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06/02 St Tite, évêque et confesseur

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Sommaire

  Textes de la Messe  
  Office  
  Dom Guéranger, l’Année Liturgique  
  Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum  
  Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique  
  Benoît XVI, catéchèses, 13 décembre 2006  

Textes de la Messe

(En Carême, on fait seulement mémoire du Saint avec les trois oraisons de la Messe suivante)
die 6 februarii
le 6 février
SANCTI TITI
SAINT TITE
Ep. et Conf.
Evêque et Confesseur
III classis (ante CR 1960 : duplex maius)
IIIème classe (avant 1960 : double majeur)
Ant. ad Introitum. Eccli. 45, 30.Introït
Státuit ei Dóminus testaméntum pacis, et príncipem fecit eum : ut sit illi sacerdótii dígnitas in ætérnum.Le Seigneur fit avec lui une alliance de paix et l’établit prince, afin que la dignité sacerdotale lui appartînt toujours.
Ps. 131, 1.
Meménto, Dómine, David : et omnis mansuetúdinis eius.Souvenez-vous, Seigneur, de David et de toute sa douceur.
V/. Glória Patri.
Oratio.Collecte
Deus, qui beátum Titum Confessórem tuum atque Pontíficem apostólicis virtútibus decorásti : eius méritis et intercessióne concéde ; ut, iuste et pie vivéntes in hoc sǽculo, ad cæléstem pátriam perveníre mereámur. Per Dóminum.O Dieu, qui avez orné des vertus apostoliques le bienheureux Tite, votre Confesseur et Pontife, accordez-nous, par ses mérites et par son intercession, que, vivant justement et pieusement en ce monde, nous méritions de parvenir à la céleste patrie
Et fit commemoratio S. Dorotheæ Virg. et Mart. :Et on fait mémoire de Ste Dorothée, Vierge et Martyre :
Oratio.Collecte
Indulgéntiam nobis, quǽsumus, Dómine, beáta Dorothéa Virgo et Martyr implóret : quæ tibi grata semper éxstitit, et mérito castitátis, et tuæ professióne virtútis. Per Dóminum nostrum.Que la Bienheureuse Dorothée, Vierge et Martyre, nous vous en prions, Seigneur, implore pour nous votre miséricorde, elle qui vous a toujours été agréable, et par le mérite de sa chasteté, et par la profession qu’elle a faite d’une force d’âme dont vous êtes la source.
Léctio libri Sapiéntiæ.Lecture du livre de la Sagesse.
Eccli. 44, 16-27 ; 45, 3-20.
Ecce sacérdos magnus, qui in diébus suis plácuit Deo, et invéntus est iustus : et in témpore iracúndiæ factus est reconciliátio. Non est invéntus símilis illi, qui conservávit legem Excélsi. Ideo iureiurándo fecit illum Dóminus créscere in plebem suam. Benedictiónem ómnium géntium dedit illi, et testaméntum suum confirmávit super caput eius. Agnóvit eum in benedictiónibus suis : conservávit illi misericórdiam suam : et invenit grátiam coram óculis Dómini. Magnificávit eum in conspéctu regum : et dedit illi corónam glóriæ. Státuit illi testaméntum ætérnum, et dedit illi sacerdótium magnum : et beatificávit illum in glória. Fungi sacerdótio, et habére laudem in nómine ipsíus, et offérre illi incénsum dignum in odórem suavitátis.Voici le grand pontife, qui pendant les jours de sa vie fut agréable à Dieu, et est devenu, au temps de sa colère, la réconciliation des hommes. Nul ne l’a égalé dans l’observation des lois du Très-Haut. C’est pourquoi le Seigneur a jure de le rendre père de son peuple. Le Seigneur a béni en lui toutes les nations et a confirmé en lui son alliance. Il a versé sur lui ses bénédictions ; il lui a continué sa miséricorde ; et cet homme a trouve grâce aux yeux du Seigneur. Celui-là l’a rendu grand devant les rois, et il lui a donné une couronne de gloire. Il a fait avec lui une alliance éternelle ; il lui a donné le suprême sacerdoce, et il l’a rendu heureux dans la gloire, pour exercer le sacerdoce, louer son nom et lui offrir dignement un encens d’agréable odeur.
Graduale. Graduale. Eccli. 44, 16.Graduel
Ecce sacérdos magnus, qui in diébus suis plácuit Deo.Voici le grand Pontife qui dans les jours de sa vie a plu à Dieu.
V/. Ibid., 20. Non est invéntus símilis illi, qui conserváret legem Excélsi.V/. Nul ne lui a été trouvé semblable, lui qui a conservé la loi du Très-Haut.
Allelúia, allelúia. V/. Ps. 109, 4. Tu es sacérdos in ætérnum, secúndum órdinem Melchísedech. Allelúia.Allelúia, allelúia. V/. Vous êtes prêtre à jamais selon l’ordre de Melchisédech. Alléluia.
Post Septuagesimam, ommissis Allelúia et versu sequenti, diciturAprès la Septuagésime, on omet l’Alléluia et son verset et on dit
Tractus. Ps. 111, 1-3.Trait
Beátus vir, qui timet Dóminum : in mandátis eius cupit nimis.Heureux l’homme qui craint le Seigneur et qui met ses délices dans ses commandements.
