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24/01 St Timothée, évêque et martyr

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Sommaire

  Textes de la Messe  
  Office  
  Dom Guéranger, l’Année Liturgique  
  Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum  
  Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique  
  Benoît XVI, catéchèses, 13 décembre 2006  

La plus ancienne mention de sa fête apparaît en Occident le 24 janvier vers la fin du XIIe siècle. Sa fête fut inscrite sous le rite simple au calendrier par St Pie V, puis ensuite élevée en degré sous Clément VIII (1602) et Pie IX (1854).

Textes de la Messe

die 24 ianuarii
le 24 janvier
SANCTI TIMOTHEI
SAINT TIMOTHÉE
Ep. et Mart.
Evêque et Martyr
III classis (ante CR 1960 : duplex)
IIIème classe (avant 1960 : double)
Ant. ad Introitum. Eccli. 45, 30.Introït
Státuit ei Dóminus testaméntum pacis, et príncipem fecit eum : ut sit illi sacerdótii dígnitas in ætérnum.Le Seigneur fit avec lui une alliance de paix et l’établit prince, afin que la dignité sacerdotale lui appartînt toujours.
Ps. 131, 1.
Meménto, Dómine, David : et omnis mansuetúdinis eius.Souvenez-vous, Seigneur, de David et de toute sa douceur.
V/. Glória Patri.
OratioCollecte
Infirmitátem nostram réspice, omnípotens Deus : et, quia pondus própriæ actiónis gravat, beáti Timóthei Martyris tui atque Pontíficis intercéssio gloriósa nos prótegat. Per Dóminum.Dieu tout-puissant, regardez notre faiblesse ; et parce que le poids de nos péchés nous accable, fortifiez-nous par la glorieuse intercession du bienheureux Timothée, votre Martyr et Pontife.
Léctio Epístolæ beáti Pauli Apóstoli ad Timótheum.Lecture de l’Epître de saint Paul à Timothée.
1. Tim. 6, 11-16.
Caríssime : Sectáre iustítiam, pietátem, fidem, caritátem, patiéntiam, mansuetúdinem. Certa bonum certámen fídei, apprehénde vitam ætérnam, in qua vocátus es, et conféssus bonam confessionem coram multis téstibus. Præcípio tibi coram Deo, qui vivíficat ómnia, et Christo Iesu, qui testimónium réddidit sub Póntio Piláto, bonam confessiónem : ut serves mandátum sine mácula, irreprehensíbile usque in advéntum Dómini nostri Iesu Christi, quem suis tempóribus osténdet beátus et solus potens, Rex regum et Dóminus dominántium : qui solus habet immortalitátem, et lucem inhábitat inaccessíbilem : quem nullus hóminum vidit, sed nec vidére potest : cui honor et impérium sempitérnum. Amen.Mon bien-aimé : recherche la justice, la piété, la foi, la charité, la patience, la douceur. Combats le bon combat de la foi ; saisis la vie éternelle, à laquelle tu as été appelé, et pour laquelle tu as fait ta belle profession en présence de nombreux témoins. Je t’ordonne devant Dieu, qui donne la vie à toutes choses, et devant le Christ Jésus, qui a fait devant Ponce Pilate une si belle confession, de garder le commandement sans tache et sans reproche, jusqu’à l’avènement de notre Seigneur Jésus-Christ, que manifestera en son temps le bienheureux et seul Souverain, le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs, qui seul possède l’immortalité et qui habite une lumière inaccessible, que nul homme n’a vu et ne peut voir, à qui est l’honneur et l’empire éternel. Amen.
Graduale. Ps. 88, 21-23.Graduel
Invéni David servum meum, óleo sancto meo unxi eum : manus enim mea auxiliábitur ei, et bráchium meum confortábit eum. J’ai trouvé David mon serviteur, je l’ai oint de mon huile sainte ; car ma main l’assistera et mon bras le fortifiera.
V/. Nihil profíciet inimícus in eo, et fílius iniquitátis non nocébit ei.V/. L’ennemi n’aura jamais l’avantage sur lui et le fils d’iniquité ne pourra lui nuire.
Allelúia, allelúia. V/. Ps. 109, 4. Tu es sacérdos in ætérnum, secúndum órdinem Melchísedech. Allelúia.Allelúia, allelúia. V/. Vous êtes prêtre à jamais selon l’ordre de Melchisédech. Alléluia.
Post Septuagesimam, ommissis Allelúia et versu sequenti, diciturAprès la Septuagésime, on omet l’Alléluia et son verset et on dit :
Tractus. Ps. 20, 3-4.
