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26/06 Sts Jean et Paul, martyrs

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Sommaire

  Textes de la Messe  
  Office  
  Dom Guéranger, l’Année Liturgique  
  Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum  
  Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique  

Martyrs sous Julien l’apostat en 362 ; culte immédiat.

Les pseudo-experts® nient l’existence de ces deux Saints : pour eux, le 26 juin est l’anniversaire de la dédicace de la basilique de Pammachius sur le Cœlius au IVe siècle, dédiée à St Jean-Baptiste et à l’apôtre Paul au Ve siècle [1]. La fête est attestée dans le sacramentaire de Vérone au VIe siècle. A l’appui de cette théorie se trouve le fait qu’il est hors de coutume dans la Rome chrétienne antique d’enterrer des martyrs dans l’enceinte de l’Urbs. La fête fut donc supprimée dans le calendrier réformé.

Contre cette théorie iconoclaste, on peut élever de nombreuses objections :
- la date du martyre (362) est trop récente pour qu’une légende apocryphe ait pu se diffuser : ce martyre n’a pas eu lieu au temps des catacombes, mais après l’édit de Milan, sous la persécution de Julien l’apostat, à une époque donc où l’on n’est plus dans les Actes enjolivés des martyrs des premiers siècles, mais dans l’hagiographie historique ;
- nous sommes au IVème siècle : l’objection de ne plus enterrer de martyrs dans la Ville n’est plus pertinente. D’autant plus que le martyre a été consommé dans la maison même des deux saints ;
- la popularité de la fête, précédée d’une vigile, ne peut s’expliquer pour la simple dédicace d’une église ;
- les preuves historiques, comme l’inscription votive du Pape Damase, élu en 366, donc cinq années après le Martyr, tout comme les fouilles de la basilique indiquant le culte des martyrs sur le lieu même ;
- l’inscription des deux saints au Canon Romain ;
- le témoignage de St Hilaire de Poitiers, mort en 367, consacrant une église dans sa ville épiscopale…

Textes de la Messe

die 26 iunii
le 26 juin
Ss IOANNIS et PAULI
Sts JEAN et PAUL
Martyrum
Martyrs
III classis (ante CR 1960 : duplex)
IIIème classe (avant 1960 : double)
Ant. ad Introitum. Ps. 33, 20-21.Introït
Multæ tribulatiónes iustórum, et de his ómnibus liberávit eos Dóminus : Dóminus custódit ómnia ossa eórum : unum ex his non conterétur.Les tribulations des justes sont nombreuses et le Seigneur les délivrera de toutes ces peines : le Seigneur préserve tous leurs os : il n’y en aura pas un seul de brisé.
Ps. ib., 2.
Benedícam Dóminum in omni témpore : semper laus eius in ore meo. Je bénirai le Seigneur en tout temps : toujours sa louange sera dans ma bouche.
V/. Glória Patri.
Oratio.Collecte
Quǽsumus, omnípotens Deus : ut nos gemináta lætítia hodiérnæ festivitátis excípiat, quæ de beatórum Ioánnis et Pauli glorificatióne procédit ; quos eadem fides et pássio vere fecit esse germános. Per Dóminum. Nous vous prions, Dieu tout-puissant : faites-nous entrer dans la joie de cette double fête, joie qui provient de la glorification des bienheureux Jean et Paul ; qu’une même foi et un même martyre ont rendus vraiment frères.
Léctio libri Sapiéntiæ.Lecture du Livre de la Sagesse.
Eccli. 44, 10-15.
Hi viri misericórdiæ sunt, quorum pietátes non defuérunt : cum semine eórum pérmanent bona, heréditas sancta nepótes eórum, et in testaméntis stetit semen eórum : et fílii eórum propter illos usque in ætérnum manent : semen eórum et glória eórum non derelinquétur. Córpora ipsórum in pace sepúlta sunt, et nomen eórum vivit in generatiónem et generatiónem. Sapiéntiam ipsórum narrent pópuli, et laudem eórum núntiet Ecclésia.C’étaient des hommes de miséricorde, dont les œuvres de piété subsistent à jamais. Les biens qu’ils ont laissés demeurent à leur postérité ; leurs descendants sont un saint héritage, et leur race est demeurée fidèle à l’alliance ; à cause d’eux, leurs fils subsistent éternellement, et ni leur race ni leur gloire n’aura de fin. Leurs corps ont été ensevelis en paix, et leur nom vivra de génération en génération. Que les peuples racontent leur sagesse et que l’assemblée publie leurs louanges.
Graduale. Ps. 132, 1-2.Graduel
Ecce, quam bonum et quam iucundum, habitáre fratres in unum !Voyez comme il est bon et agréable pour des frères d’habiter ensemble !
V/. Sicut unguéntum in cápite, quod descéndit in barbam, barbam Aaron.V/. C’est comme le parfum répandu sur la tête, qui descend sur la barbe, la barbe d’Aaron.
Allelúia, allelúia. V/. Hæc est vera fratérnitas, quæ vicit mundi crímina : Christum secuta est, ínclita tenens regna cæléstia. Allelúia.Allelúia, allelúia. V/. C’est la vraie fraternité qui a vaincu les crimes du monde : ils ont suivi le Christ et possèdent la gloire du Royaume céleste. Alléluia.
+ Sequéntia sancti Evangélii secúndum Lucam.Suite du Saint Évangile selon saint Luc.
Luc. 12, 1-8.
In illo témpore : Dixit Iesus discípulis suis : Atténdite a ferménto pharisæórum, quod est hypócrisis. Nihil autem opértum est, quod non revelétur : neque abscónditum, quod non sciátur. Quóniam, quæ in ténebris dixístis, in lúmine dicéntur : et quod in aurem locuti estis in cubículis, prædicábitur in tectis. Dico autem vobis amícis meis : Ne terreámini ab his, qui occídunt corpus, et post hæc non habent ámplius quid fáciant. Osténdam autem vobis, quem timeátis : timéte eum, qui, postquam occídent, habet potestátem míttere in gehénnam. Ita dico vobis : hunc timéte. Nonne quinque pásseres véneunt dipóndio, et unus ex illis non est in oblivióne coram Deo ? Sed et capílli cápitis vestri omnes numerári sunt. Nolíte ergo timére : multis passéribus pluris estis vos. Dico autem vobis : Omnis, quicúmque conféssus fúerit me coram homínibus, et Fílius hóminis confiténtur illum coram Angelis Dei.En ce temps-là : Jésus dit à ses disciples : Gardez-vous du levain des pharisiens, qui est l’hypocrisie. Il n’y a rien de secret qui ne doive être découvert, ni rien de caché qui ne doive être connu. Car, ce que vous avez dit dans les ténèbres, on le dira dans la lumière ; et ce que vous avez dit à l’oreille, dans les chambres, sera prêché sur les toits. Je vous dis donc à vous, qui êtes mes amis : ne craignez point ceux qui tuent le corps, et qui, après cela, ne peuvent rien faire de plus. Mais je vous montrerai qui vous devez craindre : craignez celui qui, après avoir tué, a le pouvoir de jeter dans la géhenne. Oui, je vous le dis, celui-là, craignez-le. Cinq passereaux ne se vendent-ils pas deux as ? Et pas un d’eux n’est en oubli devant Dieu. Les cheveux même de votre tête sont tous comptés. Ne craignez donc point ; vous valez plus que beaucoup de passereaux. Or, je vous le dis, quiconque me confessera devant les hommes, le Fils de l’homme le confessera aussi devant les anges de Dieu.
Ant. ad Offertorium. Ps. 5, 12-13.Offertoire
Gloriabúntur in te omnes, qui díligunt nomen tuum : quóniam tu, Dómine, benedíces iusto : Dómine, ut scuto bonæ voluntátis tuæ coronásti nos.Tous ceux qui aiment votre nom se glorifieront en vous : parce que vous bénirez le juste : Seigneur, vous nous avez couronnés de votre amour comme d’un bouclier.
SecretaSecrète
Hóstias tibi, Dómine, sanctórum Martyrum tuórum Ioánnis et Pauli dicátas méritis, benígnus assúme : et ad perpétuum nobis tríbue proveníre subsídium. Per Dóminum nostrum.Recevez favorablement, Seigneur, les hosties que nous vous offrons par les mérites de vos saints Martyrs Jean et Paul : faites qu’elles nous obtiennent votre assistance continuelle.
Ant. ad Communionem. Sap. 3, 4, 5 et 6.Communion
Et si coram homínibus torménta passi sunt, Deus tentávit eos : tamquam aurum in fornáce probávit eos, et quasi holocáusta accépit eos.S’ils ont souffert des tourments devant les hommes, c’est que Dieu les a éprouvés : il les a mis à l’épreuve comme l’or dans la fournaise, et il les a agréés comme une hostie d’holocauste.
PostcommunioPostcommunion
Súmpsimus, Dómine, sanctórum Martyrum tuórum Ioánnis et Pauli sollémnia celebrántes, sacraménta cæléstia : præsta, quǽsumus ; ut, quod temporáliter gérimus, ætérnis gáudiis consequámur. Per Dóminum.Nous avons reçu, Seigneur, les sacrements célestes en célébrant la solennité de vos martyrs Jean et Paul : accordez-nous, s’il vous plaît, que ce que nous portons temporellement, nous arrivions à le posséder dans les joies éternelles.

