciel, la terre, la nature tout entière, sont sanctifiés par la douce présence de leur miséricordieux créateur. Les hommes au milieu desquels passe cette mère chargée de son tendre fruit la considèrent, les uns avec indifférence, les autres avec intérêt ; mais nul d’entre eux ne pénètre encore le mystère qui doit les sauver tous.

Joseph est porteur de l’humble offrande que la mère doit présenter au prêtre. Leur pauvreté ne leur permet pas d’acheter un agneau ; et d’ailleurs n’est-il pas l’Agneau de Dieu qui efface les péchés du monde, ce céleste Enfant que Marie tient dans ses bras ? La loi a désigné la tourterelle ou la colombe pour suppléer l’offrande qu’une mère indigente ne pourrait présenter : innocents oiseaux, dont le premier figure la chasteté et la fidélité, et dont le second est le symbole de la simplicité et de l’innocence. Joseph porte aussi les cinq sicles, prix du rachat du premier-né ; car il est vraiment le Premier-né, cet unique fils de Marie, qui a daigné faire de nous ses frères, et nous rendre participants de la nature divine, en adoptant la nôtre.

Enfin, cette sainte et sublime famille est entrée dans Jérusalem. Le nom de cette ville sacrée signifie vision de paix ; et le Sauveur vient par sa présence lui offrir la paix. Admirons une magnifique progression dans les noms des trois villes auxquelles se rattache la vie mortelle du Rédempteur. Il est conçu à Nazareth, qui signifie la fleur ; car il est, comme il le dit au Cantique, la fleur des champs et le lis des vallons ; et sa divine odeur nous réjouit. Il naît à Bethléhem, la maison du pain, afin d’être la nourriture de nos âmes. Il est offert en sacrifice sur la croix à Jérusalem, et par son sang, il rétablit la paix entre le ciel et la terre, la paix entre les hommes, la paix dans nos âmes. Dans cette journée, comme nous le verrons bientôt, il va donner les arrhes de cette paix.

Pendant que Marie portant son divin fardeau monte, Arche vivante, les degrés du Temple, soyons attentifs ; car une des plus fameuses prophéties s’accomplit, un des principaux caractères du Messie se déclare. Conçu d’une Vierge, né en Bethléhem, ainsi qu’il était prédit, Jésus, en franchissant le seuil du Temple, acquiert un nouveau titre à nos adorations. Cet édifice n’est plus le célèbre Temple de Salomon, qui devint la proie des flammes aux jours de la captivité de Juda. C’est le second Temple bâti au retour de Babylone, et dont la splendeur n’a point atteint la magnificence de l’ancien. Avant la fin du siècle, il doit être renversé pour la seconde fois ; et la parole du Seigneur sera engagée à ce qu’il n’y demeure pas pierre sur pierre. Or, le Prophète Aggée, pour consoler les Juifs revenus de l’exil, qui se lamentaient sur leur impuissance à élever au Seigneur une maison comparable à celle qu’avait édifiée Salomon, leur a dit ces paroles, et elles doivent servir à fixer l’époque de la venue du Messie : « Prends courage, Zorobabel, dit le Seigneur ; prends courage, Jésus, fils de Josedec, souverain Prêtre ; prends courage, peuple de cette contrée ; car voici ce que dit le Seigneur : Encore un peu de temps et j’ébranlerai le ciel et la terre, et j’ébranlerai toutes les nations ; et le Désiré de toutes les nations viendra ; et je remplirai de gloire cette maison. La gloire de cette seconde maison sera plus grande que ne le fut celle de la première ; et dans ce lieu je donnerai la paix, dit le Seigneur des armées. »

L’heure est arrivée de l’accomplissement de cet oracle. L’Emmanuel est sorti de son repos de Bethléhem, il s’est produit au grand jour, il est venu prendre possession de sa maison terrestre ; et par sa seule présence dans l’enceinte du second Temple, il en élève tout d’un coup la gloire au-dessus de la gloire dont avait paru environné celui de Salomon. Il doit le visiter plusieurs fois encore ; mais cette entrée qu’il y fait aujourd’hui, porté sur les bras de sa mère, suffit à accomplir la prophétie ; dès maintenant, les ombres et les figures que renfermait ce Temple commencent à s’évanouir aux rayons du Soleil de la vérité et de la justice. Le sang des victimes teindra encore, quelques années, les cornes de l’autel ; mais au milieu de toutes ces victimes égorgées, hosties impuissantes, s’avance déjà l’Enfant qui porte dans ses veines le sang de la Rédemption du monde. Parmi ce concours de sacrificateurs, au sein de cette foule d’enfants d’Israël qui se presse dans les diverses enceintes du Temple, plusieurs attendent le Libérateur, et savent que l’heure de sa manifestation approche ; mais aucun d’eux ne sait encore qu’en ce moment même le Messie attendu vient d’entrer dans la maison de Dieu.

Cependant un si grand événement ne devait pas s’accomplir sans que l’Eternel opérât une nouvelle merveille. Les bergers avaient été appelés par l’Ange, l’étoile avait attiré les Mages d’Orient en Bethléhem ; l’Esprit-Saint suscite lui-même à l’Enfant divin un témoignage nouveau et inattendu.

Un vieillard vivait à Jérusalem, et sa vie touchait au dernier terme ; mais cet homme de désirs, nommé Siméon, n’avait point laissé languir dans son cœur l’attente du Messie. Il sentait que les temps étaient accomplis ; et pour prix de son espérance, l’Esprit-Saint lui avait fait connaître que ses yeux ne se fermeraient pas avant qu’ils eussent vu la Lumière divine se lever sur le monde. Au moment où Marie et Joseph montaient les degrés du Temple, portant vers l’autel l’Enfant de la promesse, Siméon se sent poussé intérieurement par la force irrésistible de l’Esprit divin ; il sort de sa maison, il dirige vers la demeure sacrée ses pas chancelants, mais soutenus par l’ardeur de ses désirs. Sur le seuil de la maison de Dieu, parmi les mères qui s’y pressent chargées de leurs enfants, ses yeux inspirés ont bientôt reconnu la Vierge féconde prophétisée par Isaïe ; et son cœur vole vers l’Enfant qu’elle tient dans ses bras.

Marie, instruite par le même Esprit, laisse approcher le vieillard ; elle dépose dans ses bras tremblants le cher objet de son amour, l’espoir du salut de la terre. Heureux Siméon, figure de l’ancien monde vieilli dans l’attente et près de succomber ! A peine a-t-il reçu le doux fruit de la vie, que sa jeunesse se renouvelle comme celle de l’aigle ; en lui s’accomplit la transformation qui doit se réaliser dans la race humaine. Sa bouche s’ouvre, sa voix retentit, il rend témoignage comme les bergers dans la région de Bethléhem, comme les Mages au sein de l’Orient. « O Dieu ! dit-il, mes yeux ont donc vu le Sauveur que vous prépariez ! Elle luit enfin, cette Lumière qui doit éclairer les Gentils, et faire la gloire de votre peuple d’Israël. »

Tout à coup survient, attirée aussi par le mouvement du divin Esprit, la pieuse Anne, fille de Phanuel, illustre par sa piété et vénérable à tout le peuple par son grand âge. Les deux vieillards, représentants de la société antique, unissent leurs voix, et célèbrent l’avènement fortuné de l’Enfant qui vient renouveler la face de la terre, et la miséricorde de Jéhovah qui, selon la prophétie d’Aggée, dans ce lieu, au sein même du second Temple, donne enfin la paix au monde.

C’est dans cette paix tant désirée que va s’endormir Siméon. Vous laisserez donc partir dans la paix votre serviteur, selon votre parole, Seigneur ! dit le vieillard ; et bientôt son âme, dégagée des liens du corps, va porter aux élus qui reposent dans le sein d’Abraham la nouvelle de la paix qui apparaît sur la terre, et leur ouvrira bientôt les cieux. Anne survivra quelques jours encore à cette grande scène ; elle doit, comme nous l’apprend l’Évangéliste, annoncer l’accomplissement des promesses aux Juifs spirituels qui attendaient la Rédemption d’Israël. Une semence devait être confiée à la terre ; les bergers, les Mages, Siméon, Anne, l’ont jetée ; elle lèvera en son temps : et quand les années d’obscurité que le Messie doit passer dans Nazareth seront écoulées, quand il viendra pour la moisson, il dira à ses disciples : Voyez comme le froment blanchit à maturité sur les guérets : priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour la récolte.

Le fortuné vieillard rend donc aux bras de la très pure Mère le Fils qu’elle va offrir au Seigneur. Les oiseaux mystérieux sont présentés au prêtre qui les sacrifie sur l’autel, le prix du rachat est versé, l’obéissance parfaite est accomplie ; et après avoir rendu ses hommages au Seigneur dans cet asile sacré à l’ombre duquel s’écoulèrent ses premières années, Marie toujours Vierge, pressant sur son cœur le divin Emmanuel, et accompagnée de son fidèle époux, descend les degrés du Temple.

Tel est le mystère du quarantième jour, qui ferme la série des jours du Temps de Noël, par cette admirable fête de la Purification de la très sainte Vierge. De savants hommes, au nombre desquels on compte le docte Henschenius, dont Benoît XIV partage le sentiment, inclinent à donner une origine apostolique à cette solennité ; il est certain du moins qu’elle était déjà ancienne au cinquième siècle.

L’Église Grecque et l’Église de Milan mettent cette fête au nombre des solennités de Notre-Seigneur ; mais l’Église Romaine l’a toujours comptée entre les fêtes de la sainte Vierge. Sans doute, l’Enfant Jésus est offert aujourd’hui dans le Temple et racheté ; mais c’est à l’occasion de la Purification de Marie, dont cette offrande et ce rachat sont comme la conséquence. Les plus anciens Martyrologes et Calendriers de l’Occident donnent cette fête sous le titre qu’elle conserve aujourd’hui ; et la gloire du Fils, loin d’être obscurcie par les honneurs que l’Église rend à la Mère, en reçoit un nouvel accroissement, puisque lui seul est le principe de toutes les grandeurs que nous révérons en elle.

