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17/04 St Anicet, pape et martyr

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Sommaire

  Messe après 1942  
  Messe avant 1942  
  Office  
  Dom Guéranger, l’Année Liturgique  
  Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum  
  Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique  

Le Liber Pontificalis donne le 20 avril pour date de la déposition d’Anicet, en le qualifiant de martyr. D’autres calendriers la donne au 16 ou 17 avril. Sa fête s’établira aux XIIe et XIIIe siècles.

Missa post 1942

Messe après 1942

die 17 aprilis
le 17 avril
SANCTI ANICETI
SAINT ANICET
Papæ et Mart.
Pape et Martyr
Commemoratio (ante CR 1960 : simplex)
Commémoraison (avant 1960 : simple)
Missa Si díligis me, de Communi Summorum Pontificum.Messe Si díligis me, du Commun des Souverains Pontifes.
Oratio C 1Collecte C 1
Gregem tuum, Pastor ætérne, placátus inténde : et, per beátum Anicétum Mártyrem tuum atque Summum Pontíficem, perpétua protectióne custódi ; quem totíus Ecclésiæ præstitísti esse pastórem. Per Dóminum nostrum.Pasteur éternel de l’Église, regardez avec bienveillance votre troupeau, protégez-le et gardez-le toujours. Nous vous le demandons par le bienheureux Pape Anicet, votre Martyr, que vous avez placé comme berger à la tête de l’Église.
Secreta C 1Secrète C 1
Oblátis munéribus, quǽsumus, Dómine, Ecclésiam tuam benígnus illúmina : ut, et gregis tui profíciat ubique succéssus, et grati fiant nómini tuo, te gubernánte, pastóres. Per Dóminum.Grâce à l’offrande de ces presents, accordez Seigneur, la lumière à votre Église ; faites prospérer partout votre troupeau, et daignez diriger ses pasteurs pour qu’ils vous soient agréables.
Postcommunio C 1Postcommunion C 1
Refectióne sancta enutrítam gubérna, quǽsumus, Dómine, tuam placátus Ecclésiam : ut, poténti moderatióne dirécta, et increménta libertátis accípiat et in religiónis integritáte persístat. Per Dóminum nostrum.Seigneur, dirigez avec amour votre Église qui vient de se nourrir à cette table sainte, pour que, sous votre conduite toute-puissante, elle voie grandir sa liberté, et garde la religion dans toute sa pureté.
Missa ante 1942