Office

Aux 1ères Vêpres avant 1960

V/. Lætámini in Dómino et exsultáte, iusti. V/. Réjouissez-vous dans le Seigneur et exultez, justes [2].
R/. Et gloriámini, omnes recti corde. R/. Gloire à vous, à vous tous qui êtes droits de cœur.
Ad Magnificat Ant. Astitérunt * iusti ante Dóminum, et ab ínvicem non sunt separáti : cálicem Dómini bibérunt, et amíci Dei appelláti sunt. Ant. au Magnificat Ils se sont tenus * devant le Seigneur, ces justes, et ils n’ont pas été séparés l’un de l’autre : ils ont bu le calice du Seigneur, et ont été appelés amis de Dieu.
Magnificat
OratioPrière
Quǽsumus, omnípotens Deus : ut nos gemináta lætítia hodiérnæ festivitátis excípiat, quæ de beatórum Ioánnis et Pauli glorificatióne procédit ; quos eadem fides et pássio vere fecit esse germános. Per Dóminum. Nous vous prions, Dieu tout-puissant : faites-nous entrer dans la joie de cette double fête, joie qui provient de la glorification des bienheureux Jean et Paul ; qu’une même foi et un même martyre ont rendus vraiment frères.

Leçons des Matines avant 1960

Au deuxième nocturne.

Quatrième leçon. Les deux frères Jean et Paul étaient Romains. Ayant servi pieusement et fidèlement Constance, fille de Constantin, ils avaient reçu d’elle de grands biens qu’ils employaient à nourrir les pauvres du Christ. Julien l’Apostat les ayant invités à prendre place parmi ses familiers, ils répondirent avec liberté qu’ils ne voulaient point demeurer chez un homme qui avait abandonné Jésus-Christ. L’empereur leur donna dix jours pour délibérer, leur faisant savoir que, passé ce terme, s’ils refusaient de s’attacher à lui et de sacrifier à Jupiter, ils étaient certains d’aller à la mort.

R/. Isti sunt duo viri misericórdiæ, qui assístunt ante Dóminum, * Dominatórem univérsæ terræ.R/. Ce sont là deux hommes de miséricorde, ils se tiennent devant le Seigneur, * Le Souverain de l’univers.
V/. Isti sunt duæ olívæ, et duo candelábra lucéntia ante Dóminum.V/. Ce sont deux oliviers, deux flambeaux allumés devant le Seigneur.
* Dominatórem univérsæ terræ. * Le Souverain de l’univers.

Cinquième leçon. Ce temps fut mis par eux à profit pour distribuer aux pauvres le reste de leurs biens, afin de pouvoir s’en aller plus librement au Seigneur, et d’augmenter le nombre de ceux qui auraient à les recevoir dans les tabernacles éternels. Le dixième jour, Térentianus, chef de la garde prétorienne, fut envoyé vers eux ; il apportait la statue de Jupiter pour la leur faire adorer. Il leur intime l’ordre du prince, de rendre honneur à Jupiter s’ils veulent éviter la mort. Ils étaient alors en prière sans changer d’attitude, ils répondent qu’ils honorent de cœur et de bouche le Christ comme étant Dieu, et qu’ils sont prêts à mourir pour la foi.

R/. Vidi coniúnctos viros, habéntes spléndidas vestes, et Angelus Dómini locútus est ad me, dicens : * Isti sunt viri sancti facti amíci Dei.R/. Je vis des hommes assemblés, portant des vêtements splendides, et l’Ange du Seigneur me dit : * Voici les Saints, les amis de Dieu.
V/. Vidi Angelum Dei fortem, volántem per médium cælum, voce magna clamántem et dicéntem.V/. Je vis un Ange de Dieu, vêtu de puissance, qui volait au milieu du ciel, il criait d’une voix forte et il disait :
* Isti sunt viri sancti facti amíci Dei. * Voici les Saints, les amis de Dieu.

Sixième leçon. Craignant qu’une exécution publique ne produisît quelque agitation dans le peuple, Térentianus les fit décapiter au lieu où ils étaient, dans leur propre maison. C’était le six des calendes de juillet. Ayant pris soin qu’on les ensevelît secrètement, il fit répandre le bruit que Jean et Paul avaient été envoyés en exil. Mais leur mort fut divulguée par les esprits impurs qui tourmentaient les corps d’un grand nombre de personnes ; parmi ces possédés se trouva le fils même de Térentianus : conduit au tombeau des Martyrs, il y obtint sa délivrance. Il fut amené par ce miracle à croire en Jésus-Christ, ainsi que Térentianus, son père, que l’on dit même avoir écrit l’histoire de ces bienheureux Martyrs.

R/. Tamquam aurum in fornáce probávit eléctos Dóminus, et quasi holocáusti hóstiam accépit illos ; et in témpore erit respéctus illórum, * Quóniam donum et pax est eléctis Dei.R/. Le Seigneur a éprouvé les élus comme l’or dans la fournaise, et il les a reçus comme une victime offerte en holocauste ; et dans le temps ils auront un regard favorable : * Car la paix aussi est un don pour les élus de Dieu [3].
V/. Qui confídunt in illum, intélligent veritátem : et fidéles in dilectióne acquiéscent illi.V/. Ceux qui se confient en lui auront l’intelligence de la vérité : et ceux qui sont fidèles dans son amour lui demeureront attachés [4].
* Quóniam donum et pax est eléctis Dei. Glória Patri. * Quóniam donum et pax est eléctis Dei.* Car la paix aussi est un don pour les élus de Dieu. Gloire au Père. * Car la paix aussi est un don pour les élus de Dieu.

Au troisième nocturne.

Lecture du saint Évangile selon saint Luc. Cap. 12, 1-8.
En ce temps-là : Jésus dit à ses disciples : Gardez-vous du levain des pharisiens, qui est l’hypocrisie. Et le reste.