Desidérium ánimæ eius tribuísti ei : et voluntáte labiórum eius non fraudásti eum.Vous lui avez accordé le désir de son cœur, et vous ne l’avez point frustré de la demande de ses lèvres.
V/. Quóniam prævenísti eum in benedictiónibus dulcédinis.V/. Car vous l’avez prévenu des plus douces bénédictions.
V/. Posuísti in cápite eius corónam de lápide pretióso.V/. Vous avez mis sur sa tête une couronne de pierres précieuses.
+ Sequéntia sancti Evangélii secúndum Lucam.Lecture du Saint Evangile selon saint Luc.
Luc. 14, 26-33.
In illo témpore : Dixit Iesus turbis : Si quis venit ad me, et non odit patrem suum, et matrem, et uxórem, et fílios, et fratres, et soróres, adhuc autem et ánimam suam, non potest meus esse discípulus. Et qui non báiulat crucem suam, et venit post me, non potest meus esse discípulus. Quis enim ex vobis volens turrim ædificáre, non prius sedens cómputat sumptus, qui necessárii sunt, si hábeat ad perficiéndum ; ne, posteáquam posúerit fundaméntum, et non potúerit perfícere, omnes, qui vident, incípiant illúdere ei, dicéntes : Quia hic homo coepit ædificáre, et non pótuit consummáre ? Aut quis rex iturus commíttere bellum advérsus álium regem, non sedens prius cógitat, si possit cum decem mílibus occúrrere ei, qui cum vigínti mílibus venit ad se ? Alióquin, adhuc illo longe agénte, legatiónem mittens, rogat ea, quæ pacis sunt. Sic ergo omnis ex vobis, qui non renúntiat ómnibus, quæ póssidet, non potest meus esse discípulus.En ce temps-là, Jésus dit à la foule : Si quelqu’un vient à moi, et ne hait pas son père, et sa mère, et sa femme, et ses enfants, et ses frères, et ses sœurs, et même sa propre vie, il ne peut être mon disciple. Et celui qui ne porte pas sa croix, et ne me suit pas, ne peut être mon disciple. Car quel est celui de vous qui, voulant bâtir une tour, ne s’assied d’abord, et ne suppute les dépenses qui sont nécessaires, afin de voir s’il aura de quoi l’achever ; de peur qu’après avoir posé les fondements, il ne puisse l’achever, et que tous ceux qui verront cela ne se mettent à se moquer de lui, en disant : Cet homme a commencé à bâtir, et il n’a pu achever ? Ou quel roi, sur le point de faire la guerre à un autre roi, ne s’assied d’abord, afin d’examiner s’il pourra, avec dix mille hommes, marcher contre celui qui s’avance sur lui avec vingt mille ? Autrement, tandis que l’autre roi est encore loin, il lui envoie une ambassade, et lui fait des propositions de paix. Ainsi donc, quiconque d’entre vous ne renonce pas à tout ce qu’il possède ne peut être mon disciple.
Ant. ad Offertorium. Ps. 88, 25.Offertoire
Véritas mea et misericórdia mea cum ipso : et in nómine meo exaltábitur cornu eius.Ma vérité et ma miséricorde seront avec lui et par mon nom s’élèvera sa puissance.
SecretaSecrète
Hóstias tibi, Dómine, beáti Timóthei Mártyris tui atque Pontíficis dicátas méritis, benígnus assúme : et ad perpétuum nobis tríbue proveníre subsídium. Per Dóminum.Seigneur, acceptez dans votre bonté ces hosties qui vous sont offertes en mémoire des mérites du bienheureux Timothée votre Martyr et Pontife ; et faites qu’elles nous obtiennent une continuelle assistance.
Ant. ad Communionem. Ps. 88, 36 et 37-38.Communion
Semel iurávi in sancto meo : Semen eius in ætérnum manébit : et sedes eius sicut sol in conspéctu meo, et sicut luna perfécta in ætérnum, et testis in cælo fidélis.Je l’ai juré une fois par ma sainteté, sa race demeurera éternellement et son trône sera comme le soleil en ma présence ; et comme la lune qui subsistera à jamais, et le témoin qui est au ciel est fidèle.
PostcommunioPostcommunion
Refécti participatióne múneris sacri, quǽsumus, Dómine, Deus noster : ut, cuius exséquimur cultum, intercedénte beáto Timótheo Mártyre tuo atque Pontífice, sentiámus efféctum. Per Dóminum.Rassasiés par la participation à ce don sacré, nous vous supplions, Seigneur notre Dieu, par l’intercession du bienheureux Timothée, votre Martyr et Pontife, de nous faire ressentir l’effet du sacrifice que nous célébrons.

