Textes de la Messe |
Office |
Dom Guéranger, l’Année Liturgique |
Bhx cardinal Schuster, Liber Sacramentorum |
Dom Pius Parsch, Le guide dans l’année liturgique |
Le même jour où l’Église fête saint Jean Gualbert, elle commémore deux martyrs Milanais (+304), très populaires à Milan au IVème siècle. Saint Ambroise, l’évêque de Milan, en fut le panégyriste dans son commentaire sur l’évangile de saint Luc. Ils étaient chrétiens de Milan, quand ils furent arrêtés et, peu de jours après, décapités ne voulant pas renier le Christ auquel ils avaient donné leur vie. Leur culte s’est étendu au point que leur office pénétra dans le calendrier romain au XIIe siècle.
Fête simple dans la réforme de St Pie V, réduite au rang de commémoraison lors de l’institution de la fête de St Jean Gualbert en 1602.
Missa Salus autem, de Communi plurimorum Martyrum III loco, cum orationibus ut infra : | Messe Salus autem, du Commun de plusieurs Martyrs III, avec les oraisons ci-dessous : |
Ant. ad Introitum. Ps. 36, 39. | Introït |
Salus autem iustórum a Dómino : et protéctor eórum est in témpore tribulatiónis. | Mais le salut des justes vient du Seigneur, et il est leur protecteur au temps de la tribulation. |
Ps. Ibid., 1. | |
Noli æmulári in malignántibus : neque zeláveris faciéntes iniquitátem. | Ne porte pas envie aux méchants, ne sois pas jaloux de ceux qui commettent l’iniquité. |
V/.Glória Patri. | |
Oratio. | Collecte |
Præsta, quǽsumus, Dómine : ut, sicut nos sanctórum Martyrum tuórum Nabóris et Felícis natalítia celebránda non desérunt ; ita iúgiter suffrágiis comitántur. Per Dóminum. | Faites, Seigneur, s’il vous plaît, que comme nous célébrons fidèlement la naissance au ciel de vos saints Martyrs Nabor et Félix, ainsi nous soyons constamment aidés de leur prières. |
Léctio Epístolæ beáti Pauli Apóstoli ad Hebrǽos. | Lecture de l’Épître de saint Paul Apôtre aux Hébreux. |
Hebr. 10, 32-38. | |
Fratres : Rememorámini prístinos dies, in quibus illumináti magnum certámen sustinuístis passiónum : et in áltero quidem oppróbriis et tribulatiónibus spectáculum facti : in áltero autem sócii táliter conversántium effécti. Nam et vinctis compássi estis, et rapínam bonórum vestrórum cum gáudio suscepístis, cognoscéntes vos habere meliórem et manéntem substántiam. Nolíte itaque amíttere ! confidéntiam vestram, quæ magnam habet remuneratiónem. Patiéntia enim vobis necéssaria est : ut, voluntátem Dei faciéntes, reportétis promissiónem. Adhuc enim módicum aliquántulum, qui ventúrus est, véniet, et non tardábit. Iustus autem meus ex fide vivit. | Mes frères : Rappelez en votre mémoire ces premiers jours où, après avoir été illuminés, vous avez soutenu un grand combat de souffrances, d’une part exposés comme en spectacle aux opprobres et aux tribulations, et de l’autre, prenant part aux maux de ceux qui étaient traités de même. Car vous avez eu de la compassion pour les prisonniers, et vous avez accepté avec joie la perte de vos biens, sachant que vous aviez une richesse meilleure et permanente. N’abandonnez donc pas votre confiance, qui aura une grande rémunération. En effet, la patience vous est nécessaire, afin que faisant la volonté de Dieu, vous obteniez ce qui vous est promis. Encore bien peu de temps, et celui qui doit venir viendra ; il ne tardera pas. Or, mon juste vit de la foi. |
Graduale. Ps. 33, 18-19. | Graduel |
Clamavérunt iusti, et Dóminus exaudívit eos : et ex ómnibus tribulatiónibus eórum liberávit eos. | Les justes ont crié, et le Seigneur les a exaucés, et il les a délivrés de toutes leurs tribulations. |
V/. Iuxta est Dóminus his, qui tribuláto sunt corde : et húmiles spíritu salvábit. | V/. Le Seigneur est près de ceux qui ont le cœur affligé, et il sauvera les humbles d’esprit. |
Allelúia, allelúia. V/. Te Mártyrum candidátus laudat exércitus, Dómine. Allelúia. | Allelúia, allelúia. V/. La blanche armée des Martyrs chante vos louanges, Seigneur. Alléluia. |
Post Septuagesimam, ommissis Allelúia et versu sequenti, dicitur | Après la Septuagésime, on omet l’Alléluia et son verset et on dit : |
Tractus. Ps. 125, 5-6. | Trait |
Qui séminant in lácrimis, in gáudio metent. | Ceux qui sèment dans les larmes moissonneront dans l’allégresse. |