Homélie de saint Bède le Vénérable, Prêtre. Lib. 4, in Lucæ cap. 12.

Septième leçon. C’est à ce levain que se rapporte la recommandation de l’Apôtre : « C’est pourquoi célébrons la Pâque, non avec le vieux levain, ni avec le levain de la malice et de l’iniquité, mais avec les azymes de la sincérité et de la vérité » [5]. Car de même qu’un peu de levain, mêlé à une quantité de farine, agit sur la masse entière et communique bientôt son aigreur à toute la pâte, de même l’hypocrisie, une fois passée dans une âme, n’y laisse aucune vertu sincère et véritable. Voici donc le sens des paroles du Sauveur : Gardez-vous d’imiter les hypocrites, parce qu’il viendra pour vous un temps où tout le monde connaîtra, et votre vertu et leur hypocrisie.

R/. Propter testaméntum Dómini et leges patérnas, Sancti Dei perstitérunt in amóre fraternitátis : * Quia unus fuit semper spíritus in eis, et una fides.R/. A cause de l’alliance du Seigneur et des lois de leurs pères, les Saints de Dieu demeurèrent fermes dans l’amour de leurs frères : * Car il y eut toujours en eux un même esprit et une même foi.
V/. Ecce quam bonus et quam jucúndum habitáre fratres in unum !V/. Voyez qu’il est bon et qu’il est agréable que des frères vivent dans une parfaite union ! [6]
* Quia unus fuit semper spíritus in eis, et una fides. * Car il y eut toujours en eux un même esprit et une même foi.

Huitième leçon. Ce que notre Seigneur ajoute : « Ainsi ce que vous avez dit dans les ténèbres se dira à la lumière » [7], peut très bien s’entendre, non seulement de la future manifestation qui divulguera tous les secrets des cœurs, mais encore du temps actuel. Car à présent que l’Église est partout en honneur, ce que les Apôtres ont dit ou ce qu’ils ont souffert, dans la nuit des tribulations ou dans l’obscurité des cachots, se proclame en public par la lecture de leurs actes. « Ne craignez pas ceux qui tuent le corps ». Si les persécuteurs n’ont plus de mal à faire aux saints, une fois qu’ils ont tué leurs corps, en s’acharnant sur les Martyrs inanimés, en jetant aux bêtes fauves et aux oiseaux de proie leurs membres à déchirer, ils déploient une rage vaine et insensée, car ils ne peuvent empêcher la toute-puissance divine de leur rendre la vie en les ressuscitant.

R/. Hæc est vera fratérnitas, quæ numquam pótuit violári certámine : qui, effúso sánguine, secúti sunt Dóminum : * Contemnéntes aulam régiam, pervenérunt ad regna cæléstia.R/. Elle est bien réelle, cette fraternité qui n’a jamais pu subir d’atteinte dans le combat : ces frères ont suivi le Seigneur jusqu’à l’effusion du sang : * Méprisant la cour des rois, ils sont parvenus au royaume céleste.
V/. Ecce quam bonum et quam jucúndum habitáre fratres in unum !V/. Voyez qu’il est bon et qu’il est agréable que des frères habitent ensemble ! [8]
* Contemnéntes aulam régiam, pervenérunt ad regna cæléstia. Glória Patri. * Contemnéntes aulam régiam, pervenérunt ad regna cæléstia.* Méprisant la cour des rois, ils sont parvenus au royaume céleste. Gloire au Père. * Méprisant la cour des rois, ils sont parvenus au royaume céleste.

Neuvième leçon. Mais il y a deux sortes de persécuteurs : les violents, dont la fureur éclate, et les fourbes qui flattent pour tromper. Voulant nous armer et nous bien munir contre les uns et les autres, le Sauveur nous fait deux recommandations : en premier lieu, de ne pas craindre les tourments des bourreaux, par ce motif que, ni la cruauté de ceux-ci, ni le déguisement de ceux-là, ne peut subsister après la mort. « Ne donne-t-on pas cinq passereaux pour deux as ? » [9]. Il veut dire : si Dieu ne peut pas oublier les plus petits animaux, et ces oiseaux qu’on voit voler partout dans l’air, vous qui avez été faits à l’image du Créateur, vous ne devez pas craindre les méchants qui tuent le corps. Celui qui gouverne les animaux, qu’il n’a pas doués de raison, ne cesse de veiller avec soin sur ses créatures raisonnables.

A Laudes

Ant. 1 Paulus et Ioánnes * dixérunt Iuliáno : Nos unum Deum cólimus, qui fecit cælum et terram.Ant. 1 Paul et Jean * dirent à Julien : Nous n’adorons qu’un Dieu, qui a fait le ciel et la terre.
Psaume 92
Ant. 2 Paulus et Ioánnes * dixérunt Terentiáno : Si tuus dóminus est Iuliánus, habéto pacem cum illo : nobis álius non est, nisi Dóminus Iesus Christus.Ant. 2 Paul et Jean * dirent à Térentianus : Si Julien est ton Seigneur, conserve la paix avec lui ; pour nous, nous n’avons point d’autre Seigneur que Jésus-Christ.
Psaume 99
Ant. 3 Ioánnes et Paulus, * agnoscéntes tyránnidem Iuliáni, facultátes suas paupéribus erogáre cœpérunt.Ant. 3 Jean et Paul, * connaissant la tyrannie de Julien, commencèrent à distribuer leurs biens aux pauvres.
Psaume 62
Ant. 4 Sancti spíritus * et ánimæ iustórum, hymnum dícite Deo, allelúia.Ant. 4 Saints esprits * et âmes des justes, dites un hymne à Dieu, alléluia.
Cantique des trois Enfants
Ant. 5 Ioánnes et Paulus * dixérunt ad Gallicánum : Fac votum Deo cæli, et eris victor mélius quam fuísti.Ant. 5 Jean et Paul * dirent à Gallican : Fais un vœu au Dieu du ciel, et tu sera plus heureusement vainqueur que tu ne l’as été.
Psaume 148
Capitulum Sap. 3. 1. Capitule
Iustórum ánimæ in manu Dei sunt, et non tanget illos torméntum mortis. Visi sunt óculis insipiéntium mori ; illi autem sunt in pace.Les âmes des justes sont dans la main de Dieu, et le tourment de la mort ne les touchera pas. Ils ont paru mourir aux yeux des insensés ; mais eux sont en paix [10].
Hymnus Hymne
Rex glorióse Mártyrum,
Coróna confiténtium,
Qui respuéntes térrea
Perdúcis ad cæléstia.
Roi glorieux des Martyrs
couronne de ceux qui vous confessent,
vous qui conduisez aux biens des cieux
ceux qui méprisent les biens de la terre.
Aurem benígnam prótinus
Inténde nostris vócibus :
Trophǽa sacra pángimus :
Ignósce quod delíquimus.
A nos voix prêtez sans cesse
une oreille bienveillante :
nous chantons les triomphes sacrés :
pardonnez-nous les fautes commises.
Tu vincis inter Mártyres
Parcísque Confessóribus :
Tu vince nostra crímina,
Largítor indulgéntiæ.
Vous qui triomphez dans les Martyrs,
et vous pardonnez aux Confesseurs :
triomphez de nos péchés
en nous accordant le pardon.
Deo Patri sit glória,
Eiúsque soli Fílio,
Cum Spíritu Paráclito,
Nunc, et per omne sǽculum.
Amen.
Gloire à Dieu le Père
et à son Fils unique
ainsi qu’à l’Esprit Paraclet,
maintenant et dans tous les siècles.
Ainsi soit-il.
V/. Exsultábunt Sancti in glória. V/. Les Saints tressailliront d’allégresse dans la gloire [11].
R/. Lætabúntur in cubílibus suis. R/. Ils se réjouiront dans le lieu de leur repos.
Ad Bened. Ant. Isti sunt Sancti, * qui pro Christi amóre minas hóminum contempsérunt : sancti Mártyres in regno cælórum exsúltant cum Angelis. O quam pretiósa est mors Sanctórum, qui assídue assístunt ante Dóminum, et ab ínvicem non sunt separáti ! Ant. au Benedictus Ceux-ci sont des Saints * qui, pour l’amour du Christ, ont méprisé les menaces des hommes : les saints Martyrs se réjouissent avec les Anges dans le royaume des cieux. Oh ! Qu’elle est précieuse la mort de ces Saints, qui se tiennent constamment en présence du Seigneur ; ils n’ont point été séparés l’un de l’autre !
Benedictus
OratioPrière
Quǽsumus, omnípotens Deus : ut nos gemináta lætítia hodiérnæ festivitátis excípiat, quæ de beatórum Ioánnis et Pauli glorificatióne procédit ; quos eadem fides et pássio vere fecit esse germános. Per Dóminum. Nous vous prions, Dieu tout-puissant : faites-nous entrer dans la joie de cette double fête, joie qui provient de la glorification des bienheureux Jean et Paul ; qu’une même foi et un même martyre ont rendus vraiment frères.

