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05/02 Ste Agathe, vierge et martyre

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Sommaire

  Textes de la Messe  
  Office  
  Dom Guéranger, l’Année Liturgique  
  Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum  
  Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique  

Martyre en Sicile, son culte connu vite un grand essort. Le pape Symmaque (498-514) lui édifia une basilique à Rome.

Son nom figure au Canon de la Messe.

Textes de la Messe

(En Carême, on fait seulement mémoire de la Sainte avec les trois oraisons de la Messe suivante)
die 5 februarii
le 5 février
SANCTÆ AGATHÆ
SAINTE AGATHE
Virginis et Martyris
Vierge et Martyre
III classis (ante CR 1960 : duplex)
IIIème classe (avant 1960 : double)
Ant. ad Introitum.Introït
Gaudeámus omnes in Dómino, diem festum celebrántes sub honóre beátæ Agathæ, de cuius solemnitáte gaudent Angeli et colláudant Fílium Dei.Réjouissons-nous ensemble dans le Seigneur, car la fête que nous célébrons aujourd’hui est celle de la bienheureuse Agathe. Cette solennité réjouit les Anges et tous en chœur louent le Fils de Dieu.
Ps. 44, 2.
Eructávit cor meum verbum bonum ; dico ego opéra mea Regi.De mon cœur a jailli une parole excellente, c’est que je consacre mes œuvres à mon Roi.
V/. Glória Patri.
Oratio.Collecte
Deus, qui inter cétera poténtiæ tuæ mirácula étiam in sexu frágili victóriam martýrii contulísti : concéde propítius ; ut, qui beátæ Agathæ Vírginis et Mártyris tuæ natalítia cólimus, per eius ad te exémpla gradiámur. Per Dóminum.O Dieu, qui, entre autres merveilles de votre puissance, avez fait remporter la victoire du martyre même par le sexe le plus faible ; faites, dans votre bonté, qu’honorant la naissance au ciel de la Bienheureuse Agathe, votre Vierge et Martyre, nous tendions vers vous par l’imitation de ses exemples.
Léctio Epístolæ beáti Pauli Apóstoli ad Corinthios.Lecture de l’Épître de saint Paul Apôtre aux Corinthiens.
1. Cor. 1, 26-31.
Fratres : Vidéte vocatiónem vestram : quia non multi sapiéntes secúndum carnem, non multi poténtes, non multi nóbiles : sed quæ stulta sunt mundi elégit Deus, ut confúndat sapiéntes : et infírma mundi elégit Deus, ut confúndat fórtia : et ignobília mundi et contemptibília elégit Deus, et ea quæ non sunt, ut ea quæ sunt destrúeret : ut non gloriétur omnis caro in conspéctu eius. Ex ipso autem vos estis in Christo Iesu, qui factus est nobis sapiéntia a Deo, et iustítia, et sanctificátio, et redémptio : ut, quemádmodum scriptum est : Qui gloriátur, in Dómino gloriétur.Mes Frères : Voyez quels sont parmi vous ceux qui ont été appelés : il n’y a ni beaucoup de sages selon la chair, ni beaucoup de puissants, ni beaucoup de nobles. Mais Dieu a choisi les choses folles du monde, pour confondre les sages ; et Dieu a choisi les choses faibles du monde, pour confondre les forts et Dieu a choisi les choses viles du monde et les choses méprisables, et celles qui ne sont rien, pour détruire celles qui sont, afin que nulle chair ne se glorifie devant Lui. C’est par Lui que vous êtes dans le Christ Jésus, qui est devenu pour nous, de la part de Dieu, sagesse, justice, sanctification et rédemption ; afin que, selon qu’il est écrit, Celui qui se glorifie se glorifie dans le Seigneur.
Graduale. Ps. 45, 6 et 5.Graduel
Adiuvábit eam Deus vultu suo : Deus in médio eius, non commovébitur.Dieu la protégera de son regard. Dieu est au milieu d’elle, elle ne sera pas ébranlée.
V/. Flúminis ímpetus lætíficat civitátem Dei : sanctificávit tabernáculum suum Altíssimus.V/. Un fleuve réjouit la cité de Dieu par ses flots abondants ; le Très-Haut a sanctifié son tabernacle.
Allelúia, allelúia. V/. Ps. 118, 46. Loquébar de testimóniis tuis in conspéctu regum, et non confundébar. Allelúia.Allelúia, allelúia. V/. Je parlais de vos préceptes devant les rois, et je n’en avais pas de confusion. Alléluia.
Post Septuagesimam, ommissis Allelúia et versu sequenti, diciturAprès la Septuagésime, on omet l’Alléluia et son verset et on dit
Tractus. Ps. 125, 5-6.Trait
Qui séminant in lácrimis, in gáudio metent.Ceux qui sèment dans les larmes moissonneront dans l’allégresse.
V/. Eúntes ibant et flébant, mitténtes sémina sua.V/. Ils allaient et venaient en pleurant, tandis qu’ils jetaient leurs semences.
V/. Veniéntes autem vénient cum exsultatióne, portántes manípulos suos.V/. Mais ils reviendront avec allégresse chargés de leurs gerbes.
+ Sequéntia sancti Evangélii secúndum Matthǽum.Lecture du Saint Evangile selon saint Mathieu.
Matth. 19, 3-12.
In illo témpore : Accessérunt ad Iesum pharisǽi, tentántes eum et dicéntes : Si licet hómini dimíttere uxórem suam quacúmque ex causa ? Qui respóndens, ait eis : Non legístis, quia, qui fecit hóminem ab inítio, másculum et féminam fecit eos ? et dixit : Propter hoc dimíttet homo patrem, et matrem, et adhærébit uxóri suæ, et erunt duo in carne una. Itaque iam non sunt duo, sed una caro. Quod ergo Deus coniúnxit, homo non séparet. Dicunt illi : Quid ergo Móyses mandávit dare libéllum repúdii, et dimíttere ? Ait illis : Quóniam Móyses ad durítiam cordis vestri permísit vobis dimíttere uxóres vestras : ab inítio autem non fuit sic. Dico autem vobis, quia, quicúmque dimíserit uxórem suam, nisi ob fornicatiónem, et áliam dúxerit, moechátur : et qui dimíssam dúxerit, moechátur. Dicunt ei discípuli eius : Si ita est causa hóminis cum uxóre, non expédit núbere. Qui dixit illis : Non omnes cápiunt verbum istud, sed quibus datum est. Sunt enim eunúchi, qui de matris útero sic nati sunt ; et sunt eunúchi, qui facti sunt ab homínibus ; et sunt eunúchi, qui seípsos castravérunt propter regnum cælórum. Qui potest cápere, cápiat.En ce temps-là, les pharisiens s’approchèrent de Jésus pour le tenter ; et ils lui dirent : Est-il permis à un homme de répudier sa femme pour quelque cause que ce soit ? Il leur répondit : N’avez-vous pas lu que Celui qui créa l’homme dès le commencement, créa un homme et une femme, et qu’il dit : A cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, et il s’attachera à sa femme, et ils seront deux dans une seule chair ? Ainsi, ils ne sont plus deux, mais une seule chair. Que l’homme ne sépare donc pas ce que Dieu a uni. Ils lui dirent : Pourquoi donc Moïse a-t-il prescrit de donner à la femme un acte de divorce et de la renvoyer ? Il leur dit : C’est à cause de la dureté de votre cœur que Moïse vous a permis de renvoyer vos femmes ; mais, au commencement, il n’en était pas ainsi. Or je vous dis que quiconque renvoie sa femme, si ce n’est pour infidélité, et en épouse une autre, commet un adultère, et que celui qui épouse une femme renvoyée commet un adultère. Ses disciples lui dirent : Si telle est la condition de l’homme à l’égard de la femme, il n’est pas avantageux de se marier. II leur dit : Tous ne comprennent pas cette parole, mais seulement ceux à qui cela a été donné. Car il y a des eunuques qui sont nés tels dès le sein de leur mère, et il y a des eunuques qui ont été faits tels par les hommes, et il y a des eunuques qui se sont eux-mêmes rendus tels à cause du royaume des cieux. Que celui qui peut comprendre, comprenne.
Ant. ad Offertorium. Ps. 44, 15 et 16.Offertoire
Afferéntur Regi Vírgines post eam : próximæ eius afferéntur tibi in lætítia et exsultatióne : adducántur in templum Regi Dómino.>Des vierges seront amenées au roi après vous ; vos compagnes seront présentées au milieu de la joie et de l’allégresse. On les conduira au temple du roi.
SecretaSecrète
Súscipe, Dómine, múnera, quæ in beátæ Agathæ Vírginis et Mártyris tuæ sollemnitáte deférimus : cuius nos confídimus patrocínio liberári. Per Dóminum.Recevez, Seigneur, les dons que nous vous présentons en la fête de la Bienheureuse Agathe, votre Vierge et Martyre ; en la protection de qui nous avons confiance pour être délivrés.
Ant. ad Communionem.Communion
Qui me dignátus est ab omni plaga curáre et mamíllam meam meo péctori restitúere, ipsum ínvoco Deum vivum.Celui qui a daigné me guérir de toute blessure et rendre à ma poitrine mon sein arraché, je l’invoque comme le Dieu vivant.
PostcommunioPostcommunion
Auxiliéntur nobis, Dómine, sumpta mystéria : et, intercedénte beáta Agatha Vírgine et Mártyre tua, sempitérna fáciant protectióne gaudére. Per Dóminum.Qu’ils nous soient un secours efficace, ô Seigneur, les mystères auxquels nous avons participé et que la bienheureuse Agathe, votre Vierge et Martyre, intercédant pour nous, ils nous fassent jouir d’une protection constante.