LES PREMIÈRES VÊPRES DE LA PURIFICATION.

La sainte Église chante dans cet Office, pour la dernière fois, les célèbres Antiennes de l’Octave de Noël, qui célèbrent le grand Mystère de l’Incarnation du Verbe et la fécondité de la Vierge.

Le Capitule est la prophétie de Malachie annonçant la venue du souverain Seigneur, de l’Ange de l’Alliance, qui vient visiter son Temple, oracle qui s’accomplit aujourd’hui.

LA BÉNÉDICTION DES CIERGES.

Après l’Office de Tierce, l’Église pratique, en ce jour, la bénédiction solennelle des Cierges, que l’on compte pour une des trois principales qui ont lieu dans le cours de l’année : les deux autres sont celle des Cendres et celle des Rameaux. L’intention de cette cérémonie se rapporte au jour même de la Purification de la sainte Vierge ; en sorte que si l’un des Dimanches de Septuagésime, de Sexagésime, ou de Quinquagésime, tombe le deux février, la fête est remise au lendemain ; mais la bénédiction des Cierges, et la Procession qui en est le complément, demeurent fixes au deux février.

Afin de réunir sous un même rite les trois grandes Bénédictions dont nous parlons, l’Église a ordonné, pour celle des Cierges, l’usage de la même couleur violette qu’elle emploie dans la bénédiction des Cendres et dans celle des Rameaux ; en sorte que cette solennelle fonction, qui sert à marquer d’une manière inviolable le jour auquel s’est accomplie la Purification de Marie, doit s’exécuter tous les ans, le deux février, sans qu’il soit dérogé à la couleur prescrite pour les trois Dimanches dont nous venons de parler.

L’origine de cette cérémonie est assez difficile à assigner d’une manière précise. Selon Baronius, Thomassin, Baillet, etc., elle aurait été instituée, vers la fin du V° siècle, par le Pape saint Gélase, pour donner un sens chrétien aux restes de l’antique fête des Lupercales, dont le peuple de Rome avait encore retenu quelques usages superstitieux. Il est du moins certain que saint Gélase abolit, à cette époque, les derniers vestiges de la fête des Lupercales qui, comme l’on sait, était célébrée au mois de février, dans les siècles du paganisme. Innocent III, dans un de ses Sermons sur la fête de la Purification, enseigne que l’attribution de la cérémonie des Cierges au deux février est due à la sagesse des Pontifes romains, lesquels auraient appliqué au culte de la sainte Vierge les restes d’un usage religieux des anciens Romains, qui allumaient des flambeaux en mémoire des torches à la lueur desquelles Cérès avait, selon la fable, parcouru les sommets de l’Etna, cherchant sa fille Proserpine enlevée par Pluton ; mais on ne trouve pas de fête en l’honneur de Cérès, au mois de février, sur le Calendrier des anciens Romains. Il nous semble donc plus exact d’adopter le sentiment de D. Hugues Ménard, Rocca, Henschenius et Benoît XIV, qui tiennent que la fête antique connue en février sous le nom d’Amburbalia, et dans laquelle les païens parcouraient la ville en portant des flambeaux, a donné occasion aux Souverains Pontifes de lui substituer un rite chrétien qu’ils ont uni à la célébration de la fête dans laquelle le Christ, Lumière du monde, est présenté au Temple par la Vierge-mère.

Le mystère de cette cérémonie a été fréquemment expliqué par les liturgistes depuis le VIIe siècle. Selon saint Ives de Chartres, dans son deuxième Sermon sur la fête d’aujourd’hui, la cire des cierges, formée du suc des fleurs par les abeilles, que l’antiquité a toujours considérées comme un type de la virginité, signifie la chair virginale du divin Enfant, lequel n’a point altéré, dans sa conception ni dans sa naissance, l’intégrité de Marie. Dans la flamme du cierge, le saint Évêque nous apprend à voir le symbole du Christ qui est venu illuminer nos ténèbres. Saint Anselme, dans ses Enarrations sur saint Luc, développant le même mystère, nous dit qu’il y a trois choses à considérer dans le Cierge : la cire, la mèche et la flamme. La cire, dit-il, ouvrage de l’abeille virginale, est la chair du Christ ; la mèche, qui est intérieure, est l’âme ; la flamme, qui brille en la partie supérieure, est la divinité.

Autrefois, les fidèles s’empressaient d’apporter eux-mêmes des cierges à l’Église, le jour de la Purification, afin qu’ils fussent bénis avec ceux que les prêtres et les ministres portent à la Procession ; cet usage est encore observé en beaucoup de lieux. Il est à désirer que les Pasteurs des âmes recommandent fortement cette coutume, et qu’ils la rétablissent ou la soutiennent partout où il est besoin. Tant d’efforts que l’on a faits pour ruiner, ou du moins pour appauvrir le culte extérieur, ont amené insensiblement le plus triste affaiblissement du sentiment religieux, dont l’Église possède seule la source dans la Liturgie. Il est nécessaire aussi que les fidèles sachent que les cierges bénis au jour de la Chandeleur, car tel est le nom populaire de la fête de la Purification, emprunté à la cérémonie même dont nous parlons ; que ces cierges, disons-nous, sont bénis, non seulement pour servir à la Procession, mais encore pour l’usage des chrétiens qui, en les gardant avec respect dans leurs maisons, en les portant avec eux, tant sur la terre que sur les eaux, comme dit l’Église, attirent des bénédictions particulières du ciel. On doit allumer aussi ces cierges de la Chandeleur auprès du lit des mourants, comme un souvenir de l’immortalité que le Christ nous a méritée, et comme un signe de la protection de Marie.

Tout étant préparé, le prêtre procède à la cérémonie de la Bénédiction des Cierges.

Après les Oraisons, le Célébrant asperge d’eau bénite et encense les Cierges ; on procède ensuite à leur distribution. A ce moment, l’Église, émue à la vue des symboles glorieux qui lui rappellent les caractères de l’Emmanuel, s’unit aux transports du vieillard Siméon, qui, tenant en ses bras l’Enfant de la Vierge, le proclama la Lumière des nations. Elle emprunte son beau Cantique, répétant après chaque Verset une Antienne formée des dernières paroles dont il se compose.

LA PROCESSION DES CIERGES.

Remplie d’allégresse, illuminée de ces feux mystérieux, entraînée, comme Siméon, par le mouvement de l’Esprit-Saint, la sainte Église se met en marche pour aller à la rencontre de l’Emmanuel. C’est cette rencontre sublime que l’Église Grecque, dans sa Liturgie, désigne sous le nom d’Hypapante, et dont elle a fait l’appellation de la fête d’aujourd’hui. L’Église veut imiter la merveilleuse procession qui eut lieu en ce moment même dans le Temple de Jérusalem, et que saint Bernard célèbre ainsi, dans son premier Sermon pour la Fête de la Purification de Notre-Dame : « Aujourd’hui la Vierge-mère introduit le Seigneur du Temple dans le Temple du Seigneur ; Joseph présente au Seigneur, non un fils qui soit le sien, mais le Fils bien-aimé du Seigneur, dans lequel il a mis ses complaisances. Le juste reconnaît Celui qu’il attendait ; la veuve-Anne l’exalte dans ses louanges. Ces quatre personnes ont célébré pour la première fois la Procession d’aujourd’hui, qui, dans la suite, devait être solennisée dans l’allégresse de la terre entière, en tous lieux, et par toutes les nations. Ne nous a étonnons pas que cette Procession ait été si petite ; car Celui qu’on y recevait s’était fait petit. Aucun pécheur n’y parut : tous étaient justes, saints et parfaits. »

Marchons néanmoins sur leurs traces. Allons au-devant de l’Époux, comme les Vierges sages, portant dans nos mains des lampes allumées au feu de la charité. Souvenons-nous du conseil que nous donne le Sauveur lui-même : « Que vos reins soient ceints comme ceux des voyageurs ; tenez dans vos mains des flambeaux allumés et soyez semblables à ceux qui attendent leur Seigneur. » (Luc. XII, 35). Conduits par la foi, éclairés par l’amour, nous le rencontrerons, nous le reconnaîtrons, et il se donnera à nous.

La sainte Église ouvre les chants de cette Procession par l’Antienne suivante, qui se trouve mot à mot dans la Liturgie Grecque, en cette même Fête : « Décore ta chambre nuptiale, ô Sion ! et reçois le Christ Roi : accueille avec amour Marie, qui est la porte du ciel ; car elle tient dans ses bras le Roi de gloire, Celui qui est la Lumière nouvelle. La Vierge s’arrête, présentant son Fils engendré avant l’aurore ; Siméon le reçoit dans ses bras, et annonce aux peuples qu’il est le maître de la vie et de la mort, et le Sauveur du monde. »

On ajoute l’Antienne suivante, tirée de l’Évangile, et dans laquelle est racontée la mystérieuse rencontre du vieillard Siméon : « Siméon avait appris de l’Esprit-Saint qu’il ne mourrait pas sans voir le Christ du Seigneur ; et au moment où l’Enfant était introduit dans le Temple, il le prit dans ses bras, et bénissant Dieu, il dit : C’est maintenant, Seigneur, que vous laisserez aller en paix votre serviteur. »

La Procession étant terminée, le Célébrant et les ministres déposent les ornements violets, et en revêtent de blancs pour la Messe solennelle de la Purification de Notre-Dame. Si cependant on était à l’un des trois Dimanches de Septuagésime, de Sexagésime ou de Quinquagésime, la Messe de la fête serait, comme nous l’avons dit, remise au lendemain.