Office

Leçons des Matines avant 1960

AU DEUXIÈME NOCTURNE.

Quatrième leçon. Timothée, né à Lystres en Lycaonie, d’un père Gentil et d’une mère Juive, pratiquait déjà la religion chrétienne lorsque l’Apôtre Paul vint en ce pays. Celui-ci, frappé de la grande réputation de sainteté de Timothée, le prit pour compagnon de ses voyages ; mais il le circoncit, à cause des Juifs convertis au Christ, qui savaient que le père de Timothée était Gentil. Étant arrivés tous deux à Éphèse, l’Apôtre l’ordonna Évêque, afin qu’il gouvernât cette Église.

Cinquième leçon. L’Apôtre lui écrivit deux Épîtres, l’une de Laodicée, l’autre de Rome ; dans ces lettres, il le confirme dans l’exercice de sa charge pastorale. Comme Timothée ne pouvait supporter qu’on offrît aux simulacres des démons le sacrifice qui n’est dû qu’au Dieu unique, un jour que le peuple d’Éphèse immolait des victimes à Diane, dont on célébrait la fête, il s’efforça de le détourner de cet acte impie, mais le saint Évêque fut lapidé ; les Chrétiens l’enlevèrent à demi mort et le portèrent sur une montagne proche de la ville, où il s’endormit dans le Seigneur, le neuf des calendes de février.

Dom Guéranger, l’Année Liturgique

La veille du jour où nous allons rendre grâces à Dieu pour la miraculeuse Conversion de l’Apôtre des Gentils, la marche du Cycle nous ramène la fête du plus cher disciple de cet homme sublime. Timothée, l’infatigable compagnon de Paul, cet ami à qui le grand Apôtre écrivit sa dernière lettre, peu de jours avant de verser son sang pour Jésus-Christ, vient attendre son maître au berceau de l’Emmanuel. Il y trouve déjà Jean le Bien-Aimé, avec lequel il a porté les sollicitudes de l’Église d’Éphèse ; il y salue Etienne et les autres Martyrs qui l’y ont devancé, et leur présente la palme qu’il a lui-même conquise. Enfin, il vient apporter à l’auguste Marie les hommages de la chrétienté d’Éphèse, chrétienté qu’elle a sanctifiée de sa présence, et qui partage, avec celle de Jérusalem, la gloire d’avoir possédé dans son sein celle qui n’était pas seulement, comme les Apôtres, le témoin, mais, en sa qualité de Mère de Dieu, l’ineffable instrument du salut des hommes.

L’Église Grecque célèbre saint Timothée dans ses Menées, auxquels nous empruntons les strophes suivantes :

