Accueil - Missel - Sanctoral

31/08 St Raymond Nonnat, confesseur

Version imprimable de cet article Version imprimable Partager


Sommaire

  Textes de la Messe  
  Office  
  Dom Guéranger, l’Année Liturgique  
  Bhx cardinal Schuster, Liber Sacramentorum  
  Dom Pius Parsch, Le guide dans l’année liturgique  

Mort en 1240. N’a jamais été canonisé formellement. Son Office et la Messe furent approuvés pour l’Ordre des Mercédaires en 1626 par Urbain VIII. Sa notice fut introduite dans le Martyrologe par Alexandre VIII en 1657. Clément IX inscrivit sa fête comme semidouble ad libitum en 1669. Innocent XI en fit un semidouble de précepte en 1676. Enfin le même éleva la fête au rang de double en 1681.

Textes de la Messe

die 31 augusti
le 31 août
SANCTI RAYMUNDI NONNATI
SAINT RAYMOND NONNAT
Conf.
Confesseur
III classis (ante CR 1960 : duplex)
IIIème classe (avant 1960 : double)
Missa Os iusti, de Communi Confessoris non Pontificis 1 loco, præter orationem sequentem :Messe Os iusti, du Commun d’un Confesseur non Évêque I, sauf l’oraison suivante :
Oratio.Collecte
Deus, qui in liberándis fidélibus tuis ab impiórum captivitáte beátum Raymúndum Confessórem tuum mirábilem effecísti : eius nobis intercessióne concéde ; ut, a peccatórum vínculis absolúti, quæ tibi sunt plácita, líberis méntibus exsequámur. Per Dóminum.Dieu, vous avez rendu le bienheureux Raymond, votre Confesseur, admirable par son dévouement pour délivrer vos fidèles de la captivité des impies : accordez-nous, par son intercession, d’être délivrés des liens du péché, et d’accomplir d’une âme libre ce qui vous est agréable.

Office

Leçons des Matines avant 1960.

Au deuxième nocturne.

Quatrième leçon. Raymond a été surnommé Nonnat, en raison d’un fait contraire aux lois ordinaires de la nature : sa mère étant morte avant de le mettre au monde, il fallut lui ouvrir le sein pour amener l’enfant à la lumière. Issu d’une pieuse et illustre famille, il vit le jour à Portel en Catalogne. Dès son enfance, il donna des marques de sa future sainteté. Étranger aux divertissements de son âge, insensible aux attraits du monde, il se donnait tellement à la piété, que tous admiraient dans cet enfant une vertu déjà mûre. En avançant en âge, il s’appliqua à l’étude des lettres ; mais bientôt, sur l’ordre de son père, il se retira à la campagne, où il visitait souvent une petite chapelle dédiée à saint Nicolas, aux environs de Portel, pour y vénérer une image de la sainte Vierge ; image que les fidèles continuent d’entourer encore aujourd’hui d’une très grande vénération. Là, se répandant en prières, il suppliait constamment la Mère de Dieu de l’adopter pour sou fils, de daigner lui enseigner la voie du salut et la science des Saints.

Cinquième leçon. La Vierge très clémente ne repoussa point sa demande ; car elle fit comprendre à Raymond, qu’il lui serait très agréable de le voir entrer dans l’ordre de la Merci ou du rachat des captifs, récemment fondé d’après son inspiration. Aussitôt cet avertissement reçu, il se rendit à Barcelone et embrassa cet institut, voué à une œuvre si excellente de charité envers le prochain. Enrôlé dans cette sainte milice, il garda toujours la virginité, qu’il avait déjà consacrée à Marie. Il se signala également par la pratique des autres vertus et surtout par sa charité envers les Chrétiens qui, tombés au pouvoir des païens, traînaient une vie misérable dans la captivité. Envoyé en Afrique pour racheter ces malheureux, il en délivra un grand nombre, et se constitua comme otage pour ne pas voir ceux qui restaient, faute de rançon, courir le risque d’apostasier. Mais comme, enflammé du zèle le plus ardent pour le salut des âmes, il réussit, par ses prédications à convertir à Jésus Christ un certain nombre de Musulmans, les barbares le jetèrent dans un étroit cachot, et le soumirent à différents supplices : il endura notamment le cruel martyre d’avoir les lèvres percées et tenues fermées par un cadenas de fer.