Messe avant 1942

die 17 aprilis
le 17 avril
SANCTI ANICETI
SAINT ANICET
Papæ et Mart.
Pape et Martyr
simplex
simple
Ant. ad Introitum. Ps. 63, 3.Introït
Protexísti me, Deus, a convéntu malignántium, allelúia : a multitúdine operántium iniquitátem, allelúia, allelúia.Vous m’avez protégé, ô Dieu, contre l’assemblée des méchants, contre la multitude de ceux qui commettent l’iniquité, alléluia, alléluia.
Ps. Ibid., 2.
Exáudi, Deus, oratiónem meam, cum déprecor : a timóre inimíci éripe ánimam meam.Exaucez, ô Dieu, ma prière lorsque je vous implore ; délivrez mon âme de la crainte de l’ennemi.
V/. Glória Patri.
Oratio.Collecte
Deus, qui nos beáti Anicéti Mártyris tui atque Pontíficis ánnua sollemnitáte lætíficas : concéde propítius ; ut, cuius natalítia cólimus, de eiúsdem étiam protectióne gaudeámus. Per Dóminum.O Dieu, qui nous donnez chaque année un nouveau sujet de joie par la solennité de votre Martyr et Pontife, le bienheureux Anicet, accordez-nous, dans votre miséricorde, de pouvoir ressentir les effets de la protection de celui dont nous célébrons la naissance.
Léctio libri Sapiéntiæ.Lecture du livre de la Sagesse.
Sap. 5, 1-5.
Stabunt iusti in magna constántia advérsus eos, qui se angustiavérunt et qui abstulérunt labóres eórum. Vidéntes turbabúntur timore horríbili, et mirabúntur in subitatióne insperátæ salútis, dicéntes intra se, poeniténtiam agéntes, et præ angústia spíritus geméntes : Hi sunt, quos habúimus aliquándo in derísum et in similitúdinem impropérii. Nos insensáti vitam illórum æstimabámus insániam, et finem illórum sine honóre : ecce, quómodo computáti sunt inter fílios Dei, et inter Sanctos sors illórum est.Les justes se lèveront avec une grande assurance contre ceux qui les auront mis dans l’angoisse, et qui auront ravi le fruit de leurs travaux. A cette vue les méchants seront troublés par une horrible frayeur, et ils seront stupéfaits en voyant tout à coup ceux dont ils n’attendaient pas le salut ; ils diront en eux-mêmes, saisis de remords, et gémissant dans l’angoisse de leur cœur : Voici ceux dont nous avons fait autrefois un objet de risée, et un thème d’outrages. Insensés que nous étions, nous regardions leur vie comme une folie, et leur mort comme une honte ; et voilà qu’ils sont comptés parmi les fils de Dieu, et que leur partage est avec les saints.
Allelúia, allelúia. V/. Ps. 88, 6. Confitebúntur cæli mirabília tua, Dómine : étenim veritátem tuam in ecclésia sanctórum.Allelúia, allelúia. V/. Les cieux publieront vos merveilles, Seigneur, et votre vérité dans l’assemblée des saints.
Allelúia. V/. Ps. 20, 4. Posuísti, Dómine, super caput eius corónam de lápide pretióso. Allelúia.Allelúia. V/. Vous avez mis sur sa tête, Seigneur, une couronne de pierres précieuses. Alléluia.
+ Sequéntia sancti Evangélii secundum Joánnem.Lecture du Saint Evangile selon saint Jean.
Ioann. 16, 20-22.
In illo témpore : Dixit Iesus discípulis suis : Amen, amen, dico vobis : quia plorábitis et flébitis vos, mundus autem gaudébit : vos autem contristabímini, sed tristítia vestra vertétur in gáudium. Múlier cum parit, tristítiam habet, quia venit hora eius : cum autem pepérerit púerum, iam non méminit pressúræ propter gáudium, quia natus est homo in mundum. Et vos igitur nunc quidem tristítiam habétis, íterum autem vidébo vos, et gaudébit cor vestrum : et gáudium vestrum nemo tollet a vobis.En ce temps-là, Jésus dit à ses disciples : En vérité, en vérité, je vous le dis, vous pleurerez et vous gémirez, vous, et le monde se réjouira. Vous, vous serez dans la tristesse ; mais votre tristesse sera changée en joie. Lorsqu’une femme enfante, elle a de la tristesse, parce que son heure est venue ; mais, lorsqu’elle a enfanté un fils, elle ne se souvient plus de la souffrance, dans la joie qu’elle a d’avoir mis un homme au monde. Vous donc aussi, vous êtes maintenant dans la tristesse ; mais je vous verrai de nouveau, et votre cœur se réjouira, et personne ne vous ravira votre joie.
Ant. ad Offertorium. Ps. 88, 6.Offertoire
Confitebúntur cæli mirabília tua, Dómine : et veritátem tuam in ecclésia sanctórum, allelúia, allelúia.Les cieux publieront vos merveilles, Seigneur, et votre vérité dans l’assemblée des saints, alléluia, alléluia.
SecretaSecrète
Múnera tibi, Dómine, dicáta sanctífica : et, intercedénte beáto Anicéto Mártyre tuo atque Pontífice, per éadem nos placátus inténde. Per Dóminum.Sanctifiez, Seigneur, ces dons qui vous sont consacrés, grâce à eux et le bienheureux Anicet, votre Martyr et Pontife, jetez sur nous un regard de paix et de bonté.
Ant. ad Communionem. Ps. 63, 11.Communion
Lætábitur iustus in Dómino, et sperábit in eo : et laudabúntur omnes recti corde, allelúia, allelúia.Le juste se réjouira dans le Seigneur, et espérera en lui ; et tous ceux qui ont le cœur droit se réjouiront, alléluia, alléluia.
PostcommunioPostcommunion
Hæc nos commúnio, Dómine, purget a crímine : et, intercedénte beáto Anicéto Mártyre tuo atque Pontífice, cæléstis remédii fáciat esse consórtes. Per Dóminum nostrum.Que cette communion, Seigneur, nous purifie de nos fautes, et, par l’intercession du bienheureux Anicet, Martyr et Pontife, nous rende participants du céleste salut.
Extra tempus paschale, Missa Sacerdótes Dei, de Communi unius Martyris 2 loco.Hors du Temps pascal, Messe Sacerdótes Dei, du Commun d’un Martyr 2.