Plein de la sagesse de Dieu, ô Timothée, tu es entré dans le torrent des délices, et tu t’es désaltéré dans la gnose divine ; tu as imité les fervents amis du Christ, et tu es entré plein de joie dans sa gloire, où tu contemples la très splendide Trinité et tu jouis de la paix la plus sereine.
Plein de la sagesse de Dieu, ô Timothée, les fréquentes faiblesses et infirmités de ton corps fortifiaient ton âme ; gardé par la puissance du Christ, tu as dissous avec facilité la puissance de l’erreur, et tu nous as prêché, d’une manière sublime, le très divin Évangile de la paix.
Le monde entier célèbre aujourd’hui tes prodiges, thaumaturge immortel ; car le Christ t’a récompensé par le don des miracles, toi qui as souffert pour lui les tourments ; pour la mort que tu as endurée, il t’a gratifié d’une gloire et d’une béatitude éternelles.
Homme de toute sainteté, la grâce a débordé avec abondance de tes lèvres ; elle en a fait couler des fleuves de doctrine, qui ont arrosé l’Église du Christ et porté des fruits au centuple, ô Timothée, prédicateur du Christ, Apôtre divin !
En mortifiant les membres de ta chair, tu les as soumis au Verbe ; en assujettissant la partie vile de toi-même à celle qui est la plus excellente, bienheureux Timothée, tu as dominé tes passions et allégé ton âme, établie dans une harmonie parfaite selon les enseignements de Paul.
Paul, éclatant comme un soleil, t’a lancé comme un de ses brillants rayons, pour illuminer la terre d’une abondante et splendide lumière, pour diriger et confirmer nos âmes, ô Timothée, qui manifestes Dieu !
Tu as paru comme un char divin, ô Timothée ! Portant le nom de Dieu devant les tyrans impies, sans craindre leur cruauté ; car tu as revêtu la force invincible du Sauveur, ô homme chéri de Dieu !
Tu as reçu la couronne de gloire, ô Timothée, plein de toute félicité ; Apôtre doué d’un esprit divin, tu as ceint dignement le diadème du royaume ; tu assistes devant le trône de ton maître, resplendissant avec Paul dans les tabernacles éternels, ô très heureux !

Nous honorons en vous, saint Pontife, un disciple des Apôtres, un des premiers anneaux qui nous rattachent au Christ ; vous nous apparaissez tout illuminé des entretiens du grand Paul. Son disciple, le divin Aréopagite, vous choisit pour le confident de ses sublimes contemplations sur les Noms Divins ; mais maintenant, inondé de la lumière éternelle, vous contemplez sans nuage le Soleil de justice. Soyez-nous propice, à nous qui ne pouvons que l’entrevoir à travers les voiles de son humilité ; obtenez-nous du moins de l’aimer, afin que nous puissions mériter de le voir un jour dans sa gloire. Pour alléger le poids de votre corps, vous soumettiez vos sens à une pénitence rigoureuse que Paul vous exhortait d’adoucir : aidez-nous à soumettre la chair à l’esprit. L’Église relit sans cesse les conseils que l’Apôtre vous donna, et en vous à tous les pasteurs, pour le choix et la conduite des membres du clergé ; donnez-nous des Evêques, des Prêtres et des Diacres ornés de toutes les qualités qu’il exige dans ces dispensateurs des Mystères de Dieu. Enfin, vous qui êtes monté au ciel avec l’auréole du martyre, tendez-nous votre palme, afin que, tout obscurs combattants que nous sommes, nous puissions nous élever jusqu’au séjour où l’Emmanuel reçoit et couronne ses élus pour l’éternité.

Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum

C’est à bon droit que l’Église romaine a consacré ce jour à la mémoire de Timothée qui, avec Paul prisonnier de César, fut l’un des premiers prédicateurs de l’Évangile dans la Rome corrompue du parricide Néron. Son culte fut très répandu en Orient, surtout après que l’empereur Constance eut, en 356, fait transférer ses ossements à Constantinople. En Occident, bien que les Pères de l’Église aient souvent loué la sainteté et le zèle de Timothée, sa figure ne devint jamais vraiment populaire, et il faut, descendre jusqu’à Clément VIII pour que sa fête pénètre dans le Bréviaire romain avec le rite semi-double. Plus tard, en 1854, Pie IX l’éleva au rang de solennité de rite double. Dans les calendriers grecs, saint Timothée est fêté, avec le titre d’apôtre, le 22 janvier. Les Arméniens célèbrent notre saint le jeudi après le cinquième dimanche qui suit l’Exaltation de la sainte Croix, et ils lui associent les autres disciples de saint Paul, Tite, Archippus, Philémon, Sosipater, Jason et Onésime, dont leurs calendriers font aussi mémoire aux anniversaires respectifs de leur mort.

La messe est celle des martyrs-pontifes, que nous avons déjà transcrite le 16 janvier ; la première collecte est semblable à celle de la fête de saint Melchiade, le 10 décembre, mais la lecture est spéciale, étant tirée de l’épître que Paul enchaîné adressa à Timothée lui-même, l’animant à persévérer dans la lutte pour la foi, afin de garder intact le dépôt évangélique qui lui avait été confié (I, VI, 11-16).