A LA MESSE.

Dans l’Introït, l’Église chante la gloire du Temple visité aujourd’hui par l’Emmanuel. Aujourd’hui, le Seigneur est grand dans la Cité de David, sur la montagne de Sion. Siméon, figure du genre humain, reçoit dans ses bras Celui qui est la miséricorde que Dieu nous envoie.

Dans la Collecte, l’Église demande pour ses enfants la grâce d’être présentés eux-mêmes au Seigneur, comme l’a été l’Emmanuel ; mais, afin qu’ils soient reçus favorablement par sa Majesté toute sainte, elle implore pour eux la pureté du cœur.

ÉPÎTRE.

Tous les Mystères de l’Homme-Dieu ont pour objet la purification de nos cœurs. Il envoie son Ange, son Précurseur, devant sa face, pour préparer la voie ; et Jean nous criait du fond du désert : Abaissez les collines, comblez les vallées. Il vient enfin lui-même, l’Ange, l’Envoyé par excellence, sceller l’alliance avec nous ; il vient à son Temple ; et ce temple est notre cœur. Mais il est semblable à un feu ardent qui fond et épure les métaux. Il veut nous renouveler, en nous rendant purs, afin que nous devenions dignes de lui être offerts, et d’être offerts avec lui, dans un Sacrifice parfait. Nous ne devons donc pas nous contenter d’admirer de si hautes merveilles, mais comprendre qu’elles ne nous sont montrées que pour opérer en nous la destruction de l’homme ancien, et la création de l’homme nouveau. Nous avons dû naître avec Jésus-Christ ; cette nouvelle naissance est déjà à son quarantième jour. Aujourd’hui il nous faut être présentés avec lui par Marie, qui est aussi notre Mère, à la Majesté divine. L’instant du Sacrifice approche ; préparons une dernière fois nos âmes.

Dans le Graduel, l’Église célèbre de nouveau la Miséricorde qui a apparu dans le Temple de Jérusalem, et qui va bientôt se manifester avec plus de plénitude encore dans l’offrande du grand Sacrifice.

Si l’on est déjà dans le temps de la Septuagésime, l’Église chante, en place de l’Alléluia, le Trait composé tout entier des paroles du vieillard Siméon.

ÉVANGILE.

L’esprit divin nous a conduits au Temple comme Siméon ; et nous y contemplons en ce moment la Vierge-mère, présentant à l’autel le Fils de Dieu et le sien. Nous admirons cette fidélité à la Loi dans le Fils et dans la Mère, et nous sentons au fond de nos coeurs le désir d’être présentés à notre tour au grand Dieu qui acceptera notre hommage, comme il a reçu celui de son Fils. Hâtons-nous donc de mettre nos sentiments en rapport avec ceux du Cœur de Jésus, avec ceux qui s’élèvent du Cœur de Marie. Le salut du monde a fait un pas dans cette grande journée ; que l’œuvre de notre sanctification avance donc aussi. Désormais, le mystère du Dieu Enfant ne nous sera plus offert par l’Église comme l’objet spécial de notre religion ; la douce quarantaine de Noël touche à son terme ; il nous faut suivre maintenant l’Emmanuel dans ses luttes contre nos ennemis. Attachons-nous à ses pas ; courons à sa suite comme Siméon, et marchons sans relâche sur les traces de Celui qui est notre Lumière ; aimons cette Lumière, et obtenons par notre fidélité empressée qu’elle luise toujours sur nous.

Pendant l’Offrande, la sainte Église célèbre la grâce que le Seigneur a mise sur les lèvres de Marie, et les faveurs répandues sur celle que l’Ange a appelée Bénie entre toutes les femmes.

En distribuant le Pain de vie, le fruit de Bethléhem qui a été présenté sur l’autel, et a racheté toutes nos iniquités, la sainte Église rappelle encore aux fidèles les sentiments du pieux vieillard. Mais, dans le Mystère d’amour, nous ne recevons pas seulement entre nos bras, comme Siméon, Celui qui est la consolation d’Israël ; c’est notre cœur même qu’il visite, et dans lequel il vient prendre son habitation.

Demandons avec l’Église, dans la Postcommunion, que le remède céleste de notre régénération ne produise pas seulement un secours passager dans nos âmes, mais que, par notre fidélité, ses fruits s’étendent jusqu’à la vie éternelle.

AUX SECONDES VÊPRES.

Les secondes Vêpres de la solennité se composent des Psaumes employés dans l’Office de la Sainte Vierge ; et on les chante sur des Antiennes tirées de l’Évangile. Nous avons déjà exposé ailleurs l’intention de l’Église, en appliquant à Marie les cinq Psaumes qui reparaissent dans toutes ses fêtes. L’Hymne est la même qu’aux premières Vêpres, l’Ave maris Stella, toujours chère à la piété des peuples, et douce au cœur de notre grande Reine. Nous chanterons le Magnificat, en union avec les sentiments dont elle était remplie, quand elle le chanta elle-même, par l’inspiration de l’Esprit-Saint.

Réunissons maintenant la voix des diverses Églises, pour célébrer le mystère d’aujourd’hui. Nous emprunterons d’abord au Bréviaire Mozarabe les cinq Oraisons suivantes, dans lesquelles l’Église Gothique d’Espagne présente à Dieu les sentiments que lui inspire l’exemple du saint vieillard Siméon.

ORATIO.

Dieu tout-puissant, Père et Seigneur, donnez la paix au peuple de vos croyants, afin que nous puissions voir votre Salut dans votre temple : ce Sauveur que le juste Siméon a reçu dans ses bras ; faites que Celui qui a été la Lumière pour éclairer les Gentils, se tasse sentir comme Celui qui remet les péchés à ceux qui croient. Amen.

ORATIO.

Vous êtes, salut, et Seigneur, le salut est à vous ; nous nous réjouissons de nous le voir octroyer ; daignez nous le donner jusqu’à la fin ; répandez, s’il vous plaît, votre bénédiction sur votre peuple, afin que la malédiction de la peine disparaisse, et que la justice fructifie en nous abondamment. Amen.

ORATIO.

Faites retentir en nous, Seigneur, l’heureuse voix du juste Siméon, nous donnant une piété semblable à la sienne, en sorte que nous aussi qui avons vu votre Salut, et qui avons cru en lui, nous allions en paix, quand vous l’ordonnerez ; que nous ne soyons point renvoyés par vous à la fin de notre vie ; mais plutôt que nous possédions, absous par vous de nos dettes, la paix éternelle à jamais. Amen.

ORATIO.

Nous avons vu, Seigneur, votre gloire comme celle du Fils unique du Père, Fils unique en divinité, premier-né en grâces : au ciel Fils unique du Père, sur la terre le principal entre ses frères ; au ciel une même substance avec le Père, sur la terre le premier de ses frères ; au ciel égal en nature et habitant au sein du Père, sur la terre n’abandonnant point ceux auxquels il s’est fait semblable. Rendez donc participants de votre royaume ceux dont vous avez été la propitiation en ce monde ; et soyez, au siècle à venir, le rémunérateur de ceux vers lesquels vous êtes venu d’abord comme rédempteur. Amen.

ORATIO.

O Dieu, qui, pour la purification des mères, avez commandé qu’on vous offrit deux tourterelles ou deux petits de colombes, préparez-nous pour être une hostie vivante, vous qui vous êtes fait notre hostie ; vous qui êtes venu accomplir la Loi, et non la détruire, daignez développer en nous, dans toute sa richesse, la grâce de l’Évangile. Amen.

L’antiquité liturgique a produit peu d’Hymnes sur la Purification de la Sainte Vierge. Nous donnerons la suivante, qui ne manque pas de grandeur, et qui est de saint Paulin, Patriarche d’Aquilée.

HYMNE.
Le quarantième jour de la jeune Mère étant arrivé, selon la Loi du Seigneur, Marie, cette Vierge, présenta au Temple, sur ses bras sacrés, le saint Enfant Jésus, Fils unique de la majesté du Père.
L’heureuse Mère portait sur ses chastes épaules un Dieu couvert du voile de la chair ; ses lèvres avaient imprimé de doux baisers sur le visage de ce Dieu, homme véritable, par l’ordre duquel tout fut créé.
Les parents portèrent deux blanches et tendres colombes, au plumage pur comme le lait ; ils offrirent pour lui au Temple deux tourterelles ; elles furent consumées dans un sacrifice, comme le prescrivait la Loi.
Un Prêtre de Dieu, homme humble et doux, était dans la ville, un vieillard vénérable, l’heureux Siméon ; rempli de l’Esprit-Saint aux influences célestes, il arrive dans la sainte Maison, poussé par un mouvement divin.
Car dès longtemps l’Esprit-Saint lui avait répondu que la puissance de la mort ne viendrait pas le séparer de son corps qu’il n’eût vu, de son vivant, le Christ du Seigneur, envoyé par le Père du haut des cieux.
Il prit donc l’Enfant dans ses bras, il rendit grâces au Père céleste ; pressant sur sa poitrine ce nouveau-né, il bénit le Seigneur ; dans le transport de son amour, au milieu des douceurs dont son cœur était inondé, il s’exprima ainsi à haute voix :
« Laissez maintenant, Seigneur, aller en paix votre serviteur ; car j’ai pu voir de mes yeux le Sauveur que vous envoyez, Celui que votre suprême bonté a préparé à la face de tous les peuples.
« Il est la Lumière qui brille aux yeux des nations, la gloire du peuple d’Israël ; il est placé pour être la pierre sur laquelle plusieurs se heurteront à leur ruine ; pour être le salut de ceux qui sont la fidèle race de Jacob, au jour où les secrets des cœurs se révéleront.
« Mais un glaive, ô sainte Mère, transpercera ton âme. » Et Marie conservait dans son cœur de si hauts mystères, et, fidèle à croire les oracles célestes, elle repassait constamment ces paroles en elle-même.
Gloire au Père de Jésus, dans sa majesté souveraine ; gloire à toi, Fils unique du Père, Dieu, puissance, vertu, plus haut que les cieux ; au saint Paraclet louange infinie, honneur et empire à jamais ! Amen.