Office

AUX PREMIÈRES VÊPRES. avant 1960

Ant.au Magnificat La bienheureuse Agathe, debout * au milieu de la prison, les mains étendues, priait le Seigneur, et disait : Seigneur Jésus-Christ, mon bon Maître, je vous rends grâces de m’avoir fait surmonter les tourments des bourreaux ; ordonnez, Seigneur, que je parvienne heureusement à votre gloire impérissable.

A MATINES. avant 1960

Au premier nocturne.

Ant. 1 Je suis de condition libre * et de race illustre, comme toute ma parenté le prouve.
Ant. 2 La plus haute noblesse * est celle où l’on se reconnaît serviteur du Christ.
Ant. 3 Je suis servante du Christ, * c’est pourquoi je veux bien paraître d’une condition servile.

V/. Dans votre dignité et votre beauté.
R/. Tendez à (votre but) avancez avec succès et régnez.

Du livre de l’Ecclésiastique. Cap. 51, 1-17.
Leçons du Commun des Vierges II, répons propres à la fête.

Première leçon. Je vous glorifierai, Seigneur Roi, et je vous louerai, vous qui êtes Dieu, mon Sauveur. Je glorifierai votre nom, parce que vous m’êtes devenu un aide et un protecteur. Et vous avez délivré mon corps de la perdition, du piège de la langue inique et des lèvres de ceux qui commettent le mensonge, et en présence de ceux qui se tenaient debout (près de moi), vous m’êtes devenu un aide. Et vous m’avez délivré, selon la multitude des miséricordes de votre nom, des lions rugissants prêts à me dévorer ; des mains de ceux qui recherchaient mon âme et des portes des tribulations qui m’ont environné ; de la violence de la flamme qui m’a environné, et au milieu du feu, je n’en ai pas senti la chaleur ; de la profondeur des entrailles de l’enfer, et de la langue souillée et de la parole du mensonge ; d’un roi inique et de la langue injuste.
R/. Pendant qu’on lui déchirait cruellement les mamelles, la bienheureuse Agathe dit au juge : * Impie, cruel et barbare tyran, n’as-tu point honte de mutiler dans une femme ce que tu as sucé dans ta mère ? V/. Je conserve intactes au fond de mon âme des mamelles que j’ai consacrées dès mon enfance au Seigneur. * Impie.