L’Apôtre conjure son disciple Timothée de garder intact le dépôt de la foi et il le fait en alléguant plusieurs motifs, les uns subjectifs, les autres de valeur universelle et objective. II lui rappelle d’abord que moyennant la vocation à la grâce de la foi, il fut appelé à la gloire éternelle ; puis il évoque une circonstance de son initiation baptismale, c’est-à-dire la profession de foi que le candidat récitait en présence de l’assemblée, Mais le symbole de foi n’a pas une valeur purement subjective, aussi l’Apôtre passe à la seconde partie de son argumentation, invoquant ces mêmes articles de foi, — le Père qui vivifie tout, le Fils qui, sous Ponce-Pilate, scella de sa mort son Évangile, — pour engager de plus en plus Timothée à la prédication. En effet, le prédicateur évangélique participe à l’œuvre de Dieu, en appelant à la vie de la grâce les âmes des pécheurs ; et bien que le démon et le monde opposent mille obstacles à la diffusion de la divine semence, ce n’est pas une raison pour que l’Apôtre manque à sa mission ; il doit imiter au contraire l’exemple du Rédempteur, qui, pour notre amour, fit devant le sanhédrin et le tribunal de Pilate une solennelle déclaration de ces vérités qui, si elles nous valurent la vie, causèrent sa mort.

Après la Septuagésime, le psaume-trait est le vingtième : « V/. Vous avez satisfait le vœu de son cœur, et la prière de ses lèvres n’a pas été déçue, V/. Car vous l’avez prévenu des bénédictions de votre douceur, V/. Vous avez posé sur son front un diadème d’or très pur. » En ces trois versets est décrite toute l’économie de la grâce dans la prédestination des saints. D’abord la motion suave et efficace de la grâce divine les prévient. Puis la correspondance de ceux-ci, le vœu du cœur, la prière des lèvres. Et finalement, la glorification dans la vision béatifique.

La collecte après la communion est semblable à celle de la fête de saint Félix le 14 janvier.

La fête de saint Timothée, disciple de Paul, sert de préparation à celle de son maître ; c’est ainsi que sur la porte de métal qui clôt l’hypogée de la confession, dans la basilique patriarcale de Saint-Paul, sont représentés Tite et Timothée comme si maintenant encore ils ne pouvaient pas se séparer du grand Apôtre et montaient la garde à son sépulcre afin que personne ne vienne troubler le repos du Maître.

La même pensée de rapprocher Timothée de Paul fit anciennement ensevelir un martyr romain du nom de Timothée près du tombeau du Docteur des nations ut Paulo Apostolo, ut quondam Timotheus, adhaereret.

Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique

Garde le commandement jusqu’à l’apparition de Notre Seigneur.

En général, l’Église célèbre les saints au jour de leur mort. Quand le jour de leur mort est inconnu, elle fixe le jour de leur fête à son gré, souvent en tenant compte du temps liturgique ou des relations avec des fêtes analogues. C’est aujourd’hui le cas. Demain, nous célébrons la fête de la conversion saint Paul. La fête de son disciple chéri, Timothée, en est comme le prélude.

Saint Timothée : Tombeau : dans l’église des Apôtres, à Constantinople. — Sa vie : Timothée est le disciple préféré et le compagnon constant de saint Paul. Il s’était sans doute converti au cours du premier voyage de mission de l’Apôtre. Quand, au cours de son second voyage, saint Paul repassa à Lystre, Timothée s’adjoignit à lui malgré sa grande jeunesse (environ 20 ans). A partir de ce moment, une amitié filiale l’unit à l’Apôtre. Saint Paul l’appelle son cher enfant qui lui est dévoué « comme un fils a son père » (Ph. II, 22). Timothée était affectueux, désintéressé, prudent et zélé, et personne n’avait une pareille communauté de sentiments avec son maître. Il fut, particulièrement pour l’Apôtre devenu vieux, une consolation dans ses souffrances et un soutien dans ses difficultés. Il fut son collaborateur dans toutes les fondations importantes d’Églises et c’est pourquoi l’Apôtre le chargea des missions les plus graves. Il partagea la première captivité de saint Paul. Saint Paul en fit le premier évêque d’Éphèse. Son maître lui-même lui a élevé le plus beau monument dans les deux Épîtres qu’il lui adressa.

