Accueil - Missel - Sanctoral

19/01 St Canut, roi, martyr

Version imprimable de cet article Version imprimable Partager


Sommaire

  Textes de la Messe  
  Office  
  Dom Guéranger, l’Année Liturgique  
  Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum  
  Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique  

St Canut ou Knut IV, martyr le 10 juillet 1086. Son nom est inscrit ce jour par confusion avec celui de son petit fils, St Canut de Slesvig, martyrisé le 7 janvier. Fête en 1670.

Textes de la Messe

eodem die 19 ianuarii
ce même 19 janvier
S. Canuti
St Canut
Regis, Mart.
Roi, Martyr
Commemoratio
Commémoraison
Missa In virtúte, de Communi unius Martyris 3 loco, cum orationibus ut infra :Messe In virtúte, du Commun d’un Martyr 3, avec les oraisons ci-dessous :
OratioCollecte
Deus, qui ad illustrándam Ecclésiam tuam beátum Canútum regem martýrii palma et gloriósis miráculis decoráre dignátus es : concéde propítius ; ut, sicut ipse Domínicæ passiónis imitátor fuit, ita nos, per eius vestígia gradiéntes, ad gáudia sempitérna perveníre mereámur. Per eúndem Dóminum.O Dieu, qui pour la gloire de votre Église, avez daigné illustrer le bienheureux roi Canut par la palme du martyre et par d’éclatants miracles, faites, dans votre bonté, que, comme il a lui-même imité la passion du Seigneur, nous aussi, marchant sur ses traces, nous méritions de parvenir aux joies éternelles.
SecretaSecrète
Accépta sit in conspéctu tuo, Dómine, nostra devótio : et eius nobis fiat supplicatióne salutáris, pro cuius sollemnitáte defértur. Per Dóminum nostrum.Qu’elle soit agréée en votre présence, Seigneur, l’offrande de notre piété ; et faites qu’ell î nous devienne salutaire par lés prières de celui en la fête duquel nous vous la présentons.
PostcommunioPostcommunion
Refécti participatióne múneris sacri, quǽsumus, Dómine, Deus noster : ut, cuius exséquimur cultum, intercedénte beáto Canúuto Mártyre tuo, sentiámus efféctum. Per Dóminum.Nourris par la participation du don sacré, nous vous supplions, Seigneur notre Dieu, de faire que, le bienheureux Canut votre Martyr intercédant pour nous, nous ressentions l’effet du mystère que nous célébrons.

Office

St Canut étant seulement commémoré le jour de la fête des Sts Marius, Marthe, Audifax et Abachus, elle même célébrée sous le rite ‘Simplex’ (c’est-à-dire avec une seule leçon), le saint Danois n’a pas de leçon propre au bréviaire avant 1955.

On se reportera à d’anciennes leçons données par Dom Guéranger plus bas.

Dom Guéranger, l’Année Liturgique

Les Rois Mages, comme nous l’avons dit, ont été suivis, à la crèche du Sauveur, par les saints Rois chrétiens ; il est juste que ceux-ci soient représentés sur le Cycle, dans cette saison consacrée au mystère de sa Naissance. Parmi les saints Rois que donna en si grand nombre à l’Église et à la société européenne le onzième siècle, si fécond en toutes sortes de merveilles catholiques, Canut IV, sur le trône de Danemark, se distingue entre les autres par l’auréole du martyre. Propagateur zélé de la foi du Christ, législateur habile, guerrier intrépide, pieux et aumônier, il eut tous les genres de gloire d’un prince chrétien. Son zèle pour l’Église, dont les droits alors étaient en même temps ceux des peuples, fut le prétexte de sa mort violente ; et il expira, dans une sédition, avec le caractère sublime d’une victime immolée pour sa nation. Son offrande au Roi nouveau-né fut l’offrande du sang ; et il échangea la couronne périssable pour cette autre couronne dont l’Église orne le front de ses martyrs, et qui ne se fane jamais. Les annales du Danemark, au onzième siècle, sont peu familières à la plupart des habitants de la terre ; mais l’honneur qu’a eu cette contrée de posséder un Roi martyr est connu dans toute l’étendue de l’Église, et l’Église habite le monde entier. Cette puissance de l’Épouse de Jésus-Christ pour honorer le nom et les mérites des serviteurs et des amis de Dieu, est un des plus grands spectacles qui soient sous le ciel ; car les noms qu’elle proclame deviennent immortels chez les hommes, qu’ils aient été portés par des rois, ou qu’ils n’aient servi qu’à distinguer les derniers de ses enfants.

Nous lirons maintenant la vie du saint Roi dans le récit que présentèrent longtemps les Leçons de son Office.