Aux 2ndes Vêpres

Ant. 1 Paulus et Ioánnes * dixérunt Iuliáno : Nos unum Deum cólimus, qui fecit cælum et terram.Ant. 1 Paul et Jean * dirent à Julien : Nous n’adorons qu’un Dieu, qui a fait le ciel et la terre.
Psaume 109
Ant. 2 Paulus et Ioánnes * dixérunt Terentiáno : Si tuus dóminus est Iuliánus, habéto pacem cum illo : nobis álius non est, nisi Dóminus Iesus Christus.Ant. 2 Paul et Jean * dirent à Térentianus : Si Julien est ton Seigneur, conserve la paix avec lui ; pour nous, nous n’avons point d’autre Seigneur que Jésus-Christ.
Psaume 110
Ant. 3 Ioánnes et Paulus, * agnoscéntes tyránnidem Iuliáni, facultátes suas paupéribus erogáre cœpérunt.Ant. 3 Jean et Paul, * connaissant la tyrannie de Julien, commencèrent à distribuer leurs biens aux pauvres.
Psaume 111
Ant. 4 Sancti spíritus * et ánimæ iustórum, hymnum dícite Deo, allelúia.Ant. 4 Saints esprits * et âmes des justes, dites un hymne à Dieu, alléluia.
Psaume 112
Ant. 5 Ioánnes et Paulus * dixérunt ad Gallicánum : Fac votum Deo cæli, et eris victor mélius quam fuísti.Ant. 5 Jean et Paul * dirent à Gallican : Fais un vœu au Dieu du ciel, et tu sera plus heureusement vainqueur que tu ne l’as été.
Psaume 115
Capitulum Sap. 3. 1. Capitule
Iustórum ánimæ in manu Dei sunt, et non tanget illos torméntum mortis. Visi sunt óculis insipiéntium mori ; illi autem sunt in pace.Les âmes des justes sont dans la main de Dieu, et le tourment de la mort ne les touchera pas. Ils ont paru mourir aux yeux des insensés ; mais eux sont en paix [12].
Hymnus Hymne
Sanctórum méritis inclyta gáudia
Pangámus, sócii, géstaque fórtia :
Gliscens fert ánimus prómere cántibus
Victórum genus óptimum.
Unissons-nous pour chanter les mérites des Saints,
leurs actions héroïques, leur bonheur éternel :
le cœur brûle d’exalter par des chants
la noble race de vainqueurs.
Hi sunt, quos fátue mundus abhórruit ;
Hunc fructu vácuum, flóribus áridum
Contempsére tui nóminis ásseclæ,
Iesu, Rex bone Cǽlitum.
Voilà ceux qu’un monde insensé avait en horreur ;
ce monde, vide de fruits et dépourvu de fleurs,
ils l’ont méprisé, fidèles à votre nom,
ô Jésus, bon Roi des Cieux.
Hi pro te fúrias atque minas truces
Calcárunt hóminum, sǽvaque vérbera :
His cessit lácerans fórtiter úngula,
Nec carpsit penetrália.
Pour vous ils ont surmonté les fureurs, les terribles menaces
des hommes et toute la rigueur des fouets ;
ils ont triomphé des ongles de fer qui déchiraient leur corps
mais qui n’ont pu affaiblir leur âme.
Cædúntur gládiis more bidéntium :
Non murmur résonat, non quærimónia ;
Sed corde impávido mens bene cónscia
Consérvat patiéntiam.
Ils tombent sous le glaive comme de jeunes brebis :
l’on n’entend ni plainte ni murmure ;
mais d’un cœur intrépide et d’une conscience en paix,
leur âme garde la patience.
Quæ vox, quæ póterit lingua retéxere
Quæ tu Martýribus múnera prǽparas ?
Rubri nam flúido sánguine, fúlgidis
Cingunt témpora láureis.
Quelle voix, quel langage pourrait exprimer
les récompenses que vous préparez à vos Martyrs ?
rouges du sang qui coule, ils ceignent leur front
de lauriers étincelants.
Te, summa o Deitas, únaque póscimus ;
Ut culpas ábigas, nóxia súbtrahas,
Des pacem fámulis ; ut tibi glóriam,
Annórum in sériem, canant.
Amen.
Déité souveraine, un seul Dieu, nous vous supplions ;
effacez nos péchés, éloignez les dangers,
donnez la paix à vos serviteurs
qu’ils chantent votre gloire dans la suite des temps.
Ainsi soit-il.
V/. Exsultábunt Sancti in glória. V/. Les Saints tressailliront d’allégresse dans la gloire [13].
R/. Lætabúntur in cubílibus suis. R/. Ils se réjouiront dans le lieu de leur repos.
Ad Magnificat Ant. Isti sunt * duæ olívæ, et duo candelábra lucéntia ante Dóminum ; habent potestátem cláudere cælum núbibus et aperíre portas eius, quia linguæ eórum claves cæli factæ sunt. Ant. au Magnificat Ce sont * les deux oliviers et les deux chandeliers qui luisent devant le Seigneur ; ils ont le pouvoir de fermer le ciel en le couvrant de nuages, et d’en ouvrir les portes, car leurs langues sont devenues comme les clefs du ciel.
Magnificat
OratioPrière
Quǽsumus, omnípotens Deus : ut nos gemináta lætítia hodiérnæ festivitátis excípiat, quæ de beatórum Ioánnis et Pauli glorificatióne procédit ; quos eadem fides et pássio vere fecit esse germános. Per Dóminum. Nous vous prions, Dieu tout-puissant : faites-nous entrer dans la joie de cette double fête, joie qui provient de la glorification des bienheureux Jean et Paul ; qu’une même foi et un même martyre ont rendus vraiment frères.

Dom Guéranger, l’Année Liturgique

Parmi les sanctuaires nombreux qui décorent la capitale de l’univers chrétien, l’Église des Saints-Jean-et-Paul est restée, depuis sa lointaine origine, un des centres principaux de la piété romaine. Du sommet du Cœlius elle domine le Colisée. On a retrouvé dans ses substructions les restes primitifs de la maison même qu’habitaient nos deux saints. Derniers des martyrs, ils achevèrent la couronne glorieuse offerte au Christ par cette Rome qu’il avait choisie pour siège de sa puissance. La lutte où leur sang fut versé consomma le triomphe dont l’heure avait sonné sous Constantin, mais qu’un retour offensif de l’enfer semblait compromettre.