La messe (Statuit). — La messe, à part l’Épître, est du commun d’un martyr pontife. Les chants célèbrent l’Évêque qui est une image du divin pontife et qui nous apparaît dans le prêtre célébrant. L’Évangile nous montre les chemins escarpés de l’imitation du Christ : « Haïr son père et sa mère... sa propre vie » c’est-à-dire en faire peu de cas, en face de la vocation du Christ ; « se charger de la Croix et suivre le Seigneur » c’est-à-dire accepter l’opprobre et le mépris. C’est par le mépris du monde et la haine de soi-même, en portant notre croix à la suite du Christ que nous construirons la tour du royaume de Dieu, dans notre âme, et que nous marcherons au combat victorieux contre le démon. — Nous le voyons, l’Église nous montre le chemin à suivre pour être martyrs, même sans verser notre sang.

Le testament de saint Paul. — Timothée, le disciple préféré de saint Paul, a compris, mieux que personne, l’esprit de son maître et l’a transmis à l’Église ainsi qu’à nous tous. Nous devons lui en être reconnaissants. Saint Paul a écrit à son disciple deux lettres qui sont comme un héritage qu’il lui laisse. Timothée garda assurément toujours ces lettres ; les exhortations de son maître ne cessaient de retentir à ses oreilles, il aura réglé sa vie d’après ces lettres. Aujourd’hui, jour de sa fête, nous devrions lire ces Épîtres et en faire la norme de notre vie. Mais qui prend seulement le temps de lire ces lettres, aujourd’hui ?

C’est pourquoi l’Église choisit, dans l’Épître, un passage de l’une de ces lettres et veut que nous le méditions, au cours de la journée, pour régler notre vie d’après les conseils qu’il contient. Appliquons-nous les paroles de saint Paul, comme si nous étions ses disciples préférés. Que nous disent-elles ? Tout d’abord, elles nous recommandent la pratique des vertus : la justice, la piété, la foi, la charité, la patience, la douceur ; nous devons combattre le bon combat de la vie et saisir des deux mains la vie éternelle. Et saint Paul nous rappelle les deux grands moments de notre vie, les limites de notre pèlerinage terrestre : le baptême et la mort. Au baptême, nous avons fait notre profession de foi, devant de nombreux témoins, c’est-à-dire à la face de l’Église entière et, depuis lors, nous devons être des « confesseurs et des martyrs » de cette foi.

Nous devons rendre active dans notre vie cette profession de foi ; à chaque Credo de la messe ou du bréviaire, nous devons songer aux engagements de notre baptême. Saint Paul nous rappelle le Roi de tous les confesseurs et de tous les martyrs, Jésus-Christ, qui a rendu devant Ponce-Pilate un beau témoignage. L’Église nous rappelle en outre saint Timothée qui, fidèle aux « exhortations » de son maître, a rendu « son bon témoignage » et l’a scellé de son sang.

Et cela nous amène à la seconde borne de notre vie : l’avènement du Christ dans la mort. C’est le but de notre vie et tous nos efforts doivent tendre à rester « sans tache et sans reproche » jusque-là La sainte Eucharistie unit ces deux points extrêmes, elle se rattache au baptême, elle nous donne force et grâce pour le « témoignage » et nous conduit jusqu’à l’avènement du Seigneur qui se réalise déjà mystiquement.

Benoît XVI, catéchèses, 13 décembre 2006

Timothée est un nom grec et signifie "qui honore Dieu". Alors que dans les Actes, Luc le mentionne six fois, dans ses Lettres, Paul fait référence à lui au moins à dix-sept reprises (on le trouve en plus une fois dans la Lettre aux Hébreux). On en déduit qu’il jouissait d’une grande considération aux yeux de Paul, même si Luc ne considère pas utile de nous raconter tout ce qui le concerne. En effet, l’Apôtre le chargea de missions importantes et vit en lui comme un alter ego, ainsi qu’il ressort du grand éloge qu’il en fait dans la Lettre aux Philippiens : "Je n’ai en effet personne d’autre (isópsychon) qui partage véritablement avec moi le souci de ce qui vous concerne" [1].