Sixième leçon. Ces choses, et d’autres actions pleines de courage, lui firent de tous côtés la réputation d’un saint et portèrent Grégoire IX à lui donner une place dans le sacré Collège des Cardinaux de la sainte Église romaine ; mais l’homme de Dieu, conservant dans cette dignité l’horreur qu’il avait de la pompe et du luxe, ne cessa de pratiquer strictement l’humilité religieuse. Il se mit en route pour aller à Rome, mais à peine arrivé à Cordoue il tomba dangereusement malade, et demanda instamment à être muni des sacrements de l’Église. La maladie s’aggravant et le Prêtre tardant à venir, Raymond reçut le saint viatique par le ministère des Anges, qui lui apparurent sous l’aspect de religieux de son Ordre. L’ayant reçu, il rendit grâces à Dieu, et s’en alla au Seigneur le dernier dimanche d’août, l’an douze cent quarante. Une discussion s’étant élevée au sujet du lieu de sa sépulture, son corps, enfermé dans un cercueil, fut placé sur une mule aveugle, qui le transporta, non sans une permission de Dieu à la chapelle de saint Nicolas, pour qu’il fût enseveli au lieu même où Raymond avait jeté les premiers fondements de sa très sainte vie. Un couvent de son Ordre, fut bâti en cet endroit et les fidèles y affluent de toutes les parties de la Catalogne, pour s’acquitter de leurs vœux en venant honorer le Saint, dont la gloire y est manifestée par différentes sortes de miracles et de choses merveilleuses.

Au troisième nocturne. Du Commun.

Lecture du saint Évangile selon saint Luc. Cap. 12, 35-40.
En ce temps-là : Jésus dit à ses disciples : Que vos reins soient ceints, et les lampes allumées dans vos mains. Et le reste.

Homélie de saint Grégoire, Pape. Homilia 13 in Evang.

Septième leçon. Mes très chers frères, le sens de la lecture du saint Évangile que vous venez d’entendre est très clair. Mais de crainte qu’elle ne paraisse, à cause de sa simplicité même, trop élevée à quelques-uns, nous la parcourrons brièvement, afin d’en exposer la signification à ceux qui l’ignorent, sans cependant être à charge à ceux qui la connaissent. Le Seigneur dit : « Que vos reins soient ceints ». Nous ceignons nos reins lorsque nous réprimons les penchants de la chair par la continence. Mais parce que c’est peu de chose de s’abstenir du mal, si l’on ne s’applique également, et par des efforts assidus, à faire du bien, notre Seigneur ajoute aussitôt : « Ayez en vos mains des lampes allumées ». Nous tenons en nos mains des lampes allumées, lorsque nous donnons à notre prochain, par nos bonnes œuvres, des exemples qui l’éclairent. Le Maître désigne assurément ces œuvres-là, quand il dit : « Que votre lumière luise devant les hommes, afin qu’ils voient vos bonnes œuvres, et qu’ils glorifient votre Père qui est dans les cieux ».

Huitième leçon. Voilà donc les deux choses commandées : ceindre ses reins, et tenir des lampes ; ce qui signifie que la chasteté doit parer notre corps, et la lumière de la vérité briller dans nos œuvres. L’une de ces vertus n’est nullement capable de plaire à notre Rédempteur si l’autre ne l’accompagne. Celui qui fait des bonnes actions ne peut lui être agréable s’il n’a renoncé à se souiller par la luxure, ni celui qui garde une chasteté parfaite, s’il ne s’exerce à la pratique des bonnes œuvres. La chasteté n’est donc point une grande vertu sans les bonnes œuvres, et les bonnes œuvres ne sont rien sans la chasteté. Mais si quelqu’un observe les deux préceptes, il lui reste le devoir de tendre par l’espérance à la patrie céleste, et de prendre garde qu’en s’éloignant des vices, il ne le fasse pour l’honneur de ce monde.