Deuxième leçon. Jusqu’à la mort mon âme louera le Seigneur ; car ma vie s’approchait de l’enfer, en bas. Ils m’ont environné de tous côtés, et il n’y avait personne qui me secourût. Je tournais mes regards vers le secours des hommes, et il n’en était point. Je me suis souvenu, Seigneur, de votre miséricorde et de votre œuvre, qui sont dès le commencement du monde ;• parce que vous délivrez, Seigneur, ceux qui vous attendent avec patience et vous les sauvez des mains des nations.
R/. Agathe se dirigeait vers la prison avec beaucoup de joie, et se glorifiait d’y aller. * Comme si elle eût été invitée à un festin, et, par ses prières, elle recommandait son combat au Seigneur. V/. Étant d’une très noble naissance, elle se voyait avec joie traînée en prison par un homme méprisable. * Comme.

Troisième leçon. Vous avez élevé sur la terre mon habitation ; et à cause de la mort qui découlait (sur moi), j’ai fait des supplications. J’ai invoqué le Seigneur, père de mon Seigneur, afin .qu’il ne me laisse point sans secours au jour de ma tribulation et au temps des superbes. Je louerai votre nom sans cesse et je le glorifierai dans mes louanges, car ma prière a été exaucée. Et vous m’avez délivré de la perdition, et vous m’avez arraché au temps de l’iniquité. C’est pourquoi je vous glorifierai, et je vous dirai une louange et je bénirai le nom du Seigneur.
R/. Qui es-tu, toi qui es venu vers moi pour guérir mes blessures ? Je suis l’Apôtre du Christ ; n’aie aucune crainte à mon égard, ma fille : lui-même m’a envoyé vers toi, * Lui que tu aimes en ton âme et avec un cœur pur. V/. Car, moi je suis son Apôtre, et sache que tu vas être guérie en son nom. * Lui. Gloire au Père. * Lui.

Au deuxième nocturne.

Ant. 1 Sainte Agathe * dit : Si vous m’exposez aux bêtes, elles s’adouciront en entendant prononcer le nom du Christ.
Ant. 2 Si tu emploies le feu, * les Anges répandront sur moi du ciel une rosée salutaire.
Ant. 3 Agathe * se dirigeait vers la prison avec beaucoup de joie, se glorifiant d’y aller, comme si elle eût été invitée à un festin, et, par ses prières, elle recommandait son combat au Seigneur.

V/. Dieu la protégera de sa face.
R/. Dieu est au milieu d’elle, elle ne sera pas ébranlée.

Quatrième leçon. La vierge Agathe naquit en Sicile, de parents nobles ; Palerme et Catane se disputent l’honneur d’avoir été le lieu de sa naissance. C’est à Catane qu’elle obtint la couronne d’un glorieux martyre pendant la persécution de l’empereur Dèce. Comme elle était également renommée pour sa beauté et sa chasteté, Quintianus, gouverneur de Sicile, s’éprit d’amour pour elle. Après avoir cherché par tous les moyens à la faire consentir à ce qu’il désirait, ne pouvant y parvenir, il la fit arrêter comme étant engagée dans la superstition chrétienne, et il la livra pour la corrompre, à une femme nommée Aphrodise. Les relations d’Agathe avec cette femme n’ayant pu ébranler sa fermeté dans sa foi, ni sa résolution de garder la virginité, Aphrodise annonça à Quintianus que tous ses efforts étaient inutiles. Alors le gouverneur ordonne qu’on lui amène la vierge : « N’as-tu pas honte, lui dit-il, étant d’une naissance illustre, de mener la vie humble et servile des chrétiens ? » Mais Agathe répond : « L’humilité et la servitude chrétienne sont préférables aux trésors et à l’élévation des rois ».
R/. Soutenue par le Seigneur, je persévérerai à confesser celui qui m’a sauvée. * Et qui m’a consolée. V/. Je vous rends grâces, Seigneur Jésus-Christ, qui avez envoyé vers moi votre Apôtre, pour guérir mes plaies. * Et.

Cinquième leçon. Irrité par cette réponse, le gouverneur lui donne le choix, ou d’honorer les dieux ou de subir la violence des tourments. Comme la Sainte demeure constante dans la foi, il la fait souffleter, puis conduire en prison. Le lendemain, elle en est tirée, et comme elle n’a pas changé de sentiment, on la tourmente sur le chevalet par l’application de lames ardentes ; ensuite, on lui coupe la mamelle. Pendant ce supplice, la vierge, s’adressant à Quintianus : « Cruel tyran, lui dit-elle, n’as-tu pas honte de mutiler dans une femme, ce que tu as sucé dans ta mère ? » Jetée de nouveau en prison, elle fut guérie la nuit suivante par un vieillard qui se disait être Apôtre du Christ. Appelée encore une fois devant le gouverneur et persévérant à confesser le Christ, on la roula sur des fragments de pots cassés et sur des charbons ardents.
R/. Celui-là m’a guérie qui m’a réconfortée dans la prison par l’Apôtre Pierre, parce qu’on a donné l’ordre de m’étendre sur le chevalet. * A cause de la fidélité avec laquelle je demeure chaste, secourez-moi, Seigneur mon Dieu, pendant qu’on me torture en mes mamelles. V/. Lui-même a daigné me guérir de toutes mes plaies et remettre ma mamelle à ma poitrine. * A cause.