Aucune attaque ne fut plus odieuse à l’Église, que celle du César apostat qu’elle avait nourri. Néron et Dioclétien, violemment et dans toute la franchise de leur haine, avaient déclaré au Dieu fait homme la guerre du glaive et des supplices ; et, sans récrimination, les chrétiens étaient morts par milliers, sachant que le témoignage ainsi réclamé d’eux était dans l’ordre, non moins que ne l’avait été, devant Ponce Pilate et sur la croix, celui de leur Chef [14]. Avec l’astucieuse habileté des traîtres et le dédain affecté du faux philosophe, Julien se promit d’étouffer le christianisme dans les réseaux d’une oppression savamment progressive, et respectueuse du sang humain : écarter les chrétiens des charges publiques, les renvoyer des chaires où ils enseignaient la jeunesse, c’était tout ce que prétendait l’apostat. Mais le sang qu’il eût voulu éviter de répandre, devait couler quand même sur ses mains hypocrites ; car l’effusion du sang peut seule, selon le plan divin, dénouer les situations extrêmes, et jamais plus grand péril n’avait menacé l’Église : elle qu’on avait vue garder sa royale liberté devant les bourreaux, on la voulait esclave, en attendant qu’elle disparût d’elle-même dans l’impuissance et l’avilissement. Aussi les évêques d’alors trouvèrent-ils à l’adresse de l’apostat, dans leur âme indignée, des accents que leurs prédécesseurs avaient épargnés aux princes dont la violence avait inondé de sang chrétien tout l’empire. On rendit au tyran mépris pour mépris ; et le dédain, dont les témoignages arrivaient de toutes parts au fat couronné, finit par lui arracher son masque de fausse modération : Julien n’était plus qu’un vulgaire persécuteur, le sang coulait, l’Église était sauvée.

Ainsi nous est expliquée la reconnaissance que cette noble Épouse du Fils de Dieu n’a point cessé de manifester, depuis lors, aux glorieux martyrs que nous célébrons : parmi les chrétiens généreux dont l’indignation amena le dénouement de la terrible crise, il n’en est point de plus illustres. Julien eût été fier de les compter parmi ses familiers ; il les sollicitait dans ce sens, nous dit la Légende, et on ne voit pas qu’il y mît pour condition de renoncer à Jésus-Christ. N’auraient-ils donc pu, dira-t-on, se rendre au désir impérial, sans blesser leur conscience ? Trop de raideur devait fatalement indisposer le prince ; tandis que l’écouter, c’était l’adoucir, l’amener, peut-être, à relâcher quelque chose de ces malheureuses entraves administratives que son gouvernement prévenu imposait à l’Église. Et, qui sait ? La conversion possible de cette âme, le retour de tant d’égarés qui l’avaient suivie dans sa chute, tout cela ne méritait-il pas, tout cela n’imposait-il pas quelque ménagement ? Eh ! oui : ce raisonnement eût paru à plusieurs d’une sage politique ; cette préoccupation du salut de l’apostat n’eût rien eu, sans doute, que d’inspiré par le zèle de l’Église et des âmes ; et, véritablement, le casuiste le plus outré n’aurait pu faire un crime à Jean et à Paul, d’habiter une cour où l’on ne leur demandait rien de contraire aux préceptes divins. Telle ne fut point pourtant la résolution des deux frères ; à la voie des ménagements, ils préférèrent celle de la franche expression de leurs sentiments qui mit en fureur le tyran et causa leur mort. L’Église jugea qu’ils n’avaient point tort ; et il est, en conséquence, peu probable que la première de ces voies les eût conduits au même degré de sainteté devant Dieu.

Les noms de Jean et de Paul, inscrits au diptyque sacré, montrent bien leur crédit près de la grande Victime, qui ne s’offre jamais au Dieu trois fois saint sans associer leur souvenir à celui de son immolation. L’enthousiasme excité par la noble attitude des deux vaillants témoins du Seigneur, a prolongé jusqu’à nous ses échos dans les Antiennes et Répons propres à la fête. Autrefois précédée d’une Vigile avec jeûne, cette fête remonte au lendemain même du martyre des deux frères, ainsi que le sanctuaire qui s’éleva sur leur tombe. Par un privilège unique, exalté au Sacramentaire Léonien, tandis que les autres martyrs dormaient leur sommeil en dehors des murs de la ville sainte, Jean et Paul reposaient dans Rome même, dont la conquête définitive était acquise au Dieu des armées grâce à leurs combats. Un an jour pour jour après leur trépas victorieux [15], Julien mourait, lançant au ciel son cri de rage : « Tu as vaincu, Galiléen ! »

De la cité reine de l’univers, leur renommée, passant les monts, brilla aussitôt d’un éclat presque égal en notre terre des Gaules. Au retour des luttes que lui aussi avait soutenues pour la divinité du Fils de Dieu, Hilaire de Poitiers propagea leur culte. A peine cinq années s’étaient écoulées depuis leur martyre, que le grand évêque s’en allait au Seigneur ; mais il avait eu le temps de consacrer sous leur nom l’église où ses mains pieuses avaient déposé la douce Abra et celle qu’elle avait eue pour mère, en attendant que lui-même vînt, entre elles deux, attendre la résurrection. C’est de cette Église des Saints-Jean-et-Paul, devenue bientôt après Saint-Hilaire-le-Grand, que Clovis, à la veille de la bataille de Vouillé, vit sortir et se diriger vers lui la mystérieuse lumière, présage du triomphe qui devait chasser l’arianisme des Gaules et fonder l’unité monarchique. Les saints martyrs continuèrent de montrer, dans la suite, l’intérêt qu’ils prenaient à l’avancement du royaume de Dieu par les Francs ; lorsque l’issue de la seconde croisade abreuvait d’amertume saint Bernard qui l’avait prêchée, ils apparurent ici-bas pour relever son courage, et lui manifester par quels secrets le Roi des cieux avait tiré sa gloire d’événements où les hommes ne voyaient que désastres et fautes [16].

Nous donnons à la suite Antiennes et Répons propres dont il est parlé plus haut, et qui se trouvent quant à l’ensemble, avec quelques variantes, dans les plus anciens Responsoriaux et Antiphonaires parvenus jusqu’à nous. Le personnage mentionné dans l’une de ces Antiennes, sous le nom de Gallicanus, est un consulaire qui fut amené par les deux frères à la foi et à la sainteté ; sa mémoire était célébrée hier même au Martyrologe (voir le texte de l’Office plus haut)