Les Séquences pour la Purification sont aussi rares que les Hymnes dans les anciens livres liturgiques. Celle qui suit est de la composition de Notker, et elle est tirée de l’ancien Séquential de l’Abbaye de Saint-Gall.

SÉQUENCE
Ce peuple n’a qu’une voix pour te célébrer, ô Marie ! Tous ces cœurs pieux te vénèrent.
De l’illustre Abraham tu es la fille auguste, issue de la race royale de David.
Très sainte dans ton corps, très chaste dans ta vie, la plus belle de toutes, Vierge des vierges.
Mère et Vierge glorieuse, réjouis-toi : docile à l’oracle de l’Archange Gabriel, toujours intacte tu as enfanté un Fils ;
Un Fils dont le sang très sacré purifie la race perdue tout entière, comme Dieu l’a promis à Abraham.
C’est toi, ô Marie, que figure la Verge d’Aaron desséchée, puis tout à coup ornée d’une belle fleur ; il est la fleur, ce Fils que tu as enfanté contre les lois de la nature.
Tu es la Porte toujours fermée que célèbre la voix d’Ézéchiel : tu n’es accessible qu’à Dieu seul, ô Marie !
Mais, aujourd’hui, voulant nous donner un exemple digne de la mère des vertus, tu t’es présentée pour l’expiation imposée aux mères que leur enfantement avait souillées.
Tu portas au Temple pour être purifié avec toi, le Dieu-Homme dont la naissance a ajouté à ta pureté, ô Mère immaculée !
Réjouis-toi, ô sainte Marie ! toi que Celui qui sonde les reins et les cœurs a trouvée la seule demeure digne de lui.
Tressaille, ô Marie ! car il te sourit enfant, Celui qui seul donne à tous les êtres de se réjouir et d’exister.
Donc, nous qui célébrons la fête du Christ, Enfant pour nous, et de Marie sa tendre Mère,
Si notre faiblesse ne nous permet pas d’atteindre à une si profonde humilité d’un Dieu, que du moins sa Mère soit notre modèle.
Louange au Père de gloire, qui, révélant son Fils aux Gentils et à son peuple, daigne nous associer à Israël.
Louange à son Fils, qui, nous réconciliant au Père par son sang, nous associe aux habitants des cieux.
Louange aussi à l’Esprit-Saint à jamais.
Amen.

L’admirable Prose que nous donnons ci-après est d’Adam de Saint-Victor. Elle était demeurée inédite jusqu’à la publication qu’en a faite M. Léon Gautier, dans sa précieuse édition des œuvres poétiques de notre grand lyrique. Cette Séquence est cependant une des plus belles de son auteur, et l’un des plus gracieux hommages que le moyen âge ait offerts à la Vierge-Mère.

SÉQUENCE.
Ornons le temple intérieur ; dans un cœur nouveau, renouvelons la joie nouvelle du saint vieillard, qui, prenant sur ses bras l’Enfant divin, satisfait enfin les désirs qui le firent soupirer tant d’années.
Il est l’étendard qui ralliera les peuples, cet Enfant dont la présence illumine le Temple, inspire de si beaux cantiques, émeut les cœurs d’un si noble transport ; aujourd’hui c’est un enfant que l’on présente ; plus tard, sur la croix, ce sera un homme offert comme hostie du péché.
Là le Sauveur, ici Marie : saint Enfant, sainte Mère, quels objets d’allégresse mais portons en nous avec amour l’œuvre de lumière que représentent nos cierges allumés.
Le Verbe du Père est la lumière, la chair formée par la Vierge est la cire ; le cierge étincelant est le Christ lui-même ; c’est lui qui éclaire nos cœurs de la vraie sagesse ; par sa grâce, celui qui était le jouet de l’erreur et du vice s’élance dans le chemin de la vertu.
Celui qui par l’amour tient le Christ dans ses bras, porte vraiment le flambeau de cire allumé, et remplit pleinement le rite de la fête ; de même que le vieillard dont le cœur portait déjà le Verbe du Père, serra dans ses bras ce même Verbe fait chair que lui confiait l’auguste Mère.
Mère d’un tel Fils, réjouis-toi ; pure au dedans, chaste au dehors, sans tache ni ride ; femme que son Bien-Aimé a choisie d’avance, que l’amour d’un Dieu a chérie avant les siècles.
A qui contemple ta beauté, toute autre beauté n’est que ténèbres et difformité qui repousse ; à qui goûte ta saveur délicieuse, toute autre saveur n’est qu’amertume et objet de dégoût.
A qui respire tes parfums, toute autre senteur est nulle ou désagréable ; en celui qui cultive ton amour, tout autre amour s’efface, ou n’obtient plus que le second rang.
De la mer brillante Etoile, honneur éternel de toutes les mères, ô Mère véritable de la Vérité, de la Voie, de la Vie, de l’Amour, remède de ce monde languissant, canal de ce vin délicieux qui est la source de vie dont tous doivent éprouver la soif ; dont le breuvage est doux à celui qui est sain comme à celui qui est malade : rends la force et la santé à celui qui défaille.
Fontaine scellée, verse tes ruisseaux de sainteté ; fontaine des jardins spirituels, arrose de tes eaux nos âmes desséchées.
Fontaine abondante, inonde-nous, lave nos cœurs coupables. Fontaine limpide, source toujours pure, daigne purifier des souillures du monde, par ta pureté, le cœur de ton peuple. Amen.

L’Église Grecque vient à son tour nous prêter ses accents mélodieux, dans les strophes suivantes que nous empruntons à ses Menées.

IN HYPAPANTE DOMINI.

Aujourd’hui Siméon reçoit dans ses bras le Seigneur de gloire que Moïse, sous la nuée, contempla jadis sur le Sinaï visible, où il lui donna la Loi. C’est le Seigneur qui parle dans les Prophètes, l’auteur de la Loi, c’est lui qu’annonça David, c’est le Dieu terrible ; et c’est aussi Celui qui possède une grande et très riche miséricorde.

O trésor des siècles, vie universelle ! toi qui autrefois as gravé la Loi sur des tables au Sinaï, tu t’es fait enfant, tu t’es placé sous la Loi pour nous arracher tous à l’antique servitude de cette Loi ; gloire à ta miséricorde, ô Sauveur ! gloire à ton règne ; gloire à ton divin conseil, ô seul ami des hommes !

Marie, Mère de Dieu, pure de tout commerce humain, porte dans ses bras Celui qui est assis sur les Chérubins comme sur un char, et qui est célébré dans les cantiques des Séraphins, Celui qui a pris chair en elle, le législateur qui accomplit le précepte de la Loi ; elle le remet aux mains du prêtre vénérable par son grand âge. Siméon, portant ainsi la Vie, implorait la grâce de ne plus vivre : « Seigneur, disait-il, laisse-moi partir maintenant ; laisse-moi annoncer à Adam que j’ai vu, sous les traits d’un enfant, le Dieu immuable, qui est avant les siècles, le Sauveur du monde. »

Prosterné, et suivant en esprit les pas de la Vierge et Mère de Dieu, le vieillard disait : « C’est un feu que tu portes, ô très pure ! Tu soutiens sur tes bras tremblants le Dieu de la lumière sans couchant, le Seigneur de la paix. »

« Isaïe est purifié par le Séraphin qui touche ses lèvres d’un charbon de feu, disait le vieillard à la Mère de Dieu ; mais toi, en me donnant de tes mains, comme d’un instrument, ce feu, tu m’embrases par Celui que tu portes, et qui est le Seigneur de la lumière éternelle et de la paix. »

Hommes de bonne volonté, courons à la Mère de Dieu pour voir son Fils qu’elle conduit vers Siméon. C’est Celui que les Esprits célestes, dans leur étonnement, contemplent du haut du ciel, disant : « Nous voyons en ce moment des choses merveilleuses qu’on n’eût pu croire, et qu’on ne saurait comprendre. Celui qui autrefois forma Adam est porté comme un enfant ; Celui qui ne connaît pas l’espace est déposé sur les bras d’un vieillard ; Celui qui habite au sein ineffable du Père daigne connaître les limites dans la chair, lui qui n’en connaît pas dans sa divinité : il est l’unique ami des hommes ».

O Emmanuel ! en ce jour où vous faites votre entrée dans le Temple de votre Majesté, porté sur les bras de Marie, votre ineffable Mère, recevez l’hommage de nos adorations et de notre reconnaissance. C’est afin de vous offrir pour nous que vous venez dans le Temple ; c’est comme prélude de notre rachat, que vous daignez payer la rançon du premier-né ; c’est pour abolir bientôt les sacrifices imparfaits, que vous venez offrir un sacrifice légal. Aujourd’hui vous paraissez dans cette ville qui doit être un jour le terme de votre course, et le lieu de votre immolation. Le mystère de notre salut a fait un pas ; car il ne vous a pas suffi de naître pour nous ; votre amour nous réserve pour l’avenir un plus éclatant témoignage.