V/. Eúntes ibant et flébant, mitténtes sémina sua. | V/. Ils allaient et venaient en pleurant, tandis qu’ils jetaient leurs semences. |
V/. Veniéntes autem vénient cum exsultatióne, portántes manípulos suos. | V/. Mais ils reviendront avec allégresse chargés de leurs gerbes. |
+ Sequéntia sancti Evangélii secúndum Lucam. | Suite du Saint Évangile selon saint Luc. |
Luc. 12, 1-8. | |
In illo témpore : Dixit Iesus discípulis suis : Atténdite a ferménto pharisæórum, quod est hypócrisis. Nihil autem opértum est, quod non revelétur : neque abscónditum, quod non sciátur. Quóniam, quæ in ténebris dixístis, in lúmine dicéntur : et quod in aurem locuti estis in cubículis, prædicábitur in tectis. Dico autem vobis amícis meis : Ne terreámini ab his, qui occídunt corpus, et post hæc non habent ámplius quid fáciant. Osténdam autem vobis, quem timeátis : timéte eum, qui, postquam occídent, habet potestátem míttere in gehénnam. Ita dico vobis : hunc timéte. Nonne quinque pásseres véneunt dipóndio, et unus ex illis non est in oblivióne coram Deo ? Sed et capílli cápitis vestri omnes numerári sunt. Nolíte ergo timére : multis passéribus pluris estis vos. Dico autem vobis : Omnis, quicúmque conféssus fúerit me coram homínibus, et Fílius hóminis confiténtur illum coram Angelis Dei. | En ce temps-là : Jésus dit à ses disciples : Gardez-vous du levain des pharisiens, qui est l’hypocrisie. Il n’y a rien de secret qui ne doive être découvert, ni rien de caché qui ne doive être connu. Car, ce que vous avez dit dans les ténèbres, on le dira dans la lumière ; et ce que vous avez dit à l’oreille, dans les chambres, sera prêché sur les toits. Je vous dis donc à vous, qui êtes mes amis : ne craignez point ceux qui tuent le corps, et qui, après cela, ne peuvent rien faire de plus. Mais je vous montrerai qui vous devez craindre : craignez celui qui, après avoir tué, a le pouvoir de jeter dans la géhenne. Oui, je vous le dis, celui-là, craignez-le. Cinq passereaux ne se vendent-ils pas deux as ? Et pas un d’eux n’est en oubli devant Dieu. Les cheveux même de votre tête sont tous comptés. Ne craignez donc point ; vous valez plus que beaucoup de passereaux. Or, je vous le dis, quiconque me confessera devant les hommes, le Fils de l’homme le confessera aussi devant les anges de Dieu. |
¶Post Septuagesimam in fine sequentæ antiphonæ Allelúia omittitur. | ¶Après la Septuagésime, on omet l’Allelúia à la fin de l’antienne qui suit. |
Ant. ad Offertorium. Sap. 3, 1, 2 et 3. | Offertoire |
Iustórum ánimæ in manu Dei sunt, et non tanget illos torméntum malítiae : visi sunt óculis insipiéntium mori : illi autem sunt in pace, allelúia. | Les âmes des Justes sont dans la main de Dieu, et le tourment de la mort ne les touchera pas ; aux yeux des insensés, ils ont paru mourir, cependant ils sont en paix, alléluia. |
Secreta | Secrète |
Múnera plebis tuæ, quǽsumus, Dómine, sanctórum Mártyrum tuórum Nabóris et Felícis fiant grata suffrágiis : et, quorum triúmphis tuo nómini offeruntur, ipsorum digna perficiantur et méritis. Per Dóminum. | Que les suffrages de vos Martyrs Nabor et Félix vous rendent agréables, Seigneur, nos oblations : et puisque nous les offrons en souvenir de leur triomphe, qu’ainsi leurs mérites vous les fassent accepter. |
Ant. ad Communionem. Matth. 10, 27. | Communion |
Quod dico vobis in ténebris, dícite in lúmine, dicit Dóminus : et quod in aure audítis, prædicáte super tecta. | Ce que je vous dis dans l’obscurité, dites-le dans la lumière, dit le Seigneur ; et ce qui est dit à l’oreille, prêchez-le sur les toits. |
Postcommunio | Postcommunion |
Natalítiis Sanctórum tuórum, quǽsumus, Dómine : ut, sacraménti múnere vegetáti, bonis, quibus per tuam grátiam nunc fovémur, perfruámur ætérnis. Per Dóminum nostrum. | Seigneur, comme aujourd’hui nous réjouit l’anniversaire de vos saints et la grâce du divin sacrement, ainsi accordez-nous de jouir d’un si grand bien pour l’éternité. |
Leçon des Matines avant 1602.
Il n’y avait pas de leçon propre pour les Sts Nabor et Félix, le bréviaire reprenait la leçon du Commun de plusieurs Martyrs.
Sermon de saint Augustin, Évêque.