Un double triomphe éclate au ciel et renvoie une double joie à la terre, en ce jour où votre sang répandu proclama la victoire du Fils de Dieu. C’est par le martyre de ses fidèles, en effet, que le Christ triomphe. L’effusion de son propre sang marqua la défaite du prince du monde ; le sang de ses membres mystiques garde toujours, et possède seul, la vertu d’établir son règne. La lutte ne fut jamais un mal pour l’Église militante ; la noble Épouse du Dieu des armées se complaît dans les combats ; car elle sait que l’Époux est venu apporter sur terre, non la paix, mais le glaive [17]. Aussi, jusqu’à la fin des siècles, proposera-t-elle en exemple à ses fils votre chevaleresque courage, et la franchise qui ne vous permit pas de dissimuler votre mépris au tyran apostat, de songer même aux considérations par lesquelles peut-être, en l’écoutant d’abord, votre conscience se fût tenue sauve. Malheur aux temps où le mirage décevant d’une paix trompeuse égare les intelligences ; où, parce que le péché proprement dit ne se dresse pas devant elle, l’âme chrétienne abaisse la noblesse de son baptême à des compromis que répudierait l’honneur même d’un monde redevenu païen ! Illustres frères, écartez des enfants de l’Église l’erreur fatale qui les porterait à méconnaître ainsi les traditions dont ils ont reçu l’héritage ; maintenez la race des fils de Dieu à la hauteur de sentiments que réclament leur céleste origine, le trône qui les attend, le sang divin dont ils s’abreuvent chaque jour ; loin d’eux toute bassesse, et cette vulgarité qui attirerait, contre leur Père qui est aux cieux, le blasphème des habitants de la cité maudite ! Nos temps ont vu s’élever une persécution qui rappelle en tout celle où vous avez remporté la couronne : le programme de Julien est remis en honneur ; si les émules de l’apostat ne l’égalent point en intelligence, ils le dépassent dans sa haine et son hypocrisie. Mais Dieu ne fait pas plus défaut à l’Église maintenant qu’autrefois ; obtenez que de notre part la résistance soit la même qu’en vos jours, et le triomphe aussi sera le même.

Jean et Paul, vous nous rappelez par vos noms et l’Ami de l’Époux dont l’Octave poursuit son cours, et ce Paul de la Croix qui fit revivre au dernier siècle l’héroïsme de la sainteté dans votre maison du Cœlius. Unissez votre protection puissante à celle que le Précurseur étend sur l’Église mère et maîtresse, devenue, en raison de sa primauté, le but premier des attaques de l’ennemi ; soutenez la milice nouvelle que les besoins des derniers temps ont suscitée près de votre tombe, et qui garde dans une commune vénération vos restes sacrés et le corps de son glorieux fondateur. Vous souvenant enfin du pouvoir que vous reconnaît l’Église d’ouvrir et de fermer les portes du ciel, pour répandre ou arrêter la pluie sur les biens de la terre : bénissez les moissons prêtes à mûrir ; soyez propices aux moissonneurs, allégez leurs pénibles travaux ; gardez du feu du ciel l’homme et ses possessions, la demeure qui l’abrite, les animaux qui le servent. Ingrate, oublieuse, trop souvent criminelle, l’humanité n’aurait droit qu’à votre colère ; montrez-vous les fils de Celui dont le soleil se lève pour les méchants comme pour les bons, et qui fait pleuvoir également sur les justes et les pécheurs [18].

Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum

Dans la nuit du 25 au 26 juin.

La veillée des saints martyrs Jean et Paul.
Station dans le Titre de Bisantius.

Cette veillée sur le Cœlius au Clivus Scauri nous est attestée par le Gélasien et elle est confirmée par le calendrier de l’Église de Naples, où, au VIIIe siècle, la fête des martyrs Jean et Paul était également précédée d’une vigile.

Le Lectionnaire ou Comes de Würzbourg assigne à la fête du 26 juin deux lectures, et Dom Morin suppose avec raison que l’une d’elles (la première) (Rom., VIII, 28-39), est celle de la messe vigiliale.

La secrète du Gélasien est intéressante : Sint tibi, quæsumus Domine, nostri munera grata ieiunii ; qualiter tunc eadem in Sanctorum tuorum Iohannis et Pauli digna commemoratione deferimus, si actus illorum pariter subsequamur [19]. Le 26 juin.

Les saints martyrs Jean et Paul.
Station dans le Titre de Bisantius.

Les données chronologiques relatives à ce martyre, qu’on croit avoir eu lieu sous Julien l’Apostat, ne sont pas entièrement sûres ; ce qui néanmoins semble indiscutable, c’est que les saints Jean et Paul subirent le martyre dans leur habitation même, sur le Cœlius, et furent ensevelis dans un souterrain de la maison. Celle-ci fut plus tard convertie en basilique par Bisantius et Pammachius. Le meurtre des deux officiers du palais impérial dut se faire en secret ; leurs corps furent cachés dans le lieu même du supplice et l’on répandit à Rome la nouvelle que Jean et Paul avaient été envoyés en exil. Il semble que d’autres victimes aient versé leur sang en ce même lieu : les saints Crispus, Crispinien et Benedicta, coupables sans doute d’avoir deviné le secret de cet assassinat ourdi dans le palais impérial, et d’avoir pénétré dans la maison pour ensevelir les deux martyrs. Les découvertes archéologiques ont pleinement confirmé la substance au moins des Actes des saints Jean et Paul, puisque sous la basilique actuelle de Pammachius elles ont rendu à la lumière l’habitation des martyrs, le lieu du supplice, les deux fosses pour les cadavres, la fenestella confessionis avec les peintures très importantes qui en ornent les parois. On y voit trois personnages, dont une femme, à genoux, les yeux bandés, qui attendent le coup du bourreau. Ce sont les saints Crispus, Crispinien et Benedicta.

Le fait que Jean et Paul, à la différence de tous les autres martyrs ensevelis hors des murs de Rome, aient eu leur tombeau au cœur même de la Ville éternelle, fut considéré par les anciens comme un honneur spécial accordé à eux et à Rome par la divine Providence. Le Sacramentaire Léonien le met bien en relief dans la Préface.

Au IVe siècle les deux saints étaient très vénérés à Rome. Léon le Grand érigea en leur honneur au Vatican une basilique et un monastère ; l’emplacement de ce cloître correspond, dans l’actuelle basilique de Saint-Pierre, au côté du transept où est maintenant la chapelle des Saints-Processus-et-Martinien.

Les anciens compilateurs d’épigraphes nous ont conservé le texte d’une inscription métrique de saveur damasienne, que De Rossi estimait provenir de cette basilique des Saints-Jean-et-Paul élevée par saint Léon au Vatican. D’autres archéologues attribuent au contraire ces vers au sanctuaire de Bisantius sur le Cœlius. En voici le texte :

HANC • ARAM • DOMINI • SERVANT • PAVLVSQVE • IOHANNES
MARTYRIVM • CHRISTI • PARITER • PRO • NOMINE • PASSI
SANGVINE • PVRPVREO • MERCANTES • PRAEMIA • VITAE
Que Paul et Jean gardent cet autel,
eux qui, ayant ensemble souffert le martyre pour le nom du Christ,
au prix de leur sang empourpré méritèrent la récompense de la vie éternelle.

Damase composa en l’honneur de nos saints une autre inscription métrique beaucoup plus longue, et dont quelques fragments à peine ont été retrouvés sur le Cœlius :

Inlustri Paul)VS • GENER)e • ortus itemque Iohannes
... An)IMAM • CASTO • SEMPER (pietatis amore
Caelest)IS • REGNI • REGI • AE(terno famulati
Quos terri)S • TENVIT • FRATRES • DO(mus una fidesque
Nunc caelu)M • ACCIPIET • IVNGIT(que in saecla coronis
Comp)OSVIT • LAV(des Damasus cognoscite Fratrum
Ut pleb)S • SANCTA • (novos discat celebrare patronos). Paul et Jean, nés d’une illustre lignée...
donnent leur vie, unis ensemble par le chaste lien de la piété.
Ils servirent le Roi éternel du céleste séjour.
Les deux frères eurent sur la terre en commun et la maison et la foi ;
maintenant dans le ciel ils sont réunis par une identique couronne immortelle.
— Qu’on sache que Damase composa l’éloge des deux frères,
afin que le peuple chrétien apprenne à célébrer ses nouveaux Patrons.