Neuvième leçon. « Et vous, soyez semblables à des hommes qui attendent que leur maître revienne des noces, afin que lorsqu’il viendra et frappera à la porte, ils lui ouvrent aussitôt ». Le Seigneur vient en effet quand il se prépare à nous juger ; et il frappe à la porte, lorsque, par les peines de la maladie, il nous annonce une mort prochaine. Nous lui ouvrons aussitôt, si nous l’accueillons avec amour. Il ne veut pas ouvrir à son juge lorsqu’il frappe, celui qui tremble de quitter son corps, et redoute de voir ce juge qu’il se souvient avoir méprisé ; mais celui qui se sent rassuré, et par son espérance et par ses œuvres, ouvre aussitôt au Seigneur lorsqu’il frappe à la porte, car il reçoit son Juge avec joie. Et quand le moment de la mort arrive, sa joie redouble à la pensée d’une glorieuse récompense.

Dom Guéranger, l’Année Liturgique

Août finit comme il a commencé, par une fête de délivrance : sceau divin de l’éternelle Sagesse sur ce mois qui lui est consacré. Depuis qu’au sortir d’Éden, elle fit son but de la rédemption du genre humain que poursuivait son amour, tous ses privilégiés ont eu leur part en ce grand œuvre : part de labeur, de prières, de souffrances, comme fut la sienne en la chair ; part féconde en la mesure même de l’association qu’elle daigne leur octroyer à ses renoncements miséricordieux. Pierre dans ses liens avança plus l’émancipation du monde que les conspirateurs soulevés contre la tyrannie des Césars ; Raymond Nonnat et ses frères, prenant sur eux les chaînes des captifs, firent plus que tous les philosophes égalitaires ou les déclamateurs de liberté pour l’abolition de l’esclavage et l’extinction de la barbarie.

Déjà les fêtes des saints Raymond de Pegnafort et Pierre Nolasque nous ont donné d’assister aux origines de l’Ordre illustre où Raymond Nonnat brille d’un éclat si grand. Bientôt sa fondatrice auguste elle-même, Notre-Dame de la Merci, daignera se prêter à l’expression de la reconnaissance du monde pour tant de bienfaits.

Jusqu’où, illustre Saint, n’avez-vous pas suivi le conseil du Sage [1] ! Les liens de la Sagesse sont des liens de salut, disait-il [2]. Et, non content de livrer vos pieds à ses fers et votre cou à ses entraves [3], vos lèvres sont allées, dans l’allégresse de l’amour, au-devant du cadenas redoutable dont ne parlait pas le fils de Sirach. Mais quelle récompense n’est pas la vôtre, aujourd’hui que cette Sagesse du Père, si totalement embrassée par vous [4] dans la plénitude de la divine charité en son double précepte, vous abreuve au torrent des éternelles délices [5], ornant votre front de cette gloire, de ces grâces [6] qui sont le rayonnement de sa propre beauté ! Afin que nous puissions vous rejoindre un jour près de son trône de lumière, montrez-nous à marcher en ce monde par ses voies toujours belles, par ses sentiers où la paix n’est jamais troublée [7], fût-ce au fond des cachots [8]. Délivrez nos âmes, si le péché les captive encore ; rompez leurs attaches égoïstes, et remplacez-les par ces liens heureux de la Sagesse qui sont l’humilité, le renoncement, l’oubli de soi, l’amour de nos frères pour Dieu, de Dieu pour lui-même.

Bhx cardinal Schuster, Liber Sacramentorum

La fête de ce fils héroïque de l’Ordre de Notre-Dame de la Merci, à qui, en raison des longs et cruels tourments soufferts par lui, en Afrique, pour la défense de la sainte Foi, revient le titre de confesseur au sens primitif que lui attribuaient nos pères, fut introduite dans le Bréviaire par ordre de Clément IX et d’Innocent XI.

La messe est du Commun, sauf la première collecte qui est propre.