Canut IV, fils de Suénon Esthritius, roi de Danemark, fut illustre par sa foi, sa piété et la pureté de ses mœurs ; et, dès ses plus tendres années, il donna des marques d’une excellente sainteté. Ayant pris le sceptre de ses pères aux acclamations de tout son peuple, il s’employa avec ardeur aux progrès de la religion ; il augmenta les revenus des églises, et les enrichit de meubles précieux. Embrasé de zèle pour la propagation de la foi, il attaqua, mais par une guerre juste, les peuples barbares, et, les ayant vaincus et domptés, il les soumit à la loi chrétienne. Devenu glorieux par un grand nombre de victoires, et plus opulent que jamais, il déposa son diadème royal aux pieds du Christ crucifié, soumettant ainsi sa personne et son royaume à Celui qui est le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs. Il châtiait son corps par les jeûnes, les cilices et les disciplines. Assidu à la prière et à la contemplation, prodigue envers les pauvres, bienfaisant pour tous, jamais il ne s’écarta du sentier de la justice et de la loi divine.

Par la pratique de ces vertus et de beaucoup d’autres, le saint roi marchait à grands pas vers le sommet de la perfection. Or, il arriva que Guillaume, duc de Normandie, ayant envahi l’Angleterre avec une armée formidable, les Anglais implorèrent l’aide des Danois. Canut, ayant résolu de venir à leur secours, confia l’expédition à son frère Olaus. Celui-ci, poussé du désir de régner, tourna ses armes contre le roi, après avoir excité contre lui les soldats et le peuple. Il ne manqua pas de prétextes pour fomenter la rébellion ; car le roi ayant publié des lois pour obliger ses sujets de payer les dîmes aux églises, et de garder les préceptes de Dieu et de l’Église, et porté des peines contre les transgresseurs, un grand nombre d’hommes pervers et criminels murmurèrent d’abord, puis soulevèrent le peuple, et tramèrent enfin la mort du saint roi.

Canut, sachant, par la connaissance qu’il avait de l’avenir, qu’il devait bientôt mourir pour la justice, ayant même prédit le jour de son trépas, se rendit à l’église de saint Alban, Martyr, à Odensée, comme au heu destiné pour son combat, et, s’étant muni des sacrements, il recommanda sa fin au Seigneur. Bientôt la multitude des conjurés arriva ; ils s’efforcèrent de mettre le feu à l’église, d’en briser les portes et de l’envahir. Mais, n’en ayant pu venir à bout, ils s’approchèrent des fenêtres et ne cessèrent de lancer, avec acharnement, des cailloux et des flèches sur le saint Roi, qui priait, à genoux, pour ses ennemis. Accablé sous les pierres et sous les dards, et percé enfin d’une lance, il tomba, les bras étendus, devant l’autel, et reçut la couronne d’un glorieux martyre, au temps où Grégoire VII occupait le trône apostolique. Dieu illustra bientôt son martyr par de nombreux miracles ; car le Danemark fut puni de ce meurtre sacrilège par une grande famine, et par diverses calamités. Beaucoup de personnes tourmentées de diverses maladies reçurent la guérison et la santé au tombeau du saint Roi. Une nuit que la Reine voulut enlever secrètement son corps pour le transporter ailleurs, il parut du ciel tout à coup une grande splendeur qui l’épouvanta, et lui fit abandonner son entreprise.

Le Soleil de justice s’était déjà levé sur votre contrée, ô saint Roi, et tout votre bonheur était de voir ses rayons illuminer votre peuple. Comme les Mages de l’Orient, vous aimiez à déposer votre couronne aux pieds de l’Emmanuel ; et, un jour, vous avez offert jusqu’à votre vie pour son service et pour celui de son Église. Mais votre peuple n’était pas digne de vous ; il répandit votre sang, comme l’ingrat Israël versera le sang du Juste qui nous est né, et dont nous honorons, en ces jours, l’aimable enfance. Cette mort violente que vous avez rendue profitable à votre peuple, en l’offrant pour ses péchés, offrez-la encore pour le royaume que vous avez illustré. Depuis longtemps, le Danemark a oublié la vraie foi ; priez, afin qu’il la recouvre bientôt. Obtenez pour les princes qui gouvernent les Etats chrétiens, la fidélité à leurs devoirs, le zèle de la justice, et le respect de la liberté de l’Église. Demandez aussi pour nous au divin Enfant le dévouement dont vous étiez animé pour sa gloire ; et si nous n’avons pas, comme vous, une couronne à mettre à ses pieds, aidez-nous à lui soumettre nos cœurs.

Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum

Saint Canut IV, roi de Danemark, et mis à mort le 10 juillet 1086, a été confondu avec un autre saint du même nom, Canut Lavard, duc de Sleswig, massacré également pour la justice le 7 janvier 1137. La fête du saint Roi fut introduite très tard, sous Clément X, et au milieu de la « théorie » des saints du Missel romain, elle semble vouloir signifier la contribution et l’intervention du lointain Danemark à cette suprême expression de la sainteté et de la catholicité de la Foi romaine. A ce saint roi des Danois est dédié un autel dans l’église de Sainte-Marie in Traspontina à Rome ; Benoît XV l’enrichit d’artistiques candélabres.