Nous avons encore le texte d’une autre épigraphe métrique que Léon Ier aurait placée sur la façade du Titre de Bisantius :

ANTISTES • DOMINI • LEO • SACRARIA • CHRISTI
VESTIBVLVM • DECORAT • GRATIA • PVLCHRA • LOCI
QVAE • QVIA • COMPTA • NITET • PRIMAQVE • IN • FRONTE • RENIDET
OSTENDIT • QVANTVM • NVMINIS • INTVS • INEST
QVIS • TANTAS • CHRISTO • VENERANDAS • CONDIDIT • AEDES
SI • QVAERIS • CVLTOR • PAMMACHIVS • FIDEI
Le Pontife de Dieu embellit avec un goût digne du lieu
La haute façade du sanctuaire du Christ et le vestibule.
Tout est achevé, et la façade fait belle figure
Donnant à penser combien dévot est l’intérieur de l’édifice.
Si tu veux savoir qui a élevé ce temple vénérable,
Voici son nom : c’est Pammachius, l’ami de la foi.

Le Sacramentaire Léonien contient au moins huit messes pour la fête des martyrs Jean et Paul. Quelques-unes d’entre elles ne représentent que des formules de rechange pour le natale de plusieurs martyrs ; mais il en demeure encore assez pour nous autoriser à reconnaître dans ces prières le formulaire des deux synaxes festives qui se célébraient en ce jour au Vatican et sur le Cœlius.

L’introït est tiré du psaume 33 : « Nombreuses sont les tribulations des justes, mais le Seigneur les en délivre. Dieu garde chacun de leurs os, en sorte qu’aucun d’entre eux n’est brisé ». Ps. « Je bénirai le Seigneur en tout temps ; sa louange sera toujours sur mes lèvres. Gloire, etc ».

Le Seigneur permet que ses serviteurs soient exposés à de fortes épreuves afin de pouvoir les couronner ensuite d’une plus grande abondance de mérites. Quand les saints sont soumis à l’épreuve, ce n’est pas que Dieu les ait abandonnés, fût-ce un moment. Au contraire, il assiste au combat, et il tient pour ainsi dire en main une des extrémités de la chaîne qui lie les adversaires. Ceux-ci ne pourront se mouvoir qu’autant que le Seigneur le leur permettra.

Combien significative devait être cette antienne quand on la chantait près de la double fosse dans laquelle l’hypocrite politique impériale voulut dissimuler l’assassinat criminel des martyrs Jean et Paul ! Au contraire, le Seigneur se servait de l’hypocrisie des persécuteurs pour assurer à Rome chrétienne la possession des reliques sacrées des martyrs dans l’enceinte même de ses murailles auréliennes.

La collecte laisse entrevoir toute la popularité dont cette fête jouissait autrefois : « Faites, Seigneur, que nous soyons remplis de la double joie de cette grande fête, joie qui provient de la gloire des bienheureux Jean et Paul, qu’une foi identique et un même martyre rendirent doublement frères ».

Dans le Lectionnaire ou Comes de Würzbourg, deux lectures scripturaires sont assignées à cette fête comme aux jours des grandes solennités. La première est tirée de l’épître aux Romains (VIII, 28-39) et correspond dans sa dernière partie (35-39) à, la lecture indiquée le Ier février pour la fête de saint Ignace d’Antioche. L’autre est tirée de l’Ecclésiastique (XLIV, 10-15) et nous l’avons déjà rapportée le 12 février. Il faut noter avec Dom Morin l’antiquité de cette seconde lecture, qui provient d’une version très primitive et d’origine inconnue.

Si cette péricope a été choisie, c’est que les reliques des saints Jean et Paul jouissaient du même privilège que les corps des anciens patriarches, comme le texte sacré nous l’atteste généralement : en effet, elles reposaient en paix au milieu de leurs lointains descendants qui se glorifiaient de la miséricorde de leurs célestes Patrons.

On dit des saints qu’ils ont un cœur miséricordieux, parce que, ayant obtenu la grâce et ensuite la gloire, qui représentent la suprême miséricorde de Dieu, les splendeurs de la Vision béatifique confirment et perfectionnent leur charité et leur compassion envers leurs pauvres frères qui gémissent encore dans l’exil.

Le répons est tiré du psaume 132 — qui appartient au recueil des Cantiques des Degrés : « Quelle belle et douce chose que les frères soient ensemble ! C’est comme le chrême parfumé qui descend par la barbe, par la barbe d’Aaron ». Ce chrême de sainteté et de gloire apparaît dans toute sa splendeur sur la tête du Christ le jour de sa résurrection. Et du Chef, le Christi bonus odor se répand aussi sur les membres de son corps mystique et sur les vêtements de l’Église.

Le verset alléluiatique est celui du 9 juin. La grâce ne détruit pas mais complète et perfectionne la nature. Quand donc aux liens du sang s’ajoutent les liens surnaturels d’une véritable dilection dans le Christ, il ne manque plus rien à l’amour, il est parfait.

La lecture évangélique (Luc., XII, 1-8) ajoute à celle du 14 avril (pour la fête de saint Justin) un seul verset qui d’ailleurs, pour la synaxe du natale des saints Jean et Paul, tués en cachette dans la cave de leur maison, est caractéristique. Le voici : « Gardez-vous du levain des Pharisiens, c’est-à-dire de l’hypocrisie ».

L’hypocrisie, tel fut le caractère de la politique de Julien l’Apostat envers l’Église. Il affichait une vie pure, et nourrissait même l’illusion de restaurer le paganisme mourant en le réformant sur le modèle de l’Église catholique.

Dans la folie d’un semblable puritanisme, Julien ne montra que du mépris pour le christianisme ; et s’il ne promulgua pas de véritables édits de persécution religieuse, il tourmenta pourtant les chrétiens, en Orient surtout, par ses menées hypocrites et perfides, et laissa faire de nombreuses victimes à la réaction païenne suscitée par lui. — Quoi d’étonnant, écrivait-il, si un Galiléen (c’est ainsi qu’il appelait les chrétiens) est écrasé par la force d’un Grec ?

L’antienne pour l’offrande des oblations est tirée du psaume 5 (12-13) : « Qu’ils se glorifient en vous, tous ceux qui aiment votre nom, parce que vous, Seigneur, bénissez le juste. Vous l’entourez de votre protection comme d’un bouclier ». Le Seigneur nous accorde sa grâce selon la mesure de notre confiance en lui. Voilà le motif pour lequel seuls ceux qui aiment le nom de Dieu, ou, comme le dit le texte massorétique, se confient en Dieu, ont sujet de se réjouir des bienfaits obtenus.

La collecte est la suivante : « Recevez, Seigneur, l’oblation qui commémore les mérites de vos saints martyrs Jean et Paul, et accordez-nous d’en profiter pour notre salut éternel ».

Parmi les préfaces rapportées aujourd’hui dans le Sacramentaire Léonien, voici l’une des plus belles : ... Vere dignum... Quamvis enim tuorum merita pretiosa iustorum, quocumque fideliter invocentur, in tua sint virtute praesentia ; potenter tamen nobis clementi providentia contulisti, ut non solum passionibus Martyrum gloriosis Urbis istius ambitum coronares, — les catacombes suburbaines qui entouraient Rome comme d’un collier d’or, — sed etiam in ipsis visceribus civitatis — la maison des martyrs sur le Clivus scauri — sancti Iohannis et Pauli victricia membra reconderes ; ut interius externisque cernentibus, et exemplum piae confessionis occurreret, et magnificae benedictionis non deesset auxilium, per Christum... Et ideo etc.