V/. Potens in terra erit semen eius : generátio rectórum benedicéturV/. Sa race sera puissante sur la terre ; la postérité des justes sera bénie.
V/. Glória et divítiæ in domo eius : et iustítia eius manet in sǽculum sǽculi.V/. La gloire et les richesses sont dans sa maison, et sa justice demeure dans tous les siècles.
+ Sequéntia sancti Evangélii secundum Lucam.Lecture du Saint Evangile selon saint Luc.
Luc. 10, 1-9.
In illo témpore : Designávit Dóminus et álios septuagínta duos : et misit illos binos ante fáciem suam in omnem civitátem et locum, quo erat ipse ventúrus. Et dicebat illis : Messis quidem multa, operárii autem pauci. Rogáte ergo Dóminum messis, ut mittat operários in messem suam. Ite : ecce, ego mitto vos sicut agnos inter lupos. Nolíte portare sǽculum neque peram neque calceaménta ; et néminem per viam salutavéritis. In quamcúmque domum intravéritis, primum dícite : Pax huic dómui : et si ibi fúerit fílius pacis, requiéscet super illum pax vestra : sin autem, ad vos revertétur. In eádem autem domo manéte, edéntes et bibéntes quæ apud illos sunt : dignus est enim operárius mercede sua. Nolíte transíre de domo in domum. Et in quamcúmque civitátem intravéritis, et suscéperint vos, manducáte quæ apponúntur vobis : et curáte infírmos, qui in illa sunt, et dícite illis : Appropinquávit in vos regnum Dei.En ce temps-là : le Seigneur désigna encore soixante-dix autres disciples, et il les envoya devant lui, deux à deux, en toute ville et endroit où lui-même devait aller. Il leur disait : La moisson est grande, mais les ouvriers sont en petit nombre. Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers à sa moisson. Allez : voici que je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups. Ne portez ni bourse, ni besace, ni sandales, et ne saluez personne en chemin. En quelque maison que vous entriez, dites d’abord : "Paix à cette maison !" Et s’il y a là un fils de paix, votre paix reposera sur lui ; sinon, elle reviendra sur vous. Demeurez dans cette maison, mangeant et buvant de ce qu’il y aura chez eux, car l’ouvrier mérite son salaire. Ne passez pas de maison en maison. Et en quelque ville que vous entriez et qu’on vous reçoive, mangez ce qui vous sera servi ; guérissez les malades qui s’y trouveront, et dites-leur : "Le royaume de Dieu est proche de vous."
Ant. ad Offertorium. Ps. 88, 21-22.Offertoire
Invéni David servum meum, oleo sancto meo unxi eum : manus enim mea auxiliábitur ei, et bráchium meum confortábit eum.J’ai trouvé David mon serviteur ; je l’ai oint de mon huile sainte ; car ma main l’assistera et mon bras le fortifiera.
SecretaSecrète
Sancti tui, quǽsumus, Dómine, nos ubíque lætíficant : ut, dum eórum mérita recólimus, patrocínia sentiámus. Per Dóminum.Que le souvenir de vos Saints nous soit, ô Seigneur, en tous lieux, un sujet de joie, afin que nous ressentions la protection de ceux dont nous célébrons à nouveau les mérites.
Pro S. DorotheaPour Ste Dorothée
SecretaSecrète
Hóstias tibi, Dómine, beátæ Dorótheæ Vírginis et Mártyris tuæ dicátas méritis, benígnus assúme : et ad perpétuum nobis tríbue proveníre subsídium. Per Dóminum nostrum.Recevez avec bonté, Seigneur, les hosties offertes pour honorer les mérites de la bienheureuse Dorothée, votre Vierge et Martyre, et faites qu’elles nous procurent un continuel secours.
Ant. ad Communionem. Luc. 12, 42.Communion
Fidélis servus et prudens, quem constítuit dóminus super famíliam suam : ut det illis in témpore trítici mensúram.Voici le dispensateur fidèle et prudent que le Maître a établi sur ses serviteurs pour leur donner au temps fixé, leur mesure de blé.
PostcommunioPostcommunion
Præsta, quǽsumus, omnípotens Deus : ut, de percéptis munéribus grátias exhibéntes, intercedénte beáto Tito Confessóre tuo atque Pontífice, benefícia potióra sumámus. Per Dóminum.Accordez-nous, s’il vous plaît, ô Dieu tout-puissant, qu’en rendant grâces pour les dons reçus, nous recevions plus de bienfaits encore grâce à l’intercession du bienheureux Tite votre Confesseur et Pontife.
Pro S. DorotheaPour Ste Dorothée
PostcommunioPostcommunion
Divíni múneris largitáte satiáti, quǽsumus, Dómine, Deus noster : ut, intercedénte beáta Dorothéa Vírgine et Mártyre tua, in eius semper participatióne vivámus. Per Dóminum.Rassasiés par la grandeur de votre don céleste, nous vous supplions, ô Seigneur notre Dieu, que la bienheureuse Dorothée, votre Vierge et Martyre, intercédant pour nous, nous vivions toujours de la participation à ce sacrement.