Sixième leçon. Au même moment un grand tremblement de terre ébranla toute la ville, et deux murailles en s’écroulant écrasèrent Sylvain et Falconius, familiers du gouverneur. Aussi la ville étant en proie à une vive émotion, Quintianus, qui craignait une sédition dans le peuple, commande de ramener secrètement dans sa prison Agathe à demi morte. Elle pria Dieu en ces termes : « Seigneur, qui m’avez gardée dès mon enfance, qui avez enlevé de mon cœur l’amour du siècle et qui m’avez rendue victorieuse des tourments des bourreaux, recevez mon âme ». Achevant cette prière, elle s’en alla au ciel le jour des nones de février ; son corps fut enseveli par les chrétiens.
R/. Vous avez vu, Seigneur, mon combat, vous avez considéré de quelle sorte j’ai combattu dans la lice ; mais parce que je n’ai pas voulu obéir aux ordres des princes. * On a ordonné de me tourmenter en la mamelle. V/. A cause de la vérité, de la mansuétude et de la justice. * On. Gloire au Père. * On.

Au troisième nocturne.

Ant. 1 Si vous ne prenez soin * de faire tourmenter mon corps par les bourreaux, mon âme ne peut entrer dans le paradis du Seigneur avec la palme du martyre.
Ant. 2 Vous avez vu, Seigneur, * mon combat, et comment j’ai combattu dans la lice ; mais parce que je n’ai pas voulu obéir aux ordres des princes, on m’a déchiré le sein.
Ant. 3 A cause de ma fidélité à la chasteté, * on m’a fait étendre sur le chevalet : aidez-moi, Seigneur mon Dieu, dans la torture que je souffre.

V/. Dieu l’a élue et l’a choisie avec prédilection.
R/. Il l’a fait habiter dans son tabernacle.

Lecture du saint Évangile selon saint Matthieu. Cap. 19, 3-12.
En ce temps-là : les pharisiens s’approchèrent de Jésus pour le tenter ; et ils lui dirent : Est-il permis à un homme de répudier sa femme pour quelque cause que ce soit ?. Et le reste.

Homélie de saint Jean Chrysostome.
Leçons du Commun des Vierges II, répons propres à la fête.

Septième leçon. Comme il n’était point à propos d’aborder directement ce sujet, notre Seigneur cherche à amener ses disciples à l’amour de la virginité en leur parlant de l’obligation imposée par la loi, de ne point dissoudre un mariage. Après cela, pour leur montrer qu’il est possible de garder la continence, il ajoute : Il y a des eunuques sortis tels du sein de leur mère ; il y en a qui ont été rendus tels par la main des hommes, et il y en a qui se sont eux-mêmes voués à la chasteté à cause du royaume des cieux. Par ce langage, il les exhorte secrètement à faire choix de la virginité, tout en leur prouvant qu’il est possible de garder cette vertu.
R/. La bienheureuse Agathe, étant entrée dans la prison, étendit les mains vers Dieu et dit : Seigneur, qui m’avez fait vaincre les tourments des bourreaux. * Ordonnez que je parvienne au séjour de votre miséricorde. V/. Seigneur, qui m’avez créée, et qui avez ôté de mon cœur l’amour du siècle, qui avez préservé mon corps de toute souillure. * Ordonnez.

Huitième leçon. Songez, semble-t-il leur dire, à ce que vous feriez si vous étiez venus au monde dans des conditions vous interdisant le mariage, ou si vous étiez victime d’une injuste violence ayant le même résultat ? Que feriez-vous, obligés de renoncer aux joies des noces, et n’ayant droit à nulle récompense du fait de cette privation involontaire ? Rendez maintenant grâces à Dieu, car votre sacrifice aura sa récompense et ses couronnes tandis que ceux-là souffrent sans s’attirer ni couronnes ni récompense. De plus votre fardeau n’est pas le même que le leur, il est bien plus léger, tant en raison de l’espérance qui vous soulève et de la conscience de bien faire, que parce que vous ne serez pas comme eux roulés dans les flots des mauvais désirs.
R/. Je n’ai jamais procuré à mon corps de médecine corporelle, mais je possède le Seigneur Jésus-Christ. * Celui qui a daigné me guérir de toutes mes plaies et remettre ma mamelle à ma poitrine, c’est lui-même que j’invoque, le Dieu vivant. V/. Qui, d’une seule parole, rétablit toute choses. * Qui. Gloire au Père. * Qui.

Neuvième leçon. Après que Jésus-Christ a parlé des personnes chastes, qui le seraient en vain si elles ne réglaient en même temps tous les mouvements de leur âme, et de celles qui gardent la continence dans le but de, gagner le royaume des cieux il ajoute : « Qui peut comprendre ceci le comprenne. » Il dit ces paroles pour animer encore davantage les hommes à la recherche de cette vertu, en leur représentant combien elle est élevée. Dans son ineffable bonté il ne veut pas nous faire une loi de la virginité ; mais, en nous en parlant ainsi, le Seigneur nous démontre davantage encore qu’elle est possible, afin d’augmenter l’ardeur de nos désirs.

A LAUDES

Ant. 1 Qui es-tu, * toi qui es venu à moi guérir mes blessures ? Je suis l’Apôtre du Christ : n’aie aucune crainte à mon égard, ma fille.
Ant. 2 Les remèdes qu’on appli que à la chair, * je ne les ai jamais employés pour mon corps, mais je possède le Seigneur Jésus-Christ, qui, d’une seule parole, rétablit toutes choses.
Ant. 3 Je vous rends grâces, * Seigneur Jésus-Christ, parce que vous vous êtes souvenu de moi, et avez envoyé vers moi votre Apôtre pour guérir mes blessures.
Ant. 4 Je vous bénis, * Père de mon Seigneur Jésus-Christ, vous qui, par votre Apôtre, avez rendu ma mamelle à ma poitrine.
Ant. 5 Celui qui a daigné * me guérir de toutes mes blessures et remettre ma mamelle à ma poitrine, c’est lui, le Dieu vivant, que j’invoque.