Troisième leçon. Toutes les fois que nous célébrons, mes très chers frères, les fêtes des saints Martyrs, espérons de telle sorte obtenir du Seigneur, par leur intercession, des grâces temporelles, qu’en imitant ces Martyrs, nous méritions de recevoir ensuite les biens éternels. Ceux-là célèbrent en vérité les joyeuses solennités des saints Martyrs, qui suivent les exemples des Martyrs. Les fêtes des Martyrs sont, en effet, des exhortations au martyre, des invitations à imiter sans regret ce qu’on célèbre avec joie.
Toute l’Église fait écho en ce jour au solennel hommage que Milan continue de rendre, après seize siècles, à deux vaillants témoins du Christ. « Nos martyrs Félix et Nabor, dit saint Ambroise [1], sont le grain de sénevé de l’Évangile. Ils possédaient la bonne odeur de la foi, mais sans qu’elle fût manifestée ; vint la persécution, ils déposèrent leurs armes, inclinèrent la tête, et frappés du glaive, ils répandirent jusqu’aux confins du monde entier la grâce qui se cachait en eux, en sorte que maintenant on peut dire à bon droit que leur voix a éclaté par toute la terre [2] ».
Honorons-les, et méritons leurs suffrages par la prière que l’Église adresse aujourd’hui à Dieu en mémoire de leurs glorieux combats.
Le culte de ces Martyrs était très populaire à Milan au IVe siècle. Paulin en parle dans la vie de saint Ambroise — Sancti Martyres Nabor et Felix celeberrime frequentabantur [3] — et parfois le saint Docteur en parle aussi, lui qui retrouva les corps des martyrs Gervais et Protais qui gisaient ignorés sous le pavement de la basilique sépulcrale des saints Nabor et Félix : Granum sinapis Martyres nostri sunt : Felix, Nabor et Victor. Habebant odorem Fidei, sed latebat. Venit persecutio, arma posuerunt, colla flexerunt, contusi gladio, per totius terminos mundi gratiam sui sparsere martyrii [4]. Le culte envers ces martyrs milanais s’était donc répandu dès lors dans toutes les Églises ; c’est ainsi qu’au moyen âge leur office pénétra même dans le Calendrier romain.
La messe est du Commun Salus autem ; cependant les collectes sont propres, tirées probablement du Léonien. Voici celle qui, dans le concept primitif de la liturgie, met fin en ce jour à la prière litanique de la Grande Doxologie. « Comme, Seigneur, ne nous manquent jamais les fêtes des martyrs à célébrer, — la mention explicite de Nabor et Félix semble une adjonction postérieure qui altère quelque peu le sens, —qu’ainsi ne nous fasse jamais défaut leur intercession ».
Sur les oblations : « Que les suffrages de vos martyrs Nabor et Félix vous rendent agréables, Seigneur, nos oblations ; et puisque nous les offrons en souvenir de leur triomphe, qu’ainsi leurs mérites vous les fassent accepter ».
Après la Communion. — Cette collecte se trouve dans le Sacramentaire Léonien à la fin du mois d’avril, sous le n° XLIII. « Comme aujourd’hui nous réjouit, Seigneur, l’anniversaire de vos saints et la grâce du divin Sacrement, ainsi accordez-nous de jouir d’un si grand bien pour toute l’éternité ».
Cette phrase est un peu obscure, mais il n’est pas difficile d’en pénétrer le sens. Ici le Sacramentaire Léonien demande que la fête des saints et le don de l’Eucharistie, qui, dans la vie mortelle, représentent le gage d’une félicité future qui nous est promise, réalisent dans l’éternité le plein accomplissement de cette divine promesse.
Les saints Nabor et Félix. — « A Milan, la mort des saints martyrs Nabor et Félix qui souffrirent au cours de la persécution de Maximien. Les saints étaient deux soldats chrétiens qui servaient dans les légions de l’empereur Maximien Hercule ; accusés de professer la foi des chrétiens, ils furent traduits devant les juges à Milan, et décapités à Lodi (Italie), en 303 ou 304. Les restes des saints martyrs furent déposés à Milan » (Martyrologe). Au XIIe siècle, lorsque l’empereur Frédéric Barberousse eut conquis Milan, il donna les corps des saints Nabor et Félix à l’archevêque de Cologne, Reinald. Celui-ci les fit aussitôt transporter à Cologne avec les corps des trois saints rois mages. Ils y sont encore conservés dans une magnifique chapelle de la cathédrale.
[1] In Luc. XIII, 19.
[2] Psalm. XVIII, 5.
[3] Paulinus, Vit. S. Ambrosii, c. 14 ; P. L., XIV, col. 34 : ‘Il fréquentait (célébrait) très souvent les saints Martyrs Nabor et Félix’.
[4] S. Ambrosii Exposit. in Luc. Lib. VII, 178 ; P. L., XV, col. 1836 : ‘Nos martyrs sont des grains de sénevé : Félix, Nabor et Victor. Ils avaient le parfum de la Foi mais ils étaient cachés. Vint la persécution, ils posèrent les armes et baissèrent leur cou devant le glaive qui les frappa, pour répandre dans le monde entier la grâce de leur martyre’.