Office

Leçons des Matines avant 1960

Au deuxième nocturne.

Quatrième leçon. Tite, Évêque de Crète, à peine initié aux mystères de la foi chrétienne et aux sacrements, par les enseignements de l’Apôtre saint Paul, répandit une telle lumière de sainteté sur l’Église alors encore au berceau, qu’il mérita d’être admis parmi les disciples du Docteur des Gentils. Appelé à partager le fardeau de la prédication, son ardeur à publier l’Évangile et sa fidélité le rendirent tellement cher à saint Paul que celui-ci, venu à Troade pour l’Évangile du Christ, déclare qu’il n’eut point de repos en son esprit, parce qu’il n’y avait pas trouvé Tite, son frère. Et peu après, s’étant rendu en Macédoine, il exprime encore son affection pour ce disciple par ces paroles : « Celui qui console les humbles, Dieu nous a consolés par l’arrivée de Tite. »

Cinquième leçon. Envoyé à Corinthe par l’Apôtre, Tite s’acquitta avec tant de sagesse et de douceur de cette mission, qui consistait principalement à recueillir les aumônes offertes par la piété des fidèles pour soulager la pauvreté de l’Église des Hébreux, que non seulement il maintint les fidèles de Corinthe dans la foi du Christ, mais qu’il excita en eux des désirs accompagnés de larmes, et du zèle pour Paul, qui les avait d’abord instruits. Après avoir enduré les fatigues de nombreux et lointains voyages sur terre et sur mer pour aller jeter la semence de la divine parole chez des nations répandues en diverses contrées et parlant différentes langues, après beaucoup de soucis et d’épreuves qu’il supporta avec une grande fermeté d’âme pour le triomphe de la Croix, il aborda à l’île de Crète avec Paul, son maître. Choisi par l’Apôtre comme Évêque de cette Église, il se conduisit certainement dans cette charge de manière à se montrer lui-même, selon le conseil de Paul, qui l’avait instruit, « un modèle de bonnes œuvres, dans la doctrine, dans l’intégrité, dans la gravité. »