Consolation d’Israël, vous sur qui les Anges aiment tant à arrêter leurs regards, vous entrez dans le Temple ; et les cœurs qui vous attendaient s’ouvrent et s’élèvent vers vous. Oh ! qui nous donnera une part de l’amour que ressentit le vieillard, lorsqu’il vous tint dans ses bras et vous serra contre son cœur ? Il ne demandait qu’à vous voir, ô divin Enfant, objet de tant de désirs ardents, et il était heureux de mourir. Après vous avoir vu un seul instant, il s’endormait délicieusement dans la paix. Quel sera donc le bonheur de vous posséder éternellement, si des moments si courts ont suffi à combler l’attente d’une vie entière ! Mais, ô Sauveur de nos âmes, si le vieillard est au comble de ses vœux pour vous avoir vu seulement une fois, dans cette offrande que vous daignez faire de vous-même pour nous au Temple ; quels doivent être nos sentiments, à nous qui avons vu la consommation de votre sacrifice ! Le ! jour viendra, ô Emmanuel, où, pour nous servir des expressions de votre dévot serviteur Bernard, vous serez offert non plus dans le Temple et sur les bras de Siméon, mais hors la ville, et sur les bras de la croix. Alors, on n’offrira point pour vous un sang étranger ; mais vous-même offrirez votre propre sang. Aujourd’hui a lieu le sacrifice du matin : alors s’offrira le sacrifice du soir.

Aujourd’hui vous êtes à l’âge de l’enfance ; alors vous aurez la plénitude de l’âge d’homme ; et, nous ayant aimés dès le commencement, vous nous aimerez jusqu’à la fin.

Que vous rendrons-nous, ô divin Enfant, qui portez déjà, dans cette première offrande pour nous, tout l’amour qui consommera la seconde ? Pouvons-nous faire moins que nous offrir à vous pour jamais, dès ce jour ? Vous vous donnez à nous dans votre Sacrement, avec plus de plénitude que vous ne le fîtes à l’égard de Siméon ; nous vous recevons non plus entre nos bras, mais dans notre cœur. Déliez-nous aussi, ô Emmanuel ; rompez nos chaînes ; donnez-nous la Paix que vous apportez aujourd’hui ; ouvrez-nous, comme au vieillard, une vie nouvelle. Pour imiter vos exemples, et nous unir à vous, nous avons, pendant cette quarantaine, travaillé à établir en nous cette humilité et cette simplicité de l’enfance que vous nous recommandez ; soutenez-nous maintenant dans les développements de notre vie spirituelle, afin que nous croissions comme vous en âge et en sagesse, devant Dieu et devant les hommes.

O la plus pure des vierges et la plus heureuse des mères ! Marie, fille des Rois, que vos pas sont gracieux, que vos démarches sont belles [2], au moment où vous montez les degrés du Temple, chargée de notre Emmanuel ! que votre cœur maternel est joyeux, et en même temps qu’il est humble, en ce moment où vous allez offrir à l’Eternel son Fils et le vôtre ! A la vue de ces mères d’Israël qui apportent aussi leurs enfants au Seigneur, vous vous réjouissez en songeant que cette nouvelle génération verra de ses yeux le Sauveur que vous lui apportez. Quelle bénédiction pour ces nouveau-nés d’être offerts avec Jésus ! Quel bonheur pour ces mères d’être purifiées en votre sainte compagnie ! Si le Temple tressaille de voir entrer dans son enceinte le Dieu en l’honneur duquel il est bâti, sa joie est grande aussi de sentir dans ses murs la plus parfaite des créatures, la seule fille d’Ève qui n’ait point connu le péché, la Vierge féconde, la Mère de Dieu.

Mais pendant que vous gardez fidèlement, ô Marie, les secrets de l’Eternel, confondue dans la foule des filles de Juda, le saint vieillard accourt vers vous ; et votre cœur a compris que l’Esprit-Saint lui a tout révélé. Avec quelle émotion vous déposez pour un moment entre ses bras le Dieu qui porte la nature entière, et qui veut bien être la consolation d’Israël ! Avec quelle grâce vous accueillez la pieuse Anne ! Peut-être, dans vos jeunes années, avez-vous reçu ses soins, dans cette demeure sacrée qui vous revoit aujourd’hui, Vierge encore et cependant Mère du Messie. Les paroles des deux vieillards qui exaltent la fidélité du Seigneur à ses promesses, la grandeur de Celui qui est né de vous, la Lumière qui va se répandre par ce divin Soleil sur toutes les nations, font tressaillir délicieusement votre cœur. Le bonheur d’entendre glorifier le Dieu que vous appelez votre Fils, et qui l’est en effet, vous émeut de joie et de reconnaissance ; mais, ô Marie, quelles paroles a prononcées le vieillard, en vous rendant votre Fils ! quel froid subit et terrible vient tout à coup glacer votre cœur ! La lame du glaive l’a traversé tout entier. Cet Enfant que vos yeux contemplaient avec une joie si douce, vous ne le verrez plus qu’à travers des larmes. Il sera en butte à la contradiction, et les blessures qu’il recevra transperceront votre âme. O Marie ! ce sang des victimes qui inonde le Temple cessera un jour de couler ; mais il faut qu’il soit remplacé par le sang de l’Enfant que vous tenez entre vos bras. Nous sommes pécheurs, ô Mère naguère si heureuse, et maintenant si désolée ! Ce sont nos péchés qui ont ainsi tout d’un coup changé votre allégresse en douleur. Pardonnez-nous, ô Mère ! Laissez-nous vous accompagner à la descente des degrés du Temple. Nous savons que vous ne nous maudissez pas ; nous savons que vous nous aimez, car votre Fils nous aime. Oh ! Aimez-nous toujours, Marie ! Intercédez pour nous auprès de l’Emmanuel. Obtenez-nous de conserver les fruits de cette précieuse quarantaine. Les grâces de votre divin Enfant nous ont attirés vers lui ; nous nous sommes permis d’approcher de son berceau ; votre sourire maternel nous y invitait. Faites, ô Marie, que nous ne quittions plus cet Enfant qui bientôt sera un homme ; que nous soyons dociles à ce Docteur de nos âmes, attachés, comme de vrais disciples, à ce Maître si plein d’amour, fidèles à le suivre partout comme vous, jusqu’au pied de cette croix qui vous apparaît aujourd’hui.

Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum

Il faut chercher les origines de cette fête à Jérusalem, où, d’après la Peregrinatio Etheriae, nous la trouvons célébrée dès la fin du IVe siècle, sous le nom de Quadragesima de Epiphania, — Le jour de l’Épiphanie, les Orientaux célèbrent aussi la première apparition du Verbe de Dieu dans la chair humaine.

En 542, un édit de Justinien l’introduisit à Constantinople, d’où ensuite elle se répandit dans tout l’Orient et arriva à Rome. Dans la liste des Évangiles du manuscrit de Würzbourg [3], la fête, die II mensis februarii, n’a aucun titre, et ne figure pas à la place qu’elle devrait régulièrement occuper ; cela indique qu’elle avait été introduite à Rome depuis peu. Mais vers la fin du VIIe siècle, Serge Ier, Grec d’origine, en accrut beaucoup la splendeur, en ordonnant de la faire précéder d’une procession de pénitence à la basilique libérienne, comme les trois autres grandes fêtes de la sainte Vierge [4]. Par là fut mieux fixé le caractère éminemment marial de cette solennité, qui, chez les Orientaux, était plutôt considérée auparavant comme une fête du Seigneur.

L’antique dénomination Hypapantê ou occursus Domini, a laissé cependant dans l’office actuel des traces profondes ; en sorte que l’invitatoire des vigiles nocturnes, les lectures, la collecte, les antiennes et la préface de Noël célèbrent encore la rencontre de l’Enfant Jésus avec Siméon dans le temple, laissant plutôt dans l’ombre la purificatio de la Vierge sa Mère. Ce nom même ne paraît pas non plus dans le Liber Pontificalis, où l’on parle du statut du pape Serge relativement au dies sancti Simeonis ; et pour le trouver pour la première fois dans les documents liturgiques romains, il faut recourir au Sacramentaire Gélasien, où la dénomination de purificatio trahit toutefois une origine gallicane.

La procession stationnale était trop bien entrée dans les usages liturgiques de Rome pour que le silence du Gélasien sur ce point nous autorise à conclure qu’elle n’existait pas quand il fut rédigé. Le pape Serge dut certainement s’appuyer sur des précédents. Le Sacramentaire Grégorien du temps d’Hadrien Ier la mentionne indubitablement ; bien plus, dans un Ordo Romanus du manuscrit de Saint-Amand édité par Mgr Duchesne, nous avons encore une précieuse description du rite selon lequel elle se déroulait vers l’an 800.

A l’aurore du 2 février, des différents titres et diaconies de la Ville, partaient autant de processions paroissiales, qui se dirigeaient vers l’église de Saint-Adrien au Forum romain. Pour dissiper les ténèbres de la nuit dans ces voies encombrées par les ruines des anciens édifices de la Rome impériale, les fidèles portaient des cierges allumés, tandis que le clergé psalmodiait et chantait des antiennes, auxquelles le peuple répondait par l’exclamation habituelle : Kyrie eleison. A peine le Pape était-il arrivé avec ses diacres à la basilique du martyr Adrien, qu’il entrait dans le secretarium, et, en signe de pénitence, il prenait la chasuble noire ; ses assistants faisaient de même. Puis le clergé et les diverses scholae cantorum étaient admis en présence du Pontife, pour recevoir de sa main le cierge. Cette distribution terminée, les chantres entonnaient l’antienne d’introït : Exsurge, Domine, conservée dans notre Missel actuel [5], et le Pape faisait son entrée solennelle dans le temple de Saint-Adrien.