Durant les premiers siècles, aucun martyr, pas même les deux Princes des Apôtres, ne reposait à l’intérieur des murs de Rome. C’était un privilège exclusif des martyrs Jean et Paul.

L’antienne pour la Communion est la même que le 22 janvier. Les jugements de Dieu diffèrent de ceux des hommes. Le sens humain — oculi insipientium dit l’Écriture — ne voit dans les martyrs que la mort ignominieuse. La foi y découvre autre chose. Ils jouissent déjà de la paix qui les introduira dans la vision de Dieu.

Voici la prière d’action de grâces : « En la solennité de vos martyrs Jean et Paul, nous avons participé, Seigneur, à vos célestes mystères ; faites donc que le Sacrement célébré dans le temps reçoive la plénitude de sa signification dans l’éternité bienheureuse ».

L’Eucharistie est le sacramentum unitatis, qui unit indissolublement l’Église et les âmes au Christ. Cette union se fait maintenant au moyen de la grâce, mais, puisque dans la vie présente nous pouvons toujours la perdre, nous aspirons à cette union plus intime, pleine et stable que le Seigneur scellera avec nous quand, dans le ciel, Il sera omnia omnibus.

La sainteté dans l’Église n’est pas simplement un souvenir historique d’ancêtres illustres, mais elle est une sève intarissable qui coule en tout temps dans ses membres. Nous en avons une preuve dans la maison même des martyrs Jean et Paul sur le Cœlius. Leur martyre inaugure en ce lieu une splendide tradition de sainteté. D’abord, ce sont les saints Crispus, Crispinien et Benedicta, avec leur bourreau lui-même, qui à son tour devient martyr. Puis, c’est Bisantius, Pammachius, et enfin, en des temps plus rapprochés de nous, saint Paul de la Croix, le bienheureux Strambi, évêque de Macerata ; le Père Germano, directeur spirituel de Gemma Galgani, etc.

Nous voulons mentionner, pour finir, l’inscription du XIIe siècle qui orne aujourd’hui encore le portique extérieur du Titre de Bisantius :

† PRESBYTER • ECCLESIAE • ROMANAE • RITE • IOHANNES
HAEC • ANIMI • VOTO • DONA • VOVENDO • DEDIT
MARTYRIBVS • CHRISTI • PAVLO • PARITERQVE • IOHANNI
PASSIO • QVOS • EADEM • CONTVLIT • ESSE • PARES
Jean, prêtre de l’Église romaine,
après en avoir fait le vœu, dédia ces restaurations
aux martyrs du Christ Jean et Paul,
dont un identique supplice rendit le mérite égal.

Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique

Deux oliviers, deux candélabres brillant devant Dieu.

Saint Jean et saint Paul. — Jour de mort : 26 juin 362. Tombeau : à Rome, dans leur propre maison, dans laquelle on éleva une basilique à leur nom. Vie : Les actes, qui ne sont pas entièrement sûrs, racontent ce qui suit : Les deux frères martyrs Jean et Paul étaient des Romains qui furent tous les deux chambellans de Constance, fille de Constantin. Celle-ci leur légua, en récompense de leur fidélité, une assez importante fortune. Ils s’en servirent pour nourrir des chrétiens pauvres. Quand Julien l’Apostat (361-363) les invita à faire partie du cercle de ses intimes et de ses familiers, ils refusèrent courageusement en déclarant qu’ils ne voulaient pas entrer en relation avec celui qui avait fait défection à Jésus-Christ. L’empereur leur donna dix jours de réflexion et les menaça de mort si dans ce délai ils n’entraient pas à son service et ne sacrifiaient pas à Jupiter. Les deux frères, dans cet intervalle, distribuèrent le reste de leurs biens aux pauvres. Ce don les rendait désormais plus libres d’entreprendre leur voyage vers Dieu. Ils avaient rendu service à plusieurs « par qui ils seraient reçus dans les tabernacles éternels » (Luc, XVI, 9). Plutôt que d’obéir aux ordres impies de l’empereur, ils se laissèrent décapiter dans leur maison. Les deux saints sont très vénérés dans l’Église romaine ; ils sont nommés au Canon de la messe et dans les litanies des saints. Leur principale vertu fut la charité pour les pauvres. A Rome, l’église de leur tombeau est une église de station (v. la messe de l’aumône, le vendredi après les Cendres).

2. Messe (Multae tribulationes). — La messe est antique et a de nombreux textes propres. A l’Introït, nous chantons le psaume de la confiance, le psaume 33. Le Juste (Justus, dans l’antique liturgie, désigne le martyr) est en butte à de nombreuses souffrances, mais Dieu le garde. L’oraison nous invite, dans un langage élevé, à la joie de la fête. Remarquons la pensée profonde : la foi commune et le martyre commun rendent plus frères que les liens du sang. La leçon nomme les saints « viri misericordiae », « hommes de miséricorde » ; ce qui rappelle leur charité pour les pauvres. L’Alléluia insiste sur l’amour fraternel des deux saints : « C’est là la vraie fraternité qui est plus forte que les crimes du monde ; elle a suivi le Christ et possède le glorieux royaume du ciel ». A l’Évangile, le Christ nous invite à confesser son nom sans peur et promet de nous récompenser devant les anges de Dieu. Les deux saints ont confessé le nom du Christ et le Christ les a récompensés.

3. La prière des Heures a quelques textes propres (Antiennes et répons). Ces textes chantent d’ordinaire l’amour fraternel et la charité pour les pauvres qui distinguaient nos deux saints.

« Ce sont deux hommes de miséricorde qui se tiennent devant le Seigneur,
Le Souverain de toute la terre.
Ce sont deux oliviers, deux candélabres brillants devant le Seigneur ».

[1] Cf. Pierre Jounel, Le Culte des Saints dans les Basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle, École Française de Rome, Palais Farnèse, 1977.

[2] Ps. 31, 11.

[3] Sap. 3, 6.

[4] Sap. 3, 9.

[5] I. Cor. 5, 6-8.

[6] Ps. 132, 1.

[7] Luc. 12, 3.

[8] Ps. 132, 1.

[9] Luc. 12, 6.

[10] Beaucoup de martyrs se sont montrés insensibles aux tourments. « Nous ne craignons pas les bêtes, nous ne redoutons pas ce dont vous nous menacez disait saint Martial ; car nous avons Dieu le Père et Jésus-Christ son Fils et l’Esprit-Saint, par qui nous surmontons tout cela ». D’ailleurs la mort la plus terrible n’est pas pour le juste une épreuve qui atteigne en lui la vraie vie, la vie de l’âme dans la grâce et plus tard dans la gloire.

[11] Ps. 149, 5.

[12] Beaucoup de martyrs se sont montrés insensibles aux tourments. « Nous ne craignons pas les bêtes, nous ne redoutons pas ce dont vous nous menacez disait saint Martial ; car nous avons Dieu le Père et Jésus-Christ son Fils et l’Esprit-Saint, par qui nous surmontons tout cela ». D’ailleurs la mort la plus terrible n’est pas pour le juste une épreuve qui atteigne en lui la vraie vie, la vie de l’âme dans la grâce et plus tard dans la gloire.

[13] Ps. 149, 5.

[14] I Tim. VI, 13.

[15] 26 juin 363.

[16] Bern. Ep. 386, al. 333, Joannis Casae-Marii ad Bern.

[17] Matth. X, 34.

[18] Matth. V, 45.

[19] Nous vous en prions Seigneur, que les offrandes de notre jeûne vous soient agréables : et comme nous les offrons dans la digne commémoraison de vos Saints Jean et Paul, qu’ainsi nous puissions suivre leurs actions.