Office

Leçons des Matines avant 1960

Troisième leçon. Anicet natif de Syrie, gouverna l’Église sous l’empire de Marc-Aurèle-Antonin. Il décréta que les clercs ne laisseraient pas croître leur chevelure. En cinq ordinations faites au mois de décembre, il promut dix-sept Prêtres, quatre Diacres et sacra neuf Évêques pour divers lieux. Il vécut dans le pontificat huit ans, huit mois et vingt-quatre jours. Ayant reçu la couronne du martyre pour la foi du Christ, il fut inhumé le quinze des calendes de mai, sur la voie Appienne, dans le cimetière que plus tard on appela cimetière de Calixte

Dom Guéranger, l’Année Liturgique

Un Pape martyr du deuxième siècle se montre aujourd’hui sur le Cycle. Les martyrs se sont donné rendez-vous auprès de Jésus ressuscité. Ils sont ces aigles dont il nous parle dans son Évangile, et qui volent de concert vers l’objet de leurs désirs [1]. Anicet n’est pas le seul pape honoré de la palme que nous aurons à fêter en ces jours ; d’autres réclameront bientôt nos hommages. Quant à lui, ses actions nous sont peu connues, tant il plonge avant dans les fondements mêmes de l’Église. Sur la chaîne des Pontifes, il est le onzième anneau après saint Pierre ; mais sa sainteté et son courage ont rendu sa mémoire immortelle. On sait que le grand Polycarpe, dont nous avons honoré la mémoire au vingt-six janvier, vint de Smyrne à Rome pour visiter Anicet et conférer avec lui. Il est resté aussi quelques traces du zèle que le saint pape fît paraître pour défendre son troupeau contre les atteintes des deux hérésiarques Valentin et Marcion ; enfin nous savons qu’il fut martyr, et c’est assez pour sa gloire.

Saint Pontife, admis depuis tant de siècles dans la gloire du Christ dont vous fûtes le vicaire et le martyr, nous célébrons aujourd’hui d’un cœur filial votre mémoire bénie. Nous vénérons en vous l’une des glorieuses assises de la maison de Dieu ; et si votre nom est venu jusqu’à nous sans être accompagné du récit des œuvres par lesquelles vous avez mérité la palme, nous savons du moins qu’il fut cher aux fidèles de votre temps. Au ciel, vous conservez le zèle pastoral qui vous anima sur la terre pour la gloire de votre Maître : soyez-y propice, ô Anicet, à l’Église de nos temps. Plus de deux cents Pontifes se sont succédé après vous sur la Chaire de Pierre, et le juge du dernier jour n’est pas descendu encore. Assistez votre successeur qui est notre Père, et secourez son troupeau, au milieu des dangers inouïs, qui l’assiègent. Vous avez gouverné l’Église durant la tempête ; priez Jésus ressuscité, afin qu’il se lève et commande à l’orage ; mais demandez-lui pour nous la constance. Élevez nos pensées vers la patrie céleste, afin qu’à votre exemple nous soyons toujours prêts à obéir au signal divin. Nous sommes les fils des martyrs ; leur foi est la nôtre, notre espérance doit être commune.

Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum

Cette fête de l’Invincible, selon la signification du nom d’Anicet en grec, est entrée dans le Calendrier romain en même temps que plusieurs autres fêtes de papes de l’antiquité, vers la fin du moyen âge seulement, mais son culte est beaucoup plus ancien. A la mémoire de cet illustre pontife est dédié un oratoire très riche de peintures et de marbres, dans le palais Altemps, à Rome, où, sous Clément VIII aurait été déposé le corps du Saint. Cependant l’antique tradition romaine, représentée par le Liber Pontificalis, veut au contraire qu’il soit enseveli au Vatican, près de la tombe du Prince des Apôtres où, en effet, furent ensevelis tous les papes des deux premiers siècles. Nous savons en outre par saint Irénée que, à la fin de l’an 154 ou au commencement de 155, saint Polycarpe, disciple de l’apôtre Jean, vint de Smyrne à Rome pour consulter saint Anicet relativement aux questions qui agitaient alors les Églises à propos du jour où l’on devait célébrer la fête de Pâques. Les raisons adoptées par saint Polycarpe en faveur de l’usage asiatique ne convainquirent pas Anicet, et les motifs de celui-ci n’ébranlèrent point Polycarpe. Toutefois si grande fut la vénération qu’inspira au Pape la présence du vieux disciple de saint Jean, que, tout en ne se mettant pas d’accord avec lui sur un point purement disciplinaire, Anicet céda à Polycarpe l’honneur de célébrer, en présence de la communauté des fidèles de Rome, la synaxe eucharistique [2].

La messe [3] est celle du Commun des Martyrs au temps pascal : Protexisti : Les collectes sont identiques à celles de la fête de saint Blaise le 3 février. Bien que la fête de saint Anicet ne soit pas très ancienne dans le Missel, cependant la lecture évangélique, conformément à la règle de Rome lors des offices les plus solennels du temps pascal, est tirée du dernier discours prononcé à table par Jésus (Joan., XVI, 20-22). C’est la même que le IIIe dimanche après Pâques. Hors du temps pascal, la messe est identique à celle de la fête de saint Blaise.