Ant. au Bénédictus De païens, * toute une multitude fuyant au tombeau de la vierge, prirent le voile qui le couvrait pour l’opposer au feu ; en sorte que le Seigneur fit connaître qu’il les délivrait du danger de l’incendie par les mérites de la bienheureuse Agathe.

AUX DEUXIÈMES VÊPRES.

Ant. au Magnificat La bienheureuse Agathe, debout * au milieu de la prison, les mains étendues, priait ainsi le Seigneur : Seigneur Jésus-Christ, mon bon Maître, je vous rends grâces de m’avoir rendue victorieuse des tourments des bourreaux : ordonnez, Seigneur, que je parvienne heureusement à votre gloire immortelle.

Dom Guéranger, l’Année Liturgique

Déjà deux de ces quatre illustres Vierges dont le souvenir est associé aux mérites de l’Agneau, dans la célébration du Sacrifice, ont passé devant nous dans leur marche triomphale sur le Cycle de la sainte Église ; la troisième se lève aujourd’hui sur nous, comme un astre aux plus doux rayons. Après Lucie et Agnès, Agathe vient nous consoler par sa gracieuse visite. La quatrième, l’immortelle Cécile, se lèvera en son temps, lorsque l’année inclinant à sa fin, le ciel de l’Église paraîtra tout à coup resplendissant de la plus magnifique constellation. Aujourd’hui fêtons Agathe, la Vierge de Sicile la sœur de Lucie. Que les saintes tristesses du temps où nous sommes n’enlèvent rien à la plénitude des hommages qui sont dus à Agathe. En chantant sa gloire, nous contemplerons ses exemples ; du haut du ciel elle daignera nous sourire, et nous encourager dans la voie qui seule peut nous ramener à celui qu’elle a suivi noblement jusqu’à la fin, et auquel elle est réunie pour jamais.

Les anciens Livres liturgiques sont remplis de compositions poétiques en l’honneur de sainte Agathe ; mais elles sont généralement assez faibles. Nous nous bornerons donc à donner ici la belle Hymne que lui a consacrée le Pape saint Damase.

HYMNE. [1]
Voici le jour de la Martyre Agathe, le jour illuminé par cette illustre Vierge ; c’est aujourd’hui qu’elle s’unit au Christ, et qu’un double diadème orne son front.
Noble de race et remarquable en beauté, elle brillait plus encore par ses œuvres et par sa foi ; le bonheur de la terre ne fut rien à ses yeux ; elle fixa sur son cœur les préceptes de Dieu.
Plus indomptable que le bras des bourreaux, elle livre à leurs fouets ses membres délicats ; sa mamelle arrachée de sa poitrine montre combien invincible est son courage.
Le cachot est pour elle un séjour de délices ; c’est là que Pierre le Pasteur vient guérir sa brebis ; pleine de joie et toujours plus enflammée, elle court avec une nouvelle ardeur au-devant des tourments.
Une cité païenne en proie à l’incendie l’implore et obtient son secours ; qu’elle daigne bien plus encore éteindre les feux impurs en ceux qu’honore le titre de chrétien.
O toi qui resplendis au ciel comme l’Épouse, supplie le Seigneur pour les pauvres pécheurs ; que leur zèle à célébrer ta fête attire sur eux tes faveurs.
Gloire soit au Père, au Fils et à l’Esprit divin ; daigne le Dieu unique et tout-puissant nous accorder l’intercession d’Agathe. Amen.

Que vos palmes sont belles, ô Agathe ! Mais que les combats dans lesquels vous les avez obtenues furent longs et cruels ! Vous avez vaincu ; vous avez sauvé en vous la foi et la virginité ; mais votre sang a rougi l’arène, et vos glorieuses blessures témoignent, aux yeux des Anges, du courage indomptable avec lequel vous avez gardé fidélité à l’Époux immortel. Après les labeurs des combats, vous vous tournez vers lui, et bientôt votre âme bénie s’élance dans son sein, pour aller jouir de ses embrassements éternels. Toute l’Église vous salue aujourd’hui, ô Vierge, ô Martyre ! Elle sait que vous ne l’oubliez jamais, et que votre inénarrable félicité ne vous rend point indifférente à ses besoins. Vous êtes notre sœur ; soyez aussi pour nous une mère. De longs siècles se sont écoulés depuis le jour où votre âme brisa son enveloppe mortelle, après l’avoir sanctifiée par la pureté et la souffrance ; mais, hélas ! jusqu’aujourd’hui et toujours, sur cette terre, la guerre existe entre l’esprit et la chair. Assistez vos frères dans leurs combats ; ranimez dans leurs cœurs l’étincelle du feu sacré que le monde et les passions voudraient éteindre.

En ces jours, où tout chrétien doit songer à se retremper dans les eaux salutaires de la componction, ranimez partout la crainte de Dieu qui veille sur les envahissements d’une nature corrompue, l’esprit de pénitence qui répare les faiblesses coupables, l’amour qui adoucit le joug et assure la persévérance. Plus d’une fois, votre voile virginal, présenté aux torrents enflammés des laves qui descendaient des flancs de l’Etna, les arrêta dans leur cours, aux yeux d’un peuple tout entier : opposez, il en est temps, la puissante influence de vos innocentes prières à ce torrent de corruption qui déborde de plus en plus sur nous, et menace d’abaisser nos mœurs au niveau de celles du paganisme. Le temps presse, ô Agathe ! Secourez les nations infectées des poisons d’une littérature infâme ; détournez cette coupe vénéneuse des lèvres de ceux qui n’y ont pas goûté encore ; arrachez-la des mains de ceux qui déjà y ont puisé la mort. Épargnez-nous la honte de voir le triomphe de l’odieux sensualisme qui s’apprête à dévorer l’Europe, et déjouez les projets que l’enfer a conçus.

Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum

Le culte de cette Martyre sicilienne, vénérée également en Orient, et nommée dans les diptyques du Canon romain, est très ancien dans la Ville éternelle. Le pape Symmaque lui éleva une basilique sur la voie Aurélienne, et saint Grégoire le Grand en 593 lui dédia dans la Suburra une antique basilique, restaurée une première fois par Flavius Ricimer au temps des Goths ariens.

Nous avons encore, dans les dialogues de saint Grégoire, le souvenir de cette dédicace [2] :

Arianorum ecclesia, in regione Urbis huius quae Subura dicitur, cum clausa usque ante biennium remansisset, placuit ut in fide catholica, introductis illic beati Sebastiani et sanctae Agathae Martyrum Reliquiis, dedicari debuisset ; quod factum est.

Antérieurement à cette dédicace, la basilique s’élevait vraisemblablement sous le vocable du Sauveur et des Apôtres, qu’on voyait, en effet, représentés en mosaïque dans la courbe de l’abside.

L’introduction des reliques de la martyre sicilienne sainte Agathe dans l’antique sanctuaire arien des Goths fit parfois considérer cette basilique comme consacrée à une martyre orientale ; si bien qu’au temps des grandes translations des corps de saints des cimetières suburbains, l’on transporta aussi dans cette église les reliques des martyrs connus sous le nom de Martyrs grecs, du cimetière de Callixte, lesquelles reliques sont encore conservées sous l’autel principal de cette diaconie.

D’autres églises, dédiées à sainte Agathe, une dizaine environ, s’élevaient sur le Cœlius, au Transtevere, au Borgo et sur le Monte Mario ; toutes se réclament d’une grande antiquité, ayant été, pour le plus grand nombre, érigées par des Papes du haut moyen âge. Entre toutes, la plus célèbre était celle qui s’élève au Transtevere en face de la basilique de Saint-Chrysogone, et qu’érigea, après la mort de sa mère, le pape Grégoire II, dans sa propre maison paternelle.

L’introït de la messe, tiré du grec, a été rédigé pour la fête de sainte Agathe et il se retrouve, avec quelques petites variantes dans la liturgie milanaise. C’est pourquoi quand, à d’autres fêtes, Assomption, Toussaint, etc., l’on récite la même antienne d’entrée, c’est simplement en vertu d’une adaptation postérieure. La Communion, empruntée aux Actes de la Martyre, est très ancienne, mais elle s’éloigne du type romain habituel des antiennes scripturaires et trahit une origine sans doute sicilienne. L’influence des Siciliens dans l’antique liturgie de Rome est connue.

Antienne pour l’introït : « Réjouissons-nous tous dans le Seigneur, en célébrant une fête en l’honneur de la martyre Agathe, dont la passion réjouit les Anges qui en louent en chœur le Fils de Dieu. » Ps. 44 : « Que jaillisse de mon cœur une heureuse parole ; j’adresserai au Roi mon chant. »

Il est remarquable que, dans le Gélasien, la collecte après la communion semble vouloir répéter à la fin de la messe la pensée développée dans l’introït : Exultamus pariter, et de percepto Pane iustitiae, et de tuae, Domine, festivitate Martyrae Agathae etc [3].

L’oraison est celle du Commun des vierges, comme le jour de sainte Barbe, le 4 décembre ; d’accord en cela avec le Sacramentaire Grégorien qui toutefois en assigne trois autres de rechange.

Aujourd’hui, dans l’épître (I Cor., I, 26-31), saint Paul met en évidence le profond mystère de la grâce qui élève les instruments les plus faibles et les moins adaptés, à l’accomplissement des prodiges les plus merveilleux. Que peut-il y avoir en effet de plus faible qu’une jeune fille ? Et pourtant, sous l’action de l’Esprit Saint, sainte Agathe affronte intrépide la cruauté et l’obscène méchanceté des persécuteurs, et, ceinte de la double couronne de la virginité et du martyre, elle s’envole vers l’Époux céleste, pour devenu- la protectrice de sa ville natale, et même de toute l’Église. On sait en effet que non seulement sainte Agathe est invoquée à Catane contre les éruptions de l’Etna, mais aussi que l’antiquité chrétienne a attribué une efficacité spéciale à son intercession contre les tremblements de terre. C’est pourquoi en Italie, dans les villes et dans les campagnes, l’on voit de toutes parts, aujourd’hui encore, de nombreuses chapelles dédiées à la martyre de Catane.

Le verset alléluiatique, tiré du psaume 118, semble être en relation avec l’interrogatoire subi par la martyre devant les tribunaux. D’autre part ses Actes, tels qu’ils nous sont parvenus, ne sont pas exempts d’inexactitudes. « Alléluia. » Ps. 118 : « Je parlai de vos jugements en présence des rois, sans aucunement me troubler. »

Dans la lecture évangélique (Matth., XIX, 3-12) qui semble à présent mal s’accorder avec la réserve chrétienne (Jésus parlait à des Juifs grossiers), se trouve l’éloge de la virginité. Celle-ci n’est pas toutefois une loi universelle, mais une vocation spéciale, à laquelle Dieu appelle seulement quelques âmes choisies. Comme il y a des eunuques « qui sont nés tels et d’autres qui ont été faits tels par les hommes », ainsi y a-t-il des âmes généreuses qui, par le glaive spirituel de la mortification s’imposent volontairement la chasteté parfaite, afin d’être consacrées à Dieu et dans leur corps et dans leur cœur.

Il faut remarquer que la liste des Évangiles de Würzbourg assigne aujourd’hui comme lecture la parabole des dix Vierges, comme au jour de sainte Agnès.

Le verset de l’offertoire est semblable à celui de sainte Agnès : Ps. 44 : « Les vierges ses compagnes seront conduites au Roi ; ses amies vous seront présentées. »

Le Sacramentaire Grégorien assigne à la fête de sainte Agathe une de ses classiques préfaces : ...per Christum Dominum nostrum. Pro cuius nomine poenarum mortisque contemptum in utroque sexu fidelium cunctis aetatibus contulisti, ut inter felicium Martyrum palmas, Agathen quoque beatissimam virginem victrici patientia coronares. Quae nec minis territa, nec suppliciis superata, de diaboli saevitia triumphavit, quia in tuae Deitatis confessione permansit. Et ideo etc [4]].