Prière. — « Seigneur qui, pour racheter vos fidèles de la servitude des Mahométans, avez rendu admirable le zèle du bienheureux Raymond ; faites que, par ses prières, affranchis des liens de nos péchés, nous nous appliquions en toute liberté d’esprit à accomplir ce qui plaît à votre sainte volonté ».

La liberté ! Voilà le grand don que Dieu a accordé à l’humanité et que le Christ lui a ensuite restitué. C’est pourquoi saint Colomban disait à un tyran couronné : si aufers libertatem, aufers dignitatem. Nous devons garder jalousement cette prérogative de notre dignité de fils de Dieu, sans jamais nous assujettir à la servitude dégradante des passions. La liberté est ordre et harmonie ; et pour jouir des fruits de cette vraie liberté, il faut se dominer soi-même et mettre spontanément sur ses épaules le joug suave de la loi du Christ.

Dom Pius Parsch, Le guide dans l’année liturgique

Hors de l’esclavage du démon.

1. Saint Raymond. — Jour de mort : 31 août 1240. Tombeau : Une discussion s’étant élevée au sujet du lieu de sa sépulture, on chargea son corps, enfermé dans un cercueil, sur une mule aveugle qui le transporta à la chapelle de Saint-Nicolas, aux environs de Portel (Espagne), où il fut enterré. Vie : Saint Raymond reçut le surnom de Nonnat, c’est-à-dire « qui n’est pas né », parce que, sa mère étant morte avant sa naissance, on le tira de son corps par l’opération césarienne. Il entra dans l’ordre de Notre-Dame de la Merci, spécialement institué pour le rachat des captifs chrétiens. Il fut envoyé en Afrique où, ses ressources épuisées, il se donna lui-même en otage. Ayant converti par sa prédication un certain nombre de Musulmans, il fut jeté par les barbares dans un étroit cachot. Les lèvres percées et cadenassées, il endura longtemps ce supplice avec beaucoup de patience. Le pape Grégoire IX, informé de ces faits, le nomma cardinal, alors qu’il portait encore ses vêtements d’esclave. La mort le frappa subitement à l’âge de 36 ans. Le prêtre qui devait lui administrer les derniers sacrements tardant à venir, il reçut le saint viatique de la main des anges qui lui apparurent sous le costume de religieux de son ordre. Saint Raymond Nonnat appartient à la liste glorieuse des héros qui sacrifient leur vie pour le salut de leurs frères.

2. La messe. — C’est la messe Os iusti du commun des Confesseurs. Nous avons reconnu hier sainte Rose de Lima, et nous avec elle, sous les traits de la jeune vierge qui attend, dans la nuit, une lampe ardente à la main, l’arrivée de l’Époux qui l’introduit dans la salle du festin. Aujourd’hui, nous nous trouvons en présence d’un spectacle analogue : le serviteur vigilant se tient prêt, dans la nuit, une lampe allumée à la main, pour le retour du maître qui, pour le récompenser, le fait asseoir à sa table et s’approche pour le servir. Nous constatons trois points de ressemblance entre ces deux paraboles ; la lampe allumée, l’attente, et la récompense, Admirons comment l’une et l’autre symbolisent à merveille la vie chrétienne. La lampe allumée est la vita æterna que nous avons reçue au baptême, la fides et devotio (la foi et le don de soi) ; l’attente est celle de la parousie ; et la récompense, enfin, le bonheur : éternel qu’on dépeint si volontiers en effet comme un festin de mariage, — Mais notre parabole aujourd’hui représente en même temps la messe. Au Saint-Sacrifice, en effet, il est absolument vrai que le Seigneur vient à nous, le serviteur vigilant, qu’il nous invite à sa table et nous « sert en passant » (transiens ministrabit) sa chair et son sang. On voit, par suite, que la messe est un symbole et une anticipation du festin céleste ; ici-bas, nous possédons Dieu « en passant » là-haut, ce sera pour l’éternité.

[1] Eccli. VI, 24.

[2] Ibid. 31.

[3] Ibid. 25.

[4] Prov. V, 8.

[5] Psalm. XXXV, 9.

[6] Prov. V, 9.

[7] Ibid. III, 17.

[8] Sap. X, 9-21.