Sixième leçon. Tite, semblable à un flambeau, répandit donc les clartés de la religion sur ceux qui étaient assis comme à l’ombre de la mort, dans les ténèbres de l’idolâtrie et du mensonge. On rapporte qu’au prix de grandes peines vaillamment surmontées, il déploya l’étendard de la Croix chez les Dalmates. Enfin, plein de jours et de mérites, âgé de plus de quatre-vingt-quatorze ans, il s’endormit dans le Seigneur de la mort précieuse des justes, la veille des nones de janvier ; il fut enseveli dans l’Église où l’Apôtre l’avait établi Prêtre. Son nom, comblé de louanges par saint Jean Chrysostome et par saint Jérôme, se lit en ce même jour au Martyrologe romain ; le souverain Pontife Pie IX a ordonné que sa fête soit célébrée par l’Église universelle. [1]

Dom Guéranger, l’Année Liturgique

Un saint Évêque de l’âge apostolique, un disciple du grand Paul, s’offre aujourd’hui à notre vénération [2]. Ses actions nous sont peu connues ; mais en lui adressant une de ses Lettres inspirées, le Docteur des Gentils l’a rendu immortel. Partout où la foi du Christ a été et sera portée, Tite, ainsi que Timothée, sera connu des fidèles ; jusqu’à la fin des temps, la sainte Église consultera, avec un souverain respect, cette Épître adressée à un simple évêque de l’île de Crète, mais dictée par l’Esprit-Saint, et par là même destinée à faire partie du corps des Écritures sacrées qui contiennent la pure Parole de Dieu. Les conseils et les directions que renferme cette admirable lettre, furent la règle souveraine du saint Évêque à qui Paul avait voué une si affectueuse tendresse. Tite eut la gloire d’établir le Christianisme dans cette île fameuse où le paganisme avait un de ses principaux centres. Il survécut à son maître immolé dans Rome par le glaive de Néron ; et comme saint Jean, à Éphèse, il s’endormit paisiblement dans une heureuse vieillesse, entouré des respects de la chrétienté qu’il avait fondée. Sa vie a laissé peu de traces ; mais les quelques traits qui nous restent à son sujet donnent l’idée d’un de ces hommes de vertu supérieure que Dieu choisit au commencement, pour en faire les premières assises de son Église.

Heureux disciple du grand Paul, la sainte Église a voulu qu’un jour dans l’année fût employé à célébrer vos vertus et à implorer votre suffrage ; soyez propice aux fidèles qui glorifient le divin Esprit pour les dons qu’il a répandus en vous. Vous avez rempli avec zèle et constance la charge pastorale ; tous les traits que Paul énumère dans l’Épître qu’il vous a adressée comme devant former le caractère de l’Évêque, se sont trouvés réunis en votre personne ; et vous brillez sur la couronne du Christ, le Prince des Pasteurs, comme l’un de ses plus riches diamants. Souvenez-vous de l’Église de la terre dont vous avez soutenu les premiers pas. Depuis le jour où vous lui fûtes ravi, dix-huit siècles ont achevé leur cours. Souvent ses jours ont été mauvais ; mais elle a triomphé de tous les obstacles, et elle chemine dans la voie, recueillant les âmes et les dirigeant vers son céleste Époux, jusqu’à l’heure où il viendra arrêter le temps, et ouvrir les portes de l’éternité. Tant que cette heure n’a pas sonné, nous comptons, ô Tite, sur votre puissant suffrage ; du haut du ciel, sauvez les âmes par votre intercession, comme vous les sauviez ici-bas au moyen de vos saintes fatigues. Demandez pour nous à Jésus des Pasteurs qui vous soient semblables. Relevez la Croix dans cette île que vous aviez conquise à la vraie foi, et sur laquelle s’étendent aujourd’hui les ombres de l’infidélité et les ravages du schisme ; que par vous la chrétienté d’Orient se ranime, et qu’elle aspire enfin à l’unité, qui, seule, peut la préserver d’une dissolution complète. Exaucez, ô Tite, les vœux du Pontife qui a voulu que votre culte s’étendît à l’univers entier, afin d’accélérer par votre suffrage les jours de paix et de miséricorde que le monde attend.

Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum

Cette fête ne date que de 1854 et elle fut instituée par Pie IX. D’autre part, les saints Pères, spécialement les Grecs, ont magnifié la sainteté et le zèle de ce disciple de prédilection de l’Apôtre des Gentils, et les Byzantins célèbrent sa mémoire le 25 août sous le titre d’Apôtre : ‘Mémoire du saint Apôtre Tite’. Sa basilique dans l’île de Crète remonte au moins au VIe siècle.

La messe est tout entière du Commun des confesseurs pontifes, sauf l’Évangile et la première collecte inspirée d’un passage de la lettre de saint Paul à saint Tite. Sans doute la lecture qui se trouve dans le Missel pour le jour de saint Luc, le 18 octobre, eût été plus appropriée à cette fête que celle du Commun, empruntée à l’Ancien Testament, car l’Apôtre y fait aux Corinthiens [3] de grands éloges de Tite, lequel, dans sa sollicitude pastorale, s’était volontairement assujetti au labeur de remettre la paix dans cette Église, toujours agitée par les partis. Il semble que le saint disciple de Paul ait eu un don particulier pour cette mission de paix, car précédemment il était allé dans la même ville et avait rendu le calme à ces esprits turbulents. Saint Paul, durant l’absence de Tite, était vivement préoccupé du mauvais pli que prenaient les choses à Corinthe ; quand le disciple revint vers lui avec l’heureuse nouvelle du repentir des dissidents, qui reconnaissaient à nouveau son autorité d’Apôtre, il put écrire une phrase qui révèle toute l’affection et la reconnaissance qui, de ce fait, le liaient à Tite : sed qui consolatur humiles, consolatus est nos Deus in adventu Titi [4].

Prière. « O Dieu qui avez orné des vertus apostoliques le bienheureux Tite, votre confesseur et pontife, accordez-nous par ses mérites et par son intercession que, vivant en ce siècle selon la justice et la piété, nous méritions ensuite d’arriver à la céleste patrie. Par notre Seigneur, etc. »

L’Évangile est celui où est narrée la première mission des soixante-douze disciples qui furent les prémices des missionnaires (Luc., X, 1-9). La charge de la prédication évangélique est si divine que personne ne peut y prétendre de soi-même, mais il faut qu’on y soit élu et envoyé par Dieu même. Comme l’Apôtre ne parle pas en son propre nom, mais fait fonction d’ambassadeur du Christ, ainsi ne doit-il chercher ni son intérêt ni sa gloire, mais celle de Dieu et le salut des âmes.

Relevons une belle phrase de saint Paul, là où, dans la seconde épître aux Corinthiens, il parle de Tite, de Luc et de leurs autres compagnons ; il les appelle : Apostoli Ecclesiarum, gloria Christi. Oui, à la vérité, le Rédempteur ne se complaît en aucune chose comme dans le zèle pour le salut des âmes, si bien qu’il n’y a pas d’état plus sublime que l’apostolat, par lequel on participe à la mission elle-même du Sauveur dans la rédemption" du monde. C’était précisément cette vocation et cette parfaite correspondance à la grâce de la part de Tite qui le rendaient si cher au cœur embrasé et généreux de l’Apôtre. Paul le poussait bien à agir, mais Tite était encore sollicitior, comme il l’écrit justement aux Corinthiens ; en sorte que, quand le Docteur des Nations alla à Troas, il écrivit : ... propter Evangelium Christi, et ostium mihi apertum esset in Domino, non habui requiem spiritui meo, eo quod non invenerim Titum fratrem meum [5].

Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique

Que nous vivions avec justice et piété dans ce monde.

Saint Tite. — Jour de mort (d’après le martyrologe) : 4 janvier, vers 100 ap. J.-C. Tombeau : dans sa ville épiscopale de Gortina, en Crète ; son chef est à Venise. Sa vie. Saint Tite est un des plus intimes disciples de saint Paul. Il était païen de naissance. Il accompagna son maître dans ses voyages apostoliques et reçut de lui d’importantes missions à remplir. Enfin, il accompagna saint Paul dans l’île de Crète où l’Apôtre le laissa comme évêque de l’île. Il s’acquitta de ses fonctions selon le conseil de son maître « en se montrant lui-même un modèle de bonnes œuvres ». D’après la tradition, il garda la virginité jusqu’à sa mort. Il serait mort à 94 ans, de mort naturelle. Saint Paul a élevé à son disciple un digne monument, dans la magnifique Épître pastorale qu’il lui a envoyée, l’Épître à Tite. Sa fête n’est célébrée que depuis 1854.

L’Épître à Tite. — Il serait tout à fait conforme à l’esprit de l’Église que, les jours où nous célébrons la fête d’un saint, nous lisions quelques pages de ce saint ou au sujet de ce saint et même, si possible, des écrits de son époque. Cela nous permet d’entrer dans l’esprit de ce saint et de vivre de cet esprit. Nous avons déjà donné quelques exemples, au cours des semaines passées, en parlant de la vie de saint Antoine par saint Athanase, des Actes authentiques du martyre de saint Polycarpe, des lettres de saint Ignace. Aujourd’hui et les jours suivants, nous pourrons lire et méditer l’Épître à Tite. Cette lettre que Tite a reçue de son illustre maître, il a dû toujours la conserver et en faire la règle de sa vie. Essayons, nous aussi, pendant quelques jours, de vivre dans l’esprit de la lettre à Tite. Sans doute, cette lettre est avant tout une lettre pastorale, et les pasteurs des âmes peuvent y voir le résumé de leurs devoirs, la magna charta de leurs fonctions. Mais les laïcs eux-mêmes trouveront, dans cette belle lettre, bien des paillettes d’or. L’Épître contient quelques passages sublimes sur le Christ (ces deux morceaux sont utilisés comme Épître aux messes de Noël [6]. — Dans la bibliothèque liturgique de notre maison, doivent se trouver des livres de ce genre, ayant pour auteur les saints dont nous célébrons la fête, ou parlant d’eux.

La messe (Statuit) est du commun des confesseurs pontifes, nous l’avons commentée voilà deux jours. Mais l’Évangile est propre et traite de la mission des 72 disciples. Nous y voyons Tite aux côtés de l’Apôtre des nations, dans ses voyages apostoliques. Dans l’Oraison du jour, nous pouvons encore admirer un détail significatif du travail de la liturgie. Une parole de l’Épître à Tite y est insérée : « Que notre. vie soit juste et pieuse dans ce monde » [7].

Benoît XVI, catéchèses, 13 décembre 2006

(Suite de la catéchèse commencée sur St Timothée)