Quand donc cette antique richesse de la liturgie romaine réacquerra-t-elle son prix, et donnant plus de variété aux formulaires du Missel actuel, contribuera-t-elle à exciter la dévotion des fidèles aux premiers martyrs de l’Église ? C’est un vœu que, humbles et soumis, nous déposons au pied du Siège apostolique.

Le verset pour la communion est tiré des Actes de la Martyre, qui toutefois, comme nous l’avons dit, ne sont pas très sûrs : « J’invoque mon Dieu, lui qui a daigné guérir toutes mes plaies et rendre ma mamelle à ma poitrine. »

La collecte d’action de grâces est comme pour la messe de sainte Barbe. Nous rapportons ici une ancienne hymne en l’honneur de sainte Agathe, faussement attribuée au pape Damase :

Martyris ecce dies Agathae,
Virginis emicat eximiae,
Christus eam sibi qua sociat,
Et diadema duplex decorat.
Voici luire le jour d’Agathe,
La martyre, la vierge illustre,
Jour où le Christ se l’unit
Et l’orne d’un double diadème.
Stirpe decens, elegans specie,
Sed magis actibus atque fide,
Terrea prospera nil reputans,
Iussa Dei sibi corde ligans.
De noble lignée et de grande beauté,
Mais plus belle encore en sa vie et sa foi,
Comptant pour néant le bonheur de la terre,
Son cœur s’est attaché aux ordres de Dieu.
Fortior haec trucibusque viris,
Exposuit sua membra flagris,
Pectore quam fuerit valida
Torta mamilla docet patulo.
Plus forte que les cruels bourreaux,
Elle expose aux fouets ses membres ;
Combien son cœur était vaillant,
Son sein déchiré l’a révélé.
Deliciae cui carcer erat,
Pastor ovem Petrus hanc recreat ;
Inde gavisa magisque flagrans,
Cuncta flagella cucurrit ovans.
La prison lui fut délices :
Le Pasteur des brebis, Pierre, l’y visite ;
Pleine d’une joie et d’une ardeur nouvelle.
Elle court allègre au-devant des tourments.
Ethnica turba rogum fugiens,
Huius et ipsa meretur opem ;
Quos fidei titulus decorat
His Venerem magis ipsa premat,
La foule des païens fuyant devant les flammes
Mérite, elle aussi, son secours ;
En ceux qu’a marqués le sceau de la foi
Qu’elle daigne surtout étouffer Vénus !
Iam renitens quasi sponsa polo,
Pro miseris supplicet Domino ;
Sic sua festa coli faciat.
Se celebrantibus ut faveat.
Au ciel maintenant, resplendissante épouse,
Pour les malheureux qu’elle prie le Seigneur :
Ainsi sa fête célébrée
Gagnera sa faveur à ceux qui l’honorent.
Ce ne sont point les forces du martyr, c’est la grâce qui le rend supérieur aux tourments ; et si les Anges se réjouissent, ce n’est pas pour ses souffrances elles-mêmes, mais parce que, au moyen de celles-ci, Dieu est glorifié, et que l’innocente victime, persécutée ici-bas, acquiert droit de cité dans la Jérusalem céleste.

Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique

Que notre âme soit bonne (Agathe = la bonne).

1. Sainte Agathe, la « Bonne », est la quatrième des quatre grandes vierges martyres de l’Église romaine (dont les fêtes tombent dans chacun des mois d’hiver : Cécile, en novembre, Lucie (la Brillante), en décembre, annonçant la lumière de Noël, Agnès (la Pure), en janvier, et Agathe (la Bonne), en février). Sainte Agathe souffrit le martyre sous l’empereur Dèce (254). Elle fut autrefois très honorée, son nom est au Canon de la messe. L’histoire de ses souffrances est empruntée aux antiques Actes des martyrs qui ont été utilisés dans les chants du bréviaire. Agathe était une jeune fille distinguée de Sicile. Le gouverneur Quintianus s’éprit pour elle d’un violent amour, mais il fut repoussé. Il la fit alors arrêter comme chrétienne et conduire devant son tribunal. Aux questions sur son origine elle répondit : « Je suis noble et issue d’une famille distinguée comme toute ma parenté en témoigne »

(1ère Ant. 1er Noct.) A la question du juge qui lui demandait pourquoi elle menait la vie d’esclave des chrétiens, elle répondit : « Je suis une servante du Christ et c’est pourquoi j’ai l’extérieur d’une esclave, mais la plus grande noblesse est d’être esclave du Christ (2. et 3. Ant. 1er Noct.) Le gouverneur la menaça des plus terribles supplices si elle refusait d’abandonner le Christ. La sainte lui répondit : « Si tu me menaces des bêtes féroces, sache qu’au nom du Christ elles s’apaiseront, si tu veux employer le feu, alors les anges feront tomber pour moi, du ciel, une rosée bien (I. et 2. Ant. 2e Noct). Après avoir été torturée « Agathe s’en alla rayonnante de joie et la tête haute, dans sa prison, comme si elle avait été invitée à un festin, et elle recommanda son agonie au Seigneur dans la prière » (3. Ant. 2e Noct).

Le jour suivant, elle fut de nouveau amenée devant le juge et lui dit : « Si tu n’ordonnes pas que mon corps soit déchiré par les bourreaux, mon âme ne pourra pas entrer au Paradis avec les martyrs » (I. Ant. 3e Noct.). Elle fut étendue sur le chevalet, on la brûla avec un fer rouge et on lui arracha les seins. Dans cette torture, elle priait ainsi : « Par amour pour la chasteté, j’ai été suspendue sur le chevalet, assiste-moi, Seigneur mon Dieu, dans la torture de mes seins » (2. Ant. 3e Noct, ). Agathe reprocha au gouverneur sa cruauté : « Impie, cruel et infâme tyran, tu n’as pas honte d’enlever à une femme ce avec quoi ta mère t’allaita ! » (I. Rép.).