Après l’introït venait le chant du Kyrie, comme dans toutes les autres messes, suivi de la collecte — aujourd’hui conservée seulement par le Sacramentaire Grégorien — et le défilé de la procession commençait. Le souvenir de l’ancienne litania septiformis survivait encore à ce point dans l’usage liturgique de Rome, que le peuple, même au IXe siècle, se divisait en sept groupes, chacun étant précédé de sa croix. Plus tard, c’est-à-dire dans le bas moyen âge, nous savons qu’aux croix s’étaient substituées dix-huit images du Sauveur et de la Vierge, parmi les plus vénérées de la Ville. Le Pape marchait pieds nus, et il était précédé par deux acolytes avec des cierges allumés à la main, tandis qu’il avait à ses côtés le sous-diacre balançant l’encensoir fumant. Deux clercs portaient chacun une croix devant le Pontife, et ils étaient suivis par les scholae des chantres psalmodiant et rangées en bon ordre. La procession, à travers les Forums de Nerva et de Trajan, se dirigeait vers l’Esquilin, laissant à droite le Titre d’Eudoxie, puis descendait la colline près de Sainte-Lucie in Silice ; derrière l’abside du Titre d’Aequitius elle remontait derechef la légère surélévation de la colline, où se dresse le Titre de Praxède, et de là elle se dirigeait en ligne droite vers la basilique Libérienne. Les scholae exécutaient des antiennes et des répons grecs traduits en latin, conservés encore dans le Missel ; le clergé chantait des psaumes et des répons acrostiches, jusqu’à ce que, dans le voisinage de Sainte-Marie-Majeure, l’on entonnât la litanie ternaire, ainsi nommée parce que chaque invocation y était répétée trois fois.

Après la procession venait la messe, à laquelle, selon l’ancien rite stationnal, on ne récitait ni le Kyrie ni le Gloria.

Les anciens documents liturgiques romains ne mentionnent point de bénédiction spéciale des cierges ; — ceux-ci, d’ailleurs, étaient distribués à Rome pour toutes les autres processions nocturnes, et cela ne constituait aucune caractéristique particulière de la fête de l’Hypapante. Il faut descendre jusqu’au Xe siècle pour trouver décrit le rite de cette bénédiction des cierges dans un Sacramentaire de Corbie attribué à l’abbé Ratold (+ 986).

A Rome, la première mention de la bénédiction des cierges se trouve dans YOrdo du chanoine Benoît, qui est de la première moitié du XIIe siècle ; mais même alors cette bénédiction n’était pas exclusivement propre à la fête de la « Chandeleur » ; car dans les trois autres processions mariales on parle également de cierges bénits.

Cencius Camerarius raconte que de son temps le Pape, au matin de ce jour, se rendait avec les cardinaux à Sainte-Martine, et là, ayant chanté l’office de tierce, il distribuait les cierges, du haut d un trône érigé en plein air, sur la Voie Sacrée, devant la porte de la basilique ; ces cierges avaient été bénits auparavant par le plus jeune des prêtres cardinaux. On chantait sexte dans la basilique voisine de Saint-Adrien, où, des différents Titres de Rome, se rassemblaient, avec les images et les croix, le clergé paroissial et le peuple. Quand tous étaient réunis, la procession défilait. Au lieu de ses chaussures habituelles, le Pape employait pour la route des sandales qu’il enlevait toutefois à la porte de Sainte-Marie-Majeure, où il faisait son entrée nu-pieds ; raison pour laquelle, avant de célébrer la messe stationnale, il se retirait dans le sacrarium où ses cubicularii avaient préparé de l’eau chaude pour lui laver les pieds.

BÉNÉDICTION DES CIERGES.

Synaxe à Sainte-Martine.

La basilique de Sainte-Martine sur le Forum n’est autre que l’antique secretarium Senatus. Les oraisons et tout le rite de la bénédiction des cierges qui, dans les Ordines plus récents précèdent l’antique introït Exsurge, en raison même de la place différente qu’ils occupent, trahissent leur tardive introduction dans le rit romain. A la fin du moyen âge, la bénédiction des cierges s’accomplissait encore à Rome dans la basilique de Sainte-Martine.

A l’origine ces formules, et d’autres semblables, pour la bénédiction des cierges, des rameaux, de l’encens, etc., servaient probablement à tour de rôle ; maintenant, au contraire, on les récite toutes, telles qu’elles sont dans le Missel.

Les collectes récitées, les cierges sont aspergés d’eau bénite et encensés ; puis on les distribue au clergé et au peuple. Pendant, ce temps l’on chante le Cantique de Siméon suivant l’ancien usage, c’est-à-dire en faisant alterner l’antienne avec chaque verset.

« Lumière pour illuminer les nations, et gloire de votre peuple d’Israël. » : La mission du Messie, annoncée ici par le vieux Prophète, est double, puisqu’elle regarde tant les Gentils que le peuple d’Abraham. La première se réalise depuis vingt siècles, grâce à la conversion du monde idolâtre à la foi ; la seconde au contraire recevra son entier accomplissement à la fin du monde, quand la grande foule des Gentils étant déjà entrée dans l’Église, Israël lui aussi, pour être sauvé, bénira Celui qui vient au nom du Seigneur.

Collecte à Saint-Adrien.

La basilique de Saint-Adrien n’est autre que l’antique salle du Sénat romain, consacrée au culte chrétien sous Honorius Ier. Elle fut dédiée au célèbre martyr de Nicomédie, Adrien, dont quelques reliques furent apportées de Byzance à Rome et déposées en cette église. Saint Adrien fut, avec son épouse sainte Nathalie, en grande vénération au moyen âge, non seulement chez les Orientaux mais aussi chez les Latins. Le Régeste de Farfa conserve la mention d’un monastère à eux dédiés sur le territoire de Tivoli. Mais sans sortir de la Ville, nous y trouvons, sur l’Esquilin, un monastère dédié aux martyrs Adrien et Laurent, et qu’Hadrien Ier fit restaurer es l’honneur de son patron et protecteur.

La bénédiction des cierges (qui est d’origine étrangère) étant terminée, la partie vraiment romaine de la cérémonie lui succède. Tout est prêt désormais pour la procession ; les cierges sont distribués, les croix stationnales sont toutes arrivées à Saint-Adrien au Forum, où, avec le clergé en sombres paenulae de pénitence, se trouve pressée une multitude de peuple. Tandis que le Pape, pieds nus, sort du Secretarium, c’est-à-dire de Sainte-Martine, et traversant le petit portique élevé entre cette église et celle de Saint-Adrien, fait son entrée dans le temple, la schola chante l’introït, tiré du psaume 43 : « Levez-vous, Seigneur, et aidez-nous ; délivrez-nous par votre nom. y. O Dieu, nous avons entendu de nos oreilles, nos pères nous ont raconté (vos anciens prodiges). J. Gloire. — Levez-vous, etc. »

Si, à cause de la Septuagésime, est déjà passé le temps des saintes joies de Noël, et si la fête ne tombe pas un dimanche, le prêtre ou le diacre invite l’assemblée à se prosterner à terre pour prier en silence.
V/. « Fléchissons les genoux. »
L’assemblée se prosternait et chacun priait pour son compte. Après quelques instants, le diacre — maintenant c’est le sous-diacre — faisait signe de se lever.
V/. « Levez-vous. »
Le Pontife résumait en une brève formule liturgique les vœux de tous, et ainsi unis — d’où précisément le nom de collecte — il les présentait à Dieu.
Le célébrant met dans l’encensoir l’encens bénit ; le diacre donne l’ordre de commencer la procession stationnale.
V/. « Acheminons-nous en paix. »
R/ « Au nom du Christ. Amen. »

Le long du chemin, la schola exécute divers chants, empruntés sous Serge Ier à la liturgie byzantine. Le dernier répons se chante actuellement au retour de la procession dans l’église. A l’origine au contraire, quand on approchait de Sainte-Marie-Majeure, on entonnait la traditionnelle litanie ternaire.

A la messe.

Station à Sainte-Marie-Majeure.

La miséricorde obtenue par l’humanité au milieu du temple, et dont il est question aujourd’hui dans l’introït, c’est Jésus, rencontré dans le temple par Siméon, figure d’Israël et de tous les croyants.

La prophétie de Malachie (III, 1-4), qu’on lit à la messe, trouve enfin aujourd’hui son plein accomplissement. Israël dit depuis de longs siècles qu’il attend le Messie ; et pourtant, quand l’Ange du Nouveau Testament vient pour la première fois dans son temple, il y entre absolument inaperçu, en sorte que seul le vieillard Siméon le salue comme son Sauveur. Mais à dater de ce jour, le temple et le sacerdoce sont purifiés. Jésus lui-même réside dans le sanctuaire comme purificateur de la hiérarchie nouvelle laquelle, à la place du sang des taureaux, offre à Dieu des hosties agréables et acceptées, symbolisées jadis, dans les années anciennes, comme dit Malachie, par les offrandes d’Abel, d’Abraham et de Melchisédech.

Le concept de l’Hypapante grec domine aujourd’hui toute la messe. C’est pourquoi le répons-graduel est tiré lui aussi du même psaume qui a fourni l’antienne d’introït. Dieu a été fidèle à ses promesses, et nous avons trouvé dans le temple saint de Jérusalem ce que les Prophètes, au nom du Seigneur, nous avaient fait espérer.

Le verset alléluiatique joue gracieusement sur le sens que, dans le latin de la décadence, assumaient les deux verbes portabat et regebat. Il est probable que ce verset s’inspire d’un sermon jadis attribué à saint Augustin mais qui, dans sa forme actuelle, n’est autre qu’un centon, assemblé probablement par saint Ambroise Autpert, abbé de Saint-Vincent à Vulturne (+ 19 juillet 778).

Après la septuagésime, au lieu du verset alléluiatique, on récite le cantique de Siméon, mais sans faire alterner l’antienne avec les versets. — La caractéristique du psaume in directum ou trait réside justement en ceci, qu’on l’exécute sans interruption, n’intercalant entre les versets aucune antienne ou rien qui fasse fonction de refrain.

La péricope évangélique de la présentation de Jésus au temple (Luc., II, 22-32) est assignée à l’Octave de Noël dans la liste d’Évangiles du manuscrit de Würzbourg ; cela nous donne à penser que, quand cette liste fut rédigée, la fête du 2 février n’avait pas encore été introduite à Rome. Cela nous est confirmé par le fait que la suite du récit de saint Luc assigné à ce jour se lit encore, par anticipation, dès le dimanche qui suit immédiatement Noël.