Quant à la figure de Tite, dont le nom est d’origine latine, nous savons qu’il était grec de naissance, c’est-à-dire païen [8]. Paul le conduisit avec lui à Jérusalem pour participer au Concile apostolique, dans lequel fut solennellement acceptée la prédication de l’Évangile aux païens, sans les contraintes de la loi mosaïque. Dans la Lettre qui lui est adressée, l’Apôtre fait son éloge, le définissant comme son "véritable enfant selon la foi qui nous est commune" [9]. Après le départ deTimothée de Corinthe, Paul y envoya Tite avec la tâche de reconduire cette communauté indocile à l’obéissance. Tite ramena la paix entre l’Église de Corinthe et l’Apôtre, qui écrivit à celle-ci en ces termes : "Pourtant, le Dieu qui réconforte les humbles nous a réconfortés par la venue de Tite, et non seulement par sa venue, mais par le réconfort qu’il avait trouvé chez vous : il nous a fait part de votre grand désir de nous revoir, de votre désolation, de votre amour ardent pour moi... En plus de ce réconfort, nous nous sommes réjouis encore bien davantage à voir la joie de Tite : son esprit a été pleinement tranquillisé par vous tous" [10]. Tite fut ensuite envoyé encore une fois à Corinthe par Paul - qui le qualifie comme "mon compagnon et mon collaborateur" [11] - pour y organiser la conclusion des collectes en faveur des chrétiens de Jérusalem [12]. Des nouvelles supplémentaires provenant des Lettres pastorales le qualifient d’Évêque de Crète [13], d’où sur l’invitation de Paul, il rejoint l’Apôtre à Nicopolis en Épire [14]. Il se rendit ensuite également en Dalmatie [15]. Nous ne possédons pas d’autres informations sur les déplacements successifs de Tite et sur sa mort.

En conclusion, si nous considérons de manière unitaire les deux figures de Timothée et de Tite, nous nous rendons compte de plusieurs données très significatives. La plus importante est que Paul s’appuya sur des collaborateurs dans l’accomplissement de ses missions. Il reste certainement l’Apôtre par antonomase, fondateur et pasteur de nombreuses Églises. Il apparaît toutefois évident qu’il ne faisait pas tout tout seul, mais qu’il s’appuyait sur des personnes de confiance qui partageaient ses peines et ses responsabilités. Une autre observation concerne la disponibilité de ces collaborateurs. Les sources concernant Timothée et Tite mettent bien en lumière leur promptitude à assumer des charges diverses, consistant souvent à représenter Paul également en des occasions difficiles. En un mot, ils nous enseignent à servir l’Évangile avec générosité, sachant que cela comporte également un service à l’Église elle-même. Recueillons enfin la recommandation que l’Apôtre Paul fait à Tite, dans la lettre qui lui est adressée : "Voilà une parole sûre, et je veux que tu t’en portes garant, afin que ceux qui ont mis leur foi en Dieu s’efforcent d’être au premier rang pour faire le bien" [16]. A travers notre engagement concret, nous devons et nous pouvons découvrir la vérité de ces paroles, et, précisément en ce temps de l’Avent, être nous aussi riches de bonnes œuvres et ouvrir ainsi les portes du monde au Christ, notre Sauveur. © Copyright 2009 - Libreria Editrice Vaticana.

[1] Fin de la leçon avant la fixation de la date de la fête au 6 février : mais en établissant sa fête pour être célébrée avec Office et Messe dans tout le monde catholique, par le clergé séculier et régulier, le souverain Pontife Pie IX lui a assigné le premier jour libre après l’anniversaire de la mort du Saint.

[2] « La fête de saint Tite que nous insérons ici est plus ou moins différée, selon les lieux, par la liberté qu’a laissée le Saint-Siège de la placer au premier jour qui ne se trouve pas occupé par une autre fête. Dans la plupart des Églises, elle n’est célébrée qu’en février. » : depuis ce commentaire de Dom Guéranger, la fête de Saint Tite fut fixée le 6 février lors de la réforme de saint Pie X.

[3] II, VII, 16 seq.

[4] IICor., VII, 6.

[5] II Cor., II, 12-13.

[6] Tit. II, 11-15, III, 4-8.

[7] Tit. II, 12.

[8] cf. Gal 2, 3.

[9] Tt 1, 4.

[10] 2 Co 7, 6-7.13.

[11] 2 Co 8, 23.

[12] cf. 2 Co 8, 6.

[13] cf. Tt 1, 5.

[14] cf. Tt 3, 12.

[15] cf. 2 Tm 4, 10.

[16] Tt 3, 8.