La messe est celle du Commun des simples martyrs, sauf la première collecte.

L’introït est tiré du psaume 20 : « Le Roi, Seigneur, se réjouit dans votre puissance et il est heureux de placer en vous son salut. » La collecte moderne, à laquelle fait défaut le cursus, a un caractère éminemment historique, puisqu’elle rappelle que le saint rendit l’âme les bras étendus devant l’autel, tandis qu’il priait pour ses assassins, et qu’après sa mort il opéra de nombreux prodiges. Le fruit qu’on demande est d’imiter, à son exemple, la passion du Seigneur. La première lecture est tirée du Livre de la Sagesse (X, 10-14), là où l’Auteur inspiré démontre que ce fut cette Sagesse qui sauva Jacob exilé, et, tandis qu’il fuyait la jalousie de son frère, lui révéla le royaume de Dieu par l’échelle qui y montait. La Sagesse descendit pareillement dans la prison où gisait, enfermé et enchaîné, Joseph innocent, et l’éleva jusqu’à côté du trône du Pharaon égyptien. Le Verbe de Dieu a accompli tous ces prodiges afin de préparer, depuis les siècles les plus reculés, cette plénitude des temps qu’il devait sanctifier ensuite par sa venue en ce monde. Cette puissance de la vertu divine a été aussi celle qui a alimenté l’espérance dans les cœurs dcjs martyrs, puisque ceux-ci, opprimés par les calomnies, liés par des chaînes, traînés comme des malfaiteurs sur les gibets publics, ont défié joyeusement tous ces tourments, sachant bien que Dieu vengerait leur innocence outragée.

Le répons est tiré du psaume 111 : « Bienheureux l’homme qui ne craint que Dieu et non pas les tourments et les menaces des hommes, et qui trouve son bonheur dans la méditation de sa sainte loi. — Le Seigneur le bénira ; — son exemple ne sera pas stérile, — mais portera un fruit abondant d’édification pour toute l’Église, — et son héritage spirituel sera en bénédiction. »

Le verset alléluiatique provient du psaume 20 : « Vous avez mis, Seigneur, — sur la tête du coupable condamné à mort et maudit par les impies, — la couronne de l’immortalité, — cette couronne que vous êtes vous-même pour vos martyrs. »

La lecture évangélique est tirée de saint Matthieu (X, 34-42). Jésus est comme un glaive tranchant qui nous sépare du vieil homme et de la nature corrompue pour nous faire vivre d’une vie surnaturelle. Celui qui ne s’assujétit pas aux sacrifices qu’il impose succombera.

Le verset pour l’oblation est emprunté au psaume 8 : « O Seigneur, vous l’avez couronné de gloire et d’honneur, le mettant à la tête de toute votre œuvre. » Cette primogéniture sur les créatures n’appartient qu’au Christ. En un sens cependant elle est aussi attribuée aux martyrs, à cause de l’union intime que le sang qu’ils ont versé a établie entre eux et la Victime du Calvaire. Les martyrs représentent pour ainsi dire les prémices de l’Église, ceux qui, selon l’Apocalypse, règnent déjà avec le Christ pendant mille ans.

La secrète est de caractère général : « Accueillez, Seigneur, notre sacrifice et nos prières, afin qu’ils nous soient salutaires par l’intercession de celui en l’honneur de qui ils sont offerts. »

Le verset pour la communion du peuple est, contre les règles, tiré de saint Matthieu (XVI, 24). Celui qui veut suivre Jésus doit renoncer à soi-même, se charger de la croix de la volonté de Dieu et suivre le Sauveur au Calvaire.

La prière après la communion est la suivante : « Réconfortés par le Don Sacré auquel nous avons participé, nous vous prions, 6 Seigneur Dieu, afin que par l’intercession de votre saint martyr Canut, nous expérimentions l’effet du sacrifice que nous venons de célébrer. »

La vertu brille davantage quand on la rencontre dans les grands de ce monde ; et cela parce que leur puissance rend leur exemple plus largement profitable au prochain. Il semble, en effet, que la noblesse de leur rang se reflète sur la sainteté de leur vie, démontrant toute la force héroïque d’une âme qui mit au dessus de la richesse et de la gloire de ce monde la splendeur de la vertu chrétienne.

Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique

Saint Canut, roi de Danemark, tomba sous les coups des meurtriers, dans l’église de Saint-Alban à Odensée, le 10 juillet 1086. Le martyrologe le confond avec un saint du même nom, le duc Canut, neveu du premier, qui mourut le 8 novembre 1131 et fut canonisé le 8 novembre 1169 par le pape Alexandre III. Le saint roi Canut fut canonisé en 1100 par le pape Pascal II.