Aujourd’hui Jésus s’offre solennellement à Dieu le Père, par les mains de Marie et de Joseph, pour être, au sens le plus absolu et le plus complet, le Christ de Dieu : Christus autem Dei. C’est pourquoi il n’aura qu’une mission à accomplir en ce monde, celle de rendre à Dieu l’hommage de sa parfaite adoration en esprit et en vérité, faisant sa nourriture de l’accomplissement de la volonté de son Père.

Tous les Patriarches et les justes de l’Ancien Testament avaient ardemment souhaité de voir l’aube de ce grand jour. Siméon les représente tous aujourd’hui. Bienheureuse donc cette âme qui se confie au Seigneur et qui attend, avec grande foi et patience, son secours. Siméon attendit toute sa vie, et il ne fut pas trompé dans ses espérances, parce qu’à la fin le Seigneur lui donna plus encore qu’il ne lui avait promis. Il l’avait en effet assuré qu’il lui ferait voir le Messie avant de mourir, et aujourd’hui non seulement il le lui fait voir, mais il le lui donne dans ses bras pour qu’il le presse contre son sein.

Dans l’offertoire, le Psalmiste célèbre la beauté du Messie et la plénitude de la grâce qui réside en lui. L’antienne est tirée du psaume XLIVe qui est éminemment messianique : « La grâce est répandue sur vos lèvres, c’est pourquoi Dieu vous a béni éternellement et pour tous les siècles. »

La prière sur l’oblation a un caractère général. L’oblation eucharistique de ce jour continue à travers les siècles celle, irrévocable et définitive, que Jésus fit de soi-même dans le temple, quand, entre les bras de Marie et de Joseph, il y entra pour la première fois, pour commencer la liturgie de notre rédemption.

La préface est celle du jour de Noël, ce qui montre à nouveau le caractère primitif de cette fête, maintenant comptée communément parmi les solennités mariales.

Le verset pour la communion est tiré de la lecture évangélique de ce jour (Luc., II, 26).

Toute la messe, comme nous l’avons observé jusqu’ici, a un caractère christologique bien net ; seule la collecte après la communion tend à s’orienter vers Marie, ce qui, par la suite, prévalut, grâce surtout au pape Serge Ier : « Nous vous prions, ô Seigneur notre Dieu, afin que par l’intercession de la bienheureuse Marie toujours Vierge, les mystères sacrosaints que vous venez de nous donner pour rendre plus sûre notre rédemption, soient un remède pour la vie présente et un gage de la vie future. Par notre Seigneur, etc. »

Les anciens sacramentaires romains, après la collecte de la communion, en assignent ordinairement une autre super populum, qui, dans le Missel actuel, n’est demeurée qu’aux fériés du Carême. C’était comme une bénédiction solennelle, que donnait le célébrant avant de congédier le peuple et qui remplaçait l’actuel Benedicat vos omnipotens Deus, etc., réservé à l’origine au Pape quand il passait entre deux rangées serrées de fidèles, pour sortir de l’église. La bénédiction prescrite pour ce jour par le Sacramentaire Grégorien est là suivante :

Le diacre, V/. Humiliez vos têtes devant Dieu.Diac. V/. Humiliate oapita vestra Deo.
Et le prêtre, les bras étendus, et soutenus en certains lieux par deux diacres, tourné vers le peuple, récitait cette prière :
Super populum.
Perfice in nobis, quaesumus, Domine, gratiam tuam, qui iusti Simeonis expectationem implesti ; ut sicut ille mortem non vidit priusquam Christum Dominum videre mereretur, ita et nos vitam obtineamus aeternam.Achevez en nous, nous vous le demandons. Seigneur, l’effet de votre grâce, vous qui avez comblé l’attente du juste Siméon ; et de même que celui-ci n’a pas vu la mort avant d’avoir mérité de voir le Christ Seigneur, accordez-nous aussi la vie éternelle.

Il nous est agréable de rapporter ici la gracieuse épigraphe par laquelle Sixte III dédia ses mosaïques dans la basilique esquiline où se célèbre aujourd’hui la station :

VIRGO • MARIA • TIBI • XYSTVS • NOVA • TECTA • DICAVI
DIGNA • SALVTIFERO • MVNERA • VENTRE • TVO
TE • GENITRIX • IGNARA • VIRI • TE • DENIQVE • FOETA
VISCERIBVS - SALVIS • EDITA • NOSTRA • SALVS
ECCE • TVI • TESTES • VTERI • SIBI • PRAEMIA • PORTANT
SVB • PEDIBVS • IACET • PASSIO • CVIQVE • SVA
FERRVM • FLAMMA • FERAE • FLVVIVS • SAEVVMQVE • VENENVM
TOT•TAMEN• HAS • MORTES • VNA•CORONA• MANET

Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique

L’Épouse prépare sa chambre nuptiale.

La Chandeleur est la dernière fête du cycle de Noël. Les pensées de la fête sont une transition entre Noël et Pâques. Nous voyons encore le divin Enfant dans les bras de sa Mère, mais elle l’offre déjà en sacrifice.

1. La fête. — L’Église chante : « Aujourd’hui la bienheureuse Vierge Marie présenta l’Enfant Jésus au temple et Siméon rempli de l’Esprit-Saint le prit dans ses bras et bénit Dieu pour l’éternité. » La fête est célébrée exactement quarante jours après Noël. L’Église romaine célèbre de préférence ses fêtes d’après la chronologie de l’Écriture (par exemple : la Circoncision, l’Annonciation, l’Ascension, la Pentecôte, la naissance de saint Jean-Baptiste).

La fête d’aujourd’hui est, en premier lieu, une fête de Notre Seigneur et, en second lieu, une fête de la Sainte Vierge. Pour bien comprendre cette fête, il faut la situer dans la série des grandes fêtes du cycle de Noël : Noël, l’Épiphanie et la Chandeleur sont les points dominants du cycle d’hiver. Nous pouvons même remarquer une belle progression, tant dans le symbole de la lumière que dans la participation de l’humanité à la manifestation de Dieu. A Noël, la lumière « brille dans les ténèbres » et bien peu nombreux sont ceux qui « la reçoivent » (la Mère de Dieu, les bergers à la Crèche). A l’Épiphanie, la « lumière » rayonne sur Jérusalem (l’Église), « la gloire du Seigneur s’est levée sur Jérusalem » et le monde païen « afflue » des ténèbres vers la ville de lumière. Aujourd’hui, à la Chandeleur, la lumière est dans nos mains, nous la portons en procession et à la messe ; la lumière fait aujourd’hui partie essentielle de la liturgie. Mais, aujourd’hui aussi, l’Église s’avance comme une Épouse au-devant du Seigneur et « reçoit avec amour la miséricorde (faite Homme) dans ses bras » (Intr.). C’est précisément cette progression qui donne toute sa beauté à cette fête. A Noël, l’Église est encore à l’arrière-plan, le divin Roi qui vient de naître domine toute la liturgie ; à l’Épiphanie, l’Église apparaît déjà comme l’Épouse « ornée du vêtement du salut comme une Épouse, parée de joyaux ». La liturgie célèbre ses noces. Aujourd’hui, la fête marque donc un progrès important : l’Épouse orne sa chambre nuptiale et va au-devant de l’Époux, c’est pourquoi nous chantons le cantique nuptial :
« Pare ta chambre nuptiale, Sion,
Reçois le Christ, le Roi,
Entoure Marie, la Porte du ciel,
Car elle porte le Roi de gloire, la nouvelle lumière.
Là se tient debout la Vierge, elle porte dans ses mains son Fils
Engendré avant l’étoile du matin,
Siméon le reçoit dans ses mains et annonce aux peuples
Qu’il est le Maître de la vie et de la mort, le Sauveur du monde.

C’est justement dans cette participation de l’humanité que se trouve le sens principal de la fête. C’est pourquoi les Grecs l’appellent d’une manière très significative, « la Rencontre ». L’humanité rencontre le Seigneur dans le temple (dans l’Église). L’Invitatoire de Matines (qui d’ordinaire exprime d’une manière très concise le sens de la fête) nous dit : « Voici que vient dans son saint temple le Souverain Seigneur ; Sion, va au-devant de ton Dieu, pleine de joie et d’allégresse. » De même, pendant la messe, nous nous tenons les bras tendus prêts à recevoir l’Époux, c’est pourquoi nous chantons trois fois le psaume 47 avec le verset : « Nous avons reçu ta miséricorde au milieu de ton temple... » Ainsi donc le thème de la rencontre domine la fête. Le médiateur de cette rencontre est le vieillard Siméon, c’est pourquoi la liturgie aime à s’arrêter aujourd’hui devant cette figure vénérable.

Un second thème important de cette fête, c’est la lumière. Nous connaissons déjà le haut symbolisme de la lumière. Elle signifie le Christ et la vie divine du Christ en nous. Les paroles du vieillard Siméon : « la lumière qui éclaire les nations » donnent à l’Église l’occasion de célébrer une véritable fête de lumière. (Notre fête fut instituée pour remplacer les Lupercales païennes, fêtes dévergondées qui consistaient dans des processions nocturnes aux flambeaux, c’est pour cette raison que le célébrant et ses ministres portent, à la bénédiction des cierges et à la procession, des ornements violets). L’Église bénit aujourd’hui des cierges pour son usage liturgique, mais elle met aussi des cierges dans les mains des fidèles. Ils doivent faire brûler ces cierges chez eux, dans leurs cérémonies domestiques, au moment de l’orage et du péril, et, spécialement, au moment du Saint-Viatique et de l’Extrême-Onction. L’Église veut nous faire souvenir en même temps de notre cierge de Baptême, signe de notre titre d’enfants de Dieu et du ministère sacerdotal constant des fidèles. Tous les ans, nous recevons de nouveau le cierge du Baptême, afin que nous puissions aller en hâte « avec une lampe allumée » au-devant de l’Époux quand il viendra pour les noces.