De retour dans sa prison, elle pria ainsi : « Tu as vu, Seigneur, mon combat, comme j’ai combattu sur le champ de bataille, mais parce que je n’ai pas voulu obéir aux ordres des princes, j’ai été torturée dans mes seins » (3. Ant. 3e Noct.). Dans la nuit, lui apparut un vénérable vieillard, l’Apôtre Pierre, avec des remèdes. Agathe, dans sa délicate pudeur, ne voulut pas lui montrer les plaies de son corPs. « Je suis l’Apôtre du Christ, n’aie pas de doute à mon sujet, ma fille » (I. Ant. Laud.). « Je n’ai jamais employé pour mon corps de médecine terrestre, mais je m’en rapporte à Notre Seigneur Jésus-Christ qui, par sa parole, renouvelle toutes choses » (2. Ant. Laud.). Elle fut complètement guérie par saint Pierre : « Je te loue, Père de mon Seigneur Jésus-Christ, de ce que par ton Apôtre tu m’as restitué mes seins » (4. Ant. Laud.). Une lumière éclaira le cachot toute la nuit, si bien que les gardiens, effrayés, s’enfuirent. Ses compagnons de captivité l’exhortaient à fuir, mais elle refusa : « Je veux, maintenant qu’un secours m’a été accordé par le Seigneur, persister dans la confession de Celui qui m’a guérie et m’a apporté de la consolation » (4. Rép.). Quatre jours après, elle fut de nouveau amenée devant le juge. Celui-ci fut étonné de sa guérison. A la sommation d’adorer les idoles, elle répondit par une nouvelle profession de foi au Christ. Alors, le gouverneur la fit rouler sur des tessons et des charbons ardents. A ce moment, toute la ville fut ébranlée par un tremblement de terre. Deux murailles s’écroulèrent et ensevelirent sous leurs débris deux amis du gouverneur. Celui-ci, craignant un soulèvement populaire, fit ramener Agathe à demi-morte dans sa prison. Là, elle récita sa prière de mort : « La bienheureuse Agathe, debout dans sa prison, les bras étendus, priait le Seigneur : Seigneur Jésus-Christ, bon Maître, je te remercie de ce que tu m’as accordé la victoire sur les tortures du bourreau. Fais, Seigneur, que je parvienne heureusement à ta gloire immortelle. » Puis elle mourut.

Un an après sa mort, la ville de Catane fut éprouvée par une éruption de l’Etna. Dans leur frayeur, les païens eux-mêmes se précipitèrent au tombeau de la sainte. On prit son voile et on le tint en face du torrent de flammes, et, immédiatement, le péril fut écarté. C’est ce fait que rappelle l’antienne du lever du soleil : « La multitude des païens se précipita au tombeau de la vierge, ils tinrent son voile contre le feu et ainsi le Seigneur confirma que, par les mérites de la sainte martyre Agathe, il les avait sauvés du feu. » Son tombeau est vénéré à Catane, en Sicile.

2. La messe (Gaudeamus). — La messe commence solennellement : « Réjouissons-nous tous dans le Seigneur... ». Cet Introït, tiré du grec, fut composé pour la fête d’aujourd’hui et plus tard employé pour d’autres fêtes : l’Assomption de la Sainte Vierge, la Toussaint... Nous entendons le chœur joyeux des anges qui se réjouit de la Passion de la sainte. Dans la plupart des chants, nous entendons le cantique nuptial de l’Église (Ps. 44). Les deux lectures sont propres. Dans l’Épître, on entend l’écho de la justification de la sainte devant son juge païen, mais on y voit aussi le développement du thème de l’Oraison : Dieu choisit ce qui est petit et faible pour confondre ce qui est fort. « Le Christ est devenu pour nous, d’après l’ordonnance de Dieu, notre sagesse, notre justification, notre sanctification et notre Rédemption. » Ceci se réalise pour nous dans l’Eucharistie. Dans l’Évangile, le Christ nous parle de la virginité « à cause du royaume des cieux ». Agathe est de celles qui ont pu « saisir » ce langage et, pour sa couronne virginale, elle a versé son sang. Au Graduel, nous voyons la vierge « lutter contre les flots de la passion » ; à l’Alléluia, elle parle devant les « rois » des « témoignages de Dieu ». A la Communion, la communauté des fidèles chante une parole de la sainte : « Celui qui a daigné me guérir de toute blessure et rendre à ma poitrine mon sein arraché, je l’invoque comme le Dieu vivant. » De ce chant résultent des conséquences importantes pour notre vie liturgique. La communauté chrétienne s’approche de la Sainte Table, en quelque sorte, dans la personne de sainte Agathe. La sainte Eucharistie a une vertu de guérison. Cette guérison corporelle de sainte Agathe est l’image de la guérison spirituelle que nous apporte l’Eucharistie.

[1] Voir plus bas la version latine et une traduction plus littérale du Bhx Schuster.

[2] Dialog., 1. III, c. xxx, P. L., lxxvii, col. 288.

[3] Exultons pareillement Seigneur, et du Pain de justice que nous avons reçu et de la fête de la Martyre Agathe, etc.

[4] …Par le Christ Notre-Seigneur. Pour le nom duquel vous avez donné à toutes les époques le mépris des peines et de la mort dans l’un et l’autre sexe des fidèles : pour, parmi les palmes des bienheureux Martyrs, couronner aussi Agathe la bienheureuse Vierge victorieuse par la souffrance. Elle qui, ni terrifiée par les menaces, ni vaincue par les supplices, a triomphé de la cruauté du diable, parce qu’elle est demeurée dans la confession de votre Divinité. C’est pourquoi…