Timothée était né à Lystres (environ 200 km au nord-ouest de Tarse) d’une mère juive et d’un père païen [2]. Le fait que sa mère ait contracté un mariage mixte et n’ait pas fait circoncire son fils laisse penser que Timothée a grandi dans une famille qui n’était pas strictement observante, même s’il est dit qu’il connaissait l’Écriture dès l’enfance [3]. Le nom de sa mère, Eunikè, est parvenu jusqu’à nous, ainsi que le nom de sa grand-mère, Loïs [4]. Lorsque Paul passa par Lystres au début du deuxième voyage missionnaire, il choisit Timothée comme compagnon, car "à Lystres et à Iconium, il était estimé des frères" [5], mais il le fit circoncire "pour tenir compte des juifs de la région" [6]. Avec Paul et Silas, Timothée traverse l’Asie mineure jusqu’à Troas, d’où il passe en Macédoine. Nous sommes en outre informés qu’à Philippes, où Paul et Silas furent visés par l’accusation de troubler l’ordre public et furent emprisonnés pour s’être opposés à l’exploitation d’une jeune fille comme voyante de la part de plusieurs individus sans scrupules [7], Timothée fut épargné. Ensuite, lorsque Paul fut contraint de poursuivre jusqu’à Athènes, Timothée le rejoignit dans cette ville et, de là, il fut envoyé à la jeune Eglise de Thessalonique pour avoir de ses nouvelles et pour la confirmer dans la foi [8]. Il retrouva ensuite l’Apôtre à Corinthe, lui apportant de bonnes nouvelles sur les Thessaloniciens et collaborant avec lui à l’évangélisation de cette ville [9].

Nous retrouvons Timothée à Éphèse au cours du troisième voyage missionnaire de Paul. C’est probablement de là que l’Apôtre écrivit à Philémon et aux Philippiens, et dans ces deux lettres, Timothée apparaît comme le co-expéditeur [10]. D’Éphèse, Paul l’envoya en Macédoine avec un certain Eraste [11] et, ensuite, également à Corinthe, avec la tâche d’y apporter une lettre, dans laquelle il recommandait aux Corinthiens de lui faire bon accueil [12]. Nous le retrouvons encore comme co-expéditeur de la deuxième Lettre aux Corinthiens, et quand, de Corinthe, Paul écrit la Lettre aux Romains, il y unit, avec ceux des autres, les saluts de Timothée [13]. De Corinthe, le disciple repartit pour rejoindre Troas sur la rive asiatique de la Mer Égée et y attendre l’Apôtre qui se dirigeait vers Jérusalem, en conclusion de son troisième voyage missionnaire [14]. A partir de ce moment, les sources antiques ne nous réservent plus qu’une brève référence à la biographie de Timothée, dans la Lettre aux Hébreux où on lit : "Sachez que notre frère Timothée est libéré. J’irai vous voir avec lui s’il vient assez vite" [15]. En conclusion, nous pouvons dire que la figure de Timothée est présentée comme celle d’un pasteur de grand relief. Selon l’Histoire ecclésiastique d’Eusèbe, écrite postérieurement, Timothée fut le premier Evêque d’Ephèse [16]. Plusieurs de ses reliques se trouvent depuis 1239 en Italie, dans la cathédrale de Termoli, dans le Molise, provenant de Constantinople.

Suite de la catéchèse à la fête de St Tite ici. © Copyright 2006 - Libreria Editrice Vaticana

[1] 2, 20.

[2] cf. Ac16, 1.

[3] cf. 2 Tm 3, 15.

[4] cf. 2 Tm 1, 5.

[5] Ac16, 2.

[6] Ac16, 3.

[7] cf. Ac 16, 16-40.

[8] cf. 1 Th 3, 1-2.

[9] cf. 2 Co1, 19.

[10] cf. Phm 1 ; Ph 1, 1.

[11] cf. Ac 19, 22.

[12] cf. 1 Co 4, 17 ; 16, 10-11.

[13] cf. Rm 16, 21.

[14] cf. Ac 20, 4.

[15] 13, 23.

[16] cf. 3, 4.