Qu’il est beau ce symbolisme de la lumière ! Nous recevons les cierges des mains de l’Église. (Il faudrait que les prêtres de paroisse, conformément aux prescriptions liturgiques, remettent vraiment les cierges aux fidèles). Quel est le sens de ce rite ? L’Église nous donne sans cesse le Christ et la vie divine. Nous portons aujourd’hui, en procession, la lumière allumée, c’est le symbole de la vie chrétienne ; ainsi devons-nous porter le Christ en nous. Avec la lumière dans nos mains, nous rentrons, après la procession, dans l’église ; c’est la maison de Dieu, symbole du ciel. Ainsi marchons-nous avec le Christ à travers la vie en nous dirigeant vers le ciel. Il est particulièrement beau et significatif de voir les fidèles, pendant le chant de l’Évangile et pendant le Canon jusqu’à la Communion, tenir leurs cierges allumés à la main. Quel est le sens de cette cérémonie ? A l’Évangile et au Canon, le Christ est présent parmi nous. C’est pourquoi, à la grand’messe, on porte à ces deux moments les cierges et l’encens. Mais aujourd’hui, l’Église nous dit : il faudrait qu’à chaque messe, vous portiez des cierges à la main ; d’ordinaire, les acolytes vous remplacent, mais aujourd’hui vous remplirez ce ministère du sacerdoce général. Ainsi la messe d’aujourd’hui est une véritable messe de « Chandeleur » presque la seule de l’année. (Aux messes des morts, les fidèles portent souvent aussi des cierges à la main, mais c’est pour une autre raison).

2. La messe.

a) La bénédiction des cierges et la procession. La couleur violette et l’Exurge, comme aux Rogations, nous étonnent un peu. Une fête de lumière et un cortège nuptial avec cette ombre de tristesse ! Si cette procession fut jadis une protestation contre les débordements païens, elle est aujourd’hui un acte expiatoire pour ceux aux yeux de qui n’a pas brillé « la lumière pour la révélation des nations ». Hélas ! Cette révélation est loin d’être complète. Suivons attentivement, pendant la procession, le magnifique chant nuptial.

b) La messe elle-même (Suscepimus). Nous nous tenons comme Siméon et nous avons, en esprit, les bras tendus pour recevoir le Fils de Dieu, c’est l’attitude qui convient pendant l’avant-messe (Intr. Grad.). Considérons que, dans chaque messe, il y a une double « Rencontre » : dans l’avant-messe, la parole humaine se rencontre avec la parole divine et, dans le sacrifice, le Pain terrestre se rencontre avec le Pain divin. Dans la Leçon, le dernier Prophète, Malachie, prédit que le Messie paraîtra dans le temple. A l’Évangile, nous assistons à la réalisation de cette prophétie. D’une manière plus haute, cette prophétie se réalise au Saint-Sacrifice : le « Souverain, le Messager de l’Alliance » paraît sur l’autel. Il vient, aujourd’hui encore, comme le « Roi de la nouvelle lumière », si brillant qu’aucun regard humain ne peut soutenir son éclat, si ardent qu’il purifie notre or (Leçon). A l’Offrande, nous nous approchons de l’autel avec Marie qui offre des tourterelles, mais aussi le Fils de Dieu (cf. le dernier chant de la procession, au moment de l’entrée dans l’église). A la Communion, nous sommes semblables au vieillard Siméon qui put contempler l’Oint du Seigneur, « la lumière » (c’est pourquoi nous portons un cierge allumé à la main). La maison de Dieu est aujourd’hui le temple de Jérusalem (c’est pourquoi, dans la messe, il est si souvent question du temple) où le Christ paraît au Saint-Sacrifice.

3. Pensées de fête. — Recueillons encore quelques pensées de la fête.

a) Aujourd’hui se réalisent les prophéties de quelques Prophètes qui avaient annoncé que le temple de Jérusalem serait illustré par le fait que le Messie y paraîtrait et s’y manifesterait comme tel. Jésus entre aujourd’hui, pour la première fois, dans la maison de son Père, comme il l’appelait, dans le temple, il s’y manifestera encore souvent comme Messie et Fils de Dieu. Cette pensée domine en grande partie la messe de la fête, elle apparaît dans l’Introït, le Graduel et la Leçon. Le temple est le type de l’Église.

b) Aujourd’hui le Christ est offert dans le temple en sacrifice à Dieu le Père. D’après la Loi, tout premier-né était consacré à Dieu, il devait être présenté au temple et racheté. Mais, pour Notre Seigneur, la Présentation avait un sens plus profond : Dieu ne Il libère pas son Fils, la Présentation par les mains de Il Marie est, pour ainsi dire, l’Offertoire de sa vie. Si nous comparons la vie rédemptrice de Jésus avec le Sacrifice de la messe, sa Présentation dans le temple est l’Offertoire, et sa mort sur la Croix la Consécration et l’Élévation sanglante. Aujourd’hui, le divin Agneau est en quelque sorte placé sur la patène et présenté à son Père ; dans trente-trois ans, il achèvera son Sacrifice sur la Croix. Oui, c’était l’Offertoire de toute la Rédemption et la volonté de sacrifice de tous les fidèles y était unie.

c) Aujourd’hui, la sainte Vierge offre un sacrifice de Purification. D’après la loi, toute mère devait, après la naissance d’un enfant, se purifier des souillures lévitiques, car, à tout enfant, s’appliquait la parole du psaume (psaume 50) : « dans l’injustice j’ai été conçu, et dans les péchés m’a conçu ma mère. » — A la vérité, Marie n’était pas tenue à cette prescription, car elle était la plus pure des vierges, et son enfant, l’Agneau immaculé de Dieu. Néanmoins, avec humilité et en esprit d’immolation, elle offre le sacrifice des pauvres : un couple de tourterelles.

En imitation et en souvenir de la Purification de Marie, il y a, dans l’Église, un bel usage, malheureusement trop délaissé : dès qu’une mère, après la naissance d’un enfant, peut quitter la maison, sa première visite est pour l’église. Là, elle remercie Dieu de son heureuse délivrance, elle offre son cher enfant au Seigneur et le prêtre la bénit, elle et son enfant. C’est la cérémonie liturgique des relevailles. Cette cérémonie ne consiste pas, comme dans l’Ancien Testament, en une purification de la mère, chez les chrétiens, il n’est pas besoin de purification après la naissance, — mais, dans cette cérémonie, la jeune mère imite l’acte d’humilité de Marie : elle se tient auprès de la porte de l’église et est conduite par le prêtre à l’autel.

d) D’une beauté émouvante est la figure du vieillard Siméon. Dans un ardent désir, il a, toute sa vie, attendu le Sauveur. Avec sa foi enfantine, dans le pauvre fils d’ouvriers, il adore le Fils de Dieu ; avec son amour ardent, il sent son cœur rajeuni, quand, dans ses bras de vieillard, il tient l’Enfant Jésus. Désormais il ne demande plus rien à la terre, il a vu le Sauveur et, plein de reconnaissance, il chante la prière du soir de sa vie : « Maintenant, tu laisses partir ton serviteur, Seigneur... »

De ce beau chant, l’Église a fait la prière du soir et la prière de remerciement pour les bénédictions et les grâces du jour de, Rédemption. A Complies, nous trouvons ce chant à la fin. Nous voyons devant nous le vieillard Siméon, il tient dans ses bras l’Enfant Jésus et, le cœur rempli de reconnaissance, il achève le service de Dieu. Quand nous prions, nous sommes dans une situation semblable. Nous sommes tous, nous aussi, au service de Dieu. Maintenant, aux heures de la soirée, nous tenons en esprit le Sauveur dans nos bras, le Sauveur que nous possédons par la foi, par la grâce, par les sacrements ; nous remercions, du fond du cœur, Dieu de tous ses bienfaits et nous sommes prêts, si telle est sa volonté, à quitter la terre : Maintenant, laisse partir ton serviteur, les yeux de ma foi ont vu aujourd’hui et dans ma vie passée le Sauveur Jésus-Christ, j’appartiens moi aussi à la troupe des élus, il est mon salut, ma lumière qui a éclairé les ténèbres de mon intelligence et de mon cœur, il est ma gloire, ma récompense éternelle. Ah si nous pouvions toujours terminer nos journées sur de telles pensées ! Il n’est pas de pensées plus ferventes pour une prière du soir. — Et quelle beauté n’a pas cette prière dans la bouche d’un chrétien mourant, comme prière du soir de sa vie !

[1] Missel dit de Dom Lefebvre, 1934

[2] Cant. VII, 1.

[3] DIE II MENS. FEB. lec. sci. eu. sec. Luc. K. III Postquam conpleti sunt dies purifcationis eius usq. et gloriam plebis tuae Israhel.
« Remarquer le caractère lacuneux de ce titre : nous avons ici, évidemment, une fête d’institution récente, qu’on aura insérée après coup, dans le proto type de notre Capitulare, au premier espace libre entre la première partie de l’année liturgique et le dimanche de la Septuagésime. Il reste encore une trace de cette division dans notre codex : quelques caractères, probablement en rouge, mais à présent illisibles, qui doivent correspondre au titre de la section suivante : Incip. lectiones euang. a LXXma usq. in Pascha.. Et la première lettre de Die (Domenico) indique aussi, par sa grandeur insolite, le commencement d’une nouvelle série. » Dom Morin, Liturgie et basiliques de Rome au milieu du VIIe siècle d’après les listes d’évangiles de Würzburg, Revue Bénédictine, XXVIII, 1911, p. 301-302, n. 4.

[4] c.-à-d. Nativité, Annonciation, Dormition-Assomption.

[5] Avant 1960.