Nous devons professer une vive dévotion pour ces anciens patriarches du christianisme naissant, qui plantaverunt Ecclesiam sanguine suo ; nous qui maintenant retirons tant de lumière, de réconfort et de grâce de leur héritage liturgique et dogmatique, et, surtout, de leurs mérites.

Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique

Obéissance envers le Pape, même dans les petites choses.

Nous célébrons aujourd’hui un pape martyr dans le temps pascal, toutefois son martyre est douteux.

Saint Anicet, le dixième successeur de saint Pierre, gouverna l’Église de 157 à 165. En son temps, il se passa maint événement mémorable dans l’Église de Dieu ; c’est précisément à cette époque que l’hérésie du gnosticisme atteignait son apogée et que ses apôtres, Valentin et Marcion, venaient à Rome ; sous son règne, saint Polycarpe vint à Rome pour régler la question de la date de Pâques. D’autres hommes importants séjournèrent aussi alors à Rome : saint Justin, martyr (v. 14 avril), qui y composa sa seconde apologie ; le célèbre savant judéo-chrétien Hégésippe. Sous le pontificat de saint Anicet, l’Église de Dieu fut persécutée par l’empereur Marc-Aurèle. Une ordonnance du saint pape nous a été transmise : il défendit aux clercs de se livrer à un soin mondain et vain de la chevelure. Son tombeau est au Vatican, auprès de celui de saint Pierre. Les fidèles qui participent au culte liturgique doivent penser, eux aussi, que les parures mondaines et vaines ne leur conviennent pas. Ils sont en la présence de Dieu, de la Sainte Vierge et des anges, en présence de leurs représentants avec lesquels ils sont en communion étroite. C’est pourquoi des communautés liturgiques conscientes et zélées prennent, dans les questions de vêtements et de parure, une autre attitude que le monde moderne.

La messe (Si diligis). — L’ancienne messe [4] était en relation plus directe avec le martyre de saint Anicet. On peut cependant relever dans la nouvelle quelques allusions intéressantes. Dans le verset de l’Introït, le martyr remercie Dieu de l’avoir relevé et de n’avoir pas permis à ses ennemis de se réjouir à son sujet. C’est pour ainsi dire le commentaire du texte de la Sagesse employé comme leçon dans une messe du commun des martyrs : « S’ils ont souffert des tourments à la face des hommes, leur espérance est néanmoins pleine d’immortalité ». Tel est bien le cas de saint Anicet, dont le nom signifie l’invincible. L’Épître, à son tour, fait allusion aux quelques souffrances subies en ce monde et à la gloire qui leur a succédé. Si l’Évangile relate la confession de saint Pierre, nous ne pouvons pas oublier que le mot « confession » exprime, dans le langage de l’ancienne liturgie, une relation particulière avec le martyre. Le martyr est, en effet, « confesseur » au sens le plus élevé du mot : il a « confessé » le Christ et la foi devant les hommes ; maintenant le Christ et avec lui tout le royaume de Dieu le confessent, comme un vainqueur couronné.

Les autres textes de la messe, relatifs à la primauté de Pierre, trouvent une application dans un des rares événements connus de la vie de saint Anicet. L’évêque de Smyrne, saint Polycarpe, vint à Rome pour soumettre au pape la question pendante de la date de la fête de Pâques. Le fait est d’autant plus significatif que Polycarpe était un disciple immédiat de saint Jean ; sa démarche proclamait donc avec éclat la reconnaissance de la primauté de la chaire apostolique et romaine. C’est encore là une « confession ». C’est celle que l’Église demande à tous ses enfants et c’est pour réagir contre les attaques dont est l’objet le Saint-Siège que S. S. Pie XII a voulu, en janvier 1942, rendre obligatoire la célébration d’un office spécial des Souverains Pontifes, en rejetant au besoin dans la pénombre la gloire des martyrs, pour mieux faire ressortir leur primauté. Le pape dit expressément : « Si, de tout temps, les puissances de l’enfer ont dirigé des attaques vaines, mais persistantes, acharnées et cruelles, contre l’inébranlable solidité de la pierre apostolique, aujourd’hui les ennemis de l’Église s’en prennent directement aux Pasteurs suprêmes en personne et tentent de les salir de leurs sarcasmes éhontés ». Le martyre subi par tant de papes, s’ajoutant au caractère divin de leur institution et de leur mission, doit inspirer aux fidèles une vénération pleine d’amour pour ceux à qui ont été remises les clefs du royaume des cieux.

[1] Matth. XXIV, 28.

[2] IREN., Epistol. ad Victor, apud EUSEB., Hist. Eccl. V, c. 24, P. G., V, XX, col. 507.

[3] Avant 1942.

[4